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3. QUELQUES PROBLEMES DE PSYCHOLOGIE - Partie 3

La pensée créatrice n'est pas la même chose que le sentiment créateur; cette distinction n'est pas souvent saisie. Tout ce qui pourra être créé dans l'avenir sera fondé sur l'expression d'idées. Ceci sera amené tout d'abord par la perception de pensée, puis par la concrétisation de pensée et finalement par la vitalisation de pensée. Ce n'est que plus tard que la forme-pensée créée descendra dans le monde du sentiment et assumera la qualité sensorielle nécessaire qui ajoutera couleur et beauté à la forme-pensée déjà construite.

C'est à ce point là que le danger se présente pour l'étudiant. La forme- pensée d'une idée a été puissamment construite. Elle s'est appropriée couleur et beauté. Elle est donc capable de retenir un homme mentalement et émotionnellement. S'il ne [456] possède pas un sens d'équilibre, un sens des proportions et un sens de l'humour, la forme-pensée peut devenir si puissante, qu'il découvre qu'il devient un dévot achevé, incapable de se retirer de la position prise. Il ne peut rien voir, rien croire d'autre que l'idée qui a pris corps, qui le tient si fortement captif, et il ne peut travailler à rien d'autre qu'à cela. De tels gens constituent les partisans violents qu'on trouve dans chaque groupe, chaque église, chaque ordre ou chaque gouvernement. Ils sont souvent d'un tempérament sadique, ils sont les adhérents de cultes et de sciences ; ils sont prêts à sacrifier quiconque semble être hostile à eux- mêmes ou à leur idée fixe du juste et du vrai, ou à leur nuire. Les hommes responsables de l'Inquisition Espagnole et ceux qui furent responsables des excès commis aux temps des Covenantaires sont des exemples des pires formes de cette façon de penser et de se développer.

Les gens atteints du trouble psychologique d'adhérence aveugle à des idées et de dévotion personnelle se trouvent dans chaque organisation, chaque église, chaque religion, dans les groupements politiques et scientifiques, également dans chaque organisation ésotérique et occulte. Ils sont psychologiquement malsains, et le trouble dont ils souffrent est pratiquement contagieux. Ils sont un danger, tout comme la variole est un danger. Ce genre de difficulté n'est pas souvent considéré comme constituant un problème psychologique jusqu'au moment où un homme se trouve si profondément atteint qu'il est un problème pour son groupe, ou qu'il est considéré comme étrange et déséquilibré. C'est pourtant bien une maladie psychologique d'un caractère des plus définis, exigeant un traitement attentif.

Le traitement en est particulièrement difficile, car les premiers stades sont apparemment normaux et sains. Travailler avec un groupe ou avec un éducateur est souvent considéré comme un moyen bien défini de salut psychologique, car cela tend à rendre le mystique plus ouvert et à donner ainsi une libération appropriée à l'énergie reconnue qui l'envahit. Dans la mesure où c'est ce qui se passe et rien d'autre, il n'y a [457] aucun danger réel ; mais à partir du moment où la vision que l'homme a d'autres et de plus grandes possibilités devient vague et commence à s'évanouir, à partir du moment où un corps de doctrine, ou une école de pensée, où un partisan de n'importe quelle théorie captive complètement son attention, à l'exclusion de tous autres points de vue et de toutes autres possibilités, à ce moment, les germes de trouble psychologique peuvent être clairement observés et l'homme est en danger.

À partir du moment, également, où les pouvoirs mentaux tout entiers dont l'homme est capable sont utilisés dans une seule direction, tel que par exemple parvenir au succès dans les affaires ou à la prédominance dans la finance, à ce moment l'homme devient un problème psychologique.

C'est là plus spécialement un des problèmes d'intégration car il est dû à la stimulation du mental, lorsque celui-ci s'efforce d'assumer la maîtrise de la personnalité. Un sentiment de puissance survient. Le succès alimente la stimulation, même s'il s'agit seulement du succès douteux d'attirer l'attention de quelque éducateur idéalisé ou adoré, ou de la poursuite de quelque transaction dans le domaine financier, poursuite s'achevant en succès.

Le temps arrive où le problème tout entier de la personnalité sera beaucoup mieux compris et, alors toute insistance inusitée sur la profession, la vocation, l'idéologie ou la pensée sera considérée comme un symptôme fâcheux, et l'on fera un effort pour obtenir deux choses : un développement plus intégral et une fusion consciente avec l'âme et avec le groupe.

Je n'ai pas l'intention de traiter des problèmes de la folie. Ils existent et se présentent constamment ; ésotériquement, nous les divisons en trois catégories :

1. Ceux qui sont entièrement dus à :

a. Une maladie de la matière cervicale.

b. La détérioration des cellules du cerveau. [458]

c. Une condition anormale dans la région du cerveau, telle que des tumeurs, abcès ou grosseurs.

d. Des défauts de structure de la tête.

2. Ceux qui sont dus au fait que l' Ego, ou âme, n'est pas présent.

a. Le véritable propriétaire du corps est absent. Dans ce cas, le fil de vie sera ancré dans le cœur mais le fil de conscience ne sera pas ancré dans la tête. Il sera retiré et, par conséquent, l'âme demeurera inconsciente de la forme. Dans ces cas, vous avez l'idiotie, ou simplement un animal humain d'un degré très bas.

b. Certains cas de possession ou d'obsession se rencontreront, dans lesquels le fil de vie est attaché au propriétaire original du corps, mais le fil de conscience est celui d'une autre personne ou une autre identité, désincarnée et, de plus, anxieuse de s'assurer une expression sur le plan physique. Dans les cas ordinaires, le véritable propriétaire du corps n'étant pas présent, la situation ne présente pas de réelle importance, et parfois sert un dessein utile, car elle permet à l'entité obsédante de rester en sa possession. Je me réfère ici aux cas où il existe un véritable retrait de l’Ego en incarnation ; il y a par conséquent, une maison parfaitement vide. Ces cas sont rares et offrent une occupation à laquelle il n'y a pas d'objection, tandis que dans la moyenne des cas moyens de possession et d'obsession, se pose un problème de double personnalité et même de plusieurs personnalités. Un conflit s'ensuit et de nombreuses conditions angoissantes en résultent, angoissantes du point de vue du véritable propriétaire du corps. Ces cas auxquels je me réfère ici n'offre aucune possibilité de guérison puisqu'il n'existe pas d' Ego que l'on puisse mettre en action en fortifiant la volonté ou [459] la condition physique de l'être humain tandis qu'on éjecte les intrus. Dans de nombreux cas de possession la guérison est possible mais dans ceux auxquels je me réfère ici, elle ne l'est pas.

