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LIVRE II CONDITIONS FONDAMENTALES POUR GUERIR - Partie 1

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REMARQUES PRELIMINAIRES

Cette nouvelle partie de notre discussion sur les Rayons et la Maladie offre des conclusions essentiellement pratiques contrastant avec celles hautement spéculatives (spéculatives pour vous tous) de la partie précédente. Celle-ci comportait bien des points pouvant être considérés comme des vérités "mises en question", alors qu'ils ne visaient qu'à susciter des questions. Pour les plus intuitifs d'entre vous, ils revêtaient au mieux le caractère d'hypothèses "peut- être exactes". Veuillez bien noter cette tournure de phrase, si paradoxale qu'elle paraisse. Les lecteurs ne disposent d'aucun moyen direct pour contrôler la véracité de ces hypothèses. Une grande partie du mystère de la vie se clarifiera à mesure que des aspirants en nombre croissant commenceront d'opérer consciemment dans le royaume des causes.

Dans la Hiérarchie, on ne pose pas de questions, sauf au sujet de la nature imprévisible des réactions humaines. Même en ce qui concerne les activités incertaines de l'humanité, les Maîtres peuvent habituellement donner une estimation de ce qui va arriver. Mais, ésotériquement, Ils refusent "de trop penser aux énergies libérées sur le plan de la vie terrestre, de crainte que des contre-énergies issues du Centre où Ils demeurent ne puissent interférer avec le libre arbitre incontestable des hommes". Je viens de citer les paroles d'un Maître à une conférence tenue en 1725.

À mon sens, les conclusions formulées dans la section [381] précédente sont des vérités indiscutables et des faits prouvés. Pour vous, elles peuvent être soit des hypothèses adéquates, soit des interprétations discutables et inacceptables sur les causes sous-jacentes des maladies.

L'humanité s'appuie sur un passé fort ancien au cours duquel de soi-disant péchés, erreurs, mauvaises actions, et fausses attitudes ont accumulé un karma très lourd, lequel (heureusement pour la race des hommes !) est actuellement en voie de rapide liquidation.

D'ici peu, des changements majeurs dans la manière d'aborder les maladies se feront jour, par suite de l'immense intérêt que l'on porte à ce sujet et de la centralisation de toutes les ressources de la science médicale et chirurgicale au service des forces militaires (ressources qui seront mobilisées un jour pour secourir les populations civiles des contrées dévastées des deux hémisphères). Ces changements seront également consécutifs aux recherches étendues effectuées dans nos hôpitaux et nos centres d'enseignement, et aux rapides progrès de la science, auxquels s'ajoute une tendance continue à une indispensable simplification. Ces facteurs conduiront à extirper de nombreuses maladies héréditaires et redoutées.

Les disciples et les initiés du monde sont appelés à transmettre une inspiration et un afflux de connaissances occultes qui conduiront à bien des changements de technique. Des lois sur la santé, nouvelles et pourtant extrêmement simples, seront prochainement révélées. Il en résultera inévitablement une fusion de la médecine orthodoxe, de la psychologie, et des méthodes de cure spirituelle, d'où sortira une attitude entièrement neuve pour approcher l'ensemble du sujet. L'emploi croissant du feu comme moyen de purification, en relation avec le sol de la planète et le corps humain, y contribuera largement. Une nouvelle science des plus utiles naîtra de la technique consistant à provoquer la fièvre pour guérir certaines formes de maladie, et de la méthode (fréquemment employée par la nature) consistant à soumettre de vastes surfaces de terre à l'impact du feu.

Toutefois, ceci ne se produira que plus tard. J'indique simplement une vague tendance dans cette direction. Dans tous les domaines de la connaissance, l'homme se trouve à un point culminant par suite du développement rapide de [382] la conscience humaine. C'est le prélude à une grande expansion de l'intelligence et à une nouvelle pénétration dans les causes motivantes actuellement responsables en grande partie des souffrances de notre corps physique.

Le nouvel enseignement et les connaissances en voie d'acquisition résulteront d'un éveil de l'intuition, de la présence sur terre d'un très grand nombre d'âmes évoluées ou développées, et enfin de l'établissement de relations plus étroites entre la Hiérarchie et l'Humanité. Ces deux derniers "centres" planétaires fusionnent lentement leurs énergies. Il en résultera des changements et développements majeurs, non seulement dans les facultés de perception de l'homme, mais aussi dans son mécanisme physique. Les hommes manifesteront une résistance accrue aux maladies indigènes et héréditaires, et une réelle aptitude à résister aux contagions, ce qui éliminera nombre de douleurs et de souffrances.

La somme du karma humain a été réduite à la suite de l'expérience de la guerre planétaire de 1914-1945. En conséquence, les âmes cherchant à s'incarner pourront créer des corps dépourvus de tendances à développements morbides. Les Maîtres sont complètement exempts de maladies, parce qu'ils ont entièrement triomphé du karma des trois mondes[1], et qu'ils sont libérés.

Au cours des cinquante dernières années, nous avons appris à traiter la maladie planétaire de la tuberculose. Quand cette aptitude s'étendra aux régions surpeuplées de l'Orient et aux districts qui ont souffert jusqu'à ce jour d'insuffisance dans les soins médicaux, la tuberculose sera complètement éliminée. Les maladies syphilitiques commencent déjà à être rapidement maîtrisées par l'emploi de drogues récemment découvertes, mais que les Maîtres ne considèrent que comme des palliatifs superficiels dans le temps et l'espace. L'extirpation totale, lente et correcte, de ces maladies interviendra à mesure que l'humanité centrera son attention consciente sur le plan mental, en l'écartant du domaine des désirs astraux et sexuels avec leur action réflexe sur le corps physique qui réagit en automate. [383]

La troisième grande maladie planétaire, le cancer, est encore fondamentalement incontrôlable. La seule méthode de cure actuellement possible semble résider dans un recours relativement simple à la chirurgie. Le mode de prévention du cancer et la nature de sa cause sont encore inconnues. Tout ce domaine reste principalement spéculatif et sujet à des recherches et investigations infinies.

De nombreuses infections et maladies mineures, ainsi qu'une vaste gamme de troubles physiques associés, pourront finalement être rattachés à l'une ou à l'autre de ces trois maladies de base. À leur tour, celles-ci sont nettement reliées à un usage inconsidéré de l'énergie des trois rayons majeurs[2].

On peut donc énoncer les affirmations suivantes :

1. Les maladies vénériennes sont dues au mauvais emploi de l'énergie du troisième rayon, l'énergie intelligente et créatrice de la substance même.

2. La tuberculose résulte du mauvais usage de l'énergie du deuxième rayon.

3. Le cancer est une réaction mystérieuse et subtile à l'énergie du premier rayon, la volonté-de-vivre, qui en est un aspect. En conséquence, il se traduit par une suractivité et une croissance des cellules somatiques dont la volonté-de-vivre devient destructive envers l'organisme qui les porte.

