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SECTION QUATRE INSTRUCTIONS PERSONNELLES AUX DISCIPLES - Partie 8

4. À ce stade, dédiez les énergies de la personnalité (s'exprimant par les cinq centres et le centre ajna, ce qui fait six centres) et renvoyez-les, en un souffle – par un acte de la volonté – dans les centres auxquels elles appartiennent. Ne le faites pas de manière successive, ou une à une, en une seule expiration dynamique ; voyez ces énergies descendre le long de la colonne vertébrale jusqu'à leurs places respectives, apportant une vie nouvelle, une stimulation pure et une volonté dynamique à chacun des centres.

5. Puis, en tant qu'âme informant le corps, prononcez le OM, et mettez- vous à la méditation de groupe.

Cette méditation devrait aider nettement à accroître l'activité du corps physique dans la direction souhaitée par vous depuis si longtemps, et à faire que la discipline pour laquelle vous avez lutté ne soit plus une discipline, mais une vie d'expression spirituelle, automatique et inconsciente.

Août 1942.

1. Vous avez avancé. Le Sentier est clairement révélé. Vous connaissez le prochain pas en avant.

2. Je vous demande de ne pas regarder en arrière, mon frère, mais de fouler avec confiance la Voie illuminée. Elle conduit à moi. [606] Votre âme et moi sommes Un.

3. Cependant je suis toujours près de vous – plus près que la brise ou le souffle ou l'air. Votre âme, votre Maître et vous-même êtes véritablement Un. Réfléchissez.

4. Maintenez-vous libre. Ne laissez rien troubler votre calme. Cependant ne recherchez pas la paix. Demeurez en équilibre sur un sommet d'amour.

5. Je souhaite que vous vous rapprochiez davantage du travail. Saisissez l'occasion quand elle se présentera.

6. Avancez dans mon ashram ; le Lieu médian, dans mon ashram, est le lieu extérieur dans le centre de K.H. Vous connaissez votre place.

Mon frère,

Septembre 1943.

Nous avons discuté K.H. et moi-même de la question de savoir si vous

deviez, actuellement, vous transférer dans son ashram, ou si vous deviez rester au sein de mon ashram qui – en dernière analyse – est une partie du sien. Je vous ai fait une allusion à ce fait dans l'une des six déclarations communiquées dans mes dernières instructions vous concernant. Nous avons décidé (à condition que ce soit approuvé par votre âme) que le travail de mon ashram exige votre coopération et votre aide, particulièrement du fait que A.A.B. travaille maintenant à son propre poste dans l'ashram de K.H. Nous en sommes venus à cette décision pour des raisons précises qu'il est juste de vous communiquer.

Premièrement : Nous avons pensé que le type actuel de votre véhicule physique ne pouvait pas bien supporter la vibration plus élevée qui distingue l'ashram d'un Chohan de celle d'un Maître. Il faudrait trop d'ajustements, donc de retard dans le travail à accomplir, spécialement en ce temps de crise mondiale où chaque disciple doit donner tout ce qu'il peut. Vous-même savez que je vous ai toujours répété que votre entrave majeure était votre corps physique, corps qui possède les moyens de rendre service et d'achever certains réajustements karmiques dans cette vie. Les gens se rendent rarement compte du fait que le corps physique est un véritable canal de contact (quelquefois [607] le seul qui exprime les relations sur le plan physique, de nature karmique) entre eux-mêmes et les personnes avec qui ils doivent épuiser certaines relations. Cela a été votre cas ; vous saisirez ce fait avec plus de facilité quand vous ne serez plus limité par le corps physique, comme le sont tous les hommes en incarnation, particulièrement les disciples, à votre stade d'expression. N'avez-vous pas compris que l'une des leçons que tous les disciples doivent apprendre est la leçon des limitations ? Habituellement, cette leçon a son point culminant dans une incarnation où – comme dans votre cas – il y a expression intérieure libre et complète et en même temps des limitations physiques précises. Si vous étiez transféré maintenant dans l'ashram de K.H., il faudrait que K.H. dépense trop de force protectrice afin d'empêcher la rupture de certains atomes de votre corps, de compenser une purification trop rapide des cellules de votre corps physique, d'endiguer une stimulation trop rapide des centres du corps éthérique, et l'arrêt subséquent du travail que vous faites, et que vous faites si bien. Votre karma personnel exige que vous restiez encore là où vous êtes, j'ai encore besoin de vous, mon frère.

Deuxièmement : Ce groupe particulier de disciples de mon ashram auquel vous êtes affilié a besoin de votre aide et de votre service. C'est une autre phase du karma (cette fois le karma d'un disciple consacré) que vous avez assumée. Les années ont prouvé votre pouvoir d'endurance, votre inébranlable dévouement et votre immuable amour de vos compagnons de travail. Tout cela est encore nécessaire et le sera de plus en plus. Un cœur compréhensif et une application régulière au travail à faire sont de grands attributs et, en termes ésotériques, moi-même et vos frères de groupe "savons où vous trouver". Le rôle que vous devez jouer va se faire jour lentement et devenir clair dans votre mental ; je sais que vous satisferez aux exigences à mesure qu'elles apparaîtront.

Troisièmement : Votre travail doit de plus en plus être celui de l'instructeur ; vous devez apprendre, de façon croissante, à faire surgir les connaissances accumulées par votre âme au cours de vos nombreuses vies d'entraînement, afin que de nombreuses personnes les emploient. Cette connaissance, qui se transmue rapidement en sagesse, doit être mise à la disposition de votre personnalité, afin qu'elle l'emploie dans son effort pour aider d'autres personnalités à prendre conscience de leur [608] âme. Si vous deviez pénétrer dans l'ashram plus avancé, vous pourriez découvrir qu'il vous est impossible d'accomplir cela, car vous seriez occupé non seulement à faire certains réajustements nécessaires, mais vous devriez aussi vous consacrer à apprendre des choses nouvelles. Nous avons donc pensé que pour le reste de cette incarnation vous devriez employer ce que vous avez acquis avec une parfaite aisance. Ainsi le flux de l'enseignement deviendra si direct que, dans votre prochaine incarnation, il vous permettra d'établir une technique et une facilité d'enseignement vous mettant en bonne position lorsque s'ouvrira devant vous le travail que votre âme a prévu pour vous.

Vous avez donc trois choses à faire, à mesure que l'avenir se déroulera 1. Poursuivre la discipline et la juste maîtrise du corps physique, afin qu'il puisse devenir toujours plus un instrument meilleur et plus utilisable.

2. Former un point focal d'attention aimante, ferme et stable, vers lequel vos frères de groupe pourront se tourner dans les années à venir.

