Guide d’Introduction

(Extraits adaptés des livres d'Alice A. Bailey De l'Intellect à l'Intuition et La Lumière de l'Ame)

A. Remarques Préliminaires

L'actuel intérêt grandissant envers la Méditation est l'évidence même de l'expression d'un besoin mondial qui demande une compréhension claire et appropriée. Là où l'on rencontre un courant général, focalisé dans la continuité sur un objectif, il est possible de supposer qu'il en résultera ce dont la race humaine a besoin dans sa marche en avant.

Que la méditation soit considérée par ceux qui en donnent une définition grossière comme un «mode de prière», est malheureusement vrai. Mais il est possible de montrer qu'avec une compréhension approfondie du processus de méditation, et selon une adaptation mieux appropriée à notre utilisation moderne, la solution peut émerger pour sortir de l'impasse actuelle siégeant au sein de l'éducation, ainsi que la méthode grâce à laquelle le fait de l'âme se découvrira comme certitude pour tous - ce quelque chose de vivant que nous nommons «Ame», faute de trouver un terme plus juste.

Tout au long des siècles, l'on peut noter une progression continue dans le cours de l'évolution de la conscience humaine et une croissance constante en ce qui concerne la sensibilité éveillée de la nature, du monde dans lequel nous vivons, ainsi qu'une compréhension plus grande de la portée de la notion de Globalité puisque maintenant, le monde entier est accordé par la radio, le téléphone et la télévision. L'Homme est omniprésent et la pensée est le facteur principal de l'émergence de ce miracle devenu apparent.

«Nous avons acquis une compréhension des lois qui gouvernent le monde de la nature et de quelques-unes de celles qui régissent le monde psychique. Restent à découvrir et à utiliser scientifiquement les lois du monde appelé spirituel. Elles sont connues d'un petit nombre d'êtres qui en ont parlé à l'humanité; mais elles ne sont utilisées que par les pionniers de la race. Au nombre des connaisseurs éminents se trouvent Bouddha, le Christ, Platon, Aristote, Pythagore, Eeckhart, Jacob Boehme, Spinoza - la liste est longue.

«Actuellement, nous commençons à nous demander s'il ne se pourrait pas que des centaines d'êtres en fussent au point de pouvoir coordonner leur cerveau, leur intellect et leur âme et, ce faisant, franchir le portail de la perception mentale et pénétrer dans le royaume des causes. Les connaisseurs nous disent que nous le pouvons et ils nous en indiquent le moyen.»

(De l'Intellect à l'Intuition, p. 115)

B. Quelques Questions Pertinentes

Quels sont les objectifs de la méditation?

L'objet de la méditation est donc de rendre l'homme capable de manifester extérieurement ce qu'il est dans sa réalité intérieure, et de le faire s'identifier avec son aspect âme et non simplement avec les caractéristiques inférieures de la personnalité.

Par la méditation.... les pouvoirs de l'âme sont développés. Chacun des véhicules à travers lesquels l'âme s'exprime (sur les plans physique, émotionnel et mental) possède à l'état latent, certaines forces latentes, mais l'âme, qui est leur source à toutes, les possède sous leur forme la plus pure, la plus sublimée...

Les pouvoirs de l'âme se développent normalement et naturellement. Ceci non point parce qu'ils sont désirés ou consciemment développés, mais parce que, en même temps que le Dieu intérieur assume le contrôle de ses corps et les domine, ses pouvoirs apparaissent sur le plan physique et les forces potentielles se manifestent alors en tant que réalités connues.

La méditation nécessite une préparation très sévère - ce fait est corroboré par le témoignage des mystiques et des initiés de tous les temps. Le fait que d'autres aient atteint le but peut nous encourager, nous intéresser, rien de plus, à moins que nous-mêmes n'entrions en action, définitivement.

Ceci implique le développement du mental en une synthèse, et gouverne son emploi par rapport au monde de la vie terrestre, des émotions et de la pensée. Cela comporte aussi son orientation à volonté vers le monde de l'âme et sa capacité d'agir comme intermédiaire entre l'âme et le cerveau physique.

La première relation est développée et entretenue par une solide méthode d'éducation exotérique ; la seconde est rendue possible par la méditation, forme supérieure de l'éducation.

(De l'Intellect à l'Intuition, pp. 57-60)

Est-ce que quiconque, qui le désire, peut tirer profit de la technique de la méditation et en acquérir la maîtrise?

.... Il faut se rappeler, dès le début, que le désir même de méditer peut être pris comme un appel de l'âme, indiquant la voie de la Connaissance. Nul ne doit se décourager s'il se trouve déficient sur certains points essentiels. Nous sommes, pour la plupart, plus avancés, plus sages et mieux équipés que nous ne le croyons. Nous pouvons immédiatement commencer à nous concentrer, si nous le décidons.

Nous possédons un savoir, des capacités et une force mentale qui ne sont jamais passés de la subconscience à l'utilité objective .... Ceux qui ont observé les effets de la méditation sur un débutant, confirmeront l'exactitude de cette remarque.

Les résultats de la première étape de la méditation, c'est-à-dire de la concentration, sont surprenants. Les gens se «trouvent», il se «découvrent» des dons insoupçonnés, une compréhension jamais employée auparavant; ils prennent conscience même du monde phénoménal, à un degré pour eux miraculeux; ils constatent soudain l'existence de l'intellect et la possibilité d'en faire usage; la distinction entre le connaisseur et l'instrument de la connaissance leur devient de plus en plus évidente.

En même temps, ils se sentent dépouillés. Les anciens et vagues états de félicité et de paix, que leur procuraient la prière mystique et la méditation, disparaissent, et, temporairement, ils éprouvent une aridité, un dénuement des plus déprimants. Ceci provient de ce que l'attention est détournée des choses sensibles, si belles soient-elles.

Les choses que l'intellect connaît et dont il peut garder le souvenir, ne sont pas encore enregistrées; l'appareil sensoriel n'affecte plus la conscience comme à l'ordinaire: c'est une période de transition, il faut la supporterjusqu'au moment où le monde nouveau commencera à impressionner l'aspirant. C'est la raison pour laquelle la persévérance est essentielle, particulièrement au début de la pratique de la méditation.

L'un des premiers effets de cette pratique est d'accroître la valeur de l'aspirant, dans la vie quotidienne, soit à la maison, soit au bureau ou dans tout autre domaine de l'activité humaine. L'application mentale, dans les choses de l'existence, est, en soi, un exercice de concentration et amène de notables résultats. Qu'un homme parvienne ou non à l'illumination finale, par l'exercice de la concentration et de la méditation, il n'en aura pas moins beaucoup appris et grandement enrichi sa vie; sa valeur, sa puissance en seront énormément accrues et sa sphère d'influence étendue.

