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SECTION UNE ENTRETIENS AVEC LES DISCIPLES - Partie 3

Je suggère que vous poursuiviez le travail, tel qu'il a été donné et entrepris jusqu'ici, mais je vais vous donner une image plus complète de l'activité et du dessein de la pleine lune, ainsi que quelques-unes des implications qui vous permettront de travailler avec plus d'intérêt et plus de compréhension.

La première fois, mes frères, que j'ai tracé pour vous le travail que je souhaitais vous voir accomplir au moment de la pleine lune, j'ai entrepris de travailler avec vous dans ce sens pour une durée préliminaire de trois ans, en développant un peu le travail chaque année, jusqu'à la pleine lune de mai, de la troisième année. Cette période est maintenant presque terminée, et aujourd'hui je vous pose deux questions :

1. Qu'a signifié ce travail pour vous ?

2. Avez-vous saisi l'importance de ce travail ?

Il existait un dessein, derrière tout l'effort que j'ai fait, et une expérimentation importante a été poursuivie comme préparation à l'activité du futur âge nouveau.

Dans des instructions antérieures[1], j'ai indiqué que la future religion mondiale serait basée sur une nouvelle science d'Approche qui, en temps voulu, remplacerait les formules et les cérémonies des religions mondiales actuelles. D'où l'importance des efforts tentés en ce moment par les disciples de ces nouveaux groupes semence. Ces disciples, sont, en réalité, occupés à ancrer sur terre une [50] conception ou idée religieuse nouvelle, une pensée semence ou germe de la nouvelle activité qui, plus tard, portera ses fruits et inaugurera une nouvelle méthode pour se rapprocher de Dieu.

Il pourrait être intéressant, pour tous les disciples, que j'analyse ici les trois années de travail prévu pour les périodes de pleine lune, tel que je vous l'ai indiqué. Chaque année a vu un supplément ou une expansion du travail, et un élargissement du concept. Je cherche maintenant à le rendre plus clair pour vous tous, posant ainsi les bases du travail à faire dans les années à venir, si vous désirez continuer le travail. Exprimons ces instructions sous forme de tableau, par souci de clarté.

1. La première chose sur laquelle j'ai insisté était qu'il s'agissait d'un effort de groupe, et que sa réussite dépendait de la fusion de groupe, de l'amour de groupe et de la compréhension de groupe. La réussite du contact intérieur désiré reposait sur une relation de groupe pleinement consciente. Il était prévu que cet effort soit l'aboutissement naturel d'un amour stabilisé et mis en évidence par tous les membres du groupe. D'où ma réitération constante de la nécessité d'un amour réciproque entre les membres du groupe. J'ai travaillé à l'établissement de cette relation aimante depuis des années, avec vous tous. Vous avez peut-être cru que j'agissais ainsi pour permettre la réussite de votre travail de groupe, en relation avec votre effort individuel. Ce n'était pas le but majeur. La formation d'unités de service spécial pour organiser les forces, les processus et les formes de vie, en vue de la nouvelle technique d'Approche vers Dieu ou vers la Hiérarchie (intermédiaire entre la réalité spirituelle et la vie humaine) était et est encore l'objectif majeur. Je vous demande de réfléchir à cette déclaration avec un intérêt renouvelé. Vos interprétations sont si souvent motivées par un égoïsme spirituel inconscient, et par l'accent exagéré mis sur l'importance de votre groupe particulier. Les groupes sont simplement des champs d'expression hiérarchique, et nous ne sommes pas encore convaincus que la dépense de forces de notre part soit justifiée par les résultats obtenus. Les membres du groupe ont été [51] surtout occupés à enregistrer les résultats les plus phénoménaux, et ce qu'ils ressentaient en tant qu'individus ; ils ont négligé de prêter l'attention voulue à la relation intérieure de groupe qui seule importe. C'est elle seule qui peut libérer l'énergie emmagasinée du côté subjectif.

2. Le second facteur important est la profonde reconnaissance de la réalité subjective du monde spirituel. Moi-même, alors que vous pensez à moi, ne suis qu'un symbole de ce monde, comme le sont les autres Maîtres, focalisés dans la Hiérarchie-en tant que canaux de contact et de service. Il vous a été demandé, en tant que groupe, dans l'unité et ensemble, de vous approcher de moi et de prendre contact avec moi, de même que, dans le nouvel âge, les Églises de l'avenir s'approcheront véritablement (au moment de la pleine lune) de la Hiérarchie afin de :

a. Intensifier leur vie spirituelle par l'apport de force spirituelle, consciemment et délibérément.

b. Parvenir à l'illumination spirituelle par le contact avec la centrale de lumière qu'est la Hiérarchie.

c. Emmagasiner de la force, en vue d'une activité dynamique accrue pendant la période suivante de service.

d. Faire la fusion entre le côté objectif et le côté subjectif de la vie de l'humanité.

3. Ceci conduit à la technique d'Approche, basée sur la réalisation des objectifs ci-dessus, vers un effort pour me voir (tel que je symbolise pour vous la vision spirituelle), et vers l'établissement d'un sentier d'Approche, symbolisé, dans le rituel que je vous ai donné, par une bande de lumière dorée. Vous deviez la visualiser comme s'étendant de vous-mêmes, en tant que groupe, à votre frère Tibétain. Ce sentier d'Approche est le Sentier, dont il est prévu qu'il doive constituer, dans la vie religieuse de l'humanité, un symbole plus familier que jusqu'ici.

4. Ce sentier de lumière conduit au cœur d'un disque bleu foncé, au centre duquel il vous a été dit que vous pouviez entrer en contact avec moi. Ceux d'entre vous qui sont, de quelque manière, experts en méditation, savent bien que la lumière dans la tête – lorsqu'elle est vue et reconnue – passe habituellement par trois [52] stades d'intensification :

a. C'est tout d'abord une lumière diffuse, entourant la tête, découverte plus tard dans la tête, produisant un rayonnement intérieur qui est le halo rudimentaire.

b. Cette lumière diffuse se consolide alors et devient un soleil intérieur rayonnant.

c. Finalement, au centre de ce soleil, apparaît un point bleu foncé ou petit disque indigo. C'est en réalité l'orifice de la tête par lequel l'âme sort du monde phénoménal d'existence ; et c'est le symbole du sentier ou de la porte conduisant au royaume de Dieu. Voilà l'interprétation symbolique de ce phénomène.

