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SECTION TROIS - LES SIX STADES DU DISCIPULAT - Partie 2

Telle est l'opportunité qui se présente aujourd'hui aux aspirants et aux disciples en cours de probation. On peut appeler cet effort une extériorisation de l'Ashram. Il vous a été dit que c'était l'intention de la Hiérarchie de restaurer les Mystères sur la terre ; c'est là le premier pas vers cet objectif. Si cette extériorisation embryonnaire réussit à fonctionner, si ceux qui participent à ce nouvel effort parviennent à travailler dans l'unité, dans l'amour et la compréhension, et si cet effort démontre qu'il peut résister à toutes les forces de désintégration, alors il sera peut-être possible, plus tard, d'augmenter le nombre des membres, le pouvoir et l'importance de tout Ashram. La question se trouve entièrement [696] entre les mains du groupe. Tous ceux qui pour la première fois sont mis en rapport avec l'Ashram endossent une responsabilité bien nette. C'est à l'Ashram qu'incombe le travail d'intégration et d'absorption et non à l'individu. Les disciples ne s'en rendent vraiment compte que lorsqu'ils sont acceptés et qu'ils forment une partie intégrante de l'Ashram. De tels disciples constituent certainement un problème.

La question se pose maintenant de savoir comment un Maître forme et organise Son Ashram ou Son groupe intérieur, dont le personnel est fourni par le groupe extérieur d'aspirants. Il doit certainement vous paraître évident qu'en formant Son Ashram, un Maître procède de la même manière que le fait le Créateur. Il médite ; Il visualise ; Il parle et ce qu'il cherche à créer et à matérialiser, en conformité avec le Plan Hiérarchique, commence à prendre forme. Par le pouvoir de Sa pensée focalisée et dirigée, Il attire à lui ceux dont le genre de mental se trouve en harmonie avec le Sien, en raison du rayon, des rapports karmiques, du point d'évolution et de l'amour pour l'humanité. Dans les termes focalisation et direction se trouve la clé de toute technique ou de toute méthode permettant de contribuer à ce que je pourrais appeler ici le réservoir de pensée qu'est un Ashram.

C'est une focalisation soutenue, à laquelle s'ajoute une direction dynamique qui font de ce réservoir de pensée une contribution apportée au service du monde, de nature constructive et efficace. La chose importante qu'un disciple doit comprendre est ce que le Maître cherche à accomplir par l'intermédiaire de Son groupe. Ceci amène finalement le disciple à se demander s'il pense, s'il se focalise et s'il travaille d'une manière semblable à celle du Maître. Dans quelle mesure le disciple est-il proche de la pensée du Maître ? La loi occulte empêche le Maître d'user de son pouvoir, ou de faire pression, pour changer la façon de penser de ceux sur lesquels s'exerce Son influence pour les mettre en parfait accord avec Son mental. Il ne peut pas imposer sa volonté au disciple ; Ses désirs, Ses aspirations, Ses souhaits ne peuvent pas agir comme un moyen de diriger et de s'imposer au regard de ceux avec lesquels Il se trouve en contact. Il peut impressionner leur mental avec ce qu'Il estime nécessaire au cours de périodes de crise mondiale. Il peut leur faire savoir ce qu'Il estime devoir être fait. Mais c'est au disciple qu'il appartient de décider et d'agir. Les disciples se trouvent dans le groupe d'un Maître par similitude d'idées, même s'ils perçoivent et expriment ces idées beaucoup moins clairement que ne le fait le Maître, et s'ils voient la vision comme à travers un verre obscurci. Mais leurs convictions innées sont [697] fondamentalement les mêmes ; leur tâche est de découvrir les points de contact, le même idéalisme pour l'effort de groupe et ensuite d'employer leur vie et leurs activités individuelles pour accomplir cet effort. Derrière cet effort se tient le Maître, centre de pouvoir qui initie et qui distribue.

Chaque Ashram, chaque groupe intérieur est essentiellement un réservoir de pensée, et ce réservoir a pour source ou pour origine les idées, les rêves, la vision et les aspirations du Maître. Il est animé par Sa puissance monadique, influencé par Celui Qui est Son Maître, développé et alimenté par Son expérience, épanoui par la croissance de Sa sagesse ; Sa capacité à promouvoir le Plan hiérarchique a été consacrée, utilisée et accrue. Il devient alors un clair réservoir de pensée, augmenté et alimenté par la source de nombreuses vies, par la pure vision et par les rêves consacrés de beaucoup de disciples. Il est demandé à chaque disciple d'apporter sa contribution à ce réservoir de pure pensée. S'il peut le faire, il permettra ainsi à l'Ashram de répondre aux besoins et d'aider chaque aspirant à passer du Sentier de Probation au Sentier de Discipulat Accepté. Chaque centre de foyer de pouvoir a une sphère d'influence déterminée et un Ashram véritable, actif, est une force positive dans le centre que nous appelons l'humanité.

Naturellement et avec raison, le disciple se demande comment le pouvoir de la pensée et l'instinct spirituel se trouvent reliés, comment ils peuvent travailler d'une manière constructive et comment se manifeste leur interdépendance. Comment vais-je vous rendre cette idée très claire. Laissez- moi tout d'abord attirer votre attention sur le fait que c'est l'instinct qui amène un disciple à répondre à l'appel ou à la note du Maître, à Sa vibration et Son groupe. Dans les premiers stades, on appelle instinct la réponse du mécanisme matériel au monde matériel qui l'environne, les trois mondes d'évolution humaine. Plus tard, sur l'échelle de l'évolution, le mental apparaît comme facteur d'interprétation ; ainsi la nature du mécanisme et du milieu environnant est lentement comprise. Les rapports se clarifient. L'instinct spirituel est la capacité de l'âme d'enregistrer le contact avec la Hiérarchie, dont l'âme est une partie inhérente, de même que dans le corps, les réponses, les réactions et les réflexes sont pour l'homme une partie intégrante du mécanisme matériel. Dans le cas des instincts [698] spirituels, c'est l'intention qui interprète et illumine le mental. Le pouvoir de la pensée tel qu'il est employé dans le travail de l'Ashram dépend du pouvoir du disciple de focaliser et d'élever son mental conscient, de contacter l'âme et d'évoquer l'intuition. Lorsqu'il est parvenu à le faire, alors s'opère l'unisson des trois facteurs : l'illumination mentale, l'impulsion de l'âme et la perception intuitive. Cette triple combinaison produira le genre de pensée qui sera efficace dans l'action, qui appliquera le Plan, qui conduira au désintéressement et qui sera motivé par l'amour.