Celui qui n'est pas simplement émotif, qui a reçu une bonne éducation et qui consent à travailler avec persévérance, celui-là peut aborder avec courage l'étude de la méditation. Il peut commencer à organiser sa vie en sorte qu'il fasse les premiers pas sur le chemin de l'illumination. Cette organisation est une des étapes les plus difficiles. Il est bon de se rappeler que tous les débuts sont pénibles, car nous avons à modifier les habitudes et les rythmes de toute une existence. Ceci accompli, le travail devient plus facile.

En conséquence, la réponse à notre question est la suivante:

Premièrement: Nous acceptons l'hypothèse de l'existence de l'âme et croyons que cette âme peut être connue de l'homme qui sait éduquer et contrôler son intellect.

Deuxièmement: Sur la base de cette hypothèse, nous commençons à coordonner les trois aspects de la nature inférieure et à unifier l'intellect, l'émotivité et le corps physique en un tout inclusif et organisé. Nous y parvenons par la pratique de la concentration.

Troisièmement: A mesure que la concentration se fond en la méditation (qui est un acte de concentration prolongé), l'imposition à l'intellect, de la volonté de l'âme, commence à se faire sentir. Peu à peu, l'âme, l'intellect et le cerveau sont mis en rapport étroit. D'abord, l'intellect contrôle le cerveau et la nature émotive. Puis l'âme contrôle l'intellect. Le premier de ces résultats est dû à la concentration ; le second, à la méditation.

De cette suite d'activités, l'investigateur intéressé concluera qu'il y a un travail à accomplir et il comprendra que la première des qualités nécessaires est la persévérance... L'organisation de notre vie mentale, en tout temps et en tout lieu, et, secondement, la pratique de la concentration régulière, chaque jour, si possible à la même heure, nous procurent l'orientation nécessaire et ces deux éléments réunis nous garantissent le succès.

(Idem, pp. 127-32)

Est-il nécessaire de se retirer dans la solitude afin d'évoquer l'âme?

Pour la plupart d'entre nous il ne peut être question de paix et de tranquillité au milieu de la multitude ... la solution est dans la compréhension exacte de notre problème et dans le privilège qui nous est conféré de manifester un nouvel aspect de la vieille vérité.

Dans le vieil Orient, quelques pionniers aventureux ont recherché la solitude, ils y ont déterminé pour nous les conditions et ont sauvegardé les règles. Ils tinrent la technique en sûreté jusqu'à ce que les hommes fussent prêts en masse et non plus par unités.

Ce temps est maintenant venu. Dans la tension... de la vie moderne... des hommes et des femmes découvrent le centre de paix qui est en eux et parviennent à l'état de concentration positive et silencieuse qui leur permet de parvenir au but, et d'atteindre à la connaissance d'eux-mêmes; l'endroit silencieux où nous prenons contact avec la vie de l'âme est le point à l'intérieur de la tête, là où se rencontrent l'âme et le corps... Celui qui s'entraîne en vue d'une concentration suffisante est à même, à n'importe quel moment et à n'importe quel endroit, de retirer ses pensées dans un centre intérieur, le centre de la tête, dans lequel se poursuit le grand travail de l'Union.

(Idem, pp. 133-34)

La véritable concentration découle d'une vie de pensée gouvernée, et, pour l'aspirant, le premier pas consiste à organiser sa vie quotidienne, à régler ses activités, toutes ses énergies concentrées sur un point : sa manière de vivre. Ceci est possible pour qui le but importe au point de faire l'effort nécessaire et de le maintenir sans fléchir.

Lorsque nous pouvons réorganiser notre vie, nous prouvons notre courage et la force de notre désir. .. Aucun aspirant ne pourra donc négliger un devoir. Ses devoirs envers sa famille et ses amis, son travail, seront mieux accomplis, sa profession plus parfaitement remplie.

(Idem, p. 132)

C. Les Mécanismes du Processus de Méditation

L'hypothèse, sur laquelle s'appuient les théories reprises dans cette publication, peut se définir par les propositions suivantes:

I. Le centre d'énergie par lequel l'âme agit est dans la partie supérieure du cerveau. Au cours de la méditation, si elle est effective, l'énergie de l'âme imprègne le cerveau et influe sur le système nerveux. Mais, si l'intellect n'est pas contrôlé et que la nature émotive prédomine (ce qui est le cas pour un pur mystique),les effets se font sentir particulièrement dans l'appareil du sentiment, régissant les états émotifs de l'être. Lorsque l'intellect est le facteur dominant, l'appareil de la pensée, dans le cerveau supérieur, entre en activité organisée.

II. Dans la région du corps pituitaire, nous avons le siège des facultés inférieures, lorsqu'elles sont coordonnées dans le type humain supérieur. C'est là, comme l'indiquent certaines écoles de psychologie et d'endocrinologie, que se trouvent les émotions et les aspects concrets de l'intellect (nés des habitudes de la race et de ses instincts héréditaires et, par suite, ne nécessitant pas l'exercice de l'intelligence créatrice supérieure).

III. Lorsque la personnalité, somme totale des états mentaux, émotifs et physiques, est d'ordre élevé, le corps pituitaire fonctionne avec une efficacité accrue et la vibration du centre d'énergie situé dans le voisinage devient extrêmement puissante. Il est à noter d'après cette théorie, que, si la personnalité est d'un type inférieur, ses réactions sont surtout instinctives, et l'intellect n'est que peu ou pas actif ; le centre d'énergie se trouve alors dans la région du plexus solaire et la nature de l'homme est surtout animale.

IV. Le centre dans la région de la glande pinéale et le cerveau supérieur entrent en activité par suite de l'habitude prise de concentrer dans la tête la conscience attentive.....

Les diverses avenues de la perception sensorielle sont en repos. La conscience de l'homme réel ne se tourne plus vers l'extérieur. Les cinq sens sont dominés par un sixième, l'intellect, et la conscience et les facultés perceptives de l'aspirant sont synthétisées dans la tête et sont tournées vers l'intérieur, et vers le haut. Ainsi, la nature psychique est subjuguée, et le plan mental devient le champ où s'exerce l'activité de l'homme. Ce processus de retrait ou d'abstraction comporte des étapes:

  1. Retrait de la conscience physique ou de la perception par l'ouïe, le toucher, la vue, le goût et l'odorat. Ces modes de perception sont momentanément suspendus ; l'homme ne perçoit plus que mentalement et la conscience cérébrale est la seule chose qui soit active sur le plan physique.
  2. Retrait de la conscience dans la région de la glande pinéale, de telle sorte que la compréhension de l'homme est centralisée en un point situé entre le milieu du front et la glande pinéale.

