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CHAPITRE TROIS LA FIN DU MIRAGE- Partie 2

La route que suit la révélation est donc la même dans les deux cas ; l'illusion atteint les deux formes de révélation, mais, et je vous demande de réfléchir à ce point, il y a un peu moins d'illusion autour des révélations de la science qu'il ne s'en trouve autour des révélations que l'humanité appelle des vérités plus nettement spirituelles. Une des raisons est le fait que la dernière grande révélation spirituelle faite par le Christ, date de deux mille ans ; depuis cette époque le mental de l'homme s'est développé et sa réponse à la vérité s'est considérablement accrue. Aussi, les révélations de la science sont dans une grande mesure, le résultat d'une tension de groupe, finalement centrée dans un seul récipiendaire intuitif et, de ce fait, la révélation se trouve protégée.

Aujourd'hui, alors que l'humanité attend la révélation qui exprimera les pensées, les rêves, le but constructif du Nouvel Âge, le besoin se manifeste pour la première fois dans un vaste groupe de personnes de tendance intuitive. Je ne dis pas que ce sont des intuitifs. Ce groupe est actuellement si vaste, son foyer est maintenant si réel, sa demande si grande qu'il parvient à focaliser l'intention de tout un peuple. Par conséquent, quelle que soit la révélation qui puisse se présenter dans l'avenir immédiat, elle se trouvera mieux "protégée par l'esprit de compréhension" que ne l'étaient les précédentes. C'est le sens des termes du Nouveau Testament suivant lesquels "chaque œil le verra" ; l'humanité, comme un tout, reconnaîtra Celui qui révèle. Dans le passé, le Messager d'En-Haut n'était reconnu et connu que par une petite poignée d'hommes et il fallait des décennies et parfois des siècles pour que son message pénètre dans le cœur des hommes. [190]

Il est également possible que la pression des événements, le développement du sens des proportions, et le retour forcé à un mode de vie et à des besoins plus simples empêchent la prochaine révélation de tomber trop rapidement dans le feu de la Grande Illusion.

De ce qui précède, vous pouvez donc voir que la manière de traiter des affaires du monde, des états de conscience et des conditions dans les trois mondes est une méthode dans laquelle le disciple et l'initié travaillent en procédant du haut vers le bas. En réalité, cette méthode est une répétition de l'arc involutif dans lequel – comme le fait le Créateur, dirigeant d'un point extérieur – l'énergie, la force et les forces sont dirigées dans le monde des phénomènes, et produisent certains effets bien précis sur la substance des trois plans. C'est là un point qu'il faut retenir soigneusement, et c'est pour cette raison que la Technique de la Présence doit toujours être utilisée avant toute autre technique. Elle établit le contact avec l'Agent spirituel de direction et permet au disciple de prendre l'attitude de l'Observateur détaché, du collaborateur du Plan. Lorsque cette technique est appliquée correctement, elle met en jeu l'intuition ; et le monde de la signification (qui réside derrière le monde des phénomènes) est révélé, dissipant l'illusion. La vérité, telle qu'elle est, est alors perçue et connue. Les formes du monde extérieur des phénomènes (extérieur du point de vue de l'âme, et par conséquent comprenant les trois mondes de notre vie quotidienne) sont reconnues comme les symboles d'une Réalité intérieure et spirituelle.

2. La technique de la lumière

Nous allons maintenant considérer le développement subséquent et le service qui doit être rendu par l'intermédiaire d'une autre technique.

Le sujet est si vaste et on a tant écrit sur le thème de la Lumière dans toutes les Écritures, dans les commentaires et les dissertations théologiques, que la simple vérité et les quelques principes de base se trouvent perdus dans une mer de mots. [191]

J'ai fourni une abondante documentation à ce sujet dans mes divers ouvrages ; dans La Lumière de l'Âme, écrit en collaboration avec A.A.B., j'ai essayé d'indiquer la nature de la lumière de l'âme. La clé de cette technique se trouve dans les mots : Dans cette Lumière, nous verrons la LUMIERE. Ces mots apparemment symboliques et abstraits peuvent être paraphrasés : Lorsque le disciple a trouvé le centre lumineux en lui-même et qu'il peut marcher dans la lumière rayonnante de ce centre, il se trouve alors dans une situation (ou dans un état de conscience, si vous préférez) où il devient conscient de la lumière qui se trouve dans toutes les formes et tous les atomes. Le monde intérieur de la réalité lui devient visible comme une substance lumineuse, chose différente de la Réalité, révélée par l'intuition. Il peut alors coopérer au Plan d'une manière efficace, car le monde du sens psychique devient pour lui un monde réel et il sait ce qu'il faut faire pour dissiper le mirage. Ce processus consistant à apporter la lumière dans les endroits obscurs se divise en trois parties :

1. Le stade où le débutant et l'aspirant s'efforcent d'éliminer le mirage de leur propre vie en utilisant la lumière du mental. La lumière de la connaissance est l'agent de dissipation le plus important dans les premiers stades de ce travail ; elle élimine effectivement les divers mirages qui voilent la vérité aux yeux de l'aspirant.

2. Le stade où l'aspirant et le disciple travaillent avec la lumière de l'âme.

C'est la lumière de la sagesse qui est le résultat d'une longue expérience ; elle jaillit en se mêlant à la lumière de la connaissance.

3. Le stade où le disciple et l'initié travaillent avec la lumière de l'intuition. En vertu de la fusion de la lumière de la [192] connaissance (lumière de la personnalité) et de la lumière de la sagesse (lumière de l'âme) la Lumière est perçue et connue. Cette lumière fait disparaître les lumières moindres du fait du pur rayonnement de son pouvoir.

Par conséquent, vous avez la lumière de la connaissance, la lumière de la sagesse et la lumière de l'intuition qui sont trois stades déterminés, ou aspects, de l'Unique Lumière et correspondent au Soleil physique, au cœur du Soleil et au Soleil Spirituel central. Vous avez dans cette dernière phrase, la clé du rapport entre, l'homme et le Logos.

Ces stades et les techniques qui y correspondent sont facilement mal compris si l'étudiant oublie qu'il n'y a entre eux aucune véritable ligne de démarcation mais seulement une superposition constante, un développement cyclique et un processus de fusion qui troublent les débutants. De même que le résultat d'une réaction naturelle à l'environnement consiste à produire l'appareil nécessaire à prendre contact avec cet environnement, de même les pouvoirs développés par ces techniques produisent certains modes de contact avec l'âme et avec l'environnement spirituel. Chacune de ces techniques est reliée à un nouvel environnement ; chacune d'elles développe finalement chez l'initié ou le disciple un pouvoir qu'ils peuvent utiliser au service de l'humanité et dans les sphères supérieures de l'activité divine. Chacune est liée aux autres techniques, et chacune libère le disciple et lui permet un rapport conscient avec un nouvel environnement, de nouveaux états de conscience et de nouveaux champs de service. Par exemple :

1. La Technique de la Présence, lorsqu'elle est utilisée avec succès, permet l'afflux de l'intuition qui succède aux activités du mental rationnel et qui dissipe l'illusion, y substituant des idées divines formulées en concepts que nous appelons idéaux. Il faut se souvenir que les Maîtres n'utilisent le mental que dans deux buts : [193]

a. Pour atteindre le mental de leurs disciples et attirer les aspirants par l'intermédiaire d'un instrument semblable au mental du disciple.

b. Pour créer des formes-pensée sur les niveaux concrets pouvant incarner les idées divines. Celui qui dirige, l'Ange de la Présence, donne le pouvoir de créer de cette manière, et nous appelons cela le résultat de l'intuition, l'idée ou la vérité, sa perception et sa reproduction.

2. La Technique de la Lumière est plus étroitement liée au mental ; c'est la méthode par laquelle l'illumination qui s'écoule de l'âme (dont la nature est lumière) peut irradier non seulement des idéaux mais aussi la vie, les circonstances, les événements révélant la cause et le sens de l'expérience. Quand le disciple a acquis le pouvoir d'illuminer, il a fait le premier pas vers la dissipation du mirage. De même que la technique de la Présence devient efficace sur le plan mental, de même la technique de la Lumière développe des pouvoirs qui peuvent devenir efficaces sur le plan astral, arrivant avec le temps à dissiper ce plan et à le faire disparaître.

3. La Technique de l'indifférence rend vaine, ou neutralise, l'emprise de la substance sur la vie, ou l'esprit, pouvant s'opérer dans les trois mondes, car l'âme est le signe de la vie.

En ce qui concerne la deuxième technique, je voudrais citer quelques mots tirés du Nouveau Testament, en y remplaçant le terme "foi" par celui de "lumière". Voici cette définition : "La lumière est la ferme assurance des choses qu'on espère, la démonstration de celles qu'on ne voit pas". C'est sans doute là une des plus occultes définitions de la lumière du monde, son véritable sens est destiné à être révélé au cours des deux prochaines générations.

 L'emploi du terme "foi", [194] est un bon exemple de la méthode consistant à voiler certaines vérités anciennes de manière que leur sens ne soit pas prématurément révélé. Lumière et substance sont des termes synonymes, de même âme et lumière ; dans cette identité d'idée – lumière, substance et âme– vous avez la clé pour arriver à la fusion et à l'union totale que le Christ exprima si pleinement pour nous au cours de sa vie sur terre.

Par conséquent, lorsque les aspirants ont accompli des progrès dans le contact avec l'âme, ils ont fait un des premiers pas importants vers la compréhension de la lumière et son utilisation. Ils doivent donc être attentifs à ne pas confondre la lumière qu'ils peuvent projeter sur la vie, les circonstances, les événements et leur milieu, avec l'intuition. La lumière qui nous occupe ici s'exprime dans les trois mondes ; elle révèle les formes, leurs réactions et leurs effets, leur mirage et leur attraction, leur pouvoir de tromper et d'emprisonner la conscience. Cette lumière est la lumière de l'âme qui illumine le mental et amène la révélation du monde des formes dans lequel la vie est immergée.

L'intuition ne concerne rien qui appartienne aux trois mondes de l'expérience humaine, mais seulement les perceptions de la Triade Spirituelle et le monde des idées. L'intuition est au monde de la signification ce que le mental est aux trois mondes de l'expérience. Elle produit la compréhension, de même que la lumière de l'âme produit la connaissance, par l'intermédiaire de cette expérience. La connaissance n'est pas une réaction purement mentale, mais quelque chose qui existe à tous les niveaux et qui est instinctif sous certaines formes, dans tous les règnes de la nature. C'est une vérité évidente. Les cinq sens procurent la connaissance du plan physique ; la sensibilité psychique procure la connaissance du plan astral et le mental la perception intellectuelle. Mais toutes les trois sont des aspects de la lumière de la connaissance (venant de l'âme) qui donne une forme à ses véhicules d'expression dans le vaste et triple milieu où l'âme choisit de s'emprisonner afin d'assurer son développement. [195]

Sur une volute supérieure de la spirale, l'intuition est l'expression de la triple Triade spirituelle, la mettant en rapport avec les niveaux supérieurs de la manifestation divine ; c'est le résultat de la vie de la Monade, une énergie qui apporte la révélation du dessein divin est dans le monde de cette révélation divine que le disciple apprend avec le temps, à travailler et que l'initié fonctionne consciemment. La vie active dans les trois mondes est une déformation de cette expression supérieure, mais elle constitue aussi le champ d'entraînement où se développe lentement la capacité de vivre la vie de perception intuitive de l'initié et de servir le Plan. Il faut considérer ces distinctions avec attention dans le temps et dans l'espace, car toutes font partie de la grande illusion, bien qu'elles soient nécessaires et inévitables tant que le mental domine. Les disciples atteindront un point de développement ou ils sauront s'ils réagissent à la lumière de l'âme ou à la perception intuitive de la Triade. Ils en viendront ensuite au point où ils se rendront compte que la perception intuitive – comme ils l'appellent – n'est que la réaction de la personnalité illuminée à la tendance à l'identification de la Triade. Mais ces concepts dépassent la capacité de compréhension de l'homme moyen ; car la fusion et l'identification ne sont pas du tout la même chose.

Les règles de la Technique de la Lumière ont été correctement exposées par Patanjali dans le système de Raja Yoga ; les cinq stades : Concentration, Méditation, Contemplation, Illumination et Inspiration les illustrent. Ces stades demandent l'application des Cinq Règles et des Cinq Commandements. Je vous prie de les étudier. À leur tour ces exercices produisent de nombreux résultats dans la sensibilité psychique, tels que le contact hiérarchique, l'illumination, le service [196] et la discipline et, finalement, le stade "d'unité isolée" selon le terme paradoxal employé par Patanjali pour décrire la vie intérieure de l'initié.

Tout ce que je viens de dire est bien connu de tous les aspirants qu'ils étudient soit le Raja Yoga enseigné en Inde, soit le mysticisme pratique exposé par des mystiques comme Maître Eckhart et par les ésotéristes modernes plus mentalement polarisés. Ces derniers vont au-delà de la vision mystique et parviennent à la fusion. Je n'ai pas besoin de m'y étendre. C'est le stade supérieur de l'union totale, en faveur de laquelle témoignent tous les véritables mystiques.

Ce qui nous intéresse ici est la manière dont cette lumière est reconnue, appropriée et utilisée afin de dissiper le mirage et de rendre au monde un service profondément ésotérique. On pourrait dire que la lumière intérieure est comme un projecteur, balayant de sa lumière le monde du mirage et des luttes humaines, du haut de ce qu'un Maître a appelé "le piédestal de l'âme et la tour ou le phare spirituel". Ces mots donnent une idée d'altitude et de distance qui sont caractéristiques de l'approche mystique. Le pouvoir d'utiliser cette lumière comme moyen de dissipation ne s'acquiert que lorsque les symboles sont abandonnés et que le serviteur commence à se considérer lui-même comme lumière et centre d'irradiation. D'où la raison de certains aspects techniques de la science occulte. L'ésotériste sait que dans chaque atome de son corps se trouve un point de lumière et que la nature de l'âme est lumière. Pendant des âges, l'homme avance grâce à la lumière engendrée dans ses véhicules, grâce à la lumière contenue dans la substance atomique de son corps ; il est donc guidé par la lumière de la matière. Plus tard, il découvre la lumière de l'âme et, plus tard encore, il apprend à faire fusionner la lumière de l'âme et la lumière de la matière. Alors, il rayonne tel un porteur de Lumière, la lumière purifiée de la matière et la lumière de l'âme ayant fusionné et étant focalisées. L'utilisation de cette lumière focalisée qui dissipe le mirage individuel enseigne au disciple les premiers stades de la technique grâce à laquelle il éliminera le mirage [197] de groupe et finalement le mirage mondial. C'est le point que nous allons ensuite traiter.

Le thème qui nous occupe – la lumière de l'âme dissipant le mirage dans les trois mondes – est le sujet d'étude le plus pratique, le plus utile et le plus nécessaire qui existe aujourd'hui ; il concerne le plan astral et le service qu'il peut rendre est vital et d'une opportunité immédiate. La libération du mirage qui les enveloppe et les tient esclaves est, pour l'individu et pour l'humanité dans son ensemble, une exigence essentielle. L'ère nouvelle qui s'ouvrira devant l'humanité à la fin de la guerre se distinguera par la polarisation mentale et par la libération subséquente du mirage ; ensuite, l'illusion dominera pendant un certain temps, jusqu'à ce que l'intuition soit plus développée. Cette illusion produira des résultats très différents de ceux qui étaient engendrés lorsque les hommes vivaient et travaillaient dans les brumes du mirage. La seconde caractéristique de la nouvelle ère sera la façon scientifique d'aborder tout le problème du mirage qui sera alors reconnu pour ce qu'il est, et scientifiquement dissipé par l'utilisation du mental illuminé des groupes travaillant à l'unisson dans ce but.

Par conséquent, ce que je propose, à vous qui êtes les aspirants et les disciples du monde, est la possibilité d'un service mondial déterminé. Des groupes se formeront ensuite, dont les membres travailleront à dissiper le mirage dans leur propre vie, et qui ne s'occuperont pas de se libérer eux- mêmes, mais plutôt de débarrasser le plan astral de ses mirages importants. Ils travailleront en commun à certains aspects importants du mirage mondial, par le pouvoir de leur mental individuel illuminé ; unis, ils tourneront "le projecteur du mental qui réfléchit la lumière du soleil, mais en même temps irradie sa propre lumière intérieure sur les brumes et les brouillards de la terre, car ces brumes et [198] ces brouillards font trébucher tous les hommes. Dans la sphère éclairée par la lumière focalisée et rayonnante, la réalité apparaîtra, triomphante".

Il est intéressant d'observer que la plus ancienne prière du monde se réfère aux trois aspects du mirage ; c'est à l'encontre de ces aspects que les trois techniques doivent être utilisées afin de rendre possibles la libération et le progrès. Comme vous le savez, cette prière est la suivante :

"Conduis-nous, O Seigneur, des ténèbres à la lumière, de l'irréel au réel, de la mort à l'immortalité." Brihadaranyaki Upanishad 1, 3, 28.

"Conduis-nous des ténèbres à la lumière" se réfère au mental quand il devient finalement illuminé par la lumière de l'intuition ; cette illumination est amenée par la Technique de la Présence de qui la lumière rayonne. C'est le facteur de méditation qui produit la Transfiguration de la personnalité et un centre de lumière rayonnante sur le plan mental. Ceci est vrai, soit d'un individu, soit du point central de lumière formé par l'unité mentale et la claire pensée des hommes plus évolués qui, par le pouvoir de leurs pensées unies, parviendront à débarrasser le monde de certains aspects de la Grande Illusion.

"Conduis-nous de l'Irréel au Réel" se rapporte précisément au plan astral et aux mirages qui enveloppent tout. Ces mirages incarnent l'irréel et poussent les prisonniers du plan astral à les prendre pour la réalité. À cet emprisonnement par le mirage, il peut être mis fin par l'activité de la Technique de la Lumière employée par ceux qui travaillent, en formation de groupe, à dissiper le mirage et à faire émerger dans la conscience des hommes une conception et une reconnaissance bien claires de la nature de la Réalité.

Ce travail particulier de dissipation constitue le thème immédiat [199] de notre étude. Il est d'une importance vitale que ceux qui reconnaissent la porte ouverte sur l'avenir et par laquelle tous les hommes doivent passer, commencent à entreprendre ce travail. C'est seulement ainsi qu'il est possible d'aider l'humanité à abandonner les erreurs, les mirages et les échecs du passé.

Cette technique libère du mirage et peut transformer la vie humaine, instaurant ainsi la civilisation et la culture nouvelles. Cette dissipation peut être entreprise et poursuivie par les disciples, aidés par les aspirants, partout sur la planète. Toutefois, elle sert d'abord l'œuvre de ceux dont la focalisation de rayon fait de leur vie astrale la ligne de moindre résistance et qui ont appris, ou qui apprennent, à dominer cette vie astrale par le pouvoir de leur pensée et par la lumière mentale. Ce sont, en premier lieu, les individus de sixième rayon, aidés par les aspirants et les disciples se trouvant sur le deuxième et le quatrième rayon.

Dans le temps et l'espace, cette tâche sera tout d'abord entreprise et dirigée en formation de groupe par les aspirants dont le rayon de l'âme ou de la personnalité est le sixième rayon, ou par ceux dont le corps astral est conditionné par ce même rayon. Lorsqu'ils auront saisi la nature d'un tel travail et "adopté fanatiquement la technique de la lumière pour servir la race", leur travail sera complété par les disciples de deuxième rayon qui agiront des Ashrams des Maîtres qui prennent des disciples. Le travail accompli par ces deux groupes sera finalement révélé (à une date beaucoup plus lointaine) par les aspirants et les disciples qui seront actifs sur le plan astral lorsque le quatrième rayon commencera à se manifester de nouveau. Par conséquent, le travail consistant à dissiper le mirage est accompli par ceux qui viennent en manifestation en suivant les lignes d'énergie du deuxième, du quatrième et du sixième rayon. J'insiste sur ce point, car les disciples entreprennent fréquemment des tâches pour lesquelles ils ne sont pas particulièrement qualifiés, se trouvant sur des rayons qui ne les aident pas ou parfois même les entravent. [200]

Ce sujet tout entier est lié à celui de la conscience, du second aspect et concerne les formes par lesquelles l'humanité devient progressivement consciente. Le mirage est causé par la reconnaissance de ce que l'homme lui- même a créé ; ainsi qu'il est dit occultement : "L'homme devient conscient de la réalité seulement quand il a détruit ce qu'il a lui-même créé". Ces formes se divisent en deux groupes :

1. Celles qui ont une origine très ancienne, qui sont le résultat de l'activité humaine, de la pensée humaine et de l'erreur humaine. Elles comprennent toutes les formes qu'a créé la nature de désir de l'homme au cours des âges et constituent la substance nébuleuse du mirage, nébuleuse du point de vue physique, mais dense du point de vue du plan astral. Elles fournissent le stimulant pour tout effort et toute activité sur le plan extérieur, alors que l'homme s'efforce de satisfaire ses désirs. L'aspirant doit toujours se libérer de ces formes pour passer ensuite par la porte que nous appelons la deuxième initiation et entrer dans un plus vaste état de conscience.

2. Celles qui sont constamment créées pour répondre à l'aspiration de l'humanité ; elles constituent l'attrait qui guide l'homme tout d'abord vers de hautes réalisations personnelles et, plus tard, vers des réalisations spirituelles. Elles indiquent ce qui est nouveau et possible. Mais elles constituent également un mirage, (aussi curieux que cela puisse paraître) car elles sont temporaires et illusoires, et il ne doit pas leur être permis de cacher le Réel. Cette Réalité se présente au moment voulu quand afflue la lumière supérieure. Les formes indiquent le Réel mais sont souvent prises pour le Réel, elles sont en conflit avec les pensées et les désirs du passé et doivent finalement [201] céder la place à la présence de fait du Réel. En temps de crise, elles constituent la grande épreuve pour tous les aspirants et les disciples, évoquant un subtil discernement ; mais une fois que l'épreuve a été triomphalement passée, il peut être confié au disciple et à l'aspirant la tâche de dissiper les deux types de mirage, en insistant sur le besoin le plus urgent, ou sur certain mirage mondial particulier et courant.

Vous voyez donc que les groupes qui travaillent consciemment à servir en dissipant le mirage présenteront les caractéristiques suivantes :

1. Ils seront composés d'aspirants et de disciples de sixième rayon, assistés de travailleurs spirituels de deuxième rayon.

2. Ils seront formés de ceux qui :

a. Apprennent ou ont appris à dissiper leurs propres mirages individuels et peuvent travailler avec compréhension.

b. Sont focalisés sur le plan mental et ont, par conséquent un certain degré d'illumination mentale. Ils apprennent à maîtriser la Technique de la Lumière.

c. Sont conscients de la nature des mirages qu'ils s'efforcent de dissiper, et peuvent utiliser le mental illuminé tel un projecteur.

3. Ils compteront parmi leurs membres ceux qui ont (dans le sens occulte) les pouvoirs suivants en train de se développer rapidement :

a. Le pouvoir non seulement de reconnaître le mirage pour ce qu'il est, mais aussi de discerner entre les nombreux et différents genres de mirage.

b. Le pouvoir de s'approprier la lumière, l'absorbant en eux mêmes pour la projeter ensuite, consciemment et scientifiquement [202], dans le monde du mirage. Les Maîtres, les initiés de haut degré et les disciples du monde le font seuls, si nécessaire, sans avoir besoin de la protection du groupe ni de l'aide de la lumière des membres du groupe.

c. Le pouvoir d'utiliser la lumière non seulement par absorption et projection, mais aussi par l'usage conscient de la volonté, dirigeant l'énergie sur le rayon de lumière projeté. Ils y ajoutent une focalisation persistante et soutenue. Ce rayon, ainsi projeté, a deux effets : il agit d'une manière expulsive et dynamique, semblable à un fort vent qui souffle au loin ou dissipe un brouillard épais, ou semblable aux rayons du soleil qui sèchent et absorbent la brume. Il agit également tel un rayon le long duquel peut entrer ce qui est nouveau et fait partie de l'intention divine. Les idées nouvelles et les idéaux désirés peuvent pénétrer "sur le rayon", de même qu'un rayon dirige et conduit les avions à l'endroit d'atterrissage voulu.

a. La dissipation du Mirage individuel

Considérons tout d'abord la manière par laquelle l'aspirant peut parvenir individuellement à dissiper les mirages qui ont, pendant des siècles, conditionné sa vie dans les trois mondes. Pour quatre cinquièmes de ses expériences incarnées, il a été dominé par le désir. Puis il a commencé à transmuer son désir en aspiration et à chercher, avec toute la dévotion, l'émotion et l'aspiration dont il est capable, à atteindre la réalisation. C'est alors qu'il est devenu conscient de l'épouvantable nature des mirages dans lesquels, normalement et automatiquement, il se meut. Le mirage s'est présenté lorsque l'homme a reconnu et enregistré le désir comme un stimulant, démontrant ainsi son humanité et ce en quoi il diffère de l'animal, car c'est le mental qui révèle l'existence du désir. L'effort instinctif de satisfaire le désir, inné dans la nature inférieure et inhérent à elle, a fait place à des [203] efforts systématiques pour répondre au désir, ce qui a impliqué l'utilisation dirigée du mental. Ainsi donc, la ligne de démarcation entre l'animal et l'homme devint de plus en plus évidente et la première et fondamentale expression de pur égoïsme apparut il y a de cela bien longtemps. Plus tard, à mesure que l'évolution se poursuivait et que le désir se déplaçait d'une satisfaction à une autre, ce dernier commença à prendre un aspect moins physique ; les hommes cherchèrent le plaisir dans les expériences émotionnelles et dans leur dramatisation. Ceci conduisit au drame, dans sa première expression artistique. Par ce moyen, au cours des âges, l'homme a ajouté à l'émotivité et au drame de sa vie personnelle une substitution dans laquelle il se plongeait en s'extériorisant et en alimentant ses drames, ses désirs et ses objectifs personnels avec ceux qui s'étaient développés par l'imagination créatrice. Il posait les bases d'une reconnaissance, intelligente et réelle, du rapport entre la partie et le tout. Ainsi, depuis l'époque atlantéenne la plus reculée, furent posées les bases du développement du sens de la dualité mystique, par les divers stades d'une reconnaissance anthropomorphique de la divinité allant vers la reconnaissance du réel en l'homme lui-même, pour arriver finalement au problème que le disciple doit affronter. Alors, le Gardien du Seuil est en présence de l'Ange de la Présence et l'ultime et plus important conflit est alors livré.

La conscience dualiste atteint son apogée au moment de la troisième initiation, dans la bataille finale entre les paires d'opposés et avec la victoire triomphante de l'Ange qui incarne les Forces du Bien dans l'individu, dans le groupe et dans l'humanité. Ensuite, le dualisme et le désir de tout ce qui est matériel, de ce qui n'est pas soi-même (tel qu'identifié au Tout) prennent fin. L'unité et la "vie plus abondante" sont atteintes.

Le processus suivi par le disciple travaillant consciemment à la [204] dissipation du mirage dans sa vie peut se diviser en quatre stades auxquels on peut donner les définitions suivantes :

1. Le stade de la reconnaissance du ou des mirages qui cachent le Réel.

Dans toute crise particulière de la vie, ces mirages dépendent du rayon de la personnalité.

2. Le stade de la focalisation de la conscience du disciple sur le plan mental, et de l'accumulation de la lumière à ce point de focalisation, afin que l'illumination soit claire, que le travail à accomplir soit manifestement vu et que le projecteur du mental soit dirigé sur le mirage que l'on veut détruire.

3. Le stade de la direction. Ceci implique une constante projection de la lumière, intelligemment dirigée, dans les endroits obscurs du plan astral, en se souvenant que la lumière permettra au disciple de faire deux choses :

a. de dissiper le mirage, expérience satisfaisante. b. de voir le Réel, expérience terrifiante.

4. Le stade de l'identification au Réel, quand celui-ci est contacté après la dissipation du mirage. Dans la lumière plus grande maintenant disponible, seront reconnus des mirages plus subtils qui, à leur tour, devront être dissipés.

Le processus de reconnaissance, de focalisation, de dissipation et de subséquente révélation se poursuit continuellement à partir du moment où un disciple foule le Sentier du Discipulat Accepté et jusqu'à la troisième initiation.

La clé du succès dans tout ce processus est donc liée à la méditation et au ferme maintien du mental dans la lumière.

Ce n'est que grâce à cette fermeté que le rayon de lumière peut être formé, intensifié, [205] focalisé, projeté et, au bon moment, retiré. Je ne peux m'étendre ici sur le processus de méditation basé sur une correcte compréhension de la concentration. J'ai beaucoup écrit à ce sujet et la discipline du Raja Yoga est bien connue. La concentration et la maîtrise mentales sont maintenant les thèmes habituels de toutes les instructions données par les éducateurs et les parents intelligents. Il est difficile aujourd'hui pour une personne d'intelligence moyenne de concevoir qu'il y eut un temps où, parce que le mental était si peu développé, des phrases comme celles-ci, "Utiliser son mental", ou "Si seulement on voulait réfléchir", ou "Un petit effort mental de votre part serait si utile", étaient totalement inconnues. Le mental n'était alors reconnu comme facteur actif que par ceux qui avaient la conscience d'un initié. Le Sentier de l'Évolution est, en fait, le Sentier des reconnaissances qui conduisent à la révélation. Le processus évolutif tout entier est de caractère initiatique ; il conduit d'une expansion de conscience à une autre, jusqu'à ce que les mondes du sans forme et ceux de la forme se révèlent dans la lumière qu'engendre l'initié et dans laquelle il chemine. Ces lumières sont diverses et diverse est leur révélation. Il y a :

1. La lumière de la matière elle-même qui existe dans chaque atome de substance.

2. La lumière du corps vital ou éthérique, lumière qui est le reflet de l'Unique Lumière, car elle unifie les trois genres de lumière dans les trois mondes.

3. La lumière de l'instinct.

4. La lumière de l'intellect ou lumière de la connaissance.

5. La lumière de l'âme.

6. La lumière de l'intuition.

Nous passons de lumière en lumière, de révélation en révélation, jusqu'à ce que nous passions du domaine de la lumière au domaine de la vie qui est pour nous encore pures ténèbres.

Il vous sera donc évident que cette lumière croissante amène avec elle une série de révélations qui se développe constamment. Ces [206] révélations font partie du monde de l'expérience humaine, elles permettent d'apercevoir, d'abord, le monde des formes, ensuite le monde des idéaux, enfin la nature de l'âme, des idées et de la divinité. Je choisis seulement quelques-uns des termes qui indiquent la révélation et qui sont des symboles de son caractère. Mais toutes ces révélations constituent une unique révélation qui se développe lentement sous les yeux de l'humanité. La lumière du soi personnel inférieur révèle à l'homme le monde de la forme, de la matière, de l'instinct, du désir et du mental ; la lumière de l'âme révèle la nature du rapport entre ces formes de vie et le monde sans forme, et le conflit entre le réel et l'irréel. La lumière de l'intuition révèle à la vision de l'âme au sein de la personnalité la nature de Dieu et l'unité du Tout. La turbulence du désir matériel qui cherche à se satisfaire dans les trois mondes laisse finalement la place à l'aspiration au contact de l'âme et à la vie de l'âme. Cette aspiration, à son tour, est considérée comme un pas vers les grandes expériences fondamentales que nous appelons les cinq grandes initiations. Elles révèlent à l'homme le fait, jusqu'alors incompris, de son état de non-séparation et du rapport entre sa volonté individuelle et la volonté divine.

Nous allons maintenant étudier la manière dont ces phases du travail sont poursuivies sur le plan astral : d'abord, l'individu apprend à utiliser la lumière du mental, engendrée par l'âme quand elle devient étroitement liée à la personnalité et mue par l'intuition. En vertu de cette lumière, le disciple apprend à dissiper ses mirages personnels. Je le mentionne parce que je voudrais que vous puissiez apprécier l'étendue de la tâche entreprise par l'homme lorsqu'il se met à se libérer consciemment du mirage, se préparant ainsi à un service plus étendu. Il est alors en conflit avec le mirage de tout le plan astral et il est enclin à être accablé lorsqu'il se rend compte de ce [207] qui le confronte. C'est une des causes des profondes dépressions, des profonds complexes d'infériorité qui enlèvent tous leurs moyens aux individus ou finalement les poussent au suicide. Leurs propres mirages personnels les lient au mirage national ou planétaire et, ainsi, conditionnent l'expression de leur vie et leur manière de penser. Je vous prie de vous en souvenir lorsque vous avez affaire à des personnes dont les idées sont bien arrêtées et qui sont incapables de découvrir la vérité comme vous la voyez. Ils sont ainsi parce que leur mirage individuel est alimenté par de plus vastes mirages, et c'est encore trop pour eux.

Mon intention n'est pas de traiter des mirages particuliers, mais de vous donner une formule qui, avec de petits changements et de petites adjonctions, peut être utilisée par les individus et par le groupe et servir à éliminer le mirage. Je commencerai par dire que, pour l'homme, la première nécessité consiste à bien comprendre que ses réactions, ses idées, ses désirs et ses expériences de vie, dans la mesure où sa nature émotionnelle est concernée, sont conditionnées par un ou plusieurs mirages ; qu'il est la victime de plusieurs mirages, engendrés au cours de nombreuses vies, profondément enracinés dans l'histoire de son passé et auxquels, instinctivement, il réagit. Toutefois, le temps vient où le disciple en probation devient conscient des mirages instinctifs et les reconnaît à peine ils se présentent, et même il y réagit ; il cherche à s'en libérer, travaillant d'abord de façon spasmodique utilisant le mental pour s'en libérer par la raison ; il oscille entre des succès temporaires, lorsqu'il parvient à agir délibérément comme s'il était libéré du mirage, et de longues périodes où la défaite l'accable, où il ne peut voir aucune lumière nulle part et où il agit comme un individu aveugle et désorienté. Cela indique qu'il est attiré comme par un aimant (force accumulée de l'ancien mirage et de ses effets karmiques) dans les brouillards du mirage qu'il voudrait éviter. Plus tard, vient le stade (résultat ce processus alternatif) où l'attraction de l'âme commence à contrebalancer l'attraction des mirages. L'homme aspire à pouvoir [208] s'exprimer librement et à se libérer de la domination du plan astral. Le processus d'équilibre alors se produit.

Pendant ce stade, l'homme commence à méditer, il devient conscient de la lumière de l'âme qui se mêle à la lumière propre au corps mental; cette lumière fusionnée s'intensifie toujours plus grâce au travail de méditation persévérant. Il arrive ensuite un moment où l'aspirant découvre qu'il peut utiliser cette lumière intérieure et il tente, avec un succès inégal, à la projeter sur les problèmes posés par son mirage particulier. C'est également à ce point que nous commençons à employer la Technique de la Lumière, afin de mettre fin à la technique non scientifique du passé. Cette technique de la Lumière ne peut être utile qu'à celui qui a une certaine connaissance de la lumière du mental, de la lumière dans la tête et de la lumière de l'âme. La lumière dans la tête est produite par la fusion systématiquement voulue de la lumière de l'âme et de la lumière de la personnalité, focalisées dans le corps mental et produisant un certain effet sur le cerveau. Ce processus de focalisation se divise en trois parties :

1. La tentative de focaliser la lumière du mental et de la matière dans le corps mental.

Ceci signifie unir la lumière de la matière et de la substance (lumière matérielle dense et lumière éthérique) et la lumière du mental. Il n'y a pas de lumière particulière du corps astral, car le corps n'est qu'un agrégat de formes, créées par l'individu, par les nations et par les races ; ces formes, dans leur totalité, constituent le plan astral et ne possèdent pas de [209] lumière en elles comme en possèdent les autres formes. Elles ne sont pas créées par le Logos planétaire comme forme d'expression, pour certaines vies dynamiques ; et c'est là la vraie signification de ce que je vous ai déjà dit, à savoir que, en réalité, le plan astral n'existe pas. C'est la création fantasmagorique du désir humain au cours des âges et sa fausse lumière est une réflexion soit de la lumière de la matière, soit de la lumière du mental. Ce processus de focalisation est accompli par l'alignement et par un effort fait pour amener à un point d'illumination la lumière positive du mental et la lumière négative du cerveau, en vertu de la domination mentale développée par la méditation. Lorsque ces deux pôles sont reliés, par un acte de volonté de la personnalité, ces deux aspects de la lumière mineure peuvent former un minuscule point de lumière, semblable à la lumière d'une petite lampe révélant certain aspect du mirage auquel l'aspirant peut le plus facilement répondre. Ce premier point de lumière focalisée ne peut faire plus que de révéler. Il n'a pas le pouvoir de dissiper le mirage ; il ne peut que rendre un homme conscient, dans sa conscience de veille ou conscience du cerveau, que le mirage le tient esclave. Ceci est lié au stade de la concentration dans le processus de méditation.

2. Le deuxième stade du processus de focalisation est produit par l'effort de méditer. Dans le stade précédent, la fusion des deux lumières de la matière était seulement un processus intéressant la forme et l'aspirant y était poussé uniquement par les forces de la personnalité et par le besoin. Un exemple de ce processus et de son efficacité peut être observé dans l'homme qui, pour des motifs purement égoïstes et par une concentration intense, focalise son mental et parvient à satisfaire ses désirs et à atteindre son but. Il réprime toute réaction émotionnelle et réussit, dans une bonne mesure, à dissiper le mirage. Il développe la capacité d'employer la lumière de la matière, (de la matière physique et de la substance mentale) engendrant une fausse lumière d'où la lumière de l'âme est strictement exclue. C'est ce pouvoir qui produit, avec le temps, le magicien noir. Il a développé la capacité d'exploiter l'énergie [210] de la lumière de la matière et de la focaliser si puissamment qu'elle devient une grande force de destruction. C'est ce qui a donné à Hitler et aux six hommes qui l'entouraient le pouvoir de détruire sur le plan matériel. Mais dans le cas de l'aspirant, le pouvoir de méditer sur les réalités spirituelles et de prendre contact avec l'âme contrebalance les dangers inhérents à la focalisation sur la lumière de la matière et son utilisation exclusive. À la lumière mineure de la matière s'ajoute la lumière de l'âme ; ces deux lumières mélangées, ou aspects de l'Unique Lumière, sont alors focalisées sur le plan mental par le pouvoir de l'imagination créatrice. Cela permet finalement à l'homme de dissiper le mirage et de se libérer du plan astral.

3. Le troisième stade est celui au cours duquel la lumière de la matière, la lumière du mental et la lumière de l'âme (en tant que canal pour l'intuition) sont consciemment mêlées, fusionnées et focalisées. Sous la direction de l'âme, l'homme tourne alors cette lumière unifiée vers le monde du mirage et vers le mirage particulier qui le préoccupe à tout moment. La fausse lumière du plan astral disparaît dans cette lumière fusionnée, de même qu'un feu ne se voit presque plus lorsqu'il est soumis aux rayons du soleil, de même qu'une loupe qui focalise les rayons du soleil peut donner naissance à un incendie destructeur. L'utilisation d'une lumière puissante peut faire disparaître une lumière plus petite et dissiper le brouillard.

Tout ce qui précède doit être accompli avec Compréhension et consciemment, en tant que préparation à la mise en œuvre de la technique elle- même. L'activité de l'aspirant sera d'abord expérimentale et, avec le temps, scientifiquement appliquée. Elle sera fondée sur la reconnaissance de la vérité, vérité confrontée et acceptée. Ce travail n'est pas une sorte de rationalisation, bien que celle-ci précède nettement [211] le travail scientifique que j'indique ici. Ce n'est pas cultiver de nouveaux intérêts de type mental et spirituel qui remplacent graduellement le désir et chassent le mirage. Tout cela constitue une préparation et conduit à un développement qui prépare l'aspirant à travailler scientifiquement ; ce n'est pas un processus par lequel le désir "est tué", ainsi que l'enseignent certaines écoles de pensée ; c'est un processus permettant de déraciner graduellement le désir par une stricte discipline et un travail de formation ardu, ce qui incidemment implique la dissipation du mirage. Telles ont été les lentes techniques du passé. Aujourd'hui, il convient de modifier le processus, car un nombre suffisant d'individus ont atteint un degré de compréhension adéquat et sont capables de travailler sagement et aussi scientifiquement.

Le processus que je vous expose ici en détail est un processus de dissipation rapide et effectif ; il est basé sur l'acceptation de l'hypothèse de la lumière, sur la reconnaissance du fait que le plan astral n'a pas de véritable existence, sur l'emploi entraîné de l'imagination créatrice et sur une fidélité indiscutée aux instructions reçues, aussi bien à titre individuel qu'en tant que groupe.

J'ai l'intention de vous donner deux formules, l'une pour être utilisée à titre individuel, et l'autre que peuvent employer les groupes qui, dans l'union, apportent leur effort à la dissipation du mirage, soit du mirage de groupe, soit d'un aspect quelconque du mirage mondial dominant. Deux choses vous apparaîtront nettement :

D'abord, ceux qui prennent part à la dissolution du mirage doivent être capables de faire la distinction entre mirage et réalité qui, examinés superficiellement, se ressemblent souvent beaucoup. Ils doivent être à même de reconnaître qu'une condition astrale ou émotionnelle constitue un voile sur la vérité et déforme la présentation ou apparence de l'expression divine de l'individu ou du groupe. Ils doivent donc être capables de vision, d'une pensée claire et à même de reconnaître rapidement [212] ce qui empêche la matérialisation de cette vision et la réception exacte de la vérité. Ils doivent être également capables de distinguer entre un mirage important et un mirage mineur. Un mirage mineur, forme-pensée passagère et évanescente étant facilement reconnaissable, ne justifie pas l'emploi de l'une de ces formules. Un semblable mirage sera par exemple un sentiment de pitié de soi chez un individu, ou la glorification de quelque personnage connu, par un autre individu, par un groupe ou par une nation. Le temps et le bon sens se chargent de régler de telles situations.

Un mirage mondial important était, avant la guerre, l'excessive importance donnée aux possessions matérielles et à l'idée que le bonheur dépend des choses, des biens et du confort matériel.

Ensuite, les trois stades de focalisation exposés plus haut constituent une préparation. Ces trois stades doivent être en quelque sorte accomplis avant que ne devienne possible l'emploi des formules ; ceux qui ont l'intention de s'atteler à la tâche d'éliminer le mirage mondial doivent se soumettre constamment à ces périodes d'entraînement à l'art de la polarisation, si je puis l'appeler ainsi. Ils doivent avoir une certaine compréhension de l'appareil de la pensée, de la création des formes-pensée et de la nature du penseur. Ils doivent être polarisés émotionnellement et, pourtant, dans le travail de groupe, relativement exempts de la domination astrale. Cette libération doit, dans une certaine mesure, décider du choix de ceux qui sont destinés à travailler à des éliminations plus grandes. Celui qui cherche à briser le mirage dans sa propre vie doit être polarisé mentalement, il lui faut en prendre la décision et agir dans ce sens, même si la nature émotionnelle est pour lui, dans cette vie, la ligne de moindre résistance. Ceux qui travaillent en formation de groupe devront avoir atteint une certaine mesure de focalisation mentale, mais, pour le but du service qu'ils doivent accomplir, il leur faut se focaliser consciemment et délibérément [213] sur le plan astral par la maîtrise d'eux-mêmes. Il faut donc qu'ils soient entraînés à méditer, qu'ils aient longuement réfléchi à la nature de la pensée et à son utilisation ; ils doivent aussi être conscients de la lumière intérieure.

Lorsque ces trois stades sont devenus des activités, des habitudes et des réactions automatiques, liées les unes aux autres, et lorsque l'intention est devenue très nette et que la capacité de se focaliser est devenue une réaction presque instinctive, un travail solide et efficace peut être accompli ; à ce travail, doivent s'ajouter persévérance et patience. Il n'est pas nécessaire d'avoir atteint la perfection dans ce processus avant de commencer à travailler et à servir. Les disciples et les aspirants doivent cultiver la conscience de la coopération et se rendre compte que, dans un service tel que celui-ci, ils participent à une activité de la Hiérarchie et qu'ils sont à même d'apporter leur aide, même si, seuls et sans aide, ils ne peuvent obtenir les résultats désirés. Par une telle collaboration, ils peuvent hâter la marche du processus. Dans une large mesure, le pouvoir de l'union et de l'effort sur le plan physique est aujourd'hui reconnu et ce qui est arrivé pendant la Guerre, dans beaucoup de pays, a grandement facilité cette compréhension. Le pouvoir de l'émotion collective (qui s'exprime souvent dans ce qu'on appelle la psychologie de masse) est partout reconnu, craint et même exploité, alors que le pouvoir de la pensée collective est encore peu compris. Le pouvoir inhérent à la lumière qui se trouve dans le mental de nombreux individus en fait des instruments efficaces dans les affaires mondiales, pénétrant et dissipant le mirage, démontrant sa créativité sur le plan physique. Il se manifestera comme faisant partie de nouvelles méthodes de travail qui seront employées dans le nouvel âge. Le travail et les plans de la Hiérarchie ont été dirigés dans ce sens ; cette dernière est actuellement prête à éprouver l'efficacité de ce travail en organisant un ou plusieurs groupes qui travailleront au problème du mirage.

Vous voyez donc que ce que je vous expose est relativement [214] nouveau. En ce qui concerne l'individu, il a enregistré une faible impression de la prochaine technique. Partout, des hommes et des femmes essayent de se libérer du mirage par le pouvoir d'une pensée claire, d'une discipline sévère et du bon sens ; ils tiennent aussi consciemment présents leur propre rapport avec le tout, ce qui les pousse à éliminer de leur vie tout ce qui pourrait entraver les autres ou accroître, par le mirage, les aspects trompeurs du monde. À cela s'ajoutera (peut-être comme un aspect de la nouvelle religion mondiale qui se matérialise actuellement) la réalisation du fait que les groupes peuvent parvenir à écarter les mirages qui obscurcissent la route de l'humanité vers son but par le pouvoir de la pensée conjuguée et projetée.

Dans le but d'accomplir le premier pas vers une activité de groupe dirigée dans ce sens, je vous offre une formule, ou un rituel de groupe qui sera efficace pour provoquer la disparition de certains aspects du mirage mondial, à condition d'être employé par ceux dont la vie est relativement exempte de mirage, qui sont réalistes et reconnus par le groupe comme étant relativement libres et animés de bonnes intentions. Combiné à l'effort de groupes semblables, leur effort affaiblira à tel point le pouvoir des anciens mirages que finalement viendra le "Jour de la Clarification".

Tout d'abord, laissez-moi exposer rapidement, à l'usage de l'aspirant individuel, une formule qui lui permettra de se libérer de son mirage ou de ses mirages particuliers. Je vais énumérer les phases de ce processus, et l'aspirant fera bien de les suivre telles que je les donne ; qu'il n'ait à l'esprit aucun sentiment du temps, qu'il soit prêt à accomplir ce travail régulièrement pendant des mois, pendant des années si nécessaire, jusqu'à ce qu'il soit libéré et que la lumière envahisse le plan astral par l'intermédiaire de son corps astral. Je suggère qu'aucun aspirant ne tente de s'attaquer au problème du mirage dans son ensemble, ni de tenter à dissiper tous les mirages auxquels il est sensible. Il a affaire à un mal très ancien, à des habitudes de mirage [215] solidement installées qui sont étroitement liées à certains aspects de sa vie quotidienne, à sa vie sexuelle, à ses ambitions, à ses rapports avec les autres, à ses idées favorites, à ses idéaux particuliers, à ses rêves et à ses visions. Il devrait choisir le mirage qui est le plus apparent, celui qui, en tout temps, l'entrave le plus (il y en a toujours un), et il devrait travailler consciemment à sa dissipation s'il veut poser les bases d'un service efficace visant à dissiper le mirage mondial.

FORMULE VISANT A LA DISSIPATION DU MIRAGE (À l'usage de l'individu)

I. Stades préparatoires.

1. Reconnaissance du mirage devant être dissipé. Ceci implique :

a. La volonté de coopérer avