La vieillesse devrait être utilisée à méditer sur les travaux des philosophes, occupation qui apportera paix et félicité et ouvrira la voie de l'éternité.
- Sénèque, 1" siècle après J. -C.

Introduction

Alors que nous embarquons pour un nouveau millénaire, nous assistons dans le règne humain à un phénomène sans précédent dans notre longue histoire: une population croissante de personnes âgées dans presque tous les pays du monde. Cette augmentation du nombre de personnes âgées est, d'un côté, source de préoccupation pour les gouvernements et les communautés dont la responsabilité est de prendre soin des plus vieux citoyens, et d'un autre côté, elle peut être considérée comme un potentiel immense dont la précieuse valeur est largement inexploitée. Depuis plusieurs décennies, nous assistons à la mise en évidence de la croissance du nombre des personnes âgées, particulièrement depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale et la naissance de la génération baby-boom, en gros entre 1946 et 1964. Les enfants du baby-boom ont généré un phénomène de "vague de vieillissement" qui a des répercussions dans tous les domaines de la société - logement, production de nourriture, habillement, éducation, culture et soins médicaux - alors qu'elle progresse. Dans une décennie et demi, cette "vague" s'écrasera sur les plages de la retraite. La grande question est: la force de cette vague va-t-elle dévaster le pays, laissant la jeune génération se noyer dans l'appauvrissement, ou bien cette force apportée par les aînés va-t-elle permettre un nouveau type de croissance dont nous commençons seulement maintenant à réaliser les avantages? Si nous parcourons la vague avec le mental ouvert, seul le dernier cas sera retenu.

Le choix implique réellement le mental, la pensée profonde, le mental réfléchissant, parce que le potentiel résidant chez les personnes âgées repose à la base dans le royaume de la conscience. C'est pour cette raison que la Bonne Volonté Mondiale considère ce thème comme un sujet d'un grand intérêt. La conscience, croyons-nous, est un cadeau et un produit de l'âme humaine. Et ce que les hommes pensent, disent et font dans le monde est largement conditionné par la présence ou l'absence de la conscience et des valeurs de l'âme. L'influence de l'âme dans la vie d'une personne - considérée à la base en qualité de lumière, d'amour et de volonté - est fonction du degré auquel nous sommes sensibles à notre soi intérieur.

La conscience de l'humanité s'est profondément éveillée depuis la Seconde Guerre Mondiale, et ce largement "à cause" de la guerre. La guerre fut un tournant pour la famille humaine, plus que nous ne le réalisons. Si les forces alliées de lumière n'avaient pas été victorieuses, le monde aurait été plongé dans un autre âge de ténèbres. Mais elles triomphèrent pleinement. Et une large porte fut ouverte à l'arrivée d'un nouveau groupe d'âmes hautement créatives et éveillées. Elles inondent le monde de leur énergie, stimulant autant le bon que le mauvais de la condition humaine, mais dont l'effet est avant tout extrêmement positif. Jamais autant de lumière n'avait été déversée sur les innombrables problèmes des hommes. Et l'état et la promesse des personnes âgées est une de ceux qui reçoivent une attention toujours croissante. Nous espérons que ce Commentaire aidera à prendre plus pleinement conscience du potentiel créatif des plus vieux citoyens, et qu'il offrira une vision réactualisée des nouvelles possibilités spirituelles sur le sentier de l'âme.

Le Rôle des Nations-Unies

Obtenir un tableau complet du nombre de personnes âgées dans le monde et de leurs besoins personnels est une tâche formidable. Heureusement, les immenses ressources des Nations Unies ont permis de compiler les statistiques et les autres données nécessaires pour nous permettre de considérer l'immensité du problème. (Au passage, notons ici que l'ONU est elle-même un des premiers produits des forces de lumière et d'amour se déversant dans le monde de l'après-guerre. Elle est la preuve vivante que le cœur et l'âme universels de l'humanité sont enfin éveillés et forts.) Considérant toutes ces données accumulées, il devint évident qu'un plan international d'action serait nécessaire pour régler le problème de la population sans cesse vieillissante. Un tel plan fut adopté par l'Assemblée Mondiale sur le Vieillissement réunie à Vienne, en Autriche en 1982. Le but de ce plan international d'action était de "renforcer les capacités des Gouvernements et de la société civile de s'occuper efficacement du vieillissement des populations et d'adresser tout le potentiel et les aides nécessaires aux personnes âgées". Le plan incluait des recommandations pour agir vers la recherche, la collecte de données et d'analyses, la formation et l'éducation dans des domaines tels que la santé et la nutrition ; la protection des consommateurs les plus âgés ; le logement et l'environnement ; la famille; la sécurité sociale; la sécurité des revenus et de l'emploi; et l'éducation. Plus tard, ce Plan International d'Action fut adopté par l'Assemblée Générale des Nations unies et l'année 1999 fut désignée Année Internationale des Personnes Agées.1

L'Introduction du Plan d'Action fournit un tableau résumant l'étendue de la croissance de la population mondiale. Voici un extrait de ce que l'Introduction déclare:

"C'est seulement lors des quelques dernières décennies que l'attention des sociétés et de la communauté mondiale a été attirée vers les questions sociales, économiques, politiques et scientifiques posées par le phénomène du vieillissement à une large échelle. Avant, si les individus parvenaient à un âge avancé, leur nombre et leur proportion sur la population totale n'étaient pas élevés. Le vingtième siècle fut toutefois témoins dans plusieurs régions du monde du contrôle de la mortalité prénatale et infantile, du déclin des taux de naissance, de l'assainissement de la nourriture, de soins médicaux de base et du contrôle de nombreuses maladies infectieuses. Cette combinaison de facteurs a engendré une augmentation du nombre et de la proportion des personnes vivant jusqu’a des âges avancés.

