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CHAPITRE IV LA CULTURE DE L’INDIVIDU- Partie 1

CHAPITRE IV

LA CULTURE DE L'INDIVIDU

La culture de l'individu sera abordée sous trois angles, chacun contribuant à un ensemble consistant à faire de l'individu un citoyen intelligent dans les deux mondes (le monde de l'existence objective et le monde intérieur des causes), un père (ou une mère) plein de sagesse, une personnalité se maîtrisant et se dirigeant. Nous allons maintenant reprendre ces différents points.

Je ne suis pas entré dans le détail de l'enseignement de l'Âge du Verseau, et je n'ai pas traité des systèmes d'éducation de cette époque. Cela ne vous servirait à rien, et je ne peux pas aider véritablement votre pensée en vous transportant, d'un bond de deux cents ans, dans une civilisation et une culture, dont on ne voit jusqu'ici que de très faibles indications. Il est plus intéressant que je mette l'accent sur les idées qui se font jour et qui gouverneront les futures méthodes de la prochaine génération ; elles feront traverser au monde la période de transition la plus difficile qu'il ait jamais connue.

Certains idéaux de base, se dégageant des idéologies contemporaines, commencent à avoir un impact sur la conscience publique. Ces idéaux eux- mêmes sont essentiellement des réactions humaines aux idées divines ; en conséquence, ils ne sont pas entièrement exempts d'erreur, et ils sont nécessairement colorés par la qualité des intellects qui les formulent ; ils sont inévitablement conditionnés par l'histoire du passé, par les traditions nationales et les tendances mentales de la race. Il existe, néanmoins entre eux, une curieuse uniformité, même lorsqu'ils sont exprimés par les partisans d'idéalismes très divergents. [100]

Afin de comprendre ces idées correctement, et de poser de saines bases, il serait utile d'étudier certaines de ces attitudes universelles et d'examiner ce qu'elles indiquent à la lumière des problèmes actuels du monde ; nous verrons aussi quelles indications nous pourrons en tirer quant au monde à venir.

La citoyenneté

On croit de plus en plus, parmi les citoyens de la plupart des nations, que la tâche majeure des systèmes d'éducation est de préparer l'enfant à être un citoyen. Par cela ils veulent dire qu'il incombe à l'État et aux contribuables d'instruire l'enfant afin qu'il devienne une partie intelligente et coopérative de ce tout organisé, appelé nation ; qu'une discipline doit lui être imposée afin qu'il ait son rôle à jouer dans l'État et puisse lui apporter sa contribution, il sera ainsi une valeur sociale tout en conservant une individualité distincte, subordonnée au groupe, dans la communauté où il est né et où il doit nécessairement gagner sa vie. Ils entendent que sa vie et ses intérêts individuels comptent moins que la vie collective ; que la leçon préliminaire à lui enseigner est qu'il est une unité dans un groupe actif d'unités semblables, chacune devant apporter sa quote-part au bien de tous.

Le germe initial de cette idée apparut (si étonnant que cela puisse paraître) quand la première école fut organisée, il y a des milliers d'années. Ces écoles étaient très petites, au début, n'éduquant qu'un petit nombre de favorisés, mais elles conduisaient progressivement (en général via les organisations religieuses) à l'éducation de masse et à l'instruction obligatoire qui distinguent les écoles d'État modernes, dont la tâche est de préparer des millions de jeunes à une citoyenneté intelligente, mais dirigée.

Aujourd'hui, dans les nations prétendues éclairées, on impose une certaine instruction aux masses ; les enfants de toutes les nations [101] apprennent à lire, à écrire, et les rudiments de l'arithmétique. On suppose qu'ils auront ainsi une idée générale des conditions mondiales – enseignées par la géographie, l'histoire et l'économie – qu'ils parviendront ainsi à une certaine reconnaissance, objective et naturelle, des processus et des raisons responsables de ce que sont les nations ; qu'ils auront ainsi pris conscience du tableau planétaire général. Les contours changeants de ce tableau engendrent aujourd'hui la flexibilité mentale chez l'enfant, ce qui, sous beaucoup de rapports, est nettement un avantage.

Dans la formation des citoyens, cependant, on a jusqu'ici insisté sur deux aspects. Le but de l'éducation a été de former l'enfant pour qu'il puisse, à sa maturité, subvenir à ses propres besoins, dans le monde prédateur de la vie moderne, gagner sa vie, devenir riche si possible, et indépendant des personnes chez qui son sort l'avait jeté. Dans tout ce processus d'instruction, on a mis l'accent sur lui-même en tant qu'individu, on s'intéressait à ce qu'il allait faire, à la manière dont il allait vivre, à ce qu'il pourrait tirer de la vie, à ce qu'il pourrait en faire et en obtenir.

Lorsque la tendance de l'école était religieuse (comme dans les écoles paroissiales de toutes sortes), on enseignait à l'enfant qu'il devait s'efforcer d'être bon, on lui faisait miroiter l'encouragement égoïste selon lequel, s'il y parvenait, il pourrait un jour aller au ciel, et y être heureux. Lorsque ces idées avaient été instillées chez l'enfant, quand la pression de l'organisation lui avait imposé le modèle ou moule désiré, quand il avait absorbé la quantité nécessaire d'informations sommaires sur l'humanité et ses réalisations, quand sa capacité de retenir les faits (historiques, scientifiques, religieux ou autres) avait été développée, on le lâchait dans le monde et dans sa communauté pour y réussir et s'établir, même si sa faculté de penser demeurait totalement non développée.

L'exposé ci-dessus, je le sais, est une généralisation. Il ne tient aucun compte des capacités innées et inhérentes de l'enfant, du point [102] de développement atteint par son âme, des facultés avec lesquelles il entre dans la vie, résultant de l'expérience de ses nombreuses vies antérieures. Il ne tient pas compte non plus de l'influence de nombreux enseignants, hautement évolués, consciencieux, de mentalité spirituelle qui ont – au cours des siècles – imprimé leur marque à leurs élèves, les orientant et les faisant progresser vers des choses meilleures. Je traite uniquement de l'aspect institutionnel des systèmes d'éducation, et de leur effet évident sur la jeunesse de toutes les nations soumise à ces systèmes. Les buts à atteindre, que les enseignants dans les établissements d'instruction se sont proposés, étaient étroits ; en conséquence, leur travail et leur enseignement ont produit une personne égoïste, d'esprit matérialiste, et dont l'objectif majeur était le progrès personnel, dans un sens matérialiste. Cela a été favorisé, de façon frappante, une ambition individuelle, conduisant l'enfant à agir volontairement dans le sens du but étroit et égoïste de l'instructeur. L'idéalisme de l'enfant (et quel enfant n'est pas un idéaliste né) a été lentement et régulièrement suffoqué par le poids du matérialisme de la machine éducative mondiale, par la mentalité égoïste du monde des affaires dans ses divers secteurs, et par l'accent mis sur la nécessité de "faire de l'argent".

