Naviguer dans les chapitres de ce livre

SECTION QUATRE INSTRUCTIONS PERSONNELLES AUX DISCIPLES - Partie 12

Je vous appelle ainsi, car jamais vous ne cessez de vous battre ou de lutter, parfois sous l'impulsion de votre âme et souvent sous l'influence de l'accent mis sur la personnalité. Ne pouvez-vous cesser de lutter, de vous débattre, ce qui donnerait une chance d'évoluer à l'esprit aimant que votre personnalité isolée, de premier rayon, s'efforce de cacher, et souvent avec succès ? Il y a un aspect de la relation entre le premier et le second rayon qu'il est facile de négliger. Le second rayon est extraverti, inclusif, amical et porté à s'attacher ; le premier rayon est isolé, exclusif, antagoniste et porté au détachement. C'est le conflit entre ces deux énergies – rassemblées dans une seule incarnation – qui a provoqué les conditions de vie malheureuses qui vous ont [699] caractérisé, que vous reconnaissez et qui vous causent tant d'angoisse. Il est temps que ce heurt entre les deux forces prenne fin ; ce conflit ne peut être déterminé que par la subjugation de votre personnalité de premier rayon par votre âme de second rayon. Voilà une affirmation très nette des faits, qui vous indique votre effort immédiat et essentiel. Le point focal de votre identification a été la personnalité, mais le caractère de votre âme est si fort, qu'il provoque une perturbation constante de votre personnalité. Votre but, donc, devrait être de cultiver toutes les caractéristiques qui déplaisent le plus à votre nature inférieure – le contact avec d'autres personnes, particulièrement avec vos frères de groupe, l'amitié et l'intérêt pour tous ceux que vous rencontrez, l'inclusivité et le développement d'un esprit de bonne volonté vers l'extérieur, les étrangers et les amis. J'ai donné des instructions à D.I.J. pour qu'il apprenne à travailler avec la loi d'Abstraction ; je vous dis de pratiquer l'attitude inverse dans toutes les circonstances et tous les contacts de la vie, et de vous perdre dans les intérêts de vos compagnons de travail et de l'humanité. Pouvez-vous le faire, mon frère ? Du moins, vous pouvez essayer.

Comment puis-je vous aider à introduire le pouvoir de votre âme, intelligente et aimante, afin qu'elle libère votre personnalité de sa fièvre, et engendre le calme ordonné dans votre vie ? Il y a si peu de chose que je puisse vous dire, que vous ne sachiez déjà ; je vous ai donné mon enseignement depuis de nombreuses années et je continue à le faire. L'une des méthodes majeures de liaison et de fusion est le travail créateur de la musique. Je vous suggère de faire entrer la musique dans votre vie, beaucoup plus que vous ne l'avez fait jusqu'ici, particulièrement la musique orchestrale. En ces temps où il y a de nombreux programmes de radio, cela est facile ; L'effet d'instruments en harmonie et les profondes sonorités briseront, dans votre personnalité, l'opposition qu'elle présente au contact de l'âme, et imposeront une note et une clé différentes à votre vie.

Cette injonction vous surprend-elle, frère d'autrefois ? Vous êtes sur le point de vous libérer des luttes du passé, et vous pouvez entrer dans une phase de vie plus constructive et plus heureuse, si vous permettez à la musique de jouer un rôle important dans le rythme de votre vie ; choisissez la plus belle musique, jouée par de grands orchestres [700] symphoniques. Dieu créa par le pouvoir du son, et la "musique des sphères" maintient toute vie à l'existence (notez cette expression). L'âme, à son échelle minuscule, peut créer "l'homme nouveau", aussi par le pouvoir du son, et un rythme musical peut être utilement imposé à la personnalité par le disciple.

C'est ce dont vous avez besoin, de la musique dans votre vie, littéralement et au figuré. Je vous ai donné là une indication très importante. Faites pénétrer la grande musique des maîtres du son, de manière nouvelle et puissante, dans votre conscience. Si vous écoutez cet avis, si vous vous soumettez avec insistance à l'impact de la musique, je pense que dans trois ans, de grands changements significatifs apparaîtront dans votre vie. Une fois rejetés l'apitoiement sur soi et l'irritation, il est peu de chose qui soit erroné dans votre pensée. Il y a peu de gens dont on puisse en dire autant, mon frère.

J'aimerais vous voir entrer à l'intérieur de l'ashram ; cependant vous persistez à rester à la périphérie de sa sphère d'influence. Que l'amour, la lumière et la musique entrent plus nettement dans votre vie de tous les jours. Ne faites pas fi de cette suggestion pratique, mais donnez à votre mental la possibilité de renverser, grâce à la musique, les barrières imposées par la personnalité, se dressant entre le libre cours de la vie de l'âme et vous-même.

Je ne peux pas vous dire grand-chose d'autre. Je demeure prêt, inlassablement, à vous accueillir dans une plus grande intimité ashramique, mais le progrès vers une relation plus étroite doit être accompli par vous seul, sans aide, si ce n'est celle de mes suggestions. Je ne peux rien faire d'autre que de me tenir à vos côtés avec amour et compréhension.

Mon frère,

Août 1946.

Il y a peu de chose que je puisse vous dire. Pendant le reste de votre vie, vous n'avez qu'une chose à faire : préparez-vous à la réussite dans l'entreprise spirituelle, quand vous reviendrez en incarnation. Vous aimeriez sûrement entrer de nouveau dans l'existence sur le plan physique avec une nature de désir différente et plus adéquate, nature de désir qui a toujours conditionné votre corps physique et fait obstacle aux influences supérieures. Vous avez toujours été conduit par le désir ; [701] par ailleurs, vous avez été stimulé par une haute aspiration ; entre les deux, votre vie a été faite de souffrance et de frustration, fréquemment de désespoir. En dépit d'une profonde insatisfaction que vous enregistrez dans votre conscience et que je perçois aussi, vous errez toujours à la périphérie de mon ashram ; vous êtes encore lié à vos frères de groupe et à moi-même, bien que vous nous ignoriez tous et suiviez votre propre voie, en cédant à tout prix à vos inclinations. C'est toujours difficile quand deux rayons majeurs gouvernent, l'un la personnalité, l'autre l'âme. Cela indique une réussite passée d'un ordre élevé car cela implique le transfert d'un rayon mineur à un rayon majeur, ce qui est toujours signe de préparation à l'initiation, dans l'avenir. Cela indique aussi une grande lutte, particulièrement lorsque la personnalité de premier rayon est fortement liée à la nature de désir.