Les chances qu'aura le Maître de parvenir à poursuivre Ses plans par l'intermédiaire du groupe dépendront de la capacité du groupe, dans son ensemble, à fonctionner sous l'impulsion de l'instinct spirituel. Conformément à la loi divine, le Maître ne peut pas travailler seul ; Il n'est pas autorisé à le faire. Il peut inspirer, enseigner, rechercher la coopération et guider, suivant les besoins du travail. Aucun Maître ne peut aller plus loin.

Au cours de ce cycle mondial, le travail de la Hiérarchie se trouve conditionné par les disciples ; ils peuvent donc facilement comprendre comment la dernière chaîne dont se libère un Maître est l'irritation ! Aucun initié ne peut former un véritable Ashram avant d'avoir éliminé en lui toute possibilité de se méprendre, de manifester de l'irritation et de critiquer. Mal employé, le pouvoir de pensée d'un Maître peut devenir une puissante force de destruction. Il doit être en mesure de pouvoir compter entièrement sur Lui- même avant que Son Ashram ne puisse être dirigé correctement et sans danger.

Le travail, consistant à assembler le pouvoir de pensée nécessaire à un travail constructif, intéresse directement le tissu éthérique. Il conduit alors à une réorganisation du tissu. Des explications théoriques n'aideraient guère l'étudiant à le comprendre. Lorsque le mental, instrument de la pensée, est le véhicule de la vie de l'âme, de la lumière de l'âme et de l'amour de l'âme, lorsque le tissu éthérique répond à l'influx d'énergie provenant du mental, il se produit une réorganisation du tissu éthérique individuel. Le corps éthérique individuel n'est qu'une partie, un aspect, du tissu éthérique de l'humanité ; une réorganisation constante des multiples parties d'un tout amène la transformation de l'ensemble lorsque suffisamment de temps s'est écoulé.

L'intermédiaire à travers lequel ceci s'accomplit est le Mental. Le mental crée ou formule ces formes-pensée (ou ces énergies incorporées) qui expriment, sur le plan mental, le degré de compréhension du Plan qu'a le disciple, ainsi que sa [699] capacité à communiquer l'énergie mentale incorporée au corps éthérique, sans être entravé par la nature émotionnelle ou par aucun désir inférieur.

Le corps éthérique est un tissu d'énergie de lumière, animé ou motivé par le genre ou la qualité des énergies auxquelles il répond, sous l'angle du développement évolutif. On peut dire que :

1. L'homme non évolué ou le sauvage répondent simplement au prana ou à l'énergie physique, alimentant les appétits de la nature inférieure, développant les instincts et posant ainsi les bases d'un véhicule physique comme vêtement extérieur de l'âme. À ce stade, l'intellect est embryonnaire ; les appétits physiques et les cinq sens sont les facteurs dominants. Tout cela est dû à l'activité du prana se déversant à travers le corps éthérique ou vital.

2. L'homme ordinaire est mû par le désir qui est une énergie émanant du monde du désir et qui, développant ou organisant le corps astral, engendre l'énergie-désir. Elle se déverse dans le corps vital et lance l'homme physique dans des activités qui conduisent à la satisfaction du désir. Ce travail s'accomplit parallèlement au travail du prana, obligeant la nature animale instinctive à agir. Ainsi créé, le parallèle amène le conflit, le premier choc, en l'homme, entre les paires d'opposés. Graduellement, l'activité de l'énergie pranique devient automatique ; la conscience se déplace et entre dans le corps astral ou de désir, et le fonctionnement de la nature instinctive tombe au- dessous du seuil de la conscience. L'homme focalise alors sa vie dans le véhicule astral et son corps éthérique est animé par le puissant influx de l'énergie du désir.

3. L'homme développé, dont la personnalité est intégrée, amène graduellement le corps éthérique sous la domination de l'énergie mentale ; son activité sur le plan physique est alors moins gouvernée par l'instinct et le désir et davantage par l'énergie de la pensée ; elle est consacrée au plan de l'homme et en exprime la nature. Ce plan indique de plus en plus son désir intelligent, égoïste dans les premiers stades, complexe et à double tendance dans les stades intermédiaires, et répondant lentement au plan du monde et à l'intention divine à l'égard de l'humanité. [700]

4. Finalement, quand le pouvoir des Triangles (nom spirituel donné à l'âme dans la Doctrine Secrète) s'impose à la personnalité, leur énergie remplace les autres énergies ; la personnalité, focalisée maintenant dans le mental et répondant à l'impression de l'âme, exprime sur le plan physique, par l'intermédiaire du cerveau et du corps physique, l'intention, la puissance et la nature de l'âme qui est toute inclusivité.

Le tissu éthérique individuel rend actif le corps physique automatique. Les énergies, dominant le corps physique par l'intermédiaire du tissu éthérique, sont les quatre énergies déjà mentionnées. Le conflit se déroulant dans la conscience du cerveau physique de l'individu qui évolue prend peu à peu de l'importance lorsque l'individu commence à reconnaître ces énergies dominantes, leur source et leurs effets.

Il est donc évident que le travail du disciple se situe par conséquent presque entièrement dans le domaine de l'énergie et des forces. L'étude de l'occultisme est celle des forces, de leur origine et de leurs effets. Un Ashram est un lieu où cette étude passe au stade expérimental ou de laboratoire. Le disciple est supposé être au processus consistant à devenir conscient des forces et des énergies qui le conditionnent comme individu ; elles prennent leur origine en lui-même et produisent des changements et des effets déterminés dans l'expression de sa vie sur le plan physique. Lorsqu'il se sait être la "Vie et les vies" (ainsi que l'exprime La Doctrine Secrète), une somme de forces et une énergie dominante, il peut devenir un disciple mondial et travailler valablement dans un Ashram.

Vous voyez donc que, lorsqu'un disciple entre dans un Ashram et qu'il travaille avec son Maître en liaison plus étroite qu'auparavant, il commence, dans la mesure de ses moyens, à collaborer avec ses condisciples ; vous avez alors (en termes d'occultisme) une répétition du rapport entre la "Vie" du groupe (dans ce cas, le Maître) et les "vies" (dans ce cas, les disciples), entre l'énergie centrale et les forces réagissantes. De l'angle du Maître et en ce qui concerne le problème du groupe, une dualité se manifeste dans l'expression du groupe. Lui, l'énergie centrale, doit travailler à travers les forces. De l'angle du disciple, une force (lui-même) est mise en rapport avec d'autres forces ; en même temps, elle [701] doit répondre à une énergie, celle du Maître. Cette réponse résulte de la reconnaissance de l'identité de dessein, d'origine et de nature, mais non de l'identité dans le champ d'expression. Vous pouvez donc voir qu'un Ashram est en vérité un tourbillon de forces mis en mouvement par de nombreux types d'énergie dans le cercle infranchissable de l'Ashram lui- même. Les principes fondamentaux du dualisme se font sentir lorsque l'énergie de l'esprit agit sur la force de l'âme et sur la force de la personnalité. N'oubliez pas qu'un Maître exprime l'énergie monadique tandis que les disciples de Son groupe cherchent à exprimer l'énergie de l'âme, ce qu'ils font dans une certaine mesure par leur amour et leur service. À cette énergie de l'âme, ils ajoutent la force de la personnalité qui émane de leur être encore focalisé dans la vie de la personnalité, même lorsqu'ils aspirent à la conscience de l'âme. Là réside leur utilité du point de vue du Maître et là réside aussi leur difficulté et parfois leur échec.

