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3. QUELQUES PROBLEMES DE PSYCHOLOGIE - Partie 1

3. QUELQUES PROBLEMES DE PSYCHOLOGIE

Introduction

Ce que j'ai à dire ici est d'un intérêt plutôt général. J'ai l'intention de m'exprimer avec une grande simplicité, en évitant les termes techniques et académiques de la psychologie, et en présentant les problèmes psychologiques humains d'une manière si claire que cela apportera une aide réelle à bien des gens. Notre époque abonde en difficultés ; il semble parfois que les ajustements requis par le milieu soient si difficiles à faire et l'équipement si mal adapté à la tâche exigée de l'humanité, que celle-ci ne peut accomplir ce qu'on attend d'elle. C'est comme si la structure humaine avait accumulé une telle quantité d'infirmités, une telle tension émotionnelle, comme [402] si elle avait hérité de tant de maladies et de super-sensibilité que les hommes reculent, battus. C'est comme si l'attitude vis-à-vis du passé, du présent et de l'avenir était d'une nature telle qu'il n'y aurait aucune justification à l'existence, qu'il n'existerait rien en quoi espérer et qu'aucun secours ne pourrait être attendu d'un examen rétrospectif.

Je fais là, évidemment, une vaste généralisation. Il existe des gens auxquels celle-ci ne s'applique pas. Mais même ceux-ci, s'ils étudient les affaires humaines, les conditions sociologiques et celles relatives à l'équipement de l'homme, sont enclins à se poser des questions et parfois à désespérer. La vie est si difficile de nos jours ; la tension à laquelle les hommes sont soumis est tellement forte ; l'avenir apparaît si menaçant, et la masse des hommes est si ignorante, malade et angoissée. Je place sous vos yeux ce sombre tableau au début de notre étude afin de n'éluder aucune question, afin de ne pas sottement dépeindre la situation avec optimisme et illusion, et aussi afin de ne pas la décrire sans aucun moyen d'y échapper, ce qui nous conduirait encore plus profondément dans la forêt des erreurs et des illusions humaines.

Et pourtant, si seulement vous pouviez le savoir, les conditions présentes indiquent elles-mêmes leurs propres causes et leurs propres remèdes. J'ai bon espoir qu'après avoir étudié le problème avec vous (dans les grandes lignes, je le sais bien, mais c'est tout ce que nous pouvons faire), j'aurais été capable d'indiquer comment on peut en sortir, et d'avoir offert des suggestions assez pratiques pour que la lumière puisse apparaître dans les profondeurs de l'obscurité, que l'avenir puisse contenir bien des promesses, et le présent de nombreuses expériences, conduisant toutes à l'amélioration et à la compréhension.

La science majeure d'aujourd'hui est la Psychologie. C'est une science qui en est encore à l'enfance, mais elle tient le sort de l'humanité dans son étreinte et elle a le pouvoir (développée et utilisée comme il convient) de sauver la race. La raison de sa grandeur et de son utilité repose dans le fait qu'elle place l'accent sur les rapports de l'unité avec le tout, [403] avec le milieu et les contacts, et cherche à produire une adaptation convenable, une intégration et une coordination correctes, et la libération de l'individu en vue d'une vie d'utilité, d'accomplissement et de service.

Quelques-unes des difficultés qu'il faut envisager lorsque l'on considère les conclusions de très nombreuses écoles de Psychologie, sont basées sur le fait qu'elles omettent de relier entre eux les nombreux points de vue. On trouve le même clivage et le même état de guerre dans cette science que chez l'homme individuel ou dans le domaine religieux. On y rencontre un manque de synthèse, un défaut de corrélation en ce qui concerne les résultats et une tendance à exagérer l'importance d'un aspect de la vérité constatée à l'exclusion des autres aspects tout aussi importants. La faiblesse, ou plutôt les faiblesses essentielles dans l'équipement d'un individu ou dans la présentation de la vie (et aussi dans un groupe ou un ordre social) sont considérées à l'exclusion et même avec la négation de toutes les autres faiblesses moins évidentes mais tout aussi néfastes. Les préventions, qui dépendent d'une formation académique marquée de partialité, gâtent les perspectives, si bien que la faiblesse se trouvant dans le propre équipement du psychologue annule les efforts qu'il fait pour aider le patient.

Le refus de l'éducation, aujourd'hui, de prendre en considération l'homme tout entier ou d'admettre la marge nécessaire aux activités d'un centre d'intégration, point central de conscience et facteur déterminant au sein du mécanisme de celui qu'il faut aider à s'adapter aux conditions de son existence, porte par-dessus tout la responsabilité d'une grande partie des difficultés. L'affirmation de la position purement matérialiste et scientifique qui ne reconnaît que ce qui est définitivement prouvé, ou ce qui peut être prouvé par l'admission d'une hypothèse immédiate, a causé une importante perte de temps. Lorsque, à nouveau, l'imagination créatrice pourra être libérée dans chaque secteur de la pensée humaine, nous verrons amenées à la lumière de nouvelles choses qui, à présent, ne sont acceptées que par ceux qui ont un esprit religieux [404] et par ceux qui font œuvre de pionniers. Un des premiers champs d'investigation qui bénéficiera de cette libération sera celui de la psychologie.

Les religions constituées ont, hélas, beaucoup à se reprocher, en raison de leur insistance fanatique sur des prises de positions doctrinales et des peines infligées à ceux qui refusent d'accepter cette dictature, ce qui a abouti à vicier l'approche humaine vers Dieu et vers la réalité. L'exagération mise par les églises sur ce qu'il est impossible d'atteindre et les soins donnés au sentiment de péché au cours des siècles ont mené à de nombreuses conditions désastreuses, à des conflits intérieurs qui ont faussé les existences, à la morbidité, à des attitudes sadiques, à la satisfaction de soi et à un désespoir qui est la négation de la vérité.