Vous savez tout cela, mon frère, car tout va bien du côté de votre intelligence. Ce qui ne va pas c'est que – face à cette connaissance – vous ne vouliez pas utiliser la volonté pour imposer une conclusion spirituelle qui vous ferait émerger une fois pour toutes dans la claire lumière de l'âme. Cependant, cela ne devrait pas être difficile pour vous d'utiliser la volonté, une fois le contact établi plus fermement avec l'âme, car vous avez une personnalité de premier rayon, et donc l'aspect volonté peut plus facilement être contacté et compris par vous, que par ceux qui sont sur d'autres rayons.

R.S.W. ne vous aide pas, malgré toutes ses tentatives. Elle ne vous accepte pas, ou ne vous reconnaît pas pour ce que vous êtes, un homme chez qui la nature inférieure domine la plupart du temps, mais dont l'intention fondamentale est de s'identifier à la nature supérieure; elle vous voit différemment, et sa certitude dans cette direction ne vous aide pas.

Moi, votre ami et votre instructeur, je vous vois tel que vous êtes, et je vous comprends ; cette compréhension m'oblige à vous soutenir avec fidélité dans les coulisses, prêt à tout moment à faire sentir ma présence dès que le plus élevé triomphera, et que le plus bas sera effacé. Vous pourriez me demander pourquoi ? Je répondrais que dans un passé lointain – passé qui est derrière nous tous – vous avez fait un sacrifice qui vous a coûté très cher, sacrifice qui a permis l'entrée de l'âme sous forme de fil de lumière radieuse. Grâce à ce sacrifice, il m'advint beaucoup de bien, et nous, les Maîtres de Sagesse, attachons beaucoup d'importance à la gratitude. Cette dernière et le service sont de nature [702] profondément scientifique et en relation étroite avec la loi de Karma. La gratitude est quelque chose qu'il vous faut apprendre ; elle vous inciterait à reconnaître la fidèle amitié de F.B. et d’A.A.B. ainsi que celle de vos frères de groupe. Leur amitié a des bases solides sur le plan mental ; toutefois ils peuvent faire peu de chose pour vous aider dans les conditions actuelles.

Alors, mon frère, qu'allons-nous faire ? Que vais-je vous dire dans ces instructions-ci qui sont les dernières ? Tout d'abord, permettez-moi de vous dire que j'espère voir, dans les prochaines années de votre vie, un complet renversement du passé. J'espère que vous appliquerez avec volonté et pénétration spirituelle, les disciplines physiques qui nourriront votre aspiration, anéantiront et rendront futile tout désir. J'espère vous voir renforcer les liens entre vous et moi, votre Maître.

Vous rendez-vous compte de la tâche avec laquelle je suis confronté en ce qui vous concerne ? Cette tâche consiste à vous aider à transmuer la nature de votre personnalité, et à en faire un instrument qui permettra à votre âme de vous faire quitter mon ashram pour entrer dans celui du Maître K.H. Telle est ma tâche envers plusieurs d'entre vous dans le groupe ; vous et eux n'appartenez pas essentiellement à mon ashram, mais vous y restez et y travaillez jusqu'à ce que les lois spirituelles dominent, que la vision soit fermement établie et que l'âme dirige. Voulez-vous vous en souvenir avec constance et pendant les années qui vous restent, vivre, lutter avec la nature inférieure jusqu'à ce qu'elle soit purifiée, disciplinée, éclairée et intégrée ?

Je ne vous donne pas de méditation précise. Je vous enjoins – c'est une nécessité primordiale – de prendre contact avec votre âme, avec l'ashram et avec moi, trois fois par jour. Je vous demande d'accomplir cela comme un acte délibéré de la volonté. Ce triple exercice fait le matin, à midi, et lorsque vous vous retirez pour la nuit, aura un effet de transmutation plus puissant que toute autre chose que vous pourriez faire. N'oubliez pas que, par cet exercice, vous entraînez la volonté de même que vous introduisez de l'énergie spirituelle dans votre personnalité, afin d'être aidé dans la tâche spirituelle qui vous attend.

Vous pouvez toujours compter sur ma coopération, mais elle dépend de votre faculté de "percer" jusqu'à moi. [703]

à D.E.I.

Août 1942.

1. En tant que chéla dans mon ashram, vous vous déplacez dans la vie avec tout le pouvoir qui émane de ce centre. Ne l'oubliez pas.

2. L'avenir s'ouvre sur beaucoup de choses qui doivent être faites. Ne laissez pas l'action entraver l'amour.

3. Aimez tous les hommes, comme le font les chélas, et que la compassion dirige vos actes.

4. Grands sont le bruit et l'agitation du mode de vie, et vous y réagissez avec une douleur excessive. D'autres s'échappent de différentes manières, et construisent un mur. Pour vous, c'est la compassion qui est la voie. Regardez les faits en face, et soyez compatissant.

5. Élevez les faibles car vous êtes fort, et la force de nombreuses personnes vient à vous. Attirez cette force, puis allez de l'avant avec le pouvoir d'aimer et d'élever.

6. Ne mettez pas en doute le caractère inébranlable de la force et de l'amour qui vous viennent de trois personnes : moi-même, votre frère A.A.B., et un autre auquel vous ne pensez : pas encore.

Mon frère et mon ami,

Septembre 1943.

Depuis que vous êtes entré dans le cycle commençant par votre quarante - deuxième année, la vie vous a réservé des changements constants, des rajustements nombreux et sévères et beaucoup de responsabilité. À cela, il faut ajouter l'agitation et le chaos de la guerre. Il a été beaucoup exigé de vos forces et de votre jugement. Vous avez bien réagi. Vous avez aidé de nombreuses personnes et vous avez grandi en sagesse. Vous avez pris la responsabilité d'une phase du travail commencée dans mon ashram, ou par mon condisciple, A.A.B. Cette dernière n'est pas membre de mon ashram. Vous avez ma compréhension et son soutien inaltérable.

Inévitablement, mon frère, la situation à laquelle vous avez dû faire face, concernant le travail dont vous êtes responsable, concernant votre vie personnelle, familiale et l'avenir qui s'ouvre devant vous, a comporté beaucoup de tension. À ces facteurs, il faut en ajouter un autre ; c'est que vous êtes essentiellement seul. Cette solitude [704] fondamentale est due à plusieurs raisons : tout d'abord, vous êtes entraîné au commandement, et les chefs doivent apprendre à être seuls ; ils y parviennent toujours s'ils aiment assez. Deuxièmement, la force des circonstances et la nécessité de liquider certaines relations karmiques ont accru vos contacts journaliers et, en même temps, vous ont laissé bien plus seul que vous ne l'étiez il y a six ans. Troisièmement, ceux qui sont entraînés à devenir des chefs doivent saisir la leçon disant que le plus grand peut toujours inclure le plus petit ; l'inverse, mon frère, n'est pas vrai et le résultat, c'est la solitude. Réfléchissez à tout cela et acceptez-le ; demeurez libre et avancez sur la voie que vous avez choisie, refusant d'être entravé par ceux qui ne peuvent pas maintenir votre allure. Cela encore, entraîne la solitude. Finalement, il vous faudrait plus de compréhension aimante ; cela vous isole parfois de vos frères, particulièrement de vos compagnons de travail ; méfiez-vous aussi d'un esprit critique grandissant.