Les disciples se trouvant dans le groupe d'un Maître ou dans l'Ashram d'un Maître exercent les uns sur les autres un effet puissant, car dans leur nature tout est accentué. Le Maître doit veiller attentivement à ne pas stimuler exagérément les véhicules du disciple du fait même des rapports qu'il entretient avec lui.

Le disciple doit donc individuellement surveiller l'effet produit par les trois groupes d'énergies qui agissent sur lui :

1. Les énergies qui se trouvent dans sa propre nature (physique, émotionnelle et mentale) et celles qui lui viennent de sa propre âme.

2. Les énergies qui produisent un impact sur lui et qui lui viennent des autres membres de l'Ashram ou du groupe. L'effet en dépendra, en ce qui le concerne, de son degré de détachement et de réponse à ce qui lui vient d'eux. La loi occulte est que : plus vous aimez, plus vous êtes capable de réponse et d'inclusion à l'égard du point de vue, de la nature et de la force de votre prochain. C'est vitalement vrai aussi d'un groupe de disciples. Ce qui protège la plupart des disciples d'une trop grande sensibilité est qu'ils se préoccupent d'eux-mêmes et de leur propre développement. [702]

3. Les forces transmuées qui arrivent au disciple en provenance du

Maître ou qui sont délibérément transmises par le Maître.

Le but de tout travail exécuté par les disciples, soit en formation de groupe soit dans l'Ashram, est l'expression, dans le groupe, du processus causal de création. Ces mots que j'ai déjà cités, "la Vie et les vies" le résument. Vous avez une idée analogue avec ses effets subséquents dans le fait que le Maître (esprit ou Monade) se reflète dans le disciple (L'âme) et l'inspire. Le disciple est alors en mesure de démontrer l'activité de l'âme sur le plan physique.

Je voudrais examiner plus en détail la nature du groupe d'un Maître appelé parfois un Ashram. Il serait intéressant d'essayer de définir ce qu'est un Ashram et de vous donner ainsi une idée précise de la différence entre le groupe particulier d'un Maître et les nombreux groupes extérieurs qui, bien que travaillant sous Son inspiration et à la réalisation du Plan, ne sont pas exactement et techniquement Son Ashram.

Un Ashram est une fusion subjective d'individus, et non de personnalités, assemblés pour des desseins de service. C'est une fusion d'activités individuelles en un tout, un tout qui est unifié quant au but et à la vision, mais qui peut avoir et qui a fréquemment, des méthodes et des techniques différentes. La tâche d'un Ashram est essentiellement de présenter au monde des desseins de service qui sont exécutés par le disciple individuel dans les conditions qui lui paraissent les meilleures, sous l' "impression du Maître" et avec la coopération de Son groupe. Un groupe de disciples n'est pas engagé à exécuter le même genre de travail de la même façon et dans la même période de temps. Les disciples s'engagent à travailler sous l'inspiration de l'âme, sous sa direction, fortifiés par le contact du Maître et des autres disciples. Ils sont liés les uns aux autres par l'identité de vision et de vibration, ainsi que par un respect mutuel et une liberté complète, particulièrement par cette dernière.

Je vous demande de réfléchir à ce qui précède et de bien vous rendre compte que l'Ashram n'est pas un groupe de personnes travaillant sous la tutelle d'un Maître. C'est un point important dont il faut se souvenir. Comme je l'ai déjà indiqué, c'est un point magnétique de tension, une fusion [703] d'énergies dirigées vers un centre commun et qui impliquent deux facteurs magnétiques :

1. Une impulsion unifiée vers la formation de groupe sur le plan mental.

C'est la correspondance supérieure de l'instinct grégaire du monde animal et du monde des hommes, mais d'une nature spirituelle et dont

le mobile est tout à fait différent. L'instinct grégaire inférieur est

surtout motivé par l'instinct de conservation. L'instinct grégaire supérieur l'est par la reconnaissance de la nature immortelle de l'âme

et par l'instinct de service, conduisant même au sacrifice de soi-même.

La loi de "mort à la vie" domine. Lorsque la poussée magnétique du groupe est suffisamment forte, vient la mort de la vie de la personnalité. Par conséquent, tant que le groupe de disciples n'exprime pas, dans tous ceux qui en font partie, l'impulsion de sacrifice, il n'est pas un Ashram.

2. L'attirance magnétique du centre positif, au cœur même du groupe.

Cela signifie l'attirance magnétique du Maître. Comme vous le savez, du moins en théorie, le Maître, ou un initié ou encore un disciple mondial, se tient au centre de l'Ashram. Sa tâche est de réunir et faire fusionner les énergies fournies et offertes par le groupe, sous l'impulsion de service, et d'indiquer le champ de service. Le mode de cette activité instinctive est appelé obéissance occulte ; cette obéissance est consentie volontairement et observée unanimement. Lorsqu'un groupe, travaillant de cette manière, sous la direction d'un Maître, est mû par une impulsion spirituelle et fonctionne au moyen d'une solide organisation, (comme des électrons autour d'un noyau positif dans un atome) la puissance du groupe se fait alors sentir, mais pas avant.

Je désire vous indiquer ici que, ce qu'on appelle un Ashram intérieur, est au groupe extérieur, ce que l'âme et sa vision sont au disciple individuel travaillant dans les véhicules de sa personnalité. C'est le lieu des ressources intérieures. Les disciples peuvent donc évaluer leur progrès vers la fusion qui constitue un Ashram, en voie d'extériorisation physique, en observant le développement de leur connaissance spirituelle, de la puissance intérieure du groupe, et de leur facilité à entrer en contact avec le Maître, à la fois comme individus et en formation de groupe.

Une des choses que doit faire un Maître est d'enseigner à Ses disciples comment étudier et enregistrer fidèlement leur [704] point habituel de focalisation journalière. C'est le véritable entraînement introspectif ; lorsqu'il est suivi d'une manière saine et avisée, il conduit à la réalisation du niveau de conscience intérieur, véritable et persistant ; il permet aussi de reconnaître la nécessité de surmonter certaines limitations, qui fréquemment ne sont pas les limitations généralement reconnues, et la nécessité de briser les barrières imposées par la personnalité.

