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CHAPITRE I L’OBJECTIF DE L’EDUCATION NOUVELLE - Partie 1

CHAPITRE I

L'OBJECTIF DE L'EDUCATION NOUVELLE

Déclarations préliminaires

On peut considérer que cet ouvrage traite des trois aspects différents d'un thème général unique : les méthodes, les idées nouvelles et prochaines concernant l'éducation. Son objectif est d'élucider le développement culturel de la race, et d'envisager le prochain pas à franchir dans le progrès mental de l'humanité. L'enseignement, s'il est authentique, doit être dans la ligne du passé et fournir un champ d'efforts dans le présent ; il doit aussi éclairer davantage ceux qui ont réussi ou sont en train de parvenir aux buts désignés. Il faut qu'un avenir spirituel soit présenté. C'est cela qui est nécessaire actuellement.

Le terme "spirituel" ne se rapporte pas aux questions religieuses. Toute activité qui fait aller l'être humain de l'avant, vers quelque forme de développement – physique, émotionnel, intuitionnel, social – si elle est plus avancée que son état présent, est essentiellement de nature spirituelle et indique la vitalité de l'entité divine intérieure. L'esprit de l'homme est immortel ; il persiste éternellement, progressant d'un point à un autre, d'un stade à un autre sur le Sentier de l'Évolution, révélant régulièrement et successivement les attributs et aspects divins. [2]

Les trois points de notre thème général sont :

1. La technique de l'éducation de l'avenir.

2. La science de l'Antahkarana. Elle traite de la manière de jeter un pont sur le hiatus existant dans la conscience de l'homme, entre le monde de l'expérience humaine ordinaire, le monde triple du fonctionnement physique, émotionnel, mental, et les niveaux supérieurs de ce que l'on appelle le développement spirituel, qui est le monde des idées, de la perception intuitive, de la pénétration et de la compréhension spirituelle.

3. Les méthodes de construction de l'Antahkarana. Ceci conduit à surmonter les limitations – physiques et psychologiques – qui restreignent, chez l'homme, la libre expression de sa divinité innée.

Nous ne pouvons que préparer le terrain pour ce troisième point, car cette question implique des pratiques avancées de méditation qu'il faut aborder progressivement. J'ai traité de la méditation dans mes autres livres.

On pourrait ici poser la question : pourquoi y a-t-il intérêt à envisager de passer du temps à ce qui est encore dans l'avenir ? Je répondrai en vous rappelant que "L'homme est tel que sont ses pensées." Ceci est un truisme de l'occultisme. Donc, ce qui est vrai de l'individu est vrai aussi du groupe ; un groupe réagira finalement selon sa manière de penser. À mesure que les ondes de la pensée de groupe pénètrent dans l'atmosphère mentale de l'humanité, les hommes en reçoivent progressivement l'impression, et l'instauration des nouveaux modes de vie et de développement s'accomplit avec une facilité accrue. Je cherche ici à vous donner quelques idées générales et brèves, qui serviront à vous indiquer la direction de ma pensée et le dessein que j'ai dans l'esprit. La manière la plus aisée dont je puisse le faire est peut-être de formuler certaines propositions qui sont intéressantes et peuvent apporter l'illumination.

I. L'éducation, jusqu'ici, était l'art de synthétiser l'histoire du passé, les résultats obtenus dans tous les domaines de la pensée [3] humaine, et d'indiquer le point atteint, à l'époque, par la connaissance humaine. Elle traitait des formes de science que le passé avait produites. Elle regardait principalement vers l'arrière et non vers l'avant. Je souhaite vous rappeler ici que je parle de façon générale, et qu'il existe de nombreuses et notables exceptions à cette attitude, quoique de faibles dimensions.

II. L'éducation s'est avant tout préoccupée d'organiser le mental inférieur ; la nature de l'enfant était largement évaluée selon sa réaction à l'information accumulée (en ce qui concernait l'éducation) aux données, collectées et recueillies, transmises en ordre successif, digérées et organisées en vue de le préparer à rivaliser avec l'information détenue par d'autres personnes.

III. Jusqu'ici, l'éducation a été surtout un entraînement de la mémoire, bien qu'actuellement on commence à reconnaître la nécessité de mettre fin à cette attitude. L'enfant doit assimiler les faits que la race considère comme vrais, qu'elle a mis à l'épreuve dans le passé et trouvés adéquats. Mais chaque vie a des normes différentes quant à ce qui est adéquat. L'ère des Poissons traitait des détails de l'effort fait pour être à la hauteur de l'idéal pressenti. C'est pourquoi l'histoire enseigne la méthode par laquelle les tribus acquirent le statut national par l'agression, la guerre et la conquête. Cela indiquait la réussite raciale.

La géographie s'est basée sur une réaction similaire à l'idée d'expansion et, par elle, l'enfant apprend comment les hommes, poussés par des nécessités économiques ou autres, ont conquis des territoires et absorbé des pays. Cela aussi a été considéré et à juste titre comme une réussite raciale. Les diverses branches de la science sont aussi considérées comme représentant la conquête de zones de territoires, ce qui, à nouveau, fut proclamé réussite raciale. Les conquêtes de la science, les conquêtes des nations et les conquêtes de territoires indiquent toutes la méthode piscéenne, avec son idéalisme, son caractère militant et séparatif dans tous les domaines, religieux, politique et économique. Mais l'âge de la synthèse de l'inclusivité et de la compréhension est imminent, et la nouvelle éducation de l'Ère du [4] Verseau doit commencer à pénétrer l'aura humaine avec beaucoup de douceur.

IV. L'éducation est plus que l'entraînement de la mémoire, plus que l'information de l'enfant relatif au passé et à ses réalisations. Ces facteurs ont leur place, et le passé doit être étudié et compris, car il doit en découler ce qui est nouveau, sa fleur et son fruit. L'éducation implique davantage que l'étude profonde d'une question et la formation de conclusions subséquentes, conduisant à des hypothèses qui, à leur tour, conduisent à davantage d'études et de conclusions. L'éducation est plus qu'un effort sincère pour préparer l'enfant ou l'adulte à être un bon citoyen, un père intelligent, et non une charge pour l'état. Elle a un objectif beaucoup plus large que de produire un être humain qui sera un atout commercial, et non une charge commerciale. L'éducation a d'autres objectifs que de rendre la vie agréable, et de permettre aux hommes d'acquérir une culture qui les rendra aptes à participer, avec intérêt, à tout ce qui survient dans les trois mondes des affaires humaines. Elle est tout ce que j'ai indiqué ci- dessus, mais elle devrait aussi être beaucoup plus.