Les leçons du rôle de chef sont difficiles à apprendre, et vous y serez confronté à mesure que passeront les années – si vous le désirez et si vous êtes capable de "faire face à la musique" – (ainsi que l'on dit en anglais). La musique est là et jaillira dans toute sa qualité tonale, lorsque vous aurez résolu les dissonances et établi le thème et le rythme.

Quelles sont les leçons que tous les vrais chefs doivent apprendre ? Cela pourrait vous rendre service que je vous en expose une ou deux, très brièvement, de sorte que vous puissiez commencer à les maîtriser, que vous puissiez comprendre la nécessité de ces leçons, et les appliquer à vous-même, en vue d'un service plus complet et plus utile si vous avez vraiment à cœur de servir vos semblables, comme je le crois.

La première leçon est une leçon de vision. Quels sont vos buts ? Quel est l'aiguillon spirituel assez fort pour que vous mainteniez votre stabilité devant le dessein et votre fidélité à l'objectif ? Personne ne peut formuler la vision pour vous ; c'est le problème de votre personnalité, et beaucoup de ce que vous ferez et deviendrez dépendra de la force de la vision et de la beauté de l'image que créera votre imagination.

La deuxième leçon est le développement d'un juste sens des proportions. Ce dernier, lorsqu'il sera vraiment développé et correctement appliqué, vous permettra d'avancer humblement sur la voie. Il n'est aucun vrai chef qui ne soit humble, car il saisit l'immensité de sa tâche ; il [705] évalue les limites de sa contribution, à la lumière de la vision, et la nécessité de se perfectionner constamment, de cultiver sans cesse un esprit de recherche spirituelle intérieure, afin de fournir un jour une contribution adéquate. Donc, continuez à apprendre ; continuez à n'être pas satisfait de vous-même ni de ce que vous avez obtenu, non pas de manière morbide, mais de façon que le principe de la croissance et du progrès soit entretenu en vous. Nous aidons les autres par notre propre effort pour parvenir au but, ce qui implique une pensée claire, de l'humilité et une constante mise au point.

La troisième leçon est le développement de l'esprit de synthèse. Cela vous permet de tout inclure dans le champ de votre influence et aussi d'être inclus dans le champ d'influence de ceux qui sont plus grands que vous. C'est ainsi que s'établit la chaîne de la Hiérarchie. Vous occupez encore une position un peu isolée, et ceci dans la meilleure intention du monde ; mais il faut que vous aimiez plus profondément et avec plus de compréhension. Là, l'entrave est dans votre personnalité qui est plus sage qu'aimante. Permettez à votre âme de dominer davantage votre personnalité de premier rayon, et beaucoup de vos difficultés actuelles disparaîtront.

Une autre leçon qui, en réalité, découle de ce qui est dit ci-dessus, est d'éviter l'esprit critique, car la critique conduit à des barrières et à la perte de temps. Apprenez à distinguer l'esprit critique de l'aptitude à l'analyse, et à appliquer pratiquement l'analyse. Apprenez à analyser la vie, les circonstances et les gens sous l'angle du travail et non du point de vue de votre personnalité ; analysez-les aussi sous l'angle de l'ashram, et non comme un directeur ou un maître d'école, sur le plan physique.

Dans les six déclarations que je vous ai données il y a un an, il y a trois phrases sur lesquelles je souhaite attirer, de nouveau et sérieusement, votre attention. Ce sont :

1. "Ne laissez pas l'action entraver l'amour."

Ceci dépend beaucoup de la répartition du temps.

Étudiez la valeur du cœur libéré de lui-même et de ses problèmes.

2. "Élevez les faibles, car vous êtes fort, et la force de nombreuses personnes vient à vous."

Ceci concerne la reconnaissance. Ne soyez pas entièrement [706] préoccupé d'aider, mais acceptez d'être aidé. Étudiez la valeur de l'imagination sous ce rapport.

3. "Vous vous déplacez dans la vie avec tout le pouvoir qui émane de mon ashram."

Ceci concerne le maniement de l'énergie ; l'énergie de grande puissance suscitera en vous non seulement ce qui est le meilleur, mais aussi les germes latents de difficulté qui doivent forcément être éliminés.

Étudiez la tâche consistant à vivre toujours consciemment dans l'ashram et à travailler toujours à partir de ce point de pouvoir et de paix, allant vers l'extérieur et cependant restant toujours à l'intérieur.

Mon compagnon de travail, je vous parle ainsi directement, car l'avenir vous réserve beaucoup de service utile, si vous continuez à apprendre. Cela prend du temps, de l'humilité et exige en vous-même certaines reconnaissances, de place et de position dans la chaîne de la Hiérarchie. Je ne saurais trop y insister auprès de vous. Ne permettez pas aux pressions de la vie de famille (nulle vie de famille n'est exempte de pressions), ni aux exigences du travail ajoutées aux activités d'un mental alerte, d'entraver le processus intérieur d'étude, si essentiel pour tous les chefs instructeurs. C'est, mon frère, ce que vous pouvez être.

A.A.B. m'a parlé de vous du point de vue de votre place dans le travail de l'École. Elle n'a pas abordé le point de vue de la personnalité ou la nécessité de développement spécial, car aucun disciple expert, ce qu'elle est, n'intervient jamais entre le Maître et son chéla. Elle sait que votre relation vis-à-vis de moi est celle-là ; elle m'a parlé de l'avenir. Je lui ai demandé ce qu'elle croyait être la chose dont vous aviez le plus besoin, et qu'il vous faudrait acquérir en vous préparant à un champ de service plus vaste, lors de sa mort. Elle me fit une réponse inattendue : "Il lui faut une imagination plus fertile." Elle a parfaitement raison.

L'imagination est une faculté créatrice. En quoi êtes-vous ainsi créateur ? Pouvez-vous vous représenter, par un effort d'imagination, la tâche qui attend l'École Arcane, par exemple, dans le monde d'après-guerre, et votre manière d'aborder le problème sous l'angle de ce que vous aimeriez changer ou voir modifier ? Les changements ne signifient rien à moins de résulter d'une vision nouvelle, car s'ils [707] découlent de la critique du passé et de ce qui a été fait, ils se révèlent inutiles du point de vue de la vie spirituelle, si utiles qu'ils puissent être du point de vue de l'organisation.