Le processus tout entier pourrait être résumé par les mots suivants : le but de l'Ashram et l'entraînement qu'il donne sont destinés à permettre au disciple de vivre vraiment sur tout plan qu'il est parvenu à ouvrir à sa conscience. Il importe de se souvenir que l'on n'est pas intégré dans un Ashram, tant qu'on n'a pas pénétré au delà des limites des niveaux de conscience purement personnels, tant qu'on n'est pas sensible au rayon et à la qualité du Maître de l'Ashram et tant que, normalement, on n'est pas conscient de l'âme. Y parvenir implique une grande responsabilité ; assumer cette responsabilité apporte les premières indications de ce que j'appellerais la "conscience ashramique", conscience dépouillée d'intérêt personnel et toujours préoccupée des aspects essentiels de la vie spirituelle.

La préoccupation essentielle des chélas au début de leur entraînement technique est de nature très variée. La vie de l'Ashram est alors généralement un simple fond de tableau intéressant pour les expériences quotidiennes, et non pas le facteur ayant l'importance qu'il devrait avoir, ni l'intérêt principal résidant à l'avant-plan de la conscience. Les nécessités de la vie journalière, les nombreux et divers contacts familiaux, les ressentiments à l'égard de la vie et de ses impacts, la répugnance pour la critique, la crainte d'être incompris, les nombreux problèmes posés par le caractère, les pressions exercées par le développement psychique et la mesquinerie des circonstances, apparaissent généralement si importants que la conscience de l'Ashram et de sa vie n'est qu'une inspiration occasionnelle au lieu d'être une habitude vitale établie. La faculté d'établir des comparaisons au détriment des autres, particulièrement de ses propres condisciples ou de ses propres conditions de vie, la peur de tout abandonner, ce qu'on est et ce qu'on a, pour la vie de l'Ashram, la crainte de l'avenir, une multitude de formes-pensée mentales, et en outre, une attention exagérée accordée à la vie cyclique du corps physique, présentent un tableau effrayant des responsabilités qui incombent au Maître. Le facteur que représente l'attitude du Maître est très souvent oublié par les disciples parce que leur [705] intérêt fondamental est tourné vers eux-mêmes, leurs réactions et leurs problèmes.

On pourrait noter ici que les disciples dans un Ashram sont essentiellement occupés des affaires du monde. Comme groupe, ils se sont consacrés au travail pour le monde ; comme individus, ils apprennent à travailler ainsi. Les disciples en devenir doivent distinguer entre l'effet magnétique et dynamique du groupe, et l'effort conscient que peut faire le groupe, dans un désir unifié et sous la direction du Maître, afin d'atteindre le mental de ceux qui dirigent les affaires du monde et président aux événements mondiaux. On peut dans une certaine mesure prédire ces événements extérieurs ; ce sont les effets précipités de causes cachées qui se trouent dans le subconscient de l'humanité. On peut les observer et jusqu'à un certain point, on peut les neutraliser ou les stimuler par la puissance du groupe. C'est là une des tâches majeures de la Hiérarchie. Les Maîtres travaillent dans la lumière et dans le domaine des causes. Les disciples sont nécessairement encore impliqués dans le monde des effets et par conséquent de l'illusion. Travailler surtout avec les points de focalisation d'énergie spirituelle sur le plan extérieur implique directement certains facteurs :

1. Un amour infaillible et profond qui "voit" dans la lumière. L'amour est vraiment ce qui révèle.

2. Le pouvoir de se retirer entièrement, comme individus et comme groupe, du monde des réactions physiques, des penchants émotionnels, et de travailler purement sur les niveaux mentaux. Là, le disciple est focalisé dans son mental inférieur mais consciemment orienté vers l'âme ; il devient de plus en plus sensible à l'intuition, à la vision et au Plan aussi bien qu'à l'âme du groupe et au Maître, et dans cet ordre de réaction.

3. Vient ensuite le pouvoir, comme groupe, de formuler l'effet de pensée désiré d'une manière telle qu'il parviendra au mental ou à l'âme de ceux qu'on cherche à contacter, le pouvoir de projeter la forme-pensée construite de façon telle qu'elle sera du type et de la qualité nécessaires pour évoquer une réponse et ainsi répondre aux besoins de ceux que le disciple cherche à aider et à fortifier. La forme-pensée contiendra la lumière et l'amour aussi bien que l'idée du groupe conforme à la vision du groupe. [706]

Combien de disciples sont-ils en mesure d'entreprendre ce genre de travail? Encore peu. Les disciples sont en général plus préoccupés de leur désir d'aider que des techniques scientifiques de l'aide elle-même. Il faudrait qu'ils considèrent ce désir comme une chose acquise et l'oublier. Je voudrais demander en ce moment à tous les disciples de faire un effort considérable pour voir clairement la vision, pour reconnaître et connaître pour ce qu'ils sont, ceux qui occupent une position élevées, qui guident l'humanité et dont la responsabilité est de conduire celle-ci hors de l'esclavage, vers la liberté. Aidez-les de votre amour parce qu'ils se trouvent là où ils sont en raison de leurs destinées individuelles et sous la direction de leur âme. La vie doit être vue en toute vérité et envisagée telle qu'elle est, non pas de la manière réaliste adoptée par le monde, mais d'une manière réaliste du point de vue de l'âme dont la vision est à très longue portée et inclusive, et qui voit la vie telle qu'elle est.

Accepter les faits est l'un des premiers devoirs d'un disciple. Dans la tâche d'aider l'humanité, comme membre du groupe ou de l'Ashram du Maître, le fait qu'il y a des hommes et des femmes placés dans une position de pouvoir afin de réaliser le plan divin est l'un des premiers faits qu'il faut considérer. Il convient de le faire sans esprit de critique, évitant de se référer constamment à leurs limitations, se rendant compte des problèmes qui les confrontent, comprenant l'appel que leur âme fait à la vôtre et déversant sur eux un flot continu de "compréhension aimante". Ils sont des disciples plus avancés que vous ne l'êtes, même si ce fait est peu compris. Ils sont, consciemment ou non sous "l'impression" des Maîtres. Le disciple moyen ne peut pas faire grand- chose pour façonner leur pensée ou influencer leurs décisions. Je me réfère bien entendu aux chefs des Forces de la Lumière se trouvant sur le plan physique extérieur. Mais les disciples et les aspirants peuvent entourer ceux-ci d'un mur protecteur de lumière et d'amour ; ils peuvent s'abstenir de les gêner par des pensées de critique qui augmentent la vague de critiques que les gens qui pensent selon le monde déversent sur eux. Quant à la tentative d'atteindre et d'influencer les chefs des forces matérialistes, je vous demande de vous abstenir. On peut le tenter plus facilement car la personnalité du disciple fournira une porte permettant de les approcher. Mais les chefs sont beaucoup plus forts que le disciple moyen et la tâche présenterait donc un extrême danger. [707]

Dans l'âge du Verseau, qui est relativement si près de nous, il se fera une extériorisation de l'Ashram intérieur sur le plan extérieur. Les disciples, les initiés et les disciples du monde se rencontreront pour la première fois dans l'histoire de l'humanité comme disciples, se reconnaissant et reconnaissant le Maître de leur groupe. L'Ashram intérieur est une focalisation d'âmes libres, sans limitations. L'Ashram extérieur, dans sa manifestation future au cours de l'âge du Verseau, sera composé d'une focalisation de personnalités et d'âmes. Il y aura donc une certaine limitation ; les membres devront procéder à une reconnaissance consciente, et il se produira une diminution indispensable de l'action et de la perception dans le monde extérieur de temps et d'espace.