c. D'autres cas sont ceux dus au fait que le corps astral est d'une nature telle qu'il n'est pas maîtrisable ; l'homme est alors la victime vaincue de ses propres désirs effrénés d'un genre ou d'un autre, et pourtant d'une telle puissance intellectuelle qu'il peut créer une forme-pensée dominatrice qui incorpore ses désirs. Ces "fous astraux" sont une catégorie des plus difficiles et certainement des plus tristes à traiter car, mentalement, il y a peu de chose qui n'aille pas en eux. Le mental, toutefois, ne peut exercer sa direction et se trouve définitivement relégué à l'arrière-plan ; il demeure sans utilité, inerte, tandis que l'homme exprime (avec violence ou subtilité suivant le cas) quelque désir fondamental. Cela peut être le désir de tuer, ou le désir d'avoir des expériences sexuelles anormales, ou même le désir d'être toujours par monts et par vaux et d'être ainsi constamment en activité. Ces cas donnent l'impression d'être des cas bien simples et normaux, mais je ne considère pas ici leur expression normale mais quelque chose qui ne peut être maîtrisé et pour lequel il n'existe pas de remède sauf celui consistant à protéger l'homme contre lui-même et contre ses propres actions.

Ces trois formes de démence, étant incurables, ne peuvent recevoir une aide psychologique. Tout ce que l'on peut faire est d'améliorer la condition, fournir des soins adéquats au malade et protéger la société jusqu'à ce que la mort vienne mettre fin à cet intermède dans la vie de cette âme. Il convient de se souvenir que ces conditions sont liées beaucoup plus étroitement au karma des parents ou de ceux qui ont la charge de ces cas qu'elles ne le sont au patient lui-même. Dans de nombreux cas, personne n'est présent dans la forme, il y a [460] seulement un corps vivant et animé, habité par l'âme animale mais non par une âme humaine.

Nous sommes avant tout occupés à traiter des problèmes qui surgissent dans la nature mentale de l'homme et de son pouvoir de création avec la substance mentale. Il y a un aspect de ce problème auquel je ne me suis pas encore référé, et c'est la puissance de pensée démontrée dans de tels cas ainsi que la stimulation dynamique du mental que nous considérons dans l'évocation d'une réponse de la part du corps de désir, projetant ainsi toute la nature inférieure dans une union étroite avec l'impulsion mentale reconnue et la demande mentale dominante. Cette stimulation, animée d'une force suffisante, peut opérer sur le plan physique en tant qu'action énergique et même en tant qu'action violente ; elle peut être la cause de bien des troubles pour l'homme, bien des conflits avec la société organisée, le rendant ainsi antisocial et en opposition avec les forces de la loi et de l'ordre.

Ces gens se divisent en trois groupes ; les étudiants en psychologie feraient bien d'étudier ces types de malades avec soin, car leur nombre ira en croissant, l'humanité déplaçant le centre de son attention de plus en plus vers le plan mental.

1. Ceux qui demeurent mentalement refermés sur eux-mêmes, profondément et intensément préoccupés des formes-pensées créées par eux-mêmes et du monde de pensée créé par eux, tournant autour d'une forme-pensée dynamique qu'ils ont construite. Ces gens vont toujours vers une crise et il est intéressant de noter que cette crise peut être interprétée par le monde

a. Comme la révélation d'un génie, lorsque quelque grand savant déploie pour nous les conclusions de l'attention qu'il a focalisée et auxquelles il a consacré ses pensées. [461]

b. Comme l'effort fait par un homme pour exprimer une création quelconque.

c. Comme les expressions, violentes et souvent dangereuses, de frustration par lesquelles l'homme tente de donner libre cours aux résultats de ses cogitations autour d'un thème choisi.

Tous ces aspects varient dans leur expression en raison de l'équipement original avec lequel l'homme a commencé la vie de ses pensées sur le plan mental. Dans le premier cas, vous avez le génie ; dans le deuxième (s'il est doublé d'une riche nature émotionnelle), vous avez quelque production imaginative et créatrice, et dans le troisième cas, vous avez ce que le monde considère comme démence, guérissable avec le temps, dont les effets ne sont pas permanents, à condition que soit fournie une forme quelconque de libération de l'imagination créatrice émotionnelle. C'est souvent à ce point que la lutte se produit pour les personnalités du deuxième, quatrième et sixième rayon.

2. Ceux qui deviennent étonnamment conscients d'eux-mêmes et conscients du fait qu'ils constituent un centre de pensées. Ils sont obsédés par leur propre sagesse, par leur pouvoir et par leur capacité créatrice. Ils passent rapidement en un état de complet isolement ou de séparation des autres. Cela peut mener à une mégalomanie aiguë, à une intense préoccupation et une admiration satisfaite du soi, du soi inférieur, la personnalité. La nature du désir émotionnel, sensible, est absolument sous la domination du point de pensée dynamique et égocentriste, qui représente tout ce dont l'homme est conscient à ce moment. En conséquence, le cerveau et toutes les activités sur le plan physique sont également maîtrisés et dirigés vers l'agrandissement systématique de l'homme. On trouve cette condition à des degrés différents, suivant le point d'évolution et le type de rayon ; dans les premiers stades, elle est guérissable. Si on laisse cette condition persister, cependant, elle rend l'homme finalement intouchable ; il se retranche derrière le rempart de [462] ses propres formes-pensées relatives à lui-même et à ses activités. Lorsque le sujet est curable, un effort doit être fait en vue de le décentraliser en suscitant un intérêt autre et supérieur, en développant la conscience sociale et, si possible, en entrant en contact avec son âme. C'est souvent à ce point que la lutte se produit pour les personnalités du premier et cinquième rayon.

3. Ceux dont la nature s'extériorise largement par le désir d'imposer les conclusions qu'ils ont atteintes, (par leur focalisation mentale à sens unique) à leurs camarades. Cela constitue souvent le point crucial de la difficulté pour les gens du troisième et sixième rayon. Ces personnes se rencontrent parmi celles dont la conscience va du théologien plein de bonnes intentions et du doctrinaire dogmatique, qui existent pratiquement dans toutes les écoles de pensée, jusqu'au fanatique qui rend la vie insupportable autour de lui, cherchant à imposer ses vues à tous, et au fou qui devient tellement obsédé par sa propre vision que, pour la protection de la société, il doit être enfermé.

