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L’ÉPOQUE ACTUELLE ET L’AVENIR - Partie 2

Si vous vous souvenez de ces précautions, la vibration de la peur peut être envisagée et finalement éliminée. Les travailleurs sont sujets à deux sortes de peur : la peur de ce que réserve l'avenir et le doute au sujet du résultat des efforts. Chez beaucoup de gens, les deux se combinent. La plupart des aspirants ne doutent pas des résultats finals, mais ils doutent des résultats qu'ils peuvent obtenir au moment présent et ils reculent devant le sentier de l'effort sachant, à juste titre, qu'il conduit par l'épreuve et la solitude aux pieds du Hiérophante. Ils sont en outre troublés par des phénomènes de haute vibration qui semblent émaner de hautes sources spirituelles. Les fortes vibrations deviendront toujours plus fréquentes avec l'évolution de l'homme et leurs réactions doivent être traitées avec sagesse.

Deux faits surviennent quand la vibration spirituelle est très puissante. Les bonnes aspirations et les hautes vibrations synchrones sont stimulées, et ce que nous appelons "mal" est aussi stimulé. Il faut s'en souvenir. Il peut y avoir un facteur du mal qui se manifeste par une vague de crimes ; en même temps il y aura un [348] nombre croissant de groupes visant à l'effort spirituel et aux aspirations élevées. Chez l'aspirant, l'effet de la vibration peut se manifester de manières diverses. Il peut produire la fatigue physique qu'il faut traiter moins par le sommeil et le repos (bien qu'ils soient nécessaires), que par un changement de vibrations, de récréation et de divertissement. L'effet d'une forte vibration peut aussi être une profonde dépression, un complet découragement devant l'avenir. Je vous dis : n'ayez pas peur de l'avenir et souvenez-vous que l'avenir n'est pas révélé, mais que "la joie vient au matin". Quelquefois la sensibilité du corps astral est difficile à supporter et il faut traiter cette condition le mieux possible en se souvenant des suggestions que j'ai données. Il peut y avoir aussi une stimulation continue des atomes dans les divers véhicules et dans leur vibration cohérente et stabilisée. Ce phénomène aide à s'élever plus près du but, même si l'aspirant ne s'en rend pas compte.

Tout dépend de la capacité de l'élève de saisir le sens profond de tous les événements. Le progrès sur le Sentier dépend de la capacité de s'assimiler l'enseignement. Ce n'est que lorsque les leçons, apprises sur le plan intérieur, sont appliquées, qu'elles font partie de notre propre expérience et cessent d'être théoriques. L'expansion de la conscience doit toujours être une expérience vécue. Les théories n'ont pas de valeur tant que nous ne les avons pas transformées en faits. C'est pourquoi il est important de méditer sur un idéal. Pendant la méditation, en effet, nos pensées vibrent à l'unisson avec nos concepts et, avec le temps, les vibrations deviennent permanentes.

Ceux qui, les yeux bien ouverts, commencent l'entraînement occulte, doivent en calculer le prix. La récompense est grande, mais le Sentier est rude et le véritable occultiste le parcourt dans la solitude. Être capable de marcher seul, d'assumer ses responsabilités, [349] de ne pas compter sur autrui et d'affronter le mal pour le bien qui peut en découler, est la marque du Frère Blanc. Soyez donc préparés à la solitude, aux dangers de caractère obscur et incertain, et soyez prêts à passer votre vie sans récompense pour la personnalité. Quand l'expansion de la conscience permet de découvrir sa propre place dans le tout cosmique, la récompense devient visible. Cessez donc d'avoir peur. Souvenez-vous que la personnalité est seulement temporaire et que ses souffrances ont une importance relative. Le bien accompli en faveur de la Fraternité Universelle, la compréhension des lois et leur application dans la vie quotidienne peuvent faire dire au Maître (finalement, quand tout est accompli) quelques mots d'approbation. Regardez droit devant vous, ni à droite ni à gauche. Le Sentier conduit vers une plus rapide vibration et une sensibilité plus affinée. Cherchez un point d'équilibre dans votre travail et gardez-le, car il vous sera beaucoup demandé : beaucoup d'efforts, beaucoup de souffrance.

Êtes-vous assez forts pour voir la misère du monde, pour assister aux désastres et demeurer dans la joie ? Pouvez-vous collaborer au travail de l'évolution de l'humanité et voir la nécessité d'un bouleversement, sans intervenir pour arrêter ce qui bouleverse le monde ? Des âmes choisies et éprouvées sont appelées à travailler dans le monde actuellement. Les Maîtres sont surchargés de travail ; malgré cela, ils donnent tout ce qu'ils peuvent aux aspirants ; c'est de ces derniers que dépend l'utilisation de ce qui leur est donné.

Ceux d'entre nous qui veillent et guident du côté intérieur de la vie réalisent, peut-être mieux que vous ne le pensez, quels sont votre fardeau et vos épreuves ; nous connaissons vos infirmités et peut-être serons-nous capables un jour d'aider à construire des corps vigoureux propres au service du monde. Les miasmes de [350] l'astral sont tels qu'il vous est presque impossible d'être en bonne santé. Le karma du monde ne le permet pas. La corruption astrale et les exhalaisons malsaines des plus bas niveaux du plan astral infectent tout ; heureux celui qui y échappe. Nous veillons sur vous avec tendresse, vous qui, avec des corps faibles et sensibles, luttez, travaillez, combattez, échouez parfois, mais continuez et servez. Pas une heure de service rendu dans la douleur et la tension ; pas un jour de travail avec les nerfs tendus, la tête fatiguée, le cœur en proie à l'agitation, ne passent inaperçus. Nous le savons et le comprenons ; toutefois, nous ne pouvons faire ce qu'il vous appartient de faire dans le monde. Le karma mondial vous engloutit tous à cette époque. Si seulement vous pouviez réaliser la brièveté du temps et vous rendre compte que la joie et la paix sont proches.