Á mesure que le groupe se rapproche de la réalité, le sentier ou bande de lumière se raccourcit (symboliquement) et, en temps voulu, lorsque vous serez experts en ce travail et quand votre nature spirituelle sera vraiment intensifiée, vous entrerez presque immédiatement dans ce disque bleu, et vous percevrez la conscience supérieure ou divinité.

5. À ce stade, trois facteurs sont essentiels à la réussite :

a. Le mental doit être "maintenu ferme dans la lumière" ; en vue de cette expérience de réception, tout le travail antérieur de méditation a été essentiel. Son activité positive, attentive a été un facteur essentiel pour obtenir la maîtrise désirée du mental.

b. L'imagination créatrice, qui implique le pouvoir de visualiser, doit aussi être développée et utilisée consciemment dans les stades de début conformément aux instructions. Cette obéissance doit être volontaire, même si c'est aveuglément, avant que les véritables objectifs ne puissent être perçus.

c. Il faut s'attendre à des résultats et développer la sensibilité intérieure, ce qui, plus tard, évitera la surprise et conduira à une reconnaissance consciente du but obtenu. Cette sensibilité peut différer selon le rayon et le type, mais les indications [53] générales seront semblables et auront une valeur de groupe.

Tout ceci était l'objectif du travail que j'avais indiqué. Il restait beaucoup à faire, et chaque année j'ai élargi le concept et posé les bases du travail futur qui devait être poursuivi avec fermeté pendant une longue période. Un commencement a été réalisé.

II Dans la seconde étape du travail tracé par moi, alors que vous aviez fait pendant un an le travail de la pleine lune, j'ai commencé à élargir l'enseignement, et j'ai ajouté à la technique antérieure. Dans la religion de l'avenir, trois années seront toujours consacrées à entraîner la jeunesse de l'époque (de quinze à dix huit ans) à la technique de préparation de l'Approche.

Les stades de cette deuxième année d'activité furent les suivantes :

1. La reconnaissance, par les membres du groupe, de la nécessité d'une relation de groupe plus étroite à l'intérieur du cercle du groupe, et avec moi-même. Ceci est symbolique de la reconnaissance du besoin mondial d'amour, illustrée par une attitude de bonne volonté et de compréhension, ainsi que par une approche plus étroite de l'humanité vers la Hiérarchie. Dans le passé, l'accent religieux sur le côté ésotérique de l'instruction portait sur l'approche de l'individu vers le Dieu intérieur, le soi supérieur, l'âme, le premier Maître. Dans l'avenir, l'accent sera mis sur l'approche unifiée de l'humanité (représentée par un nombre croissant de groupes d'aspirants et de disciples) vers la Hiérarchie. Le niveau des groupes, l'éveil de leur conscience et leur état d'illumination détermineront le grade du Travailleur hiérarchique avec lequel ils seront en contact.

2. La reconnaissance que, dans ce travail, la vraie obéissance occulte, ou réponse intelligente à l'incitation de l'âme de groupe, et à la "traction" exercée par la Hiérarchie, est l'exigence majeure suivante. Cela produira la mise en œuvre correcte de la technique nécessaire assignée, et une absence complète d'intérêt pour les résultats [54] phénoménaux, ou pour une analyse (à ce stade) de n'importe quelle réaction enregistrée. L'analyse individuelle empêche la reconnaissance de groupe et la vraie réalisation. Ceci est un point à examiner et dont il faut se souvenir.

3. Le pas suivant que je vous ai indiqué était que ces Approches de pleine lune demandaient une semaine entière d'activité intérieure, divisée comme suit :

a. Les trois jours avant la pleine lune devaient être consacrés à la préparation. Cette préparation impliquait la confiance qui envahissait le cerveau (point focal de l'expression sur le plan physique) et le mettait dans une condition correcte ; l'aspiration, qui maintenait le corps astral dans l'attitude correcte ; et la consécration qui était le processus intelligent motivé par le libre arbitre, et qui impliquait la concentration mentale permettant à l'aspirant confiant de "maintenir le mental ferme dans la lumière".

b. Puis venaient les douze heures du jour de la pleine lune, où un contact obtenu consciemment (dépendant de la réussite du travail du groupe pendant les trois jours précédents) devenait véritablement possible. En vous entraînant à ces stades de début pour tenter d'entrer en contact avec moi, je préparais le terrain à deux éventualités : votre futur contact avec votre Maître, avant l'initiation, et le contact avec la Hiérarchie. Cela était prévu, comme devant être le symbole du contact futur de l'humanité.

c. Les trois jours succédant à la période de pleine lune furent ensuite examinés. Pendant ces journées (vous fut-il signalé) la personnalité pouvait prendre conscience de la réussite du travail précédent et du contact subséquent. Cette prise de conscience serait facilitée par une attitude intérieure d'enregistrement (par le mental) de ce que l'âme a cherché à lui imprimer au moment du contact, tenté ou obtenu ; par un sentiment d'expectative selon lequel la nature émotionnelle serait entraînée à exprimer et à éprouver ; et par l'attitude reconnue du cerveau physique, imbu de la croyance en une [55] vraie réussite, lorsque les exigences auraient été satisfaites.

Si vous avez suivi le paragraphe ci-dessus dans l'état d'esprit approprié, vous verrez que, depuis le début, j'ai travaillé en vue d'objectifs que vous ne soupçonniez pas. J'espère bien que l'importance de ce travail de pleine lune vous apparaîtra de plus en plus clairement, et vous rendra plus empressés à travailler comme je vous le demande.

III La troisième étape, indiquée par moi au cours du travail de l'année passée, introduisit une activité beaucoup plus compliquée qu'auparavant. Je vous ai expliqué, si vous voulez bien vous en souvenir, qu'au moment de la pleine lune, c'était comme si une porte s'ouvrait entre le Soleil et la Lune, rendant possibles certains événements de nature spirituelle. La bande de lumière dorée, s'étendant du Soleil à la Lune, "irradiait complètement la surface lunaire" (pour employer une formule ancienne) et rendait possible certaines révélations. Pour des étudiants tels que vous, le symbolisme devrait être évident et susciter une double interprétation :

1. Il concerne la relation de l'Ange Solaire avec les forces lunaires, du

Soleil avec la Lune, et de leur travail en synthèse.

