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SECTION DEUX - INSTRUCTIONS PERSONNELLES AUX DISCIPLES (suite)  - Partie 6

Il y a aussi en vous une faiblesse éthérique ; je suggère qu'au cours de votre méditation vous imaginiez que l'énergie divine, qui est une fonction créatrice, mon frère, se déverse en vous et que vous lui confiez la mission d'aller vers la contrepartie éthérique de la rate. Voyez sur un diagramme où se trouve la rate ; ne visualisez pas l'organe physiologique, mais la région éthérique qui l'entoure et voyez-la baignant dans le prana d'une couleur d'or pur. Cet exercice devrait être pour vous d'un grand bénéfice. Votre longue expérience de la méditation devrait vous permettre de le faire facilement (...)

Soyez le samnyasin pour le reste de votre vie et, dans le détachement, cherchez à servir le Plan. Réfléchissez à cette dernière phrase car elle renferme le secret de votre libération.

Mon Frère,

Juin 1933

Ce que j'ai à vous dire aujourd'hui est fait pour vous encourager. Une partie des difficultés de votre vie provient de ce que, non seulement le corps physique et le corps éthérique ont été combinés d'une manière trop lâche, tendant par conséquent à amener un état dévitalisé, mais aussi de ce que l'intégration de votre corps mental et de votre corps émotionnel ou astral a été très défectueuse. Dernièrement, vous avez amélioré cet état ; votre mental et votre corps astral sont maintenant intégrés. Réfléchissez à ce que cela signifie, mon frère. Cela signifie que votre corps astral, qui se trouve sous le voile de l'illusion, ne sera plus le facteur dominant et déterminant de vos expériences comme il l'a été, mais que votre nature mentale exercera de plus en plus sa maîtrise et deviendra le transmetteur de l'illumination alors que vous vous maintenez fermement sur votre chemin. Il vous faut transformer en une habitude de toute votre vie ce que vous avez réalisé en une heure. Comme vous le savez, rien d'autre que l'âme n'a d'importance. Rien ne compte que le service. Débarrassez votre esprit de tous les problèmes de votre personnalité et des problèmes de ceux avec lesquels vous avez choisi de cheminer le long du [506] sentier de vie au cours de cette existence. Faites confiance à leur âme. Établissez et conservez le contact avec eux, par la voie de leur âme, vous refusant de succomber au mirage de leur personnalité. Notez, au cours des mois, ce qui se produit, en maintenant cette attitude attentive de votre âme.

Ne savez-vous pas qu'en ajoutant la force de votre âme à la force de leur âme, ignorant l'aspect forme, vous pouvez galvaniser ces âmes et accroître leur activité spirituelle ? Mais en observant ces faits, mon frère, ne soyez pas tenté d'aider. Laissez les personnalités aux soins de leur âme sage, pure et aimante. Soyez satisfait de la simplicité de cette pensée et, pour les mois qui viennent, cessez de lutter, soyez content du sentier que votre âme a choisi et que vous devez suivre.

Abstenez-vous d'exercice de respiration ; ils vous donnent toujours des malaises et un sentiment d'échec qui vous poursuit. Chaque matin, pendant cinq à dix minutes, travaillez à l'art de la visualisation, art créateur. Imaginez un jardin en désordre où vous restaurez ordre et beauté. Réorganisez ce jardin et remplissez-le de fleurs, de chants d'oiseaux et de ce que vous avez rêvé pour le jardin de vos rêves. Voyez deux choses se produire : la réorganisation du jardin et l'épanouissement de sa beauté. Laissez votre imagination vous guider jour après jour au cours de ce travail progressif de restauration, vous souvenant que le but de cet exercice est de focaliser votre attention dans la région du centre ajna, celle de la glande pituitaire. Apprenez là le pouvoir d'organiser. Lorsque vos problèmes se présentent, lorsque vous êtes submergé par une ancienne habitude de pensée que vous savez être erronée mais qui exerce encore son pouvoir rythmique sur vous, retirez-vous dans votre jardin et travaillez-y pendant un court moment. Que cette retraite dans votre jardin secret devienne avec le temps une réaction instantanée lorsque vous êtes angoissé ; restez-y peu de temps. Cet exercice vous aidera à briser le pouvoir des anciennes formes-pensée.

Vous demandez quel est le don que vous apportez au groupe. Je vous réponds : le don d'un esprit pur et désintéressé, et une rare capacité de donner. Vous ne pouvez pas avoir de plus grand don que l'impulsion irrésistible de donner d'une manière désintéressée, sans aucune autre raison que la manifestation d'un esprit pur et aimant. Je vous adresse ces mots, que vous êtes libre d'utiliser :

"Que la pure lumière de la raison et de la compréhension dissipe les brouillards dans lesquels j'ai cheminé depuis longtemps. Que les brumes se dissipent, que les [507] nuages du souci se dispersent au sein de la lumière radieuse du soleil qui brille toujours dans le brouillard. Ce soleil se trouve au sein de mon mental. Au sein de ce soleil, je demeure."

Mon Frère,

Juin 1934

Vous êtes en train d'affronter une crise et le test final qui doit décider de votre aptitude au discipulat accepté. Il y a peu de choses que je puisse vous dire en dehors du fait que j'observe et attends avec compréhension. Ce n'est pas le moment des paroles inutiles, car c'est celui où il faut agir. Vous vous dites souvent : "S'il existait une chose que je pourrais faire pour briser la prison de pensée dans laquelle je me trouve, comme cela serait facile et combien rapidement je le ferais". Mais, mon frère, cette chose simple justement existe et pourtant, tant que vous ne l'aurez pas faite, vous ne pourrez pas marcher dans la lumière. Et de même, tant que vous ne l'aurez pas faite (car il s'agit d'une entreprise de groupe), vous empêchez le groupe de disciples de recevoir une révélation plus complète et de servir. La simple règle est : parlez moins et aimez davantage.

Je n'ai pas d'exercice particulier à vous donner. J'ai dit à D.R.A. de demeurer à vos côtés avec un amour plus profond mais de ne plus vous parler de votre problème. La raison de son silence et du mien est que vous entrez maintenant dans le stade de la solution de votre problème où, exotériquement, vous devez demeurer seul et livrer, par vous-même, la bataille sur le plan extérieur jusqu'à sa fin. Mais, sur le plan intérieur, ceux qui se soucient de vous et qui peuvent vous aider sont attirés plus près de vous.

Me comprenez-vous lorsque je dis que, symboliquement et psychologiquement, vous devez livrer votre combat dans votre jardin ? Me comprenez-vous lorsque je vous dis que l'amour seul peut vous libérer ? Pas l'amour de vous-même ni une libération par désespoir, de votre propre tristesse ; pas l'amour de ceux que vous aimez si facilement, mais l'amour même de votre âme, appelé par vous, et par conséquent le contact de l'âme est la solution, contact dans lequel il faut vous maintenir fermement tout au long de chaque journée.

