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I. LA CROISSANCE DE L’INFLUENCE DE L’AME - Partie 3

Nous avons donc ici cinq points de crise dans la vie de l'individu, en conjonction avec le tout, avec le premier stade (appelé individualisation) en Lémurie, le troisième stade dans notre race, et un stade final à la fin de l'âge. Ces stades s'accomplissent pendant une si longue période, et sont si étroitement reliés, qu'un stade et une période rendent possibles le stade et la période qui les suivent, et que seul un esprit analytique peut voir ou chercher à les différencier. Le reflet de cette quintuple expérience dans la vie de tout individu a lieu dans l'ordre suivant dans la vie de l'aspirant d'intelligence moyenne qui réagit à la civilisation et à l'éducation des temps présents et qui les utilise :

1. Appropriation de l'enveloppe physique.

Ceci a lieu entre la quatrième et la septième année, lorsque l'âme, qui planait jusqu'alors au-dessus du véhicule physique, en prend possession. [53]

2. Une crise durant l'adolescence, ou l'âme s'approprie le véhicule astral. Cette crise n'est pas connue du grand public et elle n'est que vaguement perçue par la plupart des psychologues du fait d'anomalies temporaires qu'elle manifeste. Ils ne connaissent pas la cause mais constatent seulement les effets.

3. Une crise semblable entre la vingt-et-unième et la vingt-cinquième année, pendant laquelle le véhicule mental est approprié. L'homme doit alors commencer à répondre aux influences égoïques et dans le cas d'un homme avancé, il le fait fréquemment.

4. Une crise entre la trente-cinquième et la quarante-deuxième année, pendant laquelle un contact conscient avec l'âme est établi ; la triple personnalité commence alors à répondre, en tant qu'unité, à l'impulsion de l'âme.

5. Durant les années qui restent, il devrait y avoir un rapport de plus en plus solide entre l'âme et ses véhicules, conduisant à une autre crise entre la cinquante-sixième et la soixante-troisième année. De cette crise dépendra l'utilité future de la personne et aussi le point de savoir si l’Ego continuera à utiliser les véhicules durant un âge encore prolongé ou bien s'il y aura un retrait graduel de l'entité habitant la personnalité.

Il y a, dans l'histoire de la vie de toute âme au cours des âges, de nombreux cycles de crise, mais ces cinq crises majeures peuvent être suivies clairement du point de vue de la vision supérieure.

Une des façons dont l'histoire de la vie d'une âme est établie graphiquement dans les archives des Maîtres (en ce qui concerne la présente expérimentation planétaire) est celle qui utilise des graphiques indiquant ces crises, raciales et individuelles. Parfois, dans le cas d'aspirants plus avancés, même les crises physiologiques importantes sont enregistrées. L'histoire [54] tout entière des rapports d'une âme avec ses divers véhicules d'expression dans les trois mondes et l'histoire des différents types d'énergie qui sont reliés les uns aux autres d'une manière magnétique. Ils sont temporairement subordonnés à des aspects de force variés, de façon à produire des champs d'activité magnétique où certains rythmes de vibrations peuvent être établis. Vue de l'angle des initiés de la Sagesse sans Âge, l'histoire de l'homme, l'aspirant, est l'histoire de sa réponse aux énergies appliquées, ou du refus qu'il leur oppose. Le fait que le jeu réciproque entre les divers types d'énergie résulte en la formation de ces agrégats ou condensations de force que nous appelons les enveloppes, les corps ou les véhicules (matériels ou immatériels) est secondaire par rapport à la question principale, qui est le développement d'une réponse consciente à la vie de Dieu.

De petites unités d'énergie, sont mises en contact avec de vastes champs de force que nous appelons des plans. L'étendue du contact (qui est déterminé, symboliquement, par le pouvoir de la volonté d'origine, ce qu'on appelle l'âge de l'âme, la puissance de l'activité du groupe et le karma planétaire ou de groupe) déterminera la réponse entre l'unité d'énergie et le champ contacté, et déterminera également la qualité et l'activité vibratoire des atomes de matières qui sont attirés et maintenus ensemble. Ils constitueront ainsi une forme temporaire extériorisée et relativement tangible et qui peut fonctionner comme un mode ou un moyen par lequel l'âme est à même de prendre contact avec de plus vastes formes de vie et d'expressions divines. Plus l'organisation de la forme est compliquée, plus l'appareil de réponse est complexe et parfait, et plus clairement l'âge de l'âme et l'intention ou la puissance perfectionnée de sa volonté seront indiqués, plus elle se trouvera libre vis-à-vis du karma limitatif d'un véhicule conditionnant et non- évolué.

On ne peut faire ici une étude approfondie de ce sujet. L'appropriation par une âme de ces unités d'énergie qui constitueront [55] son corps ou son enveloppe, tandis qu'elle passe d'un plan à un autre et d'un état de conscience à un autre, est une étude si difficile et si compliquée que seuls les initiés dont le développement le permet, et qui s'intéressent suffisamment à l'application de la loi du karma (loi qui est identifiée dans le temps et l'espace avec la substance et la force) peuvent réellement comprendre les complexités du sujet.

Deux mots émergent aujourd'hui en relation avec la psychologie moderne et qui ont un rapport étroit avec cette loi difficile ; ils indiquent deux idées fondamentales avec lesquelles travaillent les initiés entraînés. L'idée de modèles et l'idée de conditionnement contiennent des implications occultes. Ceux qui opèrent dans ce département de travail ésotérique traitent essentiellement du monde des modèles qui se trouvent à la base de toutes les activités de l'Âme Suprême et des âmes individuelles. N'oubliez pas que ce terme "âmes individuelles" n'est qu'une phrase limitative utilisée par le mental séparatif pour indiquer les aspects d'une seule réalité.

