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DEUXIEME SECTION L’ASPIRANT ET LES INITIATIONS MAJEURES - Partie 6

L'aspect de la réalité que les hommes voyaient, et pour lequel ils vivaient et mouraient, était le monde matériel, le confort matériel, les possessions matérielles et les entreprises matérielles. Aujourd'hui, le parti travailliste et les tendances déjà apparentes au sein des Nations Unies apportent à cela un témoignage indiscutable. Pour un groupe beaucoup moins important d'êtres humains, le monde de l'intelligence semble prééminent, et le mental concret est le gouverneur désiré, ou facteur de direction. Tout reste donc dans le domaine de la domination matérielle.

En conséquence, le plexus solaire est le facteur dominant, car – même dans le cas de l'intelligentsia – c'est le désir de bien-être matériel, de possessions territoriales et d'un plan gouvernemental en vue de décisions matérielles économiques, qui gouverne et motive l'individu, le groupe ou la nation. Cela n'est pas nécessairement mauvais, mais (sous l'influence de l'actuel concept désir- émotion) ces tendances sont placées en première position et considérées comme de nature causale ; [677] elles sont cependant de nature fondamentalement secondaire ; insistons sur le mot "effet". L'humanité, même dans ses couches avancées, n'est pas encore capable de penser sur les niveaux causals.

Quel est le but fondamental de l'initié qui a pris la deuxième initiation ? Je vous demande de faire passer votre conscience du concept envisageant le processus d'initiation comme la consommation de l'effort au concept supérieur et plus juste d'effets initiatiques, et marquant un commencement et non une consommation. Que voyons-nous donc devant l'initié qui est entré dans l'eau purificatrice, ou plutôt dans le feu ? À quoi s'est-il engagé ? Que va-t-il arriver dans cette "zone de vie" (je souhaite que vous vous familiarisiez avec cette expression) et quels résultats vont- ils produire dans le mécanisme avec lequel il aborde le lieu de l'initiation ? Voilà les facteurs importants et les aspects du processus de vie qui devraient le conditionner. À la fin du processus initiatique il devrait reconnaître que certaines énergies et certains aspects divins jouent un rôle dans sa pensée et dans ses desseins, énergies qui jusque là (même si elles existaient) étaient latentes et non dominantes.

Devant lui, se trouve la troisième Initiation, la Transfiguration. Il est face à une grande transition allant d'un pôle d'aspiration émotionnelle à un pôle de pensée. Il a, du moins théoriquement, rejeté la domination du corps astral et de la nature astrale ; mais il reste beaucoup à faire. D'anciens désirs, d'anciennes réactions astrales et habitudes d'émotion sont encore puissants, mais il a acquis vis-à-vis d'eux une attitude nouvelle, ainsi qu'une perspective nouvelle concernant le corps astral. L'eau, le feu, la vapeur, le mirage, l'erreur, l'interprétation fausse et la continuité émotionnelle signifient encore pour lui quelque chose de spécifique et d'indésirable. Il est maintenant négatif à leur attraction et positif à la focalisation supérieure qui le sollicite. Ce que, maintenant, il aime et désire ardemment, ce pour quoi il fait des plans, se situe dans une dimension autre et plus élevée. Par sa résolution de passer par la deuxième initiation, il a porté le premier coup [678] à son égoïsme inné et a prouvé sa détermination de penser en termes plus vastes et plus inclusifs. Le groupe commence à être plus important pour lui que lui-même.

Qu'est-il arrivé, du point de vue technique ? Les énergies du plexus solaire sont en cours de transfert entre l'échangeur principal situé au-dessous du diaphragme et le centre du cœur, l'un des trois centres majeurs dans lesquels toutes les énergies inférieures doivent être transférées. À la première initiation, il fut accordé à l'initié la vision d'une créativité plus élevée, et l'énergie du centre sacré commença sa lente ascension vers le centre de la gorge. À la deuxième initiation, il lui est accordé la vision d'une polarisation supérieure, et sa place dans le plus grand tout commença à se révéler lentement. Une créativité et une polarisation nouvelles deviennent ses buts immédiats, et pour lui la vie ne pourra plus jamais être la même. Les anciennes attitudes et les désirs physiques peuvent encore, par moments, prendre le dessus ; l'égoïsme peut continuer à jouer un rôle puissant dans sa vie, mais – sous-jacent à ces facteurs et les dominant – il existera un profond mécontentement face aux choses telles qu'elles sont et un sens angoissant d'échec. C'est à ce stade que le disciple commence à apprendre l'utilité de l'échec et à savoir certaines distinctions fondamentales entre ce qui est naturel et objectif et ce qui est surnaturel et subjectif.

Est-ce que ces idées vous rendent le concept de l'initiation plus utile et plus pratique ? Toute initiation qui ne trouve pas son interprétation dans les réactions journalières rend peu de service, et fondamentalement, elle est sans réalité. C'est le manque de réalité de sa présentation qui a conduit au rejet de la Société Théosophique en tant qu'agent de la Hiérarchie à l'heure actuelle. Autrefois, avant qu'elle n'ait mis l'accent sur l'initiation et les initiés et avant qu'elle ne considère les disciples en probation comme de véritables initiés, la Société faisait du bon travail. Cependant, elle n'a pas réussi à reconnaître la médiocrité, et à comprendre que personne ne "prend" l'initiation ou ne passe par ces crises, avant de s'être montré d'une vaste utilité et d'une capacité intellectuelle entraînée. Ce n'est peut-être pas le cas lorsqu'il s'agit de la première initiation, mais lorsqu'il s'agit de la deuxième initiation, il faut toujours qu'il y ait un arrière-plan de vie utile et consacrée, ainsi qu'une [679] détermination exprimée d'entrer dans le domaine du service mondial. Il doit aussi y avoir humilité et réalisation de la divinité de tous les hommes. Le prétendu initié de la Société Théosophique (à l'exception de Mme Besant), ne se conformait pas à ces exigences. Je n'attirerais pas l'attention sur leurs orgueilleuses manifestations, si les mêmes prétentions et les mêmes tromperies n'étaient présentées au public.

Le problème de la libération des limites de la matière devrait maintenant être examiné et tout ce thème rendu pratique.