Quand une juste éducation (véritable science de l'adaptation), une juste religion (culture du sentiment du divin) et un juste développement de la science (appréciation correcte de la forme ou des formes par lesquelles la vie subjective de la divinité se révèle) pourront être reliés par de justes rapports et pourront ainsi s'aider l'un à l'autre de leurs conclusions et de leurs efforts, alors nous aurons des hommes et des femmes formés et développés en toutes les parties de leur nature. Il existera alors simultanément des citoyens du royaume des âmes, des membres créateurs de la grande famille humaine, et des animaux sains possédant un corps animal si développé qu'il fournira l'instrument nécessaire sur le plan de vie extérieur pour la révélation divine, humaine et animale. Avec le Nouvel Âge qui arrive, on verra ces réalisations se produire, et c'est pour cela que les hommes aujourd'hui se préparent consciemment ou inconsciemment.

Nous diviserons les problèmes de psychologie comme suit :

1. Les Problèmes de Clivage, conduisant fréquemment à de nombreuses voies de fuite, et qui constituent beaucoup de complexes modernes. [405]

2. Les problèmes d'Intégration qui produisent un grand nombre des difficultés constatées parmi les gens les plus avancés.

3. Les Problèmes dus à l'Hérédité raciale, familiale, etc., y compris les problèmes des maladies héréditaires et les infirmités qui en découlent pour l'individu.

Je traiterai peu de ce troisième groupe. Il y a peu à en dire, sauf qu'il convient de laisser au temps et à une plus grande sagesse le soin d'apporter la plus grande partie de la solution, en y joignant un effort pour soulager les individus ainsi atteints, pour suppléer à la déficience glandulaire, tout en entraînant les gens à la maîtrise d'eux-mêmes si possible, et en portant le véhicule physique au point le plus haut que les limites de son développement le permettent. Le temps arrive où chaque nourrisson sera soumis de bonne heure à certains tests. Il recevra des soins éclairés, de façon à rendre

l'appareil servant aux contacts aussi maniable que possible, aussi adaptable qu'il puisse devenir et aussi sain qu'on puisse le rendre. Mais je vous rappellerai ici qu'aucun équipement physique ne peut être porté au-delà d'un certain point de développement dans une certaine vie, ce point étant déterminé par le stade atteint par le processus évolutif, par les facteurs raciaux, par la qualité de la nature subtile ou subjective, par les expériences du passé, par le contact de l'âme (distant, proche ou déjà établi) et par l'équipement mental.

En vue d'une compréhension correcte de notre sujet, et aussi de ma façon de le traiter, je voudrais poser quatre propositions de base :

1. Dans le temps et l'espace, l'homme est essentiellement double, constitué par une âme et un corps, par la vie intelligente et par la forme, par une entité spirituelle et par un appareil de contact qui est le corps naturel par le moyen duquel toute entité peut devenir consciente des mondes phénoménaux et des états de conscience d'une nature différente de ceux se trouvant sur son propre niveau de conscience.

2. Ce corps consiste en la forme extérieure physique, la somme [406] de vitalité ou corps éthérique (que la science aujourd'hui commence à rapidement découvrir), le corps du désir, sensible et émotionnel, et le mental. Par le moyen du corps physique, le contact est établi avec le monde tangible environnant. Par le moyen du corps vital, viennent les impulsions qui produisent direction et activité sur le plan physique. Par le moyen du véhicule sensoriel, la nature astrale ou émotionnelle donne naissance à beaucoup de désirs et d'impulsions qui dirigent l'homme non développé, l'homme moyen et qui peuvent être appelées impulsions-désirs ou vie de désir de l'individu. Par le moyen du mental, arrive finalement la compréhension intelligente et l'existence dirigée par le dessein et la planification au lieu de l'être par le désir.

3. Le développement humain procède par une série d'intégrations, de processus de coordination ou de synthèse, impliquant, ainsi qu'ils le font, (particulièrement lorsque l'intelligence commence à fonctionner) un sens de clivage et de dualité. Ces intégrations, en ce qui concerne l'humanité, ou bien se trouvent très loin dans le passé, ou bien se produisent à cette époque-ci, ou bien se trouvent dans l'avenir.

Intégrations passées.

Entre le corps animal et le corps vital.

Entre ces deux corps et la nature sensible et de désir. Entre ces trois corps et le mental inférieur concret.

Intégrations présentes.

Entre les quatre aspects produisant ainsi une personnalité coordonnée.

Intégrations futures.

Entre la personnalité et l'Âme.

Il existe d'autres et plus hautes intégrations mais nous [407] n'avons pas besoin de nous en occuper ici. On les atteint par les processus d'initiation et de service. Ce dont il faut se souvenir c'est que, dans l'histoire de la race, un grand nombre de ces initiations ont déjà eu lieu inconsciemment du fait de la stimulation de la vie, de la poussée évolutive, des processus normaux d'existence, de l'expérience acquise par les contacts avec le milieu et aussi de la satisfaction conduisant à la satiété de la nature du désir. Mais, il arrive un moment dans le développement racial, comme dans la vie des individus, où le processus aveugle de soumission à l'évolution devient l'effort conscient et vivant, et c'est exactement à ce point que se trouve l'humanité aujourd'hui. De là, la conception du problème humain en termes de psychologie moderne ; de là, la souffrance des unités humaines partout répandue ; de là l'effort de l'éducation moderne ; et de là aussi l'apparition dans chaque pays, sur une vaste échelle, et en nombre croissant, de trois sortes de personnes :

a. Celles qui sont conscientes du clivage.

b. Celles qui atteignent l'intégration avec beaucoup de souffrance et de difficulté.

c. Les Personnalités, ou personnes intégrées et par conséquent des gens qui dominent.

4. En même temps dans chaque pays, des hommes et des femmes avancent vers une synthèse encore plus haute et y parviennent : la synthèse de l'âme et du corps. Cela produit un sens de destinée, individuel et racial ; un sens de dessein et un sens de plan. Cela produit également le développement de l'intuition (sublimation de la nature instinctive) et la reconnaissance consécutive des idées plus élevées, de l'idéalisme, et aussi des vérités fondamentales qui, disséminées parmi ceux qui, dans le monde, réfléchissent, produiront de vastes changements mentaux et matériels, accompagnés de leurs effets transitoires et de leurs bouleversements, de leur chaos, de leurs expérimentations, de leurs destructions et de leurs reconstructions. [408]

L'humanité fournit à tous les types d'homme des possibilités de culture, c'est-à-dire à ceux qui sont aujourd'hui des expressions d'intégrations passées et à ceux qui sont engagés dans le processus de devenir des êtres humains pensants. Les deux plus anciennes intégrations, entre le corps vital et la forme physique d'une part, et entre eux et la nature du désir d'autre part, ne sont plus représentées. Ces intégrations sont universelles, se trouvent au- dessous du seuil de l'activité consciente et très loin dans le passé de l'histoire de la race. Le seul champ où elles peuvent encore être étudiées est dans les processus de récapitulation historique de la petite enfance, où on peut remarquer le pouvoir de se mouvoir et de réagir à l'appareil sensoriel ainsi que le pouvoir d'exprimer des désirs, de la façon la plus claire. On peut observer la même chose chez les peuples jeunes et chez les peuples sauvages. Mais le troisième stade d'intégration, celui du développement mental graduel, se poursuit à grands pas et peut être étudié avec la plus grande attention, ce que l'on fait, du reste.

