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SECTION TROIS - LES SIX STADES DU DISCIPULAT - Partie 3

À ce sujet, je vous rappelle que, bien que je cherche actuellement à former beaucoup de disciples pour de nouvelles expansions de conscience, j'écris surtout pour l'avenir et pour les disciples qui, au cours des années à venir, liront mes paroles et trouveront leur chemin vers les Ashrams des Maîtres. La Hiérarchie construit pour l'avenir ; elle ne s'occupe pas du présent. Tout ce qu'elle fait est accompli dans l'intention d'ouvrir la voie menant à un monde plus vaste. L'humanité se préoccupe des choses présentes ; la Hiérarchie travaille et fait des plans pour l'avenir ; Shamballa est absorbée dans l'Eternel Présent et dans la vie dynamique qui a créé le passé, lequel domine le présent, centre d'illusion, et dans l'avenir. Vous pourriez peut-être vous faire une certaine idée ou une certaine image de la vie qui conditionne Shamballa si vous étudiez l'ère présente de l'existence humaine. Vous y trouvez des gens ayant la conscience lémurienne, focalisés dans le passé et s'intéressant au plan physique ; des gens ayant la conscience atlantéenne, au contenu émotionnel, focalisés dans le présent et que l'on rencontre partout ; et enfin des gens qui sont nettement aryens dans leur stade de conscience, mentalement focalisés et s'intéressant à l'avenir. Ces trois catégories constituent une race d'hommes et incarnent l'humanité tout entière. [719]

CINQUIEME PARTIE Stade II. Le Chéla dans la Lumière

Ce stade est certainement celui où la conscience du novice s'occupe à surmonter le mirage et à se guérir de la vision déformée et myope de l'homme qui a été immergé dans la vie de la matière ou de la forme. Le novice tente maintenant d'atteindre une nouvelle vision, de dominer le monde des réactions émotionnelles et de travailler dans un nouveau milieu, celui de la Lumière.

Les Maîtres ne travaillent pas sur le plan astral. Certaines écoles d'occultisme enseignent qu'Ils le font mais ce n'est pas le cas. Pour Eux, ayant surmonté mirage et illusion, le plan astral n'existe pas ; ce n'est qu'un concept illusoire du type karma-manasique de mental, le mental de l'aspirant moyen. Le chéla est donc gardé et guidé à ce stade par quelqu'un qui est encore sujet au mirage mais qui, en même temps, est conscient de la nature éphémère du plan astral.

Ce stade est celui de tant d'aspirants dans le monde d'aujourd'hui que, avant d'aller plus loin, je voudrais traiter de la nature du travail que les Maîtres cherchent à accomplir avec Leurs groupes de disciples en cette heure de crise mondiale. De l'angle des Maîtres Eux-mêmes, c'est là une question d'importance primordiale pour le monde. N'oubliez jamais que dans tous nos exposés et dans tous vos efforts pour comprendre, je m'efforce de vous décentraliser en vous donnant, dans la mesure où je peux le faire, le point de vue de la Hiérarchie, le ramenant au niveau de compréhension de l'aspirant moyen. [720]

Dans la mesure où ces aspirants sont concernés, la chose principale que les Maîtres s'efforcent de provoquer est la stimulation en eux de la flamme de l'esprit, de manière qu'ils puissent enflammer le monde. Les feux du jugement et de la substance, du karma et de son véhicule, la matière, font actuellement rage dans le monde. Le feu doit être combattu par le feu, comme vous le savez bien ; pour éteindre l'enfer de feu qui fait rage et qui dévaste aujourd'hui le monde, il faut lui opposer le feu de l'esprit répandu et utilisé avec efficacité par les disciples des Maîtres. La tâche de Shamballa, par rapport à la Hiérarchie, est de même nature, mais elle s'effectue sur un niveau plus élevé, elle administre le feu ultime de la Volonté. Le feu qui, en dernière analyse, doit être utilisé par les disciples dans le monde est le feu de la volonté d'aimer.

Ce feu n'est pas ce que vous pensez. La volonté-d'aimer signifie l'amour du plus grand Tout, et la capacité de faire ce qui est nécessaire pour le bien du groupe, de la bonne manière et avec l'habileté d'action nécessaire. Il implique la capacité d'agir avec fermeté lorsque le besoin s'en fait sentir, car le disciple a une vision à longue portée et n'est pas trompé par les perspectives immédiates. Il travaille pour l'avenir et le prépare. En d'autres termes, c'est l'intention aimante d'enflammer le monde entier avec l'idée nouvelle de "l'esprit de relation", à commencer par le disciple lui-même, sa famille et son groupe immédiat. Telle est la volonté-de-feu. Il conviendrait d'approfondir ces idées. Pour amener à rendre effective cette ardente stimulation, le disciple doit appliquer le feu à lui-même et dans l'embrasement qui s'ensuit, il doit se voir tel qu'il est vraiment. Le feu de l'aspect matériel, le feu de la personnalité, est encore prédominant et trop puissant dans la vie des aspirants. Il les rend malfaisants.

Je vous rappelle que le feu du plan mental, c'est-à-dire du mental, est la réflexion déformée du feu de l'esprit. Certains disciples utilisent seulement le feu du mental. Dans leurs moments les meilleurs et les plus élevés, ils essaient d'utiliser le feu de l'amour pour contrebalancer les feux du mental critique mais, au mieux, ce n'est pas un flux spontané, mais un effort laborieux tendant à être bons, à s'abstenir grâce à une autodiscipline rigoureuse, de formuler les choses que leur dit le mental critique ou d'agir conformément à l'opinion qu'ils ont formée en utilisant le feu du mental. Ce feu est toujours dirigé vers un frère, et l'effort accompli pour s'abstenir de l'utiliser crée inévitablement un fossé ou [721] une barrière. Parmi la majorité des aspirants, il n'y a pas d'amour véritable en action, mais seulement beaucoup d'efforts de la personnalité pour ne pas manifester un esprit critique. Ils se concentrent sur la nécessité reconnue et fondamentale de ne pas critiquer parce que c'est ce qu'il convient de faire et parce qu'il y a une récompense pour ceux qui y parviennent ; mais leur concentration n'est pas basée sur les effets produits sur les autres lorsqu'ils lâchent le feu du mental avec tous ses effets destructeurs, qui brûlent et font du mal.

Les Maîtres sont donc désireux de "brûler le disciple dans le feu de la volonté-d'aimer, de manière qu'il soit libéré et que soient détruites les barrières obstruant l'influx de la force avatarique." Pourquoi ? Parce que les disciples dans le monde, et non pas la masse des hommes, entravent aujourd'hui l'Arrivée de l'Avatar et rendent son intention inutile. Il n'ose pas venir avant que les disciples et les aspirants n'aient fait en eux-mêmes les changements nécessaires, parce qu'il n'y aurait pas "assez de volonté-d'aimer avec l'essence ardente". Lorsque cette volonté se manifeste, deux choses peuvent se produire :

1. L'influx d'énergie que l'Avatar apporterait avec Lui peut effectuer son adaptation nécessaire, afin qu'il puisse devenir efficace dans l'humanité.