Il existe peut-être une dernière opinion selon laquelle c'est le domaine des émotions, et la susceptibilité aux réactions émotionnelles, qui constituent la principale limitation humaine, sous l'angle individuel et sous l'angle national. Par exemple, on se rend compte partout que le démagogue qui influence l'opinion publique joue avec insistance sur les émotions ainsi que sur l'égoïsme des hommes. À mesure que l'humanité progressera vers l'expression mentale, cette influence qui fausse l'opinion deviendra de moins en moins importante, et lorsque les masses (composées de millions d' "hommes de la rue") commenceront à penser véritablement, le pouvoir de l'approche démagogique aura disparu. La principale bataille qui se livre aujourd'hui dans le monde est celle de la liberté du citoyen ordinaire de penser par lui-même, et de parvenir à ses propres décisions et conclusions. C'est là que se situe la discorde majeure entre le Grande Loge Blanche et la Loge Noire. C'est une bataille où l'humanité elle-même est un facteur décisif, et c'est pour cette raison que la Loge Noire agit par l'intermédiaire du groupe dirigeant la destinée de la Russie, et aussi par le mouvement sioniste. Les dirigeants de l'U.R.S.S. travaillent intelligemment et puissamment contre la liberté humaine, et en particulier contre la liberté de pensée. Le communisme en soi n'a nullement cet objectif ; c'est la politique totalitaire des gouvernants qui est tellement désastreuse, de même que leur ambition et leur haine de la vraie liberté. Le sionisme aujourd'hui préconise l'agression et l'emploi de la force ; sa note-clé est la permission de [680] prendre ce que l'on veut, sans s'occuper des autres et de leurs droits inaliénables. Ces points de vue sont contraires à la position des chefs spirituels de l'humanité ; donc, les chefs du mouvement sioniste, et le groupe d'hommes qui gouverne la politique de la Russie, sont opposés à la politique de la Hiérarchie spirituelle et à l'intérêt à long terme de l'humanité.

La liberté de l'esprit humain, la liberté de penser, de gouverner, et d'adorer selon ce que, sous l'influence du processus de l'évolution, le désir humain instinctif et inné pourra dicter, la liberté de décider la forme nécessaire de gouvernement ou de religion – voilà les prérogatives légitimes de l'humanité. Tout groupe d'hommes, ou toute forme de gouvernement qui ne reconnaît pas ce droit va à l'encontre des principes qui gouvernent la grande Loge Blanche. La menace pesant aujourd'hui sur la liberté du monde réside dans la politique des maîtres de l'U.R.S.S., et dans les machinations tortueuses et mensongères des sionistes. Dans aucun de ces deux groupes, il n'y a de véritable puissance spirituelle ; tous deux sont condamnés à l'échec même s'ils peuvent réussir du point de vue matériel ; du point de vue spirituel ils sont condamnés. Les dirigeants de l'entreprise russe contre la liberté de l'individu sont condamnés car l'homme est essentiellement libre et fondamentalement divin. Il est certain qu'à long terme, en Russie et dans les États satellites enclins au communisme, les masses réagiront inévitablement de manière divine et puissante. Le véritable programme communiste est sain ; c'est la fraternité en action qui – dans ses principes originels – ne va pas à l'encontre de l'esprit christique. C'est le fait qu'un groupe d'hommes, ambitieux et quelquefois pervers, impose un communisme formel et intellectuel qui n'est pas sain ; il s'écarte des vrais principes communistes et repose sur l'ambition personnelle, l'amour du pouvoir, et une interprétation des œuvres de Lénine et de Marx qui est, elle aussi, personnelle et va à l'encontre de ce qu'ont voulu dire leurs auteurs, exactement comme les théologiens interprètent les paroles du Christ d'une manière qui n'a aucun rapport avec son intention originelle. Les dirigeants de la Russie ne travaillent pas vraiment dans l'intérêt du [681] peuple, pas plus que le sionisme académique ne travaille ou ne réalise ses projets pour des raisons humanitaires. Mais le peuple détient le triomphe ultime, car le cœur du peuple, dans toutes les nations, est sain et bon fondamentalement, et incliné divinement. C'est ce qu'oublient les maîtres du régime communiste.

Les chefs du mouvement sioniste d'agression constituent un réel danger pour la paix mondiale et le développement de l'humanité ; leurs activités ont été approuvées par la politique opportuniste des États-Unis et, au second degré, par la Grande-Bretagne, sous l'influence des États-Unis. Ce sont les sionistes qui ont nargué les Nations Unies, abaissé leur prestige, et qui ont rendu leur position dans le monde à la fois négative et négligeable. Ce sont les sionistes qui ont perpétré l'acte majeur d'agression depuis la formation des Nations Unies, et qui ont été assez habiles pour obtenir le soutien des États-Unis, et faire transformer la "recommandation" originale des Nations Unies en un ordre. La loi de la force, de l'agression et de la conquête territoriale par les armes, est actuellement mise en pratique par les sionistes en Palestine ; ils ont prouvé aussi le pouvoir de l'argent pour acheter les gouvernements. Ces activités vont à l'encontre de tous les plans de la Hiérarchie spirituelle et marquent un point de triomphe des forces du mal. J'insiste sur les activités de ces deux pays car, par l'intermédiaire des chefs de ces groupes d'hommes agressifs, les forces du mal – repoussées temporairement par la défaite du groupe pervers qu'Hitler avait réuni autour de lui – ont de nouveau organisé leur attaque du développement spirituel de l'humanité.

Aujourd'hui, le monde est encore divisé en personnes très puissantes et d'intentions mauvaises, et leurs victimes ; à quoi s'ajoutent les réactions négatives des autres nations. Il n'y a pas, aux Nations Unies, de nation qui ait tenté de renverser la marée du mal en se rangeant, ainsi que d'autres nations, du côté de la liberté. Il n'y a que des groupes d'hommes non-éclairés qui cherchent à se rendre maîtres de la destinée des nations. Il existe encore des réactions émotionnelles aux situations, et une exploitation émotionnelle d'individus et de nations par certains [682] qui ne sont nullement émotionnels, mais convaincus mentalement qu'il faut suivre certaines lignes d'activité conduisant à leur intérêt propre, lignes qui – à la longue – ne sont pas dans l'intérêt des peuples impliqués.

Nous en revenons donc au problème du plan astral, du niveau émotionnel de conscience, et à la deuxième initiation ; cette initiation libère les hommes de la domination de l'émotion et leur permet de faire passer leur conscience sur les niveaux du mental et, à partir de cette focalisation plus élevée, de gouverner leurs attitudes émotionnelles normales et développées.

Si vous voulez bien remonter à la page anglaise 340, vous verrez qu'y sont données les trois notes-clé de cette deuxième initiation et sa technique. Je souhaite attirer votre attention sur ces notes-clé qui nous donnent la solution des problèmes mondiaux et la manière de sortir de l'impasse actuelle. Ces trois mots sont : Consécration, Mirage, Dévotion.

