Allocution Fêtes du Scorpion

Chers amis, bienvenus. Et un bienvenu particulier à toutes et tous ceux qui nous rejoignent par Internet. Le mois dernier, à notre méditation de la Pleine Lune, nous avons déjà eu le plaisir de pouvoir accueillir 19 participants via Internet élargissant ainsi considérablement ce travail de service. Nous sommes aujourd’hui réunis pour célébrer la Pleine Lune du Scorpion. La Lune, elle-même, n’exerce aucune influence sur le travail, mais son orbite complètement illuminée indique un alignement libre et sans obstacle entre notre planète et le Soleil qui est la source de toute énergie physique, égoïque et spirituelle. Ainsi, ce sont des moments particuliers qui nous offrent l’opportunité de prendre conscience et de comprendre les épreuves et les qualités propres et essentielles qui se développent dans ce signe. La devise du Scorpion est : « Je suis le guerrier et je sors triomphant de la bataille ». Gardons un moment de silence en nous unissant subjectivement avec toutes les personnes et les groupes qui, comme nous, célèbrent cette fête de pleine lune afin de s’aligner et d’être récepteurs des énergies de cette constellation et ainsi, de collaborer à la construction du canal de lumière entre la Hiérarchie et l’Humanité.

Disons ensemble l’Affirmation du Disciple :

Je suis une étincelle dans une grande lumière.
Je suis un filet d’énergie aimante dans le fleuve de l’amour divin.
Je suis, centrée dans l’ardente volonté de Dieu,
Une étincelle de la flamme du sacrifice.
Et ainsi je demeure.

Je suis une voie de réalisation pour les hommes.
Je suis une source de force qui les soutient.
Je suis un rayon de lumière éclairant leur chemin.
Et ainsi je demeure.

Et, demeurant ainsi, je reviens
Et foule le sentier des hommes
Et je connais les voies de Dieu.
Et ainsi je demeure.

OM

Le Scorpion est cette grande constellation qui exerce une influence particulière à la fois dans la vie de l'humanité dans son ensemble et dans la vie de l'être humain. Chaque étape et chaque aspect de croissance est l'objet de tests ou épreuves. Le disciple, serviteur du monde est celui qui a réussi à transcender les limites émotionnelles et mentales de la personnalité grâce à un travail de service qui n’est rien d’autre que la coopération avec la lumière et l'amour de l'âme. La qualité unique de l'énergie du Scorpion aide des individus, comme l'humanité tout entière, à se mettre soi-même à l’épreuve et par tâtonnements arriver à une maturité de compréhension planétaire et de développement spirituel. Persistance, fiabilité et interdépendance au service du plus grand ensemble sont stimulées.

Aujourd'hui, l'humanité dans sa totalité est impliquée dans ce triple processus des épreuves de sa personnalité. Nous nous trouvons à un moment décisif de l'histoire où la race humaine peut ensemble aller de l'avant pour devenir l'humanité en tant que disciple mondial. Ainsi, nous voyons les épreuves de la condition physique, émotionnelle et mentale des êtres humains s’exprimant clairement dans les affaires mondiales. Pour sortir triomphant de ce conflit, dans ce moment de crise, l'humanité aura besoin de faire appel à toutes les ressources spirituelles disponibles. Par la souffrance, au travers des épreuves et des tâtonnements, nous pouvons émerger comme le disciple triomphant, purifié et renforcé dans son caractère, dans la qualité de sa vie émotionnelle et dans les valeurs que nous choisissons d'accepter comme norme d’une vie bonne pour tous les peuples. L’auto-indulgence, l'égoïsme, des goûts et dégoûts de la personnalité peuvent céder la place à l'amour et à la ténacité de la nature de l'âme.

Comme la plupart d'entre vous le savent, le Festival de Wesak – qui se produit à la pleine lune du Taureau – est considéré comme le point supérieur de l'année spirituelle. Celui-ci a lieu au moment de l'intermède supérieur. Voilà le moment de l'année où l'humanité est le plus capable de se connecter ou se relier avec les royaumes abstraits et les énergies les plus élevées qui se déversent dans le monde. C’est le moment de la plus grande inspiration du cycle annuel. D'un autre point de vue ce signe du Scorpion – qui se démarque comme l’opposée polaire du Taureau – est tout aussi important dans le cycle annuel même s'il peut-être une énergie encore plus difficile avec laquelle travailler. Mais nous savons que des choses qui sont difficiles valent bien souvent la peine. C'est bien le cas pour les défis que ces forces extérieures pourraient présenter à notre capacité de saisir et de travailler avec les énergies de cet intermède inférieur. Cet intermède est lié au service dont l'objectif est de faire passer et concrétiser les énergies qui ont été contactées au Wesak. Mais, comme déjà mentionné, la concrétisation est difficile. Il est plus facile de travailler dans l’intermède supérieur parce que nous, chercheurs spirituels, sommes habitués avec l’abstraction de notre conscience à aller vers l'intérieur, et d'atteindre le plus haut. Mais dans le Scorpion Hercule doit se battre avec un monstre, une bête répugnante qui se réjouit dans un marais empoisonné, dans la boue et la saleté.