Petit à petit, cet état de choses désastreux (qui a atteint son point culminant au début de ce siècle) a changé lentement de sorte que, dans beaucoup de pays aujourd'hui, on propose à l'enfant, dès ses premières années, le bien de l'État, de l'Empire, et le besoin de la Nation comme l'idéal le plus élevé possible. On lui enseigne qu'il doit servir l'État, l'Empire ou la Nation, avec le meilleur de lui-même. On inculque fermement à sa conscience que sa vie individuelle doit être subordonnée à la plus grande vie de l'État ou de la Nation, et qu'il est de son devoir de satisfaire aux nécessités nationales, même au prix de sa vie [103]. On lui enseigne qu'en cas de grande urgence, lui, en tant qu'individu, ne compte pas du tout, mais que le grand tout collectif dont il est une partie infime est le seul facteur qui compte. C'est un net pas en avant dans l'expansion de conscience que l'humanité doit réaliser.

Je voudrais vous rappeler ici que c'est l'expansion de conscience, ainsi qu'une sensibilité et une perception consciente accrues qui sont le but de tout effort divin ou hiérarchique. Le but n'est pas l'amélioration des conditions matérielles. Elles suivront automatiquement quand la perception consciente sera régulièrement développée. L'avenir de l'humanité est déterminé par son aspiration et son aptitude à répondre à l'idéalisme qui, aujourd'hui, inonde le monde.

Actuellement, on fait encore un autre pas en avant. Partout, en tous pays, on enseigne aux hommes dès l'enfance qu'ils ne sont pas seulement des individus, pas seulement les membres d'un état, empire ou nation, pas seulement des personnes avec un avenir individuel, mais les interprètes de certaines idéologies de groupe démocratique, totalitaire ou communiste. Ces idéologies, en dernière analyse, matérialisent les rêves et les visions. On enseigne à la jeunesse moderne qu'elle doit travailler, consacrer ses efforts et, si c'est nécessaire, se battre pour elles. Il apparaît donc sans doute possible que, derrière toute l'agitation et le chaos superficiels si dévastateurs aujourd'hui dans la conscience humaine, derrière toutes les craintes et appréhensions, derrière la haine et la séparativité, les êtres humains commencent à fusionner en eux- mêmes trois états de conscience : celui de l'individu, celui du citoyen et celui de l'idéaliste. La capacité d'y parvenir et de vivre tous ces états simultanément descend maintenant jusqu'aux niveaux de vie humaine que nous appelons les "classes submergées".

Tout ceci est très bien et fait partie du plan. Qu'il s'agisse de l'idéal démocratique, de la vision de l'état totalitaire, ou du rêve du communiste fervent, l'effet produit sur la conscience de l'humanité [104] dans son ensemble est nettement bon. La prise de conscience mondiale de l'homme s'accroît véritablement, sa faculté de se considérer comme la partie d'un tout se développe rapidement. Tout ceci est désirable, juste et prévu dans le plan divin.

Il est évidemment vrai que ce processus est gâté et handicapé par des méthodes et des motifs hautement indésirables, mais les êtres humains ont l'habitude de gâter ce qui est beau. Ils ont une aptitude très développée à être égoïstes et matérialistes, et, du fait que leur mental est encore pratiquement ni exercé, ni développé, ils ont peu de pouvoir de discernement et peu d'aptitude à distinguer entre l'ancien et le nouveau, ou entre le bien et le mieux. Ils ont été habitués à l'égoïsme et aux attitudes matérialistes, sous l'empire de leurs parents ou des systèmes d'éducation de l'époque, aussi le cours de leur pensée suit normalement ces lignes indésirables.

Pendant l'ère des Poissons qui disparaît, la jeunesse de tous les pays a été élevée sous l'influence de trois idées de base. L'ensemble de ces idées pourrait s'exprimer dans les termes des questions suivantes :

1. Quelle profession dois-je choisir, que mes conditions dans la vie et mes désirs me permettent pour me procurer le bien être matériel?

2. Qui sont mes supérieurs qu'il me faut respecter et honorer, et qui sont ceux qui sont au-dessous de moi dans l'ordre social ; jusqu'où pourrai- je monter dans l'échelle sociale, et ainsi progresser ?

3. Dès l'enfance, on m'a enseigné que mes penchants naturels étaient de faire le mal, d'être vilain, ou (s'il s'agit d'un cadre étroitement orthodoxe) que je suis un misérable pécheur, indigne d'un bonheur futur. Comment puis-je éviter les conséquences de mes tendances naturelles ? [105]

Le résultat de tout ceci est d'engendrer dans la race une profonde ambition sociale et matérielle, ainsi qu'un complexe d'infériorité qui éclate nécessairement sous quelque forme de révolte chez l'individu, en explosions raciales, ou encore, du point de vue individuel, en une attitude de vie farouchement centrée sur soi.

L'humanité devra finalement se dégager de ces tendances déformées et de ces idéaux rétrogrades, en prenant conscience que certaines nations ont insisté exagérément sur le bien national, ou le bien de la race, et sur l'État en tant qu'entité. Ceci a conduit à miner la structure hiérarchique de l'ordre social. Cette structure hiérarchique est une réalité éternelle, fondamentale, mais ce concept a été si déformé et si mal employé qu'il a suscité une révolte dans l'humanité, et provoqué une réaction presque anormale de liberté et de licence qui prend des proportions indésirables.

On le voit par l'exigence très répandue (dans certains pays) de la Jeunesse moderne qui veut s'amuser, qui est irresponsable et refuse de voir en face les vraies valeurs de la vie. Cet état de choses est à son pire degré dans les pays démocratiques. Dans les pays totalitaires ce n'est pas permis sur la même échelle, car la jeunesse de ces pays est obligée d'assumer des responsabilités et de se consacrer au plus grand tout ; elle ne passe pas sa vie en gaspillant son temps, en "prenant du bon temps". Ce bon temps est généralement pris aux dépens des autres, et se situe dans les années formatrices, ce qui conditionne et détermine inévitablement l'avenir du jeune individu.