C'est la consécration de l'aspirant qui invoque le feu. Voici une déclaration d'importance majeure. L'aspirant qui est sur les niveaux supérieurs du plan astral est emporté par le "feu de la consécration". Ceci focalise immédiatement sa volonté, telle qu'elle se manifeste, sur le plan mental, et cette focalisation, en temps voulu, entreprend le travail sérieux de déplacer sa conscience sur les niveaux du mental. Alors, immédiatement, le "feu" entre en action, et la première réaction (comme je l'ai signalée plus haut) est la "rencontre du feu et de l'eau" ; en conséquence, il se produit du brouillard, de la brume, du mirage et de l'illusion. Ces quatre mots doivent être pris symboliquement. Les mirages ainsi provoqués dépendent du rayon et du point d'évolution de l'individu et de la nation. Il est essentiel que vous appreniez à penser en termes aussi larges que possible. Je ne vais pas traiter de cette question. Les individus découvrent rapidement la nature de leurs mirages, dès que leur "intention spirituelle" est déterminée ; le mirage national est bien reconnu aussi des observateurs, quoique rarement encore des nations impliquées. Le facteur qui conduit à la dissipation du mirage est la [683] dévotion – dévotion à un individu, à un Maître (comme l'enseigne la Société Théosophique) ou à quelque projet idéal. C'est finalement une dévotion illimitée à la Voie, au parcours du Sentier à n'importe quel prix, et à l'attachement indéfectible au service – en ce que celui-ci constitue la technique majeure du Sentier.

La consécration, ayant pour conséquence le mirage dissipé par la dévotion – voilà les notes-clé de la deuxième initiation. N'oubliez pas que le nationalisme est le résultat de la consécration à un ensemble particulier de conditions nationales, et qu'il engendre les mirages conduisant aux difficultés mondiales.

Ces trois aspects de l'évolution doivent être reconnus par tout aspirant ; leur existence détermine sa place sur le Sentier, l'initiation à laquelle il est préparé, et la nature de son service pour l'humanité.

Quel sera le résultat, dans la vie de chacun, de la combinaison de ces trois facteurs ? Tout d'abord deux choses :

1. Le centre du plexus solaire sera tout d'abord amené à un état d'activité presque violente et contraignante. Cette activité est suscitée par la consécration et elle produit inévitablement le mirage.

2. Les énergies violentes du centre du plexus solaire seront finalement maîtrisées par la qualité de dévotion. C'est cette qualité qui transforme le centre du plexus solaire en un grand centre de triage pour toutes les réactions émotionnelles et tous les mirages, et en fait temporairement une cause de désastre, de conflit, de douleur et de détresse.

Résultant des deux points ci-dessus, un grand agent de transformation est mis en route par la qualité de dévotion, et le plexus solaire devient non seulement un centre de triage, mais le principal facteur qui fait monter les énergies actives physiques et émotionnelles situées en dessous du diaphragme jusqu'au centre du cœur. Ceci constitue un long processus auquel l'aspirant doit faire face dans l'intérim entre les initiations. Il nous est dit (et c'est effectivement vrai) que la plus longue période qui sépare les initiations se situe entre la première et la deuxième initiation. C'est une vérité qu'il faut regarder en face, mais il faut aussi se souvenir que ce n'est nullement la période la plus dure. La [684] période la plus dure pour l'aspirant très sensible se situe entre la deuxième et la troisième initiation.

C'est une période de souffrance intense, où il faut supporter les conséquences de l'application des facteurs de mirage et d'illusion, où l'on est profondément impliqué dans des situations qui, pendant longtemps, ne sont pas clarifiées, où l'aspirant assiégé doit avancer régulièrement, du mieux qu'il peut, sous l'influence d'une direction juste, et d'une détermination spirituelle. En général, il lui faut accomplir cela dans le noir, travaillant sous l'influence du mental logique qui comprend, mais rarement sous l'influence de l'inspiration. Néanmoins, un bon travail se poursuit. Les émotions sont maîtrisées, le facteur du mental prend nécessairement une importance de plus en plus juste. La lumière – vacillante, encore incertaine et imprévisible – émane de l'âme et pénètre de temps en temps via le mental ; elle aggrave fréquemment les complications, mais engendre finalement la maîtrise nécessaire qui conduira à la libération.

Réfléchissez à ceci. La libération est la note-clé de l'individu qui veut prendre la deuxième initiation et sa suite – la préparation à la troisième initiation. La libération est la note-clé du disciple mondial aujourd'hui ; c'est la liberté de vivre, la liberté de penser, la liberté de savoir et de faire des plans, que réclame l'humanité à l'heure actuelle.

L'initiation que nous allons étudier ensuite (celle de la Transfiguration) est l'une des plus importantes de toutes. D'un point de vue particulier, elle est curieusement liée à l'Initiation de la Révélation, la cinquième, et à l'Initiation de la Résurrection, la septième. La libération les concerne toutes trois : libération de la personnalité, libération de l'aveuglement, ou libération des sept plans de notre existence planétaire – plans que l'on nomme souvent plans de l'évolution humaine et supra-humaine. Vous aurez noté que, récemment, j'ai insisté sur un aspect de l'initiation sur lequel on a peu insisté jusqu'ici – l'aspect de libération. Le Sentier de l'Initiation a parfois été appelé le Sentier de la Libération, et c'est sur cet aspect essentiel du processus initiatique que [685] je cherche à attirer votre attention. J'ai constamment signalé que l'initiation n'était pas véritablement le mélange curieux d'autosatisfaction dans la réalisation, de cérémonial et de reconnaissance hiérarchique, telle que la décrivent les principaux groupes d'occultistes. C'est bien davantage un processus de travail extrêmement dur, pendant lequel l'initié devient ce qu'il est. Ceci peut comporter la reconnaissance hiérarchique, mais non sous la forme habituellement décrite. L'initié se trouve en compagnie de ceux qui l'ont précédé ; il n'est pas rejeté, on le voit, on le remarque, puis on le met au travail.

C'est aussi une série progressive de libérations, aboutissant à une plus grande liberté vis-à-vis de ce qui se situe dans le passé de son expérience ; ceci implique la permission (enjointe ou donnée par l'âme) d'avancer davantage sur la Voie. Ces libérations sont le résultat du Détachement, de l'absence de Passion, et du Discernement. En même temps la Discipline impose et rend possible le dur travail nécessaire pour franchir le pas. Ces quatre techniques (car c'est ce qu'elles sont) sont précédées d'une série de désillusions qui, lorsqu'elles sont comprises, ne laissent à l'aspirant aucune autre possibilité que d'avancer dans une plus grande lumière.