Il vous apparaîtra donc évident à quel point la perspective semble pleine de promesses si les éducateurs et les psychologues (particulièrement ceux qui se spécialisent dans la formation des jeunes) voulaient enseigner le soin à apporter à l'équilibre des valeurs, à la vision de l'ensemble, et à la nature de la contribution que les nombreux aspects et attitudes font au tout. Cela serait d'une profonde utilité au moment de l'adolescence, lorsque tant d'ajustements difficiles doivent être faits. Il est généralement trop tard pour le faire lorsqu'une personne a atteint l'âge adulte et a, depuis longtemps, construit ses formes pensées et cogité à leur sujet jusqu'au point de s'identifier avec elles si étroitement qu'il ne lui reste aucune réelle existence indépendante. L'éclatement de semblables formes-pensées ou de groupes de formes- pensées qui maintiennent [463] un homme en esclavage peut amener des conditions si sérieuses, que le suicide, une maladie prolongée, ou une vie devenue vaine peuvent en résulter.

Deux choses seulement peuvent vraiment aider : premièrement, la présentation faite avec amour et persistance d'une vision plus large, qui doit être maintenue devant les yeux de l'homme par quelqu'un de si inclusif que la note-clé de son existence soit la compréhension, ou bien, deuxièmement, par l'action de la propre âme de l'homme. La première méthode exige beaucoup de temps et de patience. La seconde peut avoir des effets instantanés, comme dans la conversion, ou peut être une démolition graduelle des murs de pensées par le moyen desquels un homme s'est séparé du reste du monde et de ses compagnons. Les trompettes du Seigneur, l'âme, peuvent résonner et provoquer la chute des murs de Jéricho. Cette tâche de susciter l'action de l'âme sous une forme dynamique au nom d'une personnalité emprisonnée, entourée d'une façon impénétrable par un mur de matière mentale, constituera un aspect de la science psychologique qui se développera dans l'avenir.

Problèmes provenant de la méditation et des résultats de celle-ci : l'Illumination

Je voudrais tout d'abord faire remarquer que lorsque j'emploie ici le mot méditation, je le fais seulement dans l'un des sens donnés à ce terme. L'intense focalisation mentale, qui produit une insistance mentale néfaste, des attitudes erronées et un genre de vie antisocial représente aussi une forme de méditation, mais c'est une méditation poursuivie entièrement dans la périphérie de la petite zone du mental d'un certain homme. C'est là un énoncé de fait important. Cette situation limite l'homme et le laisse sans aucun contact avec les autres zones de perception mentale ; elle le pousse à une stimulation intense et à sens unique d'un genre particulièrement puissant, qui n'a pas d'autre issue que celle dirigée vers le cerveau, par la voie de la nature du désir. La méditation à laquelle nous nous référons en cette partie de notre étude se rapporte à une [464] focalisation mentale et à une attitude qui tente de se relier à ce qui gît au-delà du monde mental de l'individu.

C'est une partie de l'effort fait en vue de se mettre en relation avec un monde d'êtres et de phénomènes qui se trouve au-delà. Je rédige ces phrases de façon à transmettre les idées d'expansion, d'inclusion et d'éclaircissement. De telles expansions et une telle attitude ne devraient pas rendre un homme antisocial ni l'incarcérer dans une prison construite par lui-même. Elles devraient en faire un citoyen du monde ; elles devraient faire naître en lui le désir de se mêler à ses Compagnons ; elles devraient éveiller en lui les réalités et les problèmes supérieurs ; elles devraient verser de la lumière dans les endroits sombres de sa vie et dans la vie de l'humanité prise dans son ensemble. Les problèmes qui surgissent, résultats de l'illumination, sont pratiquement le contraire de ceux que nous venons de considérer. Cependant, à leur tour ils constituent de réels problèmes, et parce que les gens intelligents du monde apprennent à méditer aujourd'hui sur une vaste échelle, il nous faut les envisager. Bien des causes provoquent le fait qu'on se tourne vers la méditation. Quelquefois, c'est la force des circonstances économiques qui oblige un homme à se concentrer, et la concentration constitue l'un des premiers pas dans le processus de méditation. Parfois, cela est amené par l'impulsion vers un travail créateur qui conduit un homme à poursuivre quelque thème ou quelque sujet afin d'en créer la représentation.

Que les hommes soient intéressés d'une façon académique seulement au pouvoir de la pensée, ou que, touchés par une vision, ils deviennent des étudiants de la véritable méditation, (soit mystique soit occulte), le fait demeure que de sérieux problèmes surgissent, des conditions dangereuses apparaissent, et que la nature inférieure manifeste dans chaque cas le besoin d'adaptation aux impulsions ou aux demandes supérieures. Elle souffre des conséquences d'une nature difficile si cette nature ne s'adapte pas. Les ajustements nécessaires doivent être faits, ou bien des difficultés psychologiques, psychopathiques et nerveuses interviendront inévitablement.

De nouveau, laissez-moi vous rappeler que la raison en est que l'homme voit, connaît et comprend davantage qu'il n'est [465] capable de le faire simplement comme personnalité, fonctionnant dans les trois mondes, et tellement ignorante dans toute l'acception du terme, du monde d'activité de l'âme.

Il a "laissé entrer" des énergies qui sont plus fortes que les forces dont il est habituellement conscient. Elles sont intrinsèquement fortes, bien que pas encore apparemment les plus fortes, en raison des habitudes bien ancrées et des anciens rythmes des forces de la personnalité avec lesquelles l'énergie de l'âme est amenée en conflit. Ceci conduit nécessairement à une tension et à des difficultés, et, à moins que cette bataille ne soit proprement comprise, des résultats désastreux peuvent s'ensuivre ; le psychologue qualifié doit être prêt à les traiter.

Je ne m'occuperai pas du type et de la nature de la concentration, ni du thème de la méditation, car je ne considère ici que les résultats et non pas les méthodes qui les produisent. Il me suffira de dire que les efforts de méditation faits par l'homme ont ouvert une porte par laquelle il peut passer à volonté (et en fin de compte avec facilité) dans un nouveau monde de phénomènes, d'activités dirigées et d'idéaux différents. Il a ouvert une fenêtre à travers laquelle la lumière peut se déverser, révélant ce qui existe, ce qui a toujours existé, au sein de la conscience de l'homme, et jetant l'illumination dans les endroits sombres de sa vie, dans d'autres vies et dans le milieu où il se meut. Il a libéré au sein de lui-même un monde de sons et d'impressions qui sont tout d'abord si nouveaux et si différents qu'il ne sait pas ce qu'il doit en penser. Sa situation devient une situation demandant beaucoup de soins et un ajustement équilibré.