Je ne parle pas ici politiquement et ne défends aucun système gouvernemental. Une activité imposée et une responsabilité imposée relèguent la masse de ceux qui sont conditionnés ainsi au stade infantile, alors que l'humanité devrait atteindre la maturité, avec sa volonté de prendre des responsabilités et son sens grandissant des vraies valeurs dans les modes de vie. Le sens des responsabilités est l'une des premières indications, chez l'individu, que l'âme est éveillée. [106] Actuellement l'âme de l'humanité est aussi en train de s'éveiller d'où les indices suivants :

1. Le développement de sociétés, organisations et mouvements de masse, pour le progrès de l'humanité en tous lieux.

2. L'intérêt grandissant de la masse pour le bien commun. Jusqu'ici, la couche supérieure de la société s'y était intéressée pour des raisons égoïstes d'autoprotection, ou à cause d'un paternalisme inné. L'intelligentsia et les professions libérales ont examiné et étudié le bien public, par intérêt mental et scientifique, s'appuyant sur une base matérielle générale, la classe moyenne inférieure a naturellement partagé ce même intérêt, du point de vue des bénéfices financiers et commerciaux. Aujourd'hui, cet intérêt se trouve dans les classes les plus basses de l'ordre social, et toutes les classes sont vivement sensibles et éveillées au bien général, national, racial ou international. Ceci est très satisfaisant ; c'est un signe encourageant.

3. L'effort philanthropique et humanitaire culmine, parallèlement aux cruautés, haines, anomalies, engendrées par des idéologies nationales exaspérées, l'agressivité et l'ambition, dans la vie de tous les peuples.

4. L'éducation devient rapidement un effort de masse et les enfants de tous les pays, du haut en bas de l'échelle sociale, sont formés intellectuellement comme ils ne l'ont jamais été. Évidemment, cet effort est fait surtout pour leur permettre de satisfaire aux conditions matérielles et nationales, pour qu'ils soient utiles à l'État, et non une charge économique pour celui-ci. Le résultat général, néanmoins, est dans la ligne du plan divin et, sans aucun doute, il est bon.

5. Les dirigeants reconnaissent de plus en plus que l'homme de la rue est un élément dont il faut tenir compte dans les affaires mondiales. Il est atteint de tous côtés par la presse [107] et la radio ; il est assez intelligent aujourd'hui et assez intéressé pour tenter de se faire une opinion personnelle, et arriver à ses propres conclusions. C'est un état encore embryonnaire, mais les indices de cet effort existent indubitablement ; d'où le contrôle de la presse et de la radio que l'on retrouve en tous pays, sous une forme ou sous une autre ; car on ne peut pas échapper de façon permanente à la structure hiérarchique qui sous-tend notre vie planétaire. Ce contrôle tombe dans deux catégories principales :

Contrôle financier, comme aux Etats-Unis.

Contrôle gouvernemental, comme en Europe et en Grande- Bretagne.

On dit aux gens exactement ce qui est bon pour eux ; la réserve et la diplomatie secrète influencent la relation du gouvernement avec les masses, et l'impuissance de l'homme de la rue est encore pitoyable – face aux autorités dans le domaine politique, aux décisions entraînant la guerre ou la paix, aux théologies imposées, et aux attitudes économiques – mais pas aussi grande, ni aussi rigoureuse qu'elle l'a été. L'âme de l'humanité est en train de s'éveiller et les conditions actuelles peuvent être considérées comme temporaires.

Le but des systèmes d'éducation de l'avenir sera de sauvegarder l'intégrité de l'individu, de promouvoir le sens de la responsabilité individuelle, d'encourager une conscience de groupe croissante quant aux relations de base, individuelles, nationales et mondiales ; en même temps, on organisera l'expression des facultés, des intérêts et des aptitudes. Parallèlement, on s'efforcera d'intensifier le sens civique, à la fois dans le monde extérieur tangible du plan physique, dans le royaume de Dieu, et dans les relations d'âme.

Afin de le réaliser et de changer complètement les attitudes mondiales actuelles et les systèmes de valeur erronés, on a permis la situation planétaire catastrophique actuelle. [108]

La situation et les idéologies du monde

Avant que nous n'abordions le côté plus technique de notre travail, je voudrais que vous réfléchissiez un moment à la situation et aux idéologies du monde sous l'angle de l'éducation. Je voudrais que vous les examiniez à fond, du point de vue des relations de groupe fondamentales existantes, en envisageant la nécessité de préparer la jeunesse de l'avenir à l'âge nouveau dont on n'aperçoit encore les grandes lignes que faiblement. Je souhaiterais que vous parveniez, si possible, à une idée générale de l'actuelle situation mondiale, en ne traitant que les grandes lignes, et en négligeant l'examen des détails ou des personnalités spécifiques, sauf à titre d'illustration. Dans mes autres ouvrages, j'ai posé les fondements de ceci, lorsque je me suis brièvement efforcé d'envisager le problème psychologique des diverses nations, sa cause ou ses causes, et la contribution particulière que chaque nation spécifique doit apporter à l'ensemble du monde.

Nous allons essayer de mettre en lumière certains faits marquants qui, néanmoins, seront peut-être plus normalement reconnus par les ésotéristes que par le monde en général. Mais nous travaillons, ou essayons de travailler en ésotéristes. Ces faits sont :

1. Le fait que certaines idées de base se sont fait jour au cours des âges, et ont amené l'humanité à son point actuel d'évolution. Les idées sont la substance de la poussée à l'évolution.

2. Le fait qu'une direction cachée a persisté au cours des âges ; son existence peut être déduite du plan qui se dégage nettement, en ce qui concerne la conscience de l'homme.

3. Le fait que tout développement se fait par l'expérience, la lutte et la persévérance, d'où le bouleversement moderne actuel. Il indique une "poussée vers la lumière, la lumière du monde, ainsi que l'antahkarana de groupe". [109]

Il est évident qu'une grande partie de ce que je vais vous communiquer dans ces instructions n'aura peut-être pas une application immédiate. Il est toutefois demandé aux étudiants de réfléchir et de penser, dans le sens que je pourrai indiquer, car c'est seulement si un noyau de penseurs se forme ainsi, qu'il deviendra possible à la Hiérarchie des Maîtres d'obtenir les résultats souhaités dans leur travail pour réaliser les plans de Dieu. Les Maîtres ne peuvent pas travailler et ne travaillent pas sans leurs points focaux qu'ils ont choisis sur le plan physique. Je vous demande à nouveau de vous considérer comme des postes avancés de la conscience de Ceux qui, sur le plan intérieur de la vie, cherchent à apporter une nouvelle lumière sur la question des organisations sociales, de la relation de l'individu au tout et des tendances nouvelles et désirables en éducation. Je vous demande de vous soumettre à un entraînement de la pensée, à cette fin. Notez la manière dont j'ai formulé ma demande : d'abord, considérer ; puis, entraîner. D'abord la foi quant au contact ; puis les mesures nécessaires pour faciliter et développer ce contact.