"En 1950, selon les estimations des Nations Unies, il y avait environ 200 millions de personnes de 60 ans et plus sur la planète. En 1975, leur nombre s'était accru à 350 millions. Les Nations Unies prévoient une augmentation de leur nombre à 590 millions pour l'an 2000 et à plus de 1100 millions pour 2025 ; ce qui fait une augmentation de 224 pour cent depuis 1975. Durant cette même période, on s'attend à ce que la population mondiale dans sa globalité augmente de 4,1 millions à 8,2 millions, soit une augmentation de 102 pour cent. Ainsi, dans 45 ans, les personnes âgées constitueront 13,7 pour cent de la population mondiale. "

Et au sein de ces 13,7 pour cent, la catégorie des plus de 80 ans augmente même plus rapidement que n'importe quel autre groupe d'âge. Un rapport des Nations Unies estime qu'en 1998 "il y avait 66 millions de personnes âgées de plus de 80 ans, ce qui revient à une personne sur 100 sur terre, et on s'attend à ce que leur nombre augmente à 370 millions d'ici à 2050. Il y a même 135.000 personnes qui ont plus de 100 ans."

Le rapport du Plan International d'Action sur le Vieillissement contient de nombreuses recommandations sur les soins humanitaires des personnes âgées que les communautés et les gouvernements devraient considérer. Même longtemps après l'âge de la retraite, les personnes âgées sont encore une ressource essentielle et ont un rôle défini à jouer. Le rapport du Plan pour l'Action l'établit d'une manière très parlante:

"La race humaine est caractérisée par une longue enfance et par une longue vieillesse. Au cours de l'histoire, cela a permis aux plus vieux d'éduquer les plus jeunes et de leur transmettre les valeurs ; ce rôle a assuré la survie des hommes et leur progrès. La présence des plus vieux au sein du foyer familial, leur fréquentation et leur participation à toutes les formes de vie sociale permet à l'humanité d'apprendre une irremplaçable leçon. Non seulement par leur vie, mais aussi par leur mort, les personnes âgées nous apprennent à tous une leçon. A travers le chagrin, les survivants finissent par comprendre que les morts continuent réellement à participer à la communauté des hommes, par les résultats de leurs efforts, les travaux et les institutions qu'ils laissent derrière eux, et la mémoire de leurs mots et de leurs actes. Ceci devrait nous encourager à considérer notre propre mort avec une plus grande sérénité et de vivre en étant plus conscients de nos responsabilités envers les générations futures.

"Une vie longue fournit aux hommes l'opportunité d'examiner leurs vies rétrospectivement, de corriger certaines de leurs erreurs, de se rapprocher de la vérité et d'atteindre une compréhension nouvelle du sens et des valeurs de leurs actions. Ceci pourrait bien être la contribution la plus importante des personnes âgées envers l'humanité. Particulièrement en ce moment, après les changements sans précédent qui ont affecté les hommes dans leur vie, la réinterprétation des événements de la vie par les plus âgés devrait nous permettre à tous d'accomplir la réorientation nécessaire et urgente de l'histoire. "

* * * * * * * * * *

La conscience des hommes a maintenant la capacité intellectuelle et technique de s'attaquer aux problèmes des personnes âgées à l'échelle mondiale. L'expression de cette conscience mondiale peut être observée à travers le Plan d'Action sur le Vieillissement des Nations Unies établi à Vienne. Ce Plan marque une étape décisive dans la croissance et l'expansion de la conscience humaine. Au sein de nombreux pays, particulièrement dans les régions développées, des programmes spécifiques d'ordre social, financier et sanitaire ont été créés pour répondre aux besoins des citoyens. Ces programmes ont passé le stade de la reconnaissance consciente du fait que la société a la responsabilité de prendre soin de tous ses citoyens, de l'enfance au troisième âge. Aucun groupe d'âge ne peut être en toute bonne conscience considéré comme sans importance. Les citoyens responsables - qui ont la capacité consciente de répondre aux besoins - considèrent cela comme admis. Mais une telle conscience inclusive n'a pas toujours existé. L'histoire de la responsabilité des hommes envers les personnes âgées a été, jusque récemment, relativement sombre.

Perspective Historique

Dans les anciennes sociétés, particulièrement dans les régions rurales et agricoles, les personnes âgées n'étaient pas considérées comme une catégorie à part ; elles n'étaient que des adultes un peu plus âgés. Une fois que les enfants étaient assez âgés, on les mettait au travail, dans la maison ou dans les champs. Une fois qu'ils étaient devenus vieux et physiquement incapables de travailler, ils s'arrêtaient. Il n'y avait aucun critère pour la retraite. Les adultes âgés étaient habituellement respectés aussi longtemps qu'ils étaient utiles. Mais s'ils devenaient incapables de travailler par sénilité ou maladie, ils étaient vus comme un fardeau, particulièrement par les générations plus jeunes. Si la personne âgée avait quelque richesse ou quelques biens lui appartenant - en général l'homme le plus âgé dans la famille - elle pouvait passer ses dernières années dans un confort relatif dans sa ferme ou dans sa propriété. Mais si la personne âgée n'avait aucune famille qui veuille bien s'occuper d'elle, elle pouvait être jetée hors de la maison et, livrée à elle-même, forcée de mendier dans les rues.

Le destin des personnes âgées n'était pas meilleur dans les sociétés primitives. Si elles devenaient malades et inutiles dans la tribu, elles pouvaient être mises à mort ou encouragées au suicide. Mais dans ces mêmes sociétés primitives, l'utilité ne signifiait pas seulement la capacité physique. Dans les sociétés orales, de nombreuses personnes âgées étaient respectées en tant que source de connaissance et de sagesse ; elles étaient la mémoire de la tribu et représentaient la continuité entre les générations. Elles étaient également souvent appelées en tant que juges en cas de disputes.