Je n'ai exposé que des suggestions encore sans grande utilité à notre époque. Il faut d'abord que le corps médical effectue un grand nombre de recherches occultes dans ce sens. Mais ce ne sera possible que lorsque la Science des Rayons sera mieux comprise. Elle apportera des preuves à l'appui du fait que l'on peut déceler dans chaque être humain la présence de cinq énergies fondamentales, les énergies des cinq rayons qui le conditionnent[3]. Un jour les hommes apprendront à déterminer facilement leur type de rayon, et les rayons qui gouvernent leur triple personnalité.

Dans toutes les directions où l'homme étend sa compréhension, [384] il apparaît avec une évidence croissante que l'occasion se présente pour des facteurs nouveaux d'entrer en jeu et de commander. La porte de l'aventure (dans son sens le plus élevé) est grande ouverte, et rien n'a jamais pu empêcher l'humanité de franchir cette porte. Tout au long des âges, l'homme a passé ces portails pour pénétrer dans de nouveaux et plus riches royaumes d'investigations, de découvertes, et d'applications pratiques subséquentes.

Aujourd'hui, la porte qui s'ouvre introduira l'homme dans un monde de significations – un monde qui est l'antichambre du monde des causes. Effet, Signification, Cause, ces trois mots donnent la clef de la croissance de la conscience humaine. Actuellement, les hommes vivent dans le monde des effets, sans soupçonner que ce sont des effets. Quelques-uns uns commencent à vivre dans le monde des significations. Quant aux disciples et à ceux qui vivent dans le monde de la Hiérarchie, ils savent ou sont en passe de connaître les causes produisant les effets que révèle la signification. C'est pourquoi nous pouvons tenter d'examiner les conditions fondamentales que l'homme doit remplir avant de s'avancer dans le sentier de l'illumination à venir.

Cette illumination fera nécessairement disparaître toute crainte de la mort et traitera complètement ce sujet qui a si longtemps entraîné l'humanité dans des abîmes de terreur et de désespoir. Je me réfère aussi aux comportements exigés de ceux qui cherchent à guérir, à triompher de la maladie, et à soulager les maux corporels. Il faut qu'ils pratiquent ces comportements, surtout dans le domaine mental. Ces exigences attireront l'attention des agents guérisseurs et des patients. Elles concernent aussi l'homme considéré comme un tout.

On admet généralement que la foi est la principale condition préliminaire dans l'art de guérir. Mais il n'en est pas ainsi. La foi n'a guère à intervenir. La guérison dépend [385] de certains facteurs vitaux et basiques dans lesquels la foi n'entre pour rien. Bien souvent, l'effort d'un malade pour acquérir la foi le gêne énormément pour le libérer des difficultés interposées entre lui et sa guérison complète. Le Christ a très fréquemment insisté sur la foi, ou plutôt sur la qualité que l'on traduit par le mot foi dans les Écritures saintes de l'Occident. En réalité, il faisait allusion à l'acceptation de la loi, surtout à la reconnaissance du karma, et à une connaissance de la destinée divine. Le fait de saisir ce point conduit à une nouvelle attitude à la fois envers Dieu et face aux circonstances. Voici dix conditions préliminaires que je voudrais mettre en lumière :

1. Reconnaître si possible la grande Loi de Cause et d'Effet. Ce n'est pas toujours réalisable dans le cas de patients totalement dépourvus de lumières.

2. Diagnostic correct de la maladie par un médecin compétent, et plus tard par un clairvoyant spiritualiste quand le guérisseur initié aura développé ses capacités dans ce sens.

3. Croire à la loi du karma immédiat. Je veux dire par là que le patient ou le guérisseur doivent savoir si la destinée du patient veut qu'il soit guéri, ou au contraire qu'on l'aide à effectuer la grande transition.

4. Il peut se faire que la guérison soit nuisible et totalement indésirable du point de vue de l'âme. Il faut être prêt à le reconnaître. Des gens sont parfois guéris par la puissance du guérisseur, alors que ce n'était pas leur destinée de reprendre une vie active sur le plan physique.

5. Il faut entre le guérisseur et le malade une coopération active basée sur une compréhension mutuelle.

6. Le patient doit se soumettre sans réserve à la volonté de l'âme, quelle qu'elle soit, lorsqu'elle est démontrée. En d'autres termes, il doit exprimer une divine indifférence.

7. Le guérisseur et le malade doivent tous deux s'efforcer [386] d'exprimer une complète innocuité[4]. Vous serez bien récompensés si vous méditez avec soin sur la valeur de cette suggestion. Elle se rapporte essentiellement aux relations des deux intéressés avec leurs associés.

8. À moins d'être trop souffrant, le malade doit s'efforcer d'ajuster et de rectifier les aspects de sa nature et les caractéristiques susceptibles de militer contre la justesse de perception spirituelle. C'est l'une des significations, mais non la plus importante, cachées dans l'expression "le travail de restitution".

9. Éliminer délibérément les qualités, tendances de pensée, et désirs susceptibles d'entraver l'influx de force spirituelle. Cette force peut intégrer l'âme plus étroitement avec le corps dans les trois mondes et inaugurer un renouvellement d'expression vitale. Elle peut aussi intégrer l'âme avec la source dont elle émane et déclencher un renouveau de vie sur les plans de l'âme. Cela affecte donc la relation du patient avec son âme.

10. Il faut que le guérisseur et le patient soient tous deux capables tantôt de s'intégrer dans l'âme-groupe à laquelle ils sont subjectivement affiliés, tantôt d'intégrer à la fois la personnalité et l'âme. Si leur évolution est parvenue au point voulu, ils doivent tous deux pouvoir s'intégrer dans le groupe formant l'Ashram du Maître.

Ces dix exigences peuvent sembler élémentaires, mais ne le sont en aucune façon. Superficiellement, elles paraissent concerner des caractères, qualités, et capacités. Foncièrement, elles concernent les relations de l'âme et du corps et traitent d'intégration et d'abstraction. Dans tous les cas elles ont pour objectif caché d'établir un rapport ininterrompu entre le patient et le guérisseur ou groupe guérisseur [387] qui s'occupe scientifiquement de lui.

L'un des premiers soins que tout agent guérisseur devra prendre sera de dresser un tableau simple d'instructions pour le patient. Il faut que ces instructions soient simples, parce qu'en cas de maladie sérieuse le patient se trouve hors d'état de fournir le moindre effort physique tendant à modifier son comportement. On oublie cela trop souvent.