Il vous semblera évident que s'il existe un bon équipement mental et une saine formation, il y aura un sens équilibré des proportions, la capacité d'interprétation, la patience d'attendre qu'une propre compréhension puisse être développée et un heureux sens d'humour. Toutefois, là où ceux-ci n'existent pas, il y aura (suivant le type et le sens de la vision), [466] une grande confusion, une impossibilité à comprendre ce qui arrive, une insistance erronée sur les réactions de la personnalité et les phénomènes. De l'orgueil aussi relativement aux accomplissements, un terrible sentiment d'infériorité, trop de paroles, la recherche ici et ailleurs d'une explication, d'un réconfort, d'une assurance, et du sentiment de camaraderie. Peut-être, un écroulement total des forces mentales, ou l'ébranlement des cellules du cerveau par la tension à laquelle elles ont été soumises.

La joie parfois aussi se rencontre comme résultat du contact avec le nouveau monde, ainsi que d'une forte stimulation mentale. Tout aussi souvent cependant la dépression en résulte, fondée sur le sentiment d'incapacité d'être à la mesure de l'opportunité qui se présente. L'homme voit et sait trop de choses. Il ne peut plus être satisfait de la façon dont il vivait précédemment, ni des anciens idéalismes. Il a touché des dimensions plus vastes et maintenant les désire ardemment, ainsi que les idées nouvelles et vibrantes et la vision plus étendue. La manière de vivre de l'âme l'a saisi et l'attire. Mais sa nature, son milieu, son équipement et les opportunités semblent en quelque sorte le contrecarrer constamment et il a le sentiment qu'il ne peut avancer vers ce nouveau et merveilleux monde, et y pénétrer. Il ressent le besoin de temporiser et de vivre dans le même état d'esprit qu'auparavant ; c'est du moins ce qu'il pense, à lui de décider.

Les développements auxquels il a été soumis, en tant que résultat d'une méditation qui a réussi, ne se produisent pas nécessairement sous la forme d'un effort religieux évident, ni ne sont produits par une prétendue révélation. Ils peuvent lui parvenir dans le domaine de l'activité choisie dans son existence, car il n'existe aucune activité dans la vie, aucun appel de vocation, aucune occupation mentale ni aucune condition qui ne peuvent fournir la clé ouvrant la porte du monde désiré le plus vaste, ni servir à conduire un homme au sommet de la montagne d'où un horizon plus vaste peut être vu et une vision plus étendue saisie. Un homme doit apprendre à reconnaître [467] que l'école de pensée qu'il a choisie, sa vocation particulière, ce qui l'attire dans la vie et ses tendances personnelles ne représentent qu'une partie d'un grand tout, et que son problème est d'intégrer consciemment les activités de sa petite existence dans les activités du monde.

C'est cela que nous appelons illumination, faute d'un meilleur terme. Toute connaissance est une forme de lumière, car elle projette la lumière dans les zones de conscience qui avaient été jusqu'à présent inconscientes. Toute sagesse est une forme de lumière, car elle nous révèle le monde de l'intention qui se trouve derrière la forme extérieure. Toute compréhension est une évocation de lumière, car elle nous détermine à devenir informés, ou conscients, des causes qui produisent les formes extérieures qui nous entourent (y compris notre propre forme) et qui conditionnent le monde des significations dont elles sont l'expression. Mais lorsque ce fait est vu pour la première fois, et saisi, lorsque la révélation initiale est venue, lorsque la place de la partie relativement au tout est perçue, et lorsque le monde qui inclut notre petit monde est contacté pour la première fois, alors il se présente toujours un moment de crise et une période de danger. Ensuite, comme l'accoutumance se développe et que nos pieds ont erré à l'intérieur et à l'extérieur de la porte que nous avons ouverte, et comme nous nous sommes habitués à la lumière que la fenêtre sans ses volets a libérée dans le petit monde de notre existence journalière, d'autres dangers psychologiques se manifestent. Nous courons le danger de penser que ce que nous avons vu constitue tout ce qu'il y a à voir, et ainsi, sur une courbe supérieure de la spirale et dans un sens plus large, les dangers considérés plus haut de l'accent erroné, de la focalisation incorrecte, de convictions d'un esprit étroit et de l'idée fixe se répètent pour nous. Nous devenons obsédés par l'idée de l'âme ; nous oublions la nécessité qu'elle a d'un véhicule d'expression ; nous commençons à vivre dans un monde d'existence et de sensation qui est abstrait et détaché, et nous ne parvenons pas à garder le contact avec la vie et les faits de l'expression du plan physique.

Ainsi, nous répétons, à nouveau sur une courbe plus élevée de la spirale, les conditions que nous avons considérées et dans lesquelles l'âme ou l’Ego n'était pas présent, en renversant les conditions, si bien qu'il n'y a aucune vie de la forme réellement [468] présente dans la conscience focalisée de l'homme. Il y a seulement le monde des âmes et un désir d'activité créatrice. La direction de l'existence journalière sur le plan physique tombe au-dessous du seuil de la conscience, et l'homme devient un mystique vague, sans aucun sens pratique, un visionnaire. Ces états d'esprit, si on tolère leur existence, sont dangereux.

Il existe cependant certaines phases de ce trouble mental qui sont provoquées par l'illumination de l'esprit au moyen de la méditation. Il serait utile d'en traiter. Je ne pourrai le faire que rapidement, car nous avons peu de temps et je cherche seulement à donner des indications et non pas à entrer dans les détails. Je ne peux que vous signaler les grandes lignes du problème et les méthodes par lesquelles une difficulté ou un problème spécifique peut être traité ou résolu. Dans la façon de traiter un bon nombre de ces cas, le bon sens ordinaire aura son rôle à jouer, ainsi que les efforts à faire pour faire comprendre au patient que ses troubles, bien que minimes au début, peuvent ouvrir la porte à de sérieuses situations. De celles-ci, il y en a trois auxquelles je m'arrêterai.

La première est l'activité exagérée du mental en un grand nombre de cas ; le mental, parfois soudainement et parfois lentement, saisit et perçoit trop. Il devient conscient de trop de connaissance. Cela produit des irrégularités dans l'organisation de la vie de l'homme et y introduit tant de variations, tant de fluidité et tant d'agitation qu'il est sans cesse dans un tourbillon bouillonnant. À travers tout cela, il est conscient de lui-même en tant que celui qui est au centre, et il interprète tous les contacts et les activités mentales, toute la fluidité, l'analyse constante à laquelle il est enclin et la perpétuelle élaboration de plans, comme une indication non seulement de capacité mentale mais aussi de perspicacité spirituelle et de sagesse.