3. Donner aux autres de plus en plus de ce que vous savez. Vous avez un bon champ d'expression, dans le travail dont A.A.B. me dit que vous êtes responsable. Utilisez-le avec fermeté et jugement. Ne laissez pas votre cœur trancher toujours les questions en cause, mais faites appel de plus en plus à l'équilibre de la tête. Le geste immédiat de prétendue bonté, ou ce que l'étudiant désire, n'est pas toujours ce qui est sage ou ce qui l'aidera le plus.

Les remarques que j'ai faites concernant les deux ashrams auront éveillé votre intérêt, et vous allez réfléchir à la relation qui existe entre les divers ashrams. Parsemés dans ces instructions personnelles, ainsi que dans les enseignements de groupe, on trouvera beaucoup d'éléments qui n'ont pas encore été révélés ou qui sont relativement nouveaux ; d'où l'intérêt qu'il y a à lire soigneusement les instructions individuelles des membres du groupe. Il y avait beaucoup de valeur ésotérique dans les diverses déclarations communiquées l'année dernière aux membres du groupe, et la sixième phrase de vos instructions [609] comporte une vérité nouvelle et intéressante.

Il y a beaucoup d'ashrams sur les divers rayons. Mon ashram, étant un ashram de second rayon, est naturellement en relation étroite avec celui de K.H., qui est l'ashram central et le plus important dans la ligne d'énergie de second rayon qui pénètre le centre hiérarchique. En ce moment, sous l'autorité du Christ, K.H. occupe la fonction de Représentant du second rayon dans la Hiérarchie. Le Christ est le lien entre le second rayon, tel qu'il s'exprime dans la Hiérarchie, et Shamballa. Les initiés de haut degré et les Maîtres de tous les rayons ont leurs propres ashrams, mais ceux-ci ne sont pas tous des centres d'enseignement ; il faut se souvenir de ce point ainsi que du fait que tous ne sont pas consacrés principalement au développement de la conscience humaine ou aux besoins du règne humain. Il existe d'autres types de conscience d'importance profonde et réelle dans la grande chaîne de la Hiérarchie ; ils vont de ce qui est inférieur au règne humain, à ce qui lui est bien supérieur. C'est un point qu'il est facile d'oublier.

En tant que Maître de second rayon, j'ai un ashram qui est une branche affiliée, une partie spécialisée dépendant de l'ashram de K.H. C'est pourquoi les services d’A.A.B. ont été mis à ma disposition pendant deux décennies et même plus. Les mots ici limitent et jettent la confusion. Dans la déclaration de six phrases qui vous a été donnée l'année dernière, il vous était dit d'avancer dans mon ashram. La signification en était que, dans le grand directorat imbriqué de la Hiérarchie, et dans la relation fondamentale entre les ashrams (comme, par exemple, tous les ashrams de second rayon), il survient un point où le cercle d'un ashram recouvre ou pénètre le cercle d'un autre ashram ; à leur point de contact ou de recouvrement, une relation et une influence réciproques accrues deviennent possibles. C'est là que vous devez trouver votre place. on pourrait représenter la chose un peu comme le fait le diagramme suivant, en ce qui concerne mon ashram et celui de K.H.

À ce point médian, il y a un va-et-vient ; il y a une relation et un contact; il y a une inspiration et des possibilités accrues ; il y a des points focaux de transmutation, de transition et de transformation. C'est vers cette zone de fusion qu'il vous est maintenant demandé [610] de vous déplacer. Réfléchissez-y et saisissez les implications spirituelles profondes que cette image des relations entre les ashrams peut exprimer pour vous. Par votre effort, votre détermination et votre compréhension, vous pouvez faire partie du groupe qui se tient dans la "chambre du milieu" (pour employer la terminologie maçonnique) et vous pouvez participer au travail de la vie ashramique à partir de ce point. Ce petit diagramme important peut aussi s'appliquer à la relation entre la Hiérarchie et l'humanité – le Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde occupant ce point médian inférieur.

Il vous semblera évident aussi que le symbolisme d'une éclipse vous vienne à la pensée car, lorsque la fusion sera complète, l'humanité et la Hiérarchie seront une ; il n'y aura pas de chambre extérieure ou intérieure ou médiane, mais seulement l'unité complète. Plus tard dans notre histoire planétaire, ce schéma représentera aussi la relation entre Shamballa et la Hiérarchie. Il peut également s'appliquer très utilement à la relation entre l'âme et la personnalité, où "la lumière envahissante de l'âme oblitère la faible lumière de la personnalité et le disciple apprend à se tenir dans cette zone illuminée".

On pourrait en dire beaucoup plus, mon frère, mais en réfléchissant et en pensant longuement à ce qui a été‚ dit, il vous sera possible d'ajouter des choses supplémentaires.

Je vous suggère de prendre ces pensées dans votre méditation et d'utiliser aussi ce petit diagramme comme thème de réflexion pendant l'année qui vient. Établissez vous-même la forme de votre méditation, [611] en incluant ces concepts et en gardant fermement dans votre conscience l'ordre impératif de votre âme : "avancez". Cherchez les signes de ce mouvement en avant dans la croissance d'une plus grande compréhension, dans l'impression, parfois, d'une plus forte vibration et aussi d'une facilité grandement accrue pour communiquer le savoir. Apprenez à vous reconnaître en tant que disciple, et à n'être pas aussi intensément préoccupé de vous-même en tant que personnalité pleine d'aspiration et en lutte. Les personnalités n'entrent pas dans les ashrams ; y entrent seulement les âmes.

Je n'ai pas besoin de vous demander de vous tenir aux côtés d’A.A.B. Le rythme des années ne peut pas être rompu ; vous l'avez toujours soutenue et vous la soutiendrez toujours.

Mon frère,

Novembre 1944.

L'année passée a vu beaucoup de changements dans votre vie ; j'avais essayé précédemment de vous y préparer ; ces changements sont en grande partie de nature à vous libérer en vue d'un service plus efficace. En revoyant ce que je vous ai dit l'année dernière (ce que j'ai fait soigneusement afin de vous aider plus efficacement dans le processus d'adaptation qui vous attend), je suis impressionné par la nature et la portée des informations que j'ai jugé bon de vous communiquer. Je me demande si les implications de ce que j'ai dit ont fait l'impression voulue sur votre mental. Je vous ai donné les informations suivantes :

1. Que le Maître K.H. était conscient de vous et de votre relation avec lui.

2. Qu'il avait été décidé que, vu le rappel d’A.A.B. dans son ashram afin qu'elle y travaille plus complètement, vous continueriez à travailler dans mon ashram pendant le reste de cette vie. A.A.B. avait temporairement abandonné une partie de son travail dans l'ashram de K.H., afin de m'aider dans le travail spécialisé que j'essaie de faire et auquel ses moyens lui permettaient de coopérer.