Un tel respect pour les anciens de la tribu, du clan, ou du village se manifestait également dans les premiers temps du monde Hébraïque. Chaque ville ou clan avait son conseil des anciens qui étaient considérés comme les chefs et étaient tout puissants. Dans le Livre des Nombres, le Seigneur demande à Moïse :

"Assemble auprès de moi soixante-dix hommes parmi les anciens d'Israël, de ceux que tu connais comme anciens du peuple et ayant autorité sur lui ; amène-les dans la tente d'assignation, et qu'ils s'y présentent avec toi. Je descendrai et là je te parlerai; je prendrai de l'esprit qui est sur toi, et je le mettrai sur eux, afin qu'ils portent avec toi le fardeau du peuple, et que tu ne le portes pas à toi seul."2

Ici, un groupe d'anciens est investi de l'esprit divin, et ils possédaient un pouvoir religieux et judiciaire considérable ainsi que le respect.

Cependant, ce respect n'était pas universel. Alors que les villes et les sociétés devinrent plus développées et plus organisées, la question de savoir qui contrôlerait la richesse - les taxes - devint souvent un problème divisant les anciens et les jeunes hommes les plus ambitieux de la cité. Dans le Livre des Rois, écrit au septième siècle avant Jésus-Christ, se trouve le récit du conflit entre le Roi Rehoboam - fils de Salo-mon - et le conseil des anciens. Les anciens voulaient une baisse des taxes. Rehoboam n'était pas d'accord et consulta les jeunes hommes qui avaient été élevés avec lui; ils lui conseillèrent d'augmenter les taxes et le Roi suivit leur conseil.3 Depuis ce temps, alors que les jeunes monarchies devenaient plus puissantes, le respect pour la sagesse des anciens commença à décliner.

La Vieillesse dans le Monde Greco-Romain

Alors que la civilisation juive contemporaine de l'Ancien Testament accordait des privilèges aux anciens, une telle attitude n'existait pas dans les premiers jours de la Grèce Antique. Comme le fit observer l'historien George Minois, "Pour un peuple qui recherche la perfection humaine, la beauté et l'accomplissement du plein potentiel humain, la vieillesse pourrait être classée parmi les malédictions divines." Les consciences dans la société de la Grèce Antique étaient résolument tournées vers l' exploration de la Vérité et de la Beauté telles qu'exprimées par la vigueur de la jeunesse. Les infirmités, la sénilité, la décrépitude qui affectent souvent les corps des anciens étaient des abominations par rapport à la recherche de la beauté. La beauté était exprimée à travers les plans gracieux des temples. Les sculpteurs travaillaient à découvrir les dimensions parfaites de la forme humaine - la forme d'un jeune adulte. Comme pour Alexandre le Grand, leurs héros étaient jeunes et loués pour leur force physique. Mais ils étaient honorés plus pour leurs expériences passées et leur connaissance que pour leur âge.

D'un autre côté, les honorables philosophes grecs ont beaucoup écrit à propos de la vieillesse et ont réfléchi à ses valeurs. Epicure, qui est mort à 72 ans, écrit: "Ne laissez personne prendre son temps dans la recherche de la sagesse quand il est jeune ni être las de la quête alors qu'il vieillit. Il n'est pas d'âge où il est trop tôt ou trop tard pour la santé de l'âme. Et dire que le moment propice à l'étude de la philosophie n'est pas encore venu, ou qu'il est passé, équivaut à dire que le moment d'être joyeux n'est pas pour tout de suite ou qu'il est révolu. De plus, autant les jeunes que les anciens ont besoin de rechercher la sagesse."5

Platon (dans L a République) écrit un conversation entre Socrate et Céphalus, un riche négociant du Pirée. Socrate dit, "j'aime parler aux anciens, pour ce qu'ils ont vécu avant nous et que nous aurons aussi probablement à vivre, et il me semble que nous devrions apprendre d'eux ce qui sur le sentier est âpre et difficile ou bon et aisé."

Platon, qui vécut 81 ans, écrivit également sur le vieil homme idéal. Dans son Utopia il rêva d'une république idéale gouvernée par un groupe d'anciens : "... c'est aux anciens de gouverner et aux jeunes d'obéir ... Les vieux doivent montrer l'exemple aux jeunes: si quelqu'un maltraite ses parents, il sera jugé par un tribunal composé de 101 vieux citoyens ; les tribunaux doivent être supervisés par des personnes ... ayant entre 50 et 70 ans; dans tous les cas difficiles, les plus vieux gardiens de la loi seront consultés. "6

Si Platon envisageait la société idéale gouvernée par la sagesse des vieux hommes, Aristote, au contraire, avait une pensée opposée. Dans Rhétorique, il présente une image très répulsive de la vieillesse. "Les vieux ont beaucoup vécu, ont été souvent déçus, ont fait beaucoup d'erreurs; ils s'aperçoivent que la plupart du temps, les affaires des hommes tournent mal. Ils ne sont donc positifs pour rien du tout... Ils sont lâches, timides pour tout - en tempérament, ils sont l'opposé de la jeunesse ; car ils deviennent froids, tout comme la jeunesse est chaleureuse, le vieillissement ayant pavé la voie à la couardise, la peur elle-même étant une sorte de froideur."7

Les attitudes envers les anciens ont beaucoup varié dans la Grèce Antique. Ce que Platon écrivait sur le rôle idéal des plus vieux citoyens, la ville cité de Sparte le mit effectivement en pratique. Elle établit un conseil gouvernemental de 30 hommes âgés de plus de plus de 60 ans. Ils étaient choisis pour la vie; ils gouvernaient toute politique et agissaient comme juges dans les affaires criminelles. Les Athéniens, d'un autre côté, ne tenaient pas les anciens dans une telle estime, ne leur accordant que des pouvoirs honorifiques. La vigueur de la jeunesse avait une image plus forte dans les consciences du moment. En fait, ces attitudes se reflétaient dans les écrits philosophiques, dans les pièces grecques, les études médicales et la politique. Les besoins des personnes âgées n'étaient pas considérés sérieusement car leur nombre était faible; ils ne constituaient pas pour la plupart un problème social.