Pour tous ceux qui sont liés à lui, cela crée des situations difficiles et souvent pendant de longues périodes. Car, aussi longtemps que durent ces conditions, il existe peu de chose que [469] quiconque puisse faire. Les constantes "permutations de la chitta ou substance mentale" et la perpétuelle activité du corps mental produisent la forme-pensée, captivent l'homme d'une façon si constante que rien d'autre n'est enregistré dans sa conscience. De vastes plans, des schémas étendus, des corrélations et des correspondances, et en outre la tentative de les imposer aux autres et de demander leur aide (avec les critiques qui en résultent si cette aide n'est pas accordée) afin de mettre à exécution cette quantité d'idées décousues, voilà ce qui l'occupe. Il n'y a pas d'effort réellement fait pour passer à l'exécution de ces plans et de ces idées, car ce ne sont que des tentatives sur le plan mental, demeurant en leur état original vague. L'effort de percevoir davantage et de saisir davantage de détails et de rapports réciproques captive toute son attention ; et il ne reste aucune énergie pour amener une seule de ces choses sur le plan du désir et faire ainsi les premiers pas vers la matérialisation physique du plan de ses visions. Si cet état du mental dure pendant une trop longue période, il produit une tension mentale, une crise nerveuse et parfois une difficulté permanente. La cure, pourtant, en est simple.

Que l'homme ainsi affecté soit amené à réaliser l'inefficacité de sa vie mentale tandis qu'il vit de cette façon. Ensuite, choisissant l'une parmi les nombreuses méthodes possibles de travail et l'une parmi les nombreuses voies de service par lesquelles le plan perçu peut être développé, qu'il se force lui-même à amener ce plan à la manifestation physique, abandonnant toutes autres possibilités. De cette façon, il peut commencer à nouveau à régler et diriger son mental et à prendre place parmi ceux qui accomplissent quelque chose, si petite que puisse être leur contribution. Il devient alors constructif.

Pour illustrer ce genre de difficulté, j'ai utilisé les termes de l'aspirant qui, dans sa méditation, entre en contact avec l'influence de la Hiérarchie et qui est ainsi en mesure de se brancher sur le courant de formes-pensées créé par Eux et [470] par Leurs disciples. Mais on trouvera le même genre de difficulté parmi ceux qui (par la découverte du plan mental et l'utilisation de l'attention focalisée) pénètrent dans le monde plus vaste des idées sur le point d'être précipitées sur les niveaux concrets de substance mentale. Ceci explique l'inefficacité et la stérilité apparente de si nombreuses personnes fort intelligentes. Elles sont intéressées par un si grand nombre de possibilités qu'elles finissent par ne rien accomplir. Un plan exécuté, une direction de pensée suivie jusqu'à sa conclusion concrète, un processus mental développé et présenté consciemment sauverait la situation et apporterait une utilité créatrice dans des existences qui autrement sont négatives et inutiles. J'emploie le terme "négatives" ici pour indiquer une négativité dans l'accomplissement des résultats. Un tel homme, il est inutile de le dire, est extrêmement positif dans les implications qu'il attache à ses prétendues conceptions mentales et à ses idées relatives à la façon dont tout devrait être fait, et il est une source permanente de consternation pour tous ceux qui l'entourent.

Ses amis ou ses compagnons de travail sont les cibles de ses critiques incessantes, car ils n'appliquent pas le plan comme il pense qu'il devrait être appliqué, ou bien ils ne parviennent pas à apprécier le flot d'idées qui le submergent. Il faut comprendre que l'homme souffre d'une sorte de fièvre mentale, accompagnée d'hallucinations, d'activités exagérées et d'une irritabilité mentale. La cure, ainsi que je l'ai dit plus haut, repose dans les mains mêmes du patient. Elle implique une application consciencieuse d'un plan choisi en vue de prouver son efficacité, et l'utilisation du bon sens et d'un bon jugement. La lumière qui peut être contactée pendant la méditation a révélé un niveau de phénomènes mentaux et de formes-pensées avec lesquels l'homme n'a pas l'habitude de traiter. Les manifestations, les implications et les possibilités lui en paraissent si vastes qu'il se persuade qu'elles doivent être divines et par conséquent essentielles. Parce qu'il se trouve encore dans le centre dramatique de sa propre conscience et encore, même si c'est inconscient, rempli d'orgueil mental et [471] d'ambition spirituelle, il a le sentiment qu'il a de grandes choses à faire et que tous ceux qu'il connaît doivent l'aider à les accomplir, ou bien reconnaître qu'ils sont des ratés.

La deuxième est la révélation de la maya des sens. Maya est un terme générique qui s'applique aux trois aspects de la vie phénoménale, des trois mondes ou des trois résultats majeurs de l'activité-force. Ils contribuent à désorienter l'homme et à rendre plus difficile la situation des aspirants sincères. Il conviendrait probablement que je définisse pour vous les trois termes que l'on applique à ces trois effets phénoménaux : Illusion, Mirage et Maya.

Ces trois termes ont été pendant longtemps utilisés à tort et à travers par de prétendus occultistes et ésotéristes. Ils représentent le même concept général ou la différenciation de ce concept. Généralement, l'interprétation en a été comme suit, mais ce n'est qu'une interprétation partielle, participant presque de la nature de déformation de la vérité réelle, étant donné les limitations de la conscience humaine. Le Mirage a souvent été considéré comme une curieuse tentative de ce qui est appelé les "forces noires" de décevoir et de berner les aspirants bien intentionnés. Beaucoup de gens très bien sont presque flattés lorsqu'ils sont "confrontés" par quelque aspect du mirage ; ils ont le sentiment qu'ils ont si bien démontré leur discipline que les forces noires manifestent suffisamment d'intérêt pour essayer de saper leur beau travail en les submergeant dans des nuages de mirage. Rien ne pourrait être plus loin de la vérité. Cette idée est elle-même une partie du mirage des temps présents, et prend sa source dans l'orgueil humain et sa propre satisfaction. La Maya est souvent considérée comme étant de la même nature que le concept proclamé par la Science Chrétienne qu'une chose telle que la matière n'existe pas. On nous demande là de considérer le monde phénoménal tout entier comme maya et de croire que son existence est simplement une erreur du mental mortel, une forme d'autosuggestion ou d'auto-hypnotisme. Par cette [472] croyance et cette persuasion, nous nous imposons un état d'esprit qui reconnaît que le tangible et l'objectif ne sont que ces fictions du mental imaginatif de l'homme. Cela, à Son tour, est également une parodie de la réalité.

