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SECTION TROIS ENSEIGNEMENTS SUR L’INITIATION - Partie 1

SECTION III

ENSEIGNEMENTS SUR L'INITIATION

[243]

PREMIERE PARTIE

Avant de bénéficier de plus d'informations et d'accumuler ainsi une responsabilité accrue, il est indispensable que la majorité des aspirants et des disciples adoptent une attitude différente, face à la possibilité de se préparer à l'initiation, ce qui les attend tous. Les plus avancés d'entre eux sont conscients de possibilités imminentes. D'autres sont tellement submergés par les épreuves et les difficultés accompagnant la clarification de la vision, avant le processus d'initiation, qu'ils n'ont ni le temps ni la force de faire plus que vivre cette période de mise à l'épreuve, tout en servant de leur mieux. Leur vision et leur service souffrent tous deux de ce qu'ils ne parviennent pas à l'indifférence divine qui est le sceau du vrai initié. S'ajoute à cela la situation mondiale avec son atmosphère psychique inévitable, les tensions et l'inquiétude constantes qui s'ensuivent, et l'emprise qu'ont tous ceux qui souffrent de la guerre sur le cœur et la sympathie de tous. La plupart des aspirants et des disciples se figurent qu'ils en supportent assez, et que leurs épreuves sont à la limite de leurs forces. Il n'en est rien. Il existe en eux des sources plus profondes auxquelles ils n'ont pas encore fait appel, et la tension sous laquelle ils vivent et agissent de jour en jour, n'est encore qu'une faible tension ; ses exigences ne sont pas totales. Réfléchissez à cette dernière phrase.

Les demandes objectives faites à tous les disciples et donc à vous tous, n'ont pas simplement pour but de vous permettre de vivre la période actuelle d'une manière aussi satisfaisante que possible, émotionnellement, mentalement et spirituellement. Cela va bien plus loin, ou cela devrait aller plus loin. En dehors des exigences s'adressant à vos ressources spirituelles (résultant de l'initiation particulière qu'il est désiré que vous preniez) il existe aussi, pour tous les [244] disciples, une exigence de participation à l'effort de l'humanité dans son ensemble, en vue de prendre la première initiation avec tous ses renoncements matériels, et la douleur qui précède toujours la naissance du Christ dans le cœur de l'individu ; seulement, cette fois, il s'agit du cœur de toute l'humanité. Pour préparer cette initiation, il doit toujours y avoir – individuellement, et maintenant collectivement pour la première fois – un refus du soi inférieur et l'acceptation fervente, par la personnalité, de la perte de tous les facteurs matériels qui ont tenu l'âme prisonnière au cours des temps.

D'où, mes frères, l'immensité des destructions matérielles observées de tous côtés, la profondeur de la pauvreté matérielle dans laquelle ont été, et sont plongés tous les hommes, le détachement de la priorité des choses qui est imposé, et la nécessité de reconstruire la vie humaine sur des valeurs plus sûres que les valeurs matérielles. Aujourd'hui, les disciples et les initiés partagent tout cela et (quand il y a compréhension et juste orientation) grande est l'aide que peuvent apporter ceux qui ont déjà subi la première initiation. C'est à cela que vous êtes appelés, et de votre réponse compréhensive au besoin collectif, dépendra la rapidité avec laquelle vous pourrez parvenir à la prochaine expansion de conscience, ou initiation, qui peut être possible pour vous, en tant qu'individu. Vous devez donc envisager votre réponse individuelle aux demandes de votre âme, et votre réponse collective aux besoins collectifs. C'est l'initié en vous, le Christ en vous, qui est maintenant appelé à ce service collectif et, aujourd'hui, la radiation de l'esprit christique, activement présent dans le cœur de tous les disciples, est la seule chose qui puisse sauver l'humanité, lui permettre de progresser sur le Sentier du disciple, et susciter ainsi l'esprit nouveau qui peut construire le monde nouveau, et le construira.

J'aimerais traiter quelque peu le thème concernant l'attitude du disciple accepté envers son Maître et face à la question de l'initiation en général ; puis examiner les pas que doit faire le disciple immédiatement, là où il se trouve et avec les moyens qu'il possède. Ceci est le premier pas nécessaire. Les disciples doivent clarifier leur position et continuer à apprendre de leur Maître, en dépit des crises de [245] l'initiation. À moins qu'ils n'agissent selon l'instruction offerte et n'aient confiance dans Son intention occulte, tout ce que le Maître peut dire ou faire est de peu d'utilité. Cela ne sert qu'à accroître une grave responsabilité avec tous les engagements qui l'accompagnent ; la connaissance et la pression de l'énergie spirituelle deviennent un danger si elles ne sont pas utilisées. Ceci est une déclaration importante et fondamentale.

Il existe, mes frères, deux conditions préalables majeures que vous devez tous remplir, en ce qui concerne votre intégration de groupe ; elles font suite à ce que j'ai indiqué antérieurement, lorsque je me suis efforcé de vous aider à vous intégrer à vos frères. Je vous ai donné, vous vous en souviendrez, comme partie de votre méditation de groupe, la simple formule d'intégration suivante :

"Je suis un avec mes frères de groupe, et tout ce que j'ai leur appartient. Puisse l'amour qui est en mon âme se déverser sur eux. Puisse la force qui est en moi les élever et les aider. Puissent les pensées que crée mon âme les atteindre et les encourager."

Des deux conditions préalables auxquelles je fais actuellement allusion, l'une se rapporte à votre intégration dans mon groupe de "chélas actifs", et l'autre, à votre faculté d'entrer en contact avec moi à volonté, ce qui n'est encore permis qu'à trois d'entre vous, et ceci parce qu'ils font rarement usage de ce privilège. Notre première tâche est donc de nous occuper des exigences qui demandent une juste attitude de votre part, et l'emploi de la première des anciennes formules que j'ai l'intention de vous donner afin que vous y réfléchissiez profondément, et que finalement vous en fassiez un usage expérimental. Néanmoins, avant de vous donner cette formule, je désire traiter d'une question qui ne manquera pas de venir à l'esprit des plus anciens de ce groupe.