Méditez donc sur l'amour. Chaque heure, voyez si vous parvenez à développer cette conscience du temps, "Je dois aimer". Je ne vous demande qu'une chose, mon frère, une chose qui vous paraîtra sans doute étrange. Demeurez assis, chaque jour, sans faute, pendant une heure, vous refusant à [508] interrompre cette heure de silence et de tranquillité. Détendez-vous, reposez-vous, lisez, ayez des pensées heureuses, tout simplement. Que rien, sauf des circonstances vraiment urgentes, que rien, aucune crainte, aucune suspicion, aucune impulsion à faire des recherches ne vous permette de rompre le rythme donné à cette heure. Demeurez assis tranquille et détendu. Je vous demande là peu de chose ; mais si vous vous pliez à cette exigence, les résultats seront peut être plus puissants que vous ne le pensez. C'est une heure pour penser à l'amour, pour réfléchir à la source de l'amour, désintéressé et détaché, de l'âme. Étudiez ces thèmes si vous le désirez, mais restez tranquillement assis. Amour et calme, et non pas ressentiment et agitation, est votre tâche immédiate ; en parvenant à ces deux choses, vous résoudrez votre problème et vous vous libérerez.

Silence, sérénité et service aimant pour tous, sans aucune exception et sans pensée de soi, telles devraient être les notes-clés de votre vie au cours des prochains mois. Agitation et ressentiment, apitoiement sur soi et suspicion sont vos problèmes actuels. Remplacez-les par l'amour et tout ira bien. Vous évoquez l'amour chez beaucoup d'êtres, cela signifie que vous avez le don de l'amour. Utilisez ce pouvoir d'aimer et brisez vos chaînes afin de servir librement et, dans mon groupe de disciples, d'aller vers une plus grande utilité. Je demeure à vos côtés.

Mon Frère de longue date,

Janvier 1935

Mon message, cette année, est le même que celui dans lequel je terminais ma dernière communication : je demeure à vos cotés.

Lorsque je vous disais cela la dernière fois, je n'avais aucune illusion sur l'étendue de votre problème ni sur la faiblesse du douloureux équipement auquel vous avez apporté une solution. Le résultat de votre lutte, il y a un an, était très problématique ; il n'en est pas de même maintenant. Les anciennes habitudes de pensée et la rapide domination des rythmes anciens sont encore possibles ; souvent, vous êtes encore profondément découragé par la réapparition de l'hydre aux nombreuses têtes du sentiment de la suspicion. Et pourtant de grands progrès ont été accomplis et votre corps astral est réellement plus calme. Vous le savez bien vous-même. Vous découvrez qu'il vous est plus facile d'être absorbé par d'autres intérêts ; la période où vous êtes plongé dans des pensées d'ordre ancien ne dure plus aussi longtemps et votre compréhension s'accroît. [509]

Le combat n'est pas encore terminé, mais en mai 1936 vous devriez avoir atteint un point où le sentiment de liberté intérieure sera si puissant que vous comprendrez que les choses affectant la personnalité, celles provenant de votre point de développement et du manque de maîtrise des personnalités avec lesquelles vous êtes en contact, ne parviendront plus à exercer un réel pouvoir sur vous. Vous serez alors sur le point d'atteindre l'attitude de l'Observateur, de celui qui regarde, et qui se sait être l'âme qui domine.

Mon frère, voulez-vous prendre les diverses instructions personnelles que je vous ai données au cours des années passées et, un jour de calme, les relire entièrement, sans vous interrompre et d'un seul jet ? Vous aurez ainsi un tableau de votre problème spirituel et de mon effort à vous aider à le résoudre qui sera utile et constructif. Vous découvrirez aussi que, de votre côté, vous avez accompli une réelle croissance. Votre problème n'est pas constitué par une circonstance de votre vie ou par une autre ; il ne concerne pas les activités d'une personne ou d'une autre ; il n'est pas lié à la vie de votre famille, à l'état de vos finances ou à votre santé. Ce ne sont là que des éléments du décor dans lequel vous luttez pour votre libération ; ce ne sont que les occasions offertes par votre âme et qui, sagement utilisées, vous mettront sur le Sentier de l'Initiation. Oui, c'est ce que j'ai dit, mon frère, sur le Sentier de l'Initiation et non pas sur le Sentier du Discipulat. Vous êtes déjà sur ce dernier. Vous savez bien au-dedans de vous-même que si vous pouviez parvenir au détachement et si vous pouviez arriver à avoir un mental stable et focalisé, l'ensemble de la vie se simplifierait pour vous. Initiation est simplification.

Vous êtes riche de l'amour réel de nombreuses personnes. Les circonstances de votre vie sur le plan physique, considérées à la lumière du problème mondial présent, sont bonnes. Le problème de votre santé a son origine dans votre condition astrale. En surmontant le mirage dans lequel vous marchez, vous vous trouveriez si libre et si utile que vous regarderiez avec stupéfaction votre vie passée d'illusion et de misère infligée à vous-même. Votre problème personnel est bien loin d'être unique. Ce qui en a constitué la difficulté principale est fondé sur le fait que vous êtes un disciple. Le mirage et l'illusion qu'un disciple peut évoquer sont beaucoup plus puissants que ceux d'une personne ordinaire. Votre mental, du fait du mirage, peut être toujours inquiet et agité, mais le mirage est le résultat d'une pensée émotionnelle puissante et d'une attention [510] prolongée portée aux circonstances de votre vie sur le plan physique. L'attention et la puissance de pensée, détournées des conditions de votre vie et dirigées vers les choses de l'âme, vous libéreront.

Travaillez-vous toujours dans votre jardin, mon frère ? Seriez-vous disposé à y travailler encore pendant un an ? Moi qui ai observé votre lutte pendant des années et qui aujourd'hui suis certain de votre victoire, puis-je vous faire une autre suggestion ? Construisez dans votre jardin une tour d'ivoire et, du haut de cette tour, chaque jour, examinez votre vie. Construisez-la jusqu'à la Pleine Lune de mai ; ensuite, au moment de la Fête de Wesak et pendant les trois jours de cette Fête, demeurez dans votre tour. Dans les moments d'angoisse ou d'échec imminent, montez-y également et restez-y. Cette tour n'est qu'un symbole mais si vous saisissez la signification essentielle de celui-ci, vous échapperez littéralement au mirage en montant au sommet de la tour, et vous passerez dans la claire lumière du jour. Souvent, il y a de la brume dans votre jardin, mais au sommet de la tour vous trouverez le soleil, l'espace et l'air. Là, je peux vous rejoindre, si vous savez la construire et si vous apprenez à y monter. (La description du jardin se trouve à la fin des instructions données à ce disciple. A.A.B.).

Observez votre heure de calme avec plus de régularité. Ensuite, construisez votre tour d'ivoire, et que la lumière de votre âme se déverse en vous et inonde votre vie ; puissiez-vous comprendre comment utiliser la joie et l'insouciance quant au soi séparé, et puisse la bénédiction de votre Maître demeurer sur vous.