V. L'éducation a trois objectifs majeurs sous l'angle du développement humain.

Premièrement, ainsi que beaucoup l'ont saisi, elle doit faire de l'homme un citoyen intelligent, un père plein de sagesse et une personnalité qui se domine. Elle doit lui permettre de jouer son rôle dans le travail mondial et le préparer à vivre avec ses voisins, de manière paisible, secourable et harmonieuse.

Deuxièmement, elle doit lui permettre de jeter un pont entre les divers aspects de sa nature mentale, et c'est là l'accent principal des instructions que j'ai maintenant l'intention de vous donner.

Dans la philosophie ésotérique, comme vous le savez bien, on nous enseigne qu'il existe trois aspects du mental, ou de cette créature mentale que nous appelons l'homme. Ces trois aspects constituent la partie la plus importante de sa nature. [5]

1. Son mental inférieur concret, principe du raisonnement. C'est de cet aspect de l'homme que nos méthodes d'éducation prétendent traiter.

2. Le Fils du Mental, que nous appelons Ego ou Âme. C'est le principe d'intelligence qui a de nombreuses appellations dans la littérature ésotérique, telles qu’Ange Solaire, Agnishvattas, principe christique, etc. Dans le passé, la religion prétendait s'occuper de ce principe.

3. Le mental supérieur abstrait, gardien des idées, qui apporte l'illumination au mental inférieur, après que le mental inférieur se soit mis en rapport avec l'âme. La philosophie a prétendu traiter de ce monde des idées.

Nous pourrions nommer ces trois aspects :

Le mental réceptif, le mental dont s'occupent les psychologues. Le mental individualisé, le Fils du mental.

Le mental de l'illumination, le mental supérieur.

Troisièmement, le hiatus entre le mental inférieur et l'âme doit être comblé. Assez curieusement, l'humanité l'a toujours compris et a donc employé les termes de "parvenir à l'unité", ou "réaliser l'unification", ou "atteindre l'alignement". Tous ces termes sont des tentatives d'expression de la vérité intuitivement comprise.

VI. L'éducation, pendant l'âge nouveau, devra aussi s'occuper de combler l’espace entre les trois aspects de l'être mental : entre l'âme et le mental inférieur, ce qui produit l'unification entre l'âme et la personnalité ; entre le mental inférieur, l'âme et le mental supérieur. La race y est maintenant prête ; pour la première fois dans l’histoire de l'humanité, le travail de construction du pont peut avancer sur une échelle relativement grande. Il est inutile que je m'étende là-dessus, car cela concerne les détails techniques de la Sagesse antique dont je vous ai beaucoup parlé dans mes autres livres. [6]

VII. L'éducation est donc la Science de l'Antahkarana. Cette science et ce terme sont la manière ésotérique d'exprimer la vérité sur la nécessité de ce pont. L'antahkarana est le pont que l'homme construit – par la méditation, la compréhension et le travail créateur magique de l'âme – entre les trois aspects de son être mental. Donc, les objectifs primordiaux de l'éducation à venir seront :

1. De réaliser un alignement entre le mental et le cerveau par une compréhension correcte de la constitution intérieure de l'homme, particulièrement du corps éthérique et des centres de force.

2. De construire un pont entre cerveau-mental-âme, ce qui produit la personnalité intégrée, expression de l'âme, habitant le véhicule qui se développe progressivement.

3. De construire un pont entre le mental inférieur, l'âme et le mental supérieur, afin que l'illumination de la personnalité devienne possible.

VIII. La vraie éducation est, en conséquence, la science qui relie les parties intégrantes de l'homme, le reliant aussi à son tour à son entourage immédiat, puis au grand tout dans lequel il a un rôle à jouer. Chaque aspect, perçu en tant qu'aspect inférieur, peut toujours n'être que l'expression de l'aspect qui lui est directement supérieur. Dans cette phrase, j'ai exprimé une vérité fondamentale qui, non seulement comporte l'objectif, mais indique aussi le problème de tous ceux qui s'intéressent à l'éducation. Ce problème est d'évaluer correctement le centre, ou point focal de l'attention de l'homme, et de noter où la conscience est principalement centrée. Puis il doit être instruit de telle manière que le transfert de ce point focal dans un véhicule supérieur devienne possible. Cette idée peut être exprimée d'une autre manière en disant que le véhicule, qui semble d'importance majeure, puisse et doive devenir d'importance secondaire, en devenant simplement l'instrument de celui qui lui est directement supérieur. Si [7] le corps astral (émotionnel) est le centre de la vie de la personnalité, alors l'objectif de la méthode éducative imposée au sujet sera de faire du corps mental le facteur dominant. Le corps astral devient alors le véhicule réceptif à l'impression des conditions environnantes auxquelles il est sensible, mais il est placé sous la domination du mental. Si le mental est le centre de l'attention de la personnalité, alors l'activité de l'âme doit être portée à une plus complète expression ; ainsi de suite, le travail se poursuit, le progrès s'effectuant de point en point, jusqu'à atteindre le haut de l'échelle.

On peut noter ici que toute cette exégèse sur le mental et sur la nécessaire construction d'un pont n'est que la démonstration pratique de la vérité de l'aphorisme occulte qui dit "avant que l'homme ne puisse fouler le Sentier, il doit devenir ce Sentier même." L'antahkarana est symboliquement le Sentier. C'est l'un des paradoxes de la science ésotérique. Pas à pas, degré par degré, nous construisons ce Sentier, comme l'araignée tisse sa toile. C'est cette "voie de retour" que nous tirons de nous-mêmes ; c'est cette voie aussi que nous découvrons et empruntons.

Réponses à quelques questions

Je vais maintenant tenter de traiter quelque peu trois questions sur l'éducation, posées par un étudiant. Je ne peux indiquer que l'idéal et, ce faisant, je cours le risque de donner l'impression d'être si visionnaire que toute manière d'aborder la question dans le système actuel pourra sembler impossible.

En réponse à la première question, je dirais que la fonction primordiale de tout éducateur est double.

1. Entraîner le cerveau à répondre intelligemment aux impressions arrivant via l'appareil sensoriel, et apportant donc des renseignements sur le monde extérieur tangible.