V. Cela étant accompli et l'aspirant ayant acquis la possibilité de se concentrer dans la tête, le résultat de ce processus d'abstraction est le suivant: Les cinq sens se trouvent synthétisés par un sixième sens, l'intellect, facteur de coordination. Plus tard, on comprend que l'âme a une fonction analogue. La triple personnalité se trouve ainsi en communication directe avec l'âme. Par conséquent, avec le temps, l'homme perd la conscience des limitations de la nature corporelle et le cerveau peut être impressionné directement par l'âme, par l'intermédiaire de l'intellect. La conscience cérébrale est maintenue dans une condition d'attente positive, toutes ses réactions au monde phénoménal étant totalement, bien que temporairement, suspendues.

VI. La personnalité hautement développée intellectuellement, dont toute l'attention est concentrée dans la région du corps pituitaire, commence à vibrer en harmonie avec le centre supérieur dans le voisinage de la glande pinéale. Un champ magnétique s'établit alors entre l'aspect positif de l'âme et la personnalité rendue réceptive par l'exercice de la concentration. Alors, éclate la Lumière, nous dit-on, et nous nous trouvons en présence de l'homme illuminé, objet du phénomène dont nous avons parlé plus haut: l'apparition de la lumière dans la tête.

Tout ceci résulte d'une vie disciplinée et de la concentration de la conscience dans la tête, laquelle est obtenue par les efforts journaliers, et par des exercices de concentration définis. La méditation succède à ces exercices et, plus tard, beaucoup plus tard, le pouvoir de contempler est acquis.

Ce n'est là qu'un bref exposé, nécessairement incomplet, du mécanisme de ce processus. Ces idées, cependant, devront être acceptées avant qu'une pratique intelligente de la méditation puisse commencer.

Notre hypothèse formulée et temporairement acceptée, nous poursuivons notre travail jusqu'à preuve d'erreur ou jusqu'au moment où notre attention fléchit. Une hypothèse n'est pas nécessairement fausse parce qu'elle n'est pas prouvée dans le temps que nous jugeons convenable. Fréquemment, des gens renoncent à poursuivre leurs recherches dans ce domaine de la connaissance, par manque de persévérance ou parce que leur intérêt est engagé ailleurs.

Cependant, nous sommes résolus à marcher de l'avant, donnant aux anciennes techniques le temps de faire leurs preuves. Nous commençons par satisfaire aux premières exigences et par apporter dans la vie une attitude mentale plus concentrée ; nous pratiquons la méditation et la concentration.

Si nous sommes des débutants, ou si nous sommes possédés par un intellect inorganisé, fluide, versatile, instable, nous commencerons à pratiquer la concentration. Si nous sommes des intellects entraînés, si nous possédons l'attention concentrée que la pratique des affaires développe, il nous suffira de réorienter notre intellect vers un nouveau champ de connaissance et de méditer. Il est facile d'enseigner la méditation à des hommes d'affaires.

(De l'Intellect à l'Intuition, pp. 135-37)

D. Quelques Suggestions Préliminaires

Trouver le temps

Il est bon de réserver un certain temps, chaque jour, au travail de méditation. Au début, quinze minutes suffiront ; il est recommandé de ne rien tenter de plus pendant une année, au moins. Si, au cours des mille quatre cent quarante minutes qui composent une journée, un élève se déclare incapable de trouver les quinze minutes nécessaires, ne pourrait-on considérer que cet élève n'est pas intéressé?

Tout d'abord, nous tâcherons de trouver le temps de méditation chaque matin de bonne heure. Il y a une raison à cela; lorsque nous avons participé aux événements de la journée, aux relations d'individu à individu, l'intellect est dans un état de vibration violent; ceci n'est pas le cas, lorsque nous commençons notre journée par la méditation. L'intellect jouit encore d'une tranquillité relative et peut s'adapter plus rapidement aux états de conscience supérieurs.

De plus, si nous commençons notre journée en concentrant notre attention sur les choses spirituelles, nous vivrons cette journée d'une manière différente. Lorsque cela devient une habitude, nous découvrons que nos réactions changent et que nous commençons à penser selon notre âme. Cela confirme la loi suivant laquelle un homme est à l'image de ce qu'il pense.

Trouver l'endroit pour méditer

Ensuite, nous nous retirerons dans un endroit tranquille, à l'abri de toute intrusion. Par tranquille, je ne veux pas dire : sans bruit, car le monde est rempli de sons, mais un lieu où nous puissions nous isoler d'autrui.

Il est une attitude que le débutant devrait prendre : celle de garder le silence. Les débutants parlent beaucoup de l'opposition qu'ils rencontrent dans leur famille et de la part de leurs amis. Dans la majorité des cas, la faute en est à l'aspirant lui-même. Les gens parlent trop. Ce que nous faisons de nos quinze minutes ne regarde personne et il n'est pas nécessaire d'en parler à notre famille, nous n'avons pas à en discuter ni à contraindre les autres au silence parce que nous méditons.

S'il nous est impossible de trouver le temps de nous recueillir avant la dispersion de la famille ou avant de nous rendre à nos affaires, prenons le temps plus tard, dans la journée. Il y a toujours un moyen de vaincre la difficulté, si nous le voulons assez fortement, et un moyen qui n'implique l'omission d'aucun devoir, d'aucune obligation et il est toujours possible de trouver quinze minutes de bonne heure le matin.

(De l'Intellect à l'Intuition, pp. 138-39)

E. La Pratique de la Méditation

Position

Ayant trouvé le temps, le lieu, nous nous assiérons confortablement et commencerons à méditer. Quelle est la meilleure attitude? Les jambes croisées? Ou bien nous agenouillerons-nous? Resterons-nous assis ou debout? La position la plus agréable et normale est toujours la meilleure.

L'attitude comportant les jambes croisées a été, et est encore très employée en Orient. Quelques-unes de ces postures ont rapport au système nerveux et à cette structure interne de nerfs ténus, que les Hindous appellent nadis, et qui double le système nerveux tel qu'il est connu en Occident.