Mon Frère,

Juillet 1935

Si je vous demandais d'évaluer votre succès ou vos échecs au cours des douze mois écoulés, seriez-vous à même de faire, de vous-même, cette évaluation ? Diriez-vous : un succès réel, avec quelques brèves rechutes occasionnelles dues à d'anciennes habitudes de pensée non encore complètement surmontées ? Votre succès est réel, et il y a beaucoup de lumière dans votre aura.

Une des choses que je voudrais examiner avec vous maintenant est le sujet du mirage. Le mirage est le puissant ennemi de tous ceux qui foulent le Sentier du Discipulat. Le monde entier est sujet au mirage, comme vous le savez bien, mais lorsqu'un homme devient un disciple, il prend contact [511] avec une telle force (particulièrement dans les premiers stades, alors qu'il ne sait pas encore comment traiter cette force) qu'il attire, consolide et précipite sur lui beaucoup plus d'illusions du monde qu'il ne le ferait dans d'autres circonstances. Étant précisément un disciple à l'entraînement, vous ne faites pas exception à la règle. Les disciples vivant sur les niveaux mentaux sont davantage exempts de mirage que ne le sont ceux dont la polarisation est plus purement émotionnelle. Par conséquent, une des premières choses que nous cherchons à vous enseigner à tous est de travailler, de vivre et de penser en vous libérant du plan astral. Le meilleur moyen de vous aider, mon frère, et d'aider ceux de vos condisciples pouvant être intéressés par l'enseignement que je vous donne personnellement, et peut-être de vous exposer les conditions de vie quotidienne conduisant à un état de mirage. Ensuite, vous pourrez les appliquer à votre propre cas et voir dans votre vie journalière où ces conditions se trouvent réalisées. Lorsqu'elles le sont, le mirage s'ensuit inévitablement. Mais une fois reconnues, ces conditions peuvent être traitées et le mirage, alors, disparaîtra.

Le mirage est, bien entendu, une chose si subtile qu'il se masque toujours sous l'aspect de la vérité. Il est puissant parce qu'il trouve son point d'entrée dans la conscience du disciple par les états mentaux et les habitudes de pensée si familiers que leur apparition est automatique et qu'ils constituent une manifestation presque inconsciente. Il existe, pour le disciple moyen, trois principales attitudes de pensée et de sensation qui le prédisposent à subir le mirage :

1. Apitoiement sur soi. Tous les disciples y sont enclins. Leur vie est nécessairement difficile et ils sont plus sensibles que l'homme moyen. Ils sont, à cet égard, constamment soumis à l'épreuve. L'apitoiement sur soi est une force puissante et trompeuse ; elle exagère tous les états et isole une personne au centre de sa propre vie et des situations dramatiques évoquées dans ses propres pensées. Elle permet à deux sortes de mirage d'entrer : tout d'abord, le mirage de l'entraînement spécial où le disciple surestime son importance par rapport au test appliqué et à sa réaction. Ce n'est pas là une de vos faiblesses. Votre saine humilité est pour vous un élément favorable important, à condition que vous ne cédiez pas à l'auto dénigrement. Ensuite, il y a le mirage produit par un tel intérêt de soi que le disciple se trouve isolé dans le nuage de ses propres pensées au point que la lumière de son âme en est diminuée ; il voit les choses sous une fausse perspective [512] et, dans sa misère, il voit le mirage de son isolement. Parfois l'idée fixe de la persécution prend possession de lui. De cela, vous n'êtes pas coupable non plus. D'autres, dans mon groupe de disciples, sont plus enclins que vous à manifester cette faiblesse.

2. Esprit critique. Il provoque plus d'états de mirage qu'aucun autre facteur ; et qui peut dire en être exempt ? Lorsque l'innocuité et la bienveillance en pensées et en paroles sont pratiquées et qu'elles deviennent automatiquement une partie de la vie quotidienne du disciple, le mirage prend fin. Mon frère, ce seul facteur laisse pénétrer plus de mirage dans la vie d'un disciple et dans votre propre vie que vous ne vous en rendez compte. Par conséquent, il vous arrive fréquemment de ne pas voir les gens tels qu'ils sont car vous les voyez à travers l'illusion provoquée par la critique dont ils sont l'objet. Ce qui est exprimé en paroles devient une forme-pensée attachée à l'agent qui l'invoque et ensuite la personne critiquée n'est plus vue qu'au travers du voile de ce mirage. Et de nouveau, en conséquence, la faiblesse que l'on recherche est découverte et le soi réel échappe à vos yeux. Vous pouvez contrôler l'exactitude de cet énoncé en deux jours, en notant soigneusement le thème de toutes vos conversations dans la vie quotidienne. Discutez-vous la réalité ou un manquement temporaire dans une expression divine ? Réagissez-vous à l'égard des autres avec bienveillance ou critique ? Êtes-vous enclin à voir le bien et à ignorer les faiblesses et les erreurs ? Ressentez-vous un intérêt immédiat lorsqu'on relate une action erronée ou une erreur, ou enfermez-vous dans le secret de votre cœur la connaissance que vous avez des fautes des autres, aimant davantage votre frère en raison de sa fragilité, et vous refusant à commenter ou à critiquer ce qu'il fait, même à vous-même ? je vous recommande ces questions, à vous et à tous les disciples de mon groupe. C'est exactement là que pour vous et pour beaucoup se trouve le point habituel par où le mirage entre ; tant que ce point n'est pas scellé, vous ne serez pas libéré du mirage personnel.

3. Suspicion. De toutes les faiblesses, ce mirage est le plus empoisonné.

C'est en général le plus faux ; même lorsqu'elle est fondée, la suspicion est encore capable d'empoisonner les racines mêmes de l'être, de déformer toutes les attitudes à l'égard de la vie et de se servir activement de l'imagination créatrice comme d'un serviteur puissant. La suspicion ment toujours, mais elle ment avec une telle apparence de vérité [513] qu'elle n'apparaît que juste et raisonnable. Vous avez longtemps combattu cette tendance et, dans une bonne mesure, vos efforts ont connu le succès. Ne vous laissez pas aller à la suspicion ; mais prenez garde de ne pas la rejeter au plus profond de vous-même d'où, inévitablement, elle dressera la tête. Mettez fin au pouvoir qu'elle a dans votre vie en faisant trois choses :

a. En assumant plus nettement l'attitude du Spectateur qui voit tous les gens et les événements à travers la lumière de l'amour et de l'angle des valeurs éternelles.

b. En laissant chacun libre de vivre sa propre vie et d'endosser ses propres responsabilités, sachant que tous les êtres sont des âmes et qu'ils sont conduits vers la lumière. Donnez-leur simplement amour et compréhension.

c. En faisant de votre propre vie une vie toute de service qui ne vous laisse aucun loisir pour des moments ou des heures de suspicion qui flétrissent tant d'existences.

Si vous persistez dans leur pratique, ces trois choses feront plus pour vous libérer de votre mirage que n'importe quoi d'autre.