2. Entraîner le mental afin qu'il puisse remplir trois devoirs.

a. Traiter intelligemment des informations qui lui sont relayées par le cerveau. [8]

b. Créer des formes-pensées en réponse aux impulsions émanant du plan physique ; aux réactions émotionnelles, provoquées par la nature de désir et de sentiments ; au monde de la pensée où se trouve l'entourage de l'homme.

c. Orienter le mental vers le soi subjectif spirituel, afin que le soi, partant d'un état potentiel, puisse devenir le gouvernement actif.

En formulant la fonction de l'appareil auquel tous les éducateurs ont affaire (le mental et le cerveau), j'ai répondu à la deuxième question posée qui était :

"Existe-t-il des types précis d'activités, changeant avec les années, basées sur les phases du processus de croissance de l'individu, et contribuant à son meilleur développement sur tous les points ?"

Je diffère quelque peu d'instructeurs occultistes tels que Steiner, en ce qui concerne les périodes indiquées, car, bien que les cycles de sept ans aient leur place, cette division à tendance à être appliquée trop systématiquement. Je suggère aussi des cycles de développement de dix ans, divisés en deux parties : sept ans pour apprendre, et trois ans d'application.

Au cours des dix premières années de l'enfant, on lui enseigne comment utiliser intelligemment l'information que son cerveau reçoit par les cinq sens. L'accent doit être mis sur l'observation, la réaction rapide et la coordination physique résultant de l'intention. On doit apprendre à l'enfant à voir, à entendre, à prendre des contacts et à utiliser son jugement ; ses doigts doivent alors répondre aux impulsions créatrices, tendant à produire ce qu'il voit et entend. C'est ainsi que sont établis les éléments des arts et des métiers, du dessin et de la musique.

Pendant les dix années suivantes, le mental est véritablement entraîné à prendre la place dominante. On apprend à l'enfant à raisonner ses impulsions émotionnelles, et ses désirs impulsifs, à discerner entre le bien et le mal, le désirable et l'indésirable, l'essentiel et le non-essentiel. On peut lui apprendre ceci par le moyen de [9] l'histoire et par l'instruction intellectuelle que son cycle de vie rend obligatoire, selon les lois du pays où il vit. On établit ainsi un sens des valeurs et de la juste mesure. On lui apprend la différence entre l'entraînement de la mémoire et la pensée ; entre l'ensemble des faits, vérifiés par les penseurs et présentés dans les livres, et leur application aux événements de l'existence objective. On y ajoute (voici une pensée réellement importante) leur cause subjective et leur relation avec le monde des réalités dont le monde phénoménal n'est que le symbole.

À l'âge de dix-sept ans, l'étude de la psychologie sera ajoutée au reste du programme, et la nature de l'âme sera sérieusement examinée ainsi que ses relations avec l'Âme du Monde. La méditation, faite dans le sens qui convient, fera partie du programme. Cependant, notons que les implications religieuses de la méditation sont inutiles. La méditation est le processus selon lequel les tendances objectives et les impulsions vers l'extérieur du mental sont contrecarrées, celui-ci commençant à devenir subjectif, à se centrer et à percevoir l'intuition. Ceci peut être enseigné par la méthode de la pensée profonde sur n'importe quel sujet, les mathématiques, la biologie, etc.

La tendance de l'éducation nouvelle devrait être de faire, du sujet de l'expérience éducative, le possesseur conscient de ses facultés ; il devrait être placé devant la vie, avec l'œil clair et des portes ouvertes devant lui, pour pénétrer dans le monde des phénomènes objectifs et des relations. Il devrait avoir acquis la connaissance d'une porte conduisant au monde de la Réalité, par laquelle il peut passer à volonté, et là, assumer et développer sa relation avec d'autres âmes.

Il est presque impossible de répondre à cette seconde question, ayant trait au genre d'expérience qui aiderait l'enfant à parfaire son développement et à compléter le programme obligatoire de l’état ou il vit, vu les différences considérables existant entre les êtres humains, vu aussi l'impossibilité pratique de trouver des professeurs travaillant sur le plan de l'âme ainsi que sur celui du mental. [10]

On devrait étudier le cas de chaque enfant dans trois directions. Premièrement, s'assurer de la tendance naturelle de ses impulsions ; vont-elles vers l'expression physique, le travail manuel qui inclurait un vaste éventail de possibilités, allant de celle d'ouvrier d'usine à celle d'électricien qualifié ? Y a- t-il une capacité latente pour l'un ou l'autre des arts, une réaction à la couleur et à la forme, ou une réceptivité à la musique et au rythme ? Le calibre intellectuel justifie-t-il un véritable entraînement mental à l'analyse, à la déduction, aux mathématiques ou à la logique ? Ainsi, peut-être, à mesure que la vie se poursuivra, nos jeunes gens seront-ils classés en deux groupes : le groupe des mystiques, où l'on rassemblerait ceux qui ont des tendances religieuses, artistiques, et moins de sens pratique ; et le groupe des occultistes qui inclurait les types mentaux, scientifiques et intellectuels. L'instruction donnée devrait permettre à l'enfant, lorsqu'il atteint dix-sept ans, de faire résonner clairement sa note ; elle devrait avoir indiqué le schéma que suivraient très probablement ses impulsions vitales. Pendant les quatorze premières années, l'occasion devrait être donnée d'expérimenter dans de nombreux domaines de possibilités. On ne devrait insister sur l'instruction ayant trait à la seule vocation que dans les dernières années du processus d'éducation.

Le temps est proche où les enfants seront examinés dans les domaines suivants :

1. Astrologique, pour déterminer les tendances de la vie et le problème particulier de l'âme.

2. Psychologique, en complétant la meilleure psychologie moderne par la connaissance des types des Sept Rayons qui caractérise la psychologie orientale (voir pages anglaises 18-23).

3. Médical, avec une attention spéciale au système endocrinien, à laquelle s'ajouteront les méthodes habituelles relatives aux déficiences physiologiques concernant les yeux, les dents ou d'autres points. La nature de l'appareil réceptif sera soigneusement étudiée et développée.

4. De la vocation, afin de les placer plus tard dans la vie, là où leurs dons et leurs capacités pourront trouver la plus complète [11] expression, et leur permettront de remplir leurs obligations de groupe.

5. Spirituel, par cela, je veux dire que l'âge apparent de l'âme en question sera étudié, et la place sur l'échelle de l'évolution notée approximativement ; les tendances mystiques et introspectives seront examinées, leur absence apparente notée.

