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CHAPITRE VIII LES LOIS ET REGLES ENUMEREES ET APPLIQUEES - Partie 5

L'un des facteurs régissant l'incarnation est la présence de ce qu'on appelle la volonté de vivre. Lorsqu'elle est puissante chez un homme, cet homme est fermement ancré sur le plan physique. Lorsqu'elle est moins impérieusement présente ou retirée, l'homme meurt. Pour préserver techniquement et occultement la vie dans son corps physique, l'homme spirituel incarné fait agir sa puissante volonté de vivre sur le pouvoir magnétique de la vie planétaire inhérent à tout atome de la nature en forme. Au moyen de ces atomes, isolés et maintenus en forme par la Loi d'Attraction, il est venu à l'existence sur le plan physique. Ce pouvoir magnétique est l'expression de la volonté de l'entité planétaire, si tant est que l'on puisse appliquer le terme de volonté au sens de cohérence qui caractérise l'Esprit de la Terre. C'est une projection de son état de conscience particulier dans une forme isolée, créée, occupée, et animée par une âme, par un homme vivant.

Je me suis plusieurs fois servi de l'expression "forme [639] isolée", car le corps physique de l'homme (ou de toute forme vivante) est conditionné par cet aspect d'isolement qui le rend détaché, cohérent, et vivant temporairement sa propre vie en réponse à la vitalité de l'âme en incarnation, qui s'impose à lui. La puissance réunie des atomes isolés – et en particulier la structure planétaire de l'Esprit de la Terre – est temporairement en suspens en ce qui concerne la réaction individuelle à la vie planétaire. Seules les qualités cohérentes et magnétiques conservent une certaine forme d'activité, en conjonction avec la volonté de vivre de l'homme spirituel ou de toute autre entité animatrice. Cela crée une forme cohérente maintenue par deux aspects de vitalité, celui de l'Esprit de la Terre et celui de l'homme spirituel. Pour me faire comprendre, je suis contraint d'avoir recours à des mots. Je dirai donc que deux aspects de la vie et deux formes de volonté ou de dessein sont mis en contact. L'aspect supérieur est évolutionnaire, l'aspect inférieur est de nature involutionnaire, et c'est cela qui crée le conflit. L'un des types d'énergie se rapporte à l'évolution, l'autre à l'involution. C'est le conflit de ces forces qui pose le problème du dualisme, un dualisme entre le supérieur et l'inférieur à des stades nombreux et variés. Le conflit aboutit à une décision ou plutôt est mis en relief lorsque le Gardien du Seuil et l'Ange de la Présence se trouvent face à face. Lors de cet événement décisif se dégage la solution de la lutte ou des divergences entre la vie d'involution et la vie d'évolution entre la volonté magnétique rudimentaire des forces élémentales (inhérente aux atomes ayant servi à édifier les trois corps de la personnalité) et la volonté de l'homme spirituel sur le point de se libérer du contrôle magnétique de la substance.

L'Esprit de la Terre trouve son homologue dans l'expression [640] créée de l'homme spirituel, c'est-à-dire dans l'existence de l'élémental de la personnalité. Cet élémental est fréquemment une force rudimentaire, entièrement à la merci des désirs, sans qu'il y ait une véritable intégration de la personnalité. Il peut toutefois constituer un facteur puissant et fortement organisé. Il produit alors ce que l'on appelle une haute personnalité et un instrument efficace pour l'homme spirituel dans les trois mondes de son évolution.

Ce conflit est suivi ultérieurement de ceux qui se produisent sur le Sentier des Disciples et sur le Sentier de l'Initiation. Alors la vitalité de l'homme spirituel et sa volonté de se manifester divinement dominent à un tel degré que la mort de la personnalité s'ensuit. Le point culminant du processus se situe au moment de la troisième initiation. Lors de cette expérience, la volonté monadique entre en jeu avec un tel dynamisme que la volonté des vies élémentales de la triple personnalité est complètement annihilée.

Mais revenons à notre thème. La substance atomique, imprégnée de la vie de l'Esprit de la Terre et de la force motrice de sa volonté rudimentaire, se manifeste en tant que pouvoir magnétique. À l'intérieur du corps de manifestation de l'âme qui l'anime, elle est en conflit constant avec la vie de l'âme. Ce conflit ou friction est la cause principale de ce que l'on appelle les maladies.

La maladie est une inharmonie dont le feu par friction est responsable. Les régions malades sont des zones de friction dans lesquelles la substance atomique affirme temporairement son propre type de vitalité et répond (en allant parfois jusqu'à la mort) au magnétisme exercé par la volonté de l'Esprit de la Terre. Si cette attirance est suffisamment forte, la friction intérieure de la structure atomique, localisée dans une région gouvernée par un centre éthérique, sera de nature à accroître l'intensité de la maladie. Alors la vie de l'homme spirituel se retire rapidement ou lentement. Le désir d'existence, la volonté spirituelle d'être, n'est plus aussi puissant que la volonté d'être résorbé, qui est celle des atomes constituant le corps physique. Dès lors l'homme meurt, au sens habituel du mot.

La Vie planétaire dit : "L'heure de la résorption est [641] arrivée. Reviens à moi." L'incitation à retourner est actuellement la note dominante dans la substance des corps humains. Elle est responsable de la mauvaise santé universelle qui caractérise la masse des hommes. Cette tendance fut dominante durant des siècles, mais ce comportement est en voie de lente modification. Un temps viendra où les atomes des corps, ou forces élémentales, ne seront renvoyés sur le sentier de la résorption que selon la volonté de l'homme spirituel et en réponse à un ordre formel de sa part, mais non sous l'influence du pouvoir magnétique de l'Esprit de la Terre.

En étudiant jusqu'ici les Lois et Règles, nous avons constaté que la cause fondamentale de maladie et de mort est le retrait de la vie solaire (l'énergie de l'âme parfois dénommée feu solaire) soit d'une région particulière du corps physique, soit du corps physique tout entier. Ce fait devrait rappeler la nécessité de distinguer entre la force ou vie des "seigneurs lunaires" inhérente à tous les atomes composant des organes ou des formes, et l'énergie de l'âme qui imprègne tout le corps et constitue un facteur intégrant.

En langage symbolique, il y a des époques où la vie de ces seigneurs lunaires comporte par moments une telle domination que la vie de l'âme est subjuguée dans une région donnée du corps. Le retrait de la vie solaire qui s'ensuit produit une maladie. En d'autres termes, la friction qui se produit lorsque les seigneurs lunaires sont en discordance provoque la maladie.