En dernière analyse, les modèles sont seulement des types d'énergie qui luttent pour émerger dans l'expression matérielle et qui finalement subordonnent les énergies les plus superficielles et les plus évidentes (celles qui ont fait leur chemin jusqu'à la surface au cours du processus de manifestation) à leurs rythmes nouveaux imposés. Ainsi, ils produisent les types qui ont changé, des formes nouvelles et des notes, des sons et des apparences différents. Ces modèles sont littéralement les idées divines, qui émergent du groupe subjectif de conscience et prennent des formes mentales qui peuvent être appréciées et appropriées par le mental et le cerveau de l'homme durant n'importe quelle époque particulière. On pourrait donc penser que ces modèles ou idées fondamentales qui prennent forme et semblent contrôler la "voie de l'homme sur terre", ainsi que l'ésotérisme l'appelle, produisent le conditionnement que nous examinons ici. Littéralement et d'une façon curieuse, il n'en est pas ainsi. [56]

De l'angle de la pensée ésotérique, le conditionnement (correctement compris) concerne la réponse, innée et inhérente, de la matière ou de la substance, au modèle. On pourrait dire que le modèle évoque et éveille la réponse, mais que le conditionnement de l'activité qui en résulte est déterminée par la qualité de l'appareil de réponse. Cette qualité est inhérente à la substance elle-même, et le rapport réciproque entre le modèle et le matériel conditionné produit le type d'enveloppe que l'âme s'approprie dans le temps et l'espace afin d'expérimenter et d'acquérir de l'expérience. Il apparaîtra donc plus clairement, au fur et à mesure que l'on étudie ce sujet et que l'on se penche profondément sur ses implications, que lorsqu'un homme avance sur le sentier de l'évolution et approche de l'état d'initié, le conditionnement de la forme, innée et inhérente, s'approchera continuellement de plus en plus des exigences du modèle. On pourrait aussi déclarer que le modèle est relativement immuable et inchangeable dans sa nature propre et inhérente, étant donné qu'il procède du mental, soit de la Déité macrocosmique soit du penseur microcosmique, mais que le processus du conditionnement interne de la matière est muable et dans un état de flux continuel.

Lorsque, à la troisième initiation, l'union du modèle et de la forme conditionnée est achevée, la Transfiguration de l'initié a lieu, conduisant à cette crise finale ou les deux sont connus comme étant un, et la forme (y compris dans cette phase le corps causal aussi bien que les véhicules inférieurs) est alors dispersée et disparaît.

Les premiers stades de développement humain sont, comme toutes les autres choses dans la nature, apparemment chaotiques et sans forme, de l'angle du véritable modèle, existant éternellement dans les Cieux. Il y a une forme physique, mais la nature intérieure, fluide, subjective, émotionnelle et mentale, ne se conforme en aucune façon au modèle et, par conséquent, la forme extérieure est également inadéquate. Mais il se produit crise après crise et la nature intérieure de la forme répond plus définitivement et plus précisément à l'impact extérieur de l'élan de l'âme (notez cette phrase paradoxale, [57] jusqu'à ce que le véhicule astral et le corps mental soient consciemment appropriés, et utilisés tout aussi consciemment. Il ne faut jamais oublier que l'évolution (telle que nous l'entendons et comme elle doit être étudiée par l'intellect humain) est l'histoire de l'évolution de la conscience et non pas l'histoire de l'évolution de la forme.

Cette dernière évolution est implicite dans l'autre et d'importance secondaire sous l'angle occulte. La conscience est littéralement la réaction de l'intelligence active au modèle. Aujourd'hui, c'est comme si nous répondions consciemment et avec un dessein de plus en plus intelligent au plan qui a été établi par le Maître Constructeur sur la table à dessin. Nous n'entrons pas encore et nous ne pouvons pas encore entrer dans le Mental Cosmique et vibrer à l'unisson, consciemment, avec l'Idée divine, ni saisir le Plan tel qu'il est perçu et vu par le Penseur cosmique. Il nous faut travailler avec le dessin, avec le modèle et avec le Plan, car nous n'en sommes encore qu'au processus d'être initiés à ce Plan et nous ne connaissons pas encore la véritable signification de ces grandes Identifications qui permettaient au Charpentier de Nazareth de dire : "Moi et mon Père, nous ne faisons qu'un."

Mais il faut aussi se souvenir (et là se trouve la clé du développement mondial, du mystère du passé, du présent et de l'avenir) que nous traitons de la substance-matière et de formes qui sont déjà conditionnées et qui étaient conditionnées lorsque le processus créateur commença. Le matériel à découvrir dans les carrières du dessein manifesté est, symboliquement parlant, le Marbre. Ce n'est ni de l'argile ni de l'ardoise. C'est avec ce marbre, et avec tous les attributs inhérents au marbre, que le Temple du Seigneur doit être construit, conformément au dessin ou au modèle. Cette substance conditionnée doit être acceptée telle qu'elle existe, et doit être traitée telle qu'elle est. Telle est la parabole des âges. Le dessin, le matériel et le temple futur sont tous subjectivement reliés, [58] et c'est cela que l'âme sait. Car c'est l'âme qui approprie le matériel (déjà conditionné et qualifié) et, pendant des âges, l'âme lutte avec ce matériel, faisant avec lui des tentatives de constructions, le rejetant à volonté, rassemblant à nouveau le matériel nécessaire et faisant continuellement des modèles plus adéquats au fur et à mesure que le modèle est perçu. Un jour, le modèle sera rejeté, et sera vu tel qu'il existe réellement, et le travailleur, l'âme, commencera alors à construire consciemment le Temple du Seigneur, le tirant d'un matériel conditionné et préparé ; depuis des âges elle était en train de le préparer dans la "carrière" de la vie de la forme, la vie personnelle.

Ici, donc, sont indiquées deux crises dans la vie subjective de l'âme :

1. La crise pendant laquelle l'âme, aveuglée, limitée et handicapée par la forme, commence à travailler dans la "carrière" des expériences, très loin de son propre pays, avec des outils inadéquats et dans une ignorance complète, temporaire et qu'elle s'est imposée à elle- même, du dessin ou modèle.

2. La crise qui vient beaucoup plus tard dans l'expérience de l'âme, pendant laquelle l'âme sait plus clairement quel est le dessein, dans lequel une grande quantité de matériel a été préparé. L'âme n'est plus aveugle et peut maintenant travailler en collaboration avec d'autres âmes à la préparation du matériel pour le Temple final du Seigneur. L'âme, incarnée dans une forme humaine, place dans ce Temple sa contribution particulière au tout, qui peut être énoncée symboliquement comme étant la suivante :

a. Une pierre placée dans les fondations, ce qui est typique de la vie physique consacrée.

b. Une colonne dans le Temple même, ce qui est typique du désir ou de la vie d'aspiration.

c. Un dessin sur la table à dessiner, qui coïncide avec [59] le Grand Modèle ou Dessin, et qui est le fragment du dessin que l'individu doit fournir et à la recherche duquel il était parti.

d. Un rayonnement ou une lumière, qui augmentera le Shekinah, la lumière qui "brille toujours à l'Est".