Cette question pourrait être exprimée ainsi : "Si je prépare la seconde ou la troisième initiation, je dois avoir appartenu à un groupe de disciples – probablement à celui du Tibétain – depuis quelques vies au moins. Alors pourquoi une formule d'intégration est-elle nécessaire ? Parce que, mon chéla, bien que vous ayez fait partie d'un groupe de disciples avant celui-ci, ce n'était pas mon [246] groupe, mais le groupe du Maître M. ou celui du Maître K.H. Vu l'urgence mondiale et l'immensité de la tâche qu'Ils doivent accomplir, vu aussi qu'Ils se préparent à prendre l'une des initiations les plus élevées, ces deux Maîtres ont confié, à moi-même et à deux autres de leurs disciples initiés, eux-mêmes adeptes ou Maîtres, tous leurs disciples anciens sauf quelques-uns.

Ils ont aussi gardé, dans leurs groupes de disciples, ceux qui avaient commencé un travail spécifique sous leur direction dans une vie antérieure, et quelques disciples venus en incarnation dans notre période mondiale, avec le cerveau et le mental éveillés à leur relation avec ces Maîtres. Ces conditions n'existent pas dans le groupe qui me concerne, moi, le Maître choisi pour vous guider et vous faire progresser. Cependant (bien que vous ne vous en souveniez pas), vous me connaissiez tous bien, lorsque nous travaillions avec ces deux Chohans, d'où la décision de vous faire travailler selon mon enseignement et sous ma direction. Tout s'est bien passé et jusqu'ici il n'y a pas eu de temps perdu.

Une autre raison, pour ceux qui ont eu l'expérience du travail de groupe utilisent cette formule d'intégration, est que certains membres du groupe sont encore loin d'être vraiment intégrés, et que l'expérience de chélas plus anciens peut être une aide inestimable, s'ils veulent servir ainsi le groupe et moi-même. Beaucoup de ce que j'ai dit dans des instructions précédentes (Vol. I), sur la relation de chéla à Maître, pourrait être appliqué ici avec profit.

Les Formules

Il y a six anciennes formules, ou formes symboliques, qui se trouvent dans les archives concernant les disciples. Elles ont trait aux six conditions fondamentales, préliminaires à l'initiation. Elles sont utilisées avant toutes les initiations majeures, et ont donc cinq significations qui n'apparaîtront que lorsque ces initiations seront prises. Elles prennent quelquefois la forme de symboles et quelquefois de mots ; elles sont parmi les plus anciennes formules du monde. Elles ont été utilisées au cours des âges par tous les disciples et initiés de la Grande Loge Blanche. Elles concernent ce que l'on appelle "les six relations". Chacune de ces six relations doit trouver son expression [247] dans l'attitude, le service, et une expansion plus profonde de conscience dont je ne peux pas parler, mais dont on doit s'assurer personnellement. Il est essentiel que le candidat initié découvre lui-même la valeur subjective, intérieure et ésotérique de la formule proposée à sa réflexion. Sous ce rapport, je ne peux donner qu'une indication.

Le disciple, lorsqu'il devient disciple accepté (par le fait que la Loge reconnaît l'engagement qu'il a pris envers son âme), arrive à une reconnaissance précise et de fait de la Hiérarchie. Ses suppositions, ses désirs, ses aspirations, ses souhaits, ses théories, ou quel que soit le nom choisi pour désigner son effort vers la divinité, font place à une connaissance claire de ce groupe d'âmes libérées. Ceci ne survient pas par le moyen de phénomènes convaincants, mais par un afflux d'intuition. Le disciple subit donc une expansion de conscience, qui peut ou non être enregistrée par le cerveau. À partir de ce point de reconnaissance, chaque pas du Sentier doit être accompli consciemment, et doit impliquer une reconnaissance consciente d'une série d'expansions. Ces expansions ne sont pas l'initiation.

Que cela soit bien clair dans votre esprit. L'initiation qui se trouve juste en avant est simplement l'effet de la reconnaissance. Elles pourraient être appelées des "points de crise stabilisants" ou "l'occasionnel devient le constant, et ce qui est projeté, l'intentionnel". Réfléchissez à ces mots. La Hiérarchie est maintenant un fait dans votre vie et dans votre conscience. Quel est le prochain fait ou point d'intégration ou d'inclusivité consciemment obtenue ? Une étude des formules et leur emploi correct vous le révélera. J'ai mis l'accent sur la visualisation et je vous ai donné quelques indications relatives à l'initiation et au travail créateur de l'imagination, car ces enseignements et le développement de ces facultés exigeront qu'il soit fait appel à votre compréhension, si les formules relatives à l'initiation peuvent vous être données. Ces six formules sont donc des formules d'intégration, et l'on peut ici donner une ou deux indications.

La Première formule concerne, comme je vous l'ai dit, l'intégration dans le groupe d'un Maître, et elle a deux usages – si je puis [248] exprimer ceci de votre point de vue. L'un produit l'inclusivité de groupe, qui vous intègre à vos frères de groupe, dans mon groupe, et apporte la révélation, du côté caché de la vie du chéla. Par ces mots, je fais allusion à son nouveau conditionnement astral. À cela est donné le nom de Révélation de la Sensibilité de Groupe. Cette question est plus vaste dans ses implications que vous ne pouvez l'imaginer, car elle concerne la sensibilité ou réceptivité du groupe uni, vers l'extérieur et le monde des hommes, vers l'intérieur et la Hiérarchie, et vers le haut et la Monade. Cela ne concerne pas l'ensemble des réactions sans importance de la personnalité des membres du groupe. Son second usage, est de permettre le contact avec le Maître de votre groupe, en l'occurrence moi-même, le Maître D.K. J'ai déjà fait de mon mieux pour vous aider à réaliser ce processus par mes instructions sur le contact de pleine lune, ce que vous avez compris et tenté de manière inadéquate. Vous allez peut-être travailler plus dur maintenant à produire la "relation de contact", selon l'appellation ésotérique. C'est sur la Première Formule que vous devez maintenant travailler.

La Deuxième Formule traite de l'alignement, non de l'alignement tel qu'il est compris dans le travail préparatoire indispensable de l'École Arcane. Cette forme d'alignement est la réalisation d'un contact direct et vrai avec l'âme. L'alignement auquel se rapporte cette formule est relative à l'antahkarana. Ce sera notre prochain sujet de réflexion, lorsque la Première Formule aura opéré certains changements dans la conscience. Je ne vais pas examiner ces formules maintenant. Je vais simplement signaler leurs implications majeures, qui seront rarement ce que vous pensez, tant vous êtes conditionnés par les termes et l'interprétation du mental inférieur.