L'illusion est considérée quelque peu de la même façon, toutefois (quand nous la définissons) nous mettons l'accent sur le caractère fini du mental de l'homme. Le monde des phénomènes n'est pas nié, mais nous considérons le mental comme en donnant une fausse interprétation et comme refusant de le voir tel qu'il est en réalité. Nous considérons la fausse représentation comme constituant la Grande Illusion.

Je voudrais signaler ici que, généralement, ces trois expressions sont trois aspects d'une condition universelle, résultat de l'activité, dans le temps et dans l'espace, du mental humain.

Le Problème de l'Illusion repose dans le fait que c'est une activité de l'âme ; c'est le résultat de l'aspect mental de toutes les âmes en manifestation. C'est l'âme qui se trouve submergée dans l'illusion, l'âme qui ne parvient pas à voir avec clarté jusqu'au moment où elle apprend à déverser la lumière de l'âme dans le mental et le cerveau.

Le Problème du Mirage se rencontre lorsque l'illusion mentale est intensifiée par le désir. Ce que les théosophes appellent "Kamamanas" produit le mirage. C'est l'illusion sur le plan astral.

Le Problème de Maya est en réalité le même que celui qui précède, auquel s'ajoute l'activité intense se produisant lorsque le mirage et l'illusion se réalisent sur les niveaux éthériques. C'est cette pagaille (oui, c'est bien le terme que je veux employer) dans laquelle la majorité des êtres humains semblent toujours vivre. En conséquence :

1. L'illusion est d'abord une caractéristique mentale, particulière à l'attitude d'esprit des gens plus intellectuels qu'émotifs. Ils ont surmonté le mirage tel qu'on le comprend généralement. C'est d'une mauvaise conception des [473] idées et des formes-pensées dont ils sont coupables, et également de fausses interprétations.

2. Le Mirage est de caractère astral, et, en cette époque, il est bien plus puissant que l'illusion, étant donné l'énorme majorité de gens qui fonctionnent toujours astralement.

3. La Maya est de caractère vital ; c'est une qualité de force. C'est essentiellement l'énergie de l'être humain se mettant en activité sous l'influence subjective de l'illusion mentale, ou de mirage astral ou des deux combinés.

L'étendue du sujet est accablante ; il faut du temps pour que l'aspirant apprenne les règles lui permettant de trouver la sortie du domaine du mirage. Je cherche ici simplement à traiter le thème dans les effets qu'il produit dans la vie de l'homme ayant évoqué une certaine mesure de lumière au-dedans de lui-même. Cela a servi à lui révéler les trois mondes de forces inférieures. Cette révélation, au début, le trompe souvent ; il devient la victime de ce qui a été révélé. On pourrait avec raison faire remarquer que tous les êtres humains sont les victimes de la Grande Illusion et de ses divers aspects et corrélations. Dans les cas considérés ici, la différence se trouve dans le fait que :

1. L'homme est nettement conscient de lui-même.

2. Il sait aussi qu'il a libéré une certaine mesure de lumière supérieure.

3. Ce qui lui est révélé est interprété par lui en termes de phénomènes spirituels au lieu de l'être en termes de phénomènes psychiques. Il considère tout cela comme prodigieux, révélateur, véridique et désirable.

Parce qu'il a atteint l'intégration et qu'il est capable de fonctionner mentalement, parce que son orientation est bonne et correcte ; parce qu'il est sur le Sentier de Probation, et parce qu'il sait qu'il est lui-même un aspirant et même un [474] disciple, ce que la lumière révèle sur le plan astral par exemple, est naturellement d'un ordre très élevé. Les effets en sont, en conséquence, des plus trompeurs. Les vastes plans cosmiques qui ont surgi du mental des penseurs dans le passé et qui ont atteint le plan astral. Les formes anciennes qui personnifiaient la "vie de désir" et les conceptions imaginaires de la race et qui possèdent une telle puissance qu'elles se sont maintenues dans la vie du désir de nombreuses personnes. Les formes symboliques utilisées tout au cours des âges dans une tentative de matérialiser certaines réalités, les essais et les formes expérimentales des grands efforts qui ont été faits ou qui sont faits à notre époque, et en outre l'activité de la vie sur le plan astral lui-même, le monde du rêve de la planète, tendent à le préoccuper et à le conduire vers le danger et l'erreur. Cela retarde son progrès sur le chemin, et distrait ses énergies et son attention.

Il faut se souvenir que c'est la ligne de moindre résistance pour l'homme en raison de la puissance du corps astral dans la période actuelle du monde. Le résultat est que les pouvoirs et les facultés du mental deviennent exagérément développés et que ce qu'on appelle les "siddhis inférieurs" (pouvoirs psychiques inférieurs) commencent à dominer. L'homme, en réalité, retourne aux états de conscience et aux conditions de fonctionnement qui étaient normaux et corrects aux temps de l'Atlantide, mais qui sont indésirables et inutiles de nos jours. Il reprend, par la stimulation, d'antiques habitudes de conscience psychique qui devraient rester normalement au- dessous du seuil de la conscience.

La lumière lui a révélé ce monde de phénomènes ; il le juge désirable et il interprète ses activités en tant que développement intérieur spirituel prodigieux. Cette stimulation par le mental (lui-même stimulé dans la méditation), tandis qu'il se dirige vers le bas, vers le plan astral, évoque la réaction active renouvelée et réveillée des pouvoirs inférieurs. C'est [475] aussi nettement un recouvrement, et aussi indésirable que le sont certaines pratiques indiennes de Hatha-Yoga qui permettent au yogi de recouvrer la maîtrise consciente des ses fonctions corporelles. Cette maîtrise consciente constituait une marque distinctive des premières races lémuriennes, mais depuis des temps immémoriaux l'activité des organes du corps s'est trouvée, de la façon la plus désirable et la plus sûre, au-dessous du seuil de la conscience, le corps accomplissant ses fonctions automatiquement et inconsciemment, sauf en cas de maladie ou de mauvais ajustement de quelque sorte.

L'intention n'est pas que la race (une fois accompli le travail du présent cycle) doive fonctionner consciemment dans des zones oubliées de la conscience, ainsi que le firent les races lémurienne et atlantéenne. L'intention est que les hommes fonctionnent en tant que Caucasiens, bien qu'aucun terme réellement satisfaisant n'ait été inventé pour distinguer la race qui est en train de se développer sous l'impact de la civilisation occidentale. Je me réfère aux états de conscience et aux domaines de conscience qui constituent la prérogative de toutes les races et de tous les peuples à certains stades de développement, et j'emploie les trois nomenclatures scientifiques et raciales seulement comme symboles de ces stades :

La conscience lémurienne physique.