Le danger de ces postures, c'est qu'elles aboutissent à deux réactions indésirables; elles conduisent l'homme à concentrer son intellect sur le mécanisme du procédé et non sur son but, et, secondement, elles conduisent à un sens délicieux de la supériorité qui repose sur le fait que l'on entreprend de faire quelque chose d'exceptionnel, ignoré de la majorité et qui nous place à part, en qualité de «connaisseurs» puissants. Nous nous laissons absorber par la forme de la méditation et non par Celui qui a créé la forme; nous nous occupons du non-soi au lieu du Soi.

Choisissons la position qui nous permettra d'oublier le plus facilement que nous avons un corps. Pour l'Occidental, c'est probablement la position assise; la condition essentielle est que nous nous tenions droits, l'épine dorsale formant une ligne droite; que nous nous détendions sans nous affaisser, afin qu'il n'y ait aucune partie de notre corps dans un état de tension; tenons notre menton légèrement abaissé, pour diminuer la tension de la partie postérieure du cou. La méditation est un acte intérieur ; il ne peut être accompli avec succès que si le corps est détendu, bien en équilibre, et puis oublié.

Respiration

Ayant réalisé les conditions de confort physique et de détente, et nous étant abstraits de la conscience corporelle, nous noterons notre respiration et veillerons à ce qu'elle soit calme, régulière et rythmique.

Un avertissement doit être donné ici en ce qui concerne la pratique des exercices respiratoires par d'autres que par les aspirants s'étant adonnés à la méditation durant de longues années et ayant purifié leur nature inférieure. Dans le vieil enseignement de l'Asie, le contrôle du souffle demeurait interdit, tant que les trois «moyens d'union», comme on les appelle, n'étaient pas réalisés jusqu'à un point dans la vie courante et à condition de se conformer aux instructions appropriées.

La pratique d'exercices respiratoires n'a rien à voir avec le développement spirituel. Elle intéresse seulement et profondément le développement psychique et il peut en résulter de nombreuses difficultés ainsi que des dangers. C'est uniquement de temps à autre qu'un maître, jadis, choisissait un homme pour cette forme d'éducation; cela s'ajoutait à un enseignement qui avait déjà amené, dans une certaine mesure, un contact avec l'âme, en sorte que celle-ci pouvait guider les énergies évoquées par le souffle, en vue de certains résultats et pour le service du monde.

Par conséquent, nous veillerons simplement à ce que notre souffle soit calme et régulier; nous détournerons notre pensée du corps et nous commencerons à nous concentrer.

La visualisation et l'usage créatif de l'imagination

L'étape suivante de la pratique de la méditation concerne l'utilisation de l'imagination; nous nous représentons l'homme triple inférieur aligné, c'est-à-dire en communication directe avec l'âme. Ceci peut être fait de plusieurs manières; c'est ce que nous appelons, techniquement, le «travail de visualisation». Il semble que la visualisation, l'imagination et la volonté soient trois facteurs puissants dans tous les processus créateurs. Ils sont les causes subjectives d'un grand nombre de nos effets objectifs.

Au commencement, la visualisation est principalement une question de foi expérimentale. Nous savons par le raisonnement qu'il existe en tout objet manifesté, et au-delà de lui, un Objet, ou Modèle idéal, qui cherche à se manifester sur le plan physique. La pratique de la visualisation, l'usage de l'imagination et l'exercice de la volonté, sont les activités sur lesquelles on compte pour hâter la manifestation de cet Idéal.

Quand nous visualisons, nous employons la conception la plus haute de ce que cet idéal puisse être, revêtu d'une substance quelconque, en général mentale, faute de pouvoir concevoir des formes supérieures en types de substance avec lesquelles envelopper nos images.

Lorsque nous construisons une représentation mentale, la substance mentale de notre intellect génère un certain ordre de vibrations qui attirent vers elles les éléments correspondants de la substance mentale, dans laquelle l'intellect est immergé. C'est par la volonté que cette image persiste: c'est elle qui lui donne la vie. Le processus se poursuit, que nous soyons ou non capables de le voir avec notre œil mental. Peu importe, le travail créateur s'accomplit néanmoins. Le temps viendra peut-être où nous pourrons suivre le processus et nous acquitter consciemment du travail.

Dans cette entreprise, le débutant peut se représenter les trois corps (les trois aspects de la nature inférieure) comme reliés à un quatrième corps de lumière radieuse, ou imaginer trois centres d'énergie vibrante, stimulés par un autre centre plus élevé et plus puissant; ils peuvent aussi concevoir l'âme comme un triangle de force auquel se rattache le triangle de la nature inférieure, par l'intermédiaire de la «corde d'argent» mentionnée dans la Bible, du Sutratma ou «âme-fil» des Ecritures orientales, ou de la «Ligne de vie» de certaines écoles de pensée. Il en est, toutefois, qui préfèrent conserver la pensée d'une personnalité unifiée, reliée à la Divinité Immanente cachée en eux, le Christ en nous, l'espérance de Gloire.

L'image choisie est relativement sans importance, pourvu que nous partions de l'idée première, du Soi cherchant à joindre et à utiliser le non-soi, son instrument dans les mondes de l'expression humaine et, vice versa, l'idée de ce non-soi incite à se tourner vers la source de son être. Lorsque ceci est accompli, nous pouvons continuer notre méditation. Le corps physique et la nature du désir tombent au-dessous du niveau de la conscience; nous sommes concentrés dans l'intellect et cherchons à le soumettre à notre volonté.

La Concentration

Ici, nous nous trouvons en présence d'un problème. L'intellect refuse de se plier aux pensées que nous avons choisies; il vagabonde à travers le monde, en quête d'autres matériaux. Nous pensons à ce que nous allons faire aujourd'hui et non pas à notre «pensée-semence»; nous nous souvenons d'une personne à voir, ou de quelque action nécessitant notre attention; nous commençons à penser à un être aimé, immédiatement nous replongeons dans le monde des émotions et tout le travail est à recommencer.

Nous rassemblons nos pensées et repartons; nous réussissons pendant trente secondes, puis, nous nous rappelons un rendez-vous ou autre chose, et nous voilà de retour dans le monde des réactions mentales et notre ligne choisie est oubliée. Rassemblant nos idées encore une fois, nous nous efforçons de soumettre notre intellect indocile. Mais, avec de la pratique, nous devenons capables de maintenir plus ou moins un certain degré d'uniformité.

Comment la chose est-elle possible? En suivant un plan de méditation, qui fixe automatiquement à notre intellect certaines limites: «jusque-là et pas plus loin». Dans ce plan, traçons délibérément et avec une attention intelligente les limites de notre activité mentale, de manière à ce que nous soyions avertis du moment où nous allons au-delà de ces limites. Nous savons alors que nous devons nous retirer derrière le mur que nous avons élevé pour notre perfection.