La Troisième Formule est relative à certains changements dans le lotus égoïque. Ces changements pourraient être exprimés de manière inadéquate, dans les termes de l'Ancien Commentaire :

"Il y a ce qui transmue la connaissance en sagesse, en un éclair de temps ; il y a ce qui transforme la sensibilité en amour, au sein d'une zone d'espace ; il y a ce qui transforme le sacrifice [249] en félicité, là où il n'existe ni temps ni espace."

 La Quatrième Formule a un effet spécifique sur le "joyau dans le lotus" l'éveillant à la vie ; elle le fait (au moyen d'effets produits) sur les trois plans des trois mondes, ce qui entraîne des changements dans les sept roues (centres), de sorte que le "point dynamique situé au centre de chaque roue, oblitère les points de force mineurs ; ainsi la roue commence à tourner sur elle-même".

La Cinquième Formule éveille la Volonté, mais toute interprétation de cet éveil serait dépourvue de sens pour vous, avant que les quatre formules précédentes n'aient opéré sur vous leur effet, et avant que les changements intérieurs nécessaires ne soient réalisés.

La Sixième Formule est quelquefois appelée "la parole de mort". Elle supprime l'effet destructif du processus de mort qui se poursuit continuellement dans le mécanisme du disciple ou de l'initié. La mort continue son nécessaire travail, mais son effet n'est pas destructif. Cette formule n'a encore jamais été donnée aux disciples, mais elle peut maintenant être connue car enfin, dans l'ère des Poissons, le pouvoir de la mort physique est véritablement brisé, et la "signature" de la Résurrection est révélée. Dans cette négation ésotérique de la mort résident les causes des deux stades de la guerre mondiale (1914-1945), causes qui marquent leur impression, et sont profondément cachées ; dans cette formule se trouve la signification sous-jacente à l'expression "lutte pour la liberté" des peuples du monde entier. Elle est quelquefois appelée "formule de libération".

Si vous étiez un disciple ayant accès aux archives contenant les instructions destinées aux disciples, vous vous trouveriez (en ce qui concerne les six formules dont je parle ci-dessus) en face de six grandes plaques d'un métal inconnu. Ces plaques semblent faites d'argent ; en réalité elles sont composées du métal qui est l'allotrope de l'argent ; il est donc à l'argent ce que le diamant est au carbone. Sur ces plaques se trouvent des mots, des symboles et des formes symboliques qui, lorsqu'ils sont reliés les uns aux autres, contiennent les formules que le disciple doit interpréter et intégrer dans sa conscience de veille ; ceci au moyen [250] de processus vivants. Je ne peux pas vous montrer ces formules sur le plan physique ; le mieux que je puisse faire est de vous les décrire et, dans ces instructions, je vais essayer de vous décrire la Première Formule. La compréhension des mots et des symboles produit deux réactions dans la conscience du disciple et, quand un groupe de disciples travaille sur la même formule (comme c'est le cas de ce groupe), elles sont intensifiées et de plus grande valeur encore.

La première réaction est appelée "Formule de Révélation" et concerne la sensibilité unie du groupe. Lorsqu’ensemble les membres du groupe réfléchiront à cette formule et parviendront à sa compréhension, ils seront entraînés dans une réceptivité des émotions et réactions sensibles des individus du groupe ; ces dernières, dans leur ensemble, constituent le corps astral du groupe.

Quand cette réaction aura été établie (l'absence d'esprit critique et l'amour faciliteront beaucoup ce processus), le groupe dans son ensemble pourra parvenir au second dessein de la formule qui est appelé "la découverte du point dans le cercle". Cela signifie, en ce qui concerne le groupe, la révélation de la force cohérente centrale du groupe lui-même. C'est en même temps et jusqu'après l'initiation supérieure nommée la quatrième initiation – le Maître au centre du groupe. En conséquence, c'est la correspondance du "joyau dans le lotus", en ce qui concerne l'individu ; de la Hiérarchie, en ce qui concerne l'humanité, et du point central de vie, en toute forme. Le cercle et le point sont les symboles naturels de la forme et de la conscience.

Ceci s'applique de la même façon à l'atome, à l'homme, à la planète et au système solaire. Ce concept doit constituer l'idée de base de toute réflexion sur cette formule. Voici la formule elle-même :

"Une ligne de feu entre deux points embrasés. Un courant d'eau bleue – encore une ligne – jaillissant de la terre et finissant dans l'océan. Un arbre avec les racines en l'air et les fleurs en bas. [251]

"Issu du feu, et toujours au point médian, apparaît l'œil de Dieu (Shiva). Sur le courant, entre les deux extrêmes, flotte l'œil de la vision ; un fil de lumière unit les deux.

"Au plus profond de l'arbre, entre les racines et les fleurs, l'œil est de nouveau vu. L'œil qui connaît, l'œil qui voit, l'œil qui dirige – l'un fait de feu, l'autre fluide comme la mer, et deux yeux qui regardent d'ici jusque là – le feu, l'eau et la terre – tous ont besoin de l'air vital. L'air est la vie. L'air est Dieu."

La signification de cette formule n'est pas difficile à comprendre pour l'étudiant avancé, en relation avec lui-même. L'œil de la connaissance, l'œil de la vision et l'œil dirigeant de la Divinité lui sont familiers. Mais ce sont les plus grandes implications que je vous demande d'examiner. Une extension de ces idées au Maître et à Son Ashram, ou groupe de disciples actifs, a de la valeur pour vous, dans votre conscience de réflexion. La première et évidente interprétation concerne l'œil de la connaissance. Mais que penser de l'œil de la vision lorsque la dualité est surmontée, et que penser du "dessein pour lequel les mondes furent faits", le petit monde de l'individu (lorsqu'il est parvenu à l'individualité), le plus grand monde d'un groupe organisé, intégré et fonctionnant comme une unité, et le monde subtil et lointain de l'intention divine ?