Votre perception vous permet-elle de comprendre ce que doit être, essentiellement, une école ésotérique ? Ce n'est pas une méthode organisée pour résoudre les problèmes mondiaux, pour organiser des modes de vie nouveaux, ou pour souscrire aux efforts des hommes de bonne volonté. La chose va bien au-delà. Tout ce que j'ai cité ci-dessus constitue seulement les effets de la vie ésotérique. Pouvez-vous imaginer votre position quand, du point de vue de l'enseignement, du point de vue ésotérique, c'est vous qui devrez être une source d'inspiration, et non A.A.B. ? D'où tirerez-vous votre inspiration, et comment rendrez-vous les réalités spirituelles et le monde de l'âme réels et stimulants pour le néophyte ?

Votre imagination peut-elle se représenter votre réaction quand – du fait que vous êtes le chef – vous devrez endosser le blâme pour tout échec, même si vous n'êtes pas personnellement responsable ; quand vous devrez accepter, sans exercer de représailles, les attaques de ceux que vous essayez d'aider, qui attendent trop de vous et vous obligent à vivre sous les feux de l'opinion publique ; que ferez-vous quand les travailleurs que vous aurez choisis ne comprendront pas, ou se montreront déloyaux, ou critiqueront sans raison, ou s'opposeront à vous par ambition ; quand ils refuseront volontairement de comprendre votre point de vue, quand ils parleront de vous à d'autres personnes en attisant les ressentiments contre vous – ressentiments probablement sans fondement ?

Ce n'est pas le genre de chose que votre personnalité accepte facilement, et votre imagination créatrice ferait bien de commencer à traiter de ces problèmes, de sorte que les principes de conduite devant se faire jour, soient bien clairs à vos yeux. Avez-vous l'élégance intérieure du cœur, qui admet l'erreur et la faiblesse, qui vous fait reconnaître une erreur de technique, de méthode, d'approche, de jugement ou de paroles, s'il était nécessaire de colmater une brèche et si l'intérêt du travail était en jeu. C'est une chose que vous faites rarement, mon frère.

Permettez-moi maintenant de signaler vos atouts et les dons précieux que vous pouvez apporter au travail, et que vous avez apportés depuis des années ; ce sont ces qualités qui font d'A.A.B. votre amie [708] loyale et la rendent ambitieuse quant à votre progrès. Vous avez le don de reconnaître les principes, ce qui est important et assez rare, et sur les principes, tout véritable travail trouve une base sûre. En général, vous avez le don de l'impersonnalité, ce qui est une grande sécurité ; les moments où les impulsions de votre personnalité ont commandé n'ont pas été durables. Vous avez le don de l'enseignement, une claire pénétration, des facultés de direction et un cœur aimant lorsqu'il est enflammé par la compassion. Vous avez la stabilité dans le dessein et une fidélité inébranlable au devoir et au dharma, ainsi qu'une aptitude à endosser les responsabilités qui s'est révélée inestimable dans le passé, et le sera à l'avenir pour le travail nécessaire. Vous avez le don d'écrire et une facilité croissante de parole ; ce sont vraiment des atouts de valeur lorsqu'ils sont employés par l'âme, au service des autres. Vous êtes impulsif et cela crée parfois des difficultés temporaires, mais la tendance générale de vos impulsions est juste et bien orientée. C'est un grand atout dans votre vie. Vous êtes un disciple engagé et accepté, ayant derrière vous le pouvoir de l'ashram du Maître, et avec vous l'amour de vos condisciples.

Vous avez l'affection compréhensive et loyale d’A.A.B. et vous l'aurez de vie en vie. Contre son désir, je vous demande de lui donner un peu de ce qu'elle vous a si largement donné. Par moment, vous ne saisissez pas la force de sa foi en vous. Sa santé est précaire et elle compte beaucoup sur vous. Ne la décevez pas et essayez de comprendre les problèmes qu'elle rencontre.

J'ai aussi foi et confiance en vous – confiance que vous allez continuer à apprendre, à vivre et à aimer. Je répète que vous pouvez compter sur la force émanant de mon ashram, force qui vous atteint par votre âme; un contact plus étroit de l'âme vous est donc de plus en plus nécessaire à mesure que le travail grandit et se développe.

Mon ami et compagnon de travail,

Novembre 1944.

J'ai l'intention de rester en contact avec vous constamment ; aussi vous devez vous entraîner à une plus grande sensibilité à ma présence et [709] au contact de mon mental. Mon contact affectera votre centre du cœur ; le contact avec mon mental apportera des changements dans votre centre de la tête, probablement – à ce stade de votre développement – dans le centre ajna. La sensibilité est pour vous très nécessaire, ce qui implique un emploi plus libre de la faculté d'imaginer, comme je vous l'ai dit dans mes dernières instructions. Vous avez grand besoin de développer votre sensibilité, non seulement vis-à- vis de moi, votre Maître (vous le désirez), mais vis-à-vis de vos condisciples. Par-dessus tout, vous devez cultiver une réaction bien plus sensible envers tous ceux que vous rencontrez dans le service. C'est ce qui vous manque de façon primordiale et repose sur une absence très nette en vous de vrai amour. Vous faites sérieusement votre devoir envers tous ceux que vous rencontrez et généralement avec succès, à part quelques exceptions pour lesquelles votre personnalité éprouve un antagonisme presque violent ; il faut plus que cela chez un chef se trouvant sur la ligne d'enseignement du deuxième rayon.

Vous êtes l'une des personnes (il y en a relativement peu) qui ont un effet de groupe sain et beau, mais vos contacts individuels ne sont pas aussi constructifs, et c'est dans ce sens que vous devez travailler. Vous devez apprendre à établir une relation d'aide et de compréhension avec ceux qui se trouvent sur votre chemin, les grands et les petits, les riches et les pauvres, ceux qui sont importants socialement et ceux des classes inférieures, ceux qui sont sympathiques et ceux qui sont déplaisants. La nécessité de développer cette aptitude fut l'une des raisons, ajoutée à l'incorporation au karma national, qui vous a temporairement éloigné de la participation active au travail que vous avez fait si bien depuis des années. Il vous est donné un intermède pendant lequel vous pouvez enrichir votre vie, ajouter quelque chose de nécessaire à vos moyens ; ensuite vous reviendrez à votre travail et à votre service précédents, avec beaucoup plus à donner qu'auparavant. Cela, je le sais, est votre propre désir ; je vous ai donné ici la clé permettant de le réaliser.