Notre thème est d'étudier l'organisation de l'éducation dans l'humanité, ce qui implique, dans ses derniers stades, responsabilité et action juste. Nous allons envisager, dans ses grandes lignes, le développement de l'homme, à partir d'une unité personnelle isolée, passant par les stades de la vie de famille, de la vie tribale, de la vie nationale, jusqu'au stade actuel d'une humanité aux aspirations idéalistes. Cet idéalisme et cet esprit de recherche très répandu sont responsables du chaos mondial actuel ; ils sont la cause des idéologies contradictoires, de l'apparition dramatique de sauveurs nationaux, de prophètes et de travailleurs mondiaux, d'idéalistes, d'opportunistes, de dictateurs et de chercheurs dans tous les secteurs de la pensée humaine et en tous pays. Cet idéalisme est un bon signe. Il est responsable aussi de l'agitation, de la demande urgente de meilleures conditions, de plus de lumière et de compréhension, d'une coopération plus profonde, d'une sécurité basée sur des réajustements corrects, de paix et d'abondance, au lieu de la peur, de la terreur et de la faim. [110]

Je n'ai pas l'intention de traiter cette question à la manière des nombreux manuels modernes sur le gouvernement, les lois, ou les nombreux projets économiques, politiques, etc., qui retiennent aujourd'hui l'attention de manière si prépondérante. Je n'ai pas l'intention d'entrer dans les détails ou de donner des définitions. Les interprètes des différentes croyances peuvent fournir les écrits nécessaires et présenter leur cas beaucoup mieux que moi. Les protagonistes d'une idéologie peuvent exprimer leurs croyances et leurs objectifs avec beaucoup plus de ferveur et d'espoir que cela n'est possible pour moi. Je vais m'adresser à vous comme quelqu'un qui voit se dégager le schéma – modèle plus clairement que vous, car je peux voir à la fois l'intérieur et l'extérieur, ainsi que les plans confiés à la garde de la Hiérarchie. Je vais écrire comme quelqu'un qui a cherché, en conférence avec des membres de la Hiérarchie, à comprendre les objectifs et à collaborer aux plans immédiats, en ce temps de crise et de bouleversement planétaires, de changements rigoureux, d'élévation de l'humanité vers des niveaux de vie nouveaux, et vers des états de conscience plus élevés ; comme quelqu'un qui a étudié à fond le passé, les modes de méditations, et qui est ainsi parvenu à une certaine faculté d'embrasser le passé, le présent et l'avenir, ce qui n'est naturellement pas possible pour vous actuellement.

J'essaierai de vous exposer certains des plans et certaines des idées gouvernant l'action hiérarchique ; je les laisserai fermenter dans vos esprits, ce qui vous amènera soit à les rejeter, soit à être convaincus. Je cherche seulement à suggérer. C'est à vous de faire les déductions, de tirer les conclusions intelligentes, de penser dans le sens indiqué. Je souhaite que vous vous plongiez dans cette ligne de pensée, afin que soit facilité mon travail sur votre mental, et que la construction en groupe des ponts de lumière avance rapidement. N'oubliez pas que, moi aussi, je dois faire un effort pour vous rendre intelligibles ma pensée et mes idées ; ce n'est possible que si je fais preuve de sagesse, [111] et si vous faites preuve d'intelligence et de persévérance. Quand l'instructeur est sage et l'élève intelligent, beaucoup de choses deviennent possibles.

Je demande que votre attitude soit (pour un temps du moins) exempte de critique ; que vous écartiez temporairement vos idées préconçues ; que vous cultiviez la bonne volonté à envisager et à peser, non pas l'évidence cette fois, mais la structure interne de l'événement ésotérique de plus grande importance que les événements extérieurs, et que vous saisissiez ainsi quelque peu le but de l'éducation nouvelle. Réfléchissez à cette dernière expression, et considérez de manière approfondie ce que je veux dire. Je souhaiterais que vous parveniez à une position verticale, accompagnée d'un point de vue horizontal. Réfléchissez aussi à cette expression.

Lorsque nous étudions la voie de l'homme, alors qu'il tâtonne pour sortir de la condition animale et atteindre son attitude actuelle de plus en plus intellectuelle, alors qu'il progresse vigoureusement vers un avenir de possibilités très grandes, rappelons-nous toujours que pour les Gardiens du Plan de Dieu et pour Ceux qui mettent en œuvre les événements nouveaux, le côté forme de la vie, l'expression extérieure tangible, est d'importance tout à fait secondaire. Votre vision est souvent faussée par la souffrance que subit la forme (votre propre forme, ou celle des autres, individuellement ou en masse), de sorte que vous ne percevez pas clairement le dessein et l'urgence de la vie dans la forme. Pour beaucoup d'entre vous, par exemple, la guerre mondiale a été un désastre suprême, une douleur à éviter dans l'avenir à tout prix, un événement néfaste et atroce indiquant la perversité des hommes et l'indifférence incroyable et aveugle de Dieu. Pour nous, du côté intérieur, la guerre mondiale a été une sorte d'opération chirurgicale majeure faite dans le but de sauver la vie du malade. Une violente streptococcie avait menacé la vie de l'humanité (en termes symboliques).

Cette opération fut faite afin de prolonger les chances du malade et de sauver la vie, non de sauver la forme. L'opération a réussi pour une large part. Le germe, évidemment, n'est pas extirpé, et se fait sentir dans des zones infectées du corps de l'humanité. [112]

Il se peut qu'une autre opération chirurgicale soit nécessaire, non pour détruire la civilisation actuelle, mais afin de dissiper l'infection et de se débarrasser de la fièvre. Cependant, on pourra peut-être l'éviter, car un processus de dissipation, de distribution et d'absorption s'est poursuivi, qui sera peut-être efficace. Travaillons à cette fin. Mais, par ailleurs, n'oublions jamais que c'est la Vie, son dessein et son destin intentionnellement dirigé qui a de l'importance. N'oublions pas non plus que lorsque la forme se révèle inadéquate, trop malade ou trop mutilée pour exprimer ce dessein, ce n'est pas un désastre – du point de vue de la Hiérarchie – que la forme doive disparaître. La mort n'est pas un désastre à craindre ; le travail du Destructeur n'est en vérité, ni cruel, ni indésirable. Je vous dis cela, moi qui suis sur le Rayon d'Amour et connais sa signification.