Il semble que la vieillesse n'était pas une période de vie que beaucoup de citoyens grecs attendaient avec plaisir, particulièrement lorsque cela signifiait souffrir les douleurs de la sénilité et de la maladie. Ainsi, plutôt que de subir cette condition humiliante, beaucoup choisissaient de se suicider pour. en sortir rapidement. C'était une solution acceptable et, comme nous le savons, ce fût l'option choisie par Socrate.

Ces attitudes prévalurent durant la période de l'Empire Romain et se détériorèrent même après la prise du pouvoir par les envahisseurs Visigoths venant du Nord. Effectivement, depuis cette période, durant les Ages Sombres de l'Europe, les considérations envers la vieillesse et la faiblesse étaient au plus bas. La loi se faisait par l'épée; la punition pour un meurtre était une simple amende dont le montant dépendait de l'âge de la victime ; pour un vieil homme, l'amende était moins élevée que pour un jeune homme, et pour les femmes ayant dépassé l'âge d' enfanter, l'amende était presque nulle.

La seule grâce de cette sombre période fut l'influence de l'Eglise Chrétienne sur les consciences. Les enseignements chrétiens mettaient l'accent sur la compassion et l'amour pour tout être humain, quelque soit son âge. A partir du troisième siècle après Jésus-Christ, les monastères et les hospices de l'Eglise commencèrent à accueillir les moins fortunés. Ceci marqua un réel tournant dans les consciences humaines, qui se renforça alors que les valeurs chrétiennes accédaient à un rôle plus dominant dans la pensée de l'Europe. Alors que les actions humanitaires de l'Église étaient paternelles et nobles et sauvaient de très nombreuses personnes d'une mort agonisante dans les rues, un ouragan plutôt sombre commença â se développer au niveau de la considération de l'Eglise à l'égard des plus vieux. La maladie et la décrépitude qui affectaient communément les personnes âgées étaient maintenant considérées comme une sorte de châtiment divin, une malédiction infligée à un homme â cause de ses péchés. Et un tel châtiment ne présageait rien de bon pour qui espérait trouver la paix après la mort. Le salut, pour cette vie et pour après, devint sujet à réel intérêt. Ainsi, comme les enseignements de l'Eglise répandaient la peur de la damnation sur la société, cela ouvrait également la voie à l'absolution. Commença alors la pratique des indulgences. Et les riches, particulièrement les vieux hommes riches, profitèrent pleinement des avantages de cette assurance de survie.

Ayant atteint un âge avancé, la classe des riches choisissait auparavant toujours de se retirer dans ses fermes ou ses villas quand ils n'étaient plus capables de travailler. Mais à partir du sixième siècle après Jésus-Christ, les riches, s'ils se sentaient concernés par leur salut pour leur vie dans l'autre monde, choisissaient de se retirer dans un monastère où ils pourraient finir leurs dernières années en préparant leur vie éternelle. Bien entendu, l'Eglise recevait des bénéfices financiers pour ce service, et il n'était donc pas opportun de l'ouvrir aux pauvres. La pauvreté était considérée par l'Eglise comme la preuve du péché et de la disgrâce ; les pauvres devinrent l'objet de l'aumône charitable, assurant bien sûr le salut à celui qui donnait. Mais même si cette pratique ne profitait qu'à une petite minorité de riches, elle introduit une nouvelle idée concernant la vieillesse : la retraite volontaire dans une institution séparée coupée de la vie quotidienne en famille et de la société. Cela créait un changement dans le déroulement normal de la vie quand l'activité de travail cessait. Finalement, ce furent les précurseurs des maisons de retraite, construites sur le thème du salut, rien de moins !

A partir du quatorzième siècle, l'idée de la retraite, dans une maison séparée commença à devenir populaire. "En 1351, en France, le Roi Jean le Bon - qui avait créé l'Ordre de l'Etoile - fonda une maison de retraite pour les vieux chevaliers où ils devaient être traités avec respect et servis par deux valets chacun. Ce fut le premier Hôtel des Invalides pour les anciens combattants. "8

Depuis ce temps, l'idée de la retraite commença à se répandre parmi la classe moyenne. Les commerçants, les artisans et certains groupes de travailleurs donnèrent une partie de leurs gains pour entretenir les maisons et les hôpitaux afin de s'assurer une place lorsqu'ils seraient vieux. Le fait que de telles institutions étaient ouvertes à tous est la preuve de l'ouverture de la conscience sociale. Cela se déroula au début de la Renaissance en Europe et de nouvelles énergies créatives s'exprimaient dans l'art, la musique, l'architecture et la littérature. Beaucoup de grands artistes, comme Léonard de Vinci, le Titien et Michel-Ange, réalisèrent leurs travaux les plus créatifs dans les dernières années de leur vie. Un nouveau respect pour les capacités créatives des personnes âgées apparut alors. Mais ironiquement, les vieux qui étaient malades et décrépits étaient encore couramment représentés négativement en art et en littérature. C'était le moment de la renaissance grecque en Europe qui apporta un retour à une nouvelle recherche de la vérité et de la beauté et le culte de la jeunesse par la forme et la pensée.