Je n'en dis pas plus sur cette question. Je recommande, à votre réflexion méditative, ces implications subtiles. Je vous demande d'y réfléchir et – avant la pleine lune de Wesak – d'exprimer par écrit votre compréhension de la formule sous deux angles. Concernant ces deux angles vous devriez nettement avoir des idées.

1. L'angle de l'individu.

2. L'angle d'un groupe de chélas.

Ces deux unités utilisent l'œil de la connaissance et l'œil de la vision.

[252]

DEUXIEME PARTIE Points de Révélation

J'ai beaucoup traité, dans mes ouvrages précédents, du thème des Points de Crise. Nous pouvons maintenant aborder, et prouver la vitalité de notre progrès, quant aux Points de Révélation. Tout l'objectif du processus préparant à l'initiation est de parvenir à la révélation. Il faut toujours se souvenir que ce qui est révélé est éternellement présent. Il y a donc une vérité occulte dans la déclaration selon laquelle "il n'y a rien de nouveau sous le soleil". Tout ce qui est révélé sur le Sentier du Disciple et sur le Sentier de l'Initiation existe depuis toujours, mais ce qui peut le percevoir, l'atteindre et l'inclure s'est développé au cours des âges. Sur le Sentier du Disciple, dans les stades de début, l'œil de la vision est le mental illuminé. Sur le Sentier de l'Initiation, c'est ce dont l'œil du mental est l'extériorisation, la perception intuitive de l'âme elle-même. Mais, à mesure que l'évolution se poursuit, ce qui parvient au point de perception des vérités existantes, diffère largement à mesure que s'écoulent les siècles. Même l'adepte actuel a une perception bien plus prononcée, une interprétation plus exacte de celle-ci et une vision bien plus pénétrante que l'adepte des jours atlantéens ; l'initié qui arrivera à la perception d'initié pendant l'ère du Verseau sera très en avance sur ceux qui fonctionnent actuellement comme adeptes.

Je vous ai prévenus que l'état de disciple devient de plus en plus difficile. Ceci est dû à la sensibilité accrue que manifeste l'adepte moderne aux valeurs et réalités ésotériques. Il peut percevoir et perçoit ce qui était le but de l'initiation au cours d'époques antérieures, et il perçoit ces choses normalement, comme des faits établis dans un état de conscience développé. C'est le parallèle spirituel du développement des cinq sens au cours de l'évolution. Son but et sa "direction prévue" se situent très en avant, et son inclusivité lui ouvre des portes qui, autrefois, ne s'ouvraient que lorsque l'initié frappait. En conséquence, ce n'est pas une voie facile que je vous propose, mais une voie de difficulté et d'adaptation. [253]

Dans tous les stades de progrès, sur le Sentier de l'Initiation, il existe trois phases concernant les réactions de l'aspirant-initié. Tout d'abord, il y a la vision de l'âme ; mais, tandis qu'autrefois il y avait la vision et le point de départ, actuellement le disciple moderne perçoit aussi un grand nombre des stades intermédiaires, les forces qui s'opposent, les obstructions, les handicaps et entraves qui s'élèvent rapidement. Les mots que j'emploie ici sont choisis délibérément. Maintenant, le disciple n'est pas totalement aveugle et il n'avance pas totalement dans le noir. Il a en lui-même assez de lumière pour lui apporter ce qui est appelé la "petite révélation" ; dans cette lumière, il verra la plus grande lumière, et parviendra à une perception plus vraie. Il se voit lui-même, et cela – depuis une éternité – le disciple a toujours été capable de le faire. Mais maintenant il perçoit aussi et reconnaît son frère dans la lumière ; cela suscite des réactions de la personnalité, et il doit s'adapter, non seulement à lui- même tel qu'il se découvre, mais également à son frère, tel qu'il le découvre. Ce n'est pas une adaptation facile, et les Règles de la Route[1], précédemment communiquées, vous l'auront indiqué.

J'aimerais ici, mon frère, vous énumérer les déclarations les plus importantes que j'ai faites dans mes précédentes instructions, en vous indiquant celles qui contiennent des suggestions importantes, en vous montrant, pour une fois, avec quel soin je prépare ce que je m'efforce de vous communiquer et comment en conséquence, j'attends de vous une étude sérieuse de mes paroles. Voici ces pensées-clé :

1. Seul ce que vous connaissez par vous-même, et dont vous avez fait l'expérience consciente, a de l'importance. Ceci se rapporte spécialement aux facteurs suivants :

a. Votre perception de la vision.

b. Votre contact avec moi, votre Maître.

c. Votre reconnaissance du processus d'initiation.

Je vous ai donc dit que (pour le but) vous deviez faire preuve de conscience initiée, dans le mental et dans le cerveau, donc sur le plan physique. [254]

2. L'Initiation, en ce qui vous concerne à l'heure actuelle, est "un moment de crise où la conscience plane à la frontière de la révélation". Ceci implique donc :

a. Un tiraillement considérable entre les paires d'opposés.

b. L'existence, en conséquence, d'un champ de tension.

c. L'effort pour se tenir fermement au point médian.

Je souhaite vous rappeler que cela ne se rapporte pas à l'homme sur le sentier de la vie, tiraillé entre les paires d'opposés sur le plan du désir, mais à l'âme se tenant au point médian entre la monade et la personnalité, se préparant à la Grande Renonciation – renonciation que la personnalité rend possible – puis disparaissant et laissant personnalité et monade parfaitement unies. C'est l'homme, en tant qu'âme, en pleine conscience de veille qui prend l'initiation. D'où l'accent mis sur le contact de l'âme lorsque l'homme est sur le Sentier de Probation et qu'il passe par les premiers stades de l'état de disciple. Ceci conduit, plus tard, à mettre l'accent sur la nécessité de deux activités majeures, avant que l'homme ne puisse prendre les initiations supérieures :

a. L'alignement.

b. La construction scientifique de l'antahkarana.

3. La révélation, donnée à l'initié, n'est pas une vision de possibilités, mais une expérience de fait conduisant à :

a. L'évocation de nouveaux pouvoirs.

b. La reconnaissance de nouveaux modes et champs de service.

c. La liberté de mouvement à l'intérieur des limites de la Hiérarchie.

d. De nouveaux contacts hiérarchiques et de nouvelles responsabilités se présentant devant l'initié.