L'une des manières d'arriver à cette plus profonde compréhension de l'humanité, est de développer l'imagination créatrice ; vous pourrez ainsi vous mettre au diapason du milieu et de la conscience des personnes rencontrées. Vous êtes un homme aux fortes sympathies et antipathies ; vous vous enorgueillissez aussi du fait que, quelle que soit votre aversion pour quelqu'un, vous ferez ce que vous devez pour lui ; vous y réussirez habituellement, sauf pour trois personnes – envers qui votre [710] aversion vous rend déraisonnable et souvent dur. Vous savez bien qui elles sont, et je n'ai pas l'intention de mentionner leur nom car cette relation est entièrement votre affaire.

Mais mon frère, un disciple, à qui le Maître a confié une tâche précise et qui travaille à partir de l'ashram (comme vous le faites), doit être poussé non seulement par un sens du devoir et une dévotion profonde et intense, non seulement par un sens de la responsabilité karmique et la connaissance que la tâche entreprise est exécutée avec obéissance car c'est une injonction de l'âme, mais aussi par le sentiment de l'amour vrai. Vous avez une âme de deuxième rayon ; quand elle dirige, votre attitude est tout ce que l'on peut souhaiter ; vous avez (ce qui est inhabituel) un mental aussi de deuxième rayon. Cela vous permet de comprendre théoriquement ce que votre attitude devrait être, et de savoir exactement quand et où l'amour ne domine pas. Votre personnalité et votre véhicule astral de premier rayon élèvent une barrière au libre cours de l'amour, qui empêche un contact constant avec l'âme ; elle s'impose entre l'âme et les trois véhicules inférieurs. Elle s'insère aussi entre l'âme et le corps physique, arrêtant ou entravant la descente de l'énergie de l'amour dans le corps vital ou éthérique, d'où cette énergie actionnerait et dominerait automatiquement l'expression de la vie physique.

L'existence et les possibilités inhérentes à la concentration de ces deux énergies de premier rayon dans votre personnalité, devraient avoir pour effet d'ajouter de la force et du pouvoir à l'afflux de l'amour, et devraient vous permettre d'isoler l'énergie de l'amour avec facilité et de l'appliquer dans une direction donnée. Je vous dis cela à titre d'encouragement.

Je souhaite signaler une autre chose encore. Vous devriez vous rendre compte que toutes vos caractéristiques de rayon sont si bien équilibrées, que votre aptitude à servir l'ashram et l'humanité est très grande, pourvu que vous opériez l'unification de toutes ces forces en une seule unité intelligente de service constructif. Vous êtes doué de moyens remarquables ; vous avez une double faculté d'utiliser l'énergie de deuxième rayon pour mettre en œuvre et rehausser vos aptitudes à l'enseignement ; vous avez aussi un contact de troisième rayon avec le plan physique, qui devrait vous permettre de concentrer et d'utiliser toutes ces capacités sur le plan physique, en service extérieur efficace pour [711] l'humanité. Vous avez fait de grands pas dans ce sens, et c'est seulement lorsque votre isolationnisme de premier rayon, mis en action par votre personnalité et votre nature émotionnelle, oblitèrent un instant (envers les autres êtres humains) vos qualités de deuxième rayon, que votre travail sur le plan physique est affecté, et quelquefois affecté très sérieusement. À moins que vous n'examiniez cette question, et n'écartiez les entraves au libre jeu de votre aspect amour, vous serez toujours un serviteur sûr, mais votre champ de service sera inutilement circonscrit et vous ne pourrez pas servir avec autant de succès et de générosité que vous le pourriez autrement. Vous servirez toujours ; vous aurez toujours droit de cité dans l'ashram, et toujours vous pourrez arriver jusqu'à moi, en méritant ma confiance, et vous persévérerez toujours. Mais je souhaite pour vous de plus grandes choses ; A.A.B. aussi.

Le travail de l'École Arcane contient beaucoup de promesses, beaucoup plus qu'il n'en apparaît actuellement. Des travailleurs vont surgir à qui seront confiées de grandes responsabilités ; A.A.B. leur donnera comme elle l'a toujours fait la possibilité d'avoir les mains libres pour travailler dans les limites des principes et des objectifs de l'École. La direction de l'École Arcane doit être celle d'un groupe quand A.A.B. ne sera plus avec vous et qu'elle sera passée à un travail intérieur différent et plus important. Ce groupe sera forcément sous la direction de F.B., mais certains d'entre vous auront beaucoup de responsabilités et de pouvoir ; il faut pour cela que votre motivation soit correcte et puissante et que vous travailliez dans l'effacement de vous-mêmes ; l'amour produit toujours le retrait de la personnalité et de ses attitudes à l'arrière-plan.

Je voudrais vous remercier, mon frère, pour tout ce que vous avez fait ; votre influence a été bonne et utile pour beaucoup de gens, et je m'en rends parfaitement compte : A.A.B. aussi, vous a dit plusieurs fois qu'elle vous appréciait.

L'intermède de travail que vous faites en ce moment devrait vous donner beaucoup de temps pour la réflexion ; votre faculté de vivre la vie double du disciple devrait en être approfondie. Préparez-vous donc à reprendre le travail pour moi quand le moment opportun sera venu ; vous y reviendrez avec une compréhension plus large, un amour plus ardent et une consécration plus enthousiaste au principe du service. A.A.B. a pour vous une profonde estime et un amour qui est d'origine [712] à la fois personnelle et égoïque ; vous pouvez faire beaucoup, si vous le désirez, pour atténuer le poids qu'elle porte sur les épaules. Elle ne s'inquiète jamais des fautes inévitables et sans importance que font ceux qui travaillent avec elle. Elle sait le peu d'importance de ses propres erreurs. Elle s'inquiète beaucoup quand les principes sont mal interprétés, quand les questions majeures sont écartées et quand il y a une inertie générale. Tenez-vous à ses côtés. Avec l'amour indéfectible de F.B., une plus grande compréhension venant de vous-même, de R.S.U. et de F.C.D., elle pourra terminer ce cycle de vie à la satisfaction de son Maître ; c'est tout ce dont elle se soucie. Elle a mérité cette attitude de vous tous. Je peux ajouter qu'elle a refusé de noter cette dernière phrase (car elle ne pense pas en termes de récompenses), mais elle l'a fait quand je lui ai dit qu'il fallait être impersonnelle.

Les trois centres de l'École Arcane, New-York (le centre principal), Londres et la Suisse, devraient devenir plus puissants et constituer trois points majeurs de lumière dans le monde. Au centre de chacun d'eux, un disciple devrait être au travail. Plus tard, je suggérerai que l'on donne de l'extension au travail en Australie, et que l'on ouvre un autre centre ou centrale de pouvoir à Sydney.