2. Il concerne la relation de la Hiérarchie avec l'humanité, et en conséquence, du monde subjectif avec les mondes objectifs, du domaine des causes avec le domaine des effets. Réfléchissez à cela.

L'approche individuelle doit être fondue dans l'approche de groupe, et l'approche des groupes sera un jour remplacée par l'approche organisée de l'humanité dans son ensemble. Cette troisième étape (comme les deux précédentes) peut être divisée entre les activités suivantes qui doivent être saisies mentalement par le groupe.

1. Certaines réalisations deviennent possibles. Il y en a deux : [56]

a. Première réalisation : l'entrée sur le Sentier d'Approche est possible pour les individus, pour les groupes et pour l'humanité dans son ensemble.

b. Deuxième réalisation : Les énergies, avec lesquelles on ne peut normalement et habituellement entrer en contact, peuvent être atteintes, saisies, et utilisées au moment de ces Approches, à condition d'agir en formation de groupe. De cette manière, l'individu, le groupe et l'humanité sont enrichis et vitalisés.

2. À ces moments-là, la Hiérarchie spirituelle peut être approchée, vérifiée et connue, ce qui conduit à une coopération active et consciente avec le Plan servi par la Hiérarchie. Il faut se rappeler que, du côté de la Hiérarchie, une Technique d'Approche de l'humanité est aussi employée, de sorte que nous avons une double activité essentielle. Le premier stade de cette double activité a eu lieu, il y a des millions d'années, au moment de l'Individualisation, et il produisit l'apparition du quatrième règne de la nature, la famille humaine. Le second stade est rapidement mis en œuvre aujourd'hui et produira l'apparition de l'Initiation. Le stade intermédiaire est celui de l'Intégration. Nous avons donc le germe d'une nouvelle religion scientifique, appelée (comme je l'ai déjà indiqué) la science de l'Approche. L'humanité peut maintenant y participer consciemment, car son stade d'évolution le justifie. Les hommes peuvent aujourd'hui saisir l'objectif, participer à l'aspiration unanime et satisfaire aux exigences nécessaires.

3. À ce stade de l'entraînement, le temps devant être consacré à l'Approche de la Pleine Lune a été abrégé, mais considérablement intensifié, l'objectif étant de produire une activité plus dynamique. Il fallait obtenir un état de tension, qui, en fin de compte, libérerait une énergie dynamique issue – si possible – de niveaux plus élevés que ceux de l'âme. D'où la nécessité d'intégration et de travail de groupe. Cette période fut divisée de la façon suivante :

a. Il y avait deux jours de préparation intensive. Ceci impliquait l'obtention de l'attitude correcte, d'aspect double : Le membre du groupe fondait son activité extérieure et son [57] orientation intérieure en une seule activité spirituelle concentrée et unifiée. Il vaquait à ses occupations habituelles, mais à aucun moment – au cours de ses occupations – il ne perdait de vue l'orientation intérieure et le recueillement particulier. Pendant le temps où il s'affairait extérieurement, il se rendait compte simultanément d'un retrait vers l'intérieur, d'une élévation de sa vibration et de sa conscience.

b. Le jour de la pleine lune, il vous était demandé d'accomplir un processus symbolique du domaine de l'imagination créatrice, par le moyen de son agent, la visualisation. Ce processus impliquait les points suivants :

1. La reconnaissance que dans le disque bleu, au bout du sentier doré, se trouvait une porte d'ivoire qui s'ouvrait lentement sur une pièce à trois fenêtres.

2. La reconnaissance que le groupe, en tant qu'unité, avançait dans la pièce et là, uni dans un acte solennel de consécration, demeurait prêt à la révélation.

3. Le fait que le groupe me reconnaissait, moi, votre instructeur et frère Tibétain, et que nous disions tous ensemble la Grande Invocation. Ceci produit une fusion, et libère une partie de "ce qui est en haut, vers ce qui est en bas", en langage symbolique.

Il vous sera évident que, dans ce rituel symbolique, est tout d'abord représenté, le Sentier, le but, le royaume de Dieu, caractérise par le mental spirituel, par l'amour spirituel, et la volonté spirituelle, (les trois fenêtres, atma-buddhi-manas, ou les trois aspects de l'âme). Ensuite, la focalisation de la conscience dans celle de l'âme, suivie d'une consécration du groupe ; finalement, l'humanité (symbolisée par le groupe) et la Hiérarchie (symbolisée par moi), ainsi que certaines de mes Paroles de Pouvoir, avaient toutes pour dessein de produire la fusion du monde objectif et du monde subjectif et, en conséquence, l'apparition du cinquième règne de la nature. Ainsi, les grandes lignes du nouveau cérémonial religieux peuvent être confusément [58] perçues et senties de manière inadéquate. Ce stade est suivi par :

4. Deux jours de recueillement intensif du groupe, dans sa conscience cérébrale. Ceci implique :

a. Le développement de la faculté de se souvenir des Paroles de Pouvoir énoncées par moi et, plus tard, la faculté de se mettre à l'écoute d'une Parole de Pouvoir. Cette reconnaissance des Paroles sera l'un des objectifs majeurs de la nouvelle religion mondiale, d'où notre effort (non particulièrement réussi jusqu'ici) de faire quelque chose de symboliquement analogue dans notre activité de groupe.

b. Une intensification bien précise et conséquente des processus de vie, ayant pour résultat une manifestation spirituelle sur le plan physique.

L'explication ci-dessus devrait vous donner une compréhension nouvelle et plus intelligente des significations symboliques du travail que nous tentons de faire.

Je vais vous demander de reprendre tout le processus de ces trois stades majeurs, en étudiant avec soin mon interprétation.

1. Pendant les mois de janvier et de février, étudiez s'il vous plaît ce que j'ai dit, le lisant et le relisant jusqu'à ce que ce soit clair et bien fixé dans votre esprit.