Voici deux notions qui devraient être claires pour le guérisseur, et qu'à son tour il devra éclaircir pour le patient :

1. La guérison n'est nullement garantie. Les patients doivent être convaincus que le prolongement de la vie dans le corps physique n'est pas un but suprême. La survie peut être ce but si le patient doit encore rendre des services vraiment importants, ou remplir des obligations, ou apprendre encore d'autres leçons. La vie corporelle n'est toutefois pas le bien suprême de l'existence. Il y a parfois réellement profit à se libérer des limitations physiques du corps. Il faut que les patients apprennent à reconnaître et accepter la Loi du Karma.

2. La peur est inutile. L'agent guérisseur devrait avoir pour l'un de ses premiers objectifs d'aider le patient à imaginer son avenir sous l'angle d'une perspective heureuse et saine – quel que soit d'ailleurs cet avenir.

Il est évident aussi que l'on a devant soi l'occasion d'aborder tout le problème de la maladie et de la guérison avec une nouvelle attitude, et d'amener l'humanité à un sens des proportions plus harmonieux et plus heureux en matière de maladie et de santé.

Le véritable sens du mot "restitution" apparaît avec [388] évidence. Il concerne l'art suprême de rendre au patient ce qui lui manque pour faire face correctement à la vie, aussi bien à la vie dans un corps physique sur le plan physique qu'à la continuité de vie sur les autres plans, invisibles à la majorité des hommes et considérés comme problématiques et inaccessibles. La restitution peut aussi impliquer que le patient redressera ses torts avant de recevoir un traitement qu'il considérera comme un succès. Mais elle concerne essentiellement l'effet produit par le groupe guérisseur lors de son premier contact avec le patient. Il ne faut pas l'oublier. Le karma du malade indique parfois qu'il faut restaurer en lui la volonté-de-vivre. Parfois aussi, en l'incitant à éliminer la peur (peur de la vie ou peur de la mort), le rétablissement de son courage s'ensuivra. Le patient peut manquer du don consistant à rétablir en toutes circonstances une attitude affirmative. En l'acquérant, il restaurera sa volonté de recevoir avec compréhension et joie tout ce que l'avenir peut lui apporter. La restitution peut encore impliquer le rétablissement de relations harmonieuses avec l'entourage du patient, famille et amis. Il en résultera un renouveau d'ajustements corrects, une poussée d'amour, et la négation d'anciennes pensées nocives peut-être profondément ancrées.

Il apparaît donc que le procédé consistant à pratiquer un rite de guérison ne constitue qu'une phase du travail à faire, et que la relation entre guérisseur et patient est essentiellement éducative. Il faut que cette éducation soit tempérée par la condition physique de la personne malade. En opérant selon cette directive, on découvrira qu'il faut exposer brièvement au patient le travail à effectuer, les restitutions qu'il doit être prêt à consentir pour faciliter l'influx de la force curative. Il faut, si j'ose exprimer cette phrase symboliquement, que le patient soit prêt à "effacer son [389] ardoise" pour que le travail de guérison aboutisse selon la loi du karma.

Cette phase du travail préparatoire est malaisée. Il se peut qu'elle soit impossible avec des patients par trop malades. Tous les agents guérisseurs rencontreront des patients à tendance mentale spirituelle, dont les vies ont été longtemps basées sur de justes efforts, et qui ont correctement "rendu à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu". Auprès de ceux-là, la cure sera fortement accélérée, ou bien au contraire, la tâche d'aplanir le chemin qui passe par les portes de la mort se trouvera grandement simplifiée.

Après tout, la mort est en elle-même un travail de restitution. Elle rend la substance aux trois mondes de substance, et il faut y consentir de bon gré et joyeusement. Elle restitue aussi l'âme humaine à l'Âme d'où celle-ci est émanée, et cela doit s'accomplir dans la joie de la résorption. Il faut que chacun apprenne à regarder la mort comme un acte de restitution. Quand on y parvient, elle apparaît sous un jour nouveau et avec sa vraie signification. Elle devient partie intégrante – reconnue et désirée – d'un processus vivant continu.

Si l'on me demandait de définir la tâche majeure de tous les groupes de guérisseurs, tels que la Hiérarchie cherche à les voir fonctionner dans l'avenir, je dirais que c'est de préparer des êtres humains à ce que nous devrions considérer comme l'aspect restitutif de la mort. Cet ennemi que l'humanité a tant craint jusqu'ici recevra de la sorte une signification nouvelle et plus heureuse. Si l'on oriente sa pensée dans cette direction, on découvre que le thème tout entier de la mort réapparaît constamment. Il en résultera de nouveaux comportements devant le fait de mourir, et cela enseignera l'attente heureuse de cet événement inévitable et si familier.

Il faut que les groupes guérisseurs se familiarisent avec cette condition périssable et fondamentale de tout ce qui vit, et ils devront consacrer une partie très importante de leur travail à élucider le principe de la mort. On nous dit que l'âme doit retourner à celui qui l'a donnée. Jusqu'à présent, [390] cette restitution a été subie par force et redoutée. Elle a engendré la peur et conduit partout les hommes et les femmes à réclamer à grands cris la guérison du corps physique. Ils ont surestimé son importance et considéré la prolongation de l'existence terrestre comme un facteur essentiel de leur bonheur. Au cours du prochain cycle, il faudra mettre fin à ces fâcheux comportements. La mort deviendra un processus normal et bien compris – aussi normal que celui de la naissance, bien qu'évoquant moins de douleur et de crainte. Ce commentaire est de nature prophétique, et il faut l'enregistrer comme tel.

Je voudrais donc inculquer le fait élémentaire que si un groupe guérisseur cherche à travailler dans cette nouvelle direction, il doit d'abord s'efforcer de comprendre quelque chose au facteur de la mort, que nous désignons sous le nom de "grand processus de reddition" ou "grande restitution". Il concerne l'art de rendre le corps à la source de ses éléments constituants avec sagesse, correction, et à l'heure voulue, et de restituer l'âme à sa source essentielle d'existence. Je choisis mes mots avec soin pour que vous méditiez sainement et méticuleusement la prétendue énigme de la mort. Elle est une énigme pour l'homme, mais non pour les disciples et les connaisseurs de la sagesse.

Les guérisseurs opérant en groupe ou individuellement trouveront parfois nécessaire de confronter leurs patients avec la réalité de la mort. Dans mon Ashram et dans celui du Maître K.H.[5], les disciples entreprennent d'interjeter le thème de la mort dans leurs entretiens avec d'autres chercheurs de vérité, dans leur propre manière de penser, dans leurs discussions entre eux, et spécialement dans leur contact avec ceux qu'ils cherchent à guérir. Ce n'est pas facile, et il ne faut pas s'y adonner d'une manière précipitée, mais c'est un sujet qu'on ne peut ni ne doit éviter ou éluder. Le travail des groupes guérisseurs issus d'un Ashram ne met pas l'accent sur la guérison corporelle, mais sur l'opportunité dans le temps, les cycles d'activité ou de vie sur [391] le plan physique, et les cycles de restitution ou de mort physique.