Pour ceux parmi nous qui, comme moi, ne sont pas trop instruits dans la mythologie, rappelons-nous un peu ce beau mythe plein d’enseignements pour l’humanité d’aujourd’hui, la huitième porte ou le huitième travail d’Hercule : son combat avec l’hydre monstrueuse à neuf têtes dont une est immortelle. L’Instructeur ne peut lui donner qu’un conseil: « Nous nous élevons en nous agenouillant; nous conquérons en nous rendant ; nous gagnons en cédant. Va, ô fils de Dieu et fils d'homme, et conquiers ».

Après qu’Hercule eu provoqué la bête, l'hydre apparut, ses neuf têtes crachant des flammes. Le monstre était une chose horrible à voir, qui semblait avoir été faite de toutes les pensées les plus ignobles conçues depuis le commencement des temps. Hercule la frappa d'un coup si formidable qu'une de ses têtes fut immédiatement tranchée ; mais cette horrible tête était à peine tombée dans la fondrière que deux autres repoussaient à sa place. A maintes reprises, Hercule attaqua le monstre déchaîné qui, au lieu de s'affaiblir, devenait plus fort à chaque assaut. Alors Hercule se souvint des paroles de son Instructeur : « Nous nous élevons en nous agenouillant ». Hercule s'agenouilla, saisit l'hydre de ses mains nues et l'éleva en l'air. Tenue dans les airs, sa force diminua. Le monstre, puisant sa force dans l'obscurité et dans la vase, perdit bientôt de son pouvoir quand les rayons du soleil et l'effleurement du vent l'atteignirent.

La tâche assignée à Hercule avait neuf aspects. Chaque tête de l'hydre représente un des problèmes qui assaillent la personne courageuse qui cherche à atteindre la maîtrise d'elle-même. Trois de ces têtes symbolisent les appétits associés au sexe, au bien-être physique et à l'argent. Les trois suivantes concernent la peur, la haine et la soif du pouvoir. Les trois dernières têtes représentent les vices du mental non illuminé : orgueil, séparativité et cruauté.

Les années soixante et soixante-dix ont vu se succéder plusieurs révolutions, notamment la révolution sexuelle, qui a brisé de nombreux tabous. Aujourd’hui pour nous vendre une voiture, du dentifrice ou une chanson, les clips et la publicité rivalisent d'images sexuelles avec un degré d'érotisation inimaginable il y a encore quarante ans. Le Tibétain nous incite à plusieurs reprises à transformer – sans l’inhiber – cette énergie sexuelle vers un plan supérieur, celui de la création. La sublimation implique l'emploi de l'énergie sexuelle vers un effort créateur. C’est une tâche que l’humanité – et l’humanité seule – doit accomplir.

Le sentiment d'insatisfaction constante pousse l'homme vers des sommets toujours plus hauts d'accomplissement sur un plan physique aussi bien que spirituel. Ceci est un bon moteur de développement pour des pays dits émergeants. Mais le bien-être physique est souvent un frein à une telle aspiration. Entravé par les possessions et anesthésié par la sensation trompeuse du confort, l'esprit s'affaiblit. Le prisonnier du bien-être s'enfonce dans l'apathie, oublie les luttes et les épreuves qui trempent la lame effilée de l'aspiration spirituelle.

Accumuler de l'argent est une passion dominante qui est à la base des activités des individus et des nations. Les valeurs éthiques et humaines sont négligées dans la folle entreprise d'amasser de l’argent qui confère le pouvoir. Les choix sont inévitablement déterminés par des considérations financières plutôt que par des convictions spirituelles ou des principes éthiques. Le besoin d'accumuler des richesses est insatiable. Peu importe ce qu'une personne possède, elle en désire encore davantage. L’écart entre riches et pauvres se creuse d’avantage depuis plusieurs décennies ! Oxfam, une organisation caritative britannique, a prédit : "qu’en 2016 les un pour cent les plus riches du monde détiendront plus de la moitié de la richesse mondiale". A l'occasion du Forum de la Bonne Volonté Mondiale qui se déroulera à Genève le 14 novembre prochain, nous développerons quelques pistes qui pourraient aider à trouver une alternative pour un monde plus équilibré basé sur le partage et la coopération.