La mort n'est pourtant pas le signe d'une victoire complète des seigneurs lunaires, mais dénote plutôt que, selon le plan de l'âme et parce que le cycle de vie est complété, l'énergie de l'âme est entièrement retirée, et les seigneurs lunaires abandonnés à eux-mêmes. Parfois, et cela peut aussi figurer dans les intentions de l'âme, les seigneurs lunaires sont temporairement victorieux sans que la mort s'ensuive. La convalescence est l'indice de la rentrée en jeu progressive de l'énergie animique et de la remise à plus tard [642] du contrôle par les seigneurs lunaires. Cet aspect de l'énergie de l'âme n'est pas celui qui représente la qualité de l'âme et incite à l'exprimer. C'est l'énergie de vie provenant de la Monade et passant par l'âme comme par un chenal et un moyen de contact. Inutile de dire que sa voie d'accès normale est la sutratma et non l'antahkarana, ou fil créateur, ou fil de la conscience. Ces deux chenaux sont fréquemment rendus impraticables en cas de maladie aiguë et lorsque l'aspect vie s'affaiblit ou se retire plus ou moins rapidement.

On perçoit ainsi pourquoi les personnes qui ont réussi à édifier l'antahkarana, le pont d'arc-en-ciel entre la Monade et la personnalité, ont établi un contact entre la Monade (Source de Vie) et la personnalité (expression de cette Vie en objectivité). Ce contact est inexistant parmi la moyenne des hommes. Lorsqu'il existe, c'est la Monade et non l'âme qui commande les cycles d'expression extérieure. L'initié meurt alors à volonté, selon le plan ou les nécessités du travail en cours. Bien entendu ceci ne saurait concerner que les initiés de haut rang, mais j'ai estimé qu'il était intéressant et utile de connaître ces aspects.

Un autre point ressort de ce qui précède. C'est la qualité permettant à la Vie divine de tout inclure, car les seigneurs lunaires sont des aspects de cette Vie au même titre que l'énergie de l'âme.

Il y a donc un intérêt primordial à encourager la crémation, et non la méthode actuelle d'enterrement.

L'incinération fait retourner la vie des seigneurs lunaires au réservoir central de vie plus rapidement que toute autre méthode, car "notre Dieu est un Feu consumant", et tous les feux ont de l'affinité pour le Feu central[1].

Étudions maintenant la règle qui accompagne la Loi VIII.

CINQUIEME REGLE

Il faut que le guérisseur cherche à relier son âme, son cœur, son cerveau et ses mains. Cela lui permet de projeter sur le patient la force vitale curative. Telle est l'action magnétique, qui peut soit guérir la maladie, soit aggraver le mauvais état du patient, selon le savoir [643] du guérisseur.

Il faut que le guérisseur fasse coopérer son âme son cerveau, son cœur, et l'émanation de son aura. Sa présence peut alors nourrir la vie de l'âme du patient. Telle est l'œuvre de la radiation. Les mains ne sont pas nécessaires. L'âme déploie son pouvoir. L'âme du patient répond par la réaction de son aura à la radiation de l'aura du guérisseur, débordante d'énergie animique.

Il suffit de lire une fois cette règle pour être convaincu de sa signification vitale pour réussir dans tout travail de guérison. Elle résume deux modes de guérison, basés sur deux aptitudes du guérisseur, fondés sur deux groupes d'aspects unis dans sa personnalité et indiquant chez lui deux points d'évolution différents. Une analyse de cette règle apportera une idée encore plus vaste de son importance, car elle indique non seulement la direction dans laquelle le guérisseur doit s'entraîner, mais encore la nécessité de certaines relations réciproques internes, et celles-ci dépendent du point d'évolution du guérisseur. Par ailleurs, dans un cas ce sera le corps physique du patient qui sera l'objectif de l'art de guérir, tandis que dans l'autre ce sera l'âme du patient qui ressentira l'effet de l'énergie curative. Dans le premier cas, le guérisseur agit au moyen du prana, ou fluide vital planétaire, et dans le second au moyen de l'énergie de l'âme.

En se basant sur cette règle, on peut diviser les guérisseurs en deux groupes, dont l'un manie le fluide éthérique appelé prana, et le second opère sur un niveau beaucoup plus élevé en se servant de son aptitude à faire descendre l'énergie de l'âme dans son corps, ou plutôt dans sa personnalité Partant du centre approprié chez le guérisseur, cette énergie est renvoyée au centre correspondant du corps du patient, mais cette fois grâce à la stimulation de l'aura du patient contrôlée par son âme. Les deux types d'énergie diffèrent considérablement. L'une appartient purement à la personnalité, et on l'appelle parfois magnétisme animal. [644] L'autre appartient à l'âme et implique un type de travail appelé radiation.

Remarquons ici qu'il y a en réalité trois types de guérisseurs :

1. Le guérisseur qui agit purement par magnétisme. Il utilise son corps éthérique individuel comme un canal par lequel le prana peut se déverser dans le corps vital du patient. Il met ainsi en jeu la force de vie guérissante du corps éthérique planétaire.

2. Le guérisseur qui agit sur un plan plus élevé, donc nécessairement avec des patients de type plus évolué. Il utilise l'énergie de sa propre âme surplombante en conjonction avec l'énergie de son âme individualisée. Il l'irradie ainsi dans l'âme du patient, à travers leurs deux auras.

3. Le guérisseur capable d'employer les deux techniques. Son champ de contacts et ses possibilités de se rendre utile sont bien plus vastes que dans les deux cas précédents. Un tel guérisseur peut utiliser avec une égale facilité l'énergie de l'âme ou la force vitale pranique. Il possède la maîtrise des deux techniques qui régissent les deux groupes de facultés associés. Les guérisseurs de cette classe sont beaucoup plus rares que ceux des deux autres groupes.

Dans le monde moderne actuel, aucun véritable système de guérison spirituelle n'est enseigné à ceux qui voudraient être des guérisseurs. À défaut, on note un effort pour baser tout le processus et les techniques employés sur un niveau purement mental, sur des systèmes d'affirmation, des modes de prière, des stimulations de la volonté de vivre du patient, et occasionnellement sur l'emploi de passes magnétiques ou hypnotiques se rapportant au corps éthérique. On enseigne plusieurs formes de pensée subjective appliquée, mais aucune véritable formule visant à une guérison intelligente et probable. On ne recommande qu'une foi imprécise chez le guérisseur et chez le patient, et une autosuggestion aveugle [645] concernant ce que devrait produire la reconnaissance et l'affirmation de la divinité.