Aujourd'hui, l'éducation moderne s'intéresse presque exclusivement de ce stade. Lorsque les éducateurs cesseront de faire travailler les cellules du cerveau ou de s'occuper à stimuler la mémoire, lorsqu'ils cesseront de considérer comme une seule chose le cerveau et le mental, mais apprendront à faire la différence entre eux, alors de grands progrès seront accomplis. Lorsque l'enfant recevra une formation de maîtrise du mental et lorsque le mental sera éduqué en vue de diriger la nature de désir et le cerveau, aboutissant ainsi à une direction du véhicule physique au niveau du mental, alors, nous verrons ces trois intégrations se poursuivre avec précision et rapidité. Alors, l'attention se portera sur l'intégration de la personnalité, si bien que tous les trois aspects fonctionneront comme une seule unité. Nous avons donc :

1. L'état de l'enfant, où les trois premières intégrations sont effectuées, et où l'objectif du processus éducatif sera de le faire avec un minimum de difficulté.

2. L'état humain, qui concerne l'intégration de tous les aspects

[409] en une personnalité opérant en se dirigeant elle-même et en étant consciente de soi.

3. L'état spirituel, qui concerne l'intégration de la personnalité et de l'âme, évoquant ainsi la conscience du Tout. Quand cela est accompli, la conscience de groupe s'ajoute à la soi-conscience et cela constitue le second pas important sur le chemin vers la conscience de Dieu.

Aujourd'hui, la difficulté est que l'on trouve partout des personnes à tous les différents stades du processus d'intégration ; toutes sont dans un "état de crise" et toutes par conséquent offrent des problèmes de psychologie moderne.

Ces problèmes peuvent être divisés plus précisément en trois groupes majeurs :

a. Les Problèmes de Clivage. Ceux-ci à leur tour sont de deux sortes :

1. Les problèmes d'intégration.

2. Ceux qui proviennent d'un sentiment de dualité. Le sentiment de dualité, résultant du clivage effectué, se trouve depuis les difficultés, pour tant de personnes, du dédoublement de la personnalité jusqu'aux difficultés rencontrées par le mystique, relatives à l'accent mis sur celui qui aime et celui qui est aimé, sur le chercheur et celui qu'on cherche, sur Dieu et Son enfant.

b. Les Problèmes d'Intégration, qui procurent une grande partie des difficultés rencontrées par les personnes les plus avancées.

c. Les Problèmes de Stimulation, qui sont soulevés en tant que résultats d'une synthèse et d'une intégration achevées, produisant par conséquent un influx d'énergie inhabituelle. Cet influx peut s'exprimer sous la forme d'une ambition à haute tension, sous la forme d'un sentiment de puissance, sous la forme de désir d'influence pour la personnalité ou en tant que véritable puissance et force spirituelles. Dans chaque [410] cas, cependant, la compréhension des phénomènes qui en résultent est requise et aussi les plus grands soins dans la façon de les traiter.

Surgissant de ces problèmes, nous avons également :

1. Les problèmes mentaux. Certains complexes bien définis se manifestent lorsque l'intégration du mental aux trois aspects inférieurs a été effectuée ; il conviendrait d'éclaircir un peu les idées à ce sujet.

2. Les maladies des mystiques. Celles-ci concernent les attitudes du mental, les complexités d'idées et les "entreprises spirituelles" qui affectent celui qui est attiré par le mysticisme ou ceux qui sont conscients du dualisme spirituel à propos duquel Saint Paul s'exprime dans l'Épître aux Romains :

"Nous savons, en effet, que la loi est spirituelle ; mais moi, je suis charnel, vendu au péché.

Car je ne sais pas ce que je fais : je ne fais point ce que je veux, et je fais ce que je hais.

Or, si je fais ce que je ne veux pas, je reconnais par là que la loi est bonne.

Et maintenant ce n'est plus moi qui le fais, mais c'est le péché qui habite en moi.

Ce qui est bon, je le sais, n'habite pas en moi, c'est-à-dire, dans ma chair : j'ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas.

Et si je fais ce que je ne veux pas, ce n'est plus moi qui le fais, c'est le péché qui habite en moi.

Je trouve donc en moi cette loi : quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi.

Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l'homme intérieur ; mais je vois dans mes membres [411] une autre loi, qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché qui est dans mes membres.

Misérable que je suis ! Qui me délivrera du corps de cette mort ?..."

(Romains VII, 14-24)

L'ampleur de notre sujet et toute sa véritable importance vous apparaîtront donc. Il deviendra également évident pour vous que la plupart de nos maladies nerveuses, de nos inhibitions, de nos refoulements, de nos soumissions, ou de leurs aspects contraires, sont liées à tout le processus de synthèses et de fusions successives.

Il faut traiter ici de deux points : d'abord en considérant l'être humain, que ce soit simplement comme homme ou comme entité spirituelle, nous traitons, en réalité d'un agrégat d'énergies différenciées des plus complexes, par l'intermédiaire desquelles, ou parmi lesquelles, joue la conscience. Cette conscience est, dans les premiers stades, rien d'autre qu'une vague notion diffuse, indéfinie, non-identifiée et sans lien avec aucun centre défini d'attention. Plus tard, elle devient plus éveillée et consciente, et le centre se localise dans le domaine des désirs égoïstes, dans leur apaisement et leur satisfaction. C'est à cela que nous pouvons donner le nom général de "vie de désir" avec ses buts, avec le bonheur personnel qui conduisent finalement à la consommation du désir, mais à un désir consommé retardé jusqu'après la mort et auquel nous avons donné le nom de "ciel". Plus tard (à nouveau au fur et à mesure que la nature mentale s'intègre aux autres aspects plus développés), nous avons l'émergence d'une entité définitivement soi- consciente, et un être strictement humain, caractérisé par l'intelligence, parvient alors à l'expression active. Le centre d'attention est encore la satisfaction du désir, mais c'est le désir de connaître, la volonté de comprendre par l'investigation, la discrimination et l'analyse.