Tout ce Livre II dont nous avons entrepris l'étude et qui est intitulé "Conditions Fondamentales pour Guérir" concerne en réalité les processus de la mort et les conditions du monde matériel ou des trois mondes de service incarné. Restituer le corps au réservoir général de substance, ou au contraire le restituer au service du monde extérieur de la vie quotidienne, rendre l'âme à sa source qui est l'Âme sur son propre plan, ou au contraire lui rendre sa pleine responsabilité dans le corps qu'elle habite, tels sont les points que nous traiterons en premier.

En second lieu nous étudierons l'élimination du principe de vie et de l'aspect conscience, thème qui n'est pas celui de la construction du caractère, comme certains pourraient le supposer. Dans les remarques initiales de ce chapitre, j'ai dit quelques mots concernant le caractère et les qualités personnelles. En effet, toute véritable compréhension des principes fondamentaux de la vie et de la mort est grandement facilitée par l'action juste basée sur la pensée juste, ce qui aboutit à l'édification juste du caractère. Toutefois, je ne désire pas m'étendre sur ces nécessités élémentaires préalables. Les processus d'intégration tels que je cherche à les examiner ici concernent l'intégration de l'âme dans le triple corps [6] si le karma en décide ainsi, ou au contraire dans le royaume des âmes si le karma décrète que le sujet est confronté avec ce que nous appelons la mort.

Ce Livre II traite donc du problème de la mort ou de l'art de mourir. C'est une chose à laquelle toute personne sérieusement malade doit inévitablement faire face et à laquelle tous les bien-portants devraient se préparer en pensant correctement et en anticipant sainement. Il faut modifier et délibérément changer l'attitude morbide de la majorité des gens au sujet de la mort et leur refus de l'envisager pendant qu'ils sont en bonne santé. Le Christ a donné l'exemple de l'attitude correcte lorsque, étant aux mains de Ses ennemis, il expliqua à Ses disciples les raisons de son très prochain décès. Il les réprimandait quand ils manifestaient de la [392] tristesse et leur rappelait qu'Il allait vers Son Père. Étant un initié de haut degré et parlant occultement, Il voulait dire qu'Il "faisait restitution à la Monade".

Les gens ordinaires et tous ceux qui n'ont pas encore pris leur troisième initiation font "restitution à l'Âme". Ceux-ci mettent l'accent sur leur corps physique et s'identifient facilement avec lui. Le sujet de la mort éveille généralement en eux une crainte morbide, et ils répugnent à l'aborder avec compréhension. Ils ont également la peur innée de la solitude et de la perte de ce qui leur est familier. Pourtant, la solitude qui intervient après la mort, quand l'homme se trouve privé d'un corps physique, n'est rien en comparaison de la solitude lors de la naissance.

À la naissance, l'âme se trouve plongée dans une nouvelle ambiance et immergée dans un corps d'abord complètement inhabile à prendre soin de lui- même et à établir un contact intelligent avec son entourage immédiat, et cela pendant longtemps. L'homme arrive en incarnation sans se rappeler l'identité ni la signification pour lui du groupe d'âmes habitant les corps avec lesquels il se trouve en relation. Cette solitude ne disparaît que graduellement, à mesure que s'établissent ses propres contacts de personnalité, qu'il découvre ses semblables par affinité, et finalement réunit autour de lui ceux qu'il appelle ses amis

Après la mort, il n'en est pas ainsi, car l'homme trouve de l'autre côté du voile les êtres qu'il a connus et ceux avec lesquels il a été lié pendant sa vie sur le plan physique. Il n'est jamais seul à la manière dont les êtres humains entendent la solitude. Il est également conscient de ceux qui habitent encore un corps physique. Il peut les voir et partager leurs émotions et leurs pensées, car son cerveau physique ayant cessé d'exister ne peut plus constituer un obstacle. Si les êtres en savaient davantage, c'est l'expérience de la naissance qu'ils craindraient et non celle de la mort, [393] car la naissance installe l'âme dans sa vraie prison, tandis que la mort n'est que le premier pas vers sa libération.

Une autre peur qui incite l'humanité à considérer la mort comme une calamité lui a été inculquée par l'aspect théologique de la religion, et plus particulièrement par les Fondamentalistes Protestants et l'Église Catholique Romaine. C'est la peur de l'enfer, l'infliction de châtiments en général tout à fait disproportionnés aux erreurs d'une vie, et les terreurs imposées par un Dieu courroucé. On enseigne à l'homme qu'il faudra subir tout cela sans échappatoire possible, sauf par le sacrifice par substitution.

Or, on sait bien qu'il n'existe ni Dieu courroucé, ni enfer, ni sacrifice par substitution. Seul un grand principe d'amour anime l'univers tout entier. Il y a la Présence du Christ, indiquant à l'humanité le fait de l'âme et de notre salut par l'existence vivante de cette âme. Le seul enfer évident est cette terre elle-même, où nous apprenons à élaborer notre propre salut, poussés par le principe d'amour et de lumière, et incités par l'exemple du Christ et l'impulsion intérieure de nos propres âmes.

Les enseignements concernant l'enfer sont une rémanence de l'orientation sadique donnée à l'Église Chrétienne au cours du Moyen Âge et de l'enseignement erroné qu'on trouve dans l'Ancien Testament au sujet de Jéhovah, le Dieu de la tribu des Juifs. Jéhovah n'est pas Dieu, le Logos planétaire, l'Éternel Cœur d'Amour que Christ a révélé. À mesure que ces idées erronées s'éteindront, la conception de l'enfer disparaîtra de la mémoire humaine et fera place à la compréhension de la loi qui applique chaque homme à préparer son salut sur le plan physique, qui le conduit à redresser les torts qu'il peut avoir commis au cours de ses vies sur la terre, et qui lui permet finalement d' "effacer sa propre ardoise".

Mon but n'est pas d'ouvrir une discussion théologique, mais d'exposer que la peur actuelle de la mort doit faire place à une compréhension intelligente de la réalité. Il faut lui substituer un concept de continuité reniant l'inharmonie, [394] et insister sur l'idée d'une seule Entité consciente qui poursuit une seule vie, en utilisant successivement de nombreux corps pour ses expériences.

Pour résumer ma thèse générale sur la peur et l'horreur de la mort, je pourrais dire qu'elles sont fondées sur l'amour de la forme – notre propre forme, les formes de ceux que nous aimons, et la forme du cadre et de l'entourage familiers de notre vie. Or, ce genre d'adoration va à l'encontre de tout notre enseignement visant les réalités spirituelles. Pour espérer en l'avenir et en notre libération de cette peur mal fondée, il faut orienter notre centre d'intérêt vers le fait de l'âme éternelle, et de la nécessité pour cette âme de vivre spirituellement, constructivement, et divinement au sein des véhicules matériels.