Votre méditation, pendant l'année qui vient, devrait se centrer autour de l'effort consistant à faire émerger l'énergie de deuxième rayon – énergie de votre âme et de votre mental – jusque dans le cerveau physique en passant par le corps éthérique. Vous devez y parvenir par le pouvoir de l'imagination créatrice ; vous devez agir "comme si" ; vous devez voir cette énergie qui se déverse littéralement dans le centre de la tête et, de là, dans le cerveau. Vous devez trouver votre propre manière de le faire, car ce sera, pour vous, la meilleure. Je vais faire deux suggestions : Voyez cette énergie d'amour comme un grand courant descendant de substance de lumière, se déversant de l'âme dans vos trois véhicules inférieurs et, de là, dans l'École Arcane, enveloppant ses membres. Ensuite – essayez de me comprendre sans que je m'étende en explications – vous devez prendre dans votre cœur les personnes que vous n'aimez pas et particulièrement les trois qui vous perturbent si douloureusement, et penser à elles (dans la mesure où vous le pouvez) en leurs propres termes et selon leur point de vue, non selon le vôtre.

Le chemin de l'ashram est toujours ouvert pour vous et je suis [713] toujours accessible pour ceux qui, comme vous, ont travaillé et servi dans les difficultés, la détresse et les pénibles circonstances imposées par cette guerre mondiale. Vous avez servi sans jamais dévier du sentier du devoir. Ne l'oubliez pas et profitez de ce "privilège d'entrée". Vous me trouverez toujours au point central.

à H.S.D.

Mon frère,

Septembre 1943.

Cette année, certains processus de libération se sont produits dans votre vie. Vous êtes beaucoup moins empêtré qu'auparavant ; vous vous trouvez devant une nouvelle chance de servir et de progresser. Mon problème est de savoir comment vous aider à retenir du passé ce qui est bon pour vous permettre de faire de l'avenir une période plus fructueuse que jamais. Vous avez été relié à mon ashram depuis quelque temps maintenant, et vous avez été admis à nouveau dans le nouveau groupe-semence. Ma raison de le mentionner est que je veux mettre pour vous l'accent sur le mot "semence". C'est le germe, et seulement le germe de la vie spirituelle, qui doit vous préoccuper ; je souhaite que vous écartiez votre pensée et votre insistance du concept de l'épanouissement de votre vie dans les prochaines années, et les tourniez vers le concept de l'entretien et de la protection de la semence ou germe de la vie nouvelle qui commence tout juste à émerger. L'Ancien Commentaire dit :

"La semence se transforme en cinq fleurs et en cinq seulement. L'une des fleurs précède de beaucoup les autres. La seconde fleur pousse difficilement et la troisième encore plus difficilement. La quatrième fleur meurt et, en mourant, donne de la lumière dans cette lumière, la cinquième fleur s'épanouit."

Je vous laisse interpréter cela vous-même.

L'avenir qui s'étend devant vous – qu'il soit long ou court – doit être abordé par vous maintenant d'une manière différente de celle du passé. Vous êtes seul. Vous êtes néanmoins avec vos frères dans [714] l'ashram et donc n'êtes pas seul. Qu'est-ce qui vous attend ? Comment les prochaines années pourront-elles être constructives, organisées et créatrices ? J'ai choisi ces trois mots – constructives, organisées, créatrices – avec soin et je vous demande d'y réfléchir. Quelle est la contribution constructive que vous pouvez apporter maintenant au travail que font les compagnons de travail que vous avez choisis ? Comment pouvez-vous organiser votre vie pour obtenir un résultat précis et pour que votre activité porte des fruits ? Comment l'activité intense de votre mental peut-elle être ralentie et canalisée, pour que quelque chose de valable et de créateur puisse émerger ? Voilà les problèmes qu'il faut envisager et voilà les points sur lesquels je peux vous aider, mon frère, si vous voulez accepter mes suggestions et en tenir compte.

C'est l'exécution complète d'un quelconque projet déterminé qui a toujours été la faiblesse majeure de votre service de groupe. Vous travaillez un peu dans l'un des départements de l'activité de groupe, puis vous vous tournez vers autre chose ; votre dessein de base est stable et véritable ; votre détermination de vous attacher à une phase ou une autre de mon travail est réelle et inébranlable, mais l'effort de surface est instable et, du point de vue temps, ne dure jamais assez longtemps pour produire des résultats. Pourquoi ?

La réponse se trouve dans deux directions : votre mental hyper actif papillonne d'une chose à une autre, puis revient en arrière ; il organise à l'excès tout ce qu'il touche. Deuxièmement, votre corps physique, sous cette tension mentale intense et ce mouvement perpétuel, est nécessairement très nerveux et constamment épuisé, car il est rare que vous terminiez quelque chose ; or, exécuter un projet et s'en tenir à un plan apporte de l'énergie sur le plan physique, et, en conséquence, au corps physique. Votre corps vital sent constamment l'appel vers le haut de votre force mentale, mais cette force mentale ne s'exprime pas par des activités parvenant à leur conclusion sur le plan physique. Votre mental est comme une toupie tourbillonnante qui bascule constamment et qu'il faut remettre en mouvement sans que rien de valable ne soit accompli.

Ceci, mon frère, n'est pas votre intention ni votre désir. Alors, qu'est-ce qui ne va pas ? Permettez-moi de vous dire simplement quelle [715] est l'erreur. Il existe en permanence une stimulation excessive de votre mental si puissant qu'il ne reste pas de temps ou d'énergie pour l'expression sur le plan physique. Quelle est la solution et qu'allons-nous faire pour empêcher cette stimulation excessive de sorte qu'il reste du temps pour des réalisations ? Ma réponse est : cessez complètement tout travail de méditation pendant un an au moins, ou jusqu'à ce que je vous donne la permission de vous y remettre. Vous vous échappez et vous réfugiez constamment dans le processus de méditation ; vous le faites avec tant de succès qu'il en résulte une focalisation, dans le mental, de toutes les énergies avec lesquelles vous prenez contact. Ce n'est pas ce qu'il faut faire. Maintenant, il vous faut engranger les résultats du travail antérieur de méditation au moyen d'un service actif, choisi délibérément et exécuté avec assiduité sans aucune méditation, mais sur la base de la connaissance que vous avez emmagasinée et que vous n'avez jamais utilisée.

Je vous demande donc de cesser toute méditation, même la méditation de groupe. Vous pouvez consacrer un quart d'heure à prendre contact et à vous dédier à votre âme et à moi-même, chaque dimanche matin, et au moment de la pleine lune. Vous pouvez participer à la méditation de groupe à l'école, mais veillez à considérer ces méditations de groupe comme des actes de service et non comme des moyens de vous stimuler et de vous recharger. Vous pouvez prendre part à la réunion que tient A.A.B. chaque vendredi soir, car vous pouvez y apprendre beaucoup. Mais, autrement, je ne voudrais pas que vous consacriez le moindre temps à la méditation – surtout en rapport avec le travail que vous faites en ce moment. Je désire votre coopération active sur le plan physique, dans une direction liée à mes activités, et je souhaite que vous vous en teniez à ce travail à tout prix, afin qu'il sorte quelque chose de fini. Ce que sera ce travail, quelle phase de l'entreprise vous pouvez réaliser, quelles responsabilités vous pouvez assumer, sont les questions que vous devriez poser à A.A.B., mais seulement si vous le désirez.