Finalement arrive la période de l'intégration de la personnalité où se trouve la volonté-de-pouvoir, avec la soi-conscience [412] dirigée vers la domination de la nature inférieure et ayant comme objectif la domination du milieu, des autres êtres humains en petit ou en grand nombre, et la domination des circonstances. Lorsque cela a été saisi et compris, le centre d'attention passe au royaume des énergies plus élevées, et le facteur âme devient de plus en plus actif et prédominant. Il domine et discipline la personnalité, interprétant son milieu d'une nouvelle façon, et produisant une synthèse, non reconnue jusqu'alors, entre les deux règnes de la nature, l'humain et le spirituel.

Tout au long de ces processus, nous voyons que de nombreux types d'énergie se rassemblent, chacun d'eux se distinguant par une qualité d'une sorte ou d'une autre, et qui, lorsqu'elles sont mises en rapport les unes avec les autres, produisent tout d'abord une période de chaos, d'anarchie et de difficulté. Plus tard, s'ensuit une période de synthèse, d'activité organisée et de plus complète expression de divinité. Mais pendant longtemps le besoin de l'énergie d'être reconnue et utilisée correctement persiste.

Le second point que je cherche à faire valoir est que les énergies intérieures opèrent leur contact par l'intermédiaire du corps éthérique ou vital, composé de courants d'énergie ; ceux-ci opèrent par le moyen de sept points focaux ou centres de force se trouvant dans le corps éthérique. Ces centres d'énergie se trouvent très près des sept glandes majeures, ou en relation étroite avec eux :

1. La glande pinéale.

2. La glande pituitaire.

3. La glande thyroïde et les glandes parathyroïdes.

4. Le thymus.

5. Le pancréas.

6. Les capsules surrénales.

7. Les gonades ou glandes sexuelles. [413]

Ces centres sont :

1. Le centre de la tête.

2. Le centre entre les sourcils.

3. Le centre laryngé.

4. Le centre cardiaque.

5. Le centre du plexus solaire.

6. Le centre à la base de l'épine dorsale.

7. Le centre sacré.

Ces centres sont étroitement liés au système endocrinien qu'ils déterminent et conditionnent suivant la qualité et la source de l'énergie qui coule à travers eux. Je me suis étendu longuement sur ce sujet dans mes autres ouvrages et je n'y insisterai donc pas ici, sauf pour appeler votre attention sur le rapport existant entre les centres de force dans le corps éthérique, les processus d'intégration qui mettent en activité un centre après l'autre, et la maîtrise définitive de l'âme survenant après l'alignement ultime de la personnalité tout entière.

C'est seulement lorsque les psychologues modernes ajouteront à la connaissance étonnamment intéressante qu'ils possèdent de l'homme inférieur une interprétation occidentale de l'enseignement oriental relatif aux centres de force par lesquels les aspects subjectifs de l'homme, l'inférieur, le personnel et le divin, pourront être exprimés. C'est seulement alors qu'ils trouveront une solution au problème humain et parviendront à une compréhension de la technique de développement et d'intégration qui conduira à une compréhension intelligente, à une sage solution des difficultés et à une interprétation correcte des particularités qui les confrontent si souvent. Lorsqu'à cette admission pourra s'ajouter une étude des sept types majeurs, la science de la psychologie sera amenée à une étape plus près de son utilité en tant qu'instrument majeur de la technique de perfection de l'homme. Les psychologues seraient également considérablement aidés par une étude de l'astrologie entreprise sous l'angle des contacts d'énergie, des lignes [414] de moindre résistance et en tant que l'une des influences et des caractéristiques déterminantes du type considéré. Je ne me réfère pas ici à l'établissement d'un horoscope entrepris dans le but de découvrir l'avenir ou de déterminer certains actes. Cet aspect de l'interprétation astrologique devient de moins en moins utile au fur et à mesure que les hommes acquièrent le pouvoir de maîtriser et de gouverner leurs étoiles et ainsi de diriger leur propre vie. Je me réfère à la reconnaissance des types astrologiques, à celle de leurs caractéristiques, de leurs qualités et de leurs tendances.

Conservant à l'esprit l'analyse faite précédemment des divers aspects de l'être humain qui, durant le processus évolutif, se sont graduellement fondus en une seule personne intégrée, souvenons-nous que la fusion effectuée et les changements apportés sont les résultats d'un déplacement soutenu de la conscience. Celle-ci devient de plus en plus inclusive. Nous ne traitons pas tant ici de l'aspect forme que de la compréhension consciente de l'habitant du corps. C'est là que se trouve notre problème et c'est de cette conscience en voie de développement que les psychologues ont d'abord à traiter. De l'angle de l'âme omnisciente, la conscience est limitée, troublée, exclusive, égoïste, erratique et, au début, trompée. C'est seulement lorsque les processus de développement ont été poursuivis jusqu'à un point relativement élevé et que le sentiment de dualité commence à émerger, que les problèmes réels, les difficultés majeures, les dangers se rencontrent, et que l'homme devient conscient de sa situation. Avant cela, les difficultés sont d'une nature différente et tournent surtout autour de l'équipement physique ; elles concernent la lenteur des réactions vitales et les désirs de qualité inférieure de la nature animale. L'être humain, à ce stade, est surtout un animal, et l'homme conscient est profondément caché et emprisonné. C'est le principe et l'impulsion de vie qui dominent et c'est la nature instinctive qui dirige. Le plexus solaire est le siège [415] de la conscience, la tête et le cerveau sont inactifs.