Le véritable Ashram, dont les prochains Ashram extérieurs ne seront que des reflets, n'est pas destiné à être discuté par le mental inférieur concret. C'est un point focal de réceptivité ; ce point inclut l'effort d'établir un contact mutuel par une reconnaissance unifiée de la vision, de la base ésotérique de la vie et des lois qui gouvernent les activités. Toutefois, ce n'est pas un endroit destiné à des processus de méditations longues et silencieuses, car c'est un point de tension où sont discutés les aspects les plus ésotériques de l'Antique Sagesse, où est reconnue la nature des relations de l'âme, et où se poursuivent consciemment la fusion des auras et l'entrelacement des "Triangles". Un Ashram est l'état d'esprit d'un groupe spirituel. C'est un point de pensée unifiée ; c'est un centre pour la clarification de la vision et non pour les méthodes de travail sur le plan physique. Tandis que les disciples apprennent à s'intégrer dans l'Ashram d'un Maître, ils découvrent que la première chose qu'ils ont à faire est d'établir une harmonie fondamentale entre eux et leurs condisciples et de renforcer le contact entre leur propre âme, le groupe ashramique et le Maître. Ensuite, ils apprennent à saisir, par des discussions et des expériences, la nature des énergies qui cherchent à s'exprimer dans le monde, et la nature des forces qui doivent être réduites à l'impuissance pour que les nouvelles énergies qui arrivent puissent effectivement amener les changements souhaités selon le Plan.

Ils apprennent aussi qu'en eux, en tant qu'individus, il n'y a ni faiblesse ni force qui ne puisse être soumise au "regard" du groupe. Ils parviennent ainsi à se dépouiller [708] de tous les "voiles" qui empêchent la claire lumière de rayonner. Le but de tout travail accompli dans l'Ashram d'un Maître est la Vérité, sur tous les niveaux et en tout temps. Lorsque les disciples apprennent à travailler ainsi du point ou centre de lumière, de compréhension et de vérité dans lequel ils sont intégrés d'une manière progressive et constante, leur utilité exotérique et l'efficacité de leur service augmenteront. Ils sauront comme groupe, ce qu'il convient de faire et ils découvriront finalement que cela est fait.

Dans les premiers stades de l'entraînement de Son disciple, le Maître a comme principale tâche de mettre fin à la période au cours de laquelle le disciple manifeste une préoccupation intense de soi, de son service, de sa réaction à l'égard du Maître, ou de la promesse d'un contact futur avec le Maître, de ses propres idées au sujet du discipulat et de ses propres interprétations de la vérité. Le Maître prend un groupe de personnes qui ont des idées bien arrêtées, qui sont absolument certaines que ces idées sont justes, puisque ce sont les meilleures et les plus élevées qu'elles ont pu saisir jusque là, et qui sont convaincues d'avoir atteint un point où elles ont enregistré certains concepts et certaines valeurs spirituels. Elles ont élaboré leurs propres formulations de la vérité, et elles demandent instamment à accomplir la prochaine étape. La première chose qu'Il doit donc faire est (pour utiliser des termes assez forts et sans doute étranges), de les faire éclater par la force, de leur donner un sentiment profond d'insécurité à l'égard des formules et des symboles du mental inférieur concret, et de les préparer ainsi à recevoir une méthode nouvelle et supérieure d'aborder la vérité. Généralement, cet effet s'obtient en les obligeant à remettre en question toutes les conclusions du passé.

Disciples et initiés de tous degrés, nous avons tous à entrer dans le lieu secret de l'initiation avec un sentiment de cécité ou de perte du sens de la direction, et avec un sentiment de dénuement complet. Il faut que le disciple garde à l'esprit qu'il doit devenir "un point mouvant et de là une ligne" ; il monte vers la Hiérarchie et adopte l'attitude spirituelle correcte mais, en même temps, il descend dans ce qu'il considère à tort comme le fond des difficultés humaines et de l'iniquité, si cela est nécessaire, tout en maintenant toujours son intégrité spirituelle et en apprenant ainsi trois importantes leçons :

1. La reconnaissance du fait qu'il a en lui toutes les tendances humaines, bonnes et mauvaises, et qu'il est ainsi à même de servir.

2. La découverte que la chose qu'il méprise et qu'il craint le plus est la chose qui existe le plus puissamment en lui, mais qu'il n'a pas encore reconnue. Il découvre [709] alors qu'il lui faut explorer et connaître ces zones de la conscience, méprisées et redoutées, de manière qu'elles puissent finalement devenir un actif, au lieu de chercher en quelque sorte à les éviter. Il apprend à ne rien craindre ; il est toute chose ; il est un être humain, mais il est aussi un mystique, un occultiste, un psychique et un disciple. Et, en raison de tous ces états de conscience qu'il a acquis, il devient finalement un Maître. Il a "maîtrisé" tous les stades et tous les états de conscience.

3. L'inutilité des attitudes prises dans le passé et des manières dogmatiques de considérer la vie et les gens, manières basées généralement sur des traditions ou amenées par les circonstances, lorsque ces attitudes et ces manières de voir les séparent de son prochain.

Lorsqu'il a réellement appris ces trois choses, il est initié.

QUATRIEME PARTIE

En étudiant les différents stades du discipulat par lesquels nous devons tous passer, nous découvrirons que l'une des choses qui se produisent est le rayonnement de la vie journalière. Ce rayonnement émane du monde de la signification dans lequel le disciple apprend toujours à vivre consciemment. Un des problèmes que doit résoudre le Maître en ce qui concerne Son groupe de disciples est comment leur enseigner la grande importance de ce qui est familier et aussi l'importance des vérités qui se trouvent dans tous les lieux communs. C'est là, peut-être, la tâche la plus difficile de toutes en raison de la réaction habituelle aux choses familières et de la nécessité de faire deux choses : prouver que ce qui est familier voile une importante réalité et que, en pénétrant dans le "monde de la signification", le disciple découvre qu'il entre dans le premier stade de la période de préparation au discipulat accepté.