On étudiera soigneusement la coordination entre :

a. le cerveau et l'appareil réceptif, dans le monde extérieur des phénomènes,

b. le cerveau et les impulsions du désir, plus les réactions émotionnelles, c. le cerveau, le mental et le monde de la pensée,

d. le cerveau, le mental et l'âme, afin de rendre actifs tous les moyens de l'enfant, latents ou développés, et de les unifier en un tout.

La troisième question est la suivante :

"Quel est le processus du développement de l'intellect chez l'homme ? Comment le mental supérieur se manifeste-t-il, si toutefois il se manifeste, au cours des années de croissance ?"

Il n'est pas possible, dans le peu de temps dont nous disposons, de traiter ici l'histoire du progrès du développement mental. Une étude de sa croissance raciale révélera beaucoup de choses, car chaque enfant est un épitomé de l'ensemble. Une étude, par exemple, de la croissance de l'idée de Dieu dans la conscience humaine se révélerait être une illustration profitable du phénomène du développement de la pensée. En se basant sur le processus du développement chez l’être humain, une succession des phases de la croissance pourrait être énumérée brièvement et très imparfaitement comme suit:

1. Réceptivité à l'impact, éveil des sens chez le nourrisson. Il commence à entendre et à voir.

2. Réceptivité à la possession et à l'acquisition. L'enfant commence à s'approprier les objets, devient soi-conscient et saisit pour le soi personnel. [12]

3. Réceptivité à l'instinct gouvernant la nature animale et de désir, ainsi qu'aux tendances humaines.

4. Réceptivité au groupe. L'enfant prend conscience de son entourage et se rend compte qu'il est partie intégrante d'un tout.

5. Réceptivité à la connaissance. Ceci commence par la communication de faits d'information qui conduit à l'enregistrement de ces faits par la mémoire. C'est ainsi que se développent l'intérêt, la corrélation, la synthèse et l'application aux exigences de la vie.

6. Réceptivité au besoin inné de recherche. Ceci conduit à l'expérimentation sur le plan physique, à l'introspection sur le plan émotionnel et à l'étude intellectuelle, ainsi qu'à un amour de la lecture ou à un goût d'écouter, ce qui met le mental en état d'activité.

7. Réceptivité à la pression sexuelle et économique ou à la loi de survie.

Ceci l'oblige à utiliser les moyens qu'il possède et sa connaissance ; il prend ainsi sa place en tant que facteur dans la vie de groupe, et il contribue au bien du groupe par quelque aspect de travail actif et par la perpétuation de l'espèce.

8. Réceptivité à la conscience intellectuelle pure. Ceci conduit à un emploi libre et conscient du mental, à la pensée individuelle, à la création de formes-pensées et, en fin de compte, à une ferme orientation du mental vers un domaine de réalisation et de conscience toujours plus vaste. Ces expansions de conscience apportent finalement un nouveau facteur dans le champ de l'expérience.

9. Réceptivité au Penseur ou âme. Lorsqu'il enregistre cette réponse, l'homme pénètre dans son règne. Ce qui est en haut et ce qui est en bas ne font plus qu'un. Le monde objectif et le monde subjectif sont unifiés. L'âme et son mécanisme fonctionnent comme une unité.

C'est vers cette consommation que toute éducation devrait tendre. Pratiquement, si l'on excepte les âmes rares et hautement évoluées, le [13] mental supérieur ne se manifeste pas chez les enfants, pas plus qu'il ne se manifestait dans l'enfance de l'humanité. Il ne peut vraiment se faire sentir que lorsque l'âme, le mental et le cerveau sont alignés et coordonnés. Les éclairs de pénétration et de vision que l'on observe chez les enfants sont fréquemment la réaction de leur appareil réceptif très sensible aux idées de groupe, et aux pensées dominantes de leur temps, de leur ère, ou encore à celles de quelqu'un de leur entourage.

Permettez-moi, maintenant, de traiter brièvement des points soulevés quant à l'attitude de l'instructeur, en particulier, vis-à-vis des aspirants adultes.

Le véritable instructeur doit traiter tous ceux qui cherchent avec vérité et sincérité. Son temps (dans la mesure où il est soumis à l'équation temps sur le plan physique), est trop précieux pour qu'il le gaspille en politesse sociale, ou en efforts pour s'abstenir de commentaires critiques, quand ceux-ci rendraient service. Il doit se reposer entièrement sur la sincérité de ceux qu'il instruit.

Néanmoins, la critique et la mise en évidence de défauts ou d'erreurs ne se révèlent pas toujours avantageuses ; elles peuvent accroître la responsabilité, susciter l'antagonisme ou l'incrédulité, ou encore causer la dépression, trois conséquences des plus indésirables de l'emploi de la faculté critique.

En stimulant son intérêt, en réalisant une synthèse subjective et en attisant la flamme de son inspiration spirituelle, le groupe peut arriver à un juste discernement quant à ses nécessités et qualités conjointes, et rendre ainsi inutile l'attitude ordinaire de l'instructeur, consistant à relever les fautes.

Ceux qui sont sur le rayon de l'enseignement apprendront à enseigner en enseignant. Il n'y a pas de méthode plus sûre pourvu qu'elle s'accompagne d'un amour profond, personnel et en même temps impersonnel, vis-à-vis de ceux que l'on instruit. Par-dessus tout, je vous demande expressément d'inculquer l'esprit de groupe, car c'est la première expression de l'amour vrai. Je souhaite aborder deux points seulement.

Tout d'abord, lorsqu'on enseigne à des enfants en dessous de quatorze ans, il est nécessaire de se souvenir qu'ils sont focalisés émotionnellement. Ils ont besoin de sentir, et de sentir avec justesse la beauté, la force et la sagesse. Il ne faut pas s'attendre à ce qu'ils raisonnent avant cet âge-là, même s'ils s'en montrent capables. Après quatorze ans et pendant l'adolescence, leur réaction mentale à la vérité devrait être mise à jour, et c'est sur elle qu'il faudra compter pour [14] résoudre les problèmes présentés. Même si cette réaction n'existe pas, il faut faire un effort pour la susciter.