Il faut se souvenir ici (ainsi que je l'ai signalé maintes fois) que la réalité que nous appelons âme est fondamentalement une expression de trois types d'énergie, vie, amour et intelligence. C'est pour recevoir ces trois énergies que la triple nature inférieure a été préparée et que l'aspect intelligence se reflète dans le mental, la nature de l'amour dans le corps émotionnel de désir, et le principe de vie dans le corps éthérique et à travers lui. En ce qui concerne le corps physique, dans son expression la plus dense (car le corps éthérique constitue l'expression ou l'aspect le plus subtil du corps physique), l'âme s'ancre sous la forme de deux courants d'énergie et à deux points de contact : le courant de vie dans le cœur et le courant de conscience dans la tête.

Cet aspect de la conscience est lui-même double, et ce que nous appelons la soi-conscience est graduellement développée et perfectionnée jusqu'à ce que le centre ajna, ou centre entre les sourcils, soit éveillé. La conscience de groupe latente, qui amène la compréhension du plus grand Tout, est en repos pendant la plus grande partie du cycle évolutif, jusqu'à ce que le processus d'intégration soit parvenu à un point tel que la personnalité fonctionne. Alors, le centre de la tête commence à s'éveiller et l'homme devient conscient dans un sens plus étendu. La tête et le cœur alors se rejoignent et l'homme spirituel apparaît en une expression plus complète.

C'est là, je le sais, un enseignement qui vous est familier mais il est bon de le rappeler brièvement et d'en avoir une idée claire. Gardant ces prémisses à l'esprit, nous ne traiterons pas des difficultés les plus lointaines mais commencerons avec celles de l'homme moderne et avec les conditions dont nous ne sommes tous que trop tristement familiers.

a. Problèmes de Clivage

Ceux qui réfléchissent commencent à se rendre compte de ce type particulier de difficulté et à rencontrer dans la nature humaine des clivages en si grand nombre et si profondément [416] ancrés dans la constitution même de la race qu'ils considèrent la situation avec une grande inquiétude. Ces clivages semblent être fondamentaux et produire les divisions que nous trouvons partout, entre les races, entre les religions. Ils remontent à la condition fondamentale de manifestation que nous appelons le rapport entre positif et négatif, entre mâle et femelle et, ésotériquement parlant, entre le soleil et la lune. Le mystère du sexe lui-même se trouve résolu par le rétablissement du sens d'unité et d'équilibre, d'unité ou de totalité. Dans son aspect humain le plus élevé, la différenciation sexuelle n'est que le symbole, ou l'expression du clivage ou de séparativité dont le mystique est conscient et qui lui fait rechercher l'alignement ou l'union avec ce qu'il appelle la divinité. Entre ce clivage physique et la reconnaissance spirituelle de la divinité se trouvent un grand nombre de clivages mineurs dont l'homme devient conscient.

Derrière tout cela on trouve un clivage encore plus fondamental, celui entre le règne humain et le royaume des âmes, clivage de conscience plus que de fait. Le clivage entre le règne animal et le règne humain a été surtout résolu du fait de la reconnaissance de l'identité physique de la nature animale et de l'uniformité d'expression de la nature animale et de l'uniformité d'expression de la nature humaine ; les divers clivages dont l'homme est conscient d'une manière si angoissante seront franchis et prendront fin lorsque le mental sera formé à diriger et à dominer au sein du domaine de la personnalité et qu'il sera correctement utilisé en tant que facteur analytique et intégrant, au lieu de l'être en tant que facteur critique, discriminatoire et séparatif. L'utilisation correcte de l'intellect est essentielle pour la guérison des clivages de la personnalité. Le clivage entre la personnalité et l'âme est résolu par l'utilisation correcte de ce qui suit : [417]

1. Le sens instinctif de divinité qui conduit à une réorientation dans la bonne direction. Cela conduit à :

2. L'utilisation intelligente du mental, de sorte que celui-ci devient lucidement conscient de l'âme et des lois qui gouvernent le développement de l'âme.

3. La reconnaissance intuitive de la réalité, qui fond les parties différenciées en une unité, produisant l'illumination.

4. Cette illumination révèle l'état d'unité qui existe du côté intérieur de la vie et supprime l'apparence extérieure de séparativité.

Il vous apparaîtra donc que les clivages sont "guéris" par une utilisation correcte et intelligente de l'aspect qualité de la nature de la forme :

1. L'instinct est la marque distinctive de la nature automatique physique, du véhicule de vie ou vital, et de la nature du désir. Il opère par le moyen du plexus solaire et des organes de reproduction.

2. L'intelligence est la marque instinctive de l'aspect mental ou du véhicule mental ; elle opère par le moyen de "l'agence de règlement" qu'est le cerveau, et à travers les centres ajna et laryngé.

3. L'intuition est la marque distinctive de la nature de l'âme et opère par le moyen du mental, du centre cardiaque et du centre de la tête. De ces trois points majeurs, l'âme gouverne finalement la personnalité.

Je vous recommande l'examen attentif des idées ci-dessus et je peux vous assurer qu'une fois bien comprises, elles aideront à résoudre les problèmes relatifs aux divers clivages existant dans la nature humaine.

On ne trouve aujourd'hui aucun clivage entre le corps vital et le corps physique. Il existe seulement parfois un clivage partiel, ce qu'on pourrait appeler une "connexion lâche". Les deux courants d'énergie vivante, vie et conscience, se trouvent [418] généralement ancrés dans la tête et le cœur. Toutefois, s'agissant de certaines formes d'idiotie, le courant conscience ne se trouve pas ancré du tout dans le corps, mais seul le courant vie a opéré son contact avec le cœur. Il n'existe donc aucune soi-conscience, aucun pouvoir de direction centralisée ni aucune capacité d'action directe ou de fournir de quelque façon un programme ou un plan pour l'existence. Il n'y a que réaction aux aspects de la nature instinctive.

Certaines formes d'épilepsie sont dues à ce que nous pourrions appeler une "connexion lâche", le courant conscience, ou fil d'énergie, subit à certains moments un retrait ou une abstraction ; cela produit les symptômes familiers d'épilepsie et les pitoyables conditions observées dans les crises habituelles. À un moindre degré, et ne produisant aucune des conséquences permanentes et dangereuses, les mêmes causes fondamentales produisent ce qu'on appelle le "petit mal" et certains genres de crises d'évanouissement ; celles-ci sont provoquées par le retrait bref et temporaire du courant d'énergie de la conscience. Il faut se souvenir que lorsque ce retrait a lieu et qu'il existe une séparation de la conscience du véhicule de contact conscient, tout ce que nous comprenons par le terme conscience, comme la soi- conscience, le désir et l'intelligence, se trouve soustrait, et seules la vie et la conscience inhérentes aux cellules du corps physique demeurent.