La victoire à demi gagnée, les jours vécus avec un certain succès, mais sans avoir atteint l'idéal, les minutes d'épuisement physique et moral quand le vide de toute chose, même du service, semble la seule réalité, les semaines et les mois de tentatives, d'efforts et de luttes contre des difficultés apparemment insurmontables, contre le pouvoir de forces que vous ignorez, contre les forces qui s'opposent à l'évolution, contre l'ignorance, tout cela nous le savons. Prenez courage grâce à la certitude que l'amour régit toute chose et que la Hiérarchie demeure.

Ceux qui ont la tâche de donner au monde un enseignement sur les Maîtres, et qui sont entraînés pour être des centres de contact, sont soumis à une discipline très sévère et ils apprennent par une dure expérience ; ils apprennent à n'attacher aucune importance à être reconnus, à ne pas juger sur les apparences, mais par la vision intérieure. La capacité de comprendre le but du Maître et d'aimer son prochain est considérée comme de la plus grande importance. L'aspirant qui désire être choisi par un Maître pour un certain travail doit renoncer à tout désir du soi séparé et être prêt à payer chèrement la connaissance. S'il faut donner la preuve [351] de l'existence du monde subjectif de la réalité, cette preuve doit être payée avec le sang, car seulement dans le "sang du cœur" s'acquiert le pouvoir qui pourra être exercé avec innocuité et sagesse. À mesure que vous étudierez les lois de la nature, vous comprendrez la nécessité de payer ce prix. Le développement spirituel du caractère du disciple doit être au niveau de sa connaissance intérieure. Cette connaissance s'accroît de trois manières :

1. Par des expansions de conscience qui ouvrent au disciple la vision des buts à atteindre. Il comprend ce qu'il lui reste à saisir et c'est le premier pas pour l'acquérir. Il est pris sur les plans intérieurs et un chéla plus avancé lui montre le travail à accomplir, un peu comme un maître montre à l'élève comment apprendre.

2. Le prochain pas consiste à maîtriser la leçon et à appliquer dans la méditation et l'expérimentation les vérités pressenties. C'est un long processus, car tout doit être assimilé jusqu'à devenir partie intégrante de l'aspirant lui-même avant même qu'il ne puisse poursuivre. Le travail ressemble à celui d'une addition, chiffre par chiffre, ligne par ligne avant d'arriver au résultat exact. Ce travail se fait tant sur le plan extérieur que sur le plan intérieur. Dans la Salle de l'Enseignement, l'aspirant est instruit de nuit pendant quelque temps avant de procéder à certains travaux de service. Ces enseignements sont apportés dans sa conscience, dans le cerveau physique, sous forme d'un intérêt profond pour certains sujets, d'augmentation de la capacité de penser, concrètement et abstraitement, sur différents arguments occultes qui retiennent son attention. Il tente d'expérimenter et essaie diverses méthodes d'étude des lois pour arriver, avec le temps, à des résultats valables pour lui. À mesure que sa connaissance augmente et prend une forme [352] synthétique, il est prêt à enseigner à autrui le résultat des connaissances dont il est sûr.

3. Enseigner à autrui apporte plus de connaissance. La définition de la vérité, au cours de l'enseignement, fixe les faits appris et, dans le jeu d'autres pensées, la vibration du mental de l'aspirant s'élève à des plans supérieurs ; ainsi, de nouvelles intuitions, de nouvelles vérités affluent dans son cerveau.

Quand une leçon a été bien assimilée, une autre est donnée et ainsi de suite jusqu'à ce que l'aspirant ait appris toute une série de leçons ; il est alors admis à l'initiation. Tout le groupe qu'il enseigne profite de ce pas en avant, car chaque disciple entraîne avec lui ceux qu'il instruit. De manière indéfinissable, le bénéfice de l'un réagit sur l'ensemble. Un Maître entraîne son disciple à sa suite de la même manière. La question est abstruse et touche aux secrets de la loi de l'Expansion vibratoire. L'initiation du Logos a un effet universel.

Le Sentier de Probation correspond aux derniers stades de la période de gestation. À la première initiation, celui que le Nouveau Testament appelle "le nouveau-né en Christ" commence son pèlerinage sur le Sentier. La première initiation indique un commencement. Quand une certaine mesure de vie juste, de pensée juste et de conduite juste est atteinte, la forme que le Christ viendra occuper est prête pour être vivifiée et habitée. C'est la vie christique qui rend la forme vivante. Là est la différence entre la théorie et le fait de rendre cette théorie partie de soi-même. Par exemple, on peut avoir une belle image, mais il lui manque la vie. Ainsi une personne peut avoir modelé sa vie sur le divin autant qu'il lui est possible ; la copie est bonne, mais il lui manque quelque chose. Qu'est-ce donc ? La manifestation du Christ immanent. Le germe était là, mais à l'état latent ; quand il est nourri et porté à naître, on atteint la première initiation. Il reste ensuite beaucoup à faire. L'analogie est complète. Beaucoup d'années passèrent [353] dans la vie du disciple Jésus entre sa naissance et son baptême. Il prit les trois dernières initiations en trois ans. La même situation se vérifie sur le sentier de l'aspirant.

La deuxième initiation indique la crise de la maîtrise sur le corps astral. Après le baptême, il reste trois tentations dont la victoire représente la complète domination sur les trois véhicules inférieurs. Puis vient la Transfiguration suivie par la connaissance de l'avenir et la complète abnégation. Il y a donc les trois moments suivants :