Si vous suivez ces instructions, vous serez surpris de découvrir combien la vie sera plus facile pour vous. Votre mental deviendra progressivement votre instrument et non votre maître, comme il l'est maintenant. Votre corps éthérique va se stabiliser et votre santé générale [716] s'améliorer ; vos intérêts et votre utilité grandiront ; je sais, mon frère, que c'est ce que vous désirez. Je tente seulement de vous aider à être à la hauteur de votre propre idée.

Je vous permettrai un autre exercice. Je vous donne certaines phrases ou déclarations, une pour chaque mois de l'année qui vient. Chaque matin avant de vous lever, dites à haute voix la phrase particulière du mois – une fois seulement – donnant ainsi la note du jour. Mais ne vous mettez pas à méditer ou à réfléchir sur ces phrases.

1er mois Ma force est pleine de calme et de confiance, aujourd'hui, alors que je foule les chemins de la terre.

2ème mois Je descends en pensée dans les plaines que parcourent les hommes et j'y travaille.

3ème mois Je suis sur la Voie dans mon être spirituel. C'est la voie des hommes. Je suis. Je ne pense ni ne rêve, je travaille.

4ème mois Avec mes frères, je demeure au sein de l'ashram. J'en sors pour exécuter le Plan, de mon mieux.

5ème mois Que l'amour, aujourd'hui, émane de mes yeux, de mes mains, de mes pieds, car mon cœur bat, plein de l'amour de Dieu.

6ème mois J'ai, dans la main, les clés de la vie. J'ouvre la porte aux autres ; ils entrent et cependant ne me voient pas.

7ème mois Comme je suis force, pouvoir, amour et compréhension, j'apporte ces dons dans le havre de mon travail. Ainsi la force se communique aux autres et l'amour à tous ceux que je rencontre ; à ces dons j'ajoute un cœur compréhensif.

8ème mois Un appel est lancé pour trouver des travailleurs. Je réponds, Maître de ma vie, je suis dans les rangs de ceux qui servent. Que vais-je faire ? La réponse vient : ce qui se trouve devant tes yeux.

9ème mois. Je grimpe au sommet de la montagne avec d'autres et [717] j'observe le soleil. Je descends dans la vallée avec mes frères et là je marche. L'obscurité est grande mais je suis avec mes frères.

10ème mois. Je n'ai aucune pensée, je ne prononce aucune parole. je ne fais aucun acte qui puisse blesser quiconque. Cela veut dire que mon cerveau est circonspect vis-à-vis de moi-même, le petit soi personnel.

11ème mois. La chaîne de la Hiérarchie s'étend du ciel à la terre, et je fais partie de cette chaîne. Au-dessus de moi sont les Êtres que j'essaie de servir ; au-dessous de moi sont mes frères qui demandent de l'aide.

12ème mois. La croix est mienne. L'épée d'amour est mienne. Le mot de Pouvoir est mien, car j'aime mon Maître et mes frères, sur la Voie supérieure et, sur la voie inférieure, mes compagnons

Ce changement ne va pas être facile pour vous, mon frère. Il vous semblera rompre et perturber le rythme de votre vie, mais il vous apportera de bons résultats et vous ne regretterez jamais d'avoir accédé à ma demande. Le meilleur est devant vous. Vous êtes nécessaire et vous pouvez rendre service avec vos frères de groupe et avec moi.

Frère d'autrefois,

Novembre 1944.

Ces instructions spécifiques et individuelles sont les dernières que je vous donnerai. Je n'ai pas l'intention de continuer à répéter à vous et aux autres ce que je souhaite vous voir être, vous voir devenir et vous voir faire. Il vous a été donné beaucoup, au cours des années, qui doit être mis en pratique avec efficacité. Je me demande si vous avez remarqué combien souvent j'ai employé le mot "efficace" dans cette série d'instructions individuelles et de groupe. Cela a été délibéré de ma part, car ce mot exprime une chose que je voudrais vous voir tous exprimer. La vraie efficacité est le résultat de la fusion de l'énergie de l'âme avec [718] la force de la personnalité ; par cette fusion éthérique, la manifestation physique devient adéquate à la demande et à la mesure des forces mêlées. Chacun de vous qui avez été admis dans l'ashram a déjà établi un contact précis jusqu'à un certain point. La voie conduisant au cercle intérieur de l'ashram passe par un rapport encore plus étroit avec l'âme ; c'est sur ce rapport qu'il faut véritablement vous concentrer.

Vous faites un réel effort pour coopérer et exécuter mes instructions ; cela n'a pas été facile pour vous. Il vous a fallu beaucoup de temps pour vous mettre au travail, après avoir reçu mes dernières instructions ; il vous a fallu longtemps pour arriver à vous focaliser sur une activité précise, ainsi que je vous l'avais prescrit, il y a quelque temps. Ceci, encore une fois, est le résultat d'un mental qui rationalise à l'excès face à toutes les circonstances de la vie, et qui a tendance – dans votre cas – à transformer les questions du plan physique les plus simples en quelque chose de compliqué et d'embrouillé. Vous êtes tenté de donner de l'importance à des choses qui n'en ont pas.

Votre but, pendant le reste de cette vie, devrait être la simplicité dans toutes les affaires et dans toutes les relations. À cette simplicité je souhaite que vous ajoutiez un plus grand sens de la dignité personnelle – une dignité qui se manifestera par la discrétion ; vous en savez encore peu de chose, mais vous le comprendrez lorsque vous réfléchirez à ce mot. À ces deux qualités, je souhaite que vous ajoutiez la compréhension, une compréhension basée sur l'amour et non sur un quelconque processus mental. Ce sera difficile pour vous, car cela implique que vous soyez guidé par votre cœur, sans incitation de votre mental changeant. Si vous cultivez ces qualités : la simplicité du point de vue mental, la compréhension du point de vue émotionnel ou astral, et la dignité du point de vue physique, si vous développez ces qualités pendant le reste de cette incarnation, vous démarrerez dans la prochaine vie avec des moyens physiques plus sûrs permettant un service plus complet.