(De l'Intellect à l'Intuition, pp. 139-45)

F. Schéma de Méditation

Pour le développement de la concentration

Phases :

1. Obtenir le confort et le contrôle du corps physique.

2. Se rendre compte que la respiration est régulière et rythmique.

3. Se représenter le triple soi-inférieur (physique, astral et mental) comme:

(a) En contact avec l'âme.

(b) Offrant un passage à l'énergie de l'âme, qui parvient au cerveau pour l'intermédiaire de l'intellect.

4. Se concentrer par un acte de volonté. Ceci comporte l'effort de maintenir l'intellect immuablement fixé sur certains mots, de manière à en comprendre clairement la signification, sans nous laisser distraire par les mots eux-mêmes, ou par le fait que nous nous efforçons de méditer.

5. Dire ensuite avec concentration:

«Plus radieux que le soleil, plus pur que la neige, plus subtil que l'éther est le Soi, l'Esprit qui est en moi. Je suis ce Soi. Ce Soi, je le suis».

6. Se concentrer sur la phrase: «O Dieu, tu me vois».
L'intellect ne doit pas faiblir dans l'examen de la signification, de l'importance de ces mots, et de tout ce qu'ils impliquent.

7. Mettre fin délibérément à ce travail de concentration et dire, toujours en s'attachant aux idées exprimées et pas aux paroles:

«Il est une Paix qui dépasse toute compréhension ; elle habite au cœur de ceux qui vivent dans l'Eternel. Il est une Puissance qui renouvelle toute chose ; elle vit en ceux qui connaissent l'unité du Soi».

Ceci est une méditation de débutant. Elle comporte plusieurs centres d'attention, où un processus de redressement des pensées et de rappel de la concentration sont employés.

(Idem, pp. 145-46)

En général, l'emploi de ce plan est nécessaire pendant plusieurs années, à moins d'entraînement antérieur ; et ceux-là même qui ont atteint l'étape de la contemplation se mettent fréquemment à l'épreuve en se servant d'un plan afin de s'assurer qu'ils ne sont pas en train de retomber dans un état passif, émotif et négatif.

(Idem, p. 145)

Il y a beaucoup d'autres esquisses de méditation aboutissant aux mêmes résultats, et davantage encore à l'usage des travailleurs plus avancés. Il y a des plans de méditation qui sont tracés afin de produire certains résultats spécifiques, chez certains individus. Mais il est évident qu'ils ne peuvent être inclus dans un article comme celui-ci. Seul un plan de méditation sans danger peut être communiqué.

Dans tous les cas, cependant, la première chose dont il faille se souvenir, c'est que l'intellect doit être occupé totalement par la considération des idées, non par l'effort qu'exige la concentration. Derrière chaque mot, derrière chaque phrase, il doit y avoir la volonté de comprendre, accompagnée d'une activité mentale intense et concentrée.

Au sixième stade, dans l'effort accompli pour méditer décisivement suivant une forme qui voile une vérité, il ne devrait plus y avoir rien d'automatique dans le processus. Il est très facile de se plonger dans un état hypnotique par la répétition rythmique de certains mots. On raconte que Tennyson suscitait dans sa conscience un état transcendant, par la répétition de son propre nom. Ceci n'est pas notre but. La transe ou condition automatique est dangereuse.

La voie sûre est celle de l'activité mentale intense, dans les limites du domaine de la pensée-semence, ou de l'objet de la méditation. Cette activité s'en tient seulement aux pensées que les mots considérés éveillent.

Pour aider le débutant découragé par son inaptitude à penser quand, et comme, il le voulait, Alice Bailey donne le conseil suivant: «Imaginez-vous en train de formuler les notes d'après lesquelles vous parlerez au cours d'une conférence sur le sujet de votre méditation. Conduisez votre intellect d'étape en étape et vous découvrirez que cinq minutes se sont écoulées sans que votre attention ait fléchi, tant votre intérêt aura été grand».

La méthode suggérée plus haut est un chemin sûr pour le néophyte. Il en est d'autres qui s'offrent à l'esprit de l'élève intelligent. Des mondes de pensées s'ouvrent que l'intellect peut parcourir à volonté (remarquez ces mots) pourvu qu'ils aient un rapport avec la pensée-semence et soient en relation directe avec l'idée choisie, sur laquelle nous cherchons à nous concentrer. Il est évident que chaque personne suivra la tendance de son intellect - artistique, scientifique ou philosophique - qui constituera pour elle la ligne de moindre résistance.

(Idem, pp. 146-47)

G. La Méthode de Méditation «Raja Yoga»

Suggestions préliminaires pour ceux qui désirent aller au-delà du stade des débutants.

Patanjali fut un compilateur des enseignements qui, jusqu'à lui, avaient été donnés oralement au cours de plusieurs siècles. Il fut le premier à faire de cette doctrine un enseignement écrit à l'usage des étudiants ; c'est pourquoi il est considéré comme le fondateur de l'école du Raja Yoga.

La date de naissance de Patanjali n'est pas connue ; il existe à ce sujet de nombreuses controverses. La plupart des autorités de l'Occident situent cette date entre les années 820 et 300 avant Jésus-Christ, bien qu'une ou deux d'entre elles fixent cette date après Jésus-Christ. Cependant, les cercles autorisés de l'Inde que l'on peut supposer connaître la question, préconisent une date très antérieure, allant même jusqu'à 10.000 ans avant Jésus-Christ.

Les Yogas Sutras constituent l'enseignement de base de l'école trans-himalayenne à laquelle appartient une grande partie des Maîtres de la Sagesse. Beaucoup d'étudiants estiment que la doctrine des Esséniens, ainsi que d'autres écoles d'entraînement, étroitement en rapport avec le fondateur du christianisme et les premiers chrétiens, se basent sur le même système et que leurs instructeurs ont été formés par la grande école trans-himalayenne.