3. Que le "point médian" entre les auras ou sphères d'influence des ashrams reliés devrait être votre objectif immédiat et le but [612] de votre effort. Dans votre cas, cela signifierait que, lorsque vous serez parvenu au "droit de cité du point médian", vous seriez réceptif à l'impression de moi-même et de mon ashram (auquel vous êtes actuellement affilié), mais que vous seriez aussi réceptif aux impressions de l'ashram de K.H., par le canal d’A.A.B.

4. Il était aussi indiqué que le véhicule qu'il fallait vous efforcer de discipliner et d'affiner était le corps physique. La densité de votre véhicule physique est à la fois un atout et une entrave ; à vous de découvrir la nature de ces deux facteurs, de compenser les entraves par la discipline et d'employer les atouts dans le service actif.

Voilà quatre des faits les plus importants que je vous ai antérieurement communiqués, et que je rappelle à votre attention vu leur portée majeure concernant la vision des possibilités et des nécessités. Il y a dans l'avenir beaucoup de vrai service et de vraies possibilités pour vous, là où se trouve votre cœur. Je vous exhorte à regarder l'avenir dans l'attente joyeuse d'une vie plus pleine et plus riche, quand vous vous serez libéré avec succès d'autres exigences. La grande loi de Compensation joue d'une manière particulière et selon des voies spéciales en ce qui concerne les disciples acceptés. L'insistance mise sur la discipline, sur la purification, sur le travail dur et exigeant et sur l'abandon de tout ce qui est cher à la personnalité, est une phase nécessaire du développement occulte. Cela est reconnu généralement, et souvent tristement. Mais – parallèlement à cette période de douleur et de difficulté – il y a une activité compensatrice de l'âme, qui met toute la vie et toutes les circonstances dans leur vraie perspective, et change les attitudes si complètement, qu'une récompense adéquate est reconnue et supplante la conscience de la douleur. La loi de Compensation et la loi de Sacrifice sont étroitement liées, mais la première à devenir active dans la vie, et à être un facteur reconnu dans la vie quotidienne est le sacrifice. Plus tard, la compensation sera reconnue.

Vous avez, mon frère bien-aimé, vécu une vie pleine et riche ; vous avez été mis en contact avec des milliers de personnes de tout [613] degré, de toute religion, de tout point de vue ; vous avez connu une vie de famille comportant souvent de grandes tensions, mais aussi fréquemment le bonheur ; vous avez rempli vos devoirs et satisfait à vos obligations. Parallèlement aux nombreux impacts sur votre vie et aux nombreuses exigences s'adressant à vous, vous avez tenté avec succès de vivre la vie double du disciple, de me servir et de participer dans la mesure de votre vision au travail de mon ashram. Il y a eu des échecs et souvent je n'ai pas hésité à vous les signaler.

Il reste encore à affiner consciemment le véhicule physique afin que vous puissiez, dans votre prochaine incarnation, pénétrer dans le cercle infranchissable de l'ashram du Chohan K.H. Personne ne peut le faire pour vous. Dans vos actuelles conditions, il devrait vous être facile d'appliquer la discipline reconnue et désirée – discipline tellement pratique que vous n'avez pas besoin que je vous l'indique. Elle peut et doit être appliquée progressivement ; cette méthode a beaucoup plus de chances de réussir qu'une méthode et une vie de sacrifice physique, au tracé rigide, imposé vigoureusement ; cette façon d'agir pourrait réussir, mais risquerait néanmoins de vous entraîner dans un autre "champ d'échec".

Votre place par rapport à mon travail dans le monde est nettement reconnue par vous, et je souhaite que vous vous rappeliez que votre responsabilité spirituelle majeure est essentiellement du travail cher à mon cœur. Chaque âme que vous touchez dans l'accomplissement de ces devoirs est placée dans une relation particulière et spéciale vis-à-vis de vous. Pourquoi, mon frère ? Parce que, comme membre de mon ashram, et comme disciple s'approchant de l'ashram plus important de K.H., vous pouvez, grâce à votre relation avec des aspirants et des étudiants, les mettre en rapport avec la force hiérarchique, ce que vous faites en effet. Il faut vous en souvenir et aussi garder à l'esprit la pensée que les effets de cette relation seront à la fois bons et mauvais. Le contact avec tout disciple agit à titre d'agent de précipitation, mettant à jour ce qui est bon et amenant à la surface tout ce qui est indésirable et doit être révélé afin d'être rejeté. Il vous faut manier avec plus de compréhension consciente cette force et cette responsabilité. Ne redoutez pas les résultats, mais veillez à ce que la réaction à votre contact et au contact de vos associés ait des résultats [614] précis. A.A.B. a dû apprendre à manier ces réactions, à les comprendre et à les utiliser ; vous devez apprendre aussi, mon frère.

Je serai de plus en plus en contact avec vous, à mesure que votre véhicule physique atteindra un plus grand degré de pureté et de raffinement. De toute façon, vous êtes sensible à mon impression. Avancez dans la lumière et vous m'y trouverez toujours.

Mon frère,

Août 1946.

Je vous demande cette fois de relire les dernières instructions que je vous ai données, et de les lire à la lumière des circonstances présentes. Vous traversez un moment d'épreuve douloureux et assez redoutable et – jusqu'ici – la conclusion immédiate est incertaine, bien que la conclusion finale ne le soit pas.

Le problème que vous affrontez (si vous vouliez bien penser clairement) se divise dans votre esprit en deux parties : le problème de votre réaction quant à la question des minorités, et le problème de votre relation avec D.R.S. Vous dites que le premier problème n'existe pas ; vous considérez que, pour le second problème, D.R.S. est entièrement fautif ; donc, mon frère, vous êtes exempt de tout blâme et de toute responsabilité des deux côtés. Comme vous habitez encore une personnalité, et que vous n'avez pas encore pris la troisième initiation, une innocence aussi complète est loin d'être vraisemblable.

Qu'y a-t-il réellement, à la base de votre réaction ? Permettez-moi de vous le dire. C'est une jalousie latente, insoupçonnée et tout à fait inconsciente. Vous allez évidemment le nier, mais cela n'a pas d'importance si vous tentez d'établir un contact immédiat avec votre âme de second rayon. Revoyez vos instructions. Je vous ai souvent dit, n'est-ce pas, qu'il vous faut aimer davantage.