2. Pendant le mois de mars, prenez le premier stade et travaillez-y fidèlement.

3. Pendant le mois d'avril, prenez le second stade.

4. Pendant le mois de mai, prenez le troisième stade. Puis, le reste du temps jusqu'à octobre, travaillez à ce troisième stade. En octobre si vous avez fidèlement satisfait aux exigences, j'indiquerai le prochain travail à faire. Puis-je vous demander un véritable intérêt, du service et de la coopération ?

J'ai placé vos instructions personnelles à la fin, pour vous indiquer leur importance relative, et vous marquer la nécessité de donner à [59] l'enseignement individuel une place secondaire ; il est moins important que le développement du groupe ou que le service de l'humanité. Vous comprendrez tous un jour que la science du Service est plus importante que la science de la Méditation, car c'est l'effort et l'activité acharnés du disciple-serviteur qui évoquent les pouvoirs de l'âme, qui font de la méditation une nécessité essentielle et la méthode supérieure à toutes les autres pour l'invocation de la Triade Spirituelle. Elle aboutit à intensifier la vie spirituelle, oblige à construire l'antahkarana et conduit, par une série graduée de renonciations, à la Grande Renonciation qui libère le disciple pour l'éternité.

Je vous donne ici certaines indications nécessaires et beaucoup de choses sur lesquelles réfléchir. Je vous donne de mon temps, de mon amour, de mon intérêt et de ma compréhension. Servons ensemble.

Á mon groupe de disciples affiliés,

Janvier 1946.

Depuis ma dernière communication, les aspects extérieurs de la guerre mondiale, le carnage et la tuerie sont terminés, excepté dans quelques cas sporadiques. La lutte menée maintenant consiste à atteindre un point de stabilisation dans la pensée et la compréhension humaines, d'où pourra émerger une paix vraie et sûre. Sur le plan émotionnel, il n'y a pas encore de paix. Sur le plan mental, un grand et profond clivage se poursuit, et la signification occulte de certaines paroles, dites par le Christ en Palestine, est en train de se manifester. Il les donna comme la note-clé de l'événement subjectif particulier qui se produit en ce moment. Il dit : "Celui qui n'est pas avec moi est contre moi". Ceci fait allusion aux répercussions du conflit entre les Forces de Lumière et les Forces du Mal. De grandes décisions doivent être prises dans le monde entier pour savoir si l'humanité s'avance dans le nouvel âge de coopération et de justes relations humaines, ou si les groupes matérialistes réaffirmeront leur domination et réussiront à gagner la partie. Ce grand clivage est maintenant en voie de règlement.

D'autre part, une division spirituelle profonde est aussi en voie de s'effectuer. En un sens particulier et en termes très symboliques, la [60] première phase du Jugement est en train de s'affirmer. Les brebis et les boucs forment deux groupes distincts. Ce jugement, en voie d'être rendu, ne consiste pas, comme on le croit généralement, à distribuer des punitions et des récompenses ; ce n'est pas la négation de tout effort, par suite de mesures décisives, et il ne se traduira pas par l'apparition de lignes majeures de séparation. De telles interprétations sont d'origine humaine, et non les vraies interprétations de la parabole, ou illustration verbale, que le Christ donna à ses disciples, il y a presque deux mille ans.

Le jugement dont il s'agit est en relation avec un processus mystérieux qui se poursuit dans la pensée (si l'on peut oser employer un tel mot pour un processus si compréhensif) du Logos planétaire. Actuellement Il décide de la forme que prendra un événement considérable devant survenir dans la Hiérarchie. Il règle dans le temps, le processus de l'extériorisation de Celle-ci. Il décide quels ashrams seront extériorisés, qui dans ces ashrams devra poursuivre le travail purement subjectif et intérieur, et qui devra être choisi pour travailler – ouvertement et consciemment – dans le monde extérieur des hommes, reproduisant ainsi, en grand nombre, l'expérience du Christ lorsqu'Il "descendit en enfer". Beaucoup de facteurs doivent être examinés, les objectifs, compte tenu des Maîtres impliqués, les rayons en manifestation et de nombreuses relations astrologiques.

Dans ce jugement de décision, Sanat Kumara est aidé par certains membres du Grand Conseil de Shamballa, par le Christ et par les sept Maîtres responsables des sept groupes d'ashrams. Il parvient aussi à certaines conclusions quant aux groupes de disciples qui, jusqu'ici, ont reçu un entraînement pendant les stades terminaux du Sentier de Disciple. Cette décision doit tenir compte de la rapidité avec laquelle les hommes et les femmes peuvent entrer dans les ashrams. Cela dépend aussi du progrès des membres de l'ashram, selon leur degré, et de la capacité des ashrams d'absorber et d'assimiler un beaucoup plus grand nombre de disciples, sans que cela rompe la stabilité ashramique. Il doit aussi tenir compte de la faculté qu'a le néophyte, subissant l'entraînement, de supporter et de maintenir la bien plus forte tension découlant nécessairement de la vraie vie ashramique du nouvel âge. [61]

Ces points sont examinés très soigneusement, car une expansion majeure de la Hiérarchie dans son ensemble, avec la réaction qui s'ensuivra sur l'humanité, aussi dans son ensemble, n'est pas une chose à entreprendre à la légère. L'expansion – si elle doit être entreprise en toute sécurité – doit se développer en même temps que la consolidation. L'expansion qui est actuellement envisagée dans les plus hautes sphères modifiera considérablement la puissance de la relation entre la Hiérarchie et l'humanité, et donc entre le second aspect divin et le troisième. L'humanité peut-elle absorber cette puissance accrue correctement et en toute sécurité ? Les aspirants – s'il leur est donné l'occasion de passer du Sentier probatoire au Sentier de Disciple – seront-ils assez stables pour demeurer fermes sous l'impact d'une énergie spirituelle jusque là non perçue ? Les Maîtres peuvent- ils, malgré la pression de leur tâche énorme de reconstruction mondiale, trouver le temps nécessaire pour accroître l'entraînement qu'ils donnent à leurs disciples ? Car ils sont encore gouvernés par l'équation temps, en ce qui concerne leurs disciples. Les membres anciens des ashrams peuvent-ils, dans une certaine mesure, alléger les pressions s'exerçant sur les Maîtres, aussi bien que sur les jeunes disciples qui arrivent et sont donc inexpérimentés ? Si néanmoins, la relation entre la Hiérarchie et l'humanité est ainsi renforcée, et que l'accès soit plus libre dans les deux directions, il se dégagera une traction d'invocation, ou puissance magnétique de ces centres de fusionnement. La traction s'exercera sur Shamballa qui est le plus haut des centres.