Il comprend donc ce que l'initié Paul a voulu dire lorsque – parlant en termes hiérarchiques – il dit : "Toute chose nouvelle". Ce n'est pas simplement une question de vision et de contacts, mais une interrelation vitale et une reconnaissance qui apportent avec elles, la pénétration dans le Mental de Dieu. [255]

4. Dans les siècles passés et jusqu'en 1875, l'accent était mis sur quatre lignes d'enseignement :

a. Des indications à demi-mot quant au changement du caractère de la personnalité, en préparation à l'initiation.

b. Des enseignements quant à l'unicité de la Divinité et de l'ordre universel.

c. Des instructions relatives au processus de création.

d. Le laya yoga ou yoga de l'énergie, agissant par les centres de force.

Deux choses doivent maintenant se produire : les théories communiquées qui, jusqu'ici, ont guidé la pensée du disciple doivent devenir des expériences pratiques, et il doit y avoir un tel déplacement de la conscience que la vision du présent doit devenir l'expérience du passé, et qu'une reconnaissance entièrement différente, nouvelle et plus profonde, doit remplacer les anciens objectifs. C'est là, en conséquence, une mise à l'épreuve complète des méthodes de travail hiérarchiques passées. Ce qui a été donné dans le passé, s'est-il révélé être une préparation adéquate pour ce que seront les méthodes et propositions de l'avenir ? Les fondements de la vérité ont-ils été si fermement établis que la prochaine superstructure y trouvera une base de réalité tellement solide, qu'elle pourra supporter l'impact de l'afflux des forces solaires et cosmiques nouvelles ? Le travail passé de la Hiérarchie tiendra-t-il ? Tels sont les problèmes qui se posent aujourd'hui aux instructeurs initiés.

De même que les attitudes du disciple, face à la vie quotidienne et à ce qui arrive dans le monde, sont totalement différentes de celles de l'homme ordinaire, car il vit de plus en plus dans le monde de l'âme, de même le disciple-initié en vient à une attitude (nécessairement) basée sur le caractère, vis-à-vis des processus de vie et des événements mondiaux, interprétés dans le monde de l'âme ; mais il leur applique une lumière différente et une motivation – reposant sur une connaissance et une compréhension nouvellement acquises – qui diffère entièrement des deux conditions précédentes. Les quatre lignes d'enseignement sont supposées acquises ; l'initié est censé les avoir comprises et maîtrisées par l'expérimentation et l'expérience dans une certaine mesure. Maintenant, les nouvelles formules de vie doivent dominer ; ce sont des formules de vie, non des formules [256] d'âme. La nouvelle connaissance doit supplanter l'ancienne et elle ne concernera pas ce qui, jusque là, était considéré comme le but ultime.

L'ésotériste du passé illustre ceci, en ce qu'il savait peu de chose concernant les sept Rayons et les sept types de rayon, et que rien ne lui avait été communiqué quant à Shamballa. Maintenant le monde des disciples s'éveille lentement à ces valeurs et vérités nouvelles, et à la source septuple d'expression de la vie. La Volonté de Dieu va, dans l'avenir, prendre forme consciemment dans le mental des hommes, de telle manière que les anciennes vérités conditionneront et domineront comme jamais auparavant, mais tomberont automatiquement en dessous du seuil de la conscience, tandis que les reconnaissances et les valeurs nouvelles et naissantes prendront place dans la conscience de surface de tous les disciples – et ils seront légion.

5. Le corps astral ne constitue pas une entrave pour le disciple-initié, mais lui fournit un moyen de contact facile avec la Hiérarchie. Ceci est dû à ce que le lien entre le corps astral et la conscience bouddhique devient de plus en plus étroit à ce stade. Ces niveaux constituent essentiellement une paire d'opposés qui fusionneront finalement ; alors, le corps astral disparaîtra comme le fait le corps de l'âme à un stade plus tardif du développement.

6. Chaque disciple doit découvrir lui-même et seul à quelle initiation il est préparé ; le Maître ne donne jamais cette information. La lumière sur cette question se fait par la reconnaissance des épreuves et des types d'expérience qui surviennent dans la vie du disciple. "C'est une question", comme je l'ai dit ailleurs "d'orientation et non d'information extérieure". La reconnaissance et l'orientation sont les notes-clé de cette phase.

7. La nécessité de l'humilité existe toujours. Ceci implique :

a. Un sens précis des justes proportions.

b. Un point de vue équilibré.

c. Une attitude sans passion.

d. Une reconnaissance véridique des atouts aussi bien que des points faibles. [257]

Là aussi je vous ai donné une indication, en affirmant que la vraie humilité est basée sur les faits, sur la vision et sur la pression du temps.

8. Deux objectifs immédiats se présentent aux disciples, plus la nécessité d'une qualité :

a. S'intégrer dans l'Ashram intérieur en tant que chélas actifs.

b. Entrer en contact avec le Maître à volonté.

c. Cultiver la divine indifférence.

9. En ce qui concerne les formules, deux réactions sont automatiquement suscitées chez le vrai disciple et dans le vrai groupe, au sein de l'Ashram :

a. La réaction appelée la "formule de révélation". Ceci désigne la réponse sensible aux anciennes formules données à ceux que l'on prépare à l'initiation. Je vous ai déjà donné l'une d'elles.

b. La réaction appelée "la découverte du point dans le cercle".

Avez-vous jamais pensé, mon frère, que l'une des raisons pour lesquelles vous n'êtes pas encore entré librement en contact avec moi dans votre conscience de veille, et ne m'avez pas parlé face à face, peut être due au fait que le "cercle" n'est encore pour vous qu'une théorie ? Tant que le cercle de vos frères n'est pas un fait dans votre conscience quotidienne, et d'importance primordiale dans votre vie journalière, il vous est impossible de parvenir au contact avec le "Point". Le disciple part de la périphérie du cercle du Maître et avance vers le centre ; il peut, néanmoins, renverser ce processus dans sa conscience.