Je vous ai dit cela afin de vous aider à voir et à penser clairement. Depuis des années, mon frère bien-aimé, je vous ai enseigné que votre limitation majeure est votre corps physique ; cela signifie nécessairement que votre cerveau physique est un centre de limitation. Depuis presque quinze ans, je vous demande de discipliner votre corps et de tenter de le rendre plus fin et plus sensible à l'impression spirituelle. Il est [615] sur le septième rayon ; sa tâche est donc de relier l'intérieur à l'extérieur. Vous ne pouvez pas le faire correctement, car vous avez pris peu de mesures pour l'affiner et changer sa qualité. Votre cerveau, donc, répond facilement à votre mental de premier rayon et, jusqu'ici, très peu à votre âme de second rayon. S'il l'avait fait, la vérité et l'amour vous auraient caractérisé au cours de cette période d'épreuve, mais ces deux facteurs ont été peu apparents. La manière dont vous traitez ce double problème devrait vous rendre évidentes vos limitations.

Je n'ai pas l'habitude de parler des relations des personnalités sur le plan physique ; cependant votre attitude a créé une situation ashramique particulière, à cause de vos relations, dans le passé, avec l'ashram de K.H., et par rapport au travail qui avait été prévu pour vous, celui d'agent de liaison se tenant au point médian. A.A.B. a une position bien précise dans l'ashram de K.H. ; normalement, elle devrait agir en collaboration avec vous. La situation est donc changée et doit être redressée. C'est de votre côté qu'elle doit être redressée, et c'est là que gît la difficulté.

En voilà assez sur cette désolante question. Actuellement, elle est seulement liée à cette vie, mais elle a ses racines dans le passé, et – à moins que vous ne l'élucidiez – il faudra le faire dans une prochaine incarnation. Je le répète encore, cela est surtout dû à ce que vous n'avez pas affiné le corps physique.

Vous êtes un disciple zélé, mon frère ; vous êtes orienté vers la Hiérarchie et la servez ; vous êtes voué à ce travail et vous avez beaucoup à donner. Mettez-vous donc en mesure de donner davantage. Rejetez la pitié de soi, l'impression de supériorité magnanime que vous avez récemment cultivée, et soyez tout simplement (comment m'exprimer afin de vous aider ?) désolé, vraiment désolé, des difficultés que vous avez provoquées.

Je ne vous donne pas de schéma de méditation. Ce qu'il vous faut actuellement, est une période de calme réflexion. J'ai demandé à K.H. s'il avait quelque chose à vous dire, car Il a senti la situation, bien qu'Il n'ait pas de temps pour les détails. Il répondit : "Dites à R.S.U. de se déplacer vers la périphérie de votre ashram, de s'éloigner du point médian, et là, d'apprendre à aimer véritablement et d'aimer les petits." [616]

Je ne peux pas vous laisser avec une meilleure pensée en ce moment, mon frère bien-aimé. Je suis constamment à vos côtés comme A.A.B.

Mon frère,

Novembre 1948.

Vous n'êtes plus dans mon ashram. Je me demande si vous avez pris conscience de ce fait ? Comme A.A.B. vous êtes de retour dans l'ashram de K.H. ; dans une certaine mesure, vous êtes la doublure d’A.A.B., afin de la libérer pour du travail nettement lié à la venue du Christ. Vous savez que la règle dans tous les ashrams est que les disciples anciens soient associés à des disciples pouvant reprendre leur travail, si la nécessité s'en fait sentir. Quand A.A.B. exprima le souhait que vous soyez entraîné à son travail (que vous reprendriez dans certains de ses aspects, mais non dans sa relation directe avec K.H.), le transfert fut fait. Votre travail actuel à... offre un excellent terrain d'entraînement pour votre futur travail, pourvu que vous mettiez constamment l'accent sur l'aspect ésotérique de tout l'enseignement que vous devez donner de plus en plus, et que vous appreniez à vivre toujours dans le monde de l'âme.

L'année dernière, vous avez subi une terrible épreuve et, pendant un certain temps, il a semblé que la vraie signification de tout cela allait vous échapper ; la forme-pensée nationale de n'importe quelle nation est nécessairement une puissante entité. Vous pouvez en observer un exemple dans la forme-pensée des Juifs qui est la plus puissante de toutes, car ils ne sont en aucun sens une véritable nation, mais une ancienne religion. Ils ont fait revivre quelque chose qui est mort depuis des siècles et des siècles, et ils essayent maintenant d'appeler cela une nation. C'est comme si les anciens Incas ou les Aztèques se déclaraient soudain être des nations en Amérique du Sud, et tentaient de se faire reconnaître ; ils furent de grandes nations et étaient aussi civilisés que les Juifs, possédant une grande et belle religion. Il y a toujours des ennuis lorsque ce qui devrait être passé et avoir disparu tente de se faire reconnaître selon les lignes anciennes ; c'est une leçon que tous les Sionistes seront forcés d'apprendre.

Mais vous, mon frère, vous n'appartenez à aucune nation ; des disciples de votre niveau n'ont pas d'allégeance nationale, mais [617] représentent l'Humanité Une ; c'est la leçon fondamentale que vous avez affrontée l'année dernière. Vous avez appris la leçon et gagné le droit de faire un travail avancé. Il est difficile pour les disciples de saisir quelle beauté et quelles possibilités s'offrent dans l'avenir, lorsqu'ils affrontent une situation où – sur le moment – ils ne voient aucune lumière, et qui comporte l'épreuve de leur perception mentale, de leurs réactions émotionnelles et de leurs relations physiques. Ces trois facteurs étaient impliqués dans l'épreuve de l'année dernière, et il vous a fallu quelques mois pour saisir clairement la tendance des événements.

Tout ceci est passé. Aujourd'hui vous vous sentez dégagé ; vous êtes un disciple qui peut aller et venir dans tous les ashrams de second rayon, portant avec vous la bénédiction. La bifurcation des chemins est venue pour vous dans cette vie, en ce qui concerne la famille à laquelle vous avez été associé par la naissance physique, à l'exception de ses membres qui sont – peut-être encore inconsciemment – associés à mon ashram. La famille sur le plan physique peut, dans telle incarnation particulière, être ou ne pas être aussi la famille spirituelle... Cette incarnation comporte pour vous une très grande leçon : vous avez appris à être libre de toutes les limitations de l'entourage, bien que donnant assidûment de l'amour là où une association existe ; ceci, avec un détachement complet. C'est l'idée ou le concept sous-jacent à l'épisode apparemment singulier de la vie du Christ, où il répudia sa mère ; c'est une histoire symbolique qui n'a probablement pas de base dans les faits, mais qui, néanmoins, fournit une leçon à tous les disciples.