Mais une véritable guérison est basée sur certains principes généraux qui exigent une acceptation mentale définie. Or les méthodes employées autour de nous sont nettement physiques. Elles utilisent les courants éthériques et les centres du corps éthérique. Telles sont l'imposition des mains et l'établissement de relations intéressant le corps physique, dont la nature n'est nullement mentale et qui n'exigent pas d'être assimilées et conservées par la pensée du patient. La nature du corps éthérique est physique. Pour ne pas l'oublier, il est nécessaire de le répéter souvent.

Comme indiqué précédemment, il existe trois principes fondamentaux affirmés et crus par le guérisseur, qui est grandement aidé si le patient les accepte aussi :

1. La séparation n'a pas de réalité. Le corps éthérique planétaire est un ensemble ininterrompu et continu. Les corps éthériques du guérisseur et du patient en sont des parties intégrantes, intrinsèques.

2. Entre le corps éthérique du guérisseur et celui du patient il existe une réciprocité de rapports indestructibles, bien que probablement non comprise. Une fois le contact établi, on peut s'en servir pour une circulation déterminée d'énergies.

3. Les canaux de relation peuvent acheminer de nombreux types d'énergies transmises du guérisseur au patient. Ce fait implique à la fois des espoirs et des dangers.

Il est d'autres principes, mais en connexion avec cette Règle, les trois ci- dessus sont essentiels et explicatifs. En conséquence, les résultats dépendent beaucoup du savoir, de la compréhension, et des facultés de perception du guérisseur. Dans les cas de guérison magnétique et de guérison irradiante, le danger réside dans le fait que si le guérisseur [646] n'est pas éduqué, la quantité de prana mise en œuvre ou d'énergie animique distribuée peut provoquer la mort aussi bien que la survie. Un guérisseur peut charger son corps éthérique d'une telle quantité de prana et la projeter avec tant de violence dans le corps éthérique du malade qu'il peut faire beaucoup plus de mal que de bien. Seule une longue pratique peut enseigner au guérisseur la juste quantité d'énergie à émettre, et pour l'apprendre, il fera bien d'en utiliser aussi peu que possible, en accroissant progressivement la dose à mesure qu'il acquiert de l'habileté.

En principe, et d'une manière générale, et en se rappelant que toutes les règles sont sujettes à de nombreuses exceptions, les guérisseurs magnétiques ont à faire à des patients moins développés que les guérisseurs spirituels utilisant la radiation de l'âme. Ils s'occupent principalement des maladies siégeant au-dessous du diaphragme. Les guérisseurs spirituels agissent en général sur la partie supérieure du corps, par les centres situés au-dessus du diaphragme et à l'aide du centre coronal, ce qui leur permet de contrôler tous les centres dans le corps tout entier. Leur travail est fort délicat et subtil, et comporte de plus grands risques. Le véritable guérisseur initié emploie les deux méthodes avec une égale facilité.

Bien que ce ne soit pas spécialement utile au lecteur, il est intéressant de signaler que l'on rencontre parfois des guérisseurs de deux autres classes, qui opèrent à l'aide de méthodes entièrement différentes de celles mentionnées ci- dessus.

1. Certains guérisseurs, rares et disséminés, ont établi une relation avec l'Esprit de la Terre, le Chef de tous les seigneurs lunaires. À l'aide de certaines formules et moyennant une certaine pratique, ils peuvent invoquer l'aide de cet Esprit et – en fait – lui donner des ordres. Je ne recommande à aucun étudiant de méditer par trop longtemps dans ce sens, ni de tenter d'établir un tel contact, ni d'invoquer l'aide de cet Esprit. Seuls les initiés de haut grade peuvent traiter avec ce puissant Élémental involutionnaire. Ils ne le font qu'à l'occasion [647] d'épidémies et de catastrophes internationales telles que la guerre mondiale, dans laquelle des milliers et des milliers de corps furent impliqués. Un individu non hautement évolué qui tenterait d'établir un tel rapport ne réussirait probablement qu'à stimuler les seigneurs lunaires de son propre petit système au point que sa nature inférieure serait vitalisée à l'excès – parfois même jusqu'à ce que mort s'ensuive.

2. D'autres guérisseurs, moins rares que ceux du groupe précédent, mais relativement peu nombreux, travaillent en coopération avec un déva guérisseur. De tels dévas existent et ont le pouvoir de conférer la vie. Par rapport aux seigneurs lunaires de l'involution, ils occupent la même position que les grandes Vies de Shamballa par rapport à nous. Ils ne sont pas une menace pour l'humanité, mais il est malaisé de les joindre, sauf à un certain stade du Sentier où existe (parlant symboliquement) un point de contact entre les deux évolutions, car les dévas ne sont pas sur la courbe de l'involution. Les relations s'établissent par affinité mais seulement sur l'initiative du déva et non sur celle du guérisseur. Si le guérisseur est très évolué, son Maître peut ordonner à l'un des dévas servants de l'aider. Seuls peuvent attirer ces anges des guérisseurs de grande pureté agissant selon des motifs complètement désintéressés. Lorsqu'ils y parviennent, leur pouvoir de guérison est bien plus grand, et ils commettent moins d'erreurs. Par exemple, ils n'essayent pas de guérir des patients qui n'ont aucune possibilité de se rétablir. L'Ange de la Mort (et cette fois je ne parle pas symboliquement, mais je me réfère à un déva existant) s'opposerait alors à cette collaboration d'un déva guérisseur. On ne lui permet d'approcher que si la guérison est dans la norme.

Reprenons les phrases de cette Règle pour étudier leur sens, car elles contiennent plus de significations qu'il n'apparaît en surface. La première phrase de chacun des paragraphes [648] commence par donner un ordre important au guérisseur :

Il faut que le guérisseur cherche à unir son âme, son cœur, son cerveau, et ses mains. Il peut alors déverser la force curative sur le patient.

C'est la technique la moins élevée des vrais guérisseurs spirituels, et pour cette raison deux des aspects du corps physique dense sont inclus : le cerveau et les mains. Le guérisseur opère donc par un triangle et deux lignes d'énergie.

Le triangle est complété lorsque l'œuvre de guérison est accomplie, que l'énergie quitte les mains pour regagner le cerveau, et que de là elle est retournée à l'âme par un acte de volonté. Lorsque, par la pratique de la mise en harmonie, le guérisseur s'est relié à son âme, il attire l'énergie animique vers son centre cardiaque. De là, il la transfère au cerveau, où elle reste nettement focalisée. Ensuite le guérisseur se sert de l'ajna comme centre distributeur, en utilisant ses mains comme un outil au moyen duquel l'énergie dirigée peut atteindre la région du corps du malade où se trouve le siège du mal. Puis il fait passer l'énergie dans le centre du patient qui régit approximativement la région malade. De ce centre, elle imprègne la région avoisinante du corps, pénétrant à la [649] fois le centre du trouble et les limites de la région affligée. Le guérisseur utilise ses mains de deux manières et emploie deux méthodes, celle de l'imposition des mains et celle de l'utilisation active des mains.