J'ai affirmé que l'initiation était essentiellement un processus de révélation. Pour le disciple qui est préparé à prendre l'initiation, l'accent est nécessairement mis sur la reconnaissance – reconnaissance intelligente de ce qui doit être révélé. Ceci exige de sa part qu'il sorte véritablement du monde du mirage, afin qu'il puisse avoir la claire perception de la vision nouvelle. Une lumière nouvelle est jetée sur les vérités anciennes et bien connues, de sorte que leurs [258] significations sont extraordinairement modifiées ; dans cette modification, le plan ou dessein de la Divinité prend un sens entièrement nouveau. Le néophyte inexpérimenté reçoit constamment des révélations et enregistre ce qu'il considère comme des intuitions très inhabituelles. En réalité, tout ce qui se produit, c'est qu'il prend conscience de la connaissance de l'âme, tandis que pour l'initié l'intuition est toujours une révélation du dessein de Shamballa et de la mise en œuvre du Plan divin, sous un angle lointain ou proche. La révélation accordée à l'initiation est donnée à l'âme, enregistrée par le "mental tenu fermement dans la lumière", et plus tard – avec une rapidité plus ou moins grande – transférée au cerveau. Vous pouvez donc voir le véritable but du Raja Yoga qui entraîne le mental à devenir finalement réceptif à la Triade spirituelle. Vous comprenez aussi pourquoi, pendant des siècles, les Instructeurs de la Sagesse Immémoriale ont mis l'accent sur la nécessité du discernement, surtout en ce qui concerne le disciple en probation.

Actuellement, je fais avancer d'un pas l'enseignement habituel sur l'initiation, et j'essaie de montrer qu'il ne s'agit pas essentiellement d'un processus de fusion personnalité-âme (bien que ce doive être un stade préliminaire), mais d'intégration personnalité-monade, processus rendu possible car l'alignement avec l'âme a été réalisé. En fait, l'initiation est le processus essentiel et inévitable du transfert de la triplicité première de la manifestation, en dualité fondamentale esprit-matière. C'est la "dissolution de l'intermédiaire", à laquelle étaient dédiées la crucifixion et la mort du Christ ; celles-ci étaient destinées aussi à révéler aux initiés des deux derniers millénaires, la transmutation de la trinité de la manifestation en la dualité du dessein. Je ne peux pas exprimer ceci autrement, mais ceux qui sont éclairés me comprendront. Les interprètes de l'Évangile et de nombreux disciples de la dispensation chrétienne ont singulièrement échoué dans leur compréhension de cette révélation ; ils ont mis l'accent sur la mort de la personnalité, tandis que, lorsque le Christ ressentit le "grand vide des ténèbres" et entonna le mantra occulte "Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?", Il reconnaissait en même temps la distinction entre Sa "robe de gloire" (symbolisée [259] par le partage de son vêtement par les soldats romains) et appelait l'attention de tous les futurs disciples et initiés sur la disparition du "principe médian", l'âme. Il projetait (dans la conscience du monde) la reconnaissance, qui doit se faire jour, de la relation avec le Père ou Monade. La grande dissolution atteint pour nous son point culminant au moment de la troisième initiation, quand la Lumière de la Monade oblitère la lumière de l'âme et la lumière atomique matérielle de la personnalité triple. Mais – et c'est là le point important – la reconnaissance de cette mort et de ses effets ne s'accomplit symboliquement et n'est reconnue qu'au moment de la quatrième initiation, la Crucifixion. Toutes les dissolutions, morts, renonciations et disparitions mineures de ce à quoi tient la nature inférieure, et qui la tient, s'effectuent dans le cadre des aspects habituels de la vie de la forme, de la sensibilité et de la conscience ; elles ne sont que le symbole, et ne font que préparer la grande dissolution finale du corps causal, consommée à la Crucifixion. Ceci conduit à la résurrection ou élévation de la conscience âme-personnalité (dûment fusionnée et unifiée) jusqu'à la conscience de la monade. Cette dernière est finalement conduite à la perfection solaire, à l'initiation de l'Ascension.

Je vous ai donné cet enseignement dans les termes de la présentation chrétienne, car elle est peut-être plus simple à comprendre pour vous, mais il existe beaucoup d'autres formulations et manières d'aborder ces vérités ; plus elles sont nouvelles, plus elles sont difficiles à présenter. Seuls ceux qui sont immédiatement au bord de l'initiation comprendront ; les autres préféreront interpréter ces vérités, selon les formules plus faciles et bien connues du stade préparatoire, l'unification de l'âme et de la personnalité.

Le stade de reconnaissance de la révélation, accordée à l'initié des mystères majeurs, est lui-même divisé en deux phases mineures. On pourrait dire qu'elles sont au nombre de trois, bien que cela dépende beaucoup de l'initiation à prendre et du rayon du disciple qui est préparé. Ce sont :

1. Le Stade de Pénétration. Il s'agit de faire une percée dans le monde du mirage, ce qui permet d'atteindre deux objectifs : [260]

a. La lumière de la Triade spirituelle afflue dans la conscience de l'initié, via l'antahkarana, de sorte que le Plan conçu pour l'humanité et le Dessein divin concernant la planète deviennent de plus en plus clairs. Ceci instaure la relation avec Shamballa.

b. Une partie du mirage mondial est ainsi dissipée ; il s'ensuit une clarification du plan astral rendant service à l'humanité. Tout disciple qui parvient à la reconnaissance de la révélation de l'initié libère de la lumière et dissipe une partie du mirage qui aveugle la masse des hommes. Pour le disciple de sixième rayon, ce stade de pénétration est bien plus long que pour les disciples des autres rayons, mais seulement dans le cycle mondial actuel.

2. Le Stade de Polarisation. C'est le stade où l'initié, ayant laissé pénétrer la lumière, et ayant traversé les brouillards épais du monde du mirage, comprend tout à coup exactement ce qu'il a fait ; il s'établit alors fermement, et s'oriente correctement vers la vision (en d'autres termes, vers Shamballa). L'une des choses qu'il faut saisir, c'est que l'initié, étant un point de vie hiérarchique (soit sur la périphérie de la Hiérarchie. soit à l'intérieur du cercle, soit au centre) prend véritablement part à l'effort hiérarchique. Cet effort est dirigé vers une orientation tournée vers le centre supérieur de vie, Shamballa. Les étudiants ont tendance à croire que l'orientation de la Hiérarchie est tournée vers l'humanité. Il n'en est rien. Elle répond aux besoins de l'humanité lorsque la demande est efficace, et Elle est gardienne du Plan ; mais l'orientation du groupe hiérarchique tout entier est dirigé vers le premier aspect, qui exprime la Volonté du Logos et se manifeste par Shamballa. De même qu'un disciple doit faire deux choses : polariser sa position en établissant de justes relations humaines et, simultanément, devenir un membre conscient et actif du Royaume de Dieu, la Hiérarchie, de même l'initié, sur une courbe plus élevée de la spirale, doit établir de justes relations avec la Hiérarchie et devenir simultanément conscient de Shamballa.