Le fait, mon frère, que je vous écrive ainsi vous indique le degré de réalisation que vous avez atteint. Il y a deux ans, vous auriez reconnu théoriquement la vérité de ce que je dis. Maintenant, non seulement vous la reconnaissez, mais vous abordez ce problème d'une manière pratique et dans l'avenir vous ferez de même. Pendant un certain temps, ce sera un combat se livrant heure par heure, puis jour par jour ; mais le pouvoir de votre âme est suffisant pour amener la libération, et l'amour de ce groupe de disciples est suffisant aussi pour vous amener à cette libération...

En ce qui concerne votre jardin, mon frère, je vous demande d'y entrer chaque dimanche matin. Voyez votre jardin qui dort dans l'obscurité avant l'aube ; aucune lumière véritable, aucun son, aucun mouvement, aucune vie apparente. Il est là, juste dans son rêve, sans couleur. Entrez dans votre tour et montez au sommet, puis libérez la lumière qui est en vous ; elle sera au jardin de votre âme ce que le soleil est au jardin du monde. Observez les rayons de lumière se déversant sur le jardin, l'éveillant à la couleur et à la beauté, suscitant en lui mouvement et vie, appelant le chant des oiseaux, le murmure des abeilles et provoquant en lui réponse et beauté. Je peux vous y rencontrer lorsque les nuages du [514] mirage se seront dissipés. Réfléchissez au symbolisme caché de ce jardin et, de ce centre d'amour et de lumière, travaillez avec ardeur pendant les mois qui viennent.

Mon Frère et Ami,

Janvier 1936

Les mêmes instructions, le même objectif et la même nécessité de cultiver l'esprit de libération de l'amour suffiront à vous occuper au cours des prochains mois.

Vous entrez actuellement dans une période de crise. N'oubliez pas que je vous l'avais dit et que je vous avais averti d'avoir à confronter toutes les circonstances dans la lumière de cette connaissance. La crise qui peut se focaliser en quelque aspect de votre personnalité doit être considérée par vous comme un effort considérable fait par votre âme en vue d'amener un haut degré de libération avant la Pleine Lune de mai. Votre âme est en train de mobiliser ses forces afin de faire cette libération et ainsi de vous permettre de bénéficier de l'influx spirituel qui se précipite. Lorsqu'une détermination semblable se manifeste sur le plan de l'expérience de l'âme, il se produit une réaction inévitable sur le plan de la vie quotidienne. Il faut que vous y soyez préparé et prêt à en profiter. Votre force est beaucoup plus grande que vous ne le pensez, car vous n'avez jamais encore puisé pleinement dans les ressources de votre âme. Il faudra que vous le fassiez afin de parvenir à la libération que vous désirez tant.

Je vous dis aussi, d'une manière certaine, que, pour vous, cultiver l'innocuité est la garantie de l'issue constructive que connaîtra votre crise au printemps prochain. Dans mes dernières instructions, je vous exhortais à éliminer l'apitoiement sur soi ; cela devait permettre ensuite de confronter sans mal la personnalité. L'élimination de la critique vous rendra inoffensif en ce qui concerne les autres, et le refus de manifester de la suspicion dissipera votre mirage particulier qui correspond presque à une hallucination. Vous voyez donc, mon frère, que je ne fais qu'insister sur l'enseignement que je vous ai donné antérieurement. Je sais que vous êtes convaincu de sa valeur ; en exprimant ainsi votre besoin, je ne fais qu'exprimer votre propre désir le plus profond.

De mai 1934 à mai 1935, vous avez accompli de très réels progrès ; votre force spirituelle intérieure s'est notablement accrue. Les six derniers mois ont constitué un intermède au cours duquel s'est manifesté beaucoup de fluctuation. Vous [515] avez été davantage sujet à l'expression extérieure et moins focalisé comme âme sur les plans plus subtils. Il n'y a pas eu de gain marqué. De tels intermèdes sont inévitables ; il n'y a aucune raison de vous en sentir déprimé, à condition qu'ils ne reviennent pas une fois que vous vous apercevez de leur existence. Maintenant, le soleil se déplace de nouveau vers le nord et une nouvelle opportunité se présente pour vous, ainsi que la possibilité d'une période de grande libération de votre nature inférieure et des demandes qui vous retiennent si puissamment. Mon message essentiel, et je vous le donne avec le désir sincère que vous compreniez de quel facteur je parle précisément, est : Laissez aller. Abandonnez ce que vous tenez. Demeurez libre à tout prix, lâchant ce qui vous retient.

Au cours des six mois qui viennent, prenez comme pensée-semence de vos méditations les mots et les pensées suivantes :

- Premier mois : Détachement de tout ce qui retient le Soi dans les chaînes.

- Deuxième mois : Libération, en vue du service, du Soi emprisonné.

- Troisième mois : Le terrain brûlant où l'on aperçoit l'or pur.

- Quatrième mois : Libération de la lumière intérieure et ensuite foulement du Chemin Éclairé.

- Cinquième mois : Rayonnement qui évoque la lumière dans les autres.

- Sixième mois : Sacrifice qui révèle la gloire du Soi.

Soyez plein de courage, mon frère, et ne craignez rien. La crainte crée elle- même un mirage et le mirage cache la lumière. Aimez librement ceux que vous aimez.

Mon Frère,

Juin 1936

Il y a peu de choses que j'ai besoin de faire ou que je puisse faire. Tant que le "soleil ne se déplace pas vers le Nord", votre travail sera difficile et pourtant si simple (lorsqu'on l'énonce en mots) que peut-être vous n'êtes pas en mesure de le considérer avec l'importance qu'il convient. Cependant, avec amour et sollicitude, je vous dis que beaucoup de choses dépendent, à la fois pour vous et pour le groupe, de ce que vous accomplirez. Il serait probablement intéressant que je touche ici une question qui se pose souvent dans l'esprit de disciples travaillant ensemble en formation de groupe et dans l'Ashram d'un Maître. Dans quelle mesure exacte le progrès, ou l'absence de progrès, d'un disciple individuel aide-t-il ou entrave-t-il le groupe de disciples ? [516] En raison de la sincérité intérieure du vrai disciple, la question qui se pose ensuite est : Que fais-je? Est-ce que j'aide ou est-ce que j'entrave ? Laissez-moi répondre à cette dernière question en ce qui vous concerne. Vous n'entravez pas le progrès du groupe. Votre nature douce et votre attitude aimante et désintéressée militent puissamment contre ce que vous reconnaissez à l'intérieur de vous-même, un esprit critique croissant lentement. Vous êtes profondément aimé par vos condisciples ; la douceur de votre vibration, avec sa note persistante de service et d'amour, a une "emprise" inconsciente même sur ceux des disciples de mon groupe que vous ne connaissez pas personnellement. Je vous demande de vous en souvenir. Mais votre aide pourrait être plus nette et plus consciente si vous pouviez vous libérer de vos attaches et commencer à fonctionner comme un vrai samnyasin dans votre foyer et à l'égard de toutes vos relations. Je vous l'avais déjà signalé. Je vous ai déjà appelé, d'une manière bien nette, à fouler le Sentier du Samnyasin. Mais vous ne faites encore que jouer avec cette idée ; vous considérez que c'est là un symbole de détachement qu'à tort vous ne pensez pas être en mesure d'atteindre ; vous vous sous-estimez, mon frère. Vous avez une persévérance indomptable qui vous a guidé jusqu'à maintenant. Cette persévérance est la marque du disciple consacré. Voulez-vous vous en souvenir ? Vous n'avez jamais vacillé au cours de votre recherche de la lumière et d'un champ où servir votre âme et où montrer votre dévotion à l'humanité et aux Grands Êtres Qui guident la destinée de la race des hommes et Que vous aimez vraiment.