Je souhaite vous voir étudier l'initiation sous l'angle de la libération, et l'envisager comme un processus de libertés péniblement obtenues. Cet aspect fondamental de l'initiation – quand l'initié l'a compris – lie fermement son expérience à celle de l'humanité dans son ensemble, dont la lutte primordiale consiste à parvenir à cette libération "grâce à laquelle l'âme et ses pouvoirs peuvent se développer et tous les hommes être libres, car individuellement ils sont parvenus à la libération".

Si vous voulez bien étudier les neuf initiations et les envisager sous cet angle, vous verrez comment chacune d'elles indique nettement un point de réalisation ; vous verrez donc que toute la question de l'initiation prend une beauté nouvelle et semble justifier davantage la douleur et la lutte qu'implique la réalisation. Permettez-moi de vous donner une indication (sans plus) de ce que je veux dire.

Initiation I. Naissance. Libération de la domination du corps physique et de ses appétits.

Initiation II. Baptême. Libération de la domination de la nature [686] émotionnelle et de la sensibilité égoïste du soi inférieur.

Initiation III. Transfiguration. Libération de l'ancienne autorité de la personnalité triple, marquant un point culminant dans l'histoire de tous les initiés.

Initiation IV. Renonciation. Libération de tout intérêt concernant le soi, et renoncement à la vie personnelle, au bénéfice du plus grand tout. Même la conscience de l'âme perd de son importance et un état de conscience plus universel et plus proche du Mental divin prend sa place.

Initiation V. Révélation. Libération de l'aveuglement, libération qui permet à l'initié d'avoir une vision nouvelle. Cette vision concerne la Réalité, située au- delà de tout ce qui a été ressenti et connu jusque là.

Initiation VI. Décision. Liberté de choix. J'ai parlé de ces choix dans une partie antérieure de cet ouvrage.

Initiation VII. Résurrection. Libération de l'emprise de la vie phénoménale des sept plans de notre vie planétaire ; c'est en réalité "quitter" le plan cosmique physique et "s'élever" au-dessus de lui.

Initiation VIII. Transition. Libération de la réaction de conscience (tel que vous entendez ce mot) et libération introduisant un état de perception, une forme de reconnaissance consciente, qui n'a rien voir avec la conscience (tel que vous entendez ce terme). On pourra considérer qu'il s'agit d'une libération complète de la sensibilité accompagnée cependant d'un épanouissement complet de cette qualité que nous nommons "compassion", de manière inadéquate. Je ne peux pas en dire plus. [687]

Initiation IX. Refus. Libération de tout entraînement possible par n'importe quelle forme d'attrait, particulièrement en ce qui concerne les plans supérieurs.

 Il faut se souvenir constamment (d'où ma réitération) que nos sept plans sont les sept sous-plans du plan cosmique physique.

Ce but qu'est la libération est, en fait, le principal encouragement à suivre le Sentier du Retour. L'un des facteurs les plus stimulants spirituellement du monde actuel, est l'emploi dans tous les pays du mot LIBERTE. C'est le grand disciple F.D. Roosevelt qui a "ancré" ce mot dans un sens nouveau et plus universel. Il a maintenant, pour l'humanité, un sens plus complet et plus profond.

Troisième Initiation – La Transfiguration

Il n'est pas nécessaire que j'entre dans les détails symboliques concernant cette initiation. Tout ce thème est correctement traité dans un livre écrit par A.A.B. ayant pour titre De Bethléem au Calvaire, livre que j'ai approuvé comme présentant la question des cinq initiations sous une forme convenant à l'Occident chrétien. Je souhaite vous rappeler le fait que la troisième initiation est en réalité la première des initiations majeures, et que c'est ainsi que la considèrent la Source d'où émane notre Logos planétaire, Sanat Kumara, et les deux grands centres planétaires, Shamballa et la Hiérarchie. Je veux parler de la Source prodigieuse de toute notre vie planétaire, le soleil Sirius, et de la Loge des Êtres Divins qui travaillent à partir de ce Centre céleste.

Les deux premières initiations considérées simplement comme des initiations du seuil – sont des expériences qui ont préparé le corps de l'initié à la réception du voltage considérable de cette troisième initiation. On fait passer ce voltage par le corps de l'initié, sous la direction du Logos planétaire, devant lequel l'initié se tient pour la première fois. La baguette d'Initiation est utilisée comme agent de transfert. La deuxième [688] initiation avait libéré l'initié du niveau astral de conscience, le plan astral, plan du mirage, de l'illusion et de la distorsion. Cette expérience était essentielle, car l'initié, qui se tient devant l'Unique Initiateur pour la première fois à la troisième initiation, doit être libéré de toute "attraction" magnétique émanant de la personnalité.

Le mécanisme de la personnalité doit être si purifié et si insensible aux attractions matérielles des trois mondes que, désormais, rien chez l'initié ne peut contrecarrer l'activité initiatique divine. Les appétits physiques sont subjugués ou relégués à leur juste place ; l'aspect désir de la nature est maîtrisé et purifié ; le mental est principalement réceptif aux idées, aux intuitions et aux impulsions venant de l'âme, et commence sa vraie tâche, en tant qu'interprète de la vérité divine et transmetteur de l'intention ashramique.

Vous noterez donc que cette troisième initiation est un point culminant, et qu'elle inaugure un nouveau cycle d'activité conduisant à la septième initiation, la Résurrection. J'attire votre attention sur le fait que la troisième, la cinquième et la septième initiation sont sous la domination des cinquième, premier et deuxième Rayons. Ces derniers, comme on peut s'y attendre, constitueront les énergies transmises par l'application de la Baguette d'Initiation.

Troisième initiation. Cinquième Rayon, celui de Science. Cette énergie affluente produit ses effets majeurs sur le mental, ou sur manas, le cinquième principe. Ceci permet à l'initié d'utiliser le mental comme instrument majeur du travail à exécuter avant de passer par la quatrième et la cinquième initiation.

Cinquième Initiation. Premier Rayon, celui de Volonté ou de Pouvoir. À cette initiation le disciple mesure pour la première fois la signification de la volonté, et l'utilise pour relier le centre de la tête au centre situé au bas de l'épine dorsale ; il complète ainsi l'intégration commencée à la troisième initiation.

Septième Initiation. Le deuxième Rayon, celui d'Amour-Sagesse, est ici actif, en tant que rayon planétaire majeur. L'application de la Baguette d'Initiation par l'Initiateur (agissant cette fois à partir du plan le plus élevé, le plan logoïque) produit, de façon mystérieuse, un effet [689] sur la totalité de l'humanité et – dans une moindre mesure – sur les règnes apparentés. Cet effet est semblable à celui produit chez l'individu à la cinquième initiation, où le centre de la tête et le centre situé au bas de l'épine dorsale furent mis en rapport étroit – au moyen de la volonté.