La conscience atlantéenne astrale, émotive, sensorielle. La Caucasienne ou Aryenne mentale ou intellectuelle.

Ceci ne doit jamais être oublié.

L'homme qui souffre du fait de la révélation de la lumière dans les trois mondes (particulièrement dans le monde astral) est donc en train de faire deux choses :

1. Il se maintient dans une position relativement statique, dans la mesure où cela concerne son véritable progrès ; il regarde le troublant kaléidoscope du plan astral avec intérêt et attention. Il peut ne pas être lui-même actif sur ce plan, ni s'identifier avec lui, mais mentalement et émotivement, cela satisfait temporairement

son intérêt, retenant [476] son attention et excitant sa curiosité, même si, pendant ce temps, il conserve son sens critique. Par conséquent, il perd son temps et s'environne continuellement de nouvelles couches de formes-pensées, qui sont le résultat des pensées qu'il a au sujet de ce qu'il voit et entend. Cela est dangereux et il devrait y mettre fin. Un intérêt intelligent à l'égard du monde du mirage et de l'illusion est demandé à tous les aspirants et disciples avisés, de façon à ce qu'ils puissent se libérer de sa servitude, car autrement ce monde ne sera jamais compris ni maîtrisé. Mais une application prolongée de son existence et une absorption complète dans ses phénomènes sont dangereuses et emprisonnent.

2. L'intérêt évoqué dans ces cas indésirables est tel que l'homme :

a. Devient complètement pris par ce mirage.

b. Descend (symboliquement) à son niveau.

c. Réagit sur le plan de la sensibilité à ces phénomènes et souvent avec plaisir et délice.

d. Évoque les anciennes facultés de clairvoyance et de clairaudience.

e. Devient un psychique inférieur et accepte tout ce que les pouvoirs psychiques inférieurs révèlent.

Je voudrais marquer ici un arrêt et signaler deux choses qu'il faut garder à l'esprit :

Premièrement que de nombreuses personnes vivent aujourd'hui dans l'état de conscience atlantéen ; pour eux, l'expression des pouvoirs psychiques inférieurs est normale, mais toutefois indésirable. Pour l'homme qui est du type mental ou qui maîtrise graduellement la nature psychique, ces pouvoirs sont anormaux (devrais-je dire subnormaux ?) et des plus indésirables. Dans cette étude, je ne traite pas de l'homme ayant [477] la conscience atlantéenne mais de l'aspirant moderne. Pour lui, développer la conscience raciale passée, et retourner à un type inférieur de développement (qui devrait être abandonné loin derrière soi) est dangereux et constitue un retard. C'est une forme d'expression atavique.

Deuxièmement, que lorsqu'un homme est fermement polarisé sur le plan mental, lorsqu'il a atteint une certaine mesure de contact avec l'âme, lorsque son entière orientation se trouve dirigée vers le monde des réalités spirituelles et que sa vie est une vie de discipline et de service, alors, parfois, et lorsque cela est nécessaire, il peut, à volonté, faire appel et utiliser les pouvoirs psychiques inférieurs au service du Plan et de façon à accomplir certain travail spécial sur le plan astral. Mais c'est là un cas où la plus grande conscience inclut normalement la moindre conscience. Toutefois, cela est rarement fait, même par les adeptes, car les pouvoirs de l'âme : perception spirituelle, sensibilité télépathique et habileté psychométrique, sont généralement à la hauteur des exigences et des besoins à satisfaire. J'intercale ces remarques, étant donné que certains hommes éclairés utilisent ces pouvoirs, mais c'est toujours dans le but de quelque service spécifique rendu à la Hiérarchie et à l'humanité et non pas dans un but ayant quelque relation avec l'individu.

Lorsqu'un homme a erré dans les sentiers écartés du plan astral et a quitté l'endroit sûr de l'équilibre mental et de l'attitude intellectuelle (à nouveau, je parle symboliquement), lorsqu'il a succombé au mirage et à l'illusion (généralement trompé malgré lui et bien intentionné) et lorsqu'il a développé en lui, par une stimulation et des expériences erronées, d'anciennes habitudes de contact, telles que la clairvoyance et la clairaudience, que peut-il faire, ou bien que peut-on faire pour qu'il établisse des conditions normales ?

Beaucoup de ces gens se retrouvent entre les mains des psychologues et des psychiatres ; on en trouve beaucoup dans nos maisons de santé et nos asiles, placés là parce qu'ils "voyaient des choses" entendaient des voix, ou rêvaient, et parce qu'ils se sont rendus eux-mêmes incapables de mener [478] une vie normale. Ils semblent constituer un danger, à la fois pour eux-mêmes et pour les autres. Ils constituent un problème et une difficulté. Les anciennes pratiques doivent être abandonnées, mais en raison de leur ancienneté elles sont très puissantes, et quant à les abandonner, c'est plus vite dit que fait. Les exercices par lesquels les pouvoirs psychiques inférieurs ont été développés doivent cesser. Si les facultés de réponse à un monde astral environnant semblent avoir été développées sans difficulté et être normales chez l'homme, elles doivent néanmoins être abandonnées, et les voies d'approche vers le monde inférieur de phénomènes doivent être fermées. Si les êtres humains réussissent si mal à vivre consciemment sur le plan physique et à manier les phénomènes qu'ils y contactent, et si la vie de l'attention mentale et de l'existence mentale est encore si difficile pour une vaste majorité, pourquoi compliquer le problème en cherchant à vivre dans un monde de phénomènes qui est, comme il est admis, le plus puissant à cette époque ?

La tâche de libérer quelqu'un de la servitude de la sensibilité astrale est unique et prodigieuse. Les détails de la méthode par laquelle cela peut être fait sont trop nombreux pour que nous les considérions ici. Mais certains mots renferment les notes-clés de libération et trois suggestions de base aideront le psychologue à traiter ces genres de difficultés. Les mots qui renferment le secret sont :

1. Instruction.

2. Centre d'attention

3. Occupation.

La nature de l'appareil humain de réaction dans les trois mondes devrait être soigneusement expliquée à l'homme qui est en difficulté, et aussi la distinction entre les consciences lémurienne, atlantéenne et caucasienne qui devrait, si possible, lui être rendue claire. On devrait à ce moment, et à nouveau si possible, évoquer la fierté qu'il ressent de sa place sur [479] l'échelle de l'évolution, et cela s'avérera une évocation constructive. L'effort en vue de focaliser son attention devrait être tenté progressivement et avec sympathie. Suivant le type auquel il appartient, l'effort sera dirigé vers la focalisation de son attention et la direction de son intérêt, soit sur le plan physique soit sur le plan mental, l'éloignant ainsi du plan intermédiaire. Une occupation physique ou mentale bien définie (à nouveau arrangée suivant le type auquel il appartient) devrait être organisée et l'homme devrait être obligé à s'occuper de la façon qui aura été choisie.