Le premier stade que nous devons étudier est celui du "Petit Discipulat". En considérant ce stade, ainsi que tous les autres, je vous rappelle que j'aborde le sujet de l'angle de ce que doit faire le Maître et non pas de l'angle du travail du disciple. On a tant écrit à ce sujet. On a publié tant d'ouvrages sur cette question, et celle-ci est devenue si familière qu'il est devenu difficile de la saisir vraiment ; on a concentré tout l'effort de compréhension sur le disciple et sur ses problèmes de caractère et de personnalité. [710]

Il ne me sera pas possible d'entrer dans tous les détails. Mon intention est simplement de vous montrer, dans la mesure du possible, comment un Maître prépare le novice à sortir du Sentier de Probation et à entrer sur le Sentier du Discipulat. Je vous fais remarquer ici que je traiterai d'une période, couvrant les stades du discipulat du premier de ceux-ci jusqu'au stade de l'adepte. Au quatrième stade, le disciple sort du groupe de son Maître et devient ce qu'on nomme ésotériquement "un aspect fixe de la Hiérarchie". C'est là une phrase qui est évidemment vide de sens pour vous. Le disciple passe alors sous l'influence de Shamballa ; la manière de préparer les individus pour l'association à ce premier centre majeur est très différente de celle de préparation à la participation au travail du centre que nous appelons la Hiérarchie. La première implique le développement de l'amour et de la conscience de groupe ; la seconde implique le développement de la volonté et l'accession à un stade auquel Patanjali donne le nom "d'unité isolée". Ces mots n'ont de sens que pour tous ceux qui ont atteint la troisième initiation. Je ne traiterai pas, dans cette étude, de la préparation aux diverses initiations ni de leurs différences essentielles. Je traiterai de la croissance de ce qu'on appelle "l'intimité ashramique", de l'approche par le disciple du monde des âmes et du développement de sa conscience par rapport à la Hiérarchie. Je m'occuperai de la croissance de sa sensibilité et de la croissance conséquente et subséquente de son activité créatrice, non pas de son activité créatrice dans la forme mais beaucoup plus de l'activité de vibration, de son impact sur le monde des hommes, et de l'apparition qui s'ensuit plus tard d'organismes de réponse, par opposition aux formes créées. Je vous demande de réfléchir à cette pensée.

Cette croissance de la sensibilité est difficile à comprendre. Les membres du groupe d'un Maître et de Son Ashram doivent devenir de plus en plus sensibles au Maître et à ceux qui se sont engagés à travailler avec Lui. On ne peut pas rendre quelqu'un sensible, développer en lui la sensibilité par quelque processus ou par un entraînement destiné à cet effet. Les hommes sont sensibles, mais ils ne le savent pas, étant trop préoccupés par les questions matérielles, par la forme de la vie, par des choses objectives. Je l'expliquerai de cette manière : ce que vous vous dites à vous-même et ce que vous dites aux autres, par vos paroles ou par votre vie même, fait tant de bruit qu'il n'est pas facile d'être ce que vous êtes et d'être reconnu comme étant un être spirituel. Le Maître [711] est guidé par ce qu'il sait de vous dans vos calmes moments d'aspiration, par ce que, pendant des années, vous avez montré être la tendance fixe de votre vie et par la manière dont vous réagissez aux moments de crise ou de tension.

La tâche du Maître est de stimuler le disciple à être tout le temps ce qu'Il sait que le disciple est à ses moments les plus élevés ; ce n'est là qu'un exposé simple et presque enfantin, mais il indique bien l'idée générale. Un Maître agit ainsi parce que le besoin du monde en travailleurs décentralisés, prévoyants, aimants et intelligents est très grand, particulièrement en ce moment. Beaucoup d'individus ont atteint un point où ils peuvent devenir sensibles s'ils diminuaient la vigueur avec laquelle ils affirment leur personnalité et s'ils permettaient à la lumière de leur âme de se manifester. Le Maître pourrait être alors connu et contacté. Lorsque vous serez en mesure de vous soustraire à vous-même et à vos réactions personnelles, à vos propres interprétations et à vos demandes personnelles, vous découvrirez par vous-même comment le Maître cherche à vous impressionner, vous et le groupe auquel vous êtes affilié. Vous deviendrez sensible à Son impression. Vous pourrez alors faciliter l'action du Maître par un intérêt réel et profond pour la vie ésotérique, à l'exclusion de votre individualité et aussi de l'individualité du Maître. De nombreuses méthodes seront alors révélées permettant d'aider à établir des rapports réciproques entre vous, le disciple, et le Maître.

Comme tous les rayons sont des sous-rayons du deuxième rayon, nous nous intéresserons principalement aux modes de travail du deuxième rayon avec les disciples ; ils forment la base de toutes les autres techniques ; les différences qui peuvent se produire, résident dans l'application des processus dépendant du type de rayon, et de l'utilisation de l'accent mis sur certains centres. De nouveau je vous demande de réfléchir à ces mots, car ils contiennent de nombreuses informations pour ceux qui peuvent apporter sur eux la lumière de l'intuition. Je traiterai des rapports qu'ont le Maître et Son groupe avec le disciple individuel, et non des attitudes et des processus intéressant le disciple. C'est là, comme vous le noterez, une nouvelle manière de procéder.

Essentiellement, l'attitude du disciple n'a pas réellement beaucoup d'importance si on la compare à l'effet que la Hiérarchie et ses techniques ont sur lui. Les résultats sont [712] inévitables, car ils dépendent de deux facteurs importants :

1. Le premier facteur est que l'impression hiérarchique dirigée n'est pas exercée tant que l'homme ne s'est pas préparé, par autodiscipline, à y répondre et qu'il ne se trouve qu'à ce moment-là à proximité de la fin du Sentier.

2. Le deuxième est le facteur de réponse de groupe ; la réponse se fait dans deux directions :

a. pour percevoir les besoins des hommes, conduisant, en conséquence, à une vie consacrée au service.

b. vers l'impression par l'âme, menant à la sensibilité spirituelle.

Une fois ces deux facteurs établis, même si le disciple l'ignore dans sa conscience de veille, l'emprise de l'âme sur la personnalité devient irrévocable. C'est alors et alors seulement que le Maître commence à travailler et que la réponse sera réelle et durable.

Laissez-moi maintenant énumérer les stades que nous allons examiner :

1. le stade où le disciple est approché par le Maître au moyen d'un chéla sur le plan physique. C'est le stade du Petit Discipulat.

2. Le stade où un disciple plus élevé dirige le chéla des niveaux égoïques ou de l'âme. C'est le stade du Chéla dans la Lumière.