Le réseau éthérique de la planète est-il suffisamment stable et équilibré pour répondre adéquatement aux forces nouvelles et puissantes qui le traverseront pour s'exprimer objectivement ? Je voudrais vous rappeler que la libération de l'énergie atomique a eu un effet bien plus puissant dans le réseau éthérique que dans le véhicule physique dense de la planète. La bombe atomique fut employée trois fois, et ce fait en lui-même est significatif. Elle fut utilisée deux fois au Japon, déchirant ainsi le réseau éthérique dans ce que vous appelez par erreur l'Extrême Orient. Elle fut utilisée une fois dans ce qui est aussi universellement appelé le Far West ; chaque fois une grande zone de rupture s'ensuivit, qui aura des conséquences futures puissantes et, à présent, insoupçonnées.

La formation des Triangles de Lumière et de Bonne Volonté [62] – essentiellement la manipulation de l'énergie en vue de former un réseau désiré de pensée – a une relation précise avec cette zone de rupture. On s'apercevra, en temps voulu, que les Japonais, avec leur connaissance particulière du pouvoir de la pensée (utilisé dans une mauvaise direction pendant la guerre), répondront plus intelligemment à ce type de travail que beaucoup d'Occidentaux. Il faut donc faire un effort pour atteindre les Japonais dans le sens du travail des Triangles.

Je souhaiterais signaler que la distinction entre les "brebis et les boucs" est surtout hiérarchique. Le terme "boucs" est appliqué ésotériquement aux disciples initiés et à ceux qui ont gravi la montagne de l'initiation. Le terme "brebis" est appliqué à ceux qui suivent aveuglément l'incitation de leur âme, et qui cherchent à tâtons, (en nombre relativement important) la voie menant à la Hiérarchie. Pour eux, la grande révélation, selon laquelle le "royaume de Dieu est en soi-même", n'est pas encore venue. Tel est le terme employé pour les désigner, à ce stade de l'histoire de l'humanité. Lorsqu'ils l'ont compris, ils sont déjà en train d'être absorbés par la Hiérarchie. La vie deviendra alors plus simple pour eux. Pour les "boucs", l'appel impératif de l'aspect le plus élevé de la Triade spirituelle doit se faire entendre, "Cherchez la Voie de l'Ascension", ascension devant aller au-delà même de la vie de la Triade jusque dans l'Existence pure, l'Existence monadique.

Pour ce Jugement, toute décision réside dans les conclusions qu'atteindra la pensée de Sanat Kumara. C'est son jugement ; ni les brebis, ni les boucs, ni la grande masse des hommes dont ils sont issus, ne peuvent affecter cette décision, si peu que ce soit. Tout moment ou point culminant de décision de la part du Seigneur du Monde institue une loi nouvelle et fait entrer en jeu de nouvelles énergies. Les lois ne sont que les conditions inaltérables engendrées par l'activité, l'orientation et les pensées décisives émanant de Celui en qui nous avons la vie, le mouvement et l'être, de même les activités, l'orientation et la pensée d'un être humain entraînent les cellules et les atomes de son corps dans le sens de ses vœux. Les énergies ne sont que le rythme de Sa respiration, et le résultat de l'action systolique et diastolique de Son cœur. Nous ne pouvons pas échapper à ces [63] énergies, mais – d'une manière mystérieuse et particulière – le Logos planétaire les dirige ou les retient, en conformité avec les besoins planétaires reconnus du moment.

Actuellement, "l'œil de Sa direction" est tourné vers un monde nécessiteux et dans l'attente, et particulièrement vers le grand nombre de personnes qui attendent et qui ont en eux la puissance de l'état de disciple. Elles sont l'espoir du monde. Ce déversement d'énergie dirigée signifie une grande stimulation de tous les aspirants sensibles ; ce qui en résulte n'est pas facile pour eux. Tout en eux est élevé à la surface de la conscience et, tout en se trouvant placés devant une occasion vitale et bénéfique, ils sont aussi placés devant le problème d'absorber plus de "punition" (n'est-ce pas le mot que je veux, mon frère ?) qu'ils n'en recevraient normalement. Vont-ils craquer sous l'impact de la découverte de soi et de l'occasion d'éliminer la personnalité, ou s'élèveront-ils triomphants, des cendres de leur soi détruit, à la vie de pouvoir et de beauté ?

Bien que Sanat Kumara n'ait pas conscience du disciple ou de l'aspirant en tant qu'individu, Il est conscient de leur effet de masse et de leur qualité. Le contact et la relation sont basés sur la réaction vibratoire ; la puissance de la vibration commune des disciples et des aspirants est aujourd'hui – pour la première fois dans l'histoire – assez forte pour atteindre Shamballa. C'est un fait nouveau et très intéressant.

Donc, la Hiérarchie est :

1. Dans une position de tension extrême.

2. Dans une condition d'expectative paisible. Elle attend :

a. La décision qui est sur le point d'émaner du jugement de Sanat

Kumara.

b. La notification de la période et du mode de la future

c. extériorisation.

L'influx qu'il faudrait introduire dans les rangs de ses disciples aspirants.

d. La réaction qu'Elle percevra plus tard, à l'usage massif de la

Grande Invocation.

e. Le son clair du cri invocatoire, quoique rudimentaire, de tous ceux qui ne sont même pas encore sur le Sentier de [64] Probation.

3. En train de passer par un processus de réorganisation, ce qui implique mesures suivantes :

a. Les disciples anciens des ashrams majeurs commencent à former des ashrams subsidiaires, comme je l'ai fait en 1925.

b. Á cause de la guerre et des efforts intensifs des disciples du monde, plus de personnes sont touchées dans des directions nombreuses et variées.

c. La manière, les techniques et les méthodes d'entraînement ont été remodelées et réorganisées, pour convenir au mental et aux nécessités modernes.

d. Les disciples anciens sont soumis à un processus de forçage pour leur permettre de prendre plus rapidement l'initiation qui se présente immédiatement pour eux. Ceci entraîne nécessairement des tensions et des risques supplémentaires, qui vont quelquefois jusqu'à la mort, mais aussi à une lumière et une vie spirituelles plus grandes.