(La Lumière de l'Ame, p. 15)

Le premier pas à faire en vue de ce développement est la concentration, ou la faculté de garder le mental fermement et inébranlablement fixé sur ce que l'aspirant choisit. Ce premier pas est l'un des stades les plus difficiles du processus de la méditation et il implique la faculté indéfectible de ramener constamment le mental à «l'objet» que l'aspirant a choisi pour objet de sa concentration. Les stades mêmes de la concentration sont bien délimités et peuvent être désignés comme suit:

  1. Le choix de «l'objet» sur lequel se concentrer.
  2. Le fait de retirer la conscience mentale de la périphérie du corps, afin que les voies de la perception extérieure et du contact (les cinq sens) soient réduites au calme et que la conscience ne se dirige plus vers l'extérieur.
  3. La centralisation de la conscience et sa stabilisation dans la tête en un point médian entre les sourcils.
  4. L'application du mental ou extrême attention accordée à l'objet pour la concentration.
  5. La visualisation de cet objet, la perception imaginative de ce qu'il est et le raisonnement logique s'y rapportant.
  6. Le fait d'étendre les concepts mentaux qui ont été formés en les faisant passer du plan spécifique ou particulier au plan général et universel, ou cosmique.
  7. Une tentative pour arriver à ce qui gît à l'arrière-plan de la forme considérée ou d'atteindre l'idée qui est à l'origine de la forme.

Ce processus élève graduellement la conscience et permet à l'aspirant d'arriver à l'aspect vie de la manifestation, à la place de l'aspect forme. Il commence néanmoins par la forme ou «objet». Les objets sur lesquels se concentrer sont de quatre sortes:

  1. Les objets externes, tel qu'images de la divinité, peintures ou formes faisant partie de la nature.
  2. Les objets internes, tel que les centres du corps éthérique.
  3. Les qualités, tels que les diverses vertus, dans l'intention d'éveiller un désir pour ces vertus, et ainsi, de les édifier au sein de la vie personnelle.
  4. Les concepts mentaux, ou les idées incorporant les idéaux qui gisent à l'arrière-plan de toutes les formes animées. Ils peuvent se présenter sous l'aspect de symboles ou de mots.

C'est cette conscience de la nécessité d'avoir des «objets» de concentration qui a suscité le besoin d'images, de sculptures sacrées et de peintures. Tous ces objets entraînent la mise en jeu du mental inférieur concret, ce qui est un stade préliminaire nécessaire ; leur usage met le mental en état de soumission, de sorte que l'aspirant peut le faire agir selon son choix.

Les quatre types d'objets mentionnés ci-dessus dirigent graduellement l'aspirant vers l'intérieur et le mettent à même de transférer sa conscience, du plan physique dans le domaine éthérique et de là dans le domaine du désir et des émotions, et ainsi dans le monde des idées et concepts mentaux.

Ce processus, qui se poursuit dans le cerveau, amène l'homme inférieur tout entier à un état d'attention cohérente concentrée sur un seul point, toutes les parties constituantes de sa nature étant dirigées vers la réalisation de la fixité de l'attention... Cette perception d'un objet, claire, tranquille et fixée sur un point unique sans qu'aucun autre objet ne pénètre dans la conscience, est d'une réalisation fort difficile, et lorsque cela peut être accompli en l'espace de douze secondes, la véritable concentration est réalisée.

La méditation n'est que l'extension de la concentration et naît de la faculté avec laquelle l'homme peut «fixer le mental» à volonté sur quelque objet particulier. Elle obéit aux mêmes règles et conditions que la concentration et la seule différence entre elles réside dans l'élément temps.

(Idem, pp. 209-12)

H. Nécessite des Précautions dans la Pratique de la Méditation

L'Énergie Suit la Pensée

La loi fondamentale gouvernant tout travail de méditation est celle que les voyants de l'Inde ont formulée il y a des siècles: «L'énergie suit la pensée». L'énergie découle du royaume des idées (ou de la connaissance de l'âme)... elle filtre petit à petit à travers le dense intellect des hommes et l'on peut faire remonter jusqu'à elle tous les mouvements avancés du temps présent, toutes les organisations pour le bien-être général et l'amélioration du groupe, tous les concepts religieux et toutes les connaissances extérieures des causes qui produisent l'objectivité...

Nous pouvons poser en principe que toute forme est la matérialisation de la pensée de quelque penseur ou d'un groupe de penseurs, qu'il s'agisse de la forme d'une machine à coudre, d'un ordre social ou d'un système solaire. C'est une forme de travail créateur... et tout le travail a été rassemblé avec une énergie d'une espèce ou d'une autre. L'élève s'adonnant à la méditation devra, par conséquent, se rappeler qu'il travaille toujours avec des énergies et que ces énergies variées auront un effet défini sur les énergies dont il est lui-même composé.

Il est donc évident que l'homme cherchant à méditer doit essayer de faire deux choses:

1. Il doit apprendre à transmettre au mental ce qu'il a vu et contacté, puis l'interpréter correctement. Ensuite, il devra le communiquer, d'une manière adéquate, au cerveau impressionnable et attentif.

2. Il doit apprendre quelle est la nature des énergies avec lesquelles il entre en contact et s'entraîner à les utiliser correctement. Voici un exemple d'ordre général : nous nous laissons entraîner par la colère ou l'irritation, nous commençons instinctivement à élever la voix. Pourquoi ? Parce que nous sommes la proie de notre énergie émotive. En apprenant à contrôler l'énergie de la parole, nous commençons à nous rendre maîtres de ce type particulier d'énergie émotive.

Les points essentiels de la pratique de la méditation se résument, pour nous, dans ces deux idées : l'interprétation et la transmission exactes de l'énergie, puis l'utilisation intelligente et correcte de cette énergie. Le problème qui se présente à l'étudiant apparaît aussi et l'on comprend pourquoi ceux qui enseignent la technique de la méditation incitent leurs élèves à procéder lentement et avec précaution.

(De l'Intellect à l'Intuition, pp. 153-55)

La Nécessité de Discrimination

L'étudiant doit apprendre à discriminer entre les champs de perception qui s'ouvrent à lui et à connaître la nature de ce qu'il voit et de ce qu'il entend, à mesure qu'il devient plus sensitif. Considérons un moment quelques-uns de ces phénomènes du mental inférieur, que les élèves interprètent mal si constamment.

Ils enregistrent, par exemple, une rencontre merveilleuse avec le Christ ou toute autre Grande Ame qui leur est apparue, tandis qu'ils méditaient, leur a souri et dit: «Réjouissez-vous, vous faites des progrès; vous êtes des travailleurs choisis et la vérité vous sera révélée», ou quelque insanité de ce genre.... Qu'est-il arrivé réellement? L'étudiant a-t-il vu le Christ?

Ici, rappelons-nous la vérité «les pensées sont des choses» et que «toute pensée prend forme»... Le pouvoir de l'imagination créatrice commence à peine à se faire sentir et il est tout à fait possible de voir ce que nous désirons voir, même si rien n'est là. Le désir de faire des progrès et l'effort intense ont forcé l'éveil de l'élève, sur le plan psychique, le plan des vaines imaginations, du désir et des accomplissements...