Les aspirants et les disciples doivent se souvenir que, après la troisième initiation, les effets de l'initiation qu'ils subissent ne sont plus limités seulement à l'initié comme individu, mais que, désormais, à toutes les initiations suivantes, il devient le transmetteur de l'énergie qui, à chaque application de la Baguette, sera déversée à travers lui avec une puissance grandissante. Il joue principalement le rôle d'agent de transmission qui réduit le voltage afin que se fasse en toute sécurité la distribution résultante d'énergie aux masses. Chaque fois qu'un disciple parvient à une initiation et se tient devant l'Initiateur, il devient simplement un instrument grâce auquel le Logos planétaire peut atteindre l'humanité et apporter aux hommes une vie et une énergie nouvelles. Le travail fait avant la troisième initiation et lors de la troisième initiation est purement préparatoire au mode de service exigé d'un "transmetteur d'énergie". C'est pourquoi, à la septième initiation, le rayon dominant de notre planète – le deuxième, Amour-Sagesse – est utilisé. Il n'existe, sur notre planète, aucun rayon d'une puissance égale, et aucune expression de cette énergie n'est de qualité aussi pure et aussi constructive que celle à laquelle l'initié est soumis à la septième initiation. Ce septième point culminant initiatique marque une autre apogée dans le cours de la vie de l'initié, et indique son entrée dans un cycle d'expériences complètement différent.

Vous aurez noté, si vous comparez ces instructions au canevas que je vous ai donné à la page anglaise 340, que dans cette troisième initiation, c'est le centre ajna (centre situé entre les yeux) qui est stimulé. Ce fait est très intéressant, car c'est lors de cette initiation que le disciple commence à diriger consciemment et créativement les énergies mises à sa disposition ; il les dirige, via le centre ajna, vers l'humanité tout entière. Ces énergies sont : [690]

1. L'énergie de son âme. Celle-ci a uniquement un effet de groupe, et bien qu'elle agisse par le moyen de la personnalité, elle est dirigée consciemment vers l'extérieur et vers le monde, après le processus de transformation effectué lorsque l'énergie reçue pénètre le mécanisme triple.

2. L'énergie de l'ashram auquel il appartient. Cette énergie ainsi que la précédente est nécessairement l'énergie du rayon de son âme et de l'ashram représentatif de ce rayon. L'effet produit – selon sa faculté d'absorption et de direction – favorisera l'exécution du Plan divin.

3. L'énergie de la Hiérarchie elle-même. La Hiérarchie est gouvernée principalement par le deuxième Rayon, celui d'Amour-Sagesse, bien que ce rayon dominant soit modifié et enrichi par la fusion avec les six autres rayons. Au début, l'initié utilisera cette énergie de façon inconsciente et il n'enregistrera, à ce stade, aucune intention précise. Ceci est dû à l'immensité de ce grand réservoir d'énergies ; il est réceptif à cette énergie affluente, en grande partie parce qu'il est membre initié de la Hiérarchie, ainsi qu'un pur canal de transmission.

4. L'énergie particulière qui lui est transmise par Sanat Kumara au moment de l'initiation. Il s'agit d'une énergie totalement différente de celle qui lui fut transmise lors des initiations antérieures. Elle vient de Shamballa et elle est uniquement (en un sens indéfinissable et donc incompréhensible pour vous) l'énergie du Logos planétaire lui-même. Il dirige l'énergie extra- planétaire (lors des initiations qui suivent la troisième initiation) à partir de son centre ajna vers le centre de la tête de l'initié, et de là immédiatement vers le centre ajna de l'initié. Cette énergie est alors dirigée vers l'extérieur dans le champ de service qui lui est destiné. Cette énergie est d'une qualité si élevée qu'il n'existe pas le moindre mécanisme d'enregistrement, au sein des facultés de l'initié, qui soit capable d'enregistrer son admission et sa circulation dans ses trois centres de la tête. Néanmoins, cette énergie se déverse sur le monde à travers lui, même s'il n'a pas conscience de sa présence. [691]

Le centre ajna est le "centre de direction". Il est placé symboliquement entre les deux yeux, représentant la double direction de la vie énergétique de l'initié vers l'extérieur, pour pénétrer dans le monde des hommes, et vers le haut et la Vie divine, la Source de toute Existence. Quand la direction est entreprise consciemment (il y a certaines énergies constamment présentes à la conscience de l'initié), le centre ajna est gouverné par l'esprit qui habite l'homme ; cet homme spirituel base toute action concernant ces énergies affluentes sur la prémisse ancienne que "l'énergie suit la pensée". Sa vie pensante devient donc le champ de son effort principal, car il sait que le mental est l'agent de direction ; il s'efforce de se concentrer en lui-même, afin de pouvoir finalement gouverner et diriger consciemment toutes les énergies divines affluentes. Ceci est, en réalité, l'effort hiérarchique majeur, le travail auquel les Maîtres se sont consacrés, et en vue duquel Ils s'entraînent constamment. Au fur et à mesure de l'évolution, des énergies nouvelles et plus élevées deviennent disponibles. Il en est ainsi, particulièrement aujourd'hui, vu qu'Ils se préparent à la réapparition du Christ.

Il y a trois mots qui sont des mots directeurs pour le disciple alors qu'il prend en main sa vie, son entourage et les circonstances. Ce sont : Intégration, Direction, Science. Sa tâche, après la troisième initiation, est de parvenir à une plus grande intégration personnelle afin de devenir de plus en plus une personnalité pénétrée par l'âme, et aussi de s'intégrer à son entourage, afin de servir. À cela, il faut ajouter la tâche plus subtile consistant à s'intégrer à l'ashram afin de devenir partie intégrante du groupe de travail du Maître.

À mesure que le travail d'intégration se poursuit, le disciple s'efforce, en permanence, d'apprendre l'utilisation du centre ajna et, en tant que service ashramique majeur, de travailler, d'absorber, de transmuer, de distribuer l'énergie, consciemment et avec une juste compréhension. Sa note-clé est la direction juste, résultant de la réaction juste à l'intention hiérarchique et aux injonctions de son âme. Il s'aperçoit qu'intégration et direction exigent toutes deux une compréhension [692] de la connaissance occulte scientifique. Il travaille alors comme un homme de science et, pour cette raison, les trois notes-clé de sa vie d'initié – avant et immédiatement après la troisième initiation – sont conditionnées et dirigées par le mental ; le plan mental devient le champ de son effort principal, en tant que serviteur.