Vous avez aussi une reconnaissance intérieure de la vérité et du Plan qui est beaucoup plus grande que vous ne le soupçonnez et que nous avons mise à l'épreuve il y a des années. Vous vous êtes maintenu fermement sur le Sentier et vous avez poursuivi le travail que nous cherchions à faire accomplir ; vous avez aidé lorsque vous le pouviez et vous êtes demeuré loyalement aux côtés de ceux qui ont cherché à faire notre travail. C'est ainsi que se manifeste cette même persévérance indomptable, et elle continuera à le faire. Que manque-t-il donc ? Sans aucun doute quelque chose manque et vous seriez le premier à le reconnaître.

Ce qui manque est une chose extrêmement simple mais des plus difficiles à exprimer. Ce qui manque ainsi, c'est presque une défaite : C'est simplement votre impossibilité à vous détacher. Vous vous attachez à ceux que vous aimez et souvent les mains avides de l'amour peuvent entraver le progrès, non seulement le nôtre mais aussi celui de ceux que nous aimons. Comprenez-vous cela ? Vivant et aimant ceux qui se trouvent dans votre milieu immédiat, vous posez-vous [517] cette question : Est-ce que je les rends plus forts, en tant qu'âmes, pour faire face à la vie et pour servir ?

Vous vous attachez à certaines personnes par les formes-pensée de la dépression et de la suspicion. N'est-ce pas vrai, mon frère ? Et ces personnes sont plus nombreuses que vous ne le pensez. Toutefois, elles entravent moins vos progrès que votre absorption en ceux que vous aimez, car vous les connaissez mieux et vous êtes en lutte continuelle avec elles. C'est votre amour, votre amour tenace et possessif pour ceux que vous avez assemblés autour de vous dans le processus karmique de la vie qui empêche que vous les aimiez de manière véritable et puissante... Je vous demande d'aimer d'une façon plus vraie. Votre force et votre détachement n'ont encore jamais été utilisés. Je ne vous demande pas de cesser d'aimer, mais je vous demande d'aimer comme une âme et moins comme une personnalité. En lisant cela, votre véritable nature intérieure réagira. Laissez-moi vous le répéter, votre problème est le détachement. Vous commencez à l'apprendre. Ce qui rend cette leçon doublement ardue est le manque d'une activité majeure et d'un intérêt dynamique qui absorberaient toute votre attention. Mais c'est la votre problème, qu'il faut résoudre de quelque façon si, comme âme, vous pouvez saisir votre personnalité d'une manière nouvelle et vitale.

Je ne peux que vous donner une indication : ne laissez pas votre corps physique vous dicter sa volonté. L'invalidité physique est parfois le refuge de ceux qui sentent que leur vie ne leur fournit pas ce qu'ils désirent, ou c'est le refuge de ceux qui sentent qu'ils ont échoué sur le Chemin.

Vous n'avez pas échoué, mon frère. Je vous le répète : vous n'avez pas échoué, et je sais de quoi je parle. Ceux d'entre nous qui opèrent avec une pleine vision sur le plan intérieur de la vie voient l'équipement, le karma, la lutte et la destinée d'une manière qui ne vous est pas accessible. Mais je dois vous dire que pour le reste de votre vie vous pouvez graduellement glisser vers une inutilité relative, l'inutilité d'une vieillesse improductive, ou vous pouvez au contraire parvenir au sommet de la carrière d'une âme libérée dont la sagesse, le service et l'amour désintéressé peuvent être les moyens propres à inspirer beaucoup d'âmes à travers le monde. Si vous choisissez ainsi, vous pouvez dès maintenant tirer profit des fruits recueillis pendant une vie de constante orientation vers la lumière et faire preuve de la sagesse qui résulte d'avoir été le spectateur, l'étudiant et le serviteur pendant si [518] longtemps. Ne voulez-vous pas devenir d'une manière plus active le participant et le coopérateur actif ? Une seule chose peut l'empêcher ; ni la mauvaise santé ni les circonstances, mais l'incapacité à être détaché. Voulez-vous chaque jour poursuivre un examen sur le détachement, pas obligatoirement le soir, et voulez-vous le poursuivre consciencieusement dans l'endroit sacré et silencieux que nous appelons votre jardin ? Mon amour et ma bénédiction demeurent sur vous, mon frère. C'est une chose que je ne dis pas souvent.

Mon Frère et Ami,

Janvier 1937

J'ai cette fois-ci, pour vous comme pour R.S.U. des louanges et un reproche à vous faire. C'est un reproche si modéré que vous n'en serez pas ennuyé. Vous avez beaucoup fait pour dissiper le mirage dans votre vie au cours de ces deux années, vous avez fait plus peut-être que vous ne vous en rendez compte. Nous qui vous observons tous du plan intérieur pouvons évaluer symboliquement ce fait plus facilement que vous ; lorsque nous cherchons et trouvons une âme, nous sommes en mesure de noter ce qu'on appelle occultement "la profondeur de son immersion". Vous êtes maintenant plus facilement "découvert et révélé" aux yeux de nous tous qui vous observons, et cela est dû entièrement à vos propres efforts et à la puissance croissante de ce groupe de disciples. Vous n'êtes plus aussi immergé dans le brouillard du mirage, bien que vous soyez encore retenu par la crainte, non pas la crainte pour vous-même mais la peur sans motifs pour ceux que vous aimez. Cependant, vous ne les voyez pas, eux-mêmes, ni les problèmes qui les confrontent, ni leur sentier de destinée individuelle, avec assez de clarté ; cela, comme vous pouvez facilement le supposer, vous empêche d'être aussi spirituellement utile que vous le pourriez.

L'utilité des disciples à l'égard de ceux avec lesquels ils sont karmiquement liés et pour lesquels, à tort ou à raison, ils se sentent responsables, varie avec la croissance et de stade en stade. L'attention donnée sur le plan physique à ceux qu'on aime peut et doit persister dans une certaine mesure, bien que cette attention d'une mère à son enfant ne doive pas persister une fois que l'âge adulte est atteint. On peut choisir de partager certaines responsabilités (là aussi, à tort ou à raison), mais ce choix ne doit pas faire oublier ou diminuer la responsabilité qui doit être légitimement assumée. L'assistance mentale devrait être toujours disponible, mais ne devrait pas être donnée lorsque le mental est troublé par les brouillards du doute et des questions qui se posent, ou lorsque se manifeste un esprit critique. La responsabilité spirituelle est, assez curieusement, la dernière à être généralement reconnue ; [519] après cette reconnaissance, on passe à l'action d'une manière tout aussi lente. Et pourtant, en dernière analyse, c'est de très loin la plus importante, car l'influence spirituelle peut être celle qui dure et peut amener avec elle le pouvoir de libération à ceux que nous aimons, tandis que les autres responsabilités, étant celles des relations de la personnalité, amènent toujours avec elles le mirage et ce qui n'est pas du royaume de l'esprit.