1. Le moment de la conception, c'est-à-dire l'individualisation

2. Les neuf mois de gestation, c'est-à-dire la roue de la vie.

3. La première initiation qui est l'heure de la naissance.

Sur le Sentier, on passe donc d'une expansion de conscience à une autre avec une intensification des vibrations, ce qui s'exprime tout d'abord par la sensibilité à la voix intérieure ; c'est l'une des facultés les plus nécessaires au disciple. Les Grands Êtres cherchent toujours ceux qui peuvent obéir rapidement à la voix de leur âme. Les temps sont critiques, aussi tous les aspirants sont engagés à se rendre toujours plus sensibles à la voix de leur Maître. Son temps est très rempli et les disciples doivent s'entraîner à percevoir l'impression qu'Il cherche à produire sur eux. Son aide se limite souvent à un simple signe, à une indication fugace, une suggestion rapide ; aussi chaque disciple doit être aux aguets. La pression exercée sur les Maîtres est si forte actuellement qu'Ils se rapprochent de la terre. Un plus grand nombre d'âmes ont conscience qu'Ils n'agissent plus seulement sur le plan mental, mais qu'Ils agissent sur des plans plus denses où ils trouvent des conditions plus difficiles. Les dévas et les disciples, les aspirants et ceux qui sont sur le sentier de probation sont rassemblés autour d'eux et organisés en groupes, chacun d'eux chargé d'un travail particulier. [354] Certaines âmes ne peuvent travailler qu'en formation de groupes unis par une aspiration commune. C'est le cas de la majorité des chrétiens, par exemple, dans les églises. Ignorant les lois de l'occultisme et ayant seulement un sentiment vague de la vérité intérieure, ils travaillent selon de grandes lignes de préparation ; ils sont aidés par des groupes de dévas mineurs qui les inspirent et les guident.

D'autres âmes, plus avancées, travaillent en groupes plus restreints, et ont la capacité d'idéaliser ; ce sont les penseurs, ceux qui s'occupent des réformes sociales, de la régénération des hommes, ceux qui sont à la tête de l'Église, chrétienne ou orientale. Des dévas majeurs les guident, les dévas bleus et jaunes, tandis que les dévas mineurs sont bleus et roses.

Les aspirants, ceux qui sont sur le sentier de probation, et les disciples travaillent seuls ou par groupes de deux ou trois, mais jamais en groupes supérieurs à neuf ; le sens occulte de ces nombres favorise le succès de leur travail. De grands dévas blancs ou or suivent leur travail.

En arrière de ces trois groupes se trouvent les Maîtres et les dévas des niveaux sans forme, Grande Fraternité vouée au service de l'humanité.

Ils donnent naissance à des mouvements pour transmuer, si possible, l'œuvre de destruction en activité constructive. Les temps sont critiques; il y a une pause dans le travail des destructeurs. L'occasion est propice à un changement, à la reconstruction du corps social. C'est pourquoi il est nécessaire que chacun d'entre vous renouvelle sa consécration au travail de rédemption. Les personnalités ne doivent plus avoir d'importance, les aspirants doivent cultiver l'innocuité de pensée, de parole et d'action. Ainsi chacun de vous offrira un canal pur, deviendra un avant-poste de la conscience du Maître et un centre d'énergie par lequel la Fraternité peut agir.

Le principal problème de l'aspirant est de dominer la nature [355] émotive ; il est alors victorieux sur le champ de Kurukshetra. Les nuages se sont dissipés, il peut marcher dans la lumière. Qu'il n'oublie toutefois pas que cette liberté de marcher dans la lumière apporte ses propres problèmes. Comment cela ? Voici une explication qui vous convaincra.

Quand un homme avance dans la lumière de son âme, la claire lumière qui se déverse sur lui, révélant le Sentier, lui révèle en même temps le Plan. Il se rend compte alors que l'accomplissement du Plan est encore fort loin. Les ténèbres sont plus apparentes ; le chaos, la misère et l'insuccès du travail des groupes sont perçus clairement de même que l'horreur des forces contrastantes. Toute la douleur du monde s'abat sur l'aspirant accablé, mais illuminé. Pourra- t-il soutenir la vision de la douleur du monde et, en même temps, éprouver de la joie dans la conscience divine ? Pourra-t-il regarder tout ce que la lumière révèle et continuer son chemin avec sérénité, sûr de l'ultime triomphe du bien ? Se laissera-t-il accabler par le mal apparent, oubliant le cœur d'amour qui bat derrière toutes les apparences ? Cette situation devrait toujours être présente à l'esprit du disciple, sinon il serait écrasé par ce qu'il aurait découvert.

Toutefois, avec la venue de la lumière, il prend conscience d'une forme d'énergie nouvelle pour lui. Il apprend à travailler dans un nouveau domaine fertile en opportunités. Le domaine du mental s'ouvre devant lui, et il découvre la différence entre le plan émotif et le plan mental. Il découvre aussi que le mental peut assumer la position de commandement et obtenir que les forces sensibles répondent aux énergies mentales. La "lumière de la raison" en est la cause, lumière toujours présente en l'homme, mais qui n'acquiert de vraie importance et de puissance que lorsqu'elle est reconnue, phénoménalement ou intuitivement. [356]

Beaucoup de faux enseignements circulent aujourd'hui au sujet du mental et de l'âme. Voici le résumé de l'enseignement d'une école que je ne nommerai pas :

La nature est cruelle et sélective. Elle agit selon la loi de survie du mieux adapté ; des millions de vies sont sacrifiées et beaucoup de formes naissent inutilement. Aussi l'accession à la vie de l'âme est-elle un événement rare. Peu de gens ont une âme et rares sont ceux qui possèdent l'immortalité et retournent à leur lieu de pouvoir pour n'en plus revenir. Ceux qui restent sont perdus, engloutis dans le processus général de la nature. Le règne humain, dans son ensemble, est une "perte sèche", à l'exception de quelques figures significatives dans le passé comme dans le présent. Elles sont arrivées par le sacrifice de beaucoup.

La réaction que pareil enseignement suscite chez les hommes en est la juste réplique. Le sentiment de l'immortalité, l'assurance d'un avenir éternel, la croyance innée en Dieu, la révélation de la lumière, la réalisation de la sagesse qui soutient, ne sont pas la prérogative d'un Sénèque, d'un Saint Paul, d'un Akbar. Elle se trouve (et parfois dans sa forme la plus pure) chez le plus humble paysan. Paroles de sagesse tombent des lèvres d'illettrés, et la connaissance de Dieu, la foi en l'immortalité de l'âme se trouvent souvent dans le cœur de gens très divers et même dans le cœur des plus grands pécheurs. Quand des individus, mentalement évolués, découvrent en eux la Flamme divine et éveillent le pouvoir du Guide suprême résidant au cœur de leur être, il leur arrive de croire qu'ils appartiennent à une catégorie supérieure et de considérer ceux qui n'ont pas leur compréhension mentale des différences dans l'évolution comme si éloignés d'eux qu'ils ne méritent même pas le nom de Fils de Dieu. Ils pensent que ceux qui ne travaillent pas avec l'énergie mentale n'ont pas d'âme et, par conséquent [357] qu'ils sont privés de la persistance éternelle en tant qu'individus. C'est seulement un mirage du mental qui fait partie de la grande hérésie de la séparativité. C'est aussi un signe avant-coureur de la période à venir dans laquelle le mental dominera et égarera autant que le fait actuellement le corps émotif.