Trois choses émergent en connexion avec la tâche de l'âme quand elle s'approprie enveloppe après enveloppe en vue de s'exprimer :

1. La condition de la substance des enveloppes qui déterminent l'équipement.

2. La réponse au modèle qui dépend du stade de développement conscient.

3. La capacité de travailler en connexion avec le Plan qui dépend du nombre et de la qualité des crises subies.

Tout cela se produit lorsque l'âme passe, maintes et maintes fois, par l'expérience de l'incarnation physique ; plus tard, le progrès est accompli consciemment de plan en plan et cela est entrepris avec une claire intention. Le travail est facilité et avance avec une rapidité accrue lorsque l'âme, activement, intelligemment et intuitivement, commence à travailler avec le modèle, transmettant de crise en crise (chacune marquant une expansion de conscience) une extension plus nouvelle de développement et une nouvelle compréhension du grand Dessin, accompagnée d'un équipement meilleur et plus adéquat lui permettant de poursuivre le travail.

Dans notre examen de la seconde partie de l'énoncé qui traite du rapport de l'âme avec son instrument, le mécanisme par lequel ou avec lequel elle exprime la qualité, l'activité et finalement la divinité (quelle que soit la chose que ce mot vague peut signifier), nous avons à aborder le sujet de deux manières. [60] D'abord, nous devons considérer l'utilisation du mécanisme sur le Sentier de l'Aller.

Ensuite, l'utilisation du mécanisme sur le Sentier du Retour.

Dans le premier cas, nous traitons de ce qui pourrait être considéré comme l'aspect physiologique, car c'est dans la nature physique que la conscience est essentiellement centrée ; dans le second cas, nous nous intéressons à l'appareil purement mental, bien que le terme "appareil" soit fondamentalement inadéquat.

Il serait bien d'interrompre un moment ici et de traiter de l'idée de mécanisme et de divinité, car ils sont susceptibles de constituer une matérialisation de l'idée de divinité, particulièrement en Occident. La divinité du Christ, par exemple, est fréquemment expliquée par des références faites à Ses miracles, et aux pouvoirs supranormaux dont Il a si souvent fait preuve. Les pouvoirs supranormaux ne sont pas, en eux-mêmes, une preuve de divinité. De grands interprètes du mal peuvent accomplir des miracles semblables et faire preuve de la même capacité de créer et de transcender les facultés normales de l'homme.

Ces pouvoirs sont inhérents à l'aspect créateur de la Divinité, le troisième aspect ou l'aspect matière, et ils sont liés à une compréhension intelligente de la matière et au pouvoir du mental de dominer la substance. Ce pouvoir n'est donc ni divin ni non-divin. C'est une démonstration de la capacité du mental ; il peut être utilisé avec une facilité égale par un Fils de Dieu incarné fonctionnant en tant que Sauveur du Monde ou Christ, et par ces Êtres qui sont sur le Sentier de la destruction et qui sont appelés (par ceux dont la connaissance est limitée) les Magiciens Noirs, les Forces du Mal et les Diables.

La divinité (pour utiliser le mot dans son sens séparatif) implique l'expression des qualités du deuxième aspect de Dieu ou aspect constructeur ; magnétisme, amour, inclusivité, non-séparativité, sacrifice pour le bien du monde, désintéressement, compréhension intuitive, coopération avec le Plan de Dieu, et [61] bien d'autres termes semblables. Le mécanisme, après tout, implique la création d'une forme de matière et l'imprégnation de cette forme d'un principe de vie qui se manifestera dans le pouvoir de croître, de reproduire, de préserver une identité d'un genre quelconque, de s'épanouir en certaines réactions instinctives et de préserver sa propre nature spécifique et qualitative. La vie ressemble au combustible qui, en conjonction avec le mécanisme, fournit le principe, le motif, et rend l'activité et le mouvement nécessaires possibles.

Mais il y a dans la manifestation davantage que des formes qui possèdent un principe de vie. Il y a une diversité qui parcourt toute la nature et un principe de qualification qui différencie les mécanismes ; il y a une synthèse générale et un dessein général qui défient les pouvoirs de l'homme de les imiter dans un sens créateur, et qui constituent la caractéristique principale et éminente de la divinité. Elle s'exprime par la couleur et la beauté, par la raison et l'amour, par l'idéalisme et la sagesse, et par les nombreuses qualités et le dessein qui, par exemple, animent l'aspirant. Telle est, brièvement et exprimé d'une manière inadéquate, la Divinité. C'est cependant, une expression relative de la Divinité. Lorsque chacun de nous se trouvera où se trouvent les Maîtres et le Christ, il considérera toute cette question d'un autre point de vue. Le développement des vertus, la culture de la compréhension, la preuve d'un caractère élevé, des buts supérieurs, l'expression d'un point de vue éthique et moral constituent des fondations nécessaires qui précèdent certaines expériences bien définies. Ces dernières font entrer l'âme dans des mondes de réalisation si éloignés de notre point de vue présent que toute définition qu'on en ferait n'aurait aucune signification. Ce que nous sommes en train de faire, c'est de développer les qualités et les vertus qui "clarifieront notre vision" car elles amènent la purification des véhicules de façon à ce que le sens véritable de la divinité puisse commencer à émerger dans notre conscience. [62]

b. Certaines remarques de base

Après ce préambule, nous passerons à l'examen du mécanisme et de ce qui l'imprègne et lui fournit la vie et l'intelligence.

Certaines remarques de base sont reconnues et peuvent donc être très brièvement mentionnées :

1. L'âme pénètre le mécanisme de deux façons et au moyen de deux points de contacts dans le corps :

a. Le "fil de vie" est ancré dans le cœur. Le principe de vie se trouve là et de cet endroit il se répand dans tout le corps physique par l'intermédiaire du flux sanguin, car "le sang est la vie".

b. Le "fil de conscience" ou d'intelligence est ancré dans la tête, dans la région de la glande pinéale, et de cet endroit de perception, il ordonne ou dirige les activités du plan physique, par l'intermédiaire du cerveau et du système nerveux.

2. L'activité directrice de l'âme, ou son emprise péremptoire sur le mécanisme du corps, dépend du point de développement ou de ce qu'on appelle "l'âge de l'âme". L'âme n'a pas d'âge, vu de l'angle humain, et ce que cela signifie réellement, c'est la durée pendant laquelle l'âme a utilisé la méthode d'incarnation physique.