Pendant les années qu'il vous reste à vivre, mettez l'accent sur vos responsabilités spirituelles et sur l'effet spirituel que vous avez sur tous ceux avec qui vous entrez en contact ou avec lesquels la destinée vous met en rapport. Travaillez toujours dans le sens du contact avec l'âme, allant vers la libération de l'âme et vers l'activité de l'âme de ceux que vous aimez, et même de ceux que vous n'aimez pas ! Ainsi vous commencerez à travailler sur les niveaux spirituels et de ces niveaux votre pouvoir comme travailleur s'accroîtra silencieusement. Ceci n'altérera en rien votre juste utilité sur les plans inférieurs aux plans spirituels.

Vous apprenez rapidement, mon frère, et vous pourriez parvenir à une connaissance approfondie et plus consciente si vous pouviez vous entraîner au détachement des activités de la personnalité, avec ses silences ou ses paroles peu avisées, ses critiques ou son appui à ce qui, chez les autres, n'est pas souhaitable, et ses moments d'indécision angoissée, basée sur une crainte qui, dans votre cas, est toujours celle de la personnalité ou pour la personnalité. Cette crainte peut vous faire parler ou agir d'une manière peu sage ; elle vous empêche de suivre la lumière et le service qui apparaissent si clairement dans votre vision au cours de vos moments les plus élevés. N'en est-il pas ainsi, mon frère ? Mais c'est mon seul reproche ; il est du reste tempéré par une juste reconnaissance des véritables réalisations, de vos indéfectibles aspirations et de votre service loyal.

La méditation de groupe vous convient particulièrement et vous est utile ; elle vous apporte la force nécessaire et vous sert à éclairer à la fois votre vision et votre sentier. Poursuivez-la donc avec soin (...) Et, mon frère, continuez les exercices occultes indiqués et retournez encore à votre jardin qui peut toujours être trouvé, beau et serein, dans le monde de la pensée. Le sommet de sa tour pénètre dans le monde des âmes et, lorsque vous montez les marches qui y mènent, vous vous trouvez dans le domaine de la claire vision, de la vaste sagesse et de l'amour universel.

Faites preuve de constance au cours des mois qui viennent [520] et demeurez détaché. Ne laissez pas les petites voix étouffer la voix de votre âme ou ma voix. Conservez le canal libre. Tels sont mes derniers mots : Conservez le canal libre. Si vous pouvez le faire, les décisions qui importent et que vous pouvez rencontrer sur votre chemin seront confrontées dans la lumière de l'âme, et une action prompte et claire surviendra, avec des résultats satisfaisants. Les conseils que vous pouvez alors être appelé à donner ne seront pas basés sur la crainte ou sur une faiblesse de l'amour de la personnalité, mais porteront la note triomphante de l'âme qui sait. Rompez, mon frère, avec les entraves du passé ; soyez le véritable samnyasin, ne désirant rien pour le soi séparé et portant le véritable désintéressement, que vous avez toujours démontré, jusqu'au sommet du complet abandon.

Mon Frère et loyal Ami,

Juillet 1937

Comment puis-je énoncer votre problème d'une manière assez claire pour que vous acceptiez les faits exposés et que vous vous en accommodiez ? La seule façon me paraît être de vous fournir les informations nécessaires et de suggérer que vous agissiez en conséquence et attendiez les résultats, opérant avec l'intelligence remarquable qui est la vôtre et la persévérance que vous avez manifestée tout au cours de votre vie.

Votre corps mental est sur le cinquième rayon ; par conséquent vous avez un mental intensément analytique. Je vous rappelle toutefois que vous êtes analytique mais que vous n'exercez pas le discernement. Réfléchissez à cette distinction.

Votre corps astral est gouverné par le sixième rayon et se trouve encore surtout soumis à la volonté de la personnalité. Cela vous amène à vous dévouer au milieu entourant la personnalité et aux conditions que vous avez provoquées karmiquement.

Votre corps physique est aussi sur le sixième rayon ; ce qui fait qu'il est, ainsi du reste que votre cerveau, le serviteur de votre corps astral ; mais cela vous rend aussi intuitif ou astral-bouddhique. Par conséquent, je voudrais que vous notiez que dans votre cas il y a une exception à la règle générale dominant le corps physique, car très peu de corps physiques se trouvent sur le sixième rayon comme le vôtre.

1. Le rayon de l'âme, le deuxième rayon d'Amour-Sagesse.

2. Le rayon de la personnalité, le sixième Rayon de dévotion.

3. Le rayon du mental, le cinquième rayon de Science Concrète. [521]

4. Le rayon du corps astral, le sixième Rayon de Dévotion.

5. Le Rayon du corps physique, le sixième Rayon de Dévotion.

Vous voyez donc clairement que la plus grande partie de votre problème peut être résumée par la reconnaissance des relations existant entre la personnalité, le corps astral et le corps physique. Le corps physique et le corps astral sont, par conséquent, automatiquement les serviteurs de la personnalité. Pourtant, le rapport entre le sixième et le deuxième rayon est si étroit que le problème de votre âme n'est pas insurmontable au cours de cette vie.

Mon Frère,

Janvier 1938

Ces derniers mois ont vu s'élaborer une grande tension intérieure. Sur le plan physique, cela s'est matérialisé en un sentiment de réelle fatigue et a atteint son sommet au cours d'une période de maladie. Mais, lorsque les causes intérieures se sont consumées en effets physiques, une période de libération et d'ajustement s'ensuit. Je vous dis donc : ne laissez pas la tension intérieure reprendre son emprise. Vous pourriez justement me demander ici : comment puis-je l'en empêcher ? En vous souvenant, mon frère, que bien que les conditions environnantes puissent demeurer relativement les mêmes, vous- même n'êtes pas le même. Vous êtes parvenu à un nouveau degré de liberté et de détachement, et c'est à cette liberté que vous devez vous tenir. La note dominante qui devrait gouverner votre vie au cours des mois qui viennent est de demeurer fermement en une réalisation spirituelle. Une étroite observation de la personnalité est donc nécessairement impliquée. Il vous faudra veiller à ce que les anciennes formes-pensée de crainte et de préoccupation ne reprennent pas leur domination et qu'il ne soit plus permis aux anciennes réactions émotionnelles de reprendre forme. Notez la façon dont j'ai rédigé cette recommandation.