Étudions donc les genres d'énergie mentale à l'aide desquels l'individu doit travailler et voyons comment parer à la grande hérésie de la séparativité et à l "erreur de la répudiation".

L'un des premiers points dont il faut se souvenir en étudiant ces genres d'énergie, c'est que leur tendance et leur action peuvent être mieux saisies par rapport à l'humanité que leurs effets dans l'utilisation individuelle de l'énergie mentale. Seul un petit nombre d'êtres humains emploient déjà ce genre d'énergie et comprend ce qu'il signifie. Graduellement, les hommes prendront possession de leur héritage intellectuel, mais à peine un sur dix mille utilise ce pouvoir du mental.

Toutefois, si nous regardons l'humanité dans son ensemble et si nous jetons un regard en arrière sur son développement, nous voyons comme l'énergie mentale a eu des effets précis et des résultats remarquables. L'emploi de deux facteurs différencie l'homme de l'animal, qu'il les emploie consciemment ou inconsciemment. Ces deux facultés sont latentes chez l'animal, et l'homme est le seul être dans les trois règnes capable d'en tirer parti consciemment. L'une de ces facultés est la douleur, l'autre le discernement. Par la douleur, suivie d'un processus d'analyse, d'aide de la mémoire et de visualisation, l'homme a appris ce qu'il faut éviter et ce qu'il faut cultiver. Cela joue dans la sphère des événements sur le plan physique et de l'expérience sensorielle. Par le discernement quant aux idées et aux courants de pensée, l'homme a appris [358] à décider sur quoi fonder ses activités dans toutes les affaires humaines, même s'il n'a qu'une compréhension imparfaite de la vraie nature des idées ; même l'application des vérités pressenties est imparfaite. Il est pourtant vrai que son choix est souvent peu sage, que les idées qui régissent la conduite des groupes ne sont pas des plus élevées, que l'opinion publique est déterminée par des intérêts personnels et égoïstes. Néanmoins, par la douleur et en apprenant à utiliser la faculté de choix dans le domaine des idées, l'homme avance régulièrement vers une liberté plus pleine et une plus pleine maîtrise de la terre qu'il est en droit d'hériter. À propos de ces deux facultés, l'Antique Commentaire dit des mots qui révèlent une grande beauté exprimée en langage symbolique. Il faut se souvenir, en y réfléchissant, que l'eau symbolise le corps astral et que le feu est le symbole du corps mental. Voici ce qu'il dit :

"Les eaux apaisantes rafraîchissent. Lentement elles soulagent, enlevant à la forme tout ce qui peut être touché. Le frisson de la fièvre brûlante du désir longtemps réprimé cède à la boisson fraîche. L'eau et la douleur s'annulent. L'action de la boisson rafraîchissante est longue.

Le feu ardent libère tout ce qui barre le passage à la vie. La félicité vient à la suite du feu comme le feu sur les eaux. L'eau et le feu se fondent et produisent la grande illusion. Ils produisent du brouillard, de la brume, de la vapeur et du bruit, voilant la Lumière, cachant la Vérité, empêchant la vue du Soleil.

Le feu brûle avec impétuosité. La douleur et les eaux disparaissent. Le froid, la chaleur, la lumière du jour, le rayonnement du soleil levant et la connaissance parfaite apparaissent. Tel est le sentier pour tous ceux qui cherchent la lumière. D'abord la forme et ses ardeurs. Puis la douleur. Ensuite les eaux qui apaisent et l'apparition d'un petit feu. Le feu grandit et la chaleur agit alors au sein de la petite sphère et accomplit son œuvre. De l'humidité se remarque aussi et un brouillard dense ; à la douleur s'ajoute une triste confusion, car ceux qui se servent du feu du mental pendant les premiers stades se perdent dans une lumière illusoire ".

La chaleur devient intense, puis vient la perte de la faculté [359] de souffrir. Ce stade dépassé, le soleil brille sans obstruction, la claire lumière de la Vérité resplendit. C'est le sentier qui ramène au centre caché.

Utilise la douleur. Invoque le feu, ô Pèlerin sur une terre étrangère. Les eaux purifient et entraînent la boue et la vase de la nature. Le feu consume les formes qui cherchent à retenir le pèlerin et ainsi arrive la délivrance. Les eaux vives comme celles d'une rivière emportent le pèlerin vers le Cœur du Père. Les feux détruisent le voile qui cache la Face du Père."

L'une des premières choses que chaque étudiant doit apprendre, alors qu'il cherche à comprendre la nature et l'usage du mental, est que l'opinion publique doit être substituée à la conscience individuelle de ce qui est juste. Cette conscience doit être employée et concentrée de telle manière qu'elle soit vue, en réalité, comme le germe vivant qui finira par être la fleur divine du Fils du Mental, le Manasaputra, et comme le fil qui conduit dans le règne du Mental Universel. Ce fil et cette conscience, s'ils sont suivis, conduiront à la Chambre du Conseil où le plan et le dessein seront révélés et où tout l'égoïsme humain disparaîtra dans la claire lumière de la Volonté de Dieu. Grâce à la juste compréhension, la juste maîtrise et le juste usage de la conscience astrale, l'homme peut pénétrer dans le cœur de Dieu et savoir, au-delà de tout doute, que tout est bien, car tout est Amour. Par le juste usage du mental et la juste compréhension de la nature de l'intellect, l'homme peut entrer dans le mental de Dieu et savoir que tout est bien, car tout est selon le plan tracé, et que le Dessein divin atteint toujours ses objectifs.