1. Imposition des mains. On emploie cette méthode lorsque la région malade est strictement localisée. On impose les mains sur le centre céphalique ou vertébral qui régit la zone malade. On pose la main droite sur l'emplacement du centre vertébral (ou céphalique) et la main gauche sur la partie du corps située immédiatement en avant de cette zone spéciale, c'est-à-dire sur la région de l'abdomen, de la poitrine, ou de la tête où le patient se plaint de souffrir. Le guérisseur conserve les mains dans cette position tant qu'il peut maintenir clairement dans sa conscience le triangle âme-cœur-cerveau.

2. Utilisation active des mains. Le guérisseur commence par diagnostiquer le trouble, puis par localiser le "centre nécessaire" le long de la colonne vertébrale ou dans la tête. Ensuite, par l'action de ses mains, il crée une circulation d'énergie passant par le centre du patient qui contrôle la région malade, puis par la région malade elle- même, et de là vers lui. Il se sert d'abord de la main droite, en la tenant momentanément au-dessus de la région ou de l'organe malade, puis en la retirant lentement vers lui. Il la fait suivre rapidement d'un mouvement analogue de la main gauche.

On remarquera que les deux mains sont utilisées positivement. Le guérisseur ne permet à nul aspect, à nulle partie de son corps ou de ses corps, d'être négatifs. Il doit écarter la fiction que la main droite est positive et la main gauche négative. Si l'une de ses mains était négative, le guérisseur serait susceptible d'absorber en lui-même les atomes malades qu'il extirpe de la région malade lorsqu'il réussit sa cure. Ces atomes ne réagissent pas à l'action des mains du guérisseur opérant par [650] le centre du patient le plus proche du siège du trouble, mais sont extraits par la région qui a réagi à la maladie.

Dans le premier cas, par l'imposition des mains, de mains silencieuses et paisibles, le flux d'énergie effectue un va-et-vient entre les deux mains, dans la région malade. Le centre vertébral est constamment utilisé, et lorsque l'activité déclenchée se traduit par un succès, elle brûle et absorbe les forces causant le trouble, sans pénétrer le corps du guérisseur. Dans le second cas, les forces sont retirées par l'action de l'énergie passant par les mains appliquées alternativement selon un rythme régulier. Elles passent par les mains, mais ne peuvent s'y focaliser par suite de la concentration dans les mains des énergies curatives.

Les guérisseurs des deuxième, troisième, et cinquième rayons emploient généralement la méthode d'imposition des mains ou guérison magnétique. Ce terme s'applique à l'acte direct d'apposer les mains sur le corps physique du patient, et non à l'action des mains dans la deuxième méthode, où elles sont immergées dans le corps éthérique du patient et travaillent franchement dans de la matière éthérique. Les guérisseurs des premier, quatrième, et septième rayons emploient cette méthode que l'on appelle parfois "l'immersion des mains". Les guérisseurs du sixième rayon sont rares et ne réussissent que s'ils sont hautement évolués. Ils emploient alors indifféremment les deux méthodes.

Tous les guérisseurs spirituellement évolués emploient les deux mains. Il est toutefois recommandé aux guérisseurs de commencer par s'assurer de leur rayon, puis de se perfectionner dans le mode de guérison le mieux assorti à ce rayon. Ensuite, lorsque leur efficacité sera adéquate et qu'ils sauront agir facilement et habilement, ils pourront s'adjoindre le mode de guérison moins adapté à leur type de rayon. Il est recommandé aux personnes appartenant au sixième rayon de s'abstenir de l'art de la guérison jusqu'à ce qu'elles soient parvenues consciemment au stade d'initié. [651]

Lorsque les deux modes de guérison magnétique ont été maîtrisés, le guérisseur peut les employer alternativement. Il peut également commencer par des passes magnétiques de manière à instaurer un changement d'activité dans la région malade, puis terminer par une franche imposition des mains.

À la fin de la période de guérison, le "scellement du triangle" prend place. L'énergie, qui jusque-là passait dans les mains en provenant du cerveau par le centre frontal, est retirée dans le centre frontal et dirigée de là vers l'âme, par un acte de la volonté. La force de guérison est littéralement coupée et réorientée. Elle cesse d'être disponible.

Durant toute la période de cure, le guérisseur observe le silence. Il ne formule aucune affirmation et ne se sert d'aucun mantra curatif. Le processus exposé ici est celui de l'énergie, ou puissance d'âme, agissant sur une force. C'est un point qu'il y a lieu de mettre en valeur. La tâche du guérisseur consiste à maintenir une attitude de concentration intense sur le triangle "qui existe en lignes vivantes d'énergie" dans sa propre aura quadruple – aura de santé, corps éthérique, corps astral, et corps mental. Il faut qu'il le conserve intact et stable durant toute la période d'intervention. Âme – cœur – cerveau doivent être coordonnés d'une manière si "lumineuse" qu'un clairvoyant véritable apercevrait un triangle brillant dans l'aura du guérisseur. Peut-être ne verrait-il pas le sommet supérieur du triangle, l'âme, s'il n'est pas lui-même hautement évolué, mais il ne pourrait manquer d'en voir les signes par l'influx d'énergie vers le centre cardiaque, et de là vers le cerveau.

Le travail effectué est silencieux. Il n'y a donc à aucun moment de déperdition de pouvoir, comme il s'en produit toujours lorsqu'on emploie la parole verbale ou affirmation. Si le guérisseur émet un son quelconque, il ne peut maintenir le triangle géométriquement correct et magnétiquement polarisé. Ceci présuppose un stade avancé d'alignement et de concentration et donne des indications sur quelques-unes des voies que le guérisseur devrait suivre dans son entraînement. [652]

Ce mode de cure "guérit la maladie ou accroît le mauvais état, selon le savoir du guérisseur". Bien que l'utilisation des mains ne constitue pas le mode de guérison le plus élevé, elle constitue néanmoins sous certains rapports celui qui comporte le plus de responsabilités. En effet, dans le cas de la guérison par radiation, l'âme du patient travaille en coopération avec le guérisseur, et c'est alors l'âme qui porte la principale responsabilité. Dans la guérison magnétique, il est nécessaire que le guérisseur coopère étroitement avec le médecin du patient ou avec le chirurgien consulté. Ceux-ci fourniront les précisions techniques préservant le guérisseur de certaines erreurs.