Il semble qu'il y a toujours eu la quête de la jeunesse éternelle. Ce fut un thème récurrent, à un moment ou à un autre, au cours des siècles. C'est comme si l'âme immortelle qui est en nous nous poussait continuellement à créer une forme plus parfaite - ce qui est complètement impossible à cause des ravages de la vieillesse. Les études des processus du vieillissement nous ramènent à la Grèce Antique avec Hippocrate (460 - 377 avant J-C), qui est considéré comme étant le père de la médecine moderne. Sa théorie était que le processus du vieillissement consistait en la perte de chaleur et d'humidité; le corps devient vieux et sec. La source de cette chaleur réside dans le côté gauche du cœur et de là se répand à travers le corps. Aristote (384 - 322 avant J-C) développa plus avant cette théorie. "Tout ce qui vit" écrit-il "a une âme, située dans le cœur, et qui ne peut survivre sans chaleur. L'âme et la chaleur naturelle sont solidement liée à la naissance, et la vie consiste à maintenir cette chaleur et cette relation avec l'âme. C'est comme un feu qui doit être entretenu et alimenté avec du fioul, mais qui est destiné à sortir aprèli une longue période d'affaiblissement. Tout organisme a une certaine quantité de chaleur intérieure latente à la naissance, qui se dissipe progressivement et finit par disparaître, aboutissant à la mort naturelle. "9

Pendant les Sombres Ages, il semble qu'il n'y avait que peu de curiosité portant sur les processus de vieillissement. Comme il a déjà été dit, cette période était influencée par l'Eglise Chrétienne qui tendait à voir la vieillesse et les corps malades comme étant des châtiments. Mais les études du vieillissement réapparurent durant le Moyen Age avec Roger Bacon (1210 - 1292). Il aborda le vieillissement plus scientifiquement. On trouve parmi ses écrits La Cure de la vieillesse et la Préservation de la Jeunesse et Sur le retardement de la Vieillesse. Il fut sans doute le premier à encourager l'amélioration du style de vie afin d'allonger graduellement la longévité et de limiter la souffrance subie lors de la vieillesse. Trois cents ans après, au seizième siècle; Paracelse, un docteur suisse, propose l'idée que la vie est un "esprit" issu de l'air et doté de "pouvoir et de vertu". n compare le vieillissement à la rouille du métal, conduisant à la décomposition. Lui aussi considérait que le vieillissement dépendait de la qualité de la vie ; que ce processus pouvait être ralenti par un régime équilibré et un climat sain.

Les comportements vis à vis de la valeur des personnes âgées n'ont pas beaucoup changés durant les 17ème, 18ème et 19ème siècles. L'espérance de vie moyenne était encore relativement basse. Au milieu des années 1700, en Amérique, elle était de seulement 35 ans ; un siècle plus tard, elle s'élevait à 40 ans. Les personnes âgées étaient encore une petite minorité de la population totale et étaient en général entretenues par leur famille. Comme nous le dit Ken Dychtwald, "les premiers américains ne pensaient pas beaucoup à leur vieillesse. Les personnes d'âge moyen ne se préoccupaient pas trop de la manière de prendre soin de leurs parents plus âgés, parce que le plupart de leurs parents étaient partis" (i. e. étaient déjà mort de vieillesse). 10 Ce fut seulement après 1900 que le nombre de personnes âgées dans la population devint significatif. Il y eut une augmentation très importante de la longévité durant le vingtième siècle. Avec les avancées en médecine, l'amélioration de la médecine préventive et par dessus tout, une meilleure connaissance de la valeur de la nutrition et de l'exercice, l'espérance de vie moyenne augmenta rapidement. En 1900 elle était de 47 ans. Aujourd'hui, dans les régions développées du monde, elle est de 70,6 ans pour les hommes et de 78,4 pour les femmes.

LE CADEAU DE LA SAGESSE

Nous avons eu un bref aperçu de ce que représentent les personnes âgées dans la population mondiale et du fait que leur nombre augmente bien plus rapidement que celui des jeunes. C'est un phénomène sans précédent dans l'histoire de l'humanité. A cause du nombre croissant de personnes âgées dans presque tous les pays de la planète, les dirigeants, tant locaux que nationaux, réalisent que des programmes et des plans d'action doivent absolument être établis afin de traiter les besoins des citoyens les plus anciens. Ils reconnaissent la responsabilité qu'ils ont de prendre soin d'eux afin que l'on prenne soin d'eux aussi par la suite. Cette reconnaissance de la responsabilité marque un point réellement significatif dans le développement des consciences des hommes. La responsabilité (littéralement l'habilité à répondre) est le reflet de l'âme et est la manifestation de l'amour en action dans le monde. Comme nous l'avons vu dans la dernière partie, une telle responsabilité et un tel respect pour les personnes âgées n'a pas toujours occupé la pensée des individus par le passé. Nous, aujourd'hui, devrions être encouragés par le fait que, pour une grande part, notre conscience n'est plus conditionnée par la mentalité dégradée des Ages Sombres.

Nous reconnaissons maintenant que, mis à part les corps vieillissants, les personnes âgées ont encore beaucoup à donner bien après qu'ils ont atteint "l'âge de la retraite". En fait, à cause de leur nombre grandissant, la retraite n'est même plus une option qu'ils veulent envisager. ils pourraient arrêter leur période de "travail payé", mais continuer à travailler comme bénévoles ou conseillers. il a même été suggéré (par un contributeur de ce Commentaire) que nous adoptions une nouvelle terminologie pour ses années justement appelée années de retraite. Des termes tels que "retraité" pourraient être remplacés par "travailleur bénévole", ou alors "retiré du monde du travail rémunéré". Cela laisse le terme "travail" libre pour des travaux tels que l'enseignement ou d'autres en lien avec ce qui touche au cœur ou à l'esprit. Peut-être que nous pourrions considérer cette période où nous arrêtons le travail rémunéré comme celui où l'on prépare la voie à la connaissance de soi, souvent gênée dans les premières années par les exigences de la vie. La fin du travail rémunéré pourrait même être considéré comme un moyen d'accéder à la lumière.12 Qu'elles soient payées ou non, de nombreuses personnes âgées se considèrent toujours comme étant des individus vigoureux ; arrêter complètement le travail est ennuyeux. Leur conscience intérieure réclame plus de croissance. Pour eux, un mental qui cesse de travailler à 65 ou 70 ans est une invitation à une mort prématurée.