2. L'Avatar et Ceux Qui travaillent avec Lui et sous Son influence disposeront d'un groupe qui peut :

a. Répondre d'une manière intelligente à cette influence, la reconnaissant et l'absorbant.

b. Distribuer l'énergie qui se déverse.

c. Interpréter pour l'humanité les nouvelles forces d'impulsion qui sont occupées à précipiter la nouvelle vision, le nouvel ordre mondial et les idéaux du Nouvel Age.

Il y aura alors beaucoup de chélas dans la Lumière et dans les autres degrés du discipulat.

La vision que possèdent beaucoup d'individus de l'influence et du travail de l'Avatar est celle d'une Grande Apparition qui mettra fin à tous les conflits, instaurera la nouvelle ère de paix et de bonne volonté, apaisera le cœur des hommes et conduira l'humanité aux domaines de la beauté et du bonheur. Il sera l'accomplissement de tous les désirs [722] exprimés par d'innombrables esprits au cours des âges. Il sera la consolation de l'humanité dans la détresse. Il fera preuve d'amour et de douceur à l'égard de Son propre peuple qu'Il traitera avec bonté. Il chassera de la Terre ceux qui font le mal et les empêchera de revenir menacer la paix du monde.

Je dois vous dire qu'une telle vision n'a absolument aucun rapport avec la réalité. Elle est basée sur des interprétations théologiques et sur l'égoïsme humain ; elle prend son origine dans la misère de l'humanité et dans l'incapacité des disciples et des aspirants en tous lieux de comprendre la vraie nature de l'amour et la véritable vision du Plan hiérarchique.

C'est le Feu de l'Amour qu'Il apportera ; c'est le message du feu purificateur qu'Il proclamera. Son enseignement ne portera pas sur les eaux de la purification comme la vérité l'a enseigné jusqu'ici symboliquement. Il transmettra le Feu qui brûle et détruit toutes les barrières dans la nature de l'homme, tous les murs de séparation entre les individus, entre les groupes et entre les nations. Êtes-vous prêts, comme individus, comme disciples et comme aspirants à vous soumettre à ce feu?

Lorsqu'un homme devient un chéla dans la Lumière, certains développements se produisent en lui qui lui permettent de voir plus clairement la vision et de savoir ce qu'il doit faire car la Lumière révèle toujours. Ce sont :

1. L'aspirant opère en conscience une transition du plan astral au plan mental ; pour cela le chéla plus avancé lui apporte une assistance et une direction précises.

2. L'aspirant apprend à distinguer, finalement avec infaillibilité, entre les paires d'opposés.

3. L'aspirant devient conscient du mirage et le reconnaît comme quelque chose dont il doit en fin de compte se libérer et aider à libérer le monde.

Ces trois stades ont été traités dans le Livre des Règles à l'usage des disciples sur le sentier de probation. La règle peut être approximativement traduite en langue moderne de la manière suivante.

"Celui qui est sur le Chemin bondit en avant, abandonnant le monde de la vie fluide. Il opère la grande transition et laisse derrière lui le chemin des eaux. Il marche sur les eaux et ne sombre pas en elles. Un chéla muni [723] d'une lumière le guide par la main, de la lumière à la plus grande Lumière.

"C'est une Transition sur le chemin inférieur, une préparation pour le chemin plus élevé.

"Celui qui est sur le Chemin devient conscient de ceci et de cela. Les pôles apparaissent. Les deux attirent sa vie journalière, l'un d'abord, l'autre ensuite ; il marche entre les deux. Une transformation doit se faire ; les deux deviennent un seul. Un pas est fait vers l'unité. Entre les deux, il avance. Un chéla dans la lumière projette la lumière sur les deux côtés et ainsi le petit peut cheminer.

"C'est une Transformation sur le double chemin, conduisant au Chemin.

"Celui qui est sur le Chemin regarde autour de lui et voit la vie comme à travers un brouillard. Les brumes et les brouillards du mirage recouvrent les vallées et les collines de la vie, et il doit les dissiper. Il doit les transmuer au moyen des rayons brûlants de la lumière rayonnante. Un chéla dans la lumière dirige la lumière ardente et brûlante qui dissipe le brouillard amollissant.

"C'est la Transmutation. Ces feux libèrent la lumière cachée et la font fusionner avec la plus grande lumière.

C'est donc sous la direction d'un chéla beaucoup plus avancé, bien que pas encore un adepte, que le chéla dans la Lumière apprend les premières leçons relatives à ces trois processus. Pendant ce temps, l'aspirant reste inconscient de l'intérêt que lui porte le Maître. Celui-ci reçoit régulièrement des rapports basés sur certains diagrammes, envoyés par le disciple plus avancé ayant la charge du néophyte. C'est de cette façon que sont établies beaucoup de relations hiérarchiques ; une fois qu'elles le sont, grâce au travail d'un Maître dans l'Ashram et non d'un travail centré sur le plan physique, elles persistent et constituent l'un des facteurs produisant :

1. L'intégrité hiérarchique.

2. Finalement, d'étroits rapports entre l'humanité et la Hiérarchie.

Il y a actuellement une forte augmentation du nombre de gens qui se trouvent ainsi liés ; les disciples plus avancés de tous les Maîtres qui prennent des chélas sont extrêmement [724] occupés par l'entraînement des aspirants, tout autant qu'ils le sont par le travail découlant de la gravité de la crise mondiale. Les aspirants ainsi formés sont, en réalité, le noyau des futurs serviteurs du monde et ont par conséquent une grande importance. La tâche de ceux qui sont engagés dans ce travail se divise en trois parties. Étant ainsi occupés, les disciples plus avancés et les initiés apprennent beaucoup de choses. Ces trois catégories du travail sont :

1. L'établissement de l'influence magnétique.

2. La mise en place d'un rapport télépathique.

3. Le fait d'un ajustement karmique fondamental.

La première tâche confrontant les disciples est de parvenir à comprendre la nature des aspirants dont ils sont responsables, et également d'établir une zone ou sentier d'influence de manière à être nettement utiles aux aspirants et en mesure de communiquer avec eux. On pourrait faire observer que dans le passé, de semblables relations existaient d'âme à âme, et requéraient par conséquent beaucoup de temps pour "amener" une reconnaissance appropriée dans le mental et le cerveau de l'aspirant. Aujourd'hui, cette méthode persiste encore dans la majorité des cas, mais beaucoup de disciples, apportant leur assistance, expérimentent, sous la direction de leur Maître, une méthode permettant de travailler directement avec l'aspirant sur le plan physique, ce qui signifie une relation de personnalité aussi bien qu'une relation d'âme. Cette relation est beaucoup plus difficile, mais elle fait partie du nouveau processus d'extériorisation de l'effort hiérarchique, auquel prennent par tous les Ashrams extérieurs qui se forment aujourd'hui graduellement. Par ce moyen, le chéla dans la Lumière est entraîné à reconnaître les membres de la Hiérarchie, en devenant tout d'abord conscient des disciples plus avancés que lui et en apprenant à accorder une juste valeur à leurs paroles et à leurs suggestions. Vous voyez donc combien grand est l'effort entrepris pour amener les deux centres, l'humanité et la Hiérarchie, à entretenir des relations beaucoup plus étroites, à la fois subjective et objective.