En règle générale, l'homme moyen aujourd'hui représente une unité qui fonctionne et qui est étroitement soudée. Cela est vrai, soit que l'on considère la masse non évoluée ou les citoyens du monde enclins au matérialisme. L'homme est fermement intégré physiquement, éthériquement et émotionnellement. Son corps physique, son corps vital et sa nature du désir (car l'émotion n'est pas autre chose qu'un désir d'un genre ou d'un autre qui s'exprime) sont étroitement soudés ensemble. En même temps, il peut y avoir une faiblesse de l'intégration éthérique d'une nature telle qu'il existe une basse vitalité, un manque d'impulsion de désirs, un manque aussi à enregistrer des stimulants adéquats et dynamiques, pas de [419] maturité, et parfois obsession ou possession. Fréquemment, ce qui est appelé un manque de volonté, est le fait de considérer une personne comme ayant "peu de caractère" ou étant "faible d'esprit" n'a en réalité rien à voir avec la volonté ; mais c'est plus probablement le résultat de la faible intégration et de la connexion lâche entre la conscience et le cerveau qui rend l'homme négatif aux impulsions du désir qui devraient normalement s'écouler à travers son cerveau, en galvanisant le véhicule physique pour une certaine forme d'activité.

La volonté, qui généralement se manifeste par un programme ou un plan ordonné, prend sa source dans le mental et non pas au niveau de conscience du désir ; ce programme est basé sur un sens de direction et sur une orientation bien définie de la volonté vis-à-vis d'un objectif reconnu et là n'est pas, dans ces cas, la cause des difficultés. Le trouble est plus simple et se trouve plus près du foyer. La façon d'affronter ces difficultés et d'appliquer les solutions convenables est d'une nature essentiellement matérielle. Le trouble est souvent surmonté par un accroissement de la vitalité du corps, en fortifiant le corps éthérique, par le moyen de soleil, d'aliments vitaminés, d'exercices, et de plus par un traitement correct et un retour à l'équilibre du système endocrinien. Un travail considérable est accompli aujourd'hui dans cette direction et les formes de clivage éthérique cèdent rapidement au traitement. Le manque de vitalité, la non maturité, la dépression basée sur une connexion vitale insuffisante et le manque d'intérêt dans la vie (si fréquent en ce moment) vont devenir moins fréquents.

Je ne peux traiter longuement ici des problèmes d'obsession dus au retrait de l'aspect soi-conscient de l'habitant du corps. Le processus d'abstraction laisse seulement une coquille vivante, une maison vide. Le sujet serait trop étendu pour un traité comme celui-ci. Ce n'est pas facile pour l'investigateur scientifique en psychologie d'accepter comme base le fait de la substitution de la conscience d'une autre entité à [420] la place de la conscience de celui qui n'a pas été capable de maintenir le lien au sein du cerveau d'une façon adéquate et positive. Mais, m'exprimant comme quelqu'un qui sait, de tels cas se présentent fréquemment, aboutissant à de nombreux problèmes de prétendu "dédoublement de la personnalité". Ce cas en réalité est celui de l'occupation d'un certain corps physique possédé par les deux personnes, l'une qui fournit le courant de vie (ancré dans le cœur) et l'autre, le courant de conscience (ancré dans le cerveau) et dirigeant ainsi le corps, dirigeant ses activités et s'exprimant par le moyen des organes de la parole. Cette possession alterne parfois entre les deux individus en question. Parfois, plus de deux individus sont en jeu et plusieurs personnes se trouvant du côté intérieur de la vie utilisent le même corps physique ; alors vous avez de multiples personnalités. Cela est dû cependant à une faiblesse bien définie de la connexion éthérique de l'habitant original ; ou cela peut aussi être dû à une profonde aversion de cet habitant pour l'incarnation physique. Cela peut être encore dû à un choc ou à une catastrophe qui vient soudainement couper le lien de conscience ; dans ce dernier cas, il n'existe pas d'espoir de le restaurer. Chaque cas doit faire l'objet d'un diagnostic et doit être traité particulièrement, de préférence directement avec le véritable habitant lorsqu'il se "trouve chez lui dans sa propre maison". De plus, la conscience de cet habitant est parfois tellement fortement orientée dans une direction autre que celle de l'existence physique qu'un processus d'abstraction s'est produit, et le centre de l'intérêt conscient se trouve ailleurs. C'est là le côté fâcheux, ou l'expression fâcheuse, de ce même pouvoir d'abstraction qui permet à l'adepte avancé d'entrer dans l'état de Samadhi. Dans un cas, le véhicule est abandonné sans gardien et se trouve la proie de n'importe quel visiteur ; dans l'autre cas, il se trouve bel et bien gardé et positivement attentif à l'appel et à la note de son propriétaire. [421]

Il ne m'est pas possible de faire plus que de faire allusion à ces diverses explications, et ainsi de commencer de faire accepter aux investigateurs, ayant l'esprit ouvert et de la bonne volonté, ces hypothèses inhabituelles dans une direction qui peut les conduire dans la vallée de la compréhension. La clé du succès en vue d'éliminer ces genres de difficultés repose dans les soins prénatals et dans l'étude des tares héréditaires. La syphilis et les autres maladies vénériennes représentent des causes puissantes de prédisposition. Les soins corrects donnés au corps après la naissance, et le développement chez l'enfant d'un sens positif de lui-même, le rendent ainsi positif en pensée et l'amènent à former son sentiment d'identité de soi ; tout cela représente des adjuvants sains dirigés vers l'élimination de ce genre de troubles. La tendance actuelle à mettre l'accent sur les vitamines dans les aliments et à donner un régime alimentaire équilibré est une très bonne chose.