Il y a deux manières de détruire : celle qui est infligée par les êtres humains, sans compréhension des desseins de la vie, qui agissent aveuglément et dans l'ignorance, poussés par un désir égoïste, par l'amour du pouvoir ou par la haine ; celle, par ailleurs, qui est permise par l'âme au moment correct et voulu et qui vient quand un nouveau véhicule d'expression est nécessaire à la vie intérieure. En conséquence, les Gardiens du Plan permettent beaucoup de destructions ; beaucoup de mal est transformé en bien, car la fin est perçue depuis le commencement, et la conscience est assez mûrie par l'expérience pour abandonner la forme en vue des avantages qu'elle sait devoir en tirer. Ceci est vrai des individus, des nations et des races. La sensibilité à la souffrance du monde est une grande et divine caractéristique. Néanmoins, quand elle est marquée par l'émotion, elle devient séparative dans ses interprétations, centrée dans l'esprit partisan et les personnalités ; elle apparaît ainsi sous forme de mirage et d'illusion, jette la confusion sur les vrais problèmes et aveugle les hommes aux faits divins.

Je voudrais vous rappeler que l'ésotériste raisonne toujours de l'universel au particulier. C'est ce que nous ferons toujours, neutralisant ainsi le point de vue fragmentaire, le premier plan [113] déformé, et la myopie de la vision de l'étudiant. Nous étudierons les tendances majeures, le large mouvement de la conscience humaine qui émerge et exige – en permanence – une modification proportionnelle à son développement dans l'éducation, la religion et l'organisation sociale. Les civilisations, les cultures, les races et les nations apparaissent et disparaissent, mais ce sont les mêmes individualités qui vont et viennent avec elles, recueillant les fruits de l'expérience, et avançant progressivement vers un autogouvernement plus complet, vers l'organisation de groupe et la synthèse.

Je voudrais vous rappeler aussi qu'il existe une qualité particulière chez tout être humain – caractéristique innée, inhérente et inévitablement présente – que l'on pourrait nommer la "perception mystique". J'emploie ce terme dans un sens beaucoup plus large qu'on ne le fait ordinairement, et je voudrais que vous considériez cette qualité de perception mystique comme englobant :

1. La vision mystique de l'âme, de Dieu et de l'univers.

2. La possibilité d'entrer en contact et d'apprécier le monde des causes, monde subjectif de la réalité qui se fait jour.

3. La possibilité d'aimer et d'aller vers ce qui est autre que soi-même.

4. La faculté de saisir les idées et de les recevoir par intuition.

5. L'aptitude à pressentir l'inconnu, le désirable et le désiré. La détermination et la persévérance qui en découlent et permettent à l'homme de chercher et de vouloir cette réalité inconnue. C'est cette tendance mystique qui a engendré les grands mystiques de réputation mondiale, les nombreux explorateurs et inventeurs.

6. La faculté de sentir et d'enregistrer le bien, le beau et le vrai. C'est ce qui a produit l'écrivain, le poète, l'artiste et l'architecte.

7. Le désir ardent de découvrir les secrets de Dieu et de la nature, et d'y pénétrer. C'est ce qui a produit le savant et le religieux. [114]

En étudiant ces définitions, vous verrez combien le terme "perception mystique" est large. Ce n'est ni plus ni moins que le pouvoir inné chez l'homme d'atteindre et de saisir ce qui est plus grand et meilleur que lui-même, ce qui l'a poussé, passant progressivement par des cultures et des civilisations en développement, à se tenir aujourd'hui sur le bord d'un nouveau règne de la nature. C'est le pouvoir d'apprécier et de s'efforcer d'atteindre le bien, apparemment inaccessible. Que cette proposition large et générale soit donc toujours présente à notre pensée quand nous étudions le pouvoir croissant de s'exprimer, de se déterminer, de se gouverner par soi-même.

Quelles sont les idées de base, en commençant par les instincts connus qui ont conduit l'homme, pas à pas, à sa lutte actuelle pour un monde meilleur, l'appréciation du groupe, l'autodétermination naturelle, dans le but – inconscient pour une large part – de fournir un meilleur organe d'expression au sein de l'organisme vivant qu'est l'humanité ?

J'ai parlé de cela ailleurs, lorsque j'ai traité de l'actuel Plan de Rayons pour l'humanité dans le domaine de la politique, de la religion et de l'éducation ; j'aimerais répéter une partie de ce que j'y disais, car cela a un rapport direct avec notre thème.

En dernière analyse, le principal problème du gouvernement du monde est la sage utilisation des idées. C'est là que le pouvoir de la parole se fait sentir, exactement comme le pouvoir du mot écrit et de la page imprimée se fait sentir dans le domaine de la religion et de l'éducation. En politique, les masses sont sous l'empire de leurs orateurs, maintenant plus que jamais, vu l'utilisation de la radio. Sans arrêt, de grandes idées sont serinées aux oreilles du public – des théories sur la dictature, le communisme, le nazisme, le fascisme, le marxisme, le nationalisme et les idéaux démocratiques. Des méthodes de gouvernement par tel ou tel groupe de penseurs sont présentées au public, sans lui laisser le temps de réfléchir ou de penser clairement. On répand les antipathies de race, on exprime les préférences et les illusions personnelles, ce qui aboutit à tromper ceux qui ne pensent [115] pas. L'homme à la langue dorée, l'homme qui sait jouer avec les mots et met l'accent sur les griefs du peuple, celui qui jongle avec les statistiques, le fanatique qui a un remède sûr pour tous les maux sociaux, l'homme qui aime attiser la haine de race, tous peuvent trouver des partisans. De tels hommes peuvent facilement renverser l'équilibre de la communauté et conduire un groupe de partisans qui ne pensent pas à un succès et à un pouvoir temporaires, ou au déshonneur et à l'oubli.