Tous ceux qui, dans cette vie, ont passé du stade de chéla dans la Lumière à celui de disciple accepté ont procédé à deux reconnaissances :

1. Une reconnaissance du disciple plus avancé qu'ils ont découvert "dans la Lumière". [725]

2. Une reconnaissance du Maître. Je traiterai plus tard de cette importante question de la reconnaissance du Maître.

Le processus subséquent de développement d'une activité réciproque télépathique doit être étudié avec le plus grand soin. Tous les groupes de disciples travaillant à l'intérieur ou à l'extérieur d'un Ashram devraient être en étroits rapports télépathiques, fournissant ainsi au développement de ce genre de sensibilité un terrain d'entraînement. La première chose qui doit être établie dans un groupe de disciples est l'amour et la confiance ; sans eux, il ne peut y avoir de véritable transmission de pensée. Lorsque l'amour et la confiance n'existent pas, il faut les développer systématiquement et consciemment.

La deuxième règle qui régit les rapports télépathiques est que tous les disciples doivent éviter le plus soigneusement possible les "crises de critique" s'ils désirent établir le rythme nécessaire. Dans tout groupe de disciples, il y a ceux qui ne reconnaissent pas les priorités qu'il faut observer ; ils placent bien des gens et bien des choses avant leur devoir et leurs responsabilités spirituels. Ils donnent ainsi à leurs condisciples de justes raisons, apparemment justes, de les critiquer. Il y a des cas où la critique est incontestablement la reconnaissance d'un fait. Ceci veut dire qu'un disciple qui critique a atteint un point, où son jugement est si bien fondé sur l'amour, qu'il n'entraîne aucun effet qui puisse concerner la personnalité soit dans sa propre vie, soit dans celle de son condisciple ; ce n'est qu'une reconnaissance aimante d'une limitation. Cette attitude ne devient erronée que lorsque ces faits incontestables, sont utilisés pour provoquer la critique en ceux qui ne sont pas qualifiés pour cela, fournissant ainsi des motifs de discussion. Le disciple ou l'aspirant ayant des défauts criants, et qui ne parvient pas à faire lui-même les changements nécessaires, crée une barrière qu'il lui faudra détruire un jour en supprimant toutes les causes de critique. Ces barrières mettent obstacle aux libres communications télépathiques.

On pourrait poser ici une question intéressante, une question qui, inévitablement, se présentera : le groupe de disciples actifs doit-il se mettre au niveau des disciples plus avancés du groupe, ou ce niveau doit-il être abaissé jusqu'à convenir aux moins avancés ? Posons la question autrement : les éléments les moins évolués dans un groupe de disciples et d'aspirants doivent- ils abaisser les éléments plus développés à leur propre niveau de travail et de compréhension ? Feront-ils un suprême effort pour atteindre la vision plus élevée et parvenir aux attitudes et aux points de vue des plus avancés ? Ces questions constituent un problème fondamental dans tous [726] les Ashrams ; seuls les chélas peuvent donner une réponse.

En se perfectionnant dans la tâche consistant à procéder à des ajustements karmiques, le disciple directeur doit satisfaire à certaines exigences. Il doit vérifier soigneusement quel est le karma devant être liquidé en cette incarnation par l'aspirant dont il a la charge ; il lui faut ensuite l'amener à ajouter à ce karma reconnu ce que je pourrais appeler un "karma libérateur". C'est là une partie du processus de "forçage" auquel doivent se soumettre, volontairement ceux qui choisissent le chemin difficile de l'initiation. À ce sujet le disciple cherche à accomplir plusieurs choses se rapportant au chéla dans la Lumière :

1. Il se débarrasse aussi intelligemment et consciemment que possible du karma inévitable.

2. Il se charge d'un certain karma qui normalement se présenterait dans une autre vie.

3. Il commence à assumer la responsabilité d'une partie du karma général de l'humanité, augmentant ainsi sa propre part de karma.

4. Il commence à s'occuper du karma planétaire et à le comprendre dans une certaine mesure, bien qu'il ne s'en rende en aucune façon responsable. Ce n'est qu'après la troisième initiation qu'il prend, consciemment et comme individu, une partie de la responsabilité karmique du Logos planétaire.

Je désire signaler ici que je me réfère aussi bien au bon qu'au mauvais karma. Il appartient au disciple qui aide le chéla dans la Lumière d'ajuster le karma de celui-ci, le disciple le fait par impression de pensée. Tout karma consciemment confronté se trouve précipité par le pouvoir de la pensée ; c'est sans doute la principale leçon que le disciple plus avancé doit enseigner au néophyte. De cette manière, il enseigne à ce dernier, à voir "dans la lumière" qui éclaire son chemin, et le disciple préparant le néophyte au discipulat accepté se trouve en contact constant avec le Maître. Ainsi, un rapport triangulaire est établi qui a une valeur occulte.

Si le chéla dans la lumière est vraiment sérieux et s'il développe consciemment une sensibilité plus élevée, ce stade [727] peut être relativement court ; deux vies suffisent parfois à couvrir cette période. Le chéla dans la Lumière est celui qui foule le chemin de ce qui est appelé "la révélation de moindre importance", moindre parce qu'elle concerne la révélation de ce qui doit être accompli dans la vie de la personnalité ; ce n'est pas le chemin de la révélation supérieure de la divinité et de sa nature. C'est la révélation de ce qui est déjà manifesté et non de ce qui doit être manifesté. Le projecteur de l'âme révèle les défauts du caractère, les limitations dans l'expression et les imperfections dans la conduite ; ils doivent être corrigés d'une manière intelligente. Les diagrammes symboliques que le disciple présente au Maître deux fois par an, indiquent, non pas les résultats mais l'effort accompli par le néophyte dans cette direction ; c'est l'effort qui compte. Les résultats sont inévitables et proportionnés à l'effort. Lorsque ces diagrammes (il y en a trois) superposés se révèlent géométriquement reliés, ils forment un modèle de rayons bien net. Le Maître peut alors évaluer le degré et le genre de développement et déterminer le temps où le disciple plus avancé sera autorisé à proposer le stade de discipulat accepté. Lorsque la requête de l'aspirant, la recommandation du disciple directeur, les conditions karmiques et la note enregistrée par le Maître coïncident, le troisième stade est atteint.