4. À l'entrée de la Voie de l'Évolution supérieure, qui est maintenant plus facile à trouver, grâce à la construction rapide de l'antahkarana par des âmes éclairées, fonctionnant sur le plan physique et travaillant désespérément pour aider l'humanité. Leur désespoir spirituel est ce qu'il faut pour fournir le nécessaire "point de tension" à partir duquel l'antahkarana peut être construit. Il y a une différence fondamentale entre le désespoir et le pessimisme. Le désespoir est relié à l'élément temps, et empreint d'exactitude et de discernement dans la perception du besoin. Le pessimisme est davantage relié à une appréciation erronée de la qualité de l'humanité.

Tous ces facteurs caractérisent actuellement la Hiérarchie. Je voudrais vous rappeler que, lorsque vous pensez à la Hiérarchie, vous pensez en termes de Maîtres (comme la plupart des gens) ou en termes d'initiés supérieurs. Ceci n'est pas correct. Tout disciple accepté est dans la périphérie de la Hiérarchie et de son influence, et, comme je l'ai souvent fait remarquer, il a pris la première initiation dans quelque vie [65] antérieure. Tous les disciples ont été à Bethléem et ont vu l'Etoile de l'Orient, étoile qui brille d'une plus grande splendeur chaque fois qu'une initiation a lieu.

La différence entre des disciples tels que vous et des initiés plus avancés est que votre orientation fondamentale est différente de celle des Maîtres. Ceux-ci sont orientés vers Shamballa. Ils ne sont relativement pas affectés par les événements des trois mondes, bien que ce soit la sphère où se trouve leur travail ; il n'existe rien en eux qui puisse réagir à ces phases de la vie planétaire. Les disciples et tous les initiés en dessous de la troisième initiation sont orientés vers la Hiérarchie. Ce n'est pas la Chambre du Conseil de Shamballa ou la Voie de l'Évolution supérieure qui retient leur attention, mais la vie de l'ashram auquel ils sont affiliés et le Chemin de l'Initiation. Ceci est un point utile à garder à l'esprit. Il y a beaucoup d'éléments en eux, prêts à réagir aux qualités et aux événements des trois mondes ; sous l'angle de la conscience humaine, la vie est, pour eux, très difficile, car le dualisme de l'existence peut produire une tension violente.

La tension psychique extrême, affectant la Hiérarchie, impose une tension indue sur les émotions et le mécanisme mental du disciple, car ce dernier est encore incapable de parvenir à cette "attente dans le calme" qui distingue les initiés de haut degré. La Volonté de Dieu n'est pas encore suffisamment effective dans sa conscience ; il s'efforce de synchroniser sa volonté personnelle avec la volonté spirituelle de l'âme, ce qui est bien différent. Le plan de réorganisation que fait actuellement la Hiérarchie et les groupes ashramiques affecte la vie personnelle des disciples et leurs efforts pour accepter l'entraînement; ils doivent tomber d'accord avec les changements prévus et avec les résultats du travail ashramique extérieur, et ils doivent accepter les changements survenant dans le programme. N'oubliez pas que, en cette période particulière, les disciples doivent faire des adaptations qui ne sont pas faciles. Leur enseignement s'est fait selon la tradition ancienne, perpétuée et résumée par les groupes occultes théosophiques, rosicruciens et autres. Depuis 1900, ils ont dû accepter de travailler selon les nouveaux modes d'entraînement et selon les formes changeantes de l'enseignement, appliqué par les Maîtres qui prennent des élèves. Ceci a créé des difficultés temporaires qui n'existeront [66] plus quand les nouveaux modes et les nouvelles méthodes seront plus généralement établis. Donc, le problème du disciple moderne est particulièrement ardu ; les Maîtres ne perdent jamais cela de vue. Puis, la tension du cataclysme mondial a accru ces difficultés, et cette tension a des effets qui vont beaucoup plus loin qu'on ne le croit généralement. Comprenez- vous en quoi cette tension consiste ? Tension qui, malgré le désastre, le chaos physique avec sa douleur, son désespoir et son angoisse, exige que soit offerte au monde une apparence calme et efficace ? Appréciez-vous l'habileté consommée qu'il faut au disciple entraîné pour réagir aux conditions déchirantes de la souffrance humaine, et pour pénétrer, en toute maîtrise, la réponse qu'il doit donner ?

Il y a aussi d'autres facteurs plus subjectifs auxquels le disciple est sensible ; parmi ceux-ci :

1. Le tourbillon astral ou émotionnel que l'humanité a inévitablement établi, à la suite de la douleur enregistrée, et dans lequel le disciple qui observe doit se déplacer.

2. Le mirage suscité sur le plan astral résultant des trois flux d'énergies affluentes qui se mêlent :

a. Les énergies mises en mouvement par le cri montant de l'humanité elle-même qui, inévitablement, modèle et donne forme à la substance astrale.

b. Les énergies affluentes nouvelles que le Logos planétaire fait peser régulièrement sur la vie humaine et sur toutes les formes d'existence physique. Ces énergies doivent traverser le domaine astral afin d'atteindre le plan physique.

c. Les forces du mal en retraite qui essaient d'opposer une dernière résistance désespérée sur le plan astral.

Ces trois types de force (lorsqu'ils sont mis en relation réciproque) produisent un tourbillon d'énergie sans pareil, dont les disciples ont forcément conscience, particulièrement ceux qui, très nombreux, se préparent pour la deuxième initiation. Tous les disciples qui travaillent parmi leurs semblables sont mis en contact avec ce tourbillon astral. [67] (Je souhaite attirer l'attention de D.E.I. sur ce fait, car il explique sa réaction au cours des deux dernières années ; c'est ce qui l'a conduit à abandonner sa position dans mon travail extérieur et à se retirer dans une phase de vie qui ne fournira pas de champ d'action véritable à son expérience consacrée et à ses années d'entraînement ; cette phase actuelle est une impasse. Plus tard, il devra revenir sur ses pas et admettre la réalité du temps perdu, perdu au moment où l'humanité a les plus grands besoins. Néanmoins, il reviendra sur ses pas. Je mentionne ceci, car c'est un exemple typique des effets de ce mirage).