Soyez l'âme et, telle une constante habitude de la vie, développez l'attitude de reconnaissance de votre propre divinité dans votre expression journalière. Il sera nécessaire de maintenir une étroite attention à l'égard des tendances à peine perceptibles commençant de nouveau à manifester leur ancien rythme, et de faire face immédiatement aux anciennes formes de faiblesse. Dans votre cas, le terme "substitution" peut se révéler très utile, vous permettant de remplacer par un nouvel et vital intérêt les anciennes idées qui [522] réapparaissent, de substituer à une crise émotionnelle une activité bien déterminée sur le plan physique, et aussi de discipliner votre vie inférieure en la dirigeant vers la joie et l'activité heureuse. Pour vous, la joie devrait constituer un grand facteur de guérison.

Pendant des années, mon frère, je me suis référé à votre jardin de beauté. Tout d'abord, j'ai dû vous amener à le créer ; plus tard, je vous ai appris à le rendre plus beau et ensuite à l'utiliser. Je vous ai aussi appris à le consacrer et à en faire un temple, et à le lier mentalement à l'idée de service. Ce qui a été créé et utilisé existe maintenant. Aujourd'hui, je voudrais vous dire que sur les plans intérieurs, votre jardin est au service de mon groupe de disciples et à celui d'autres encore, plus nombreux que vous ne le pensez. C'est un endroit où beaucoup s'assemblent et où quelques-uns se réfugient. Réfléchissez-y et continuez à l'embellir. Souvenez-vous toujours que ceux qui cherchent sa beauté ne viennent pas seulement pour le jardin, mais viennent aussi dans le but de prendre contact avec vous qui, sur le plan intérieur, apparaissez différent de ce que vous vous imaginez être en incarnation physique.

Il vous reste maintenant à faire pour les autres un jardin de votre vie sur le plan physique. Vous avez beaucoup appris au cours des années passées. Bien que souvent les anciens rythmes et les anciennes habitudes de pensée vous attirent de nouveau hors de votre jardin de paix, vous trouvez le moyen d'y retourner avec une plus grande rapidité. Vous n'errez plus aussi souvent dans le labyrinthe des soucis et dans les terres basses et brumeuses du mirage.

Veillez à garder une attitude d'indifférence spirituelle, ou d'insouciance divine et de détachement émotionnel, au cours des neufs mois qui viennent. Je vous demande instamment de réfléchir à ces trois mots, particulièrement aux deux premiers. Demeurez dans votre jardin ; lorsque vous serez poussé à courir l'aventure des soucis, des angoisses, ou de satisfaire à la suspicion, employez l'indifférence et ne vous souciez pas de ce qui peut advenir. Rien ne peut se produire qui puisse réellement détruire l'équilibre que vous avez atteint. Sachez-le.

Demeurez comme un centre de force pour tous ceux que vous rencontrez, et ne rejetez pas ma suggestion du fait que votre personnalité rejette la possibilité de la suivre. Vous avez réussi sur les plans intérieurs ; sur les plans extérieurs, veillez maintenant à ce que cette réalisation soit également démontrée. De l'endroit où votre vie du plan physique est vécue, [523] émettez ce qui peut guérir et bénir. Rien ne peut arrêter cette bénédiction ; elle s'élance sur les ailes du détachement et d'un cœur qui ne se soucie pas de lui- même ; elle accomplit sa mission parce que vous avez appris à avoir confiance dans les âmes de ceux auxquels la destinée vous a lié...

Je vais vous donner les huit phrases suivantes comme pensées-semence pour votre méditation. Je vous demande d'y réfléchir avec soin au cours des huit prochains mois :

- Premier mois : Je demeure sur ma tour et là rien ne peut m'atteindre.

Ainsi je me dédie au travail que je trouve sur ma route.

- Deuxième mois : Seule mon âme peut atteindre le point de force où je me tiens, et pour mon âme ce chemin est toujours ouvert. À la tâche assignée par mon âme, je me dédie.

- Troisième mois : De ce point élevé, je descends souvent et je suis les chemins de vie et de beauté en compagnie de mes frères. À la tâche de les aider, je me dédie.

- Quatrième mois : Je cherche à faire tomber sur tous ceux que je rencontre le rayonnement de l'amour, et à cette vie d'amour rayonnant, je me dédie.

- Cinquième mois : Avec une divine insouciance, je confronte la vie quotidienne, sachant que tout est bien. À assister ceux que je sers, les Maîtres du Chemin, je me dédie.

- Sixième mois : Avec une véritable indifférence divine, j'accepte de porter tous les fardeaux que je rencontre, car rien ne peut toucher mon âme. À manifester cette confiance, je me dédie.

- Septième mois : Ceux qui m'ont été donnés à aimer sur les chemins de la vie, je les aime et je les sers. Je les considère, exempt de crainte. Au renforcement intérieur de leur âme, je me dédie.

- Huitième mois : Sur ma tour, dans ce haut lieu de vision, je me tiens maintenant et, de ce point, je vis et j'aime et je travaille. À cette haute destinée, je me dédie.

Si vous pouvez saisir la réalité du service et son utilité, vous aurez accompli beaucoup de progrès la prochaine fois que je vous adresserai mes instructions. [524]

Mon Frère,

Janvier 1939

Vous avez fait de réels progrès. C'est la première chose que je veux vous dire. Clarifiez encore un peu votre pensée et acceptez les faits vous concernant et que vous connaissez, et vous deviendrez libre. Votre problème est difficile. Il n'est pas basé sur les difficultés de votre vie, car votre problème vital n'est pas du tout inhabituel, bien que vous lui ayez accordé une attention inhabituelle. Il est basé sur le fait que vous avez une personnalité de sixième rayon, un corps astral de sixième rayon et un corps physique de sixième rayon. Cela constitue une terrible combinaison de forces, mais vous avez assumé la responsabilité de manier ces forces afin de briser l'emprise de sixième rayon que ce genre d'énergie a exercé sur vous au cours de trois vies consécutives. Vous avez soixante ans et vous ne l'avez pas encore brisée. Par conséquent, le dessein de votre âme n'a pas encore été atteint. La différence entre votre attitude actuelle et votre attitude d'il y a trente ans est qu'alors vous ne vous rendiez pas compte de quoi il s'agissait et que maintenant vous vous en rendez compte. Vous n'aviez alors aucune responsabilité, en réalité, parce que vous ne connaissiez pas la nature de la tâche à accomplir. Mais, grâce au contact avec votre âme, vous savez maintenant en quoi consiste ce problème et par conséquent votre responsabilité d'accomplir quelque chose de bien déterminé est lourde. Le mirage des liens et des relations vous a tenu pendant des années. Le cordon ombilical de la personnalité vous relie toujours à vos enfants ; il aurait dû être coupé et bien coupé, il y a de nombreuses années. Vous en auriez tiré, vous-même et eux aussi, un grand avantage ; vous le savez bien, lorsque le mirage des responsabilités maternelles ne pèse pas sur vous. Il vous faut maintenant bien comprendre que vous n'avez aucune responsabilité de ce genre.