À nouveau, l'idée de restitution fait partie de ce concept, elle éclipse les conceptions erronées. L'idée d'élimination se fait également jour et permet de se concentrer sur un bon foyer. L'idée d'intégration est indispensable à qui veut s'absorber dans la vie de l'âme au lieu de s'absorber dans la vie du corps. Il faut que toutes les pensées de chagrin, solitude, malheur, déchéance, perte, etc. disparaissent en même temps que se dissipe la réaction habituelle devant la mort. Les hommes vivront alors consciemment selon leurs âmes, se focaliseront au niveau des âmes, et considéreront la forme ou les formes comme de simples modes d'expression. Alors les vieilles lamentations au sujet de la mort disparaîtront progressivement pour faire face à une attitude nouvelle et plus allègre au moment d'aborder cette grande expérience.

Les divers termes choisis dans cette étude sur les conditions fondamentales pour guérir ont été sélectionnés selon leur sens spécifique.

1. Le Travail de Restitution signifie le retour de la forme au réservoir primordial de substance. S'il s'agit de l'âme, cette divine énergie spirituelle, c'est son retour à sa source – soit aux niveaux de l'âme, soit à ceux de la monade, selon le point d'évolution. Cette restitution est [395] le travail essentiel de l'âme au sein du corps physique et met en jeu à la fois le centre cardiaque et le centre coronal.

2. L'Art de l'Élimination se réfère à deux activités de l'homme spirituel intérieur, celle d'éliminer tout commandement par l'homme inférieur triple, et le processus de refocaliser le centre de la conscience sur les niveaux concrets du plan mental considérés comme un point de lumière irradiante. Ceci intéresse au premier chef l'âme humaine.

3. Les Processus d'Intégration concernent le travail de l'homme spirituel libéré fusionnant avec l'âme (l'âme universelle) aux niveaux supérieurs du plan mental. La partie retourne au Tout, et l'homme comprend la véritable signification des paroles de Krishna [7] : "Ayant imprégné cet univers entier d'une fraction de Moi-même, Je subsiste."

Lui aussi, l'homme, le fragment conscient en voie d'expérimentation et qui a imprégné le petit univers de sa forme dans les trois mondes[8], subsiste encore. Il se connaît comme une partie du tout.

Ces trois processus constituent la Mort.

Il est évident qu'au moment où l'humanité atteindra cette perspective sur le fait de la mort et l'art de mourir, la race des hommes bénéficiera d'un changement considérable. Parallèlement, il s'établira au cours des temps un rapport aux niveaux télépathiques entre les hommes. Leur intelligence croîtra constamment, et l'humanité se focalisera de plus en plus sur les plans mentaux. Le rapport télépathique sera un phénomène commun et ordinaire, dont le spiritualisme moderne se porte garant. Toutefois, sa déformation, qui est très sérieuse, est principalement basée sur les désirs qui hantent l'humanité et qui comportent très peu de vraie télépathie. La télépathie qui existe aujourd'hui entre le médium (conscient ou en transe) et son parent ou son [396] ami affligé n'a pas lieu directement entre celui qui a expérimenté la libération de la mort et celui qui vit encore dans la forme. Il faut se le rappeler. Dans la période intérimaire où l'organe de pensée n'est pas normalement télépathique, il peut y avoir (bien que très rarement) interposition d'un état médiumnique basé sur la clairvoyance et la clairaudience, mais non sur la transe. Cela nécessite encore un contact par l'intermédiaire d'un tiers, et reste entièrement astral. En conséquence ce contact sera entaché de mirages et d'erreurs.

Toutefois, ce sera un pas en avant par rapport aux performances médiumniques actuelles, qui ne tiennent simplement aucun compte de l'homme qui est mort. Elles se bornent à donner ce que le médium lit dans l'aura de l'enquêteur – son rappel de l'apparence personnelle, des souvenirs significatifs emmagasinés dans sa conscience, et ses désirs mentaux au sujet de l'avis demandé. L'enquêteur reste persuadé qu'un homme doit être plus avisé après son trépas qu'avant. Il arrive parfois que le médium parvienne à établir une communication réelle, due au fait que l'enquêteur et la personne trépassée sont tous deux du type mental, et que, pour cette raison, il y a entre eux un rapport télépathique vrai que le médium intercepte.

La race humaine progresse, se développe, et devient de plus en plus mentalisée. Avant les processus d'intégration, il faut que la relation entre les morts et les vivants s’établissent sur les plans mentaux, et cela arrivera. Alors la véritable coupure de communication surviendra au moment où l'âme humaine s'absorbera dans l'âme universelle, juste avant de se réincarner à nouveau. Jusque-là, la communication existera, et ce fait détruira complètement la peur de la mort. Dans le cas de disciples travaillant dans l'Ashram d'un Maître, même ce processus d'intégration ne constituera pas une barrière. Dans les quelques pages qui suivent, on trouvera certains renseignements sur ce qu'on peut appeler l'art de mourir, à l'appui de ce que j'ai dit dans Un Traité sur la Magie Blanche. [397]

A. Comportements actuels envers la mort

Nous avons entrepris d'examiner les processus selon lesquels on meurt et d'étudier un peu plus complètement le facteur de la mort. L'entité ou âme qui se réincarne a tant de fois passé par là que la mort est pour elle une expérience des plus familières, et il serait souhaitable que le cerveau physique puisse en garder la mémoire et la comprendre. Voici quelques commentaires sur le comportement de l'homme en face de cette expérience de "restitution", un terme particulièrement ésotérique très généralement employé par les initiés quand ils parlent de la mort.

L'attitude dominante associée avec la mort est un comportement de peur. Cette peur est basée sur l'incertitude mentale (actuelle) devant le fait de l'immortalité. L'immortalité ou existence permanente de ce que nous voulons généralement dire en parlant du "Je", appartient jusqu'ici au royaume des désirs mentaux ou des croyances, bien que les groupes adonnés à la recherche psychique aient prouvé que sous certaines formes la survivance persistait.

La croyance à l'immortalité peut se fonder sur des prémisses chrétiennes, ou d'après des affirmations religieuses basées sur une présentation rationnelle du sujet, ou sur une approche plus scientifique mettant en avant l'argument que si l'âme a mis tant de temps à évoluer et à en arriver au point culminant du processus évolutionnaire, le principe d'économie exige qu'elle ne puisse être perdue. Il est intéressant de remarquer que, sur notre planète, rien ne laisse supposer qu'il existe un produit de l'évolution supérieur au règne humain. Les penseurs matérialistes eux-mêmes reconnaissent le caractère unique de l'homme dans ses divers stades de conscience ainsi que sa capacité d'offrir un champ d'investigation approprié à tous les degrés de conscience. Ceux-ci s'échelonnent du sauvage illettré, en passant par tous les stades intermédiaires d'efficacité mentale, jusqu'aux penseurs les plus évolués et aux génies capables d'art créateur, de découvertes scientifiques, et de perception spirituelle.