Deuxièmement, il faut tenter de situer approximativement l'enfant sur l'échelle de l'évolution, en étudiant son milieu, ses moyens physiques, la nature de son appareil réceptif avec ses nombreuses réactions et ses intérêts majeurs. Cette enquête établit un rapport subjectif avec l'enfant, qui est beaucoup plus puissant dans ses résultats que ne le seraient des mois et des mois de paroles employées vigoureusement à communiquer une idée.

Théorie, Méthodes et Buts

Tout ce que j'ai à dire ici fait toujours partie des remarques préliminaires. Gardez ceci à l'esprit, je vous en prie. J'ai à cœur, néanmoins, de poser des fondements solides pour nos futures discussions sur la construction de l'antahkarana, afin que nous puissions travailler intelligemment et sans qu'intervienne la critique. Il est essentiel qu'en commençant notre travail nous le basions sur ce qui existe aujourd'hui. La nature fonctionne sans lacunes, et il en est ainsi, même lorsqu'il existe (du point de vue de la science académique) un écart apparent entre les faits et les espèces connues. Pendant les périodes de transition, certaines formes intermédiaires ont disparu et ce manque semble être une lacune. Mais, en fait, il n'en est rien. Nous n'avons pas encore découvert tout ce qui est à découvrir dans le monde de l'apparence phénoménale. Nous traversons actuellement l'une des grandes périodes naturelles transitoires. Nous posons les bases en vue de l'apparition d'une nouvelle espèce d'être humain – un être plus hautement évolué au sein de la famille humaine – d'où une grande partie de notre problème, et une grande partie de notre échec à satisfaire les demandes de la race et à être à la hauteur du [15] besoin humain de développement.

Nous avons, dans le monde, une théorie générale de l'éducation et certaines méthodes de base universellement selon les employées. Selon les pays, l'application des méthodes varie beaucoup et les systèmes diffèrent considérablement. Néanmoins, tous enseignent les mêmes données fondamentales ; dans chaque pays, ils enseignent aux enfants, à lire, à écrire et par l'enseignement de l'arithmétique élémentaire à une passable aptitude à se servir des chiffres. Ces trois données sont curieusement symboliques de tout le développement évolutionnaire de la race.

La lecture consiste à revêtir les idées d'une forme et s'apparente au premier pas du processus créateur, où la Divinité, gouvernée et poussée par une idée (incarnant le dessein et le plan de Dieu), a converti cette idée en la substance désirée, et l'a revêtue de l'apparence extérieure nécessaire. L'écriture symbolise la méthode par laquelle le processus est poursuivi mais elle est naturellement beaucoup plus personnelle dans ses implications. La lecture consiste essentiellement à comprendre une idée qui est "revêtue» exprimée, tandis que l'écriture, assez curieusement, concerne la relation personnelle consciente de l'individu avec les idées ; l'emploi qu'il fait des mots utilisés en écrivant donne la mesure de ce qu'il peut saisir des idées universelles. L'arithmétique (avec la faculté d'ajouter, de soustraire et de multiplier) est aussi liée au processus créateur et concerne la production, sur le plan physique, des formes qui représenteront l'idée de manière adéquate, et l'amèneront à se manifester.

On pourrait envisager la vision comme concernant les niveaux supérieurs du plan mental, où l'idée peut être sentie et vue. L'écriture a une relation plus précise avec les niveaux concrets du plan mental et avec l'aptitude de l'homme à faire passer et à exprimer les idées visualisées dans une forme qui lui soit propre. L'arithmétique a une nette relation avec les aspects ultérieurs du processus et avec l'apparition de l'idée sur le plan physique, sous quelque forme [16] corrélative. La vision de la forme-pensée est un processus qui doit être suivi de l'appropriation, par l'idée, d'autant d'énergie qu'il en faudra pour la rendre effective ou "apparente" (en termes ésotériques). Le symbolisme de l'arithmétique est l'expression de tout cela.

Sous un angle différent, l'homme lit sa destinée dans les cieux et inscrit cette destinée dans sa vie terrestre. Il réduit, qu'il le sache ou non, l'idée de son âme à une forme nécessaire et appropriée, de sorte que chaque vie ajoute, soustrait et multiplie, jusqu'à ce que la totalité de l'expérience de chaque âme soit atteinte. Donc, symboliquement, les trois idées de base sont contenues dans l'éducation élémentaire, bien que leur véritable sens soit séparé de la réalité et que la juste signification soit complètement perdue. Néanmoins, tout ce qui émerge lentement et réellement par le moyen de l'éducation mondiale est, bien qu’ignorée construit sur cette charpente. Aujourd'hui, le monde de l'éducation se trouve placé devant la nécessité fondamentale de relier le processus de développement du mental humain au monde des causes et non au monde des phénomènes objectifs. Tant que le but de l'éducation ne sera pas d'orienter l'homme vers le monde intérieur des réalités, l'accent continuera à être mal placé, comme au temps présent. Tant que nous n'arriverons pas, dans nos objectifs d'éducation, à faire un lien entre les trois aspects inférieurs de l'homme et l'âme (pont qui doit être construit sur les niveaux mentaux de la conscience), nous progresserons peu dans la bonne direction, et toutes les activités intérimaires seront inadaptées aux besoins modernes. Tant que le fait du mental supérieur ne sera pas reconnu, et tant que le rôle que devrait jouer le mental inférieur concret, comme serviteur du mental supérieur, ne sera pas reconnu lui non plus, nous constaterons un développement excessif de la faculté de matérialisation concrète – avec son aptitude à apprendre par cœur, à relier les faits et à produire ce qui satisfera le désir inférieur de l'homme – mais nous n'aurons pas une humanité qui pourra vraiment penser. Jusqu'ici, le mental reflète l'être inférieur de désir, et n'essaie pas de connaître l'être supérieur. [17]

Quand la méthode correcte d'instruction sera instaurée, le mental sera développé afin de devenir un réflecteur ou agent de l'âme, tellement sensibilisé au monde des vraies valeurs que la nature inférieure – émotionnelle, mentale, physique ou vitale – deviendra simplement un serviteur automatique de l'âme. L'âme fonctionnera alors sur terre par le moyen du mental, gouvernant ainsi son instrument, le mental inférieur. En même temps, néanmoins, le mental continuera à enregistrer et à refléter toute l'information qui lui arrive du monde des sens, du corps émotionnel, et il enregistrera aussi les pensées et les idées courantes de son entourage. Actuellement, c'est hélas vrai, le mental entraîné est considéré comme la plus haute expression dont l'humanité soit capable. L'homme est envisagé entièrement comme une personnalité, et l'on néglige complètement la possibilité qu'il existe quelque chose pouvant employer le mental, comme le mental, à son tour, emploie le cerveau physique.