L'œuvre des adeptes atlantes fut d'imprimer dans la conscience du monde le fait que Dieu est Amour. C'est une expression symbolique de la vérité, de même que le mot Dieu. L'œuvre des adeptes aryens est d'imprimer dans la conscience du monde que [360] Dieu est Volonté. Dans ce but, ils travaillent sur l'intellect de l'homme afin de le soumettre et de subordonner d'autres formes au mental qui lui révélera la vision de ce qu'il est et de ce qu'il sera.

L'homme est donc aligné sur le centre ésotérique de la tête de la Vie Une. Dans le règne animal, par le développement de la sensibilité et de la douleur, les adeptes mettent les formes qui appartiennent à ce règne en alignement avec le centre du cœur de la nature. Dans cette phrase, se cache une vérité qui pourra être plus clairement exprimée quand la conscience de l'homme aura acquis plus d'expansion et plus d'inclusivité. Les formes de la manifestation divine appartenant au règne végétal sont amenées, par la couleur, à un contact vibratoire avec un centre de force semblable au centre de la gorge chez l'homme.

Par ces mots, je me réfère surtout à la Vie qui s'exprime sur notre planète, à notre Logos planétaire, mais cette idée peut s'étendre jusqu'à inclure la grande Vie dont notre Logos planétaire n'est que la réflexion et l'expression. L'homme est donc le cerveau de la nature, le monde animal est l'expression du cœur, le monde végétal est l'expression de la force créatrice ou du centre de la gorge. Ces trois règnes correspondent, de manière particulière, aux trois centres supérieurs de l'homme, comme les trois règnes situés sur l'arc involutif correspondent aux trois centres inférieurs ; le règne minéral – si abstruse que cette idée puisse paraître à ceux qui n'ont pas encore la conscience de l'aspect vie – correspond au plexus solaire, centre de compensation entre ce qui est en haut et ce qui est en bas.

Ces analogies changent avec le temps. À l'époque de la Lémurie, c'était l'humanité qui exprimait l'aspect du plexus solaire, tandis que le règne animal représentait le centre sacré ; le règne végétal exprimait le centre à la base de la colonne vertébrale.

Au milieu de la période de l'Atlantide, alors que se faisaient [361] de grands changements et de grandes expériences, tout le processus fut déplacé. Certains égos s'incarnèrent, ainsi qu'il est dit dans la Doctrine Secrète et dans le Traité sur le Feu Cosmique, et leurs efforts rendirent possible un grand pas en avant. La chitta ou matière mentale devint plus vibrante et nous touchons maintenant à l'époque de son activité la plus intense (au sens concret du terme).

L'enseignement ésotérique nous apprend que les trois aspects de la divinité sont eux-mêmes triples. Aussi pouvons-nous diviser l'énergie mentale en trois aspects en ce qui concerne l'humanité. Nous avons donc :

1. Le mental inférieur, concret, appelé chitta ou matière mentale dans les Yoga Sutras de Patanjali.

2. Le mental abstrait, ou aspect du mental en rapport avec le monde des idées.

3. L'intuition ou raison pure qui, pour l'homme, est l'aspect supérieur du mental.

Ces trois aspects trouvent leur champ d'expression dans le troisième aspect du Logos que nous appelons Mental Universel ou Divinité active et intelligente. Les lignes de force qui partent de ces trois aspects inférieurs conduisent au troisième plan (si l'on peut employer une expression aussi inadéquate), comme les lignes de force astrale conduisent au deuxième plan ou plan monadique ; en ce qui concerne la conscience de l'homme, elles conduisent seulement au plan bouddhique ou de l'intuition.

Il est intéressant de remarquer que, comme la Monade poussée par le désir produit la forme de vie que nous appelons personnalité, ainsi l'aspect mental, partie du but qui s'accomplit par l'intermédiaire du Mental Universel, produit, à son tour, la manifestation appelée Manasaputra, grand Fils du Mental sur le plan mental. Aussi est-ce le mental de l'humanité qui conduit à la [362] manifestation le corps égoïque, le véhicule causal, le karana sharira, le lotus aux douze pétales. Nous nous exprimons ici seulement en termes de l'aspect forme. La raison doit être trouvée sur les plans cosmiques où le Logos planétaire a sa vie. Du plan astral cosmique vient l'impulsion qui produit l'existence de la forme et l'expression concrète, car toute forme est le résultat du désir. Du plan mental cosmique vient la volonté d'être dans le temps et l'espace, ce qui produit les sept groupes de vies égoïques et la troisième émanation d'âmes.

On peut donc en déduire que la juste utilisation de l'énergie par l'initié le met en rapport non seulement avec les plans supérieurs du système solaire, mais aussi avec les plans cosmiques où notre Logos a sa personnalité (en termes symboliques). La juste utilisation de l'énergie physique confère à l'initié le libre accès au plan physique cosmique. La juste utilisation de l'énergie astrale lui donne le pouvoir sur le plan astral cosmique et la juste utilisation de l'énergie mentale l'introduit sur le plan mental cosmique. Ainsi donc, quand les trois centres supérieurs fonctionnent parfaitement, ils permettent l'afflux d'énergie des hautes sphères au champ d'activité de l'initié, lui rendant possible de pénétrer dans des domaines jusqu'alors fermés pour lui.

Chaque centre, ou chakra, est composé de trois roues concentriques qui, chez l'aspirant encore sur le sentier de probation, se meuvent lentement, mais qui augmentent leur vitesse quand cet aspirant s'approche de la porte du Sentier de l'Initiation. Au moment de l'initiation, le point central du chakra (point de feu latent) est atteint, la rotation est intensifiée et l'activité devient à quatre dimensions. Il est difficile d'exprimer ces idées par des mots compréhensibles à qui n'est pas encore initié, mais l'effet pourrait être décrit comme le changement d'une rotation mesurée à une radiation scintillante, une "roue qui tourne sur elle-même", ainsi que l'expriment les anciennes Écritures. Quand, grâce à la purification, [363] l'obéissance à la règle et l'ardente aspiration qui ne recule pas devant les obstacles et ne diminue pas malgré la souffrance, l'aspirant amène ses centres à vibrer et à tourner, alors, et alors seulement, le Maître peut le conduire en présence du Hiérophante.