3. Le résultat de cette double emprise sur le mécanisme pendant les âges passés a été le conditionnement du matériel, de concert avec sa propre nature inhérente conditionnée. Une forme est produite, qui est adéquate au besoin temporaire de l'âme et qui constitue une réflexion, dans le temps et l'espace, de son "âge relatif", ou son point de [63] développement. Ceci produit donc le genre de cerveau, la conformation du corps, les conditions du système endocrinien et par conséquent l'ensemble de qualités, le genre de réaction mentale et le caractère avec lesquels tout sujet donné entre dans la vie sur le plan physique.

À partir de ce point, le travail se poursuit. Ce travail peut être considéré comme un effort d'intensifier l'emprise que le Penseur divin possède sur le mécanisme. Ceci conduira à une direction plus entière, plus sage, à une compréhension plus profonde du dessein, et à un effort d'éclairer le chemin pour l'âme par l'établissement des pratiques qui tendent vers la conduite appropriée, les paroles correctes et un caractère élevé. La pensée qui forme la base de ce paragraphe relie les conclusions de l'école de psychologie matérialiste à celles de l'école de l'introspection et aux écoles qui posent en principe l'existence d'un soi, d'une âme ou d'une entité spirituelle. Elle montre que ces deux groupes traitent de faits réels et que tous les deux doivent jouer un rôle semblable dans la formation de l'aspirant du Nouvel Âge.

4. Puisque c'est la méthode introspective que nous suivons, et que nous étudions le sujet humain, nous découvrons, que sous-jacent dans toutes les parties du corps humain et constituant une partie bien définie de l'appareil humain, se trouve un véhicule qui a été appelé "le corps éthérique", composé entièrement de fils de force qui, à leur tour, forment des canaux le long desquels des types d'énergie encore plus subtils et plus variés s'écoulent. À leur tour, ceux-ci sont "conditionnés" durant les manifestations par la position de l'âme. Ces fils sont sous-jacents à tout le corps, qu'ils interpénètrent ainsi que le système nerveux, et ils sont en réalité le pouvoir qui fait agir le système nerveux. Leur réaction aux impacts, extérieurs et intérieurs, est incroyablement vaste. Les réactions nerveuses du disciple, [64] de la personne très développée, dont le corps éthérique est en rapport étroit avec le système nerveux, dépassent la compréhension de la plupart des gens.

5. La somme des nerfs, avec les millions de "nadis" et de "contreparties des fils" dans le corps éthérique, forme une unité, et cette unité, conformément aux enseignements de la Sagesse sans Âge, possède en elle des points de focalisation pour chaque différent type d'énergie. Ces points sont appelés "centres de force" et c'est d'eux et non pas du corps que dépendent l'expérience de vie de l'âme et son expression. Ce sont les facteurs qui conditionnent le système glandulaire du corps.

6. Ce système subjectif et objectif gouverne la manifestation de l'âme sur le plan physique. Il indique, à ceux qui peuvent percevoir la réalité, l'emprise ou le pouvoir que possède l'âme sur son instrument ; on peut voir si cette emprise est temporaire et partielle ou bien si elle est entière. Ceci est magnifiquement indiqué par un "attouchement spécial maçonnique", que marque un sommet dans l'expérience du candidat aux mystères.

Antérieurement, je me suis référé au canal principal de communication entre l'âme et son mécanisme comme étant :

a. Le centre à la base de l'épine dorsale.

b. Le centre au sommet de la tête, centre le plus important du corps, du point de vue de l'âme. C'est son point d'entrée et de sortie ; c'est la grande station radio de réception et le centre de direction.

c. La rate. C'est un centre secondaire et un organe de connexion avec le centre cardiaque.

d. C'est au moyen de la rate que s'opère la réunion entre le principe de vie (sis dans le cœur) et le système de conscience, qui met en contact tous les organes matériels et la substance [65] atomique du corps physique. Cela signifie que, à l'endroit du corps humain où se trouve la rate, le long de son centre de force subjectif, se croisent deux grands courants d'énergie ; ce sont : le courant de vitalité physique ou vie, et le courant de la conscience des atomes qui construisent la forme. On observera que nous examinons ici la vie subconsciente de groupe et non pas la vie consciente ni la soi-conscience. La rate est l'organe qui reçoit et où passe le prana planétaire ou vitalité. Ce prana entre par "le portail ouvert" du centre de force de la rate et passe au cœur. Là, il se mêle au principe individuel de vie. Par le centre de force de la rate passe également la vie consciente de la somme des cellules du corps qui, à leur tour, reçoivent l'énergie de l'aspect conscience ou principe de tous les atomes et de toutes les formes au sein du quatrième règne de la nature. Nous ne sommes pas supposés être à même de comprendre encore cela, mais cette vérité sera estimée à sa juste valeur plus tard, au cours du développement racial. On peut trouver ici une indication relative à la sensibilité excessive du centre du plexus solaire aux impacts de groupes qui l'entourent et aux impressions de genre astral. Il existe un rapport étroit entre le centre de la rate, le plexus solaire, et le cœur.

7. Ces deux flots d'énergie subjective et subconsciente se croisent dans la région de la rate, et forment là une croix dans le corps humain quand chacun d'eux traverse les lignes de force de l'autre. C'est la correspondance dans le corps humain de la croix de matière dont il est question à propos de la Déité. La conscience et la vie forment

une croix. Le flot de vie qui se déverse du cœur et le flot d'énergie donnant la vie provenant de la rate passent (après s'être croisés et avoir produit un tourbillon de force) dans la région du plexus solaire ; de là, ils se trouvent, d'une manière définitive, attirés l'un par l'autre pour former un seul courant [66] à un certain stade de la vie de l'aspirant avancé. Là, ils fusionnent avec la somme d'énergies, utilisant les trois points mentionnés, la tête, la base de l'épine dorsale et la rate, comme un moyen bien net de communication, de distribution, de contrôle, et finalement de retraite ultime, consciemment, au moment de la mort ou dans la technique consistant à provoquer le stade de contrôle connu sous le nom de Samadhi.