Le véritable sentiment de clivage et les difficultés vraiment sérieuses se présentent, cependant, lorsque deux choses arrivent :

1. La soi-conscience de l'homme a atteint un point où ses désirs sont si dominants et si prépondérants qu'il devient conscient de leur force, et simultanément aussi de son incapacité à les satisfaire vraiment. À cela s'ajoute la reconnaissance du fait qu'il existe un aspect de lui- même qui ne désire pas vraiment le faire. Un sentiment de frustration alors l'enveloppe et il devient conscient, d'une manière douloureuse, de ce qu'il veut et de ce qu'il voudrait être si ses désirs étaient compris et satisfaits. Il est alors déchiré par deux tendances : son mental-désir le maintient dans le domaine de l'aspiration, de l'espoir et du désir, tandis que son cerveau et sa nature physique lui apportent la conviction que rien de ce qu'il veut n'est possible. Mais si c'était possible, le voudrait-il vraiment ? Cela est vrai de l'homme dont l'objectif est la satisfaction de ses aspirations matérielles, ou de l'homme qui réagit [422] au désir de satisfaction intellectuelle ou spirituelle. Dans un cas, le clivage commence à apparaître dans les aspects plus élevés, mais dans les deux cas les lignes de clivage sont nettes. Le conflit a commencé et deux possibilités sont offertes :

a. La soumission définitive d'une nature telle qu'elle termine la vie en inefficacité, futilité, inutilité, en profonde dépression et avec un sentiment de frustration, partant d'une vie soumise jusqu'aux nombreux chemins d'évasion qui poussent un homme vers le monde des rêves, dans le pays de l'illusion, dans un état de négativité et même par-dessus les frontières de la mort par le suicide.

b. Le conflit violent fondé sur le refus d'être moulé par les circonstances ou le milieu. Cela conduit un homme au succès et à la réalisation de ses désirs, ou bien cela le brise sur la route de la vie, soit physiquement soit mentalement.

2. Le clivage provient aussi de ce que l'homme ne parvient pas à utiliser son intellect, donné par Dieu, et qu'il se trouve ainsi incapable de choisir entre les choses essentielles et les non- essentielles, entre les diverses satisfactions qui plaisent aux divers aspects de sa nature inférieure, et finalement entre la dualité inférieure et supérieure. Il doit apprendre à faire la distinction entre :

a. La soumission à l'inévitable et la soumission à l'appel de ses propres désirs.

b. La reconnaissance de capacité et la reconnaissance de potentialité. De nombreux conflits seraient évités grâce à la soumission, la compréhension et l'utilisation correcte des avantages reconnus, éliminant ainsi des buts impossibles à atteindre et la frustration inévitable qui en suit. Lorsque cette partie du conflit [423] est maîtrisée, alors la potentialité peut faire l'objet de la reconnaissance et devient pouvoir en expression.

c. La reconnaissance des buts individuels et des buts de groupe, entre la capacité d'être social et celle d'être antisocial. Beaucoup a été accompli dans cette direction, mais l'accent se trouve toujours placé sur l'individu et non sur le groupe. Quand c'est le cas, alors nous devenons responsables des groupes antisociaux.

J'ai seulement mentionné trois reconnaissances parmi celles, nombreuses et possibles, que j'aurais pu citer, mais la solution du clivage, dont ces reconnaissances sont responsables, aura comme résultat la libération d'une large majorité de patients. On pourrait sans doute dire que la libération d'un grand nombre de ceux dont le clivage se situe principalement dans le domaine de la nature du désir, ce qui conduit à un sentiment de frustration et à une cassure dans la continuité d'intérêt de la vie, peut être atteinte par :

1. L'attention portée tout d'abord sur l'équipement physique et sur les glandes, particulièrement la glande thyroïde, et ensuite sur une régularisation du régime alimentaire.

2. L'attention portée sur la coordination physique du patient, car cette coordination constitue l'expression extérieure d'un processus intérieur d'intégration et beaucoup peut être accompli par l'éducation.

3. L'interprétation de la vie et du milieu, d'évaluation. Réfléchissez à cela énoncée en termes

4. La décentralisation par le moyen de :

a. L'apport d'intérêts convenables et le genre d'éducation et de formation qui convient.

b. La culture du pouvoir de reconnaître et de satisfaire les besoins autour de soi, évoquant ainsi le désir de servir et fournissant le sentiment de satisfaction provenant d'un accomplissement et d'une juste évaluation. [424]

c. La transmutation lente et attentive du désir en aspiration.

5. La réorientation vers des buts plus élevés et le développement du sens de la bonne direction. Cela implique :

 

a. La culture d'une plus ample vision.

b. La formulation d'un programme intérieur, aménagé de façon intelligente, adapté au point atteint en évolution mais non si avancé qu'il ne devienne impossible à suivre.

c. L'abstention des démarches et des activités destinées à échouer.

6. La recherche, plus tard, lorsque ce qui précède est à peu près saisi, d'une faculté créatrice quelconque et de son développement, satisfaisant ainsi le désir d'être remarqué et celui d'apporter une contribution. Beaucoup d'efforts artistiques, littéraires ou musicaux sont basés sur le désir de devenir un centre d'attention et non sur une véritable capacité créatrice. C'est le sens du "Je, acteur dramatique". Utilisé et développé correctement, c'est là une chose ayant une importance et une valeur réelles.

7. L'élimination du sentiment de péché, de désapprobation avec ses accessoires habituels, révolte, suspicion et complexe d'infériorité.

Il existe un point que j'éprouve le besoin bien net d'accentuer encore une fois. C'est la nécessité, lorsqu'on considère l'être humain, son expression et son existence, de se souvenir que ce que nous considérons réellement est l'énergie, et les rapports, ou l'absence de rapports entre les forces. Dans la mesure où ce point est soigneusement gardé à l'esprit, nous ne commettrons pas d'erreurs en traitant de notre sujet. Nous considérons des unités d'énergie qui sont liées entre elles, qui fonctionnent dans un champ d'énergie ; nous souvenant toujours de cela, nous serons à même (symboliquement au moins) de parvenir à une idée suffisamment claire de notre thème. Tant que nous considérerons notre problème comme [425] représentant les rapports réciproques de nombreuses énergies, leur fusion et leur équilibre, plus la synthèse définitive de deux énergies majeures, leur fusion et leur équilibre, nous arriverons à une certaine mesure de compréhension et à une solution. Le champ d'énergie que nous appelons âme (énergie majeure, en ce qui concerne l'homme) absorbe, domine et utilise l'énergie mineure que nous appelons personnalité. Il nous est nécessaire de le comprendre ; et aussi de nous souvenir que la personnalité est elle-même composée de quatre types d'énergie.