À partir de ce maniement d'idées, de cet impact constant sur la conscience humaine des grands concepts sous-jacents à notre processus d'évolution, l'humanité développe sa faculté de penser, de choisir, et de construire une solide base. La présentation de ces idées, selon l'évolution, provoque une marche régulière vers la liberté de pensée, selon l'ancienne méthode d'expérimentation, d'élimination, d'effort renouvelé avec des concepts toujours nouveaux ; cette liberté permettra à l'humanité de construire en conformité avec les grandes pensées modèles qui sous-tendent la structure extérieure de notre monde. Les personnes de notre époque, dont le mental est attentif, sont constamment sensibilisées à ces modèles, afin que le mental individuel puisse en prendre conscience pour les arracher à l'obscurité et les placer dans la lumière du jour. C'est ainsi que les vrais modèles deviendront accessibles et contribueront à conduire l'humanité vers sa destinée, vers les réalisations plus profondes qui façonnent les types raciaux, et vers la compréhension synthétique qui aboutira à la mise en œuvre de la Fraternité. Les pensées jouent donc leur rôle, et le problème des idées sera de mieux en mieux compris jusqu'au jour où nous aurons des penseurs et des intuitifs entraînés, capables de travailler directement dans le monde des concepts et d'en ramener, pour l'usage de l'humanité, les idées – modèles sur lesquelles on pourra construire. En disant cela, je me rends compte que l'on peut m'accuser d'enjoliver et de communiquer l'impossible ; mais le temps démontrera la vérité de ce que je prédis. La structure du monde est construite sur certaines idées – modèles intérieures dont elle émerge, et ce sont ces [116] pensées-modèles qui engendrent le flot actuel d'expérimentations gouvernementales parmi les nations. Mais aujourd'hui il n'y a pas d'entraînement quant à la méthode de contact avec le monde des modèles, ou quant à l'interprétation des idées ; c'est de là que viennent les problèmes. Plus tard, quand l'humanité percevra ses problèmes avec clarté, elle agira avec sagesse et entraînera soigneusement ses Observateurs et ses Communicateurs. Ce seront des hommes et des femmes dont l'intuition se sera éveillée, sous la pression urgente de leur intellect ; ce seront des gens dont le mental sera tellement subordonné au bien du groupe, si exempt de tout sens de séparativité qu'il ne présentera pas d'entrave au contact avec le monde de la réalité et de la vérité intérieure. Ce ne seront pas nécessairement des personnes "religieuses" dans le sens ordinaire du terme, mais ce seront des hommes de bonne volonté, de capacité intellectuelle élevée, dont le mental sera riche et doté de moyens d'action. Ils seront sans égoïsme et sans ambition personnelle, animés par l'amour de l'humanité, et par le désir de l'aider. Un homme de ce genre est un homme spirituel.

Traité sur les Sept Rayons, Vol. I, pages anglaises 179-181.

Raisons de l'actuel malaise mondial

Permettez-moi de vous énumérer quelques-unes des raisons du malaise mondial actuel, en vous rappelant que beaucoup d'entre elles remontent à des causes si éloignées dans le passé que l'histoire les ignore ; elles vous sembleront sans signification car vous n'avez pas une idée claire de ce qu'était l'humanité à son début. Une certaine compréhension de la situation dans son essence vous sera nécessaire si vous voulez suivre intelligemment le développement de l'avenir.

Premièrement, le point d'évolution atteint par l'humanité est l'une des causes majeures et primordiales. Ce point a amené l'humanité sur le seuil d'une porte du long sentier de l'évolution, et indique un développement qui nécessite des modifications radicales de l'attitude toute entière de l'homme, envers la vie et envers toutes ses relations dans le monde. Il prend lui-même l'initiative de ces changements qui [117] ne lui sont pas imposés par une force extérieure, ou par une coercition exercée sur l'humanité. Il est important de saisir ce point.

On pourrait donc dire que :

1. L'homme en est maintenant au point où le principe d'intelligence est si fortement éveillé en lui que rien ne peut arrêter son progrès quant aux connaissances dont il ferait un emploi mauvais et dangereux, qu'il appliquerait égoïstement, si rien n'était fait pour l'arrêter et le protéger contre lui-même ; ceci au prix, s'il le faut, d'une douleur temporaire. Il faut lui enseigner à réagir à un sens des valeurs plus élevé et meilleur.

2. Des millions d'êtres humains sont intégrés ou sur le point de l'être. Ils commencent à fonctionner en tant qu'unité en eux-mêmes, avant le processus plus élevé qui leur permettra de s'intégrer consciemment au plus grand Tout. Du côté forme de la manifestation, le mental, l'émotion et le cerveau fonctionnent à l'unisson. Maintenant, la correspondance supérieure de ces forces inférieures, sagesse, amour et direction doit se faire jour ; les énergies plus subtiles doivent pouvoir s'exprimer. Instinctivement et mystiquement, l'humanité perçoit cette nécessité avec précision. L'instinct d'aller de l'avant vers une réalisation plus haute, de s'informer, de chercher ce qui est meilleur, demeure puissant. On peut faire confiance à l'humanité, elle ira de l'avant et progressera. La Hiérarchie d'Amour, cependant, s'efforce de hâter ce processus, au risque d'entraîner des complications.

3. Certains hommes dans tous les domaines de la pensée humaine, expriment avec puissance le développement de leur intégration parachevée et (croyez-le, je vous en prie) la réalité de leur contact avec l'âme, en se dégageant du palier atteint par l'humanité. Ils se dressent au-dessus de leurs frères par la force même de l'intégration de leur personnalité, et parce qu'ils peuvent fonctionner en tant que personnes idéalistes [118] et de haute qualité. Des hauteurs où ils se trouvent (relativement élevées du point de vue humain, intéressantes du point de vue hiérarchique) ils cherchent à façonner la vie et la pensée humaines, conformément à un modèle qui leur semble désirable selon leur inclination, leur type et leur rayon.

Ces individus, dans le domaine du gouvernement, de la religion, de la science, de la philosophie, de l'économie et de la sociologie, ont un effet conjugué puissant tantôt d'un ordre élevé et bon, tantôt moins bon. Ils influencent leur civilisation matériellement, si c'est là qu'ils placent l'accent ; ils produisent un effet culturel, subjectivement et spirituellement, si c'est ce qu'ils cherchent. Leurs motifs sont souvent sains et bons, car tous ont une part de vrai idéalisme, mais – vu leur manque d'expérience dans le domaine de l'âme – ils se trompent souvent, sont détournés vers des voies dangereuses, et entraînent beaucoup de gens dans l'erreur et les difficultés. À la longue, le résultat sera d'éveiller la conscience publique, ce qui est toujours bon.

Deuxièmement, l'apparition d'un nouveau type racial. Les contours subjectifs de ce type sont déjà clairement perceptibles. Nous sommes tellement plongés dans le mirage de la forme que l'on prétend souvent que cette nouvelle race apparaît en Amérique. Cette nouvelle race se forme en tous pays, mais surtout dans les pays où se trouve la race caucasienne, ou cinquième race. Parmi les peuples de la quatrième race néanmoins, quelques-uns, Chinois et Japonais, sont identifies par la Hiérarchie et apportent une véritable contribution ésotérique à l'ensemble.