La ligne de votre vie maintenant coïncide avec celle que votre âme désire, car votre frère fait route avec vous et vous accomplissez le travail nécessaire. Ceux qui portent, ou ont porté le même nom de famille que vous, invoquent votre sens aimant des responsabilités et des obligations, mais seulement temporairement et seulement pour cette vie. Ces paroles sont-elles pénibles à entendre pour vous ? N'y pensez pas trop, mon frère ; votre prochaine incarnation est nécessairement dûment prévue, les relations nécessaires sont maintenues et les relations inutiles rejetées.

L'une des grandes leçons que tous les disciples doivent maîtriser, et peut- être l'une des plus difficiles, est l'entraînement à reconnaître [618] à quelle famille spirituelle on appartient ; c'est rarement la même que la famille terrestre. A.A.B. dut apprendre qu'aucun membre de sa famille terrestre n'avait de lien avec elle, ce qui ne fut pas une leçon facile, car elle dut l'apprendre encore très jeune. C'est une leçon, qu'actuellement, je vous signale sans hésitation.

Votre travail consiste à entraîner les étudiants les plus avancés ; vos moyens sont tout à fait à la hauteur de cette tâche, et il ne faut pas qu'une dépréciation de vous-même vous handicape comme l'a fait A.A.B. pendant des années. C'est une forme de fausse humilité et un désir de voir les gens se rendre compte que l'on n'a pas d'orgueil, moyennant quoi ils vous aiment, A.A.B. l'a appris. Écartez cela, frère de longue date, et avancez avec confiance dans la plénitude du service en ce monde et dans l'ashram de K.H.

Je ne vous indique pas de travail de méditation. En faisant le travail de méditation du groupe avancé et en présentant les problèmes, vous leur apportez à la fois vie et substance. Voilà votre service, et celui qu'A.A.B. a rendu silencieusement pendant des années. Chaque groupe – par son travail de méditation – doit avoir son point focal et sa zone énergétique ; à vous de tenter de la leur fournir. C'est l'un des arts les plus ésotériques. Dans les Groupes de Neuf et dans le Nouveau Croupe Semence, ce fut la cause de beaucoup de difficultés. J'étais le point focal central et le centre énergétique, et ma qualité vibratoire était trop puissante pour la majorité ; plus de la moitié de ceux qui avaient été choisis réagirent de telle manière qu'ils sortirent du groupe. Il se peut que je traite de cette question avec plus de détails lorsque je communiquerai avec P.G.C. qui a toujours montré un profond intérêt et un profond souci quant aux causes des diverses défections. Une poignée reste profondément attachée au travail et au dessein. Une autre poignée reçoit toujours les instructions de groupe, mais manque de dynamisme. Le reste s'est temporairement déplacé vers la périphérie extérieure de l'ashram, en attendant une autre vie.

Ceci, mon frère, est tout ce que j'ai à vous dire à l'heure actuelle. Mon amour vous accompagne, et vous pouvez me demander de la force quand les pressions de la vie semblent trop lourdes. [619]

à W.D.S.

Mon frère,

Août 1940.

Un travail ardu attend, l'hiver prochain, tous les disciples qui se sont voués à notre service, qui est, comme on vous l'a toujours dit, principalement le service de l'humanité. Ce service nous préoccupe intensément à l'heure actuelle, et c'est seulement en formation de groupe qu'il peut être accompli. En dépit de ceci, pour une certaine raison, mon frère, vous demeurez particulièrement seul. En le comprenant, je me demande de quelle manière je peux vous apporter une connaissance de cette situation dans votre vie, afin que vous puissiez devenir partie intégrante de la vie du groupe. Quand je dis groupe, je ne désigne ni votre cercle immédiat de compagnons de travail, ni le groupe de mes disciples qui reçoivent ces instructions. Je désigne le groupe tout entier de serviteurs-disciples qui travaillent dans le monde, et sont l'espoir du monde en ce moment.

Il n'y a pas de doute possible quant à votre désir de servir, à votre détermination de servir, à l'honnêteté de votre consécration. Deux facteurs, défiant presque toute définition, contribuent au fait qu'ésotériquement vous demeurez seul, repoussant spirituellement tout contact avec le côté intérieur de la vie quotidienne et, en conséquence, également avec le côté extérieur. Il ne s'agit pas de votre volonté de coopérer, car elle est prouvée ; ou de votre effort pour comprendre, car il est évident ; il ne s'agit pas intrinsèquement de quelque chose que vous faites ; qui vous entoure comme d'un mur, car là n'est pas véritablement la difficulté. C'est le fait que vous – en tant que personnalité – vous vous êtes trop longtemps placé au centre même de la scène, et que votre personnalité de premier rayon vous empêche de vous identifier avec le monde de relativité dans lequel vous vous trouvez. Votre personnalité est toujours en travers du chemin. Elle n'est jamais oubliée et conditionne tout ce que vous faites ou dites. Ce fait n'est pas évident à votre esprit car, en permanence, vous- même êtes le facteur le plus réel de la situation et cependant – ainsi que vous- même l'enseignez aux gens – cette attitude de la personnalité est très [620] mensongère et essentiellement illusoire. Le fait de mettre l'accent sur la personnalité donne aux personnes que vous rencontrez un sentiment de manque de sincérité, qui suscite chez elles une réaction vous laissant à votre solitude. Ceci, à son tour, suscite une réaction de défense de soi de la part de votre personnalité, ainsi qu'un effort pour imposer la coopération, la volonté de prendre la voie de la majorité, d'agir avec opportunisme et d'essayer de prouver à vous-même et aux autres que vous êtes ce que vous savez être, et que leur réaction vis-à-vis de vous n'est pas correcte. Maintenant que je vous l'ai signalé, les choses sont-elles vraiment plus claires dans votre conscience ? J'en doute, car les mots – exigeant une juste interprétation – peuvent égarer autant qu'aider. Je pourrais néanmoins présenter la question ainsi. Votre âme de second rayon et votre mental de second rayon sont tellement ramenés à un état inférieur, qu'ils deviennent l'expression de l'amour personnel, et, apparemment, mais pas en fait, la manifestation aimante, d'une attitude mentale. Vous vous bercez ainsi d'illusions, et vous faites une impression fausse sur les autres, car il n'y a là nulle vraie expression de la vérité. Il n'y a pas non plus de force de l'âme dans votre vie, mais seulement une détermination de la personnalité que vous prenez pour de la force. Ceci se révèle de diverses manières, selon le type de personne qui est avec vous à un moment donné, mais ne se manifeste pas par la force stable de l'âme, centrée dans la vie spirituelle, illuminée par la lumière de l'âme, vouée au travail de groupe et non à l'aspiration ou à l'ambition de la personnalité.