Tout ce que je peux communiquer ici est le point ou but désiré, [261] mais la terminologie est relativement dépourvue de sens, sauf pour ceux qui ont l'expérience du processus d'initiation à un degré plus ou moins grand, selon les initiations déjà prises. Cette polarisation, ce point d'effort concentré, cette orientation obtenue est l'idée de base sous-jacente à l'expression "la montagne d'Initiation".

L'initié se plante sur le sommet de la Montagne et, de cette altitude, il découvre la pensée de Dieu, il visualise le rêve qui se trouve dans le Mental de Dieu, il suit l'œil de Dieu à partir du point central jusqu'au but extérieur, et se voit lui-même comme étant tout ce qui existe et, cependant, à l'intérieur du tout.

3. Le Stade de la Précipitation. S'étant ainsi identifié par la pénétration et la polarisation au Plan et à la Volonté de Dieu (qui est la clé de Shamballa), il commence alors – comme résultat de cette triple reconnaissance – à faire sa part, en vue de matérialiser le Plan et d'amener à la manifestation et à l'expression, autant de ce Plan qu'il le peut. Ainsi, il devient tout d'abord un poste avancé de la Hiérarchie (ce qui signifie nécessairement sensibilité à l'énergie de Shamballa), puis, progressivement, un agent de Lumière – Lumière universelle, ou Lumière de la Monade.

Je n'ai rien de plus à dire aujourd'hui en ce qui concerne l'initiation. Réfléchissez à ce que j'ai communiqué et saisissez, autant que votre imagination vous le permet, la magnificence du processus initiatique – tellement plus inclusif que ne l'a indiqué n'importe quel enseignement donné jusqu'ici. Lorsque la guerre sera finie et que le monde nouveau avec sa future civilisation et sa culture à venir commencera à prendre forme, l'accent sera mis de plus en plus sur le dessein de la Divinité gouvernante, ou Vie, ou Énergie fondamentale, telle qu'elle s'exprime par l'humanité. Cela sera fait par des ésotéristes entraînés. Une grande partie de ce que disent les leaders mondiaux et les travailleurs en service dans toutes les nations, indique une réponse inconsciente à l'énergie de Shamballa. Vers la fin du siècle et pendant les premières décennies du vingt et unième siècle, un enseignement concernant Shamballa sera donné. L'effort du mental abstrait de l'homme s'orientera vers cette compréhension, [262] exactement comme l'effort actuel du disciple a pour but le contact avec la Hiérarchie. Le mirage est en train de disparaître ; les illusions sont dissipées ; le stade de pénétration dans une dimension nouvelle, dans une nouvelle phase d'effort et d'accomplissement, est rapidement atteint. Cela se fait en dépit de toute l'horreur et de la douleur, et sera l'un des premiers résultats du répit, après la guerre. La guerre elle-même brise les illusions, révèle la nécessité du changement et engendre la demande d'un monde nouveau et d'une prochaine beauté du mode de vie qui sera révolutionnaire ; ce sera aussi la réponse matérielle à un processus intensif d'initiation, auquel tous les disciples peuvent participer et auquel les aspirants avancés peuvent se préparer.

Les Formules

Maintenant que vous avez probablement réfléchi pendant quelques mois à mes instructions sur les formules, je vais essayer de vous communiquer certaines des implications plus profondes.

Première Formule :

"Une ligne de feu entre deux points embrasés. Un courant d'eau bleue – encore une ligne – jaillissant de la terre et finissant dans l'océan. Un arbre avec les racines en l'air et les fleurs en bas.

"Issu du feu et toujours au point médian, apparaît l'œil de Dieu (Shiva). Sur le courant, entre les deux extrêmes, flotte l'œil de la vision ; un fil de lumière unit les deux.

"Au plus profond de l'arbre, entre les racines et les fleurs, l'œil est de nouveau vu. L'œil qui connaît, l'œil qui voit, l'œil qui dirige – l'un fait de feu, l'autre fluide comme la mer, et deux yeux qui regardent d'ici jusque là. Le feu, l'eau et la terre – tous ont besoin de l'air vital. L'air est la vie. L'air est Dieu."

Ces formules et leurs implications ont donné du souci à certains, à cause de l'extrême difficulté de leur interprétation. Je vous [263] demande de vous souvenir que vous êtes individuellement tout à fait incapable de saisir l'étendue de votre propre compréhension. Car le mental (facteur conditionnant majeur de la vie du disciple dans les premiers stades de son instruction) en sait beaucoup plus que le cerveau n'est capable d'en enregistrer. Plus tard, dans la vie de l'initié, l'âme enregistre consciemment pour le disciple qui peut s'identifier à l'âme, bien plus que le mental concret n'en peut enregistrer. Je vous demande donc de cesser d'évaluer votre capacité de compréhension, et plutôt de méditer et de réfléchir.

Permettez-moi de vous résumer brièvement certains des facteurs concernant ces formules, indiquées dans mes précédentes instructions :

1. Elles concernent les six relations, à mesure que le disciple parvient à les établir.

2. Ces six relations ne sont pas six initiations, mais six expansions intermédiaires de conscience, survenant entre les initiations majeures.

3. Elles sont nettement des formules d'intégration :

a. Elles concernent l'intégration progressive dans le groupe d'un Maître.

b. Elles concernent aussi l'intégration dans un certain état de sensibilité de groupe, sur un certain plan, car la conscience de la réponse sensible est la note-clé de tous les plans du système solaire.

4. Ce sont aussi des formules de révélation. Ceci est particulièrement vrai de la Première Formule. Lorsqu'elles sont correctement utilisées, elles engendrent :

a. La révélation de la sensibilité de groupe.

b. La révélation du Maître tel qu'Il est, centre de lumière et de pouvoir à l'intérieur du cercle.

c. La révélation du point de vie au centre de toutes les formes.