Permettez-moi ici de faire une déclaration nette, qui causera peut-être quelque surprise. Le cinquième règne de la nature, le règne spirituel, sortira de la cinquième race-racine. Telle est la domination ésotérique de la Loi de Correspondance. Je voudrais vous rappeler, [119] néanmoins, que les seuls peuples de la quatrième race-racine sur notre planète sont les Chinois, les Japonais, diverses races mongoloïdes de l'Asie Centrale (quelque peu mêlées à la race caucasienne) et des groupes hybrides se trouvant dans les nombreuses îles des mers du Sud, dans les deux océans et hémisphères, ainsi que les descendants des races qui ont rendu l'Amérique du Sud célèbre pour sa civilisation, il y a un million d'années. Je suis obligé de généraliser très largement.

Ce nouveau type racial est beaucoup plus un état de conscience qu'une forme physique ; c'est un état de pensée plus qu'un corps de type particulier. Avec le temps, cependant, tout état de conscience développé conditionne et détermine invariablement la nature du corps, et produit finalement certaines caractéristiques physiques. Le type de conscience dominant de la race future sera la reconnaissance du fait de la perception mystique. Ses qualités primordiales seront la compréhension intuitive et la maîtrise de l'énergie; sa contribution au développement de l'humanité sera la transmutation du désir égoïste en amour de groupe. On peut observer cela même aujourd'hui, dans l'attitude des grands leaders nationaux qui ne sont pas animés par l'ambition égoïste, mais par l'amour de leur nation et donc par quelque forme précise d'idéalisme ; d'où les grandes idéologies qui se font jour. Réfléchissez à ceci, parvenez à une vue plus générale de la croissance de la conscience humaine, et saisissez quelque peu le but du nouveau et futur système d'éducation.

Troisièmement, la fin de l'ère des Poissons, qui a porté à leur point de cristallisation (donc de mort) les formes qui ont servi de moules pour les idéaux des Poissons. Elles ont rempli leur office et fait un travail important et nécessaire. On pourrait demander ici : Quels sont les idéaux majeurs de l'ère des Poissons ?

1. L'idée d'autorité. Cela a conduit à l'imposition des différentes [120] formes de paternalisme, politique, éducatif, social et religieux. Ce peut être soit le paternalisme bienveillant des classes privilégiées, cherchant à améliorer le sort de ceux qui dépendent d'elles (ce qui a été très répandu) ; soit le paternalisme des églises, des religions, s'exprimant en autorité ecclésiastique ; soit le paternalisme d'une méthode d'éducation.

2. L'idée de la valeur de la souffrance. Afin d'enseigner à l'humanité la nécessaire qualité du détachement, pour que ses désirs et ses plans ne s'orientent plus vers la vie de la forme, les guides de la race ont insisté sur les vertus de la douleur et sur la valeur éducative de la souffrance. Ces vertus sont réelles, mais les instructeurs mineurs y ont trop insisté, de sorte qu'aujourd'hui l'attitude de l'homme est celle d'une attente craintive et triste, d'un faible espoir de quelque récompense après la mort (sous une forme désirable et généralement matérielle, telle que le paradis des diverses religions) qui compenserait tout ce qui a été enduré pendant la vie. Les peuples, aujourd'hui, sont plongés dans la souffrance et dans son acceptation psychologique douloureuse. La claire lumière de l'amour doit balayer tout cela ; la joie sera la note-clé de l'âge nouveau.

3. À l'idée ci-dessus il faut associer l'idée du sacrifice de soi. Cette idée s'est dernièrement déplacée de l'individu et de son sacrifice vers la conception de groupe. Le bien de l'ensemble est aujourd'hui tenu théoriquement pour si dominant, que le groupe doit sacrifier avec joie l'individu, ou le groupe d'individus. De tels idéalistes sont capables d'oublier que le seul vrai sacrifice est celui dont le soi a l'initiative, et qu'un sacrifice imposé (par une personne ou un groupe plus puissant et supérieur) équivaut, en dernière analyse, à la coercition de [121] l'individu, et à sa soumission forcée à une volonté plus forte.

4. L'idée de la satisfaction du désir. Par-dessus tout, l'ère des Poissons a été celle de la production matérielle et de l'expansion commerciale, de la vente des produits du talent humain, que le grand public a été éduqué à croire essentiels à son bonheur. L'ancienne simplicité et les vraies valeurs ont été temporairement reléguées à l'arrière-plan. On a permis la continuation ininterrompue de cet état de choses pendant une longue période, car la Hiérarchie de Sagesse cherchait à amener les hommes au point de satiété. La situation mondiale, aujourd'hui, prouve à l’évidence que la possession et la multiplication des biens matériels constituent un handicap, et n'indiquent pas que l'humanité ait trouvé la vraie voie du bonheur. La leçon est comprise très rapidement, et la révolte dans le sens de la simplicité gagne rapidement du terrain. L'esprit caractérisé par la mentalité commerciale est condamné, bien qu'il n'ait pas encore disparu. Cet esprit de possession et l'accaparement agressif de tout ce qui est désiré se sont révélés très inclusifs, et caractérisent aussi bien l'attitude des nations et des races, que celle des individus. L'agression, afin de posséder, a été la note-clé de notre civilisation depuis quinze cents ans.

Quatrièmement, l'arrivée en manifestation de l'ère du Verseau. Ce fait devrait fournir la base d'un optimisme profond et convaincu ; rien ne peut arrêter l'effet – de croissance, de stabilisation et d'irrévocabilité – des nouvelles influences qui commencent à se manifester. Elles conditionneront inévitablement l'avenir ; elles détermineront le type de culture et de civilisation ; elles indiqueront la forme de gouvernement et affecteront l'humanité, comme l'a fait l'ère chrétienne des Poissons ou la période antérieure gouvernée par le Bélier. La Hiérarchie compte [122] avec assurance sur ces influences qui se font jour régulièrement, et les disciples doivent aussi apprendre à faire de même. La conscience de relation universelle, d'intégration subjective, d'unité expérimentée et prouvée, sera le don suprême de la période qui nous attend.