Les trois suggestions que je ferais au psychologue ou au guérisseur mental sont :

1. Étudier avec soin la nature des rayons qui sont présumés constituer la nature de l'homme et fournir les forces et les énergies qui font de lui ce qu'il est. J'ai formulé ceci avec soin.

2. Déterminer celui des véhicules de contact qui est le plus puissant, le mieux organisé et bien développé. Il indiquera à travers quelles formes l'expression de vie dans cette incarnation particulière se déverse.

3. Examiner la condition physique avec soin, et là où elle nécessite l'attention, veiller à ce que les soins nécessaires soient donnés. En même temps, prendre note de l'équipement glandulaire, l'étudiant sous le rapport de ces relations avec les sept centres majeurs du corps. Dans beaucoup de cas, les glandes indiquent la condition des centres. Ainsi, on parviendra à une compréhension du système de force du patient.

La Science des Centres se trouve encore dans l'enfance de même que la Science des Rayons et la Science de l'Astrologie. Mais bien des choses sont apprises et développées dans ces trois directions, et lorsque les barrières présentes seront tombées et qu'une recherche véritablement scientifique sera instituée dans ces directions, une ère nouvelle commencera pour l'être humain. Ces trois sciences constitueront les trois départements [480] majeurs de la Science de la Psychologie dans l'Âge Nouveau, auxquelles s'ajouteront les contributions de la psychologie moderne et la pénétration dans la nature de l'homme (particulièrement la nature physique) qui a pris un développement si prodigieux.

Problèmes de direction, de rêves et de dépression

Je traite de ces problèmes en raison de leur extrême importance à cette époque-ci, due aux activités de divers groupes à tendance religieuse ou psychologique, à la tendance de certaines écoles dédiées à la propagation de la religion ou de la psychologie, et à la situation mondiale présente qui a plongé tant de gens sensitifs dans un état de vitalité spirituelle diminuée et accompagnée généralement d'une moindre vitalité physique. Cette condition est largement répandue et basée sur de mauvaises conditions économiques. J'en traite avant que nous ne prenions notre quatrième point, "Les Maladies et les Problèmes des Mystiques", car cela constitue un groupe intermédiaire, s'étendant à de nombreux citoyens intelligents et bien intentionnés.

Le Problème de Direction est un problème particulièrement difficile à traiter car il est basé sur une reconnaissance instinctive et innée du fait de Dieu et du Plan de Dieu. Cette réaction spirituelle instinctive et inhérente est exploitée aujourd'hui par de nombreux réformateurs bien intentionnés qui, cependant, n'ont accordé aucune attention réelle au sujet ni au phénomène de la réponse externe à une impulsion subjective. Ils sont, dans la majorité des cas, d'aveugles conducteurs d'aveugles. Nous pourrions définir le problème d'orientation comme le problème de la méthode par laquelle un homme, par des processus d'autosuggestion, se précipite dans un état de négativité et (tout en étant dans cet état) devient conscient d'inclinations, d'impulsions, de voix, d'ordres clairement reçus, de révélations relatives à des lignes de conduite devant être poursuivies ou de carrières devant être suivies, et en [481] outre d'une indication générale des lignes d'activité que "Dieu" propose au sujet réceptif, négatif et attentif.

Dans cet état de conscience presque sublimée au regard des demandes insistantes des domaines subjectifs de l'être ou de la pensée, l'homme est emporté par un courant d'activité qui peut parvenir à orienter sa vie d'une façon permanente (souvent d'une manière inoffensive et parfois d'une manière des plus désirables) ou qui peut avoir seulement un effet temporaire une fois que l'impulsion de réponse est épuisée. Mais en tout cas, la source de la direction et l'origine de l'orientation est appelée vaguement "Dieu" ; elle est considérée comme divine, et on parle comme de la voix du "Christ intérieur" ou d'une direction spirituelle. De nombreux termes analogues sont utilisés, suivant l'école de pensée à laquelle l'homme peut appartenir, ou qui a réussi à attirer son attention.

Nous verrons cette tendance vers la direction subjective d'un genre ou d'un autre se développer d'une manière croissante au fur et à mesure que l'humanité devient plus subjectivement orientée, plus nettement consciente des domaines de l'être intérieur et plus penchée vers le monde de l'intention. C'est pour cette raison que je désire faire une analyse relativement soignée des sources possibles de direction, de façon à ce que les hommes au moins puissent savoir que l'ensemble du sujet est plus vaste et plus compliqué qu'ils ne l'ont pensé, et que ce serait le rôle de la sagesse de s'assurer des origines de la direction accordée, et ainsi de connaître, avec une plus grande netteté, la direction vers laquelle ils se dirigent.. N'oubliez pas que la soumission aveugle et irraisonnée de soi-même à la direction (telle qu'elle est pratiquée actuellement) rend en fin de compte un homme semblable à un automate impressionnable et négatif.

Cela prévaudrait-il d'une façon universelle et les méthodes présentes deviendraient-elles des habitudes bien établies, que la race se verrait déchue de sa possession la plus divine, c'est-à-dire la libre volonté. Ceci ne constitue pas un danger immédiat, si les hommes doués d'intelligence dans ce monde réfléchissent au problème. De trop nombreux égos de nature avancée viennent également en incarnation et il y a de trop nombreux [482] disciples dans le monde aujourd'hui, dont les voix résonnent hautement et clairement dans la direction du libre choix et dans l'intelligente compréhension du plan de Dieu, pour que le danger dépasse certaines limites.

Il serait sans doute profitable d'indiquer à nouveau l'existence de diverses écoles de pensée qui mettent l'orientation en vedette ou dont les méthodes et les doctrines tendent à développer l'attention de l'oreille intérieure et qui, pourtant, ne pensent pas à enseigner la distinction entre les sources de direction ou à différencier entre les différents sons, voix et prétendues indications inspirées que l'oreille attentive peut être formée à enregistrer.