Lorsque le pronostic de décès est net et que médecin et guérisseur ont tous deux remarqué les "signes de mort", il n'est pas nécessaire que le guérisseur suspende son intervention. En la poursuivant, il est possible qu'il accroisse le mauvais état du malade, mais il n'en aura pas moins secouru le patient en accélérant normalement le fait de sa mort. Le vieux proverbe "tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir" n'est pas fondamentalement vrai en toutes circonstances. Il arrive souvent que la vie du corps se prolonge après que la volonté de l'âme se soit orientée vers le retrait de la vie animique. On peut entretenir la vie des atomes des seigneurs lunaires. Cela afflige grandement l'homme spirituel, qui est conscient du processus et de l'intention de Son âme. C'est alors le corps physique qui est maintenu en vie, mais l'intérêt de l'homme véritable a cessé de s'y concentrer.

Il arrive inévitablement un point, par exemple en cas de malignité, où le médecin sait que la mort est simplement une question de temps. Le guérisseur spirituel peut apprendre à reconnaître les mêmes signes. Alors, au lieu que le guérisseur et le médecin observent comme actuellement le silence au sujet du patient, le reste du temps sera consacré (si les facultés du patient le permettent) aux préparatifs appropriés à un "retrait bénéfique et heureux" de l'âme. [653] La famille et les amis du patient participeront à cette préparation.

Aux stades initiaux de la nouvelle religion mondiale, on inculquera ce comportement envers la mort. On enseignera un concept entièrement nouveau de la mort en mettant l'accent sur le retrait conscient. Les services funéraires, ou plutôt les services crématoires deviendront des événements joyeux, parce qu'ils mettront l'accent sur la libération et le retour.

Le travail magnétique guérira toutefois le patient si sa destinée l'indique, si l'âme décide d'une manière inattendue de prolonger le cycle de vie du corps afin de répondre à quelque obligation, ou si le patient est très évolué spirituellement et si la Hiérarchie a encore besoin de ses services pendant quelque temps.

Étudions maintenant la guérison par radiation. Nous aurons à faire à une situation très différente de celle qui vient d'être considérée. Ici, le patient travaille consciemment ou inconsciemment en coopération avec le guérisseur. La guérison irradiante ou par radiation s'appuie sur l'hypothèse de hase que le patient a établi des rapports avec sa propre âme, au moins dans une certaine mesure. Ceci fait, le guérisseur sait qu'il peut compter sur un chenal de contacts et évoquer l'intérêt de l'âme chez son représentant, l'homme sur le plan physique. Le guérisseur sait aussi que la réussite de la guérison irradiante dépend en grande partie de l'aptitude de sa propre âme à établir une solide relation avec l'âme du patient.

Lorsque le malade est conscient et en état de coopérer, le travail se trouve grandement facilité. La qualité du secours apporté à celui qui en a besoin dépendra de l'aptitude du guérisseur à tirer parti de l'harmonisation et du contact reconnus. Même l'inconscience du patient n'est pas un obstacle dirimant, pourvu que le guérisseur puisse établir un courant réciproque entre son âme et celle du patient. En fait, [654] l'inconscience du malade peut être une aide dans certains cas, car si le malade apporte son concours avec trop de sérieux, d'insistance, et d'impatience, cela peut neutraliser l'action paisible, silencieuse, et contrôlée du guérisseur. Mais une fois que le courant est établi, le travail du guérisseur consiste simplement à maintenir fixement la relation réciproque. On ne doit permettre aucune interférence dans le travail effectué par l'âme du patient, mise en mouvement par l'aide du guérisseur

Sur la Croix, le Maître Jésus ne pouvait réagir à aucun processus sauveur, même s'Il l'avait désiré, parce que son corps causal, le corps de son âme, avait été détruit, comme cela se produit toujours lors de la quatrième initiation. Il n'y avait aucune forme susceptible de répondre au pouvoir évocateur d'une personne de l'extérieur, aimante ou intéressée. Jésus étant un adepte en qui la conscience monadique était fermement établie, les pouvoirs à sa disposition ne pouvaient pas être utilisés pour sauver Son corps physique. En même temps, il faut se rappeler qu'Il n'aurait éprouvé nul désir de le sauver, car il était désormais doué du pouvoir (manifesté ultérieurement dans l'histoire des Évangiles) de se créer un corps à volonté pour faire face aux nécessités.

Les apôtres commirent le péché subtil et subjectif de ne pas s'intéresser à évoquer l'activité vivante du Maître en souhaitant qu'Il agisse de Son propre chef, mais de se préoccuper exclusivement de leur chagrin personnel. Cette évocation eût été inutile s'ils l'avaient tentée, mais indirectement le bien qu'ils en auraient retiré et la révélation qu'ils en auraient reçue sur l'immortalité de l'âme les eussent grandement illuminés. Peut-être eût-elle produit une Chrétienté édifiée autour d'un Christ vivant et non autour d'un Christ mort.

On nous dit que dans la guérison irradiante "il faut que le guérisseur cherche à relier son âme, son cerveau, son cœur, et l'émanation de son aura." On remarquera que cette recommandation spéciale diffère en deux points de celle qui concernait la guérison magnétique :

1. L'ordre du triangle d'énergies créé est différent. [655]

2. Le moyen de contact est subtil et impalpable.

L'énergie libérée suit une ligne de contact directe avec le cerveau. Le guérisseur démarre avec un triangle fermé, et non avec un triangle ouvert comme dans le cas de la guérison magnétique. Le triangle créé est simple, et il n'y a ni contact ni dégagement physique comme dans la guérison magnétique.

Le cerveau du guérisseur est impliqué, mais il n'y a aucune espèce de contact physique avec le patient. Il en résulte une constante circulation de force, partant de l'âme et retournant à l'âme, qui a pour effet d'intensifier et de stimuler la triple personnalité du guérisseur, par conséquent de son émanation aurique. Vue par un clairvoyant, son aura apparaîtrait fortement agrandie, en mouvement rapide, et stimulée par la lumière de son âme, mais avec toutes ses radiations orientées dans la direction du patient. Par ce moyen, la force curative du guérisseur stimule les trois véhicules de la personnalité du patient. L'âme du patient est soutenue dans le travail qu'elle doit accomplir. Le guérisseur estimera donc nécessaire de se tenir du côté du patient où est situé le trouble, afin que la radiation de son aura puisse le pénétrer plus aisément. Ceci est le moyen le plus facile, mais non le plus efficace.

Lorsque le patient est doué d'une forte vitalité, il devrait être étendu sur le côté, et le guérisseur devrait faire face à son dos. Ainsi l'énergie affluente dont le guérisseur peut être amené à se servir et qui vitalise puissamment son aura avec de l'énergie d'âme peut atteindre l'aura du patient et faciliter l'entrée dans le ou les centres nécessaires du patient de la radiation curative à laquelle le guérisseur contribue.