L'initiateur, conscient du rayon et du sous-rayon du disciple, tant égoïque que personnel, et de ses limitations karmiques, vivifie le centre ou les centres qui sont prêts, et le feu caché s'élève rapidement et se focalise. Souvenez-vous toujours que vivifier un centre correspond à vitaliser le centre analogue de la tête jusqu'à ce que, finalement, les sept centres du corps et les sept centres de la tête tournent à l'unisson. Souvenez-vous aussi que, de même que les quatre rayons mineurs passent dans les trois rayons majeurs, ainsi les quatre centres mineurs entrent en pralaya, trouvant leur point focal dans le centre de la gorge. Il y a donc trois centres, ceux de la tête, du cœur et de la gorge, qui transportent le feu intérieur, alors que les trois centres majeurs de la tête vibrent à l'unisson.

Certes, tout cela semble compliqué et technique, mais a son importance et sa valeur ; beaucoup de choses qui vous sont communiquées vous seront utiles quand vous serez passé sur l'autre rive et que de nouveaux aspirants suivront vos traces. L'entraînement du corps mental a une grande valeur ; nombreux sont ceux qui sont peu enclins à étudier ces détails techniques et qui se réfugient derrière le côté vie de la vérité par paresse mentale. Les connaissances que vous recevez ici ne sont que l'abc de l'ésotérisme. Pourtant, ne perdez pas votre temps à tirer des déductions trop détaillées. Seules vous sont possibles à présent une connaissance schématique, de la réserve, la connaissance des limitations du cerveau et l'acceptation comme hypothèse des vérités présentées. Croyez en ces hypothèses à moins que votre intuition ne se rebelle [364] ou qu'elles soient en contradiction avec les enseignements donnés par d'autres Messagers de la Loge. Je ne dogmatise pas. Je désire seulement vous donner certaines cognitions et je laisse à l'avenir le soin de les démontrer. Je ne vous demande que d'en prendre note ; au cours des années, ce qui vous apparaît étrange ou même contradictoire s'éclairera et sera mieux compris. La connaissance limitée sur un certain sujet conduit à la confusion des idées, à moins que vous ne la mettiez de côté pour vous en servir plus tard quand votre bagage de connaissances sera plus grand.

Revenons à notre sujet : le centre du cœur chez l'homme ouvre la porte à ce qui est appelé le "Cœur du Soleil". Le centre de la gorge ouvre la voie à la pleine compréhension du Sentier du Soleil physique ; tous les vrais astrologues doivent avoir ce centre qui fonctionne pleinement. Le centre de la tête ouvre la voie au Soleil central spirituel. Chacun d'eux passe, par l'intermédiaire de la correspondance planétaire, sur l'un des plans cosmiques.

Je vous ai donné quelques informations techniques basées sur la loi de l'Analogie et qui présentent un intérêt purement académique. Même les initiés connaissent bien peu de choses sur les plans cosmiques, excepté le plan cosmique physique. Notre conscience commence à peine à être solaire et nous travaillons à dépasser nos limitations planétaires qui nous empêchent d'atteindre à la pleine connaissance et à la vie solaire. Pour les aspirants qui ne connaissent même pas le sens de la conscience planétaire, les connaissances données dans cette règle n'ont de valeur que d'un seul point de vue ; c'est de faire comprendre l'importance de la nature de synthèse du Grand Plan et le fait que la plus petite unité n'est qu'une partie intégrante du Tout. Cela renforce l'idée que l'énergie est un fluide vital qui circule à travers le corps du Logos et qui vivifie ainsi le plus petit atome. Il vaut la peine de chercher à comprendre le tout et de visualiser le merveilleux de ce qui apparaît. Toutefois, c'est une perte de temps que de réfléchir, par exemple [365] sur le plan astral cosmique, étant donné que même le plan de l'égo, le cinquième sous-plan du plan physique cosmique (comptant de haut en bas) est inaccessible à l'homme moyen et représente le but de toute son aspiration et de toute sa méditation.

Le Mental Universel peut être mieux compris de l'homme, c'est-à-dire par le mental concret, le mental abstrait et l'intuition ou raison pure.

Le mental concret est la faculté de construire des formes. Les pensées sont des choses. Le mental abstrait est la faculté d'édifier des structures qui serviront de modèles sur lesquels le mental concret construit des formes-pensées. L'intuition ou raison pure est la faculté qui permet à l'homme de prendre contact avec le Mental Universel et de comprendre synthétiquement le Plan, de saisir les idées divines, de percevoir quelque vérité fondamentale.

Le but du travail de l'aspirant est de comprendre les aspects du mental avec lesquels il doit apprendre à travailler. Son travail se résume donc comme suit :

1. Il doit apprendre à penser, à découvrir qu'il a un appareil appelé le mental, et à en connaître les capacités et les pouvoirs. Ceux-ci ont été analysés dans les deux premiers volumes des Yoga Sutras de Patanjali.

2. Il doit ensuite apprendre à remonter à l'origine de ses processus mentaux et de la tendance à construire des formes, et découvrir les idées sous-jacentes à la forme-pensée divine, le processus de tout ce qui se passe dans le monde, et apprendre ainsi à travailler en collaboration avec le plan et à subordonner la construction de ses propres formes-pensées à ces idées. Il doit apprendre à pénétrer dans le monde de ces idées divines et à étudier le "modèle des choses qui sont dans les cieux", comme le dit la Bible. Il doit commencer à travailler avec les épures d'après lesquelles [366] tout ce qui existe est construit. Il devient alors un étudiant des symboles et, d'idolâtre qu'il était, il devient un divin idéaliste. J'emploie ces mots dans le vrai sens.

3. De l'idéalisme ainsi développé, il doit aller encore plus profond jusque dans le règne de l'intuition pure. Il peut alors puiser à la source même de la vérité. Il entre dans le mental de Dieu. Il fait jouer son intuition en même temps qu'il idéalise, et il est sensible à la pensée divine qui fertilise son mental. Plus tard, en les appliquant, il donnera à ces intuitions le nom d'idées et d'idéaux et il basera tout son travail et sa conduite sur elles.