8. Lorsque l'Agent directeur se trouvant dans la tête, élève délibérément et par un acte de la volonté les énergies accumulées à la base de l'épine dorsale, il les attire dans le champ magnétique des centres le long de l'épine dorsale et les mêle à la double énergie qui émane de la rate. La région spinale et ses cinq centres sont alors éveillés et mis en activité, et finalement toutes les forces sont assemblées en un seul courant d'énergie fusionnée et mélangée. Trois choses alors se passent :

a. Le feu kundalini est élevé et brûle immédiatement, en les détruisant, tous les tissus éthériques qui constituent les barrières protectrices séparant les divers centres.

b. Le corps éthérique intensifie sa vitalité, et le corps physique est en conséquence puissamment vitalisé, galvanisé et stimulé.

c. Toute l'aura est coordonnée et illuminée, et l'âme peut alors à volonté se retirer du véhicule physique en pleine conscience ou bien y demeurer comme un Fils de Dieu incarné, dont la conscience est complète sur le plan physique, le plan astral et les niveaux mentaux, aussi bien que dans les trois aspects du mental inférieur, de la conscience causale et de la connaissance nirvanique. Ce processus atteint son couronnement à la troisième initiation. [67]

Dans la vie de l'aspirant, le pouvoir de provoquer cet événement extraordinaire dépend de la façon dont le travail intérieur subjectif et spirituel décrit antérieurement sous le nom de "construction du pont sur le plan mental" est accompli entre les trois aspects mentionnés plus haut. Pour la race des hommes prise comme un tout, ce travail commença au milieu de notre race aryenne, et aujourd'hui il se poursuit très rapidement. Pour l'aspirant individuel, le travail a toujours été possible au cours des âges, et c'est la tâche principale entreprise par les disciples en ce moment. On pourrait ajouter ici que le Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde est composé de ceux qui sont engagés dans ce travail pour la race, et chaque personne qui construit son pont rejoint ce groupe de "constructeurs de pont" occultes. Il existe donc quelque chose de symbolique dans le travail de nos constructeurs modernes de ponts qui franchissent les abîmes et enjambent les eaux et qui donnent ainsi une démonstration concrète du travail qui est accompli aujourd'hui par la partie avancée de l'humanité.

Il devient maintenant possible de considérer le processus par lequel un homme franchit la séparation ou la brèche (pour parler symboliquement) existant entre le soi personnel inférieur et le Soi supérieur, ce dernier fonctionnant dans son propre monde. Il faut que cela soit franchi avant que l'union totale puisse être atteinte et que la complète intégration de l'homme tout entier puisse être accomplie. Afin de comprendre clairement ce qui se produit, il est sage de définir plus exactement ce qu'est cette nature supérieure et en quoi elle consiste.

Nous avons vu, dans nos études, que l'âme est un double mélange d'énergies. Énergie de vie et énergie du mental, dans la mesure où il s'agit temporairement des rapports avec le mécanisme. La fusion de ces deux énergies dans le mécanisme humain produit ce que nous appelons la conscience, soi-conscience au début et finalement conscience de groupe. Le mécanisme est, dans sa propre nature, également un mélange ou une fusion d'énergies, l'énergie de substance elle-même qui prend [68] la forme de la structure atomique du corps physique et en outre la vitalité qui anime ce corps. Secondement, l'énergie de ce corps que nous appelons le corps astral, qui se caractérise par la sensibilité, l'activité émotionnelle et la force magnétique que nous appelons le désir. Il y a finalement l'énergie du mental lui-même. Ces quatre types d'énergies forment ce que nous appelons le soi personnel inférieur, mais c'est l'aspect supérieur du mental qui relie, subjectivement, cette personnalité et l'âme. C'est la conscience inférieure qui, développée, permet finalement à un homme d'établir un contact conscient avec la conscience supérieure. C'est le mental concret inférieur qui doit être éveillé, compris et utilisé d'une manière définitive, avant que le mental supérieur puisse devenir l'intermédiaire par lequel la connaissance de ces réalités qui constituent le royaume de Dieu pourra être acquise. L'intellect doit être développé avant que l'intuition puisse être correctement évoquée.

Dans le cas de l'homme, nous avons donc deux groupes d'énergies majeures qui dominent, résultat d'une longue expérience d'incarnation dans la forme : l'énergie de la nature astrale ou de désir, et l'énergie du mental. Lorsque ces énergies ont fusionné et sont mêlées, entièrement organisées et utilisées, alors, nous voyons une Personnalité puissante qui fonctionne. Elle cherche à s'imposer à ces énergies et à les subordonner à des buts plus élevés et différents ; c'est ce que nous appelons l'âme. Ces deux énergies (pensée et amour, ce dernier étant aussi une double forme d'énergie) sont ancrées, si l'on peut utiliser ce mot dans un sens symbolique et ésotérique, dans le cerveau humain, tandis que le principe de vie, comme nous l'avons vu, est ancré dans le cœur humain. Les quatre énergies du soi inférieur, énergie atomique, énergie vitale, énergie de sensation, énergie mentale, et en outre les deux énergies de l'âme, représentent les six énergies utilisées par l'homme dans son expérience de vie, mais l'énergie de l'atome n'est généralement pas comptée en tant qu'énergie humaine, étant donné qu'elle est d'un usage uniforme dans toutes les formes de vie dans tous les règnes ; par conséquent, l'homme est considéré [69] comme étant une somme de cinq énergies et non de six.

L'âme humaine (distincte de l'âme telle qu'elle fonctionne dans son propre royaume, libre des limitations de la vie humaine) est emprisonnée par le contrôle des énergies inférieures et soumise à celles-ci pendant la plus grande partie de ses expériences. Alors, sur le Sentier de Probation, la double énergie de l'âme commence à devenir de plus en plus active, et l'homme cherche consciemment à utiliser son mental et à exprimer l'amour-sagesse sur le plan physique. C'est là simplement un énoncé de l'objectif de tous les aspirants. Lorsque les cinq énergies commencent à être utilisées consciemment et avec sagesse dans le but de servir, un rythme s'établit alors entre la personnalité et l'âme. C'est comme si un champ magnétique était établi et ces deux unités vibrantes et magnétiques, ou ces énergies groupées, commencent à pénétrer dans le champ d'influence l'une de l'autre. Dans les premiers stades, cela ne se produit qu'occasionnellement et rarement. Plus tard, cela se produit d'une façon plus constante et ainsi se crée un sentier de moindre résistance, "le chemin d'approche familier" ainsi qu'on l'appelle parfois ésotériquement. C'est ainsi que la première moitié du "pont", l'antahkarana, est construite. À l'époque où la troisième initiation est passée, ce chemin est terminé et l'initié peut "passer vers les mondes supérieurs à volonté, laissant loin derrière lui les mondes inférieurs ; ou bien il peut venir de nouveau et passer sur le chemin qui conduit de l'obscurité à la lumière, de la lumière à l'obscurité, et des mondes inférieurs dans les royaumes de la lumière."