Cela souligne un autre fait important du processus de vieillissement. Il est inévitable que le corps physique se détériore durant les cycles naturels de naissance, maturité, lente déchéance et mort. On peut essayer de "renverser" ou de ralentir le processus de vieillissement, mais au bout du compte, et nous le savons, c'est une bataille perdue d'avance. Notre corps physique n'est pas fait pour durer éternellement; nous ne le voudrions d'ailleurs pas. Beaucoup considèrent maintenant le corps physique Comme un "véhicule" que nous utilisons pour un moment. Nous devrions donc essayer de le garder aussi sain que possible mais pas le traiter comme étant la seule source de préoccupation ; parce que au sein de ce véhicule se trouve un point de conscience, une identité, qui ne semble pas être affectée par le processus de vieillissement. En fait, c'est plutôt l'éternité qui caractérise la nature de cette conscience. Elle est connue comme étant la preuve du soi éternel, qui donne le sentiment que certaines personnes âgées semblent plus jeunes que leur âg~ actuel. "J'ai sans doute 65 ans mais j'ai le sentiment d'en avoir 45" est une sensation commune. Certains pourraient dire qu'ils se trouvent simplement à un stage de déni; refusant d'admettre qu'ils vieillissent, mais bien au contraire, du fait d'un éveil général des consciences humaines, ils développent une sensibilité à ce point éternel de l'être intérieur avec lequel ils s'identifient progressivement. La reconnaissance d'un soi double - l'un éternel et l'autre vieillissant - motive peut-être (même inconsciemment) certaines personnes âgées à voir au-delà de leur âge physique. Leur identité commence à chercher ce potentiel qui repose en eux. Ils cherchent à atteindre cette part intérieure et subjective de leur être qui n'est pas affectée par le processus de vieiIIissement. Ils découvrent qu'ils peuvent continuer à croître en connaissance et en sagesse même si le fonctionnement de leur corps physique ralentit.

C'est un processus de croissance que l'auteur Zalman Schacter-Shalomi appelle "sage-ing".13 "Les gens ne deviennent pas automatiquement sages", dit-il, "simplement en atteignant un âge avancé. lis deviennent avisés d'entreprendre le travail intérieur qui conduit par étapes à une conscience plus globale." C'est un sentier qu'il décrit comme un "vieillissement spirituel" - "une recherche intérieure de Dieu, une fleuraison de l'esprit qui unit toutes les personnes en une quête commune, quelle que
soit leur affiliation (religieuse). "14
'
Sage-ing est le sentier de découverte que de plus en plus de personnes âgées explorent. Pour l'illustrer, sont inclus ici quelques extraits de Commentaires écrits d'un petit groupe de personnes âgées qui ont passé une partie de leur vie à rechercher et à développer leur potentiel spirituel intérieur. La période de sageing ne commence pas nécessairement aux années de retraite; effectivement, pour certains cela a été une quête de toute la vie. Mais leurs dernières années ont été le moment de l'affirmation de la valeur de l'étude profonde de la spiritualité et de la méditation sur ce qui est appelé la "sagesse sans - âge". La véritable sagesse n'a pas d'âge, et ceux qui la recherchent expriment la joie de sa vie éternelle.

LA SAGESSE VIVANTE

Tu dois apprendre tant que tu ne sais pas -
donc tant que tu es en vie.
- ¬Sénèque

De M.B. 89 ans

Il arrive un moment dans la vie de beaucoup d'entre nous (peut-être même la plupart d'entre nous) où "le train-train quotidien" ne fournit plus ce qui nous permet de répondre à nos questions.

Quand ce moment est venu pour moi j'avais environ quarante ans, cet âge qui est supposé être un événement si dramatique dans la vie d'une femme. A cet âge, j'eus assez de chance pour être presque immédiatement mise en contact avec ce que j'ai appris à reconnaître et comprendre comme étant les enseignements de la sagesse sans âge.

Mes propres études et recherches et mes moments de méditation ont révolutionné ma manière de vivre, mon état de conscience et mes activités quotidiennes. Il m'a été permis d'avoir une compréhension sans cesse .croissante de ce qui constitue ma responsabilité humaine d'aimer et de servir les desseins de notre Dieu planétaire pour Sa création.

Je me rappelle bien le jour où j'ai expérimenté pour la première fois la réalité de l'unité du monde. Ce n'était pas autant l'unité de "l'humanité Une" mais l'unité de toute vie dans tous les règnes. Cette expérience apporta avec elle un indescriptible sentiment de joie ainsi que de la justesse et de la perfection du "Plan de Dieu pour l'humanité", qui ne m'a jamais quitté. Cela m'a rendue plus consciente de la responsabilité que le règne humain se doit d'accepter, non seulement pour le processus d'évolution de l'humanité mais pour tous les règnes de la nature que nous appelons "inferieurs" : les règnes animal, végétal et minéral. Il n'existe en réalité aucune matière "inanimée". Tout ce qui est en manifestation est en évolution et le royaume humain est en position clé de service envers tout parce que, pour la première fois de l'histoire, nous avons évolué à un état de conscience planétaire tel qu'il peut aimer et servir de manière désintéressée, qu'il peut contacter la Lumière, l'Amour et la Puissance qui représentent le Mental, le Cœur et la Volonté de Dieu, et qu'il peut amener ces énergies en manifestation.

Toutes ces choses ont révolutionné ma manière de vivre, ma relation aux autres et mon état de conscience. Les sacrifices personnels inévitables dans les premiers temps sont depuis longtemps passés sous le seuil de la conscience, pour être remplacés par une sérénité et une paix du mental et du cœur qu'aucun désastre terrestre ne pourrait perturber. Je sais que les crises mondiales actuelles et les cataclysmes sont le prélude inévitable à l'émergence d'un état du mental et du cœur nouveaux et plus înc1usifs pour le monde de demain ...

De R. H. 91 ans

J'ai été depuis mes plus tendres années porté à la spiritualité et à la recherche d'une vérité que je pourrais accepter.