3. Le stade où, suivant les besoins, le Maître prend contact avec le chéla par les moyens suivants :

a. L'expérience vivante d'un rêve.

b. Un enseignement symbolique.

c. L'utilisation de la forme-pensée d'un Maître.

d. Un contact avec le Maître au cours de la méditation.

e. Un entretien précis avec le Maître dans Son Ashram et dont le disciple se souvient.

C'est là, clairement, le stade de Discipulat Accepté.

4. Le stade où, après avoir montré sa sagesse dans son travail et apprécié le problème du Maître, le disciple apprend comment, en cas de nécessité, il peut attirer l'attention du Maître, et puiser ainsi de sa force, de sa connaissance et recevoir son conseil. C'est un événement instantané et qui, pratiquement, ne prend pas [713] de temps au Maître. Il porte le nom particulier de Chéla sur le Fil, ou sur le Sutratma.

5. Le stade où le disciple est autorisé à connaître la méthode, par laquelle il peut émettre une vibration ou un appel qui lui donne droit à un entretien avec le Maître. Cette méthode n'est permise qu'aux chélas de toute confiance dont on peut être certain qu'ils n'utiliseront pas leur savoir pour d'autres choses que les besoins du travail. Aucune raison, aucune anxiété relevant de la personnalité ne les amènerait à en faire usage. À ce stade, le disciple est appelé un Chéla dans l'aura.

6. Le stade où le disciple peut attirer l'attention du Maître à tout moment ; il est toujours en rapport étroit avec lui. c'est le stade où un chéla est soumis, nettement et consciemment, à la préparation en vue de l'initiation immédiate, ou, s'il a déjà pris l'initiation, lorsqu'on lui donne un travail spécial à effectuer en collaboration avec son... À ce stade, il est décrit comme le Chéla dans le cœur de son Maître.

7. Il existe un stade ultérieur de plus étroite identification et ou se produit une complète fusion des Lumières ; mais il n'y a aucune paraphrase adéquate pour en traduire le nom.

Je voudrais que vous notiez que les six stades mentionnés plus haut ont été transcrits et paraphrasés à l'usage des occidentaux ; il ne faut en aucune façon considérer ce qui précède comme une traduction exacte des termes anciens.

Stade I. Le Petit Discipulat

Ce stade est nettement si exotérique que bien des gens l'ont laissé loin derrière eux. La première indication qu'un homme a atteint ce stade, de l'angle du Maître, apparaît lorsque la "lumière flamboie" dans une certaine vie ; l'attention du Maître est ainsi attirée sur cet individu. On peut dire que ce qui prélude à l'intérêt du Maître se divise en quatre parties, et que c'est seulement lorsque ces quatre parties se trouvent réunies que cela se produit :

1. L'intention d'aspiration de l'homme se trouvant sur le plan physique parvient soudainement à lui permettre [714] d'établir un contact avec l'âme. À ce moment-là, la lumière dans la tête est momentanément intensifiée.

2. L'agitation karmique dans la vie de l'homme augmente considérablement ; mis à part son karma individuel, pour la première fois, il prend consciemment part au karma du groupe et l'endosse. Le fait d'entreprendre ce double karma met en mouvement un véritable tourbillon de force dans l'aura du groupe ; l'attention hiérarchique est ainsi attirée.

3. Le point suivant n'est pas facile à expliquer ni à saisir. Il vous a été dit que l'âme se trouve en profonde méditation pendant la plus grande partie du cycle des vies de tout homme, et que c'est seulement lorsque une certaine mesure d'intégration de la personnalité est établie, que l'attention de l'âme est tirée de ses propres considérations intérieures et de ses affaires égoïques, et qu'elle se tourne vers son ombre. Lorsque cela se produit, le groupe égoïque est nettement influencé ; le Maître, sur le même rayon que celui de l'âme en question, devient conscient de ce qu'on appelle ésotériquement "une âme qui regarde vers le bas". Sur le Sentier du Discipulat, l'égo est constamment conscient de la personnalité qui lutte; il vient donc un stade, vers la fin du Sentier de l'évolution ou l'âme récapitule les processus évolutifs de l'involution et de l'évolution. L'énergie de l'âme descend et la forme de la personnalité monte ; le processus de descente et de montée se produit consciemment. Je me réfère ici au processus entrepris par l'âme sous l'impulsion hiérarchique, et non pas au processus dans lequel la personnalité invoque l'âme, dans un besoin désespéré produit dans la conscience inférieure à la suite de la cessation graduelle du désir.

4. L'antahkarana est graduellement construit, et ainsi se trouvent consciemment reliées la "plus grande Lumière et la moindre lumière". Un sentier de lumière et d'énergie est établi ou créé entre ces deux aspects divins. Avec le temps, apparaît dans le groupe égoïque ce qui est ésotériquement connu sous le nom de "lumière qui relie", ou de "rayonnement qui jette un pont". C'est le Sentier auquel on se réfère dans L'Ancien Testament, "Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante dont l'éclat va croissant jusqu'au milieu du [715] jour". Dans les ouvrages ésotériques, il en est parlé dans les termes suivants : "Avant qu'un homme puisse fouler le sentier, il doit devenir lui-même ce sentier."

Ces quatre stades ont été décrits dans L'Ancien Commentaire de la manière suivante :

"Le point de lumière brille. Il croit et décroît. Le point devient une ligne au commencement d'un tourbillon, et du centre de la force tourbillonnante vient une voix, invocatoire et claire.

Celui Qui, en silence, est assis et travaille, seul et sans crainte, parce que la partie n'est pas seule et que le groupe est sans peur, regarde en bas, saisit la lumière, reflète la force tourbillonnante et entend la voix.

Alors, du point silencieux de pouvoir, un Mot est émis : Reste immobile. Reste silencieux. Sache que je suis Dieu. Le travail nécessaire va maintenant commencer.

Entre le Grand Être et le petit qui lutte, est établie la communion ; l'action réciproque commence ; le mental prend sa juste place. Le Sentier est fermement tracé."

Lorsque les quatre aspects de l'activité de relation se manifestent, commencent alors à se former ce qu'on pourrait appeler des "habitudes spirituelles" ; elles s'établissent de plus en plus. Leur effet d'ensemble sert finalement à attirer l'attention du Maître. Le contact est encore trop faible, et l'emprise de l'âme sur la personnalité encore trop peu solide, pour permettre au Maître de faire quoi que ce soit directement avec l'aspirant. Le stade est un stade de pur mysticisme et de dessein spirituel égoïque. Il y manque la reconnaissance des rapports de groupe ; la connaissance de l'inclination de groupe n'existe pas encore ; il n'y a pas de véritable désir désintéressé de servir. Il n'y a qu'un vague désir de libération personnelle, d'intégrité personnelle et de bonheur personnel durable. Il faut que tout soit changé en émancipation de groupe, cohésion de groupe et joie de groupe.