Ainsi les deux sont un, et la première grande réunion sur le sentier du retour est achevée. Un second stade du chemin doit alors être parcouru, conduisant à la seconde union d'une importance encore plus grande en ce sens qu'elle conduit à une complète libération des trois mondes. Il faut se souvenir que l'âme, à son tour, est une union de deux énergies, plus l'énergie de l'esprit, dont les trois inférieurs sont la réflexion. C'est [70] une synthèse de l'énergie de la vie même (qui se manifeste en tant que principe de vie au sein du monde de la forme), de l'énergie de l'intuition, ou amour-sagesse spirituelle ou compréhension (qui se manifeste comme sensibilité et sensation dans le corps astral) et du mental spirituel, dont la réflexion dans la nature inférieure est le mental ou le principe d'intelligence dans le monde de la forme. Dans ces trois énergies, nous avons l'atma-bouddhi-manas des écrits théosophiques. Ils représentent cette triplicité supérieure qui est reflétée dans les trois inférieurs et qui se centre à travers le corps de l'âme sur les niveaux supérieurs du plan mental avant d'être "précipitée en incarnation", ainsi qu'il est dit en termes ésotériques.

En modernisant ce concept, nous pourrions dire que les énergies qui animent le corps physique et la vie intelligente de l'atome, les états sensibles émotionnels et le mental intelligent doivent finalement être mêlés aux énergies qui animent l'âme et être transmués en elles. Ces énergies sont le mental spirituel, qui transmet l'illumination, la nature intuitive, qui confère la perception spirituelle, et l'état d'existence divin.

Après la troisième initiation, le "Chemin" est poursuivi avec grande rapidité, et le "pont" qui relie parfaitement la Triade spirituelle supérieure et la réflexion matérielle inférieure est terminé. Les trois mondes de l'âme et les trois mondes de la Personnalité deviennent un seul monde où l'initié travaille et fonctionne, ne voyant aucune distinction, considérant l'un des mondes comme le monde d'inspiration et l'autre comme le champ de service, et pourtant les regardant tous les deux comme formant à la fois un seul monde d'activité. De ces deux mondes, le corps éthérique subjectif (ou le corps d'inspiration vitale) et le corps physique dense sont les symboles sur le plan extérieur.

De quelle manière ce pont, cet antahkarana doit-il être construit ? Quels sont les échelons que le disciple doit suivre ? Nous ne considérons pas ici le Sentier de Probation sur lequel les défauts majeurs doivent être éliminés et les principales [71] vertus développées. De nombreuses instructions spirituelles parmi celles données dans le passé ont établi les règles pour la culture des vertus et des qualités nécessaires à l'état de disciple, et également la nécessité du contrôle de soi, de la tolérance et du désintéressement. Mais ce sont là des stades élémentaires qui doivent être considérés comme passés par tous les étudiants de ce Traité. Ces étudiants sont supposés ne pas être seulement intéressés à établir les aspects du caractère de l'état de disciple mais aussi à établir les conditions requises, plus abstruses et difficiles, de ceux dont le but est l'initiation.

C'est au travail des "constructeurs de ponts" que nous nous intéressons. Premièrement, qu'il soit dit que la véritable construction de l'antahkarana n'a lieu que lorsque le disciple commence à être définitivement focalisé sur les niveaux mentaux et lorsque, en conséquence, son mental fonctionne intelligemment et consciemment. À ce stade, il doit commencer à avoir une idée plus exacte que cela n'a été le cas, des distinctions existant entre le Penseur, l'appareil de pensée et la pensée elle-même, à commencer par la double fonction de celle-ci qui est :

1. Le fait de reconnaître les Idées et d'y être réceptif.

2. La faculté créatrice de construire consciemment des formes-pensées.

Ceci implique nécessairement une forte attitude mentale et une réorientation du mental vers la réalité. Tandis que le disciple commence à se centrer sur le plan mental (et c'est là l'intention principale du travail de méditation), il commence à travailler dans la matière mentale et s'entraîne aux pouvoirs et à l'utilisation de la pensée. Il atteint une certaine mesure de contrôle mental ; il peut diriger le phare du mental dans deux directions : dans le monde des activités humaines, et dans le monde des activités de l'âme. Comme l'âme se fraie un chemin en se projetant en un fil, ou un courant d'énergie, dans les trois mondes, de la même façon le disciple commence à [72] se projeter consciemment dans les mondes plus élevés. Son énergie sort, par l'intermédiaire du mental contrôlé et dirigé, dans le monde du mental spirituel plus élevé et dans le royaume de l'intuition.

Une activité réciproque est ainsi établie. Cette réponse entre le mental supérieur et le mental inférieur est, en termes symboliques, appelée la lumière, et le "chemin éclairé" naît entre la personnalité et la Triade spirituelle, via le corps de l'âme, exactement de la même façon que l'âme entre définitivement en contact avec le cerveau via le mental. Ce "chemin éclairé" est le pont illuminé. Il est bâti au moyen de la méditation ; il est construit par un effort constant pour que l'intuition se manifeste, par la soumission et l'obéissance au Plan (qui commence à être reconnu dès que l'intuition et le mental sont en rapport), par une incorporation consciente dans le groupe de service et pour des desseins d'assimilation au tout. Toutes ces qualités et toutes ces activités sont fondées sur un caractère élevé et sur les qualités développées sur le Sentier de Probation.

L'effort d'amener l'intuition exige une méditation occulte (et non à base d'aspiration) dirigée. Il exige une intelligence entraînée, de façon que la ligne de démarcation entre la compréhension intuitive et les formes de psychisme supérieur puisse "se maintenir fermement dans la lumière", et une interprétation appropriée pour que la connaissance intuitive qui a été atteinte puisse se vêtir des formes-pensées correctes.

La soumission ou obéissance au Plan implique quelque chose d'autre qu'une vague et nébuleuse compréhension du fait que Dieu a un Plan et que nous y sommes inclus. C'est plus qu'une retraite de soi-même dans l'ombre de la volonté de Dieu. Cela nécessite une sage différenciation entre : [73]

1. La perspective générale et le vaste Plan mondial pour la planète, et

2. Ces étapes immédiates du Plan pour lesquelles est requise en cette époque et pour le présent immédiat, une coopération intelligente.