Je voudrais vous rappeler ici que ces stades sont liés au travail dans l'Ashram, et à la vie et la vitalité du groupe intérieur. Comme vous le savez, ce groupe est composé de disciples plus avancés et expérimentés, d'initiés, de néophytes à différents stades de développement, et également de disciples passant par les différentes étapes du Sentier. Ce sont ces différents types de disciples qui manifestent dans leur activité une si vaste diversité qui créent ces rapports entre les Ashrams extérieurs et les Ashrams intérieurs, entre le groupe objectif sur le plan extérieur et le groupe intérieur beaucoup plus important. Ceci m'amène à une question qui peut normalement se poser à l'esprit de ceux qui travaillent dans le groupe extérieur et qui sont, de façon assez lâche, reliés au groupe intérieur : le niveau de conscience de l'Ashram extérieur est-il déterminé par le personnel de ce groupe ou par son rapport avec l'ensemble de l'Ashram dont il n'est qu'une partie relativement petite ?

Lorsque cette question est posée par un des membres d'un Ashram, elle indique une nette préoccupation relative au personnel du groupe et non au groupe comme aspect de [728] l'Ashram d'un Maître. Les disciples doivent se souvenir qu'un Ashram ne se limite pas à un petit nombre de membres qui se connaissent et qui peuvent même s'assembler comme membres du même Ashram. Un Ashram est un groupe international ; il est composé d'âmes en incarnation et d'âmes hors incarnation ; il est une synthèse d'initiés de degrés divers et de disciples acceptés. Les Maîtres ne considèrent pas comme initiés ceux qui ont pris la première initiation. C'est un point sur lequel il convient d'insister.

Les disciples qui ont pris la deuxième initiation sont considérés comme "initiés en probation". Du point de vue de la Hiérarchie, ils ne sont considérés comme réellement initiés que lorsqu'ils ont pris la troisième initiation. On appelle parfois la première initiation "l'initiation lémurienne", et la deuxième, "l'initiation atlantéenne" ; mais la troisième initiation, celle de notre race aryenne, est considérée techniquement par la Hiérarchie comme étant la première initiation. C'est une nouvelle façon de considérer la question, à laquelle je vous demande de réfléchir. Le terme de Disciple Accepté comprend donc les stades de la première et de la deuxième initiation. Lorsqu'un disciple a pris la troisième initiation, techniquement, il n'est plus un disciple accepté, même s'il demeure dans le groupe d'un Maître jusqu'à ce qu'il ait pris la quatrième initiation. Je vous signale ces détails techniques de manière que vos idées à leur sujet soient bien claires et exactes.

Un Ashram représente donc tous les stades de développement, des stades les plus avancés jusqu'aux débutants, tels ceux qui lisent ces instructions. Ce qui est important pour chaque disciple dans un Ashram est de savoir élever sa conscience à la hauteur de la vibration ashramique, de manière à ne pas entraver les activités projetées de l'Ashram. Les disciples-initiés les plus avancés doivent-ils s'arrêter, ou attendre et diminuer leur activité de façon à donner aux membres moins avancés le temps et la possibilité de se mettre à leur niveau ? La question est donc : les disciples plus avancés attendent-ils, ou les disciples moins avancés entravent-ils le progrès ?

Je vous assure que ce genre de situation n'est pas jugé d'après une règle inflexible, et j'affirme aux débutants qu'ils ne peuvent pas entraver le progrès des membres plus avancés d'un Ashram ; par contre ils peuvent se mettre eux- mêmes hors de la sphère d'activité du groupe, mais toutefois pas hors du groupe même. Ce sont ceux qui ne sont pas prêts et pas encore entraînés qui attendent, non pas ceux qui sont prêts et vraiment consacrés au travail. [729]

La tâche du Maître est de stimuler un nombre aussi grand que possible de membres de Son groupe à travailler sur les niveaux de l'activité spirituelle où peut animer et dominer le feu de la volonté-d'aimer. Fréquemment, une partie de l'Ashram se débat dans les premiers stades où doivent être compris les feux du mental ; il faut que tout d'abord ces feux soient bien compris et que leur essence ardente soit apaisée avant que le feu de la volonté-d'aimer puisse s'écouler à travers le disciple.

Il faut bien comprendre que le travail de l'Ashram se poursuit et que les disciples et les initiés, dont le cœur est enflammé, continuent, sans entrave, à travailler. Ceci s'applique à la réaction personnelle se manifestant à l'égard des membres de l'Ashram. Lorsque tout le groupe est enflammé par l'amour et que chaque membre vit comme une âme, l'Ashram devient un centre vital ou un tourbillon de force, dynamiquement efficace. Les Maîtres Qui emploient la méthode de la constitution d'Ashram s'efforcent de créer aussi rapidement que possible cette unité d'amour et d'intention (volonté). Seul, le débutant se préoccupe de son effet individuel dans l'Ashram. Les disciples entraînés et libérés se préoccupent davantage de la tâche à accomplir et du travail à faire. Un disciple peut individuellement souffrir dans sa personnalité de l'incompréhension que lui manifestent ses frères de groupe ou de ce qu'ils ne parviennent pas à retenir le feu de leur mental, mais il poursuit son travail avec fermeté et son efficacité personnelle comme unité qui sert n'en est pas affectée.

Il sait qu'un jour ils seront libérés d'eux-mêmes ; en attendant, il travaille à contrebalancer leur influence, et par conséquent sa tâche est plus ardue, mais il sait qu'ils s'acheminent vers la compréhension ; il sait également qu'à ce moment ils ne peuvent s'empêcher de voir en lui et même en leur Maître les qualités mêmes qui dominent en eux. Car, mon frère, nous voyons dans les autres ce qui est en nous, même si cela ne s'y trouve qu'à un certain degré ou même pas du tout. Les disciples doivent apprendre à distinguer entre une véritable perception analytique et ce qu'on appelle la critique. Un Maître ne critique pas les membres de son Ashram. Il cherche à analyser pour eux ce qui en eux peut entraver le service de l'Ashram et diminuer son utilité. Il existe une distinction fondamentale entre cette aide constructive et la critique basée sur un sens de supériorité personnelle et sur la satisfaction de trouver des fautes chez autrui. [730]