Encore une fois vous voyez que je ne vous présente pas une image séduisante du processus initiatique, mais celle d'un travail acharné, d'un effort constant, d'un mode de vie mental et spirituel ardu. Il y a ici beaucoup de choses à prendre en considération, et ce que je vous ai donné justifie une pensée mûre et une réflexion profonde. Mon espoir et mon souhait le plus ardent est de vous voir comprendre que vous pouvez vous approprier l'enseignement donné ici, et qu'un jour vous comprendrez le processus initiatique et y participerez.

Quatrième Initiation – La Grande Renonciation ou Crucifixion

L'initiation de la Renonciation (appelée la "Crucifixion" par les chrétiens) est si familière pour la majorité des gens, qu'il m'est bien difficile de dire quelque chose qui retiendra votre attention et, du même coup, neutralisera la familiarité qui amoindrit nécessairement l'importance de ce thème dans votre conscience. L'idée de crucifixion est associée dans votre esprit à la mort et à la torture, alors qu'aucun de ces concepts n'est à la base du sens vrai. Examinons quelques-unes des significations relatives à cette quatrième initiation.

Le signe de la Croix – associé en Occident à cette initiation et à la foi chrétienne – est en réalité un symbole cosmique, qui existait longtemps avant l'ère chrétienne. C'est un des signes majeurs dans la conscience des Êtres avancés qui, à partir du lointain soleil qu'est Sirius, siège de la vraie Grande Loge Blanche, veillent sur la destinée de notre système solaire, mais qui portent une attention particulière (pourquoi ? cela n'est pas encore révélé) à notre terre, planète relativement petite et apparemment sans importance.

Le mot "crucifixion" vient de deux mots latins signifiant "fixer sur une croix" ; (j'ai demandé à A.A.B. de regarder ce mot dans le dictionnaire [693] afin que vous ayez une certitude). La croix dont il s'agit, en ce qui concerne cette initiation particulière, est la Croix cardinale des cieux. C'est sur cette croix que passe le disciple à la quatrième initiation, en quittant la Croix fixe des cieux. Cette croix fixe est celle sur laquelle il a été crucifié à partir du moment où il s'est trouvé sur le Sentier de Probation et, de là, est passé sur le Sentier du Disciple. Sur ce Sentier – ayant transcendé le monde des phénomènes et établi un contact ininterrompu avec la Monade, via l'antahkarana – il renonce à la Croix mutable de l'existence dans les trois mondes (le monde des apparences) et, après un certain temps, il effectue son transfert de cette dernière croix à la Croix fixe, dressée dans le monde de l'âme où, assidûment, il a appris à vivre. Ceci couvre la période des trois premières initiations. Maintenant, étant libéré par la renonciation, il n'a plus besoin de subir les tests, épreuves et difficultés qu'entraîne inévitablement la crucifixion sur la Croix fixe ; il peut maintenant prendre place sur la Croix cardinale, avec toutes les implications et possibilités cosmiques qui sont alors conférées. Ceci – en ce qui concerne l'individu – est nécessairement un enseignement symbolique et figuré. En ce qui concerne l'Homme Céleste, néanmoins, l'application n'est pas symbolique. Elle est bien davantage un fait. Du point de vue des Maîtres suprêmes résidant sur Sirius, notre Logos planétaire, Sanat Kumara, est encore sur la Croix fixe, Il est monté sur la Croix mutable lors du premier système solaire ; la Croix fixe le retient encore dans notre système solaire "fixé à sa place" ; dans le prochain système solaire, Il effectuera son transfert sur la Croix cardinale et, de là, "reviendra au Haut Lieu d'où Il est parti". Vous voyez donc pourquoi j'insiste sur le fait que ces croix ne sont que des symboles d'expériences, en ce qui concerne le disciple comme individu. Examinons ceci d'un peu plus près :

1. La Croix mutable gouverne les trois mondes et le plan astral en particulier.

L'homme ordinaire est "crucifié" sur cette croix jusqu'à ce qu'il parvienne à la nécessaire expérience et se réoriente consciemment vers une autre phase de développement. [694]

2. La Croix fixe gouverne les cinq mondes du développement humain et conditionne l'expérience de tous les disciples. Grâce à la discipline et aux expériences acquises sur cette croix, le disciple passe d'une renonciation à une autre, jusqu'à ce qu'il parvienne à la complète liberté et à la complète libération.

3. La Croix cardinale gouverne le Maître lorsqu'Il passe par les cinq dernières initiations ; la quatrième initiation, assez curieusement, n'est gouvernée ni par la Croix fixe ni par la Croix cardinale. Le disciple descend de la Croix fixe et cherche à monter sur la Croix cardinale, et c'est cette période et cette expérience de transition qui, pratiquement, le gouvernent. On pourrait donc noter qu'il y a trois initiations qui mettent le disciple à l'épreuve en ce qui concerne la connaissance et l'expérience : la première, la deuxième et la troisième ; puis vient une initiation de transition, suivie de cinq initiations que le Maître subit sur la Croix cardinale. Il faut se souvenir que la nature caractéristique de l'homme sur la Croix mutable est la conscience de soi ; que le disciple sur la Croix fixe acquiert rapidement la conscience de groupe, quand les expériences ont été correctement assimilées, et que le Maître sur la Croix cardinale se caractérise par une conscience universelle qui finalement devient conscience cosmique – état d'existence inconnu pour vous, même dans les envolées les plus folles de votre imagination. La première indication de la croissance de la conscience cosmique apparaît lorsque le disciple passe par la sixième Initiation, la Décision. Il détermine alors (par le moyen de sa volonté éclairée, et non par son mental) lequel des sept Sentiers il décidera de suivre. À partir de ce moment-là, la conscience de la plus grande Vie, qui embrasse notre Logos planétaire comme Il embrasse l'humanité dans sa conscience, gouverne de plus en plus l'attitude, la perception et les activités du Maître.

Vous pouvez donc voir que cette initiation de la Crucifixion (que le monde chrétien s'est approprié) est bien plus vaste dans ses implications que ne le soupçonnent les étudiants. Cependant cette appropriation [695] était voulue selon le Plan divin de la Hiérarchie, car il y a toujours un grand Instructeur qui – par sa vie et son enseignement – attire l'attention sur telle initiation particulière. Le Bouddha, par exemple, dans ses Quatre Nobles Vérités, a en réalité affirmé les principes sur lesquels se base l'initié de la troisième initiation. Il ne désire rien qui soit de nature personnelle ; il est libéré des trois mondes. Le Christ nous a donné l'image de la quatrième initiation ; Il a mis l'accent sur elle et sur sa prodigieuse transition de la Croix fixe au Mont de l'Ascension – symbole de Transition par le moyen de l'initiation.