Un profond intérêt à l'égard des races-racines finales et des spéculations relatives à la vie qui se poursuit sur les autres planètes peuvent avoir une certaine valeur, mais sont relativement futiles et sans utilité ; cela stimule l'imagination d'une manière indue, provoquant l'amour des détails qu'on ne peut vérifier, des pertes de temps en des suppositions désordonnées et des chimères d'un intellect non éclairé. Mais cette partie du Plan relative à son application immédiate est d'un intérêt et d'une utilité certains. L'obéissance au dessein et au devoir immédiats est la caractéristique du disciple entraîné. Ceux qui connaissent beaucoup mieux le Plan que nous ne pouvons le connaître refusent de laisser Leur mental s'étendre sur des hypothèses improuvables, bien que possibles, relatives au futur développement racial.

Ils centrent Leur attention sur ce dont il faut s'occuper immédiatement à cette époque. Je prie tous les disciples de faire de même, car en ce faisant, il est possible de jeter un pont au-dessus de la brèche et de relier les deux rives des stades, supérieur et inférieur, de conscience, entre l'âge ancien et le nouveau, entre le royaume de Dieu et le royaume des hommes, et ainsi de prendre place dans les rangs du Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde dont la tâche ardue demande nos efforts et nos sacrifices. L'incorporation consciente dans le groupe exige la cessation de la vie personnelle et amène la subordination du petit soi au travail du tout. Ces mots sont facilement écrits et lus ; ils contiennent pourtant la tâche de tous les disciples en ce moment. Lorsque ce stimulant et cette compréhension manquent, le disciple est encore loin de son but.

On pourrait aussi déclarer ici que la construction du pont par lequel la conscience peut fonctionner facilement à la fois [74] dans les mondes supérieurs et inférieurs, est rendue possible par une vie définitivement dirigée, qui conduit fermement l'homme dans la direction du monde des réalités spirituelles, et par certains mouvements dynamiques d'orientation, ou de focalisation, planifiés, soigneusement réglés et dirigés. Dans ce dernier processus, le gain des mois ou des années passés est étroitement évalué ; l'effet de ce gain sur la vie journalière et sur les mécanismes corporels est tout aussi soigneusement étudié, et la volonté-de-vie, en tant qu'être spirituel, est incorporée dans la conscience avec une netteté et une détermination qui provoquent un progrès immédiat.

Les disciples qui se trouvent dans les groupes de certains Maîtres sont invités, tous les sept ans, à procéder ainsi et à se soumettre à ce qui est appelé ésotériquement "une crise de polarisation". Ce processus est en quelque sorte une revue du passé, telle que celle que l'on impose à la conscience le soir, mais elle s'étend sur une période de plusieurs années et non de quelques heures. Cette pensée mérite de la considération.

Cette construction de l'antahkarana s'accomplit de la façon la plus certaine en ce qui concerne chaque aspirant consacré. Lorsque le travail est poursuivi intelligemment et avec une pleine conscience du dessein souhaité, et lorsque l'aspirant non seulement reconnaît le processus mais le suit rapidement, le travail s'accomplit à grands pas et le pont est construit.

Il suffira d'ajouter encore une seule chose relativement à cette construction de l'antahkarana, c'est le fait significatif que plus nombreuses sont les personnes qui peuvent accomplir cette liaison entre les aspects supérieurs et inférieurs de la nature humaine, plus rapidement la tâche de sauvetage du monde sera poursuivie. Plus ce travail est exécuté avec soin et persévérance, plus rapidement la Hiérarchie de la planète reprendra Son ancienne tâche et Son ancienne position dans [75] le monde. Ainsi les Mystères seront restaurés plus rapidement et le monde fonctionnera plus consciemment suivant les directions du Plan. Chacune des unités particulières de la famille humaine qui atteint le succès sur le Sentier de l'État de disciple peut, en elle-même, n'avoir relativement que peu d'importance. Mais les unités massées représentent une puissance extraordinaire. Je vous dis maintenant, pour vous réjouir et vous encourager, que le nombre des disciples dans le monde augmente considérablement. Les souffrances et les difficultés, les craintes et le processus par lequel le détachement et le calme s'imposent opèrent leur œuvre nécessaire. Ça et là à travers le monde, dans chaque pays et pratiquement chaque semaine, des hommes et des femmes quittent le Sentier de Probation et entrent sur le Sentier de l'État de disciple. C'est en cela que repose aujourd'hui l'espoir du monde. C'est dans ce fait que l'on trouve l'activité grandement accrue des Maîtres.

Cet événement, ou cette transition, n'a jamais lieu avant que le premier menu fil d'énergie (tel le premier câble d'acier d'un pont) se soit ancré sur la rive éloignée ; ainsi, un canal de communication à peine perceptible est établi entre la nature supérieure et la nature inférieure, entre le monde de l'âme et le monde des affaires humaines. Chaque mois au moment de la pleine lune, les Maîtres intensifient Leurs efforts, et des hommes et des femmes sont préparés pour le processus d'Initiation avec autant de rapidité que la prudence le permet. Souvenez-vous que la compréhension doit toujours accompagner la connaissance intellectuelle d'un sujet, et c'est cela qui empêche certains disciples d'accomplir ce grand pas en avant.

En accomplissant le devoir le plus pressant, en réalisant une vie de consécration, en dissipant les illusions et en servant avec amour et avec compréhension, le travail sera alors [76] poursuivi. Cet effort est-il pour vous au-delà de votre atteinte ? Ou bien ses implications dépassent-elles votre compréhension ? Je ne le pense pas.

c. Méthodes d'Appropriation des Sept Rayons

Ainsi que nous l'avons vu, ce processus d'appropriation est double, ou plutôt, il implique une double activité, celle de prendre et de donner, de saisir et de lâcher, d'établir une emprise sur ce qui est désiré et de se détacher de ce qui a été saisi. Les divers types d'êtres humains qui arrivent le long de l'un ou de l'autre des sept rayons ont chacun leur manière spécifique d'agir ainsi. J'indiquerai ces manières. En même temps, il faut se souvenir que la véritable signification de ce qui est dépeint et que le sens de ce qui se produit ne peut être compris que par ceux qui sont dans le processus de renonciation.