De mémoire, je suis les fils que j'ai tissés alors que je marchais sur le sentier de cette incarnation. Je réfléchis à ce que j'ai peut-être accompli et réalise que cela a été plus un processus d'apprentissage qu'un accomplissement.

Pour m'aider à devenir ce que je souhaitais être, je commençais chaque jour par une méditation et me dédiait à nouveau au service de Celui Qui Vient. J'utilise mon corps physique intelligemment et selon sa force - quant à:mes émotions ou mes sentiments, je me demande comment les considérer que comme des sentiments et à ne plus m'identifier à eux. Quelquefois, ceci est difficile à réaliser mais les récompenses en valent la peine. Le mental, le plus grand bien qu'il nous est donné de développer ... est une puissance latente qui peut être utilisée d'une manière destructive ou réorientée et utilisée constructivement. Par la pensée juste nous pouvons contrôler nos émotions - penser avant de parler. Nous devrions choisir avec précaution les mots qui sortent de notre bouche, nous en sommes responsables. Cela requiert un grand effort et de la persévérance et, selon moi, l'usage correct du mental est la Volonté de Dieu en action. Ce sont les buts que je me suis fixés. Le troisième âge est un bon moment pour apprendre l'auto-discipline.

De J. B. 80 ans

Il y a des années, mes premières tentatives de méditation prenaient la forme d'exercices de concentration. Je m'attachais à. me concentrer sur un thème ou un concept pendant un court moment sans que le mental n'erre dans toutes les directions ... La question que je gardais à l'esprit était: comment le mental reconnaît-il qu'il est en train d'errer? Peut-il s'observer lui-même? Peut-il se contrôler lui-même? Cela ne pouvait certainement se faire que d'un niveau élevé. Il m'apparut lentement qu'il pourrait bien y avoir quelque chose d'autre qui était l'Observateur et le Contrôleur latents, quelque chose qui était au-dessus des natures physique, émotionnelle et mentale. L'analogie bien connue se répandit dans mon mental - celle du conducteur de char dirigeant (ou étant dirigé par ?) trois chevaux spirituels, symbolisant l'âme omniprésente et les trois aspects de la nature inférieure. Le degré de contrôle sur ces trois chevaux (le triple soi inférieur) était entièrement dépendant de l'entraînement, de l'expérience et de l'habileté du conducteur de char (l'âme).

De P. B. 72 ans

La régénération de chacun (régénération : rendre à nouveau rationnel) est dans l'AGIR, non dans le simple fait de s'asseoir en attendant Dieu, ou en attendant que les gens vous courent après.

Une des premières choses à faire lors de la retraite a été la synthèse. En vérité, la synthèse existe déjà, il apparaît donc rapidement qu'elle est rapide à réaliser. De toute manière, la nécessité de la synthèse est clairement ressentie. Je ressens à présent un calme dominant, un sentiment d'intégralité, un sens du but spirituel, et la compréhension et la connaissance des techniques nécessaires pour préserver l'équilibre au point de Lumière quand les forces conflictuelles cherchent l'expression. Cette connaissance et cette conscience étaient en réalité présentes depuis un certain temps ; mais rendre cela manifeste, s'y tenir et faire ce que l'intuition spirituelle exige - tout ceci est un travail qui prend toute une vie.

Ce qui nous est demandé est : que nous cherchions à rayonner la Lumière, par la reconnaissance de ce que nous sommes et de qui nous sommes ; et de même que nous cherchions à être des canaux d'Amour et de créativité intelligente ... Il n'est pas utile de spéculer sur ce que le mot Dieu signifie lorsque la lumière brille déjà. Il n'est pas non plus nécessaire de s'inquiéter à propos de la continuité de la conscience lors de la mort quand on est, du point de vue spirituel, déjà "mort", et quand il y a une véritable foi en la Lumière et en la pratique régulière de la méditation sur le Sentier y menant. Nous devons simplement être totalement ouverts à!la Lumière sans être attachés ... Rappelons-nous ces propositions: l'égoïsme est la rllort. Le désintéressement est l'immortalité.

Mais alors que la mort physique met [m au corps physique et à tout sentiment d'identification à lui, se centrer dans l'être spirituel signifie rejeter tout ce que l'on pense être. Dans la méditation Bouddhiste, on reconnaît maintenant que l'on n'est pas le corps, pas les émotions, pas les pensées et que l'on n'est même pas le "Je" - on renonce même à cela. C'est la conscience désintéressée qui est la base du véritable service dans le monde. .

De J. B. 80 ans

Le début de la vieillesse peut être accueilli avec confiance, même avec joie, s'il est reconnu comme une opportunité venant de l'âme de préparer la prochaine incarnation. Alors que les feux des émotions meurent et que les événements et obligations de la vie active cessent, une chance est offerte à la personnalité de regarder derrière elle avec détachement et impartialité afin d'évaluer l'utilité de l'expression de la vie présente.

Quand j'avais environ six ans, j'ai eu une expérience qui détermina mon attitude envers la mort. Un matin ... alors que j'étais sur mon lit et que je fixais d'un air distrait les rideaux à travers lesquels la lumière du jour esquissait les figures stylisées des roses, la pensée qu'il n'y avait pas de mort s'installa dans mon esprit. Le fait s'imposait à moi que la mort n'était pas une fin alors que tout le monde gaspillait son énergie à en avoir peur. Je décidai donc alors que je n'allais pas gaspiller mon énergie d'une telle manière. Je pourrais dire qu'à partir de ce moment il n'y eut plus de trace de mort ou de désastre dans notre famille ou notre environnement. Dans les années qui suivirent, cette approche de la mort évolua progressivement vers une croyance et une acceptation de la réincarnation. Quand je fus frappé par les circonstances adverses, je ne demandais jamais "Pourquoi moi ?" - je savais pourquoi!

De R. D. 76 ans

Le contact de l'âme ... était présent même dans l'enfance, lorsqu'une courte vision de ce que ma vie serait m'était donnée. Même alors, je savais que je voyagerais beaucoup, comme je l'ai, en effet, fait.