Le monde de l'illusion est rempli de telles formes, construites par les pensées aimantes des hommes, au cours des âges, et l'élève, travaillant dans le champ de sa propre nature psychique (la ligne de moindre résistance pour la majorité) entre en contact avec une forme-pensée de ce genre, la prend pour une réalité, puis imagine qu'elle lui a dit les choses qu'il désire entendre... Nous sommes tous en danger d'être ainsi trompés, lorsque nous commençons à méditer, si l'intellect discriminateur ne veille pas, ou si nous avons une secrète aspiration à la prééminence spirituelle, ou si nous souffrons d'un complexe d'infériorité qui a besoin d'être compensé.

Le point que l'étudiant doit toujours avoir présent à l'esprit, c'est que toute connaissance, toute instruction sont communiqués à son intellect par sa propre âme. C'est l'âme qui éclaire son chemin. Les Maîtres de la Race travaillent à travers les âmes. Par conséquent, le premier devoir de chaque élève est de se perfectionner dans l'exercice de la méditation, du service et de la discipline et non de chercher à rencontrer quelque Grande Ame. Cela est moins intéressant mais préserve de l'illusion. Qu'il veuille bien s'en contenter, car les résultats sublimes auront soin d'eux-mêmes.

Une apparition se présenterait-elle, qui lui serve des platitudes, il agira à son endroit avec le même jugement sain que dans les affaires ou les choses de la vie ordinaire. Si quelqu'un se présentait à lui, disant: «Un grand travail est entre vos mains... Nous voyons que ... vous faites bien.... Nous savons que ... » etc..., il éclaterait probablement de rire et continuerait sa besogne du moment.

(Idem, pp. 155-58)

Il est possible de mentionner d'autres formes d'illusion, car, généralement, le premier monde avec lequel l'aspirant entre en contact est le monde psychique, domaine de l'illusion. Celui-ci a son utilité; y pénétrer est une expérience des plus précieuses, pourvu que les règles de l'amour et de l'oubli de soi y soient observées, que tout contact soit soumis à l'intellect discriminateur et au pur et simple bon sens. Il est utile d'enregistrer tout ce qui est vu et entendu, et puis de tout oublier jusqu'au moment où nous commençons à fonctionner dans le royaume de l'âme; alors, nous ne trouverons plus d'intérêt à nous en souvenir.

(Idem, pp. 161-62)

Les Écrits Inspirés

Un autre effet de la méditation, et qui prévaut en ce temps, est le flot d'écrits, soi-disant inspirés, qui surgissent de toutes parts... Ils émanent de différentes sources intérieures ; ils indiquent une suave aspiration; ils ne disent rien de nouveau, mais ils répètent des choses souvent dites auparavant; ils sont remplis d'affirmations et de citations qui les relient aux écrits mystiques ou à l'enseignement chrétien. Ils peuvent contenir des prophéties quant aux événements futurs (généralement sinistres, terribles et rarement d'un caractère heureux).

Comment distinguer entre les écrits véritablement inspirés, émanant du connaisseur et cette masse de littérature inondant le public en ce moment?

... Tout écrit véritablement inspiré est totalement dénué de références personnelles; il fera entendre une note d'amour; il sera dégagé des haines et des limitations raciales; il communiquera des enseignements définis et aura un ton d'autorité en raison de son appel à l'intuition; il répondra à la loi de correspondance et s'insérera dans le tableau du monde; surtout, il portera l'empreinte de la Sagesse Divine et conduira la race un peu plus loin.

Les véritables serviteurs de l'humanité et ceux qui sont entrés en contact avec le monde de l'âme, par la méditation, n'ont pas de temps à perdre en platitudes... peu leur importe la bonne opinion de quiconque, incarné ou désincarné; ils n'attendent d'approbation que de leur âme et leur intérêt vital est dans le travail de pionnier. Ils ne feront rien qui entretienne la haine, la séparativité ou la peur. Ils aviveront la flamme de l'amour, partout où ils iront; ils enseigneront la fraternité dans sa véritable inclusivité et non pas un système de fraternité réservé au petit nombre et laissant dehors tout le reste.

Ils reconnaîtront tous les hommes comme des Fils de Dieu.... ils ne considéreront pas qu'une race soit meilleure qu'une autre, mais reconnaissent le plan de l'évolution et le travail que chaque race doit accomplir. Bref, ils s'emploieront à construire le caractère des hommes et ne perdront pas leur temps à démolir des personnalités ou à s'occuper d'effets et de résultats. Ils travaillent dans le monde des causes et ils énoncent des principes.

(Idem, pp. 158-61)

Problèmes de Stimulation Trop Intense

Les élèves se plaignent fréquemment d'une stimulation intense et d'un accroissement d'énergie dont il ne savent que faire. Ils nous disent qu'au cours de la méditation ils sont tentés de pleurer, qu'ils sont agités; Ils ont des périodes d'activité excessive pendant lesquelles ils vont, viennent, servant, parlant, écrivant, travaillant... d'autres se plaignent de douleurs de tête, de migraines succédant immédiatement à leur méditation, ou encore d'une vibration gênante, dans le front ou dans la gorge: ils ne peuvent plus dormir comme auparavant.

Ils sont en fait trop stimulés. Ce sont là des troubles propres au néophyte; il faut les traiter correctement et ils disparaîtront rapidement, mais si on les ignore, ils peuvent amener des complications sérieuses. A ce stade, l'étudiant sincère et intéressé est lui-même une difficulté, car il est si anxieux de se rendre maître de la technique de la méditation qu'il ignore les règles ... en dépit de ce que le maître peut lui dire et des avertissements qu'il reçoit.

Au lieu de s'en tenir à la formule des quinze minutes... il médite trente minutes, au lieu d'employer le plan qui est préparé de manière à se réaliser en un quart d'heure environ, il s'efforce de maintenir la concentration aussi longtemps que possible, oubliant qu'à ce stade de son développement, il est en train d'apprendre à se concentrer et non à méditer. Ainsi, il souffre de dépression nerveuse ou d'insomnie; son maître en est rendu responsable et la science est considérée comme dangereuse; cependant, lui seul est blâmable. Quand ces troubles préliminaires se produisent, le travail doit être arrêté temporairement ou ralenti.