Tout Maître a atteint le point où pour Lui la vision est claire ; c'est une partie de la récompense accordée à l'initié. Il s'identifie à la vision, la colorant de la "perception" de son rayon, l'interprétant aussi dans le sens de sa contribution à l'ensemble. Là réside le secret du succès inévitable et sans obstacle possible (si on peut employer de tels termes, mon frère) de la vision telle qu'elle se matérialise par les efforts conjoints de la Hiérarchie, conditionnée dans le temps et l'espace par un certain Maître ou par un groupe d'entre Eux travaillant sur un ou plusieurs rayons. Aux premiers temps du cycle actuel de l'effort de la Hiérarchie entre 1925 et 1936, le rayon opérant sur l'humanité était le premier rayon. Son activité atteignit son apogée au moment de la déclaration de guerre de la Grande-Bretagne en 1939, lorsque la force destructive de ce rayon, mal employée et mal dirigée, conduisit l'Allemagne à envahir la Pologne. En 1932, l'influence du deuxième rayon commença à se faire sentir et elle le fera jusqu'en 1945, époque où le septième rayon entrera lentement en activité. Trois rayons produiront des effets simultanés sur l'humanité :

1. Le premier Rayon de Volonté ou de Pouvoir, dont la force s'épuise.

2. Le deuxième Rayon d'Amour-Sagesse, qui atteint son point le plus haut et y restant jusqu'en 1957.

3. Le septième Rayon d'Ordre Cérémonial, qui entre en activité en se combinant avec les deux autres, la volonté-d'aimer et la volonté- d'ordonner, et par lequel la beauté émergera du chaos actuel.

Les disciples du Maître Morya, du Maître Koot Hoomi et du Maître Rakoczi s'attendent donc à une période d'intense activité. La destinée du monde repose dans les mains de Leurs trois groupes de disciples initiés ; Ils demandent la coopération des disciples acceptés des trois groupes, et ainsi, beaucoup de membres se voient offrir l'opportunité d'aider. Alors qu'ils cherchent une vision du Plan et une coopération avec ces trois Maîtres et avec leurs groupes d'initiés, leur opportunité apparaîtra. À Shamballa, les grands Responsables considèrent que c'est ce triangle d'énergie qui a la charge de régulariser les affaires du monde. L'humanité n'a pas besoin d'en connaître davantage.

N'oubliez pas qu'un Ashram est un tourbillon de force et un centre d'énergie, un centre par lequel s'écoulent à la fois la force et l'énergie de manière que la vision puisse être [731] matérialisée. En dernière analyse, cette force et cette énergie sont dirigées par un Maître, par un groupe de trois initiés plus avancés et par un autre groupe d'initiés de moindre degré ; ils représentent ainsi, dans chaque Ashram, une miniature du gouvernement planétaire. Ces groupes affaiblissent l'énergie qui s'écoule, de façon que les disciples acceptés puissent la manier sans danger et agir comme agents de distribution. L'énergie avec laquelle travaillent les Maîtres vient de Shamballa ; les forces avec lesquelles Ils travaillent proviennent de l'intérieur de la Hiérarchie Elle-même. Dans la mesure où ils réagissent à ces forces combinées, les disciples acceptés peuvent être utilisés pour le service. En d'autres termes, les disciples initiés dans le groupe d'un Maître focalisent les énergies qui se déversent ; les disciples acceptés, par l'intermédiaire de leur âme, focalisent la force que le Maître dirige vers l'extérieur, dans le monde des hommes, conformément au Plan de la Hiérarchie, opérant en accord avec la révélation venant de Shamballa.

Les disciples initiés ne s'intéressent qu'à la vision, au Plan, à sa direction et sa matérialisation sur terre.

Les disciples acceptés s'emploient à l'apprendre ; pendant ce temps, il leur faut réagir à la vision d'une manière que je pourrais qualifier de subsidiaire; Ils s'occupent du Plan et de la distribution des forces qui le matérialiseront. Ainsi se trouve coordonnée toute l'activité de l'Ashram. Les disciples nouvellement acceptés, qui apprennent seulement à coopérer servent "d'agent d'expérimentation". Le succès de l'effort dans le monde extérieur dépendra de leur réaction au Plan et aux vérités imparties, de leur capacité à percevoir les besoins, à établir le rapport nécessaire entre ce besoin et le moyen de le satisfaire, et de leur capacité à travailler avec les disciples du monde, qui sont en définitive responsables de certains aspects du Plan vis-à-vis du Maître de l'Ashram.

Ainsi, de nouveau, le concept de la "Hiérarchie de Relation" est porté à votre attention. En ces jours de conflit mondial, c'est en créant de justes relations qu'on peut parvenir à l'aspect immédiat de la vision devant être précipitée sur notre planète. Par conséquent, un Ashram est un centre où les relations sont expérimentées.

Une question très simple se pose ici : comment de justes relations peuvent- elles être établies sur terre, si les disciples [732] acceptés du groupe d'un Maître sont eux-mêmes incapables de réagir à cette idée, et de maintenir ces justes relations entre eux, correctement, à l'unanimité et sans faiblir ? Quel espoir y-a-t-il pour le monde extérieur si le cercle intérieur des travailleurs (les disciples consacrés) sont incapables d'établir et de maintenir ces justes relations entre eux ? À  l'heure actuelle, le problème est triple. Ces justes relations doivent être cultivées entre :

1. Les disciples acceptés, les disciples initiés et le Maître.

2. Les membres d'un Ashram et d'autres Ashrams.

3. Ces Ashrams et le monde extérieur.

Le Maître d'un Ashram et les initiés plus avancés de Son groupe sont responsables des relations entre Shamballa et la Hiérarchie. Les disciples acceptés et les initiés de degrés inférieurs sont responsables des relations entre la Hiérarchie et l'Humanité. Ainsi, la grande chaîne de la Hiérarchie d'Être est préservée intacte.

SIXIEME PARTIE Stade III. Le Discipulat Accepté

Je n'ai pas l'intention, dans cette série de courtes instructions, de traiter du stade du Discipulat Accepté. Beaucoup de choses ont été écrites sur ce sujet ; j'en ai traité pratiquement tous les aspects dans mes nombreux ouvrages et il ne servirait à rien de me répéter. Les livres relatifs au discipulat et publiés par la Société de Théosophie traitent du Sentier de Probation ; personnellement, j'ai traité du Sentier du Discipulat.