Lorsque le patient est très hautement évolué, le guérisseur devrait se tenir près de sa tête. Son action personnelle [656] n'est plus aussi considérable, mais cela importe peu, car le besoin ne s'en fait pas sentir. L'âme du patient sera à la hauteur de la tâche.

Il est simplement nécessaire que l'aura du guérisseur mêlée à celle du patient crée une zone paisible d'activité rythmique autour du centre coronal. Aucun contact physique par les mains n'est alors désirable, et le guérisseur ne doit sous aucun prétexte toucher le patient.

La situation se résume par la phrase : "C'est ainsi que sa présence peut nourrir la vie de l'âme du patient. Telle est l'œuvre de la radiation. Point n'est besoin des mains."

Parlant symboliquement, tout se passe comme si un grand tourbillon de pouvoir était créé par le contact entre les deux auras et leurs vibrations élevées. Par ce moyen, l'âme du patient peut agir plus facilement. Si un initié était présent, il verrait un courant doré d'énergie affluant directement par les corps stimulés de la personnalité du patient dans le centre le plus proche de la région siège du trouble. L'approche se fait via le centre coronal directement vers le point où gît la difficulté, et c'est également vers ce point que l'aura du guérisseur est dirigée. Le comportement mental du patient est renforcé et clarifié par l'émanation mentale de l'aura du guérisseur. Sa réaction émotionnelle, souvent très puissante, reçoit un secours pour atteindre le calme et l'absence de passion. L'aura de santé et l'aura éthérique du guérisseur agissent nettement sur les aspects correspondants de l'aura du patient.

La guérison par radiation est provoquée par l'interpénétration [657] des deux auras, toutes deux sensibles au contact d'âme. L'aspect âme des deux personnes contrôlées par leur âme est alors dirigé vers une région donnée du corps physique du patient. Cela exerce un effet prodigieux sur la région malade, et le centre correspondant se charge très fortement d'énergie.

Durant ce processus, le travail du guérisseur consiste en une quiétude intense. Lorsqu'il a établi le contact, il se borne à attendre en maintenant fermement l'alignement de son âme et en veillant à ce que rien ne vienne troubler les véhicules de sa personnalité. L'accomplissement de sa tâche avait consisté à établir son propre contact d'âme, puis à l'étendre en prenant contact avec l'âme du patient. Il pouvait y parvenir, parce qu'il savait que toutes les âmes ne font qu'une. L'art de la guérison finira par devenir l'un des facteurs probants démontrant l'unité de toutes les âmes.

La Cinquième Règle conclut par la phrase suivante : "L'âme du patient répond par la réaction de son aura à la radiation de l'aura du guérisseur, débordante d'énergie animique." Il est donc question de l'énergie d'âme des deux parties se rencontrant aux trois niveaux de la conscience humaine. Le mot âme est mis ici au singulier parce que l'unité a été atteinte, ne fût-ce que pendant un instant. L'âme du patient reconnaît cette unité en "vivifiant ésotériquement" sa propre aura et en devenant sensible aux radiations pénétrantes de l'aura du guérisseur. Cet afflux d'énergie animique dû à la liaison des auras est dirigé en totalité vers la région malade du corps du patient, en un seul effort unifié. On conçoit donc que le travail puisse se poursuivre consciemment ou inconsciemment et produire soit la guérison, soit cette "stimulation des atomes gouvernée par l'âme qui conduit à la libération". C'est ainsi que l'Ancien Commentaire décrit l'acte de mourir.

Lorsqu'il devient évident que la destinée du patient est de mourir, la technique du guérisseur se modifie quelque peu. [658] Il prend place auprès de la tête du patient, et de là il fait dévier toutes ses radiations vers le siège du mal, ce qui provoque nécessairement une forte accélération de l'activité vibratoire. Entre temps le patient inaugure le processus consistant à retirer toute conscience du corps, consciemment en le reconnaissant cérébralement et inconsciemment sous la gouverne de l'âme. Ceci explique pourquoi tant de personnes tombent dans le coma avant de mourir.

Lorsque cet acte de retrait de la conscience a été entrepris, l'intervention du guérisseur prend fin. Il "coupe" son contact d'âme et reprend le contrôle de son aura en tant que moyen d'expression spirituelle. Elle cesse d'être un instrument de guérison par activité irradiante et laisse le patient seul achever de retirer le fil de conscience et le fil de vie des centres coronal et cardiaque.

Dans ce schéma général des processus suivis au cours des guérisons magnétique et irradiante. J'ai présenté le squelette de l'idée, mais non les détails. Il sera possible d'en inférer davantage et de donner un complément d'indications lorsque nous passerons aux sept méthodes de guérison avec les implications relatives à leurs rayons.

Le présent enseignement est présenté sous une forme qui oblige l'étudiant à procéder à des recherches dans les divers chapitres du livre et à rassembler les faits dont il a besoin pour formuler le premier stade du procédé de guérison spirituelle. À moins qu'il ne soit lui-même un guérisseur spirituel apte à lire entre les lignes et à distinguer entre le symbolisme et les faits, il sera dérouté et son travail sera stérile. Cela fut élaboré à dessein, car l'art de guérir peut devenir dangereux lorsqu'on l'applique parfaitement avec des formules correctes.

Bien que l'énergie soit une pensée, il faut se rappeler que, d'un point de vue plus élevé, elle est également un feu. Avant que la vraie guérison spirituelle puisse prendre place, il faut que l'ensemble de la technique, des procédés, et des formules ait été découvert et expérimenté et que les résultats aient été enregistrés. Au moment où cette investigation sera achevée, les pratiques indiquées seront moins dangereuses [659] qu'actuellement.

Entre temps, il est possible de faire beaucoup de bien et d'apprendre beaucoup si les personnes intéressées lisent étudient, méditent, expérimentent avec soin, et édifient progressivement cette nouvelle science dont on a si grand besoin sous sa forme associée à la science médicale des temps modernes.

Étudions maintenant la Loi IX. Cette Loi et la Sixième Règle abordent des questions fondamentales. Notre problème consistera à en formuler l'enseignement de manière suffisamment concise pour traiter brièvement de vastes thèmes tout en faisant ressortir leur clarté et leur simplicité. Cette loi est en réalité une définition de la Loi d'Évolution, mais donnée sous l'angle spirituel. Telle qu'on la comprend généralement, la Loi d'Évolution concerne l'évolution de l'aspect forme qui s'adapte progressivement à devenir un exposant ou une expression de l'énergie de l'âme, et ultérieurement de l'énergie monadique.