3. La stimulation à laquelle les véhicules inférieurs du disciple sont inévitablement soumis. Elle suscite la pleine expression de toutes les caractéristiques bonnes ou mauvaises. Tout dans sa nature est intensifié, et plus il est mental, plus il prend conscience de ces révélations. Si son orientation est d'exprimer sa vie dans les trois mondes, il subira probablement une phase de dépression, d'auto- accusation et souvent de doute, ce qui le rendra moins utile.

4. L'évocation d'un fort sens de l'âme dans la personnalité. L'accent mis sur l'attitude de l'âme envers la vie de la personnalité peut aussi se faire jour et se révéler trompeur. Du fait que l'âme exprime (apparemment) des commentaires, des critiques, des encouragements, des plans, il semblerait que l'intérêt principal de l'âme soit la personnalité consacrée. Il n'en est rien. L'âme a très peu conscience de la nature de la personnalité, de ses dispositions et de ses idées. L'âme peut être consciente de limitations dans la personnalité et de barrières s'opposant à l'afflux d'énergie de l'âme, mais les détails sont sans intérêt pour elle. L'âme est occupée à reconnaître les projets hiérarchiques, à enregistrer les besoins du monde et à répondre (faiblement, très faiblement au début) à l'influx monadique croissant. Ces attitudes et ces réactions de l'âme (sur son propre plan d'existence) affectent profondément et fondamentalement la vie de la personnalité, et produisent les changements de base qui suscitent la vocation du disciple. Le disciple est préoccupé de vocation et non tellement d'évocation. (Je voudrais le signaler à l'attention de D.H.B. [68] Ce type de réponse évoquée est de nature illusoire. Il saura de quoi je veux parler).

5. Le danger d'irritation, comme le Maître Morya l'a appelé. Ce qui est interprété de manière un peu erronée par le néophyte, comme étant de l'irritation, n'est, en fait, pas de l'irritation dans le sens habituel de ce mot. Les vagues de surface, causées par l'irritation ordinaire, ou les colères évanescentes, auxquelles tous les disciples sont sujets, sont de peu d'importance. Elles passent et, dans l'ensemble des attitudes de l'âme envers la personnalité, elles ne suscitent aucune réaction ou enregistrement. Ce dont il s'agit, c'est de la réaction du disciple au mal mondial. Elle produit l'incertitude quant à l'avenir, la contrariété face à ce qui est fait sur toute la planète par ceux qui ne sont pas disciples, la critique des plans nationaux et internationaux, une atmosphère générale de tristesse et un sens de supériorité dans la connaissance. Tout ceci s'exprime de manière négative, non constructive. Beaucoup de disciples y sont sujets aujourd'hui ; il leur faut comprendre que les affaires du monde ne sont pas et ne peuvent pas être modelées ou déterminées par une quelconque connaissance hiérarchique, possédée par le disciple. Les affaires et les conditions mondiales doivent nécessairement avoir pour base la demande et le niveau d'évolution de la masse de l'humanité, se manifestant par ses représentants, élus ou imposés, dans chaque pays. Cette demande peut être affectée, modifiée, spiritualisée (et l'est en effet) par l'attitude et l'enseignement des disciples, en tous lieux, qui se font entendre et ont l'instinct humanitaire. Si, cependant, la volonté et la connaissance des disciples de toutes les nations modelaient les affaires du monde et dominaient entièrement la vie politique, économique et sociale des hommes, il en résulterait un clivage bien plus sérieux qu'il ne l'est maintenant, par exemple entre les riches et les pauvres, entre les classes et les castes. Une ligne de démarcation prononcée entre le royaume de Dieu et le règne humain se produirait, qui irait à l'encontre de l'intention hiérarchique ; cette dernière colmate rapidement la brèche existante, et le travail que le Christ a commencé sur terre serait annulé. Ce point est souvent négligé par les disciples bien intentionnés. C'est l'humanité qui détermine sa propre destinée. Les disciples indiquent la voie, la vision, donnent un exemple nécessaire et mettent l'accent sur les anciens points de repère. [69]

La compréhension de ces quelques points que j'ai choisi d'énumérer parmi d'autres vous indiquera les difficultés que rencontrent les disciples d'aujourd'hui, chacun de vous, parmi le grand nombre de ceux qui luttent aussi pour satisfaire aux besoins du monde moderne.

En tant que groupe d'affiliés ashramiques, vous (et les disciples de partout) réagissez tous à cet afflux d'énergies et en ressentez le conflit. Il se produit chez certains d'entre vous, une crise très nette que vous n'avez encore pas résolue ; chez un ou deux d'entre vous, dans ce groupe, cela a conduit à une agitation intérieure bouillonnante, accompagnée d'une introspection trop accentuée. Si c'est trop prolongé, votre service exotérique en sera entravé. Il est inutile de signaler que vous devez tous devenir si sensibles à la qualité de mon ashram, et si préoccupés de l'occasion de servir offerte aujourd'hui à chaque disciple, que votre développement personnel, votre problème unique (ou que vous considérez comme tel) et vos réactions doivent être oubliés. Il faut vous souvenir que vous n'êtes pas si intéressants pour votre âme que vous pouvez le penser.

Du point de vue du Maître, c'est l'aptitude de l'âme à maîtriser son instrument, la personnalité, et à travailler par son intermédiaire, qui est intéressante, c'est ce genre d'aptitude qu'Il recherche, et Il ne regarde pas la réaction de la personnalité. Il est difficile au disciple, sinon humiliant, de s'en souvenir. Plus il est accaparé par ses réactions et ses capacités personnelles, plus il dresse de barrières impénétrables entre lui-même (sur le plan physique) et son âme ; il s'ensuit alors que des barrières sont dressées entre le disciple et la vie de l'ashram dont il est prévu qu'il fasse partie. Pensez-y et soyez donc si préoccupés de la vie de l'âme qu'il ne vous restera pas de temps pour l'introspection de la personnalité. La pure vie de l'âme va galvaniser les centres au-dessus du diaphragme et les mettre en activité ; votre vie deviendra une expression simple, sans complications, du second aspect de la divinité, dont tous les ashrams sont des points focaux.