Chez les types mentaux, ou dans le cas de ceux qui ont déjà quelque facilité à «concentrer la conscience» dans la tête, ce sont les cellules cérébrales qui sont stimulées, ceci conduisant aux maux de tête, à l'insomnie, à un sentiment de plénitude, ou provoquant une vibration entre les yeux ou au sommet de la tête. Quelquefois, il y a l'impression d'une lumière éblouissante, semblable à un éclair brusque perçu les yeux fermés, dans l'obscurité comme à la lumière.

Lorsque c'est le cas, la période de méditation devra être réduite à cinq minutes, ou la méditation se fera en alternant tous les jours, jusqu'à ce que les cellules cérébrales se soient ajustées au nouveau rythme et à l'accroissement de stimulation. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter si l'on emploie un jugement sage.

Chez les individus émotifs, le trouble est d'abord perçu dans la région du plexus solaire. L'élève se trouve disposé à l'irritation, à l'anxiété, au tourment et (particulièrement dans le cas des femmes) il y a une propension aux larmes. Parfois, il y a une tendance aux nausées car il y a une relation entre la nature émotive et l'estomac, comme le prouvent les vomissements après les chocs, les peurs, les émotions intenses. Les mêmes règles que précédemment sont applicables: bon sens, exercice ralenti et prudent du processus de la méditation.

Trop Grande Sensibilité

Un autre résultat de la stimulation peut être mentionné: les gens se découvrent exagérément sensitifs. Les sens travaillent avec excès et leurs réactions sont plus vives. Il «prennent sur eux» les état physiques et psychiques de ceux avec lesquels ils vivent; ils se trouvent «ouverts» aux pensées, aux dispositions des autres.

La cure est dans ce cas n'est pas de raccourcir la durée de la méditation (elle devra être continuée selon le programme), mais de s'intéresser à la vie d'une façon plus intellectuelle, de s'occuper du monde mental ou de tout sujet tendant à développer l'aptitude mentale... Une attention concentrée sur la vie et ses problèmes, une puissante occupation intellectuelle effectueront la cure. Un développement général est toujours nécessaire et un intellect cultivé devrait toujours accompagner la croissance spirituelle.

(Idem, pp. 162-64)

La Stimulation Sexuelle

Beaucoup de gens, et en particulier les hommes, découvrent que leur nature animale a besoin d'attention lorsqu'ils commencent à méditer. Ils découvrent en eux-mêmes des désirs incontrôlés, et, de plus, des effets psychologiques qui leur causent des troubles aigus et du découragement. Une personne peut avoir une haute aspiration et une tendance accentuée vers la vie spirituelle et, cependant, avoir encore des aspects de sa nature incontrôlés.

L'énergie qui se déverse au cours de la méditation passe à travers tout le mécanisme et stimule le système sexuel entier. Le point faible est toujours découvert et stimulé. Le remède à cette situation peut se résumer ainsi : contrôle de la pensée (de la vie mentale) et transmutation.

L'enseignement oriental nous dit que l'énergie généralement employée au fonctionnement de la vie sexuelle doit être dirigée vers la tête et la gorge, cette dernière en particulier, car elle est, dit-on, le centre du travail créateur. Pour exprimer ceci en termes occidentaux, cela signifie que nous devons apprendre à transmuer l'énergie dans la procréation ou les pensées sexuelles et l'employer à quelque travail littéraire, artistique ou dans une expression quelconque d'activité de groupe.

La transmutation n'est sûrement pas la mort d'une activité ou la cessation d'une fonction sur le plan de conscience, au profit d'un plan supérieur. C'est l'utilisation appropriée des divers aspects de l'énergie là où le Soi sent qu'ils devraient être employés en vue de la réalisation des fins de l'évolution.

L'aspirant à la vie spirituelle se conforme, non seulement aux lois du royaume spirituel, mais aussi aux coutumes de son époque. Par conséquent, il régularise son existence physique afin que l'homme de la rue reconnaisse la moralité et la rectitude de sa présentation au monde. Au foyer, cela sera basé sur une véritable et heureuse relation entre homme et femme, sur une confiance mutuelle, sur une coopération et une compréhension réciproque, une relation dans laquelle les principes de la vie spirituelle sont appliqués ; c'est là une des aides les plus puissantes qui puissent être apportée au monde, actuellement.

(Idem, pp. 165-66)

Méditation sur les Centres

Il est bon aussi de faire allusion aux dangers courus par un grand nombre de personnes qui répondent aux appels de maîtres enseignant une technique particulière du développement spirituel. On leur apprend à méditer sur certains centres, généralement le plexus solaire, quelquefois le cœur, et assez curieusement, jamais la tête.

La méditation sur un centre est basé sur le principe suivant lequel l'énergie suit la pensée; elle aboutit à la stimulation directe de ce centre et à la démonstration des caractéristiques particulières dont ces centres, dispersés dans tout le corps, sont responsables. Comme la majorité des gens fonctionnent principalement grâce aux énergies rassemblées au-dessous du diaphragme (les énergies sexuelles et émotives) leur stimulation est dangereuse.

En raison de ceci, pourquoi courir le risque? Pourquoi ne pas apprendre à vivre, en tant qu'homme spirituel, du point décrit par les Orientaux «Le Trône entre les sourcils» et de là, dominer les aspects de la nature inférieure et guider la vie de chaque jour dans les voies de Dieu?

(Idem, p. 166)

La Nécessité de Bon Sens

Les dangers de la méditation sont largement les dangers de nos vertus et en cela réside beaucoup la difficulté. Elles sont en grande partie les dangers d'un concept affiné qui dépasse la capacité des véhicules inférieurs, spécialement du physique dense. Il est bon de mettre en évidence la nécessité absolue pour l'étudiant occulte, de posséder un énergique bon sens comme qualité fondamentale, associée avec un sens heureux des proportions, qui mène à une juste prudence et à une approximation de la méthode nécessaire au besoin immédiat. Il est recommandé, à tout homme qui entreprend de tout cœur le processus de la méditation occulte:

  1. Connais-toi, toi-même.
  2. Procède lentement et avec prudence.
  3. Etudie les effets.
  4. Cultive la perception que l'éternité est longue et que ce qui est lentement édifié demeure à jamais.
  5. Aspire à la régularité.
  6. Comprends toujours que les véritables effets spirituels sont reconnus dans la vie exotérique de service.
  7. Souviens-toi également que les phénomènes psychiques n'indiquent pas un succès découlant de la méditation.

Le monde verra les effets et sera un meilleur juge que l'étudiant lui-même. Par dessus tout, le Maître saura, car les résultats sur les niveaux causals Lui apparaîtront longtemps avant que l'homme lui-même ne soit conscient du moindre progrès.

(Lettres sur la Méditation Occulte, pp. 107-8)