Cette Loi IX pourrait s'appeler Loi de Perfection. Elle traite des énergies internes responsables de l'œuvre de la Loi d'Évolution. Elle est l'aspect supérieur ou cause déterminante de l'inférieur. Les néophytes désignent sous le nom imprécis de lois spirituelles des lois subsidiaires de la Loi de Perfection, mais ils les connaissent mal et dans leur pensée ils les confondent toutes dans l'idée générale qu'elles sont une expression de l'aspect amour de la Divinité. Sous l'angle de la qualité, cela est parfaitement exact, pourvu que l'on reconnaisse en même temps que l'aspect amour est essentiellement raison pure, et non un sentiment émotionnel s'exprimant au moyen d'actes aimables.

La règle qui accompagne cette loi traite des relations entre l'amour et la volonté. Elle présente donc une haute importance pour les initiés. Je rappelle ici que les seuls vrais [660] guérisseurs sont des initiés. Les deux dernières Lois (IX et X) ne peuvent donc être véritablement comprises que par des disciples initiés. Du point de vue intellectuel, elles sont pourtant profondément intéressantes pour les débutants, les chercheurs, et les aspirants, car au moins en théorie les néophytes peuvent saisir une partie de leur signification tout en étant encore totalement inaptes à "garder la loi" au sens spirituel.

LOI IX

La perfection attire l'imperfection à la surface. Le bien élimine le mal de la forme humaine dans le temps et l'espace. La méthode utilisée par le Parfait et celle qu'emploie le Bien est l'innocuité. Ce n'est pas une attitude négative mais un parfait équilibre, un point de vue intégral, et une compréhension divine.

Cette loi est profondément simple et signifie exactement ce qu'elle dit. On peut l'interpréter de deux manières :

1. Elle se rapporte au développement spirituel de l'homme par l'intermédiaire de la forme. Elle décrit la méthode ou loi par laquelle l'homme se dégage de l'emprise latente de la matière – imprégnée d'égoïsme et de tout ce qui est reconnu comme mauvais – après quoi il est libre.

2. On peut également l'interpréter en termes de guérisseur et de patient.

L'activité et le savoir du véritable guérisseur ont fréquemment pour effet d'amener à la surface sous forme aiguë le mal, la (maladie) interne de la forme. Il peut en résulter soit que la maladie soit éliminée et la santé recouvrée, soit que la forme succombe devant l'accroissement de la difficulté et que la probabilité se dessine que le patient va mourir. Il est donc heureux que les guérisseurs soient en moyenne si superficiels qu'ils ne puissent provoquer une éventualité aussi regrettable.

La méthode employée sous l'égide de la Loi de Perfection s'appelle la "parfaite innocuité". Ce fut la méthode toujours utilisée par le Christ, le Parfait. Ce n'est pas l'innocuité [661] que je recommande si souvent lorsque je parle aux aspirants, mais une innocuité imposée par l'homme spirituel et par sa destinée naturelle. Elle consiste à ne pas tenir compte de l'effet ou du résultat sur la nature en forme.

J'ai dit fréquemment que la Hiérarchie n'agit que soit avec l'aide de la nature spirituelle, soit avec celle de l'âme de l'humanité. Un Maître considère que la forme n'a relativement aucune importance.

L'homme spirituel considère toujours la libération de la triple forme comme le plus grand bien possible, pourvu qu'elle advienne selon la loi, comme résultant de sa destinée spirituelle et d'une décision karmique. Il faut qu'elle ne se produise ni comme un acte arbitraire, ni comme une échappatoire à la vie et à ses conséquences sur le plan physique, ni comme imposée par la personnalité.

La guerre de 1914-1945 fut un exemple frappant de la manière (étrange du point de vue limité de l'homme) dont opère la Loi de Perfection. Des millions d'hommes sont morts et d'autres millions ont cruellement souffert dans leur nature en forme. De nombreux autres millions d'hommes ont subi et subissent encore l'angoisse mentale de l'insécurité, de l'incertitude, et de la pauvreté. Cependant, deux conséquences majeures de nature spirituelle et conformes à la Loi de Perfection en ont résulté :

1. Des âmes furent libérées d'une civilisation arriérée et décadente, car telle est du point de vue de la Hiérarchie votre civilisation vantée. Ces âmes retourneront dans des corps meilleurs, vers une civilisation et une culture plus conformes aux besoins de l'homme spirituel. La raison principale d'une destruction aussi complète des anciennes formes physiques, émotionnelles, et mentales vient de ce qu'elles constituaient un emprisonnement total de l'âme et empêchaient toute véritable croissance parmi la masse des hommes.

2. Du riche au pauvre et de l'instruit à l'ignorant, une chose est maintenant clairement saisie et colorera de plus en plus la pensée humaine, c'est que le bonheur et le succès [662] ne dépendent ni de la possession d'objets ni des biens matériels. L'idée qu'ils en dépendent est la grande erreur que commettent les organisations ouvrières lorsqu'elles luttent et font grève pour obtenir plus d'argent en vue de vivre plus richement. C'est également une erreur du grand public qui, dans ses réactions aux activités de la classe ouvrière, se rebelle contre la réduction du courant régulier de biens matériels.

L'humanité a commis cette erreur durant d'innombrables millénaires et s'est grossièrement trompée en mettant l'accent sur ce qui profite à la forme. Sur ce point, la position des Russes est bonne lorsqu'ils font la guerre au capitalisme et mettent l'accent sur l'éducation. Toutefois, leur brutalité, leur cruauté, et par-dessus tout la suppression du droit des individus à certaines libertés essentielles pourraient finalement annihiler la beauté et les espoirs suscités par l'idéalisme initial. La Russie a raison dans son idéalisme, mais les États-Unis et la Grande- Bretagne en sont à un point médian. Ils ont une vision, mais ne savent pas comment la matérialiser et la rendre vraie, car ils sont à juste titre opposés à un régime totalitaire. L'esprit capitaliste et le fascisme latent des États-Unis constituent actuellement une menace très nette pour la paix du monde, et les capitalistes bloquent les efforts des hommes de bonne volonté. La Grande-Bretagne est actuellement impuissante et financièrement ruinée ; son ancienne politique impériale est entièrement désuète et ses citoyens sont découragés. Elle est si préoccupée par sa lutte pour la vie (et elle vivra) qu'il lui reste peu de temps, d'intérêt, ou d'énergie pour réaliser sa vision.