A.A.B. me dit que vous êtes affligé d'être, selon vos termes, "en retard" sur les autres dans le nouveau groupe semence, en ce qui concerne la réception de la série d'instructions de groupe. Elle me demande ce qu'elle doit faire, car elle ne voudrait pas vous en priver si je souhaite [719] (comme elle le dit) que vous "rattrapiez". Rattraper qui et quoi, mon frère ? La réception d'instructions écrites n'est pas l'indication de facultés ou de rang, car dans la vie spirituelle et dans toute vie libérée de la conscience du cerveau (comme vous la comprenez) il n'existe pas de "rattrapage". Du point de vue de l'ésotérisme, préoccupé de l'aspect âme de la vie, le temps est simplement une succession d'états de conscience enregistrés par le cerveau physique. En réalité, cela n'affecte pas l'homme spirituel intérieur. Vous devriez savoir que – c'est un point que tous les disciples doivent saisir – vous, votre Être véritable, n'a pas besoin d'instructions. La tâche du Maître consiste seulement à attirer l'attention de l'homme, fonctionnant au moyen d'un cerveau physique, sur la phase de la Sagesse Immémoriale que son âme souhaite lui voir enregistrer. En réalité, vous avez eu les instructions à des intervalles plus rapprochés que vos frères de groupe, à cause de vos sollicitations et des exigences de votre mental insatisfait et agile. Mais vous n'avez en aucune façon assimilé ce qui vous a été communiqué, et vous n'avez pas fait la méditation nécessaire ; vous ne recevrez donc les instructions actuelles du groupe qu'après le moment où le soleil ira vers le nord ; j'indiquerai à A.A.B. le moment opportun.

En ce qui concerne votre travail de méditation, vous pouvez maintenant commencer à suivre le schéma donné dans la dernière série, mais vous devez le faire sans pression, sans rien en attendre, mais simplement comme un devoir. Je souhaite que vous vous surveilliez avec beaucoup de soin et que vous vous absteniez d'utiliser le Mot Sacré, sauf pendant la méditation de groupe, où l'aura du groupe absorbera les énergies affluentes, de sorte que vous ne serez pas stimulé indûment. Lorsque le mental est éveillé et actif, il est le grand transmetteur des énergies libérées par le Mot Sacré. Lorsque celui-ci est prononcé par le type émotionnel, il se révèle heureusement inefficace dans la majorité des cas, et aucune énergie n'est attirée dans le mécanisme de la personnalité. Mais quand le mental est actif et en relation avec l'âme, à certains degrés d'évolution, il peut attirer l'énergie de l'âme et il la met [720] en rapport immédiat avec le cerveau. D'où une grande partie des difficultés liées à la stimulation excessive dont vous êtes victime. Observez strictement cette injonction.

L'un des facteurs des relations ashramiques qu'il vous faut découvrir et exprimer est la paix assurée et la confiance intérieure qui caractérisent la vibration de l'ashram. Il y a trop de fièvre dans votre vie. Vous l'attribuez à un corps délicat, mon frère, mais ce n'est pas exact. Elle est due à un mental enfiévré ; avant que le calme, la paix, la tranquillité ne caractérisent vos processus mentaux, il ne sera pas sage que vous pénétriez dans l'ashram au- delà du point où vous vous trouvez actuellement. Donc essayez de maintenir le mental calme. Le véhicule physique est beaucoup plus fort que vous ne le croyez, et vous jouirez de plus de vraie santé quand votre mental sera mieux réglé.

Un ashram est un lieu d'effort calme, confiant, réglé. On y connaît le Plan et l'activité de service immédiate ; les disciples et les initiés – chacun conscient de sa tâche et de ses moyens – exécutent, dans le Travail Unique, la phase qui leur est propre. Chacun sent la relation de celle-ci avec les phases du travail entreprises par ses frères de groupe. C'est en apprenant à voir la situation dans son ensemble (comme le Maître le fait toujours) que se développent confiance et assurance.

Je vais vous donner quatre images sur lesquelles réfléchir – en cherchant à lire, derrière leur symbolisme, le message de votre âme à votre personnalité. Ceci au lieu de votre consécration du dimanche matin.

I. Une mer calme d'un bleu-nuit. Au-dessus, la lune brillante à la face ronde. Sur la mer, un sentier de lumière et, descendant lentement ce sentier, un petit bateau où se trouve H.S.D. souriant, les rames en mains.

II. Un cloître avec des piliers, où les taches de soleil sont morcelées par l'ombre des piliers. Un jardin s'étend de chaque côté, exhalant le parfum de nombreuses fleurs, animé par le bourdonnement de multiples abeilles et égayé par des papillons. Une cloche sonne dix fois. Son timbre est profond, clair et musical. Mais celui qui, assis, écrit et pense à l'ombre du [721] cloître, ne bouge pas. Il écrit et se mesure à la tâche assignée.

III. Une pièce dans l'ombre, pleine de paix et de calme et de livres. Au bureau, le Maître est assis, travaille et pense. Il projette sa pensée, travaillant à l'intérieur, au-dessus et tout autour, pendant que de nombreuses personnes passent dans la pièce. C'est leur droit de passer.

IV. Une porte d'or, grande ouverte sur le soleil. Devant la porte se trouvent des rochers, des morceaux de pierres. Un sentier monte en lacets jusqu'à la porte, et sur son linteau on voit les mots : Entrez avec calme ; parlez bas et seulement si c'est nécessaire. Entrez dans le courant qui est derrière la porte et lavez les souillures du voyage. Puis, présentez-vous face au Maître, mais seulement quand brillera la calme lumière du soir et que tout sera silencieux à l'intérieur.

Prenez une de ces images chaque dimanche du mois, et développez-la de manière créatrice. À la fin de l'année, envoyez à A.A.B. (pour aider le groupe) votre interprétation de ces symboles. Dites la vérité à travers eux et ne craignez pas la critique.

Vous faites des progrès, mon frère, et vous pouvez, si vous le voulez, rendre service à vos frères. N'oubliez pas que vous pourrez toujours me trouver au centre de l'ashram, mais seulement quand vous pourrez y pénétrer avec simplicité, avec compréhension et dignité.

Mon frère,

Août 1946.

Je vous ai dit, en novembre 1944, que je ne vous donnerai pas de nouvelles instructions. À ce moment-là, je n'avais pas l'intention de mettre fin à l'affiliation ashramique extérieure. Aujourd'hui, c'est fait et je vous envoie donc un mot d'adieu de même qu'à vos frères, mot qui a une signification pratique sur le plan physique.

Je viens à vous avec beaucoup de soucis, car votre vie sur le plan physique est maintenant aussi fluide que l'a été votre mental, et vous savez, mon frère, que ce mental agité, avide et insatisfait nous a causé, à vous et à moi, beaucoup de difficultés pendant les années de notre association. Regardons clairement la situation ; je voudrais vous indiquer [722] une sage méthode pour l'avenir.