L'étude spirituelle, la méditation et le service ... apportèrent la discipline et plus tard l'entraînement tellement nécessaire. La nécessité de s'organiser, de descendre de sa tour d'ivoire ... le besoin de sortir de son cocon et de rencontrer les gens, de les voir Comme ils sont vraiment, furent quelques-unes des leçons apprises.

Dans les dernières années, une mauvaise santé a compliqué ma vie quotidienne, mais on apprend à persévérer quelles que soient les conditions. Il n'y a tout simplement rien d'autre à faire.

De J. G. 88 ans

En regardant en arrière dans ma vie; je réalise combien a été gagné à travers les nombreuses opportunités offertes dès le plus jeune âge et acceptées comme des défis à rencontrer et à comprendre. En tant que Celte, j'eus la chance de naître avec un esprit curieux et l'absence de peur.

J'ai toujours été entouré d'amour, mais cette approche de l'amour m'apprit instinctivement qu'il devait être impersonnel, une impersonnalité qui est libératrice, accomplissant la recherche de relations à tous les niveaux.

J'attends avec plaisir la prochaine période de notre retour à la source, du plus grand usage du nouveau groupe des serviteurs du monde et de la prise de conscience du pouvoir de la bonne volonté. La vie est pleine d'occasions et je suis profondément reconnaissant d'avoir l'opportunité de continuer à servir au sein du groupe tout entier.

De S. G. 80 ans

Il devrait apparaître que l'adhésion à une structure disciplinée de chaque jour et chaque semaine ainsi qu'un but et un sens des responsabilités sont une bonne recette pour une action productive.

Je suis comblée sur plusieurs points: tout d'abord par mon mari si attentionné et si compréhensif, qui a 90 ans maintenant et qui fait toujours chaque semaine un travail bénévole dans la commune, ainsi qu'un corps et un mental coopératifs -les deux derniers étant entretenus par du yoga et une méditation quotidiens. Cela me permet "d'accomplir ma part dans le Travail unique" en étant du mieux que je peux un lien fiable, un agent de transmission au sein de cette vaste sphère interconnectée que nous appelons la Vie.

Que je puisse avoir le privilège de continuer de vivre ainsi et de travailler jusqu'au jour où la transition dans un autre royaume d'activité arrivera est mon souhait et ma prière les plus profonds.

De R. C. 88 ans

Bien que chacun de nous dans sa catégorie (d'âge) a évolué à partir de circonstances différentes de celles des autres, nous allons tous dans la même direction. Dès les premiers stades (de l'étude spirituelle) il me devint évident que la réincarnation était un fait et non une théorie.

Aujourd'hui, je trouve que les impressions que j'ai acquises au cours de la vie ont été cristallisées en un mode organisé d'existence. A travers une méditation constante, ma pensée est plus claire et je trouve la solution aux problèmes plus rapidement. Mon attitude envers les gens est plus aimante et compréhensive, et leur attitude envers moi y ressemble en conséquence. J'ai également trouvé que je suis mieux capable de m'occuper de ma femme qui est à un niveau avancé de la maladie d'Alzheimer et en même temps d'entretenir les relations précieuses avec nos voisins. Je trouve de plus en plus de joie dans toutes mes associations. Je suis optimiste quant au futur et souffre rarement de dépression. Je crois que toutes ces tendances étaient latentes en moi et qu'elles ont maintenant considérablement accru.

Une autre théorie qui a émergé de mes études est celle de la nécessité d'une croissance complètement indépendante. Les symboles et les lectures peuvent montrer la direction, mais c'est tout.

De L. H. 89 ans

Il devint vite clair que cette période de ma vie serait intérieure. Ces années (pendant la Grande Dépression) nous apprirent la patience et la persévérance ; nos parents étaient encourageants et malgré un plan rigide, l'âme s'embarquait pour l'aventure du grand mystère ...

Avec la retraite ... vint un cadeau inestimable - le loisir. Quelle joie ce fut d'avoir le temps de lire tant que l'on veut, de réfléchir, d'étudier les nouvelles du monde en profondeur, d'étendre mes horizons, de rester en contact avec une famille excessivement dispersée ... Dans ces dernières années, j'ai gagné un sens de la communauté, du dessein, du but commun avec tous les étudiants de la sagesse sans âge de partout. Cela a été une période extraordinaire, pleine de délices, d'amour, d'humour et d'espoir.

De M. A. 84 ans

Je pense que j'ai toujours senti que d'une façon ou d'une autre je devais être capable de penser mes propres pensées, mais cela ne m'a jamais été permis, bien que d'une certaine façon et d'une manière tout à fait inexprimable «quelque chose d'autre» (que j'ai reconnu plus tard comme étant l'âme) me poussait en avant.

Cela fait maintenant plus de 15 ans que je suis devenue veuve, et je suis à présent à un moment merveilleux de totale liberté de penser et d'agir comme je le veux, au sein des circonstances extérieures simples mais adéquates dans lesquelles je peux vivre. Et je vois tout le passé (les premières expériences de la vie) comme des périodes pendant lesquelles l'âme est maintenue prisonnière du mécanisme de l'individu et travaille au sein de ses processus, de sorte qu'en se libérant d'eux, ils puissent servir à la transmission de la lumière. C'est en tant qu'interprète spirituel que je vois ma ligne particulière de service... Wordsworth écrivit quelque part "Maintenant je suis libre et affranchi. Puissé-je établir ma maison où je veux." Il semble qu'à cela correspond une profonde reconnaissance de "l'espace".

Ainsi, en partie grâce au passé, et en partie grâce au 'fait évident de l'actuel processus de vieillissement, l'évolution de la vie subjective au sein de la forme devient un fait totalement assumé, non seulement en conscience, mais également en compréhension.

keep in touch

World Goodwill in Social Media