On sait qu'il existe toujours une homologie entre l'homme individuel et le monde des hommes dans son ensemble. De même qu'actuellement chacun de nos contemporains présente pratiquement un défaut physique – dans les yeux, les oreilles, les dents, ou sous forme de maux de quelque nature [663] – de même l'humanité est malade et attend sa guérison. Celle-ci sera accomplie par le Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde et par les hommes de bonne volonté aidés par la Hiérarchie, ce centre planétaire d'où seront tirées les énergies curatives.

L'imperfection a été attirée à la surface, les maux à éliminer sont universellement connus de chacun, et ceci est advenu sous l'influence de la Loi de Perfection. Je m'occupe ici de l'aspect général de la situation plutôt que des rapports individuels entre un guérisseur et un patient, pour la simple raison que seuls des initiés doués d'expérience et de compréhension peuvent observer cette loi ou obéir à cette règle. Or il y en a fort peu actuellement sur la terre. La maladie de l'humanité en tant que race résulte de millénaires de vie défectueuse, de desseins égoïstes, et de cupidité qui ont produit une accumulation de maux physiques. Aujourd'hui, des millions d'enfants naissent soit visiblement déficients, soit porteurs de germes de maladie. Lorsque le mal qui a fait sentir sa présence et les imperfections attirées à la surface auront été guéris ou refoulés à leur propre place, alors et alors seulement les maladies physiques prendront fin ou céderont facilement devant un traitement convenable.

En étudiant le sujet général de l'imperfection et du mal, nous nous préoccupons ici de causes, ainsi que les initiés doivent toujours le faire. Lorsque ces causes seront elles-mêmes supprimées, leurs effets disparaîtront forcément. La Science Chrétienne et le Mouvement Unité ont donc raison dans leur théorie générale et leurs prémisses, mais entièrement tort dans leur mise en valeur de certains faits et dans leurs méthodes. À la longue, tout le travail qu'ils accomplissent aujourd'hui se révélera relativement futile, sauf dans la mesure où ils énoncent et observent la Loi de Perfection, même s'ils le font d'une manière confuse et même si leur enseignement est entaché par l'égoïsme universel.

On a fréquemment dit qu'il existait deux méthodes pour [664] aboutir : le long et pénible chemin de l'évolution dans lequel on prend des éons pour arriver à des résultats relativement modestes, et le chemin court encore plus dur, mais bien plus rapide de l'initiation. Durant des âges la question resta controversée de savoir si le monde des hommes choisirait la méthode lente et sûre, et s'il était bon qu'il la choisisse. C'est une méthode par laquelle les imperfections ne sont éliminées que très progressivement, sans beaucoup de tension, et avec un faible effort de la part de l'homme. C'est un mode par lequel le bien n'est compris que lentement, et le mal éliminé lentement, très lentement.

Dans le système d'évolution habituel, la volonté de bien de Shamballa n'est que faiblement présente, et l'humanité aurait dû attendre d'innombrables millénaires avant d'atteindre même le point actuel de développement des hommes. Mais il advint un événement qui n'avait pas été prévu même par la Hiérarchie. Le tableau tout entier en fut modifié au cours des deux derniers siècles. Des individus en nombre approprié atteignirent l'initiation et entrèrent dans les Ashrams des Maîtres. Grâce à la ligne de conduite de ces aspirants couronnés de succès, et sous réserve de leur continuité d'action, la décision fut prise par eux au nom de l'humanité qu'il fallait s'engager dans la voie ardue et rapide. Depuis lors, trois facteurs ont constamment joué :

1. Un prodigieux progrès dans l'élévation de la conscience de l'humanité en masse à des niveaux intellectuels très supérieurs. L'accroissement d'éducation, les découvertes de la science et la maîtrise du plan matériel et de l'air en témoignent.

2. Le facteur résultant de la détresse du monde, des désastres économiques, des guerres mondiales, des cataclysmes naturels, et des myriades d'événements et de difficultés qui rendent si dure de nos jours la vie individuelle, la vie nationale, et la vie planétaire. Nul n'en est exempt, et nulle distinction n'apparaît.

3. L'accroissement des connaissances concernant la Hiérarchie, [665] et surtout le Dessein spirituel. Il a fallu pour cela que des aspirants et des disciples s'ingénient à présenter un but aux hommes, et en outre qu'ils décrivent les techniques du Sentier par lequel on peut atteindre ce but. Ce ne sont pas les groupes ecclésiastiques qui ont accompli cette œuvre de par le monde, mais les membres des Ashrams. Les Églises se sont bornées à préserver dans la pensée du public le fait de Dieu Transcendant tout en négligeant le fait de Dieu Immanent. Elles ont apporté leur témoignage à l'existence du Christ tout en travestissant Son enseignement. Elles ont enseigné le fait de l'immortalité tout en ignorant la Loi de la Réincarnation.

L'humanité progresse donc rapidement sur le Chemin de l'Ascension et les deux tendances suivantes peuvent être considérées comme des conséquences de ce progrès. Premièrement, les imperfections et le mal (les premières latentes et le second actif bien qu'en recul) deviendront de plus en plus évidents pour les hommes intelligents. Deuxièmement, on connaîtra aussi les méthodes à employer pour les éliminer.

 Je ne m'occupe pas ici de la nature des imperfections ni de la raison d'être du mal. Est-il bien nécessaire d'exposer à l'un quelconque de mes lecteurs combien la présence de ces maux est inéluctable ? Je pourrais signaler que l'imperfection est inhérente à la nature de la matière elle-même, et constitue un héritage provenant d'un système solaire antérieur. Je pourrais indiquer que le mal émane de la hiérarchie de Forces mauvaises qui est la correspondance matérielle de la Hiérarchie spirituelle. Cela est lié au fait que tous nos plans sont composés de substances du plan physique cosmique. On pourrait également décrire ce qui se passera lorsque l'imperfection de la matière sera connue et corrigée, et que l'intérêt et l'attention de l'humanité se détourneront des conditions matérielles. Alors il ne restera rien dans les trois mondes (les trois niveaux inférieurs du plan physique cosmique) sur quoi les Forces du Mal aient le pouvoir d'agir. Elles ne pourront rien déterminer, et il n'existera plus aucun [666] mode d'influence sur les hommes en ce qui concerne le mal.

Je ne puis actuellement m'attendre à ce que l'on comprenne la signification de mes paroles. Elles sont toutefois reliées à la strophe de la Grande Invocation où il est question de "murer la porte de la demeure du mal". Il existe une porte ouvrant sur un royaume du mal et sur les ténèbres, de même qu'il existe une autre porte ouvrant sur un monde de bonté et de lumière. Par rapport à l'homme dédié et consacré au mal, le diable joue le même rôle que le Gardien du Seuil vis-à-vis de l'aspirant à la spiritualité.

 

[1] Voyez I Rois XVIII-24 et 38.