La peur joue encore un rôle trop important dans beaucoup d’aspects de notre vie quotidienne. Lorsque Franklin Delano Roosevelt a formulé les "Quatre Libertés, la quatrième concernait la libération de la peur. Citons ici ses propres termes : "La quatrième consiste à être libéré de la peur — ce qui, sur le plan mondial, signifie une réduction des armements si poussée et si vaste, à l'échelle planétaire, qu'aucune nation ne se trouve en mesure de commettre un acte d'agression physique contre un voisin — n'importe où dans le monde". L’institut SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute ) estime le montant des ventes d’armes en 2004 à 50 milliards de dollars et ce montant serait actuellement de 1,3 trillions de dollars (2,7% du PIB mondial). Sur ce thème, la Bonne Volonté Mondiale a justement publié une brochure « Le Défi de l’Unité Mondiale », que vous trouverez ici sur la table ou que vous pouvez recevoir sur simple demande. Ces peurs peuvent-elles être éliminées ? L'expérience d'Hercule suggère qu'elles peuvent être surmontées en élevant la conscience à un point supérieur d'intégration. Quand la vie d'un être est focalisée sur un dessein plus élevé, les ombres menaçantes de la peur sont repoussées vers la périphérie de la pensée. Albert Einstein l’a formulé ainsi : « On ne peut pas résoudre un problème avec le même type de pensée que celle qui l'a créé ».

La haine a ses racines dans la négation. Dans les Travaux d’Hercule Alice Bailey écrit : « Elle est l'opposé du désir d'union et, élevée à une dimension supérieure, elle est transmuée en répudiation de tout ce qui est irréel. Quand la haine est dépouillée de tout contenu émotionnel, elle peut devenir une énergie propre à entraîner un homme à rejeter la forme pour l'amour de la vie qui anime celle-ci. Sur l'arc inférieur, la haine est assurément destructrice ; sur l'arc supérieur, et quand elle est complètement purifiée, elle peut être considérée comme la contrepartie de l'amour ».

La soif du pouvoir, que ce soit dans le foot, les affaires ou la politique, est encore très présente dans le monde d’aujourd’hui. Pendant les derniers siècles, l'homme a libéré l'énergie du pouvoir bien plus que celle de l'amour et il en est résulté le déséquilibre que nous voyons hélas trop souvent dans presque tous les domaines de la vie. Quand il n'est pas apparenté à l'amour, le pouvoir est une force qui corrompt. Les idéaux élevés qui, pendant des siècles, ont joué le rôle de phare – fraternité, coopération, idéalisme – ne rayonnent que faiblement tant que le pouvoir est le facteur déterminant dans la société. Néanmoins, quand la volonté de pouvoir est transmuée, elle devient la volonté d'accomplir et la volonté de sacrifice.

La septième tête de l’hydre est l'orgueil. Celui qui est sous l’emprise de l’orgueil est lié par les lourdes chaînes des pensées par lesquelles il s'exalte lui-même et regarde les autres êtres humains avec condescendance.
Par contre, Hercule tombe à genoux alors qu'il lutte contre l'hydre, symbolisant par cette position l'esprit d'humilité qu'il faut atteindre. L'exaltation des penchants de la personnalité doit être remplacée par l'expression de la tendance au sacrifice de soi.

Même si nous vivons aujourd’hui dans un monde dominé par l’Internet, qui semble nous relier l’un à l’autre, la séparativité dans sa forme de compétition est encore très présente. Notre monde très rationnel est bousculé – du moins ici en Europe – par le flot d’immigrants qui frappent à nos portes. Le mental analytique divise et subdivise, appréciant plus la partie que le tout. Il est porté davantage à accentuer la diversité qu'à se pencher sur le fait dominant de l'unité. L'attitude séparative rend plus consciente les différences entre les êtres humaines que leurs ressemblances. La terre est vue comme une série de nations diverses plutôt que comme un monde unique.

Il fallait qu'Hercule voie l'hydre comme un seul monstre et non comme une bête ayant neuf têtes différentes. Tant qu'il chercha à couper les têtes une à une, il échoua. Quand il les traita finalement comme une unité, il remporta la victoire.

La satisfaction que les hommes éprouvent à faire du mal aux autres – la cruauté – est un témoignage de l'existence de tendances malignes qui corrodent le mental. Le plaisir éprouvé à faire souffrir ses semblables est une maladie. Dans son récent film « Human » Yann Arthus Bertrand s’interroge, se demande comment un jeune vétéran de l’armée américaine peut avoir un « kick », une dépendance ou cette quasi-soif de tuer.

Dans un tout autre contexte, ici par des affichages dans les transports publiques Genevois, nous sommes régulièrement sensibilisés à la problématique des violences domestiques – souvent cachées, mais présentes quand-même.
Pouvons-nous comprendre – comme l’avait fait Hercule – que c'est seulement lorsque ce monstre de cruauté est soulevé dans l'air et dans la lumière de la raison et de la compréhension qu'il perd son pouvoir.

Hercule a accompli sa mission, la huitième. Puissions-nous, individuellement et en tant qu’humanité, suivre son exemple. Avec ses pensées d’introduction, méditons maintenant ensemble sur la note clé du Scorpion :
« Je suis le guerrier et je sors triomphant de la bataille »