L'initiation de la Crucifixion a un trait majeur qui est instructif. Il nous a été conservé dans le nom fréquemment donné à cette quatrième initiation : la Grande Renonciation. Une expérience prodigieuse est accordée à l'initié, à ce moment-là ; il s'aperçoit (car il voit et sait) que l'antahkarana a été terminé avec succès, et qu'il existe une ligne directe allant de la Triade spirituelle à son mental et à son cerveau, via l'antahkarana. Ceci place au premier plan de sa conscience la reconnaissance subite et terrible que l'âme elle-même, le corps égoïque à son propre niveau et ce qui pendant des millénaires avait été la source présumée de son existence, ainsi que son guide et son mentor, n'est plus nécessaire ; en tant que personnalité pénétrée par l'âme, il est maintenant en relation directe avec la Monade. Il se sent dépouillé et peut s'écrier – comme le Maître Jésus – "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" Mais il accomplit la nécessaire renonciation, et le corps causal, le corps de l'âme, est abandonné et disparaît. C'est la renonciation culminante et le geste le plus important faisant suite à des millénaires de petites renonciations ; la renonciation caractérise le cours de la vie de tous les aspirants et disciples – renonciation regardée en face, comprise et faite consciemment.

Je vous ai indiqué plus haut que cette quatrième Initiation, la Renonciation, est étroitement liée à la sixième et à la neuvième initiation. La sixième initiation n'est possible que lorsque l'initié a nettement accompli les nécessaires renonciations ; la récompense est qu'il lui est permis alors de faire un choix parfaitement libre, et de [696] manifester ainsi sa liberté essentielle et acquise. La neuvième initiation (celle du Refus) ne comporte aucun élément de renonciation. Ce n'est pas un refus de retenir, car, à ce stade, l'initié ne demande ni ne retient rien pour le soi séparé. À cette initiation planétaire ultime, le Maître est mis face à face avec ce que l'on pourrait appeler le mal cosmique, avec ce réservoir de mal qui, cycliquement, inonde le monde, ainsi qu'avec le groupe rassemblé des maîtres de la Loge Noire. Il refuse de les reconnaître. Je traiterai de cette question plus tard, lorsque nous aborderons cette initiation particulière.

En ce qui concerne cette initiation, la Renonciation, il existe certaines correspondances des plus intéressantes, qui jettent une lumière éclatante, illuminant sa signification. Elles vous sont connues dans une certaine mesure, car j'ai parlé de la signification du quatrième Rayon, celui d'Harmonie par le Conflit, et du règne humain, le quatrième, dans mes écrits antérieurs ; il pourrait être utile, néanmoins, que je rassemble certaines d'entre elles pour montrer en quoi cette Initiation de la Renonciation est de très grande importance pour l'humanité et pour l'initié qui, évidemment, est membre du quatrième règne. Tout d'abord, ce grand acte de renonciation marque le moment où le disciple n'a plus rien en lui qui le relie aux trois mondes de l'évolution humaine. Dans l'avenir, son contact avec ces mondes sera purement volontaire et à des fins de service. Je préfère le mot "renonciation" au mot "crucifixion" car ce dernier ne fait qu'insister sur la souffrance ressentie par l'initié lorsqu'il renonce à tout ce qui est matériel et devient un membre permanent, et (si je puis employer ce terme) non-fluctuant, immuable, du cinquième règne de la nature, le royaume de Dieu, que nous appelons la Hiérarchie. N'oubliez pas que les trois mondes de l'évolution ordinaire constituent les sous-plans physiques denses du plan cosmique physique.

La crucifixion incarne le concept d'une très grande et longue souffrance physique, ses "trois dernières heures" représentant, d'après l'histoire biblique, les trois plans de notre évolution. Sur [697] chacun des trois plans, le disciple renonce ; sur chacun des trois plans, il est donc crucifié. Cela indique la fin d'une vie et – du point de vue cosmique – de la vie de l'âme dans de nombreuses incarnations. Si c'est une déclaration de fait que le sens du temps est la réaction du cerveau à une succession d'états de conscience ou événements, et si c'est également vrai que, pour l'âme, il n'y a aucun facteur de conscience tel que le temps, mais la connaissance de l'Éternel Présent, alors les trois mondes de l'être incarné constituent une unité d'expérience dans la vie de l'âme, expérience qui prend fin à la crucifixion, car l'âme en incarnation a véritablement, consciemment, et par l'usage d'une volonté constante, renoncé à tout, et tourné le dos au monde matériel pour toujours. Le disciple a acquis la maîtrise de l'utilisation des trois mondes, en tant qu'expérimentation, expérience et expression (pour employer les trois termes avec lesquels je vous ai familiarisés dans mes autres ouvrages) et se trouve maintenant libéré.

Chaque initié qui effectue cette renonciation et qui subit la crucifixion subséquente, est en mesure de dire, avec le premier être de notre humanité à l'avoir dit : "Quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi." Ainsi parlait le Christ. L'initié est élevé par sa renonciation – qu'il fait par le sang du cœur – et sort du monde des phénomènes matériels, car il s'est libéré de tout désir les concernant, de tout l'intérêt et de toute l'emprise qu'ils ont pu avoir sur lui. Il est complètement détaché. Il est intéressant de noter que le Maître Jésus a passé par l'initiation de la renonciation au moment même où le Christ était élevé à la septième Initiation, la Résurrection. De sorte que les deux histoires de ces deux grands Disciples sont parallèles – l'Un servant le plus grand avec tant d'obéissance, et le Christ soumettant sa volonté à celle de son Père dans les cieux.

Cette initiation est donc, en un sens unique, une expérience culminante et un point d'entrée dans une vie nouvelle que tout le passé a préparé. Après la neuvième initiation, celle du Refus, survient une répétition cosmique de l'expérience de la Renonciation, mais cette fois [698] dépourvue de l'aspect crucifixion ; l'initié, à ce grand moment, renonce au contact, ou refuse le contact du plan physique cosmique avec ses sept niveaux de perception, à moins qu'il n'ait choisi (à la sixième Initiation, celle de la Décision) le Sentier du Service Mondial.