Alors, que pouvez-vous faire ? Je vous rappelle que l'une des tâches du Maître est de révéler à son disciple le "point particulier d'aveuglement" de sa vie, qu'il est du dessein de l'âme d'illuminer et de placer dans la lumière de la conscience, dissipant ainsi obscurité et aveuglement. Cela se fait par la stimulation et la suggestion. Vous avez été soumis à la stimulation depuis des années ; elle a produit son double effet, stimulant la personnalité vers une réceptivité mesurée, mais insuffisante, à l'âme, et stimulant une expression plus complète des tendances de la personnalité. Lorsque ces tendances ont été suscitées, enregistrées, reconnues pour ce qu'elles sont, et donc correctement prises en main, elles peuvent alors être éliminées. Néanmoins, cette [621] tâche devient plus difficile à mesure que l'on progresse sur le Sentier, car des caractéristiques et des faiblesses plus subtiles apparaissent qui ne sont pas aussi faciles à déceler que les formes plus grossières de réactions personnelles. Je vous suggère donc d'étudier les faiblesses de votre position par rapport à vos compagnons de travail et à vos frères de groupe, et de découvrir la cause de votre esseulement en enregistrant quotidiennement votre effet sur les gens. Cela signifie les étudier, eux, et non pas vous. Provoquez-vous chez vos amis et associés une réaction bonne et heureuse ou le contraire ? Sont-ils disposés à vous rechercher et à passer beaucoup de temps en votre compagnie ? Vous disent-ils leurs difficultés dans une bonne discussion et recherchent-ils votre sympathie ? Comment allez-vous procéder à cette découverte, et être capable de répondre à ces questions ? À vous de le trouver. Je ne peux qu'indiquer, car les vérités acceptées sur l'affirmation des autres ne rendent pas vraiment service, sinon comme poteaux indicateurs le long de la route ; elles sont rarement convaincantes. C'est ce que vous saurez par vous-même, ce que vous vérifierez vous-même et ce que vous découvrirez dans la douleur, l'échec, la souffrance et l'orgueil blessé, qui vous apportera la libération et la fin de votre solitude encore très inconsciente.

Transmuez la force de votre personnalité et de votre nature émotionnelle – qui construit aujourd'hui un mur isolant autour de vous – en compréhension aimante qui vient de ce que son possesseur est identifié avec les autres. Il ne prend pas l'attitude : "Je m'identifie avec les autres", s'observant ainsi pour voir s'il l'est, alors qu'au même moment il est focalisé sur lui-même et sur ses réactions. Son but est de parvenir à l'identification, car il veut mettre fin à l'isolement qui est mauvais, et chercher à être plus heureux dans son travail, donc dans sa conscience. Au contraire, il se dit : "Que ressent mon frère ? Que pense-t-il ? Il agit ainsi car il s'intéresse plus au bonheur de son frère qu'à ses propres sentiments ou pensées ; il s'oublie ainsi lui-même en s'informant de la situation afin d'aider, de stimuler et d'aimer avec sagesse. Ce sont, mon frère, les banalités de l'expérience spirituelle, les vérités banales qu'il vous faut employer expérimentalement, pour les transformer en faits vérifiés de votre expérience de tous les jours. Je ne peux vous en dire plus en ce moment critique. Vous pouvez [622] faire beaucoup dans le travail, si vous voulez vous regarder en face et vous oublier ; si vous voulez être fort en rendant la personnalité faible ; si vous apprenez à aimer en ne vous souciant pas de susciter ou non l'amour. Tels sont les paradoxes occultes qu'il vous faut résoudre et qui – lorsqu'ils seront résolus – accroîtront beaucoup votre efficacité dans le service. Si vous souhaitez parler à A.A.B. qui est un disciple plus ancien que vous, vous pourriez y trouver suggestion et utilité. Mais A.A.B. me supplie de ne pas le suggérer et ajoute qu'une indication venant de moi vaut une multitude de mots venant d'elle ou de n'importe qui. Elle ne vous parlera pas de cette question et n'offrira même aucune occasion de discuter ; pourtant si vous lui parlez et cherchez la lumière d'après ce que j'ai dit, elle fera ce qu'elle pourra. L'un de vos frères de groupe a posé une question plutôt longue, à laquelle j'aimerais répondre ici, car elle a des implications psychologiques qui pourraient vous être utiles. Sa question est la suivante :

"Quelle est précisément la relation entre pensée et émotion ? Pourrait-on définir correctement la pensée comme une émotion sublimée ? Est-ce que nos pensées découlent, même de façon lointaine, de nos émotions passées et présentes ? Si elles reflètent des réactions émotionnelles passées, les pensées ne pourraient-elles être décrites comme des "émotions fossiles". Dans le contexte du présent, nos pensées ne sont-elles pas seulement nos réactions émotionnelles les plus délicates ? Le mental ne naît-il pas du raffinement du corps émotionnel ?

"Dans le sens de l'évolution, le corps émotionnel n'est-il pas lui-même une sublimation du corps éthérique, ce dernier n'étant à son tour qu'une sublimation de l'élément chimique inorganique ? À mesure que nous progressons sur le Sentier du Retour, ne rassemblons-nous pas successivement nos corps en nous-mêmes, en élevant chacun à la Lumière de celui qui est au-dessus, n'est-ce pas cela la signification de la culture de l'éducation, du raffinement, de la purification ? N'est-ce pas là le travail personnel que nous devrions faire constamment, et n'est-ce pas ce qui est symbolisé dans la Doctrine catholique romaine par l'Assomption faite par le Christ du corps de la Vierge Marie, sa Mère, dans les Cieux ?" [623]

Ma réponse est :

Dans le passage ci-dessus, mon frère, vous aviez posé neuf questions, toutes portant sur le même sujet. Certaines d'entre elles n'auraient pas eu besoin de réponse, si vous avez eu le temps d'étudier le Traité sur le Feu Cosmique, car dans ce livre une grande partie de votre question trouve une réponse.

La difficulté de distinguer pensée et émotion est due entièrement à deux choses :

1. Le point d'évolution de l'Observateur, qui détermine pour une large part le champ de son observation, et le foyer de son attention dirigée.

2. L'état actuel de la race humaine. La plus grande partie de l'humanité, actuellement, ne pense pas, mais sent activement.