Pardonnez-moi de vous parler aussi franchement, mon frère, mais je voudrais vous voir libéré avant que n'arrive le temps où vous passerez dans "la claire et froide lumière". Je sais de quoi vous êtes capable. Vous n'utilisez pas le pouvoir de votre âme de second rayon qui peut en même temps aimer et rompre, qui peut communiquer l'amour le plus profond subjectivement et tout en protégeant et, pourtant, libérer les autres sur le plan extérieur. Laissez-moi vous le redire : vous n'avez aucune responsabilité à l'égard de vos enfants et vous n'en avez jamais eu depuis qu'ils ont atteint l'âge de la maturité et le droit de vivre leur propre vie. Vous avez acquis le droit à la liberté et à l'expression de votre [525] propre âme. Voulez-vous l'utiliser maintenant et vous libérer, ou voulez-vous vivre tant bien que mal le reste de cette incarnation et, dans une autre vie, avoir à faire face au même problème de relations familiales et de responsabilités financières ? Jusqu'à présent, vous n'avez rien résolu mais vous avez fait des progrès et vos yeux se sont ouverts. Seulement la crainte, à laquelle s'ajoute le refus délibéré de prendre les mesures énergiques et nécessaires, vous empêche de participer pleinement au service de l'humanité et à mon travail.

Vous avez tant de choses à donner. Je ne me réfère pas ici à l'argent, bien que cela doive être inclus dans ce que peut offrir un disciple au cours de sa vie, spécialement en ce temps de tension mondiale ; je me réfère à des dons plus grands et plus profonds que vous avez tendance à refuser de reconnaître ; un cœur aimant, un mental enrichi par des années d'étude et des vies de service, et une loyauté dans l'amitié, un don pour elle, qui sont, en vérité, difficiles à trouver.

Le contact est établi avec votre âme ; c'est un fait sur lequel vous pouvez compter. La dévitalisation de votre vie physique est due aux contraintes que vous vous imposez et à votre retraite intérieure dans le monde mental et astral. Sur le plan physique, vous n'exprimez pas la réalité que vous êtes. Les formes- pensée qui vous entourent vous vident de votre force vitale et pourtant vous n'avez aucun trouble, aucune maladie physique. Ces formes-pensée sapent votre vitalité et sont nettement destructives, pour vous et pour les autres. Parmi ces formes-pensée, il y en a trois (...)

Je vous donne un exercice spécial. Allez deux fois par semaine dans votre jardin et rencontrez-moi là. Découvrez d'abord le point du jardin que j'ai magnétisé. À cet endroit situé à l'intérieur du jardin, exposez-moi à haute voix vos problèmes en vous arrêtant à intervalles réguliers pour écouter mes réponses, ou les réponses de votre âme. Nous parlerons lorsque régnera le silence de la vie extérieure et de la personnalité. Ne cachez rien et parlez-moi à haute voix. Faites le en tendant une oreille attentive et, à la Pleine Lune de mai, vous découvrirez peut-être qu'en parlant nous avons résolu la question, que le mirage s'est dissipé, que les formes-pensée ont été détruites et que le sentier brille avec clarté à vos yeux.

Puissiez-vous avoir le repos et la paix de la consécration ; ma bénédiction demeure sur vous. Si je prends le temps de m'occuper de vous, ce n'est pas en raison de vos mérites. [526] Les anciens liens karmiques existant entre vous et moi, votre Frère Aîné, et le profond amour que vous porte fidèlement D.R.S. sont pour moi des raisons suffisantes. En outre, vous avez mon amour. Nous sommes sur le même rayon d'âme.

Mon Frère,

Janvier 1940

Vous n'avez pas de mirage particulier, car vous vivez dans une parfaite mer de mirage. De là vient la difficulté de votre problème. Si par exemple vous aviez un seul grand mirage, comme D.E.I. en a un, ce serait, pour quelqu'un ayant votre dévotion et votre capacité mentale, une chose relativement simple à briser et vous pourriez marcher dans la lumière. Mais vous vous êtes entouré d'une myriade de mirages de petite importance qui, réunis, tendent à vous faire marcher dans un brouillard perpétuel. Vous avez la capacité de marcher constamment dans la lumière. Vos mirages vous viennent de deux sources. Vos réactions aux événements de la vie et à votre milieu sont d'une fluidité superficielle ; elles ne sont pas fondamentales, car le dessein de votre vie est inaltérable et votre vie est orientée d'une manière ferme et impossible à changer. Mais en ce qui concerne les circonstances et les gens, vous êtes préoccupé par l'effet qu'ils peuvent avoir sur vous et par votre incapacité à les confronter comme devrait le faire un disciple. Votre complexe d'infériorité vous maintient dans un état de mirage et n'est qu'une pure réaction de la personnalité. Comme âme, votre connaissance est puissante ; comme âme, vous aimez tous les êtres ; comme âme, il n'existe pas de circonstances que vous ne puissiez dominer ; comme âme, vous pouvez exercer une domination dynamique sur votre milieu. Mais le mirage de l'infériorité, résultant de nombreux petits mirages, domine l'expression de votre vie sur le plan physique, ce à quoi s'ajoute le deuxième mirage, celui des infirmités physiques. À ce sujet, je vous dis simplement que le travail que vous faites pour nous, à partir du niveau mental de conscience où, en réalité, vous vivez tout le temps malgré de nombreuses incursions sur le plan astral, vers le plan physique, devrait vous libérer physiquement.

Je ne vous demande pas de travailler comme le fait A.A.B. qui choisit délibérément de travailler avec notre "équipe de suicide", comme l'a appelé en riant un des disciples du groupe de M. Je vous demande de mettre fin au mirage [527] d'infériorité et de préoccupation des détails qui vous maintient toujours dans un état de dévitalisation. Entrez dans la joie et la force d'un service sans frustration. Je saurai mieux quoi vous dire lorsque j'aurai noté les conclusions auxquelles vous êtes parvenu à ce sujet, et ce avant le mois de mai.

Août 1940

J'ai pour vous le message le plus bref, mon frère. Aujourd'hui, vous vous trouvez physiquement angoissé et, en même temps, vous sortez d'une crise vitale et entrez dans une période de sûreté, de lumière, de connaissance et d'utilité plus grandes. Vous n'avez rien d'autre à faire maintenant que de bannir toute anxiété et vous reposer sur les réalités de l'existence desquelles la vie vous a convaincu. Vous êtes absolument certain de l'amour, du courage et de l'âme. Particulièrement maintenant, n'utilisez pas le mental mais soyez, simplement, et laissez l'amour de tous ceux qui vous connaissent, ce qui m'inclut, mon frère, s'écouler à travers vous ; permettez au courage de votre âme de vous rendre plus fort. Ce courage n'est pas le courage de se battre, ce n'est pas une lutte afin d'être ce qu'on appelle "brave". C'est le courage de la connaissance certaine, maintenu fermement et sans éprouver aucun doute, au milieu des difficultés.

Je ne vous donne qu'une pensée à répéter lorsque vous vous sentez découragé, fatigué ou affaibli :

"Au centre de tout amour, je demeure, et rien ne peut m'y atteindre ; de ce centre, je sortirai pour aimer et pour servir."

NOTE : Quatre mois plus tard, ce disciple s'en alla "pour aimer et servir" sur le plan intérieur de la vie. Bien que hors du corps physique, il est actif dans l'Ashram du Tibétain.