Les contacts qui deviennent possibles sur le Sentier du Discipulat Accepté sont bien connus, mais ne peuvent être décrits en de trop nombreux détails. Ils varient suivant les personnes et les rayons. Je voudrais seulement vous demander de garder à l'esprit ces modes d'approche, vous souvenant qu'ils se produisent suivant des degrés variables de clarté et à divers stades sur le Sentier. Comme vous le savez, ce sont :

1. Une expérience faite en rêve.

2. Un enseignement symbolique.

3. La forme-pensée d'un Maître.

4. Un contact direct avec un Maître durant la méditation.

5. Un entretien dans l'Ashram d'un Maître. [733]

Les trois premiers relèvent généralement de l'expérience du disciple en probation ; les deux derniers, de celle du disciple accepté. Ces expériences ont leur contrepartie astrale ou psychique inférieure ; dans ce cas, elles ne sont pas entièrement des mirages ou des illusions et ne sont pas fondamentalement condamnables, car elles sont en réalité la semence ou la garantie d'expériences futures inévitables sur le Chemin. Certaines personnes voient réellement des formes-pensée des Maîtres, car ces formes-pensée existent ; certaines personnes reçoivent vraiment un enseignement symbolique sur le plan astral ou au cours de leurs rêves. Les débutants et les personnes sans expérience sont alors enclins à faire l'une de ces deux choses : ou surestimer l'expérience et croire qu'elle indique un haut développement spirituel – ils s'appuient sur cette expérience et remplacent ainsi la réalité future par un événement d'ordre astral – ou rejeter l'expérience comme relevant d'un psychisme inférieur indésirable, oubliant que le prétendu psychisme inférieur n'a ce caractère que lorsque l'interprétation et l'utilisation de l'expérience sont en défaut. La tâche du disciple accepté consiste à aider à interpréter, à indiquer la direction et la signification de l'expérience au néophyte. Ceux qui travaillent dans le domaine spirituel devraient garder cela soigneusement à l'esprit et se souvenir que, à la suite de la guerre, de la tension et de l'aspiration vers le Nouvel Âge, ces rêves et ces visions, ces épisodes d'enseignement symbolique, ces contacts avec des formes-pensée augmenteront continuellement et indiquent croissance et expansion. Sans direction, sans explication, sans interprétation, ou tournées en ridicule et en dérision, ces expériences peuvent grandement entraver et tomber par force dans le véritable psychisme inférieur. Mais correctement interprétées et expliquées, elles peuvent constituer une série de révélations graduelles sur le Chemin vers la lumière ; elles sont alors une garantie de la connaissance future, les signes d'un accomplissement relatif. Mais lorsqu'elles sont astralement focalisées, elles ne sont pas la réalité.

Les disciples doivent toujours garder à l'esprit qu'ils croissent en répondant eux-mêmes à leurs propres questions. La tâche du Maître n'est pas de répondre aux questions que le disciple pourrait résoudre lui-même avec un peu de temps ou de réflexion, mais de suggérer ou de projeter dans la pensée du disciple le genre de question qui convient à sa pensée et ensuite de stimuler son mental abstrait de manière qu'il puisse parvenir à trouver la réponse.

Vous voyez donc toute l'importance de ce problème des questions pour le groupe ou l'Ashram d'un Maître, et comment [734] les réponses données aux questions des membres, enregistrées soit par le disciple individuellement, soit par l'ensemble du groupe, et la réaction des membres à ces questions, peuvent avoir une influence sur le groupe. C'est là qu'intervient le travail particulier du Maître, stimuler l'Ashram et l'amener à poser les questions qui conduiront à la révélation. Un Maître doit toujours garder deux choses à l'esprit : l'état du groupe qui dépend de la vibration collective ou de la note de tous les membres de l'Ashram, dans la mesure ou ils travaillent ensemble, et deuxièmement, la période dans laquelle le groupe fonctionne. Il faut y ajouter la réponse de tout l'Ashram. Une des difficultés que connaissent tous les Ashrams, si on les considère comme des ensembles, est d'absorber les membres et les disciples nouveaux, soit individuellement soit en groupes. Une question qui se pose nécessairement est la suivante : comment un groupe dans un Ashram constitué de disciples relativement nouveaux, et de débutants sur le Sentier du Discipulat Accepté, peut-il devenir de plus en plus sensible à la vibration de l'Ashram pris comme un tout et au Maître de l'Ashram ?

En réalité, cette question pose le problème majeur existant entre la personnalité et l'âme, entre le Maître et le disciple et entre la Hiérarchie et l'humanité. C'est essentiellement une question d'enregistrement d'unité de base et la cessation de la séparativité. Les disciples doivent apprendre dans leur conscience et éviter de différencier entre les aspects intérieurs et les aspects extérieurs de l'Ashram, et entre les quelques membres de l'Ashram qu'ils peuvent connaître et reconnaître, et le grand nombre des membres leur restant inconnus. Un Ashram est un groupe ou un groupement de disciples, d'initiés de degrés divers, de disciples mondiaux et de néophytes au tout début du Chemin du Discipulat. Les disciples ne doivent pas penser à différents Ashrams mais à l'Ashram dans sa totalité.

Si curieux que cela puisse vous paraître, la clé de cette compréhension est l'Intensité. L'intensité, ou le travail effectué d'un point de tension, apporte le flot de la révélation ; il est alors possible pour un disciple d'apprendre en un court laps de temps ce qui, autrement, lui prendrait des mois et même des années d'étude. La tension, correctement focalisée, est le grand pouvoir de libération. Tant de disciples focalisent la tension d'une manière erronée et libèrent l'énergie dans la mauvaise direction et si je puis l'exprimer d'une façon aussi [735] inappropriée, de l'endroit qui ne convient pas. La tension correcte est amenée tout d'abord par une orientation correcte ; cela nécessite un juste sens des valeurs et une immunité à l'égard des préoccupations mineures qui produisent une extension au lieu d'une tension. Si vous êtes préoccupé par votre état physique, pour prendre un exemple courant, vous ne pouvez obtenir la tension qui ferait de vous un centre magnétique de pouvoir et d'amour. Si vous êtes préoccupé par les échecs des autres ou par ce qu'ils pensent de vous, de nouveau, vous ne parviendrez pas à cette tension libératrice. Il serait important que vous recherchiez où se trouvent vos "extensions" et ensuite vous retirer à l'intérieur de vous-même au point de tension d'où vous pouvez consciemment et efficacement diriger l'énergie de votre âme.

Vous avez là le véritable travail ésotérique. La majorité des disciples ont une efficacité qui n'atteint même pas 60 pour cent, parce que leurs points de tension sont disséminés à travers toute leur personnalité et non pas focalisés là où devrait se trouver le point de tension individuelle. Chacun doit découvrir par Lui-même ce point de tension spirituelle. La raison pour laquelle les disciples ne sont pas sensibles au Maître, à la vie de l'Ashram et les uns à l'égard des autres est qu'ils sont étendus et non pas tendus ; ils travaillent et vivent à la périphérie de la conscience et non pas au centre. Leur service n'est donc que partiel, leur consécration est faible et ils sont accablés par l'inertie, le manque d'intérêt à l'égard des autres et par de nombreuses préoccupations relevant de l'aspect forme de la vie.