La caractéristique du mental, qui est principalement le discernement, fait défaut à la masse de l'humanité. La nature de l'émotion est néanmoins de mieux en mieux comprise, à mesure que le mental se développe. C'est le résultat d'une certaine mesure de discernement qui permet à l'Observateur de se rendre compte qu'il subit une émotion, ou passe par une crise émotionnelle. Cette émotion, à son tour, est le résultat de la perception sensorielle. Il peut y avoir beaucoup de réaction sensible sans émotion. Il ne peut pas y avoir d'émotion, résultant de la sensibilité sans que soient présents une certaine mesure de développement mental et de pensée. En conséquence, nous appelons émotion la relation entre la pensée et la sensibilité.

On peut répondre à votre question en disant, de façon générale, que la sensibilité peut être (elle l'est fréquemment) présente là où n'existe pas de pensée du tout. Mais quand la pensée intervient, le résultat entre la pensée et la sensibilité est la production de l'émotion.

Nous passons, maintenant, à votre seconde question, où vous essayez de décrire la pensée comme une "émotion sublimée". Là, vous mettez la charrue devant les bœufs. La pensée est le moyen par lequel l'émotion peut être sublimée. C'est la sensibilité sans pensée qui a produit le monde de l'illusion, du mirage, des faux-semblants. C'est la pensée, avec sa faculté d'analyse et de discernement, qui nous fait [624] prendre conscience de la maya dans laquelle nous nous déplaçons constamment. La pensée jette une lumière claire dans les brumes et brouillards du plan astral. L'énergie astrale – énergie de la réaction sensible – a, depuis des millions d'années, été mise en action par toutes les formes de vie, dans tous les règnes de la nature. Cela a produit l'illusion mondiale. C'est seulement dans la famille humaine, néanmoins, qu'elle est reconnue pour ce qu'elle est. Le pouvoir de la pensée et la lumière blanche du mental commencent à jouer sur la matière de ce plan, produisant l'émotion, mais l'émotion est un état astral reconnu par le mental, et plus tard considéré comme l'un des effets du pouvoir régulièrement grandissant du mental de l'humanité.

C'est la pensée sous-jacente à l'expression, kama-manas (désir-mental) que l'on trouve si souvent dans les livres théosophiques, car toute sensation- émotion suscite inévitablement le désir. Si l'émotion suscitée par la reconnaissance mentale de la sensation (enregistrée dans le corps astral) est agréable, le désir naît alors de continuer ou de répéter l'expérience. Si elle n'est pas agréable, mais douloureuse, la réaction est alors le désir de cesser l'expérience et donc de s'en libérer. C'est le désir humain fondamental conduisant (d'abord et au tout début) au désir de libération de la matrice, afin d'entrer dans la vie sur le plan physique, puis, avec le temps et le progrès, à ce grand désir de libération et de pénétration dans la vie même. Cette pensée nous conduit dans le monde de la psychologie ésotérique la plus technique.

C'est très difficile pour le débutant de saisir les différenciations fondamentales qu'il a soudées en unités, à cause de sa capacité innée à s'identifier successivement à ce qui est révélé. La sensibilité et le mental sont, pour l'individu, les deux différenciations fondamentales dans le temps et dans l'espace. Ce qui est enregistré lorsque ces deux facteurs s'influencent réciproquement est l'émotion et, ultérieurement, la pensée. Mais la prise de conscience de la pensée vient plus tard et révèle l'émotion ; néanmoins, ce n'est pas l'émotion. La pensée découvre la sensibilité à laquelle l'âme s'est en permanence identifiée depuis des âges, et – si je peux m'exprimer ainsi – c'est en braquant le projecteur du mental en lent développement sur le monde de la sensibilité, du mirage, et de l'illusion, que se trouve révélée la réaction de l'homme à tout cela ; c'est cela que nous appelons émotion. Dans [625] un sens profondément et vraiment ésotérique, c'est l'intuition qui est de l'émotion sublimée, et non le mental.

Donc, pour répondre à votre troisième question, je dirai que notre pensée ne procède pas de notre sensibilité, mais que, quand le mental commence à entrer en activité, nos perceptions sensibles se trouvent révélées ; nous appelons émotion le résultat de cette révélation.

De plus, la pensée n'est pas la "sensibilité fossilisée", mais l'émotion qui peut être enregistrée par la faculté du mental, créatrice d'images ; les formes- pensées ainsi créées (incarnant la réaction du mental au monde de la sensibilité) peuvent être si puissantes, qu'elles peuvent persister dans la chambre au trésor de la mémoire, et être constamment revitalisées par l'émotion récurrente. C'est l'activité du mental, relative à la sensibilité ou à l'éventail des perceptions sensibles, qui révèle l'émotion. À l'heure actuelle, où l'être humain ordinaire et l'aspirant moyen ne peuvent pas différencier exactement le mental, l'émotion, la perception sensible et les formes-pensées que retient la mémoire, il est impossible de tracer une ligne claire de démarcation. Mais ceci est simplement dû au point d'évolution de la race humaine. Ces lignes de différenciation peuvent être clairement tracées par le disciple développé et l'initié. Ils découvrent alors que les pensées sont le produit du principe d'intelligence s'appliquant à la vie, et permettant à l'homme de dire : Je ne suis pas mon corps. Je ne suis pas mon appareil sensoriel. Je ne suis pas ce qui se développe par le jeu réciproque entre moi-même et ce qui m'entoure. Je suis autre chose que tout cela. Je suis.

En ce qui concerne la sixième question, mon frère, vous avez oublié votre occultisme technique, et l'enseignement ancien concernant l'arc involutif, où les divers corps et formes sont créés par l'Esprit qui descend, et où la conscience est appropriée dans un grand moment de crise, quand naît chaque règne de la nature. Le mental existe et doit être utilisé consciemment. Jusqu'ici, peu de personnes ont conscience de cette qualité de la matière appelée le mental. Mais de même que sur l'arc involutif l'Esprit a créé en descendant, et qu'il s'approprie en remontant, de même chaque appropriation marque un nouveau point sur le Sentier de Retour ; l'Éternel Pèlerin, l'âme, fait la même chose à un moindre degré. Sur le sentier descendant dans [626] la manifestation physique, les corps ou formes sont construits. Sur le Sentier de Retour, l'homme se les approprie et les utilise, la conscience de leur utilisation croissant constamment. Pour l'être humain évolué, le but est clair ; il s'approprie consciemment ce qui a été construit et l'utilise au service du Plan.