4. Vient ensuite le travail de construction consciente des formes-pensées basées sur ces idées divines, émanant comme intuitions du Mental Universel. Tout cela se poursuit par la méditation.

Tout étudiant sérieux de l'ésotérisme sait combien la concentration est nécessaire pour orienter le mental inférieur vers le supérieur. Temporairement, la tendance normale à construire des formes-pensées est inhibée. Par la méditation, qui est le pouvoir du mental de se maintenir dans la lumière et de devenir conscient du Plan, l'aspirant apprend à capter les idées nécessaires. Par la contemplation, il entre dans le silence qui lui permettra d'entrer en contact avec le mental divin, de prendre la pensée divine de la conscience divine et de savoir. C'est le travail qui attend tout aspirant. Aussi est-il nécessaire qu'il comprenne son problème mental, l'instrument dont il doit se servir et l'usage de ce qu'il doit faire de ce qu'il apprend de son appareil mental.

Comment tout cela s'accomplit-il ?

Comment peut-on devenir un constructeur ? [367]

Si insignifiant et si peu important qu'il soit, le penseur manie, en collaboration avec ses frères, une force puissante. Seule la pensée juste, forte et constante, et la compréhension de l'utilisation correcte de l'énergie mentale peuvent permettre l'évolution dans les directions voulues. La pensée juste dépend de beaucoup de facteurs et il est bien d'en exposer quelques-uns, très simplement :

1. Capacité de vision, c'est-à-dire la capacité de percevoir, même vaguement, l'archétype selon lequel la Loge s'efforce de modeler la famille humaine. Cela implique la collaboration au travail du Manu et le développement de la pensée abstraite aussi bien que synthétique, l'éclair de l'intuition. En effet, l'intuition apporte, des hauts-lieux, une notion du plan idéal latent dans le mental du Logos. En développant cette capacité, les hommes puiseront à des sources de pouvoir qui ne sont pas sur le niveau mental, mais qui sont celles d'où le plan mental lui-même tire sa subsistance.

2. Après avoir perçu la vision et obtenu un fragment de la beauté (c'est surprenant ce que les hommes voient peu), l'occasion vous est offerte de vous approprier autant du plan qu'il vous est possible de saisir. Votre compréhension sera tout d'abord vague et faible, puis peu à peu elle augmentera. Vous ne pourrez que rarement arriver à la vision, car elle vient par le corps causal et rares sont ceux qui peuvent maintenir cette conscience supérieure longtemps. L'effort constant pour y arriver donnera des résultats ; peu à peu, l'idée filtrera jusqu'au niveau du mental inférieur ; elle deviendra une pensée concrète, capable d'être visualisée.

3. Quel sera le pas suivant ? Une période de gestation pendant laquelle vous construisez votre forme-pensée, tenant compte [368] de la quantité de vision que vous pouvez vous approprier. Ce processus doit être lent, car il est nécessaire de créer une vibration stable et une forme bien construite. La précipitation n'aboutit à rien. À mesure que la construction progresse, vous éprouverez un vif désir de faire connaître aux hommes cette vision qui se matérialisera sur la terre. Ainsi vous vitalisez la forme-pensée à l'aide de votre pouvoir de volonté cherchant à la faire exister. Le rythme devient plus lent, car pour habiller la forme-pensée de votre vision, vous attirez de la matière du plan mental et du plan astral.

4. Heureux le disciple qui peut amener la vision plus près encore de l'humanité et lui donner vie sur le plan physique. Souvenez-vous que la matérialisation de tout aspect de la vision sur le plan physique n'est jamais l'œuvre d'un seul homme. Elle n'est possible qu'après avoir été perçue par beaucoup et après que ceux-ci auront travaillé à sa forme matérielle. Leurs efforts réunis pourront la porter en manifestation. Ainsi voit-on la valeur d'une opinion publique bien informée afin qu'ils soient nombreux ceux qui apportent leur aide à ceux qui sont capables de percevoir la vision. La loi est toujours vraie ; dans la descente, la différenciation. Deux ou trois individus perçoivent le plan intuitivement ; par leur pensée, ils établissent un rythme qui met en activité la matière du plan mental ; des penseurs se saisissent de l'idée. C'est une chose difficile à faire, mais la récompense est grande.

Ceux qui luttent et persistent vaillamment se réjouissent quand l'idée se matérialise. La joie sera vôtre quand, les ténèbres vaincues, vous verrez la lumière ; ce sera la joie d'avoir trouvé les compagnons fidèles, car pendant les années de travail, vous aurez compris qui sont vos collaborateurs sûrs avec lesquels vous avez établi un lien solide qui se forme par les souffrances partagées. La joie de la paix après la victoire sera vôtre, car au guerrier fatigué, les fruits de l'accomplissement et du repos seront doux. Vôtre [369] aussi la joie de participer au plan des Maîtres, car ce qui vous lie à eux est bon ; joie encore d'avoir aidé à soulager les souffrances du monde, d'avoir apporté la lumière à des âmes dans les ténèbres, d'avoir guéri, en quelque mesure, les blessures d'une humanité dans la détresse. De la conscience d'avoir bien employé son temps, de la gratitude des âmes sauvées, naît la plus profonde joie, joie que connaît le Maître quand Il a pu aider un frère à monter d'un degré sur l'échelle de l'évolution. C'est la joie qui vous attend et qui est à la portée de tous. Travaillez donc non pour la joie, mais vers la joie, par un besoin intérieur d'aider, non pour obtenir la gratitude, mais parce que vous avez perçu la vision et que vous réalisez le rôle que vous devez jouer pour amener cette vision en manifestation ici-bas.

Il est utile de faire la différence entre bonheur, joie et béatitude.

1. Le bonheur est sur le plan de l'émotion, c'est une réaction de la personnalité.

2. La joie est une qualité de l'âme ; elle a son siège dans le mental quand a lieu l'alignement avec l'âme.

3. La béatitude participe de la nature de l'esprit ; il est impossible de la comprendre avant que l'âme n'ait réalisé son unification avec le Père. Cette réalisation est précédée de la fusion de l'âme et de la personnalité.