On pourrait considérer encore une autre question, relative à une phrase que j'ai délibérément employée à plusieurs reprises dans cette étude : quelle est la distinction entre l'amour et la volonté-d'aimer ? Elle est constamment posée au cours des premiers stades du sentier de discipulat. Elle est des plus révélatrice et basée sur un sentiment de besoin individuel, et aussi sur le besoin de groupe. Elle est l'indice d'une analyse pénétrante qui a amené celui qui la pose au point où il connaît la différence entre la théorie, accompagnée de l'effort, et la démonstration spontanée de ce qui est.

La volonté-d'aimer implique la reconnaissance de la limitation du désir, de la nécessité de forcer le problème, et de l'aspiration intense et réelle à aimer. Elle n'indique pas le flot d'énergie s'écoulant de Shamballa par l'intermédiaire de l'âme dont la nature intrinsèque est l'amour spontané. Lorsqu'il existe une détermination d'aimer, certaines attitudes [736] apparaissent, soit naturelles et appartenant à une personnalité développée, soit imposées par obéissance à la volonté de l'âme. Le disciple sait qu'il manque d'amour car il se trouve constamment isolé des autres et non pas identifié à eux ; il est irrité par les autres ; il critique ses frères, soit qu'il se sente supérieur à eux, soit qu'en les considérant, il dise: "Là, ils se trompent et j'ai raison ; ici, ils ne comprennent pas, mais moi je comprends ; je les connais tandis qu'ils ne me connaissent  pas ; il me faut être patient avec eux, etc."

Pendant toute cette phase, l'attitude est bien celle de la volonté-d'aimer, accompagnée de la profonde compréhension des obstacles mis à l'expression de l'amour par les autres, et aussi par les habitudes personnelles de pensée ; c'est une forme d'égocentrisme. La véritable façon d'aimer est de réfléchir et de méditer profondément et constamment sur la signification de l'amour, son origine, son expression par l'âme, ses qualités, ses buts et ses objectifs. La plupart des réflexions auxquelles se livre l'aspirant se portent sur sa réalisation intérieure qu'il n'aime réellement pas selon la manière spontanée et libre de l'esprit. Le disciple se trouve donc rejeté dans une position égocentrique dans laquelle il pense :"Maintenant, j'aime ; maintenant, je n'aime pas ; maintenant, je dois essayer d'aimer". Et pourtant aucune de ces attitudes n'est à aucun moment de l'amour véritable ; leurs résultats ne sont pas non plus une expression aimante, car le disciple s'identifie à lui-même et se focalise dans sa personnalité. L'amour n'est jamais élaboré, si je puis m'exprimer ainsi dans la nature inférieure ; c'est un flot libre et sans entrave provenant de la nature supérieure.

L'amour est spontané ; il porte toujours avec lui le libre esprit du Christ. Je suggère qu'il n'y a jamais eu de meilleure description de la nature de l'amour que celle donnée par l'initié Paul, même si ses paroles ont été souvent rapportées d'une manière erronée. Étudiez dans le Nouveau Testament les passages dans lesquels il définit l'amour. Cessez de mettre l'accent sur la volonté-d'aimer ; mettez-le sur les besoins qu'ont les autres de compréhension, de compassion, d'intérêt et d'assistance. Le sentiment de solitude commun à tous les disciples est souvent dû à l'égocentrisme de tous ceux avec lesquels ils entrent en contact et à l'intense préoccupation que porte le néophyte à sa propre croissance. Le cri du néophyte est : "Dites-moi ! Dites-moi ! Et alors je changerai. J'accepterai tout ce qu'on me dira, mais qu'on me [737] le dise. Le cri du disciple est : "Apportez votre aide au travail. Oubliez-vous. Le monde a besoin de vous." Tant de disciples sont encore enfermés en eux-mêmes, cachés derrière le mur du soi personnel, et il y a si peu de véritable amour qui s'épanche au dehors. Tant qu'ils ne quitteront cette attitude et n'aimeront pas vraiment, leur utilité sera diminuée.

Nous avons rapidement considéré le stade du Petit Discipulat et celui de Chéla dans la Lumière. Pour un grand nombre d'êtres humains, ces stades se trouvent loin dans le passé. Il est pourtant nécessaire de raviver l'effet de ces deux expériences ; ce besoin est à la base du travail qu'accomplissent actuellement disciples et instructeurs. Beaucoup d'autres personnes passent actuellement par le stade du Discipulat Accepté. Comme vous le savez, le mot-clé de ce stade est l'établissement du contact avec le Maître ; c'est techniquement et surtout la tâche du Maître d'évoquer la réponse directe et la réaction consciente du disciple. Outre ces réactions, le Maître compte sur un effort de la part du disciple pour être impersonnel dans ses rapports à la fois avec Lui et avec ses condisciples ; l'impersonnalité est le premier pas sur la route de l'amour et de la compréhension spirituels. L'effort des disciples les plus sincères est généralement concentré sur un amour réciproque ; en agissant ainsi, et pour employer une ancienne expression, ils "mettent la charrue devant les bœufs". Ils devraient plutôt s'efforcer de parvenir avant tout à une certaine impersonnalité dans leurs activités, car alors, la critique disparaît et l'amour peut se déverser.

Le Maître recherche aussi de la part de Ses disciples un effort pour travailler à la tâche qui est la Sienne dans le monde des hommes, dans une plus large et plus généreuse mesure. Il les laisse libres de travailler comme il leur convient, mais Il compte très certainement sur un effort qui s'accomplira dans le sens des activités qui constituent précisément Son intention. Pour accomplir cet effort vital et ardu, les disciples doivent être capables de se focaliser sur le travail et de développer la faculté de coopérer avec ceux qui sont également occupés à un travail similaire. Ceci de nouveau implique impersonnalité et correcte concentration. Aujourd'hui, le Maître recherche la consécration aux besoins de l'humanité, en ces temps d'angoisse pour les hommes ; elle implique la sensibilité et la souffrance du monde telle qu'elle se manifeste jour après jour dans les affaires mondiales ; elle requiert aussi une "divine indifférence" aux événements extérieurs de la vie du petit soi et un sens des proportions qui permette au disciple de voir ses petites affaires personnelles, physiques, [738] émotionnelles et mentales, dans leur juste rapport avec le tout. De nouveau, nous arrivons à l'impersonnalité, mais, cette fois-ci, une impersonnalité envers les réactions de l'homme.

Le Maître doit donc nécessairement se demander si la dépense de temps et d'énergie qu'Il consacre à Son groupe ou à Son Ashram est justifiée, et si, comme résultat, le groupe a "accéléré" sa capacité de service et se trouve plus étroitement uni par les liens de la camaraderie ashramique. Le Maître doit se demander si le groupe est décentralisé, s'il est moins un groupe de personnalités consacrées et davantage un groupe d'âmes vivantes.