Le stade d'appropriation est subi d'une manière aveugle et inconsciente. L'homme ne sait pas ce qu'il fait. C'est seulement vers la fin de ce long pèlerinage, de ce long processus d'appropriation qu'il découvre à quel point il est en fait fatigué de saisir ce qui n'est pas essentiel et ce qui est matériel, et à quel point il se trouve prêt pour le travail de détachement.

Dans la vie de chaque être humain sur le plan physique, de chaque être humain qui a vécu pleinement et jusqu'au bout d'une existence normale, on peut voir symboliquement ce double processus. Pendant la jeunesse, l'être qui ne réfléchit pas (et tous les jeunes sont ainsi car telle est la façon de s'exprimer de la nature) s'agrippe solidement à la vie et ne pense pas à l'époque où il devra lâcher l'emprise qu'il a sur la vie physique. Les jeunes oublient et oublient avec raison, l'inévitabilité de ce détachement symbolique final que nous appelons la Mort. Mais lorsque la vie a joué son rôle et que l'âge a prélevé son tribut d'intérêts et de force, alors l'homme fatigué et lassé du monde n'a plus peur de ce processus de détachement et ne cherche pas à s'agripper à ce qu'il désirait jadis. Il accueille la mort avec plaisir et abandonne volontiers ce qui absorbait jadis son attention. [77]

Tandis que nous examinons le processus d'appropriation, il convient d'étudier les phrases suivantes, car elles jettent une certaine lumière sur les divers stades et cela sous des angles différents :

1. Le stade de concrétisation et de matérialisation. L'âme prend pour elle ce dont elle a besoin et ce qu'elle désire de façon à construire la forme.

2. Le stade d'incarnation, stade pris à ce moment d'une manière aveugle.

3. La période pendant laquelle la satisfaction des désirs représente le but essentiel. Ces désirs vont des désirs physiques et de leur satisfaction jusqu'à un désir général et mal défini de libération.

4. Les processus détaillés d'appropriation :

a. D'un ou de plusieurs corps.

b. D'une ou de plusieurs enveloppes.

c. D'un ou de plusieurs véhicules.

d. D'une ou de plusieurs formes.

5. L'immersion dans les ténèbres. C'est là le résultat du désir. Les ténèbres de l'ignorance ont été choisies et l'homme a commencé au moyen du désir à se frayer un chemin, des ténèbres vers la lumière, de l'ignorance vers la connaissance, de l'irréel au Réel. Tel est le grand travail symbolique de la Maçonnerie. C'est une élucidation du Chemin de la Renonciation.

6. Le sentier de l'aller afin de posséder.

7. L'égoïsme, la caractéristique majeure du soi relativement au non-soi et identifié avec lui.

8. L'amour de la possession, la prostitution de l'amour spirituel.

9. Le désir d'acquérir, l'illusion du besoin matériel.

10. La période appelée dans la Bible celle de la "vie de débauche", qui fut celle du Fils Prodigue.

11. L'application et l'utilisation de l'énergie dans des intentions personnelles et égoïstes. [78]

12. La vie de la personnalité, avec tout ce que cela implique d'ambition, de dessein égoïste, etc.

13. L'attachement à ce qui se voit, à ce qui est connu, aux formes familières, extérieures, objectives.

14. Le stade pendant lequel des formes-pensées sont bâties, d'abord sans le savoir et ensuite avec un égoïsme délibéré.

15. La période pendant laquelle on est absorbé par les choses du royaume de la terre.

16. Le monde, la chair et le mal.

En ce qui concerne l'expression de l'âme, gouvernée par le détachement, les phrases et les termes suivants donneront une idée du progrès et de l'intention :

1. Le stade de spiritualisation et de dématérialisation. L'âme fonctionne avec, devant elle, une intention de libération et non pas une intention de poursuivre l'expérience sur le plan physique.

2. L'abandon de la vie de la forme.

3. La période pendant laquelle la satiété est ressentie ; les désirs ont tellement dominé et ont été si souvent satisfaits qu'ils n'attirent plus.

4. Le processus détaillé de la libération.

a. D'un ou de plusieurs corps.

b. D'une ou de plusieurs enveloppes.

c. D'un ou de plusieurs véhicules.

d. D'une ou de plusieurs formes.

5. L'émergence dans la lumière, façon symbolique d'exprimer le contraire de l'immersion dans les ténèbres.

6. Le Sentier du Retour, où le motif est de ne rien approprier pour le soi séparé. Le commencement de la conscience de groupe et du travail de groupe.

7. Le désintéressement, la caractéristique majeure de l'Âme ou du Soi.

8. La libération du désir de posséder, la libération de l'instinct d'acquisition et par conséquent l'état où il n'y a pas de désirs. [79]

9. L'établissement du sens de réalité comme principe directeur de la vie.

10. Le retour du Fils Prodigue à la maison du Père.

11. L'application et l'utilisation de l'énergie pour des desseins de groupe et en coopération avec le Plan pour le tout.

12. La vie de l'âme avec tout ce qu'implique cette phrase.

13. L'amour de Dieu par opposition à l'amour de soi.

14. L'attachement à ce qui ne se voit pas, au vrai, au subjectif et au Réel, ce qui n'est possible que lorsque s'est opéré un détachement des choses vues fausses, objectives et irréelles.

15. La libération complète du contrôle du mental inférieur.

16. La période pendant laquelle le centre d'intérêt est le royaume de Dieu et de l'âme.

17. La réalité. Ce qui n'a pas de forme. Dieu.

Lorsque l'on considère les méthodes d'appropriation des sept rayons et les stades opposés, il faut se souvenir que nous traitons d'énergies. Les étudiants en occultisme doivent penser à travailler de plus en plus en termes d'énergie. Ces énergies, dit-on d'une manière ésotérique, "ont des effets impulsifs, des appels magnétiques et des activités focalisées". Ainsi qu'on le sait bien, les courants ou émanations d'énergie existent en sept aspects majeurs, ou qualités majeures. Ils amènent les fils des hommes en incarnation et les soustraient de l'incarnation. Ils possèdent leurs propres qualités et leurs caractéristiques spécifiques, et celles-ci déterminent la nature des formes construites, la qualité de la vie qui est exprimée à n'importe quel moment particulier ou dans n'importe quelle incarnation, la durée du cycle de vie, ainsi que l'apparition et la disparition de n'importe lequel des trois aspects forme. Certains courts paragraphes suffiront à définir chacun des stades d'appropriation. Les paragraphes qui donnent le détail des méthodes de détachement ont été indiqués antérieurement [80] dans Un Traité sur la Magie Blanche.