Ces effets, résultant de la juste compréhension des formules, pourraient être considérés comme des réactions, automatiques et inévitables ; j'ai employé le mot réaction dans mes dernières instructions. Ces réactions sont fréquemment, et je pourrais dire habituellement, inconscientes ; ce n'est que progressivement que le disciple s'éveille au fait que, par une réflexion calme sur la formule, certaines expansions [264] de conscience, une plus grande sensibilité et une reconnaissance intuitive de ce qui, jusque là, était invisible et non compris, ont provoqué de véritables modifications dans sa nature subjective. Il fait le travail exigé, et les résultats suivent naturellement et simplement.

Ceci est une indication quant à la nécessité de l'obéissance occulte. J'ai la responsabilité de vous dire quel travail je désire vous voir faire, et quelles mesures vous devez prendre. Ensuite vous devez faire le travail. La plupart d'entre vous, vivant normalement dans le monde des effets et non dans le monde des causes, êtes préoccupés des résultats possibles et des différences phénoménales (si je puis les appeler ainsi) que vous attendez comme aboutissement du travail. En conséquence, au lieu de vous concentrer sur l'exactitude du travail et sur l'obéissance méticuleuse, vous détournez votre énergie sur la pensée de ce qui va arriver, sur la considération des difficultés du travail et sur votre conviction qu'il n'y a pas de résultat dans votre cas particulier. Ce que je fais en vous donnant ces formules est de vous aider à travailler dans le monde des causes, et de vous faire sortir consciemment du monde des effets. Je vous demande donc de faire le travail indiqué, et de concentrer votre mental sur ces formules de pouvoir, "de travailler sans attachement" comme le dit la Gita, et de ne pas chercher les résultats, sachant qu'ils seront bien là, même si vous ne les reconnaissez pas avant que votre focalisation ne soit plus nettement subjective. Je n'ai pas dit "introspective", mon frère, mais "subjective". Être introverti signifie en fait, que vous, en tant que personnalité pensante, dirigez toujours votre regard vers votre sensibilité et votre vie pensante intérieure. Ce n'est pas vivre subjectivement ; c'est vivre comme un observateur qui regarde vers l'intérieur. Vivre subjectivement signifie que le point focal de votre conscience est situé à l'intérieur et que, de là, vous regardez dans deux directions : vers l'extérieur à la personnalité sur le plan physique, et vers l'intérieur vers l'âme. Réfléchissez-y. La distinction est très réelle et vous devriez la saisir. L'homme qui comprend la différence entre vivre une vie introspective et vivre une vie subjective, est nettement en passe de devenir un vrai ésotériste.

Examinons un instant la Première Formule et cherchons son [265] interprétation la plus simple, avancée cependant du point de vue du néophyte, ce que vous ne devriez pas être. Je vais prendre une ou deux idées générales, se dégageant d'une analyse du tout, puis quelques phrases qui, lorsqu'elles seront interprétées, jetteront peut-être une lumière sur certaines significations pratiques et fondamentales.

Je voudrais d'abord que vous notiez l'accent mis sur "l'œil", dans cette formule. C'est la note-clé qui apparaît de diverses manières. Derrière toutes ces idées se trouve le concept de voir, de Celui qui Voit et regarde la Création tout entière. Ce même concept se retrouve dans le symbole maçonnique fondamental de l'œil de Dieu qui domine tout dans le temple. Dans cette formule, nous avons :

1. L'œil de Dieu. Shiva est la première personne de la Trinité, le Destructeur, mais aussi Celui qui absorbe finalement, qui est le Tout et pourtant la partie. C'est l'organe de la Volonté divine ou Pouvoir divin, l'œil, dont le regard dirigé porte le pouvoir vers l'extérieur, vers son Tout créé. Dans le cas de l'esprit humain, c'est la Monade.

2. L'œil de la vision, indiquant cette fois non l'énergie dirigeante, mais l'Observateur conscient, l'Âme, qu'elle soit cosmique, solaire ou humaine.

3. L'œil qui connaît. C'est le disciple qui, de stade en stade, réagit de plus en plus à la direction de la volonté spirituelle et à la croissance de la réponse sensible, et qui, à la fois dans la conscience du cerveau et dans celle du mental, connaît, dans les trois mondes. Cette connaissance est limitée chez le néophyte ; elle s'approfondit chez le disciple, est profonde chez le Maître ; tout cela est en relation avec la vision.

4. En même temps, cette formule nous dit qu'il y a quatre "yeux" :

a. "L'un fait de feu"... l'œil de Dieu.

b. "L'autre fluide comme la mer"... l'œil de la vision.

c. "Et deux yeux qui regardent d'un point à l'autre"... l'œil qui connaît. Ces deux derniers sont l'œil du disciple et l'œil de la personnalité. Une clé à cette affirmation est donnée dans la Doctrine Secrète qui dit que l'œil droit est l'œil [266] de buddhi, et l'œil gauche, l'œil de Manas. Ce sont les yeux d'une personnalité intégrée et de haut degré, en rapport avec l'âme.

d. "Le feu, l'eau et la terre ont tous besoin de l'air vital. L'air est la vie." La clé, de nouveau, se trouve dans la Doctrine Secrète, où nous trouvons les mots : «La matière est le véhicule de manifestation de l'âme sur notre plan d'existence ; l'âme est le véhicule de la manifestation de l'Esprit, sur un plan plus élevé, et les trois forment la Trinité, synthétisée par la Vie qui les pénètre tous."

Vous pouvez donc voir, en réfléchissant soigneusement, combien cette question est simple, envisagée exotériquement, et comment la clé de la compréhension est l'identification consciente avec les trois facteurs, à la fois successivement par le développement, et simultanément par l'initiation. Je vous donne ici une indication occulte.

Deuxièmement, je souhaite que vous notiez comment cette formule se rapporte à l'antahkarana :

1. "Une ligne de feu entre deux points embrasés" – la monade et l'âme.

2. "Une ligne, jaillissant de la terre et finissant dans l'océan", faisant allusion au sutratma qui, lorsque l'antahkarana est construit, mêle tous les types de conscience, l'esprit et la matière, en un tout vivant, la Réalité ultime.

 

[1] L'État de Disciple dans le Nouvel Âge, Vol. I, pages anglaises 583-584.