Ainsi que vous le savez, je n'ai pas l'intention de vous donner davantage d'instructions personnelles. Vous n'en avez plus besoin pour le reste de cette vie car, si vous appliquez toutes celles que je vous ai [70] déjà données, rien ne vous empêchera de prendre l'initiation, ce qui est, pour vous, le prochain pas en avant. Comprenez-vous l'importance de ce que je viens de dire ? Cette initiation, que vous devez affronter, peut être prise pendant les années qui vous restent à vivre ; dans la majorité‚ des cas, ce n'est pas probable, bien qu'une faible, très faible, minorité‚ parvienne peut-être au but. L'initiation peut aussi être prise dans la période entre deux incarnations, ou encore dès le retour à la vie sur le plan physique. Cette dernière alternative est très probable pour ceux qui ne prennent pas d'initiation supérieure à la troisième ; à présent, je ne prépare pas de disciples pour cette initiation. Il est habituellement considéré comme essentiel que les disciples, prenant la deuxième ou la troisième initiation, l'enregistrent dans la conscience de leur cerveau. Comme je vous l'ai souvent dit, la conscience d'initié n'est pas le facteur qu'il soit nécessaire d'enregistrer ainsi ; cela se produit rarement. La reconnaissance se fait quand le candidat participe à l'installation ésotérique d'un autre candidat étant déjà dans les rangs de la Grande Loge Blanche. Ce que le disciple subissant l'initiation (je choisis le mot "subissant" délibérément) doit finalement enregistrer – il le fait un jour – sont les crises qui ont engendré son aptitude à prendre l'initiation, selon les termes erronés employés dans les cercles théosophiques. S'il prend en main correctement ces crises et les surmonte, elles feront de lui un initié – interprétation bien différente de celle qui a cours chez les théosophes. Ainsi que je vous l'ai souvent dit, l'homme est un initié avant toute cérémonie d'initiation. La cérémonie concerne la reconnaissance hiérarchique du disciple, et ne concerne pas l'aptitude du candidat. J'estime nécessaire de répéter ce fait.

Les crises que traverse actuellement le Logos planétaire devraient provoquer l'apparition de nombreux initiés ; aucun disciple véritable n'est exempt des effets de cette situation planétaire. Des changements surviennent inévitablement grâce à l'âme dans la vie personnelle. Lorsque ces changements se focalisent dans les centres inférieurs et dans les corps inférieurs, le résultat général est la purification et la construction du caractère. L'aspirant est alors encore sur le Sentier probatoire. Quand le disciple se trouve en mesure de passer par les trois premières initiations, alors les énergies affluentes passent par les centres du cœur, [71] de la gorge, et ajna ; quand le centre de la tête le plus élevé et le centre de la colonne vertébrale le plus bas sont impliqués en même temps, le disciple est en mesure de prendre les initiations majeures supérieures. Beaucoup de tout cela vous a été dit dans des enseignements antérieurs, mais je répète ces affirmations afin que vous puissiez poursuivre clairement le travail.

L'un de vous a posé une question concernant l'intervention divine, comme résultat de la prière, et je souhaite faire remarquer qu'il y a une différence entre l'Intervention divine et la Réponse à la Prière. L'une admet des énergies réciproques, l'autre affirme que l'action vient seulement d'en haut. La mesure de réussite dépend, dans les deux cas, de l'humanité tout entière. Il va de soi que le corps n'est pas équipé pour recevoir le feu avant que la conscience ne ressente l'urgence des besoins de l'humanité. Ceci est secondaire pour l'Intervention divine, qui isole un petit nombre d'individus et utilise leur organisme pour faire fusionner et libérer les énergies de dispersion. La mort soudaine du véhicule physique survient s'il n'est pas préparé. Pensez-y et voyez les conséquences du fanatisme émotionnel.

Il y a pour cela trois manières de débuter :

1. Les disciples, conscients de leur devoir, abandonnent toute ambition personnelle ; ils sont prêts à satisfaire à l'épreuve et à être utilisés. Car, ne soyez pas surpris, mon frère, un disciple peut satisfaire à l'épreuve s'il le veut. L'état de disciple accepté est en soi la garantie d'une certaine mesure de préparation, obtenue par la dévotion juste, le dessein pur, et une discipline rigide.

2. L'intention focalisée de tous les peuples, durement éprouvés et qui réclament la paix, forme un noyau d'énergie non régénérée qui peut être utilisée et le sera. Elle a un effet moins puissant, mais en ces temps de crise, tout doit être utilisé.

3. Tous les règnes sont chargés de choc – règne animal, végétal, minéral, aussi bien qu'humain. Cette perturbation est une phase de la promotion. Il y a des zones écrasées d'énergie libérée, entraînant l'apparition de forces à libérer qui peuvent être utilisées pour la reconstruction et le seront. [72]

La responsabilité de ce groupe est le dessein. C'est la volonté fusionnée, mêlée et dispersée. Je vous demande de ne pas perdre de temps en spéculations oiseuses, mais d'endosser votre responsabilité comme il se doit, vous rappelant que votre valeur est uniquement déterminée en fonction du groupe. La place occupée détermine l'effort; je suggère que vous analysiez cette affirmation. Les conséquences sont hiérarchiques. Il y a, aujourd'hui, dans le monde, une vitalité diminuée à cause de la psychose de peur.

Ayez la maîtrise de vos forces, demeurez dans la lumière, et le lien mental interrompu rechargera le champ magnétique dont vous êtes responsables, en tant que groupe. La fusion existe, maintenant, à un faible degré, mais le Dessein est la ligne magnétique que peut suivre le feu.

Vous avez maintenu votre effort et votre intérêt depuis de nombreuses années. Pouvez-vous poursuivre cette entreprise ? C'est pour vous une tâche de persévérance et de foi. Vous ne verrez peut-être pas, de votre vivant, les effets mondiaux. Je vous le dis franchement. Vous pouvez sans aucun doute réaliser et récolter les fruits du travail de groupe, car votre fusion par un lien d'étroite fraternité et de dévotion, en un groupe de disciples foulant le Sentier ensemble, est une juste récompense. La solitude habituelle du disciple sera compensée et il comprendra qu'il ne chemine pas seul.

 

[1] Psychologie Ésotérique, Traité sur les Sept Rayons, Vol. II, page anglaise 701.