N'oubliez pas que tous les aspects qu'utilise l'âme, et par lesquels elle s'exprime, sont parties constituantes du véhicule d'expression de Celui en qui nous avons la vie, le mouvement et l'être. En conséquence, nous nous approprions ce que nous avons précédemment marqué sur le Sentier de Descente. Nous apprenons à l'utiliser consciemment. Nous entendons sa note lorsque nous descendons ; nous le voyons lorsque nous remontons. Nous nous identifions à la forme dont le son nous parvient pendant le processus d'involution. Nous la distinguons sur l'arc évolutif, et, quand le stade où nous nous identifions à la forme commence à disparaître, nous la "voyons" alors, et entrons dans le stade de la dualité.

Oui, mon frère, nous élevons en effet nos corps dans les cieux, mais cette élévation se produit dans le domaine de l'effort conscient, car lorsque les distinctions du mental inférieur disparaissent, et que le travail – le nécessaire travail – de découverte et de différenciation a rempli son office en nous enseignant la leçon d'absence de désir, nous nous apercevons que la forme et la conscience sont unes, que la lumière est une et que l'énergie est une. Nous découvrons aussi que "telle étoile diffère de telle autre étoile, dans sa gloire", car il y a une Unique Flamme, mais beaucoup d'étincelles d'éclat différent, au sein de cette Flamme. Telle est la Gloire du grand Être Éternel. Cette prise de conscience est l'aspiration de l'âme et le but de sa grande illumination. C'est, comme vous le signalez à juste titre, en envisageant l'angle mère-matière, l'assomption de la Vierge dans le ciel, où elle sera glorifiée. Une grande partie du mystère des "trois véhicules du Bouddha" est en relation avec la glorification des trois corps. On peut apprendre beaucoup en étudiant soigneusement le rapport entre les trois corps de l'être humain et les véhicules du Seigneur Bouddha.

Toute la question de la Sublimation, de la Purification, et de la Transfiguration est contenue [627] dans cette relation. Il reste, néanmoins, à signaler les correspondances. C'est une tâche qui n'a pas encore été faite.

Permettez-moi maintenant d'en revenir à vos instructions particulières. Je ne vais pas vous donner de forme fixe de méditation. Cependant, je vais vous donner quelque chose à faire qui, si vous l'accomplissez avec succès, peut vous apporter une libération.

Chaque jour pendant dix minutes, essayez de prendre contact spirituellement, mentalement et émotionnellement avec l'un ou l'autre de vos frères de groupe. Prenez chacun d'eux, successivement, chaque jour. Cherchez à établir un rapport précis et déversez amour et espoir. Oubliez-vous alors et chassez de votre conscience le fait que vous savez être un centre d'où émane la force. Réfléchissez aux circonstances de leur vie, telles que vous pouvez les connaître ; essayez de comprendre leurs problèmes de temps, de caractère et d'aspiration. Écrivez-leur, si vous le désirez, et essayez de faire en sorte qu'ils vous aident. Qu'ils puisent chez vous l'essence même de votre service spirituel, ce qui signifie qu'ils tireront de votre âme ce dont ils ont besoin ; en donnant ainsi, vous serez enrichi. Ma bénédiction s'étend sur vous, mon frère.

Août 1942.

1. Au centre d'une grande tornade il y a un point de paix. C'est ce que dit l'histoire. On peut le trouver. Il en va de même pour toutes les tempêtes de la vie. Elles conduisent à la paix, si vous n'êtes pas une feuille.

2. Maintenez les anciens liens établis et cheminez avec vos frères.

Foulez en groupe la Voie illuminée. La chaîne de la Hiérarchie demeure fermement.

3. La lumière qui sort à flots de mon ashram est une partie de la Voie illuminée ; avancez sur ce fil de lumière ; vos frères avancent avec vous.

4. La solitude – telle que vous croyez la connaître – n'est qu'un mirage, mon frère. Vous n'êtes pas seul. Mais la solitude telle que vous pouvez la connaître est une lumière qui éclaire les ténèbres.

5. Cherchez cela.

6. C'est au sommet de la solitude qu'est le seul endroit où la vérité soit connue. Tenez-vous sur ce sommet. [628]

7. Quand la vérité sera perçue clairement, chassant les toiles d'araignées et la poussière de la vie inférieure, votre service pourra porter une vérité nouvelle aux hommes.

Mon frère,

Septembre 1943.

Je vous ai observé avec intérêt pendant que vous opériez les nombreux et sévères réajustements dans votre vie, au cours des deux dernières années. J'ai noté la force accrue de vos liens spirituels avec votre âme, avec mon ashram et avec moi-même, votre Maître et votre ami constant. Vous n'avez peut-être pas eu conscience de ce fait, en permanence, ou de manière inspirée, mais vous avez fait une chose surprenante, surprenante car elle n'est pas habituelle. Vous avez fait ces sévères réajustements sans perdre de terrain, temporairement. Ceci est vraiment rare. D'ordinaire, pendant ces changements fondamentaux de la vie, et pendant les périodes où la trame de la vie quotidienne est modifiée, il se produit une perte temporaire de temps et de terrain. Cela est rarement permanent mais existe habituellement, pendant une courte période, jusqu'à ce que les arrangements et ajustements nouveaux aient été organisés selon un rythme ; le cours des choses reprend alors, les anciennes habitudes spirituelles sont rétablies et le disciple progresse de nouveau sur sa route. Ce n'est pas, néanmoins, ce qui vous est arrivé. Vous semblez avoir avancé régulièrement, sans expérience spirituelle d'importance vitale, mais avec stabilité. Cela devrait vous indiquer quelque chose d'important et signifie que vous avez atteint, sur le Sentier du Disciple, un point où vous n'avez plus besoin de vous demander si vous allez échouer en ce qui concerne un progrès constant et rectiligne. Vous échouerez peut-être, et même sûrement, sur les détails, la technique et les méthodes ; vous pouvez vous tromper dans la compréhension ou dans la prompte réaction face à une occasion spirituelle. C'est inévitable, et c'est la méthode par laquelle le disciple apprend. Mais vous poursuivrez votre progression ; vous ne retournerez pas en arrière, vous n'aurez aucune tendance véritable en ce sens, seulement des moments de fatigue inexprimable où la tentation pourra se faire jour, mais vous n'y prêterez pas attention.

Je me demande, mon frère, si vous vous rendez compte de ce que cela signifie pour le Maître qui entraîne et guide un disciple. Cela signifie [629] qu'un danger possible peut être nettement écarté et que, dans une certaine direction du moins, le Maître peut être sûr de son disciple. Il n'a plus à s'interroger sur son endurance. Il sait que celle-ci est bonne et que le disciple prendra ce qui vient sans broncher.