Dans le prochain état mondial, le citoyen – en pleine conscience de ce qu'il fait – subordonnera avec joie et délibérément sa personnalité au bien de l'ensemble. Le développement de fraternités organisées, de partis et de groupes, voués à une cause ou à une idée est une autre indication de l'activité des forces affluentes. La chose intéressante à noter est qu'ils expriment tous quelque idée saisie, plus que le plan imposé et déterminé d’une personne spécifique. Le type d'homme des Poissons est un idéaliste dans un certain aspect du développement humain. Le type du Verseau prendra les nouveaux idéaux et les idées se faisant jour, et il les matérialisera, en activité de groupe. C'est selon ce concept que l'éducation de l'avenir fonctionnera. L'idéalisme de l'homme des Poissons et sa vie sur le plan physique étaient deux expressions distinctes. Souvent elles étaient séparées rarement fusionnées ou mêlées. L'homme du Verseau manifestera de grands idéaux, car le canal de contact entre l'âme et le cerveau, via le mental, sera fermement établi grâce à une compréhension correcte. Le mental sera de plus en plus utilisé dans sa double activité, pour pénétrer dans le monde des idées, et pour illuminer la vie sur le plan physique. Ceci engendrera finalement une synthèse de l'effort humain, une expression des valeurs plus vraies et des réalités spirituelles, telles que le monde n'en a encore jamais vu.

Quelle est la synthèse qui sera ainsi produite plus tard ? Permettez-moi d'énumérer quelques facteurs sans les développer :

1. La fusion des aspirations spirituelles différenciées de l'homme, exprimées aujourd'hui par les nombreuses religions, dans la [123] nouvelle religion mondiale. Cette nouvelle religion prendra la forme d'une approche de groupe, unifiée et consciente, du monde des valeurs spirituelles, suscitant à son tour une action réciproque de Ceux qui sont les citoyens de ce monde-là, la Hiérarchie planétaire et les groupes affiliés.

2. La réunion d'un grand nombre d'hommes en divers groupes d'idéalistes. Ces derniers se formeront dans tous les domaines de la pensée humaine et seront, à leur tour, progressivement absorbés dans des synthèses toujours plus grandes. J'attire votre attention sur le fait que, si l'on faisait la liste des divers groupes intéressés par l'éducation qui existent dans le monde actuellement, en tous pays, certaines tendances sous-jacentes analogues apparaîtraient : leur grande diversification, leur base reposant sur quelque idée d'amélioration humaine et leur unité d'objectif. Leurs nombreuses ramifications et les groupes subsidiaires constituent un vaste réseau entrelacé dans le monde entier, ce qui indique deux choses :

a. La faculté régulièrement grandissante de l'homme de la rue de penser en termes d'idéaux, basés sur certaines idées avancées par quelque grand intuitif.

b. Le déplacement progressif vers le haut, grâce à ces idées, de l'aspiration consciente de l'homme ; sa reconnaissance de l'idéalisme de ses semblables et, en conséquence, l'entraînement de son esprit d'inclusivité.

Cette tendance croissante vers l'idéalisme et l'inclusivité est, en dernière analyse, une tendance vers l'amour-sagesse. Le fait que les hommes, aujourd'hui, appliquent mal ces idéaux, rabaissent la vision, déforment l'image vraie du but désiré, prostituent leur première conception de la beauté à la satisfaction du désir égoïste, ne doit pas nous empêcher de comprendre que l'esprit d'idéalisme croît dans le monde, et n'est pas, comme dans le passé, limité à quelques groupes avancés ou à un ou deux grands intuitifs. Les discussions de l'homme [124] de la rue aujourd'hui sont en rapport avec une philosophie religieuse, éducative, sociale ou politique, basée sur quelque école d'idéalisme. Du point de vue de Ceux qui sont responsables du développement évolutif de l'homme, un grand pas en avant a été fait au cours des deux cents dernières années. Les thèmes qui étaient ceux des intellectuels et des philosophes du moyen-âge, sont maintenant des sujets de discussion animée dans les restaurants, les chemins de fer, partout où les gens se rencontrent, discutent et parlent. On a tendance à l'oublier ; je vous demande de réfléchir à ce que cela implique, à chercher quel peut être le résultat final de cette aptitude très répandue du mental humain à penser en termes du plus grand Tout et non seulement en termes d'intérêt personnel ; à appliquer les formes de la philosophie idéaliste à la vie des affaires pratiques. Aujourd'hui, l'homme fait preuve de ces deux aptitudes.

Qu'est-ce que cela indique donc ? Cela indique une tendance, dans la conscience de l'humanité, vers la fusion de l'individu avec le tout, sans qu'il perde, par ailleurs, le sens de son individualité. Qu'il se joigne à un parti politique, soutienne quelque forme de travail social, s'affilie à l'un des nombreux groupes qui s'occupent de philosophie ésotérique, ou devienne membre d'un culte ou "isme" répandu, il perçoit de plus en plus une expansion de conscience, et un désir d’aligner ses intérêts personnels avec ceux du groupe dont l'objectif majeur est de matérialiser un idéal. On croit que, par cette méthode, les conditions de vie de l'homme seront améliorées et que certaines exigences seront satisfaites.

Ce processus se poursuit aujourd'hui dans toutes les nations, et dans toutes les parties du monde ; un recensement des groupes éducatifs et des groupes religieux (pour ne citer que deux des nombreuses catégories possibles) en révélerait le nombre impressionnant. Cela indiquerait la diversification de la pensée et, en même temps, justifierait ma conclusion selon laquelle, partout, les hommes se tournent vers la synthèse, la fusion et la coopération mutuelle en vue de certains buts visualisés et spécifiques. Pour l'humanité c'est un [125] champ nouveau d'expression et d'entreprise. D'où, fréquemment, l'application mauvaise des valeurs perçues, et la perversion de la vérité pour la mettre au service d'objectifs individuels. Mais à mesure que l'homme tâtonnera dans ces directions, à mesure que les nombreuses idées et les idéologies variées lui offriront des sujets de choix et lui indiqueront l'apparition de nouveaux niveaux de vie et de relations, il apprendra progressivement à penser avec plus de clarté, à reconnaître que les différents aspects de la vérité sont les expressions d'une réalité subjective de base et – sans abandonner la part de vérité qui l'a libéré, lui ou son groupe – il apprendra à embrasser la vérité de son frère en même temps que la sienne propre.

Quand cette attitude se généralisera dans le domaine de l'éducation pratique, nous verrons des nations et des individus qui développeront les idées mieux adaptées à la psychologie nationale et personnelle, tout en reconnaissant la réalité, la puissance et l'utilité du point de vue d'autres individus ou d'autres nations. Quand, par exemple, l'enseignement sur les sept rayons sera généralisé, nous verrons augmenter la compréhension psychologique ; les nations et les religions du monde en arriveront à une compréhension mutuelle.