Par conséquent, toute spéculation et toute analyse de la nature de la béatitude sont inutiles pour l'homme moyen dont les métaphores et la terminologie sont personnelles et en relation avec le monde des sens. L'aspirant se réfère-t-il au bonheur ou à la joie ? Si c'est à la joie, elle se produit sous l'effet de la conscience de groupe, de la solidarité de groupe, de l'unité avec tous les êtres et ne peut être identifiée au bonheur que connaît la personnalité quand elle se trouve dans des conditions qui satisfont à l'un ou l'autre des aspects de sa nature inférieure. Le bonheur peut être un [370] sentiment de bien-être physique, de contentement du milieu, de satisfaction pour des contacts et des occasions favorables sur le plan mental inférieur. Le bonheur est l'objectif du soi inférieur séparé.

Toutefois, si nous cherchons à vivre comme âmes, le contentement de l'homme inférieur a moins de valeur ; nous cherchons la joie dans nos rapports de groupe et en créant les conditions qui conduisent à une meilleure expression des âmes de ceux avec lesquels nous entrons en contact. Apporter de la joie aux autres peut produire les conditions propres à faciliter une meilleure expression d'eux-mêmes et avoir un effet physique quand nous cherchons à améliorer leurs conditions matérielles ; l'effet peut aussi se remarquer sur le plan des émotions quand notre présence apporte un sentiment de paix et d'élévation. Il peut se remarquer aussi sur le plan de l'intellect si nous les stimulons en rendant plus claires leurs pensées et leur compréhension. Mais l'effet sur nous-mêmes est la joie, car notre action a été désintéressée, indépendante des circonstances et de la situation sociale. On peut manquer de bonheur en cas de maladie ou si le milieu est difficile, ou si le "karma accumulé de nombreuses naissances" nous opprime, ou quand les ennuis et les difficultés dans la famille, la nation ou le monde pèsent sur la personnalité sensible. Le bonheur de la jeunesse ou le contentement égoïste de la personne qui vit dans l'isolement ne doivent pas être confondus avec la joie.

C'est un lieu commun et, en même temps, un paradoxe occulte de dire que, au milieu d'une profonde détresse personnelle et dans le malheur, la joie de l'âme peut être ressentie. Tel est pourtant le cas ; c'est le but auquel le disciple doit viser. Certains individus sont heureux parce qu'ils ferment les yeux devant la vérité ou ils s'hypnotisent eux-mêmes, se cachant dans une coquille d'illusion. Mais l'aspirant a souvent atteint le point où ses yeux sont grands ouverts. Il a appris à se dire la vérité à lui-même et il [371] ne construit pas un mur de protection entre lui et les autres. Il est vivant, sensible à la douleur du monde et souvent il en souffre. Il se demande pourquoi apparemment le bonheur et la paix l'ont abandonné et ce qui en résultera.

Nous qui observons et guidons du côté intérieur, nous veillons avec une sollicitude affectueuse sur vous tous qui êtes dans la mêlée. Nous sommes semblables à l'état-major du quartier général qui suit le cours de la bataille d'une éminence loin du danger. De notre sécurité dépend la victoire finale, car nous avons, dans les mains, la solution de maints problèmes, solution que nous appliquons quand la bataille tourne mal. Veuillez vous en souvenir, c'est très important ; dans la destruction de la forme réside le secret de toute l'évolution. Ne croyez pas que ce soit un lieu commun. Vous en verrez l'application constante et vous devez y être préparés. Les Maîtres utilisent la forme jusqu'à l'extrême limite. Ils cherchent à travailler par elle, emprisonnant la vie aussi longtemps qu'elle sert à leur but et que l'humanité est instruite par cette forme. Puis vient le temps où la forme ne sert plus au but préétabli, où la structure s'atrophie, se cristallise, et finalement est détruite. Sa destruction acquiert de l'importance et de l'utilité, et rend possible à une nouvelle forme de prendre sa place. Regardez autour de vous et observez que c'est la vérité. D'abord la construction de la forme toujours utilisée au maximum, puis la destruction de la forme quand elle limite, empêche la lumière de se répandre ; puis la reconstruction rapide d'une forme neuve. Ainsi, la méthode se poursuit-elle depuis le commencement des temps.

Dans l'enfance de la race humaine, les formes duraient longtemps ; l'évolution était lente, mais maintenant la forme a une durée plus brève; elle vit intensément pendant une courte période, [372] meurt et une autre forme lui succède. Ce rythme deviendra encore plus rapide à mesure que la conscience ou l'expansion intérieure de la vie de l'humanité vibrera plus intensément.

Il est nécessaire que vous vous rendiez clairement compte que l'un des principaux objectifs de l'œuvre de ceux que vous appelez les Frères Aînés de l'humanité est de stimuler, purifier et coordonner le corps éthérique. Ce corps n'est pas seulement le transmetteur du prana, mais le moyen de liaison avec toutes les énergies que nous étudions. Son importance touche aussi à d'autres domaines :

a. Étant littéralement de matière du plan physique, la conscience éthérique est le prochain pas à faire pour l'humanité ; ce sera démontré, tout d'abord, comme la capacité de voir éthériquement et de connaître la matière éthérique.

b. Ce sera le domaine qu'explorera sous peu le savant moderne. Dans dix ans, bien des médecins le reconnaîtront comme un fait naturel.

c. La plupart des maladies qui affectent le corps physique ont leur source dans le corps éthérique. Il y a peu ou même point de maladies purement physiques. La maladie a sa source dans les conditions astrales et éthériques.

d. Le secret de la clairvoyance et de la clairaudience saines et sûres dépend de la purification du véhicule éthérique.

e. Les émanations éthériques des individus peuvent être source de contamination. C'est donc dans la purification de ce corps que réside le secret d'une humanité plus saine et plus sereine.

L'importance du corps éthérique est donc évidente. Il y a encore d'autres raisons dont nous parlerons plus tard. Au début, et pour se former une idée sur un certain sujet, il est sage de s'en tenir à des généralités jusqu'à ce que le sujet tout entier soit clair dans votre esprit.