L'une des choses que nous nous efforcerons de faire, lorsque nous étudierons ensemble, sera de saisir la relation du monde des causes au monde de l'expression ; nous essaierons d'étudier la technique par laquelle la conscience intégrée de l'être humain intelligent peut pénétrer et comprendre le monde de qualité qui s'exprime par le monde des causes.

Certains mots vont revenir constamment lorsque nous travaillerons et étudierons ensemble ; des mots tels que signification, qualité, valeur, qui tous se révèlent dans leur signification spirituelle vitale, lorsque l'homme apprend à saisir le fait des réalités supérieures et opère la jonction entre sa conscience inférieure et sa conscience supérieure malgré ce qui les sépare. Nous éclaircirons aussi la signification de l'activité créatrice et la juste compréhension de ce que nous appelons génie, de sorte que le travail créateur ne sera plus considéré comme unique et se manifestant sporadiquement, comme c'est le cas actuellement, mais il deviendra l'objet de l'attention entraînée et prendra sa place normale dans le développement de l'homme. On pourrait ajouter ici que l'activité créatrice, dans le domaine de l'art, devient possible quand cette énergie de jonction peut [18] fonctionner chez l'homme, étalâmes commencer à agir, se manifestant par son aspect inférieur, le troisième. Un travail créateur peut être exécuté quand deux des "pétales de connaissance" du lotus égoïque sont déployés. L'homme peut produire, par la connaissance et l'activité créatrice, quelque chose sur le plan physique, qui exprimera le pouvoir de création de l'âme. Quand deux des "pétales d'amour" sont aussi déployés, alors un génie apparaît. Ceci est un renseignement technique destiné aux étudiants de la science de la Sagesse Immémoriale, mais il est sans valeur pour ceux qui ne reconnaissent pas le symbolisme, ni le fait de l'égo supérieur ou âme.

Il pourrait être utile ici d'éclaircir l'emploi que je fais du terme "égo supérieur". Comme vous le savez si vous avez lu le Traité sur les Sept Rayons, Vol. I et II (Psychologie ésotérique), l'âme est un aspect de l'énergie divine dans le temps et l'espace. Il nous est dit que le Logos Solaire délimita, pour Son usage et pour répondre à Son désir, une certaine quantité de la substance de l'espace, et l'informa de Sa vie et de Sa conscience. Cela, Il le fit en vue de Ses desseins généreux, et en conformité avec l'intention et le plan qu'il avait tirés de lui-même. Ainsi, Il s'imposa à lui-même certaines limites. La monade humaine adopta la même méthode et – dans le temps et l'espace – se limita de manière similaire. Sur le plan physique et dans le corps physique, cette entité phénoménale et éphémère gouverne son apparence phénoménale, au moyen des aspects de vie et de conscience. En ce qui concerne la forme de l'unité humaine actuelle, le principe de vie – le flot d'énergie divine qui parcourt toutes les formes – a temporairement son siège dans le cœur, tandis que le principe de conscience, l'âme de toute chose, est située dans le cerveau. Vous savez aussi que le principe de vie gouverne ce mécanisme par le moyen du courant sanguin, car "le sang c'est la vie", et utilise le cœur comme organe central, tandis que l'instrument du principe de conscience est le système nerveux, avec les [19] extensions complexes de l'organe de la sensibilité, la moelle épinière.

L'objectif de l'éducation devrait donc être de répondre à la vie de l'âme. Le Soi supérieur ou Âme est la totalité de la conscience de la Monade, je le répète, dans le temps et l'espace. Le soi inférieur ou âme est, pour ce qui nous occupe, la partie maximum de cette totalité qu'une personne donnée, dans une vie donnée, puisse utiliser et exprimer. Cette activité dépend du type et de la qualité de la nature corporelle, mécanisme produit par l'activité de l'âme dans d'autres vies, et de l'effet de la réaction aux conditions environnantes. L'objectif de toute éducation est l'accroissement de la conscience de l'âme, l'approfondissement du flot de la conscience, le développement d'une continuité de conscience intérieure, et l'évocation des attributs et aspects de l'âme, sur le plan physique, par le moyen de son triple mécanisme.

Ces aspects sont, comme vous le savez :

1. La volonté du dessein. Ceci devrait être développé par l'éducation jusqu'au point où la vie manifestée est gouvernée par un dessein spirituel conscient, et où la tendance de la vie est correctement orientée vers la réalité.

La juste direction de la volonté devrait être un des soucis majeurs de tous les vrais éducateurs. La volonté-de-bien, la volonté-de-beauté et la volonté-de-servir doivent être cultivées.

2. L'Amour-Sagesse. Ceci est essentiellement le développement de la conscience du tout. Nous l'appelons conscience de groupe. Son premier développement est la conscience de soi-même qui est la compréhension par l'âme (dans les trois mondes de l'évolution humaine) que l'homme est Trois en Un, et Un en Trois. Il peut donc réagir aux groupes de vies associés qui constituent sa propre et minuscule apparence phénoménale ; la soi-conscience est donc un stade sur la voie [20] de la conscience de groupe, et c'est la conscience de l'Immédiat.

Par l'éducation, cette soi-conscience doit être développée jusqu'à ce que l'homme s'aperçoive que sa conscience fait partie intégrante d'un plus grand tout. Il s'unit alors avec les objectifs, les activités, les intérêts du groupe. En fin de compte, ils deviennent les siens, et l'homme acquiert la conscience de groupe. Cela est l'amour. Cela conduit à la sagesse, qui est l'amour en activité manifestée. L'intérêt de soi devient l'intérêt du groupe. Tel devrait être l'objectif majeur de tout véritable effort d'éducation. L'amour de soi (conscience de soi), l'amour de ceux qui nous entourent (conscience de groupe), deviennent finalement l'amour du tout (conscience de Dieu). Telles en sont les étapes.