Notre type de rayon déterminera la façon dont nous utiliserons les mots "absorbe, domine et utilise". Je voudrais ici vous rappeler, comme je l'ai souvent déjà fait, que les mots ne parviennent pas à exprimer l'objectif que j'ai en vue et que le langage constitue un handicap plutôt qu'une aide. La pensée humaine entre maintenant dans un domaine pour lequel il n'existe pas encore de véritable forme de langage. Nous ne possédons pas de termes adéquats, ou dans lesquels les symboles sous forme de mots ne signifient que peu de choses. De même que la découverte de l'automobile et de la radio ont rendu nécessaire le recours à un ensemble entièrement nouveau de termes, de phrases, de substantifs et de verbes, de même dans les années qui viennent, la découverte de l'existence de l'âme rendra nécessaire et amènera un nouveau langage.

N'est-il pas exact, qu'un homme de l'époque victorienne, écoutant le jargon technique des laboratoires actuels de radio, ou des garages, serait complètement perdu ? Ainsi, le psychologue de nos jours se trouve perdu très souvent et ne comprend pas ce que nous nous efforçons de transmettre, car le nouveau langage n'a pas encore été construit et les anciens termes demeurent inadéquats. Par conséquent, je suis incapable de faire plus que d'employer les termes qui me semblent être les plus convenables, sachant que je ne parviens pas à exprimer la réelle signification de mes idées. Par conséquent vous ne parvenez qu'à une compréhension et une conception approximatives des concepts que je m'efforce d'exposer.

Nous avons déjà quelque peu considéré le problème des [426] clivages auxquels l'homme est sujet. Nous avons vu que le processus évolutif humain est, en dernière analyse, une série d'alignements ; chaque pas en avant signifie que certains types d'énergie arrivent ensemble de façon à ce que leur fusion puisse produire une personne plus complète. Puis-je signaler ici un point intéressant ? Le problème lui-même est posé du fait qu'il existe un Observateur. Cet observateur, à certains points du développement normal de l'homme, en vient à comprendre qu'il existe des clivages. Cet Observateur souffre de leur existence en sa soi-conscience. Il comprend qu'il est la victime des divisions existant dans sa nature. Pourtant, et ceci est important, l'homme sur le plan physique n'est pas capable de les comprendre ou, apparemment, de les guérir sans l'aide de l'âme, l'Observateur, aspect le plus élevé de lui-même. Par exemple, un homme souffre d'une dissociation entre la partie sensible, émotionnelle de lui-même et le mental ; il se rend compte qu'il a besoin de quelque chose, qu'il est frustré, qu'il souffre intensément et qu'il est en difficulté. Il a besoin de l'aide compréhensive d'un psychologue qualifié ou de sa propre âme avant que la fusion puisse être établie, et que lui, en tant qu'individu, puisse "être rendu entier".

La même vérité existe en relation avec tous les clivages que l'on trouve en l'homme, mais trois de ces clivages sont d'une importance majeure:

 

1. Le clivage entre le mental et le reste de la nature inférieure, physique, vitale, astrale ou émotionnelle.

2. Le clivage entre l'homme et son milieu qui, lorsqu'il est guéri et que le pont a été jeté, en fait un être humain responsable et un bon citoyen qui accepte son milieu et lui donne ce qu'il possède de meilleur. Ainsi, il croît en caractère et en capacité, résultant d'un jeu réciproque bien défini entre lui-même et son milieu. [427]

3. Le clivage entre l'homme (personnalité) et l'âme. Cela produit, dans l'ordre :

a. Une personnalité dominante et égoïste.

b. Un mystique pratique, conscient du besoin de fusion et d'unité.

Une situation parallèle à ces états de conscience se trouve chez l'adolescent. On les trouve également chez l'homme qui s'intègre au travail de sa vie et aussi chez l'aspirant qui pense. C'est exact que ses pensées, ses desseins et ses ambitions soient polarisés d'une façon égoïste ou qu'ils soient enclins à la spiritualité. Le sentiment de clivage, le besoin d'orientation, le processus de construction du pont et le sens précis d'achèvement sont identiques dans les deux cas.

Au regard de ces situations, certaines règles générales doivent gouverner le psychologue, et certaines prémisses doivent tôt ou tard être acceptées par l'homme qui constitue le problème en cause. Ces mêmes règles et prémisses peuvent être considérées et acceptées par l'homme qui, sans l'aide d'un psychologue qualifié, parvient à se former lui-même et à bâtir le pont au- dessus des clivages qu'il se reconnaît. Ces prémisses de base sont :

1. Que toute difficulté psychologique est universelle et pas unique.

C'est le sens d'unicité, avec sa tendance séparative et l'isolement qui en résulte, qui est souvent le facteur qui accapare toute l'attention. Il rend la personnalité trop importante, et cela doit être définitivement compensé.

2. Que la crise que l'on confronte indique progrès et opportunité, et qu'elle n'indique pas désastre et échec. Il faut que le patient comprenne (puis-je utiliser ce mot de patient?) que la race a progressé jusqu'à son présent point d'évolution par des crises semblables. C'est ainsi que progresse l'unité individuelle humaine. En dernière analyse, les crises psychologiques indiquent des étapes de progrès sur le Chemin, amenant avec elles la nécessité d'efforts, et en [428] même temps un sentiment de gain et de liberté ; une fois les crises surmontées, maîtrisées et résolues.

3. Que le pouvoir de produire l'intégration nécessaire et de terminer un cycle de dualité perçue se trouve au sein de l'homme même parce que :

a. Son malaise, son manque de coordination, sa souffrance et sa détresse sont les symptômes d'aspiration, peut-être non compris mais n'en existant pas moins. Ils représentent la réaction des parties intégrées de l'aspect qui cherche l'intégration.

b. L'aspect à intégrer est essentiellement plus puissant que les aspects inférieurs, car ceux-ci sont négatifs ou réceptifs tandis que ce qui doit être compris et accepté est positif et dynamique. D'où le malaise ressenti.