Le premier stade de l'entraînement d'un tel aspirant est donc de le relier à un disciple plus avancé qui le conduira graduellement en avant et lui donnera l'aide dont il a besoin. La raison en est que le disciple est plus près de l'aspirant, qu'il est loin d'être parfait lui-même et qu'il apprend lui aussi à servir. Ce stade de développement couvre une période de recherche occulte et d'investigation ésotérique qui s'étend [716] généralement sur plusieurs vies. À ce stade, l'aspirant court d'un instructeur à l'autre, suivant son inclination, les opportunités et la nécessité. Il est un exemple d'instabilité, mais il est attentivement observé par le disciple qui a transcendé ce stade particulier de versatilité ; et dont la tâche est de veiller à ce que l'aspirant échappe à ce "réseau de futilité" ainsi qu'on l'a parfois appelé et qu'il se fixe au stade suivant d'investigation intérieure.

Durant toute cette période, le Maître ne s'occupe en aucune façon de l'aspirant. Il se passera encore beaucoup de temps avant que l'aspirant ne soit admis en Sa présence et établisse avec Lui un contact personnel. Le chéla qui supervise ce stade intérimaire, fait rapport au Maître à des intervalles très espacés ; c'est seulement lorsque l'aspirant a atteint le point où il "peut entrer dans la lumière de l'Ange" que le Maître commence à prendre la suite de son entraînement. Le disciple est alors irrévocablement prêt. Ce point est atteint au troisième stade, celui du Discipulat Accepté.

Ces stades sont tous reliés à l'une ou l'autre des initiations. Celui qui est appelé le Petit Discipulat est relié à la première initiation. Cette initiation est elle-même reliée au plan physique et, pour beaucoup de gens, comme je l'ai signalé plusieurs fois, appartient à un très ancien passé. Tous les vrais aspirants ont déjà pris la première initiation. Cela est prouvé par leur lutte intense pour croître dans la vie spirituelle, pour suivre d'une manière déterminée la voie qui les oriente vers les choses de l'esprit, et pour vivre dans la lumière de l'esprit. Je crois que beaucoup de ceux qui lisent ces phrases reconnaissent ces déterminations comme étant la motivation fondamentale de leur vie. Ce stade correspond au processus d'individualisation aux temps de la Lémurie ; on se réfère souvent au stade du Petit Discipulat comme à la "période de conscience lémurienne" qui conduit, par le stade atlantéen de Chéla dans la Lumière, au stade aryen de Discipulat Accepté. À ce dernier stade, la troisième et véritable préparation pour l'initiation est entreprise consciemment parce que, à ce moment, l'intégration est stabilisée, l'homme a atteint sa pleine maturité et sa pleine conscience et il est prêt à se soumettre sans réserve à l'impression hiérarchique.

Il n'est pas nécessaire de s'étendre davantage sur ce stade préliminaire, sur le sentier de discipulat pénible bien qu'étant [717] une source d'inspiration. Il a été communiqué au monde beaucoup de notions à ce sujet, et trop d'accent a été mis sur la purification, le service et la dévotion.

La raison pour laquelle je le dis, est que la purification, le service et la dévotion, devraient être considérés comme faisant partie de l'expression de la vie exotérique de tout véritable aspirant ; ce ne sont pas des causes ésotériques mais des effets exotériques d'attitudes intérieures.

Continuant notre étude des stades du Discipulat, je voudrais signaler de nouveau que, pour la majorité des aspirants et pour les personnes très évoluées ayant une conscience humanitaire, le premier stade appartient à un lointain passé. Beaucoup de gens aujourd'hui sont des "disciples acceptés", ce qui, vous le savez bien, est le troisième stade ; ils ont, par conséquent, derrière eux trois expériences :

1. Le stade du "Petit Discipulat", stade élémentaire, éprouvant et agité. Il en est parlé parfois comme du "stade où les racines de l'homme-plante sont secouées ; le stade dans lequel les racines jusqu'alors enfoncées sont détachées, et l'air et la lumière troublent la paix des âges. C'est la paix de la mort, l'âge de la pierre, la tombe de la vie."

2. Le stade du "Chéla dans la Lumière". Je vais maintenant en parler.

3. La première initiation : Elle précède toujours le stade de discipulat accepté. Aucun Maître ne prend un disciple dans Son Ashram et ne l'accepte tant que la naissance du Christ n'a pas eu lieu en lui. Saül doit devenir Paul, comme le disent les Chrétiens. Le petit enfant au sein des entrailles du temps émerge dans le monde des hommes ; du point de vue de la complète identification avec la matière (la mère), il devient lui-même et cherche consciemment à fouler les chemins de la vie et à devenir ce qu'il est. C'est une répétition ésotérique du processus physique consistant à devenir un individu séparé. Entre l'état "d'individualité isolée" et celui "d'unité isolée", il se trouve un autre état auquel on donne le nom "d'identité isolée". C'est ce stade qui nous intéresse ici, avec ses implications ésotériques. L'unité isolée décrit le stade atteint par le Maître; l'individualité isolée est celui du disciple ; l'identité isolée avec l'âme est celui du disciple jusque, et y compris, la troisième initiation.

a. L'unité [718] isolée est la consommation de la conscience aryenne. L'identité isolée est reliée à la conscience atlantéenne de l'angle de la correspondance plus élevée.

b. L'unité isolée est liée au plan mental et gouvernée par le cinquième Rayon de Connaissance Concrète ou Science ; c'est une réflexion de la volonté-de-connaître. L'identité isolée est liée au plan astral et gouvernée par le sixième Rayon de Dévotion ou de Sensibilité Idéaliste ; c'est une réflexion déformée et instable de la volonté-d'aimer. L'individualité isolée est liée à l'expression sur le plan physique et gouvernée par le troisième Rayon d'Intelligence Active ; c'est une réflexion, de nouveau déformée et instable, de la volonté-d'être.

Sur le plan bouddhique, le plan de l'intuition divine, ces trois expressions inférieures et leurs prototypes supérieurs sont harmonisés ; le travail d'expansion des trois initiations, la deuxième, la troisième et la quatrième, produit une absorption, une fusion entre le disciple et l'âme et, finalement, entre l'humanité et la Hiérarchie, qui préparent à un contact majeur entre l'homme et la Monade. Lorsque ce contact a lieu, l'âme, créatrice de reflets et d'ombres, est mise de côté car ce point de conscience a rempli son but. La destruction du corps causal se produit alors et il ne reste plus rien d'autre que la forme pleinement consciente et l'esprit. Mais tant que l'homme n'a pas pris les initiations supérieures, il ne peut comprendre le sens des commentaires qui précèdent.