3. L'Intelligence active. Ceci concerne le développement de la nature créatrice de l'homme spirituel, conscient. Il s'effectue par l'emploi correct du mental, avec sa faculté de recevoir des idées par intuition, de répondre à l'impact, d'interpréter, d'analyser et de construire des formes pour la révélation. Ainsi, l'âme de l'homme crée. Ce processus créateur peut être décrit de la façon suivante, quant à ses stades :

a. L'âme crée son corps physique, son apparence phénoménale, sa forme extérieure.

b. L'âme crée, dans le temps et l'espace, selon ses désirs. De cette manière, apparaît le monde secondaire des choses phénoménales et notre civilisation moderne est le résultat de cette activité créatrice de la nature de désir de l'âme, limitée par la forme. Réfléchissez à ceci.

c. L'âme crée par le moyen direct du mental inférieur, d'où l'apparition du monde des symboles qui remplissent notre vie d'intérêts, de concepts, d'idées et de beauté par le truchement du mot écrit, de la parole et des arts créateurs. Ce [21] sont les résultats de la réflexion des penseurs.

La juste direction de cette tendance déjà développée est le but de toute éducation véritable. La nature des idées, la manière d'en recevoir l'intuition, les lois qui devraient gouverner tout travail créateur sont ses buts et ses objectifs. Nous en arrivons ainsi au monde des attributs qui complètent l'activité des trois aspects, comme les trois rayons majeurs sont aidés et rehaussés par le travail des quatre rayons mineurs. Ces quatre développements d'attributs, dus à l'activité de l'âme en manifestation sont chez l'homme :

4. L'attribut de l'harmonie, réalisée par le conflit. Ceci conduit à la libération et, en fin de compte, au pouvoir de créer. C'est l'un des attributs dont devrait traiter l'éducation, sous l'angle de l'intuition ; elle devrait le proposer à ses représentants comme objectif de la personnalité et du groupe. C'est l'attribut latent dans toutes les formes. C'est l'impulsion ou l'insatisfaction innée qui conduit l'homme à lutter, à progresser, à évoluer, en vue de réaliser finalement l'unification et l'union avec son âme. C'est l'aspect inférieur de cette triade supérieure, spirituelle et monadique, qui se reflète dans l'âme. C'est la conscience de l'harmonie et de la beauté, qui pousse l'homme sur le sentier de l'évolution, vers un retour à sa Source d'émanation.

L'éducation doit donc utiliser cette insatisfaction et l'expliquer à ceux qui reçoivent l'enseignement, pour qu'ils puissent se comprendre eux- mêmes et travailler intelligemment.

5. L'attribut de la connaissance concrète grâce auquel l'homme peut concrétiser ses concepts et, ainsi, construire des formes-pensées par l'intermédiaire desquelles il matérialisera ses visions et ses rêves, et donnera vie à ses idées par l'activité [22] du mental intérieur concret. Le véritable travail de l'éducation est d'entraîner l'homme intérieur à un juste discernement et à une vraie sensibilité quant à la vision afin qu'il puisse construire en conformité avec le dessein de son âme et produire sur terre ce qui sera sa contribution au tout. C'est exactement là que le travail de l'éducation moderne doit commencer. L'homme ne peut pas encore travailler avec intelligence dans le monde des idées et des modèles ; il n'est pas encore sensible aux vraies valeurs spirituelles. Cela, c'est le but du disciple, bien que les masses ne puissent pas encore fonctionner sur ces niveaux. La première chose à faire est d'entraîner l'enfant à utiliser correctement la faculté de discernement, le pouvoir de choix et de dessein dirigé. On doit l'amener à une compréhension plus vraie du dessein sous-jacent au fait "d'être" et le conduire à agir avec sagesse dans le champ de l'activité créatrice, ce qui signifie, en dernière analyse, utiliser de façon correcte la "substance mentale", la chitta de Patanjali. C'est ainsi, et seulement ainsi, qu'il peut être libéré de la domination de sa nature intérieure.

6. L'attribut de la dévotion est le suivant à examiner. La dévotion est le fruit de l'insatisfaction, à laquelle s'ajoute l'usage de la faculté de choisir. Selon la profondeur de son mécontentement et selon son aptitude à voir clair, l'homme passe d'un état de satisfaction temporaire à un autre, manifestant à chaque fois sa dévotion à un désir, à une personnalité, à un idéal, à une vision, jusqu'à ce que finalement il s'unifie avec l'idéal le plus élevé possible pour l'homme. C'est tout d'abord l'âme, puis la Sur-âme ou Dieu.

Il s'offre donc aux éducateurs l'occasion d'agir intelligemment vis-à- vis de cet idéal inné, existant chez tout enfant. Ils ont pour tâche intéressante de conduire les jeunes d'un but déjà atteint à un autre. Mais cela, dans l'avenir, ils devront le faire en conformité avec [23] l'objectif ultime de l'âme et non, comme dans le passé, selon une norme particulière d'éducation nationale. Ceci est un point important, car il marquera le transfert de l'attention du non-essentiel à l'essentiel.

7. Finalement, l'attribut de l'ordre et l'imposition d'un rythme établi par le développement de la faculté innée de fonctionner selon un dessein et un rituel dirigés. Cet attribut particulier de la divinité est maintenant hautement développé sous un de ses aspects, de sorte que nous avons aujourd'hui une grande standardisation de l'humanité, et l'imposition autocratique au public d'un rythme ritualiste dans un grand nombre de pays. Comme on peut l'observer, cela atteint la perfection dans les écoles publiques, mais c'est une perfection indésirable. C'est dû partiellement à la reconnaissance que l'unité, ou l'individu, n'est qu'une partie d'un plus grand tout (reconnaissance très nécessaire) et une partie du développement évolutionnaire de la race. Néanmoins, vu notre application erronée de toute vérité nouvelle, cela correspond encore à submerger l'individu dans le groupe, lui laissant peu de possibilités d'exercer librement sa volonté, son intelligence, le dessein et la technique de l'âme. Les éducateurs auront à s'occuper de ce principe d'attribut inné et de l'instinct du rythme ordonné, rendant ce dernier plus créativement constructif, et par lui de fournir un champ de développement aux pouvoirs de l'âme.

J'ai poussé la digression jusque-là pour instiller certaines idées de base qui devraient être sous-jacentes aux tendances de l'éducation. Ces pensées, avec celles que j'ai déjà données, constituent une liste des objectifs proposés aux éducateurs avertis et que vous auriez avantage à examiner. Précédemment, j'ai suggéré le but. Maintenant, je relie ce but aux possibilités, car je viens de parler des [24] moyens (aspects et attributs) que l'on rencontre, à un quelconque stade de développement, chez tout être humain. C'est à partir de ces traits et instincts cachés que les éducateurs de l'avenir doivent travailler. Ils ne doivent pas agir, comme aujourd'hui sur l'appareil cérébral et sur les aspects inférieurs du mental ; ils ne doivent pas non plus insister sur l'effort fait pour imprimer au cerveau et au mental les prétendus faits du processus évolutionnaire et de la recherche du plan physique.