Pendant l'expérience du processus initiatique dans ses trois premières phases, l'initié rejette la domination des énergies situées dans les trois centres inférieurs au diaphragme ; il renonce à les utiliser à des fins personnelles ou égoïstes. Le centre situé à la base de la colonne vertébrale a reçu et distribué l'énergie de la volonté personnelle (la volonté du soi inférieur) ; il est vidé et se tient prêt à la réception dynamique de la volonté supérieure qui, utilisant le canal de la colonne vertébrale comme sentier ou symbole de l'antahkarana, va s'y déverser à partir du centre de la tête le plus élevé. Le centre sacré, qui a reçu et distribué l'énergie ayant nourri les appétits physiques dans une mesure beaucoup plus large qu'on ne le comprend aujourd'hui, est aussi maîtrisé – maîtrise liée à une direction correcte et normale venant du centre de la gorge, et à la conservation de la vie physique sur le plan physique, si l'initié décide de s'incarner à des fins de service. Le centre du plexus solaire, qui a reçu et distribué l'énergie du plan astral, l'énergie du désir et de l'émotion, est de même nettoyé et purifié ; son énergie est transmuée à un tel point qu'elle peut passer sous la complète domination du centre du cœur, qui, dès lors et jusqu'à la septième Initiation, la Résurrection, "est ce qui permet à l'initié d'accomplir ses obligations hiérarchiques". Donc, à la Grande Renonciation, les trois centres inférieurs atteignent un point de complète purification et, en termes symboliques, de vide complet. Aucune énergie qui leur soit propre (reliée au passé égoïste millénaire) ne demeure ; ils ne sont rien d'autre que de purs réceptacles offerts aux énergies des trois centres supérieurs. Les trois centres inférieurs sont reliés aux trois mondes de l'évolution de la personnalité ; les trois centres supérieurs sont reliés au travail et à la vie de la Hiérarchie, et sont sous la maîtrise de l'initié – maîtrise qui croît en perfection, jusqu'à la septième Initiation, la [699] Résurrection. Lors de cette très importante résurrection, ils perdent leur utilité ; le Maître n'a pas besoin de centres d'énergie. Sa conscience est transcendée et transformée en un type de perception dont ceux qui n'ont pas l'expérience de ces initiations ne connaissent rien. S'Il décide de prendre un véhicule physique (comme le feront beaucoup de Maîtres quand le Christ réapparaîtra et que la Hiérarchie s'extériorisera sur terre), le Maître fonctionnera "du haut vers le bas" et non (comme c'est le cas actuellement de tous les disciples, mais évidemment pas des Maîtres) "du bas vers le haut". Je cite ici d'anciennes expressions se trouvant dans les archives de la Hiérarchie. Ils n'auront donc pas besoin de centres sur les niveaux éthériques de notre plan physique planétaire.

À la quatrième initiation, l'initié commence à fonctionner entièrement et constamment sur le quatrième plan, les niveaux bouddhiques du plan physique – notre plan de l'intuition. Il en est ainsi, que vous comptiez de bas en haut ou de haut en bas. Vous avez ici à nouveau une indication de la position centrale de cette initiation et de son importance. Elle est précédée de trois initiations et suivie de trois initiations ; elle conduit à la septième et dernière initiation planétaire, car les deux initiations qui restent ne sont en aucune façon reliées à notre vie planétaire. C'est à cause de cette transition permanente du "point focal de la vie" de l'initié – quittant les trois mondes et s'élevant jusqu'au plan bouddhique – que le concept de résurrection s'est insinué dans l'enseignement chrétien, de sorte que l'Initiation de la Crucifixion est décrite comme précédant l'Initiation de la Résurrection, en réalité il n'en est rien sauf à un degré mineur, et en tant que symbole de l'expérience à venir.

De même, le concept de sacrifice a envahi tout l'enseignement concernant l'Initiation de la Crucifixion ou Renonciation, à la fois en Orient et en Occident. Cette idée de sacrifice est associée au concept de douleur, de martyr, de souffrance, de patience, de prolongation et de mort. Cependant, la vraie racine de ce mot reste la même et donne la [700] signification vraie : "Sacer", rendre saint ; c'est en vérité ce qui arrive à l'initié ; il est "rendu saint" ; il est "mis à part" en vue du développement et du service spirituels. Il est séparé de ce qui est naturel, matériel, transmis, handicapant, entravant et destructeur, et de ce qui amoindrit l'activité juste consacrée à ce qui est nouveau. Il apprend à définir "l'Ensemble", ce qui est son droit et sa prérogative divine.

La beauté de l'interprétation de cette initiation et la récompense de ceux qui tentent de pénétrer son vrai sens et sa signification, sont inexprimables ; néanmoins, il faut avoir l'enseignement de l'Orient et celui de l'Occident pour arriver à la vraie compréhension de cette expérience. Le concept est évident d'une franche rupture avec l'ancienne vie dans les trois mondes de l'expérience qui a caractérisé le travail de l'âme depuis si longtemps. C'est la mort sous sa forme la plus vraie et la plus utile ; chaque mort, survenant aujourd'hui sur le plan physique, est donc de nature symbolique, indiquant le moment où l'âme "meurt" finalement à tout ce qui est matériel et physique, de même que l'être humain meurt à tout contact dans les trois mondes, avant de reprendre la vie incarnée.

Sur le plan bouddhique ou intuitionnel (le quatrième niveau du plan physique cosmique) le mental – même le mental supérieur ou niveau de la pensée abstraite – perd sa domination sur l'initié, et n'est plus désormais utile que dans le service. L'intuition, la pure raison, la connaissance complète, illuminée par le dessein aimant du Mental divin – pour citer certains des noms donnés à ce quatrième niveau de conscience ou de sensibilité spirituelle – le remplacent et l'initié vit désormais dans la lumière de la connaissance correcte ou directe, s'exprimant en sagesse en toutes choses – d'où le titre de Maître de Sagesse ou Seigneur de Compassion donné à ceux qui ont pris la quatrième et la cinquième initiation ; elles se suivent de manière très rapprochée. Le Maître travaille à partir du niveau bouddhique de conscience ; à ce niveau, Il vit sa vie, entreprend son service, et participe au Plan dans les trois mondes et dans les quatre règnes de la nature. Ne l'oubliez pas. Rappelez-vous aussi que l'obtention de cette focalisation [701] et la conquête de cette liberté ne sont pas le résultat d'une cérémonie symbolique, mais découlent de vies de souffrance, de renonciations mineures et d'expérience consciente. Cette expérience consciente, conduisant à la quatrième initiation, est une entreprise basée sur un plan précis, réalisée à mesure que la vraie vision est conférée, que l'on sent le Plan divin et qu'on lui donne sa coopération, et que l'aspiration intelligente remplace les vagues envies et les efforts sporadiques pour "bien se conduire", selon l'expression habituelle des aspirants.