L'impersonnalité doit également être développée en relation avec le Maître Lui-même. Il ne se préoccupe pas de rendre les disciples de Son groupe satisfaits d'eux-mêmes, de leur état ou de leur service. Il met souvent l'accent dans Ses rares contacts avec Ses disciples, sur leurs échecs et leurs limitations. Non seulement il leur donne un flux continu d'enseignement et d'opportunités de servir plus grandes, mais Son travail est surtout de les aider à se détacher de l'aspect forme de la vie et de les préparer à subir certaines grandes expansions de conscience. Il tient pour certains leur consécration et leur désir de servir ; et Il l'a montré en les recevant dans Son groupe de disciples. Ce faisant, Il a aussi assumé la responsabilité de les préparer pour l'initiation. Leur adresser des éloges ou les féliciter pour le travail accompli et les progrès réalisés ne fait pas partie des devoirs du Maître. Au contraire, Il doit surveiller attentivement leur note ou leur vibration, indiquer les changements d'attitude et d'expression devant être effectués. Il doit indiquer le moment où il est nécessaire d'intensifier la vie spirituelle et où des ajustements de la personnalité pourraient conduire à une plus grande liberté et par conséquent à un service plus efficace. Si l'emploi de ce processus provoque ressentiment et déception chez les disciples, c'est là l'indication qu'ils sont encore plongés dans les réactions de la personnalité.

Une autre chose que les disciples ont tendance à oublier est que le Maître doit protéger le plus vaste Ashram, pris comme un tout, des réactions de ceux qui apprennent à travailler en de plus petits groupes surveillés et en coopération avec leurs frères plus expérimentés. Les disciples, parfois, se découragent, du fait d'une morbidité naturelle, de l'égocentrisme, de l'apathie, et parfois aussi du fait de leurs bonnes [739] intentions ; et ils cherchent à se retirer de l'Ashram ou du groupe. Ils sont en mesure de le faire exotériquement, mais le lien ésotérique persiste toujours, bien qu'il puisse être temporairement annulé lorsque se manifeste pour le plus vaste groupe le besoin de se protéger de quelques membres en son sein. Les membres d'un Ashram et les disciples acceptés sont toujours occupés au travail du monde, et d'une manière effective. Les nouveaux venus et les débutants doivent être entraînés à participer à ce travail, et les moyens de le faire sont toujours largement prévus.

Certaines périodes se présentent au cours desquelles les disciples doivent être confrontés par des questions claires et précises ; et en y répondant, ils se découvrent eux-mêmes, ainsi que l'étendue et l'utilité du service qui leur est demandé. Certaines de ces questions peuvent être exprimées comme suit :

- Quelle est l'efficacité de mon travail relativement à la sphère de mes activités ?

- Quelle est l'efficacité de ma manière de penser et de mes projets relativement à ce que peut me réserver l'avenir immédiat ? Nous avons en cela aujourd'hui un exemple, en ce qui concerne les plans établis pour le monde de l'après-guerre et le besoin d'une œuvre reconstructrice intelligente et spirituelle.

- Quels sont les résultats que je peux considérer comme étant le fruit de mon travail ?

- Ai-je l'impression que mon travail a été satisfaisant du point de vue de mon âme et aussi de mon Maître ?

- Ai-je travaillé avec impersonnalité par rapport à mes condisciples et mes collaborateurs, quel que soit leur rang ?

- Ai-je conservé l'esprit nécessaire de coopération aimante ?

- Est-ce que je reconnais vraiment mes limitations et celles de mes condisciples, et est-ce que je progresse avec ceux qui servent à mes côtés, sans esprit critique et en silence ?

- Est-ce que je me rends exactement compte de l'endroit où je suis ? Qui puis-je aider ? Et sur qui dois-je prendre exemple, demander aide et compréhension ?

Une des premières leçons que doit apprendre un disciple est de reconnaître ce qui est appelé en langage occulte la "progression hiérarchique". Il est ainsi en mesure de se placer consciemment au point ou l'évolution et le développement spirituel l'ont amené et par conséquent de reconnaître [740] ceux qu'il peut aider de sa plus grande expérience et ceux vers qui il peut se tourner pour recevoir une aide.

C'est une première leçon qui est difficile à apprendre. Le néophyte est toujours plus satisfait de lui-même que ne l'est le disciple expérimenté. C'est le besoin ressenti d'enseigner cette progression hiérarchique qui m'a poussé à choisir les six stades de discipulat comme thème de cette étude. Être un disciple ne signifie pas qu'au sein de l'Ashram, tous se trouvent sur le même degré de l'échelle de l'évolution. Il n'en est pas ainsi. Un Ashram se compose de tous les degrés, depuis celui du disciple qui fait ses premiers pas sur le sentier difficile de l'entraînement, jusqu'à celui de disciple qui est un Maître de la Sagesse. Cette progression hiérarchique est une chose qui mérite une attentive considération. Je vous rappelle la Loi qui déclare que "nous croissons grâce à nos reconnaissances". Une reconnaissance considérée comme un aspect, une partie, une fraction d'un ensemble plus vaste, est la semence d'une plus vaste expansion de conscience. Une expansion de conscience stabilisée signifie initiation.

Il est essentiel que les disciples cultivent l'attitude de reconnaissance spirituelle ; ce faisant, ils découvriront que leur vie s'en trouve grandement enrichie. Le contact avec des disciples, des initiés et des Maîtres a toujours un résultat évocatoire. Le pouvoir qu'ils exercent normalement et inconsciemment a un double effet ; il fait ressortir le meilleur et il évoque le pire tout en créant des situations auxquelles il appartient au disciple de faire face. Chaque disciple, est, dans une certaine mesure, un point focal de pouvoir. Plus le disciple est avancé et plus grande sera la force ou l'énergie qui émanera de lui ; il en résulte nécessairement des situations que doit confronter le disciple de moindre degré. Le vrai disciple n'agit jamais ainsi intentionnellement. La théorie, si courante dans les groupes occultes, suivant laquelle le disciple responsable ou quelque disciple plus avancé doit créer des conditions en vue de développer l'élève, est contraire à la loi occulte. Cependant, au moment même où vous pénétrez dans la sphère de radiation d'un Maître ou d'un disciple plus avancé que vous, il est inévitable que certaines choses se produisent dans votre vie.

La radiation produit ses effets lorsqu'elle est correctement reçue, enregistrée et consciemment employée pour amener les changements jugés nécessaires. Finalement, lorsque la vibration du disciple répond d'une manière continue à la vibration plus élevée, les deux vibrations peuvent être [741] synchronisées. C'est cette synchronisation qui caractérise tous les degrés d'initiés et qui indique à un initié d'un degré supérieur qu'un initié ou un disciple d'un degré inférieur peut être admis aux rangs plus élevés. La synchronisation est la clé de l'initiation.