Les remarques ci-dessus vous indiquent que le véritable éducateur devrait travailler avec les énergies, dans un monde d'énergie ; que ces énergies sont colorées et qualifiées par des attributs divins distincts ; que chaque être humain peut donc être considéré comme un agrégat d'énergies, dominé par un type particulier d'énergie qui sert à le caractériser parmi ses frères, et les différences entre les êtres humains. S'il est vrai qu'il y a sept types majeurs d'énergie qualifiant toutes les formes, et qu'elles sont à leur tour divisées en quarante-neuf types d'énergie caractérisée, la complexité du problème apparaît clairement. S'il est vrai que toutes ces énergies caractéristiques jouent constamment sur l'énergie-substance (esprit-matière), produisant "les myriades de formes qui constituent la forme de Dieu" (Bhagavad Gita, XI), et s'il est vrai que chaque enfant est la représentation microcosmique (à quelque stade de son développement) du macrocosme, l'ampleur du problème devient évidente ; l'étendue du service qui nous est demandé fera appel aux pouvoirs les plus élevés qu'un être humain puisse exprimer, à un moment donné dans le temps et l'espace.

Vous noterez que ces mots "temps et espace" sont revenus constamment au cours de cette instruction? Pour quelle raison ? Il faut se souvenir constamment que nous vivons dans le monde de l'illusion, une illusion temporaire et éphémère qui, un jour, disparaîtra, emportant avec elle l'illusion de l'apparence, l'illusion du développement [25] évolutionnaire, l'illusion de la séparation et l'illusion de l'identité distincte, cette illusion qui nous fait dire "Je suis". L'éducateur de l'avenir commencera son service pour l'enfant par une reconnaissance de cette conception erronée de l'âme, conception éphémère et transitoire, et non par imposer, autant de connaissances organisées, relatives à l'existence phénoménale, que la mémoire de l'enfant pourra en absorber. Comment puis-je illustrer ce changement d'attitude sous la forme la plus simple ? Peut-être en signalant que, tandis qu'aujourd'hui les parents et ceux qui s'occupent de l'enfant passent beaucoup de leur temps à répondre aux questions posées par l'enfant dont la conscience s'éveille, ou à les éviter, dans l'avenir, la situation sera renversée. Les parents répondront sans cesse aux questions posées par l'intelligence naissante de l'enfant, en demandant toujours à l'enfant : Pourquoi ? Pourquoi demander cela ? Pourquoi est-ce ainsi ? Ils rejetteront constamment sur l'enfant la responsabilité de répondre aux questions, tout en laissant, néanmoins, tomber subtilement la solution dans le mental de l'enfant.

Ce processus commencera dans la cinquième année de la vie de l'enfant ; l'éducateur obligera constamment l'intelligence qui cherche (l'enfant lui-même) à prendre une position de recherche intérieure, et non de demande extérieure d'une réponse pouvant être enregistrée par la mémoire et reposant sur l'autorité de l'adulte. Si cela vous semble encore impossible, rappelez-vous que les enfants qui seront venus en incarnation après la période de stimulation accrue, entre 1935 et 1942, répondront normalement et naturellement à cette évocation de l'élément du mental.

L'une des fonctions majeures de ceux qui entraînent le mental des enfants sera de déterminer, le plus tôt possible dans la vie, laquelle des sept énergies est déterminantes dans chaque cas. La technique, qui sera appliquée plus tard, sera alors construite sur cette importante décision initiale, d'où, répétons- le la responsabilité croissante de [26] l'éducateur. La note et la qualité de l'enfant seront déterminées de bonne heure et tous les plans en vue de son instruction découleront de cette connaissance de base. Ceci n'est pas encore possible, mais le sera bientôt, quand on pourra découvrir scientifiquement la qualité et la nature de tout corps éthérique individuel. Cet événement n'est pas aussi lointain qu’on pourrait s'y attendre ou le supposer.

Je n'ai pas l'intention de traiter des détails de ce processus, ou de m'étendre sur les méthodes selon lesquelles les enfants pourront être instruits. Notre objectif est de traiter de la nécessité plus universelle et plus immédiate de jeter un pont sur l'ouverture séparant les différents aspects du soi inférieur, afin de faire apparaître une personnalité intégrée. Notre objectif est ensuite de jeter un pont sur l'ouverture séparant l'âme de la triade spirituelle, afin de parvenir à un libre jeu de la conscience et à une identification complète avec la Vie Une, ce qui conduit à la disparition du sentiment de séparativité et à la fusion de la partie dans le Tout, sans perte d'identité, mais sans reconnaissance d'une identification personnelle.

Voici un point intéressant qui devrait être noté soigneusement. Il détient la clé du développement futur de la race. La nouvelle science de la psychologie, qui a progressé si remarquablement pendant les trente dernières années, nous y prépare. Les étudiants devraient s'entraîner à distinguer entre le sutratma et l'antahkarana, entre le fil de vie et le fil de conscience. L'un des fils est la base de l'immortalité et l'autre, la base de la continuité. Il y a là une subtile distinction pour le chercheur. L'un des fils (le sutratma) relie et vivifie toutes les formes en un tout qui fonctionne, et incarne la volonté et le dessein de l'entité qui s'exprime, qu'il s'agisse d'un homme, de Dieu, ou d'un cristal. L'autre fil (l'antahkarana) incarne la réponse de la conscience, au sein de la forme, vers un champ toujours plus vaste de contacts à l'intérieur du tout environnant.

Le sutratma est le courant direct de vie, ininterrompu et immuable, que l'on peut envisager, symboliquement, comme le flot direct d'énergie vivante s'écoulant du centre vers la périphérie, de la [27] source vers l'expression extérieure, ou apparence phénoménale. C'est la vie. Il produit le processus individuel et le développement évolutif de toutes les formes. C'est donc le sentier de la vie qui va de la monade à la personnalité, via l'âme. C'est le fil égoïque qui est un et indivisible. Il transmet l'énergie de la vie et s'ancre finalement dans le centre du cœur humain, et dans quelque point focal central au sein de toutes les formes d'expression divine. Rien n'existe et rien ne demeure que la vie.