En termes très simples, le thème de la mort soulève la question suivante : Où est le "Je", l'occupant qui habitait le corps abandonné quand ce corps se désagrège ? Cet occupant existe-t-il en dernière analyse ?

L'histoire de l'humanité retrace l'interminable recherche [398] d'une assurance à ce sujet, et cette recherche culmine aujourd'hui dans les nombreuses sociétés qui s'efforcent de prouver l'immortalité. Elles essayent de pénétrer dans ces forteresses de l'esprit qui offrent apparemment un sanctuaire à ce "Je" qui fut l'acteur sur le plan physique et qui a déconcerté jusqu'ici les chercheurs les plus sérieux. La peur anime cette recherche frénétique. Il est regrettable qu'à l'exception de quelques savants illuminés et chercheurs intelligents du même ordre, la majorité des gens qui pratiquent les techniques généralement douteuses des séances en chambre soient du type émotionnel. Ils sont faciles à leurrer et bien trop portés à admettre comme preuves des faits que des chercheurs plus compétents répudieraient immédiatement.

Il y a lieu ici de prendre clairement position au regard du grand mouvement spiritualiste qui a tant fait dans le passé pour démontrer que la survie est un fait, mais qui a également, dans certaines de ses phases, tant égaré et trompé l'humanité. Sous cette dénomination générale sont compris les divers groupes de recherche psychique, mais sont exclus tous les travaux expérimentaux sincères. Aucun de ces groupes n'a encore prouvé sa thèse. Le mystère et la sottise des séances médiumniques ordinaires et le travail des médiums ont malgré tout démontré la présence d'un facteur inexplicable que les laboratoires des chercheurs scientifiques ont à peine mis en valeur. Pour chaque cas nettement acceptable où une personne désincarnée est apparue, il y en a mille qui peuvent s'expliquer par d'autres considérations : crédulité, rapport télépathique avec la personne endeuillée mais non avec un trépassé quelconque, vision de formes-pensées par des clairvoyants, auditions de voix par des clairaudients, et aussi par tricherie.

Remarquez que j'ai parlé d' "apparitions acceptables" d'un esprit revenant. Il existe assez de preuves pour justifier la croyance en la survie et pour prouver sa nature objective. Nous pouvons nous baser sur les inexplicables phénomènes [399] de contact avec les gens supposés morts, tels qu'ils ont été relatés, étudiés, et prouvés, et sur le caractère des témoins qui déclarent les avoir observés, pour affirmer que quelque chose survit à la "restitution" du corps matériel au réservoir éternel de substance. Nous nous appuyons sur ces prémisses pour aller de l'avant.

Nos contemporains s'accoutument de plus en plus au phénomène de la mort. La guerre mondiale a projeté des millions d'hommes et de femmes (aussi bien civils que militaires appartenant aux diverses formations des forces armées de toutes les nations) dans le monde inconnu qui reçoit tous ceux qui abandonnent la forme physique.

Les conditions modernes sont telles que, malgré l'ancienne peur de la mort si profondément enracinée, l'évidence que bien des choses sont pires que la mort se fait jour dans la conscience de l'humanité. Les hommes ont enfin compris que famine, mutilations, incapacités physiques permanentes, incapacités mentales par suite de guerre et de tensions dues à la guerre, observation de souffrances et d'agonies impossibles à soulager, sont en vérité pires que la mort. D'ailleurs, la gloire de l'esprit humain est telle que bien des personnes savent que le passage par la mort est préférable à l'abandon des valeurs pour lesquelles les hommes ont combattu et péri au long des âges et qu'ils estiment essentielles à la libre vie de l'esprit.

Cette attitude, qui est la caractéristique des personnes sensitives et sachant penser avec justesse, fait actuellement son apparition sur une grande échelle. Cela signifie que, côte à côte avec l'antique peur, on ressent un invincible espoir de conditions meilleures, et il ne s'agit pas nécessairement d'une pensée émotionnelle, mais d'un symptôme de connaissance subjective latente parvenant lentement à se faire jour. Comme conséquence de la détresse et de la pensée humaines, un changement suit son cours. On le sent aujourd'hui, et il en résultera un fait démontré.

En opposition avec cette confiance intérieure et cette compréhension subjective, persistent les vieilles habitudes de pensée, le développement du matérialisme actuel, la [400] peur d'être trompé, et l'antagonisme simultané des savants, des hommes religieux, et des gens d'église. Les premiers refusent à juste titre de croire aux choses qui ne sont pas encore prouvées et qui ne paraissent pas susceptibles de l'être, tandis que les organisations et collectivités religieuses n'admettent aucune présentation de la vérité à moins de l'avoir formulée dans leur propre langage. Elles insistent sur la croyance irraisonnée et ridiculisent tout enthousiasme dans la recherche. C'est la masse qui sera la première à affirmer le fait de l'immortalité. Les Églises finiront par l'accepter et la science par le démontrer, mais pas avant que les séquelles de la guerre n'aient pris fin et que ce dérèglement planétaire ne se soit calmé.

Inutile de dire que le problème de la mort est basé sur l'amour de la vie, qui est l'instinct le plus profond de la nature humaine. La science reconnaît que selon la loi divine rien ne se perd. On accepte universellement comme vraie la persistance éternelle sous une forme ou une autre. Émergeant de ce fatras de théories, trois solutions majeures bien connues de tous les penseurs ont été proposées :

1. la solution strictement matérialiste ;

2. la théorie de l'immortalité conditionnelle ;

3. la théorie de la réincarnation.

Elles valent d'être examinées successivement.

1. La solution strictement matérialiste pose en principe que l'expression et l'expérience de la vie consciente durent aussi longtemps que la forme physique tangible existe et persiste, mais enseigne aussi qu'après la mort et la désagrégation du corps qui s'ensuit, il n'y a plus d'individu conscient, fonctionnant, et s'identifiant lui-même. Le sens du "Je", la conscience d'être une personnalité distincte de toutes les autres s'évanouiraient en même temps que la forme disparaît. On croit que la personnalité n'est que la somme totale des consciences des cellules corporelles. Cette théorie rabaisse l'homme au même niveau que n'importe quelle autre forme dans les trois autres règnes de la nature. Elle est basée sur le fait que l'être humain ordinaire n'est pas sensible à la [401] vie quand il est dépourvu d'un véhicule physique. Elle rejette toutes les preuves du contraire et affirme que puisque nous ne pouvons pas la voir avec les yeux et la constater par le toucher, la persistance du "Je" ou de l'entité immortelle après la mort est inexistante. Cette théorie est moins répandue qu'autrefois et surtout qu'à l'époque matérialiste Victorienne.

2. La théorie de l'immortalité conditionnelle. Cette théorie est encore soutenue par certaines écoles de pensée fondamentalistes et étroitement théologiques, et parmi quelques membres de l'élite intellectuelle, à tendances égoïstes. Elle pose en principe que seuls peuvent recevoir le don d'immortalité personnelle les êtres qui atteignent un stade particulier de conscience spirituelle ou qui acceptent un ensemble particulier de dogmes théologiques. Les grands intellectuels également argumentent volontiers en affirmant qu'un cerveau développé et cultivé constitue un don suprême dont bénéficie l'humanité, et que les êtres ainsi doués sont destinés à la survivance éternelle. Une école renvoie ceux qu'elle considère comme spirituellement récalcitrants ou rétifs pour se laisser imposer ses certitudes théologiques particulières.

Elle les rejette vers une annihilation complète, comme dans la solution matérialiste, ou vers un processus de punition éternelle, ce qui milite en même temps pour une forme d'immortalité. En raison de la bonté innée du cœur humain, peu de gens sont assez rancuniers ou inintelligents pour considérer cette présentation comme acceptable. Bien entendu, il faut classer parmi ceux-là les irréfléchis qui échappent à leur responsabilité mentale en croyant aveuglément aux déclarations théologiques. L'interprétation chrétienne, telle qu'elle est donnée par les écoles orthodoxes et fondamentalistes, se révèle insoutenable quand on la soumet à la clarté du raisonnement. Parmi les arguments s'opposant à son exactitude, il y a le fait que la Chrétienté envisage un long [402] avenir mais ne s'appuie sur aucun passé. De plus, il s'agit d'un futur dépendant entièrement des activités exercées au cours de la présente incarnation sans tenir aucun compte des distinctions et différences caractéristiques de l'humanité. La doctrine chrétienne ne se soutient que par la théorie d'un Dieu anthropomorphique dont la volonté – telle qu'elle s'exerce en pratique – fournit un présent qui n'a aucun passé mais seulement un avenir. On reconnaît très généralement que c'est une injustice, mais la volonté insondable de Dieu ne doit pas être mise en doute. Il y a encore des millions de gens qui croient cela, mais pas aussi fermement qu'il y a cent ans.

3. La théorie de la réincarnation, si familière à tous mes lecteurs, connaît une popularité croissante en Occident. En Orient, elle a toujours été acceptée, bien qu'on l'ait ornée de nombreuses additions et interprétations assez niaises. Elle a été déformée tout autant que les enseignements du Christ, du Bouddha, et de Sri Krishna l'ont été par leurs théologiens à pensées étroites et à mentalité bornée. Mais on accepte et l'on reconnaît aujourd'hui plus volontiers qu'auparavant les faits fondamentaux de la réincarnation, origine spirituelle de l'homme, descente dans la matière, ascension par la répétition continuelle d'incarnations en forme jusqu'à ce que ces formes deviennent des expressions parfaites de la conscience spirituelle qui les habite, et série d'initiations pour clôturer le cycle des incarnations.

Telles sont les trois principales solutions données aux problèmes de l'immortalité et de la permanence de l'âme humaine. Elles visent à répondre à l'éternel questionnaire du cœur des hommes : D'où ? Pourquoi ? Vers quoi ? Où ? Seule la troisième solution, celle de la réincarnation, offre une réponse rationnelle à toutes ces questions. On a tardé à accepter cette vérité parce qu'elle a été constamment présentée d'une manière absurde après que H.P.

Blavatsky, dans le dernier quart du XIXème siècle, l'eut formulée pour le monde moderne. Cette théorie a été mésestimée parce que, [403] les Orientaux l'ayant toujours admise, les Occidentaux la considèrent comme païenne, et, pour citer l'un des hymnes fondamentalistes, parce que "les païens, dans leur aveuglement, s'inclinent devant le bois et la pierre." Combien il est curieux de constater que les Orientaux trouvent que les pratiquants des religions occidentales en font autant et qu'on peut les voir à genoux devant des autels chrétiens portant des statues du Christ, de la Vierge Marie, et des Apôtres.

Par les sociétés théosophiques et autres corps constitués soi-disant occultes, les ésotéristes du monde ont grandement nui à la présentation de la vérité au sujet de la réincarnation. Ils ont donné des détails inutiles, futiles, inexacts, et purement spéculatifs, en les présentant comme des vérités sur les processus de la mort et l'état des hommes après la mort. Ces détails dépendaient largement de la qualité de la clairvoyance dont étaient doués les principaux représentants du psychisme astral dans la Société de Théosophie. Pourtant, ces détails ne sont pas donnés dans les Écritures Saintes du monde, et H.P.B. n'en a fourni aucun dans La Doctrine Secrète.

Voici un exemple de ces tentatives imprécises et absurdes pour projeter de la lumière sur la théorie des renaissances. Des limites de temps ont été assignées dans l'au-delà aux âmes humaines entre leurs incarnations sur le plan physique, tant et tant d'années selon l'âge de l'âme désincarnée et sa place sur l'échelle de l'évolution. On a dit que si l'âme est très évoluée, son absence du plan physique se prolonge, alors que c'est le contraire qui est vrai. Les âmes évoluées et celles dont la capacité intellectuelle se développe rapidement reviennent très vite, à cause de la sensibilité de leurs réactions à l'attrait des obligations, intérêts, et responsabilités déjà établis sur le plan physique. Les gens ont tendance à oublier que le temps est la séquence des événements et des états de conscience tels qu'ils sont enregistrés par le cerveau physique. Quand il n'y a pas de cerveau physique, [404] ce que l'humanité entend par temps n'existe pas. Stade par stade, la suppression des barrières dues à la forme apporte une compréhension croissante de l'Éternel Présent. Certaines personnes ont franchi la porte de la mort et continuent à penser en termes de temps. Cela est dû à l'illusion et à la persistance d'une puissante forme-pensée. Cela dénote une polarisation sur le plan astral, le plan sur lequel ont travaillé les principaux écrivains et psychiatres théosophiques et sur lequel ils ont basé leurs publications. Ils sont parfaitement sincères dans ce qu'ils disent, mais omettent de reconnaître la nature illusoire de toutes les découvertes fondées sur la clairvoyance astrale.

Tous les incarnés hautement développés et ceux dont la mentalité inférieure concrète est d'une envergure puissante ont pour caractéristique de reconnaître le facteur temps d'une manière prononcée et de mettre constamment l'accent sur le calcul du temps. Par contre, les enfants et les races enfantines d'une part, et les individus très évolués dont la pensée abstraite fonctionne activement (par le truchement interprétateur de la pensée concrète) n'ont généralement pas le sens du temps. Les initiés emploient le facteur temps dans leurs relations et leurs rapports avec les incarnés sur le plan physique, mais à l'intérieur d'eux-mêmes ils en sont détachés et ne le reconnaissent nulle part ailleurs dans l'univers.

L'emploi du terme "immortalité" implique l'absence de temps et enseigne que cette indépendance du temps existe pour tout ce qui n'est ni périssable ni conditionné par le temps. Cet énoncé mérite qu'on le considère attentivement. Ce n'est pas sous la pression du temps que l'homme se réincarne, mais sous les exigences des dettes karmiques, sous l'attirance des choses dont il a pris l'initiative en tant qu'âme, et à cause du besoin qu'il ressent de remplir les obligations contractées. Il s'incarne aussi par suite d'un sens de responsabilité et pour faire face aux exigences que lui imposent ses violations antérieures des lois qui régissent les bonnes [405] relations humaines. Quand il a répondu à toutes ces exigences, nécessitées d'âme, expériences, et responsabilités, il entre pour toujours "dans la claire lumière froide de l'amour et de la vie" et en ce qui le concerne personnellement il n'a plus besoin du stade de pouponnière par lequel l'âme acquiert son expérience de la terre. Il est libéré des obligations karmiques dans les trois mondes, mais il subit encore la poussée karmique qui extrait de lui les ultimes services qu'il est en mesure de rendre à ceux qui vivent encore sous la Loi des Dettes Karmiques.

La Loi du Karma, dans la mesure où elle affecte le principe de réincarnation, se présente sous les trois aspects de Dettes Karmiques, de Nécessités Karmiques, et de Transformation Karmique.

1. La Loi des Dettes Karmiques régit la vie dans les trois mondes de l'évolution humaine et prend définitivement fin à la quatrième initiation.

2. La Loi des Nécessités Karmiques régit la vie des disciples évolués et des initiés depuis l'époque de la deuxième initiation jusqu'à une certaine initiation plus élevée que la quatrième. Ces initiations leur permettent d'aborder le Chemin de l'Évolution Supérieure.

3. La Loi de Transformation Karmique est une expression mystérieuse régissant les processus à subir sur le Chemin Supérieur. Ceux-ci rendent l'initié apte à s'évader complètement du plan physique cosmique et à fonctionner sur le plan mental cosmique. Ils concernent la possibilité de rendre des êtres, tels que Sanat Kumara et Ses Associés  de la Chambre du Conseil à Shamballa, libres de la contrainte du désir cosmique lequel se manifeste sur notre plan physique cosmique sous l'aspect de volonté spirituelle. Cette pensée devrait produire sur vous un effet impressionnant. Toutefois, il m'est évidemment impossible de m'étendre sur le sujet, faute d'être en possession des connaissances requises.

Passons maintenant à un autre aspect de notre thème. [406] Parlant au sens large, la mort comporte trois épisodes majeurs.

Avant tout, il y a le fait que la mort physique se répète à la clôture de chaque incarnation. Elle nous est familière à tous parce que nous l'avons très souvent subie personnellement, mais il faudrait la comprendre. Si nous la reconnaissions, la peur de la mort se trouverait rapidement éliminée.

Vient ensuite la "seconde mort" dont parle la Bible. Dans le présent cycle planétaire, elle est associée à la mort de tout contrôle astral sur l'être humain. Au sens large, cette seconde mort est consommée lors de la quatrième initiation où l'aspiration spirituelle elle-même meurt, parce qu'elle est devenue sans objet. La Volonté de l'initié est alors fixée et immuable, et la sensibilité astrale est désormais superflue.

À un niveau bien inférieur, cette expérience a une curieuse contrepartie dans la mort de toute émotion astrale qui prend place chez l'aspirant individuel lors de la deuxième initiation. Il s'agit là d'un épisode complet et consciemment enregistré. Entre la deuxième et la troisième initiation, il faut que le disciple fasse preuve de continuité dans l'absence de réponse à l'astralisme et à l'émotivité.

La seconde mort à laquelle j'ai fait allusion est en rapport avec la mort ou la disparition du corps causal à l'époque de la quatrième initiation. Cela dénote que la construction de l'antahkarana est achevée et qu'une connexion directe et sans obstacle est instituée entre la Monade et la personnalité.

La troisième mort prend place quand l'initié abandonne définitivement et sans perspective de reprise toute relation avec le plan cosmique physique. Cette dernière mort n'est à envisager pour tous les membres de la Hiérarchie que dans un avenir forcément très lointain et n'est actuellement possible et autorisée qu'à un cercle restreint de la Chambre du Conseil à Shamballa. Toutefois, Sanat Kumara ne passera pas par ce processus. Il a subi cette "transformation" il y a des millions d'années, au cours du cataclysme qui a inauguré [407] l'Âge Lémurien. Cet événement fut provoqué par Son expérience cosmique et par la nécessité d'attirer l'énergie de certains Êtres extra-planétaires.

J'ai donné ces brefs aperçus pour élargir la compréhension générale de ce que les Maîtres appellent "l'extension de la mort dans l'espace". Toutefois, dans les pages qui suivent, nous nous limiterons au thème de la mort du corps physique et des corps plus subtils appartenant aux trois mondes. Nous étudierons aussi les processus qui provoquent la résorption de l'âme humaine dans l'âme spirituelle sur son propre plan, le plan mental supérieur. Nous considérerons enfin la réassimilation de substance et l'appropriation de matière en vue d'une nouvelle incarnation.

Nous examinerons les trois processus majeurs cités précédemment, Restitution, Élimination, Intégration, qui couvrent trois périodes et aboutissent finalement à d'autres processus, conformément à la Loi de Renaissance.

1. Le Processus de Restitution régit la période où l'âme se retire du plan physique et de ses deux aspects phénoménaux, le corps physique et le corps éthérique. Il se rattache à l'Art de Mourir.

2. Le Processus d'Élimination régit la période de vie de l'âme humaine après la mort et dans les deux autres mondes de l'évolution humaine. Il se rattache à l'élimination du corps astral-mental par l'âme, afin qu'elle soit "prête à se tenir libre dans sa propre place".

3. Le Processus d'Intégration joue pendant la période où l'âme libérée redevient consciente d'elle-même en tant qu'Ange de la Présence. Elle se trouve réabsorbée dans le monde des âmes, et entre ainsi dans un état de réflexion. Plus tard, sous l'impact de la Loi des Dettes ou Nécessités Karmiques, l'âme recommence sa [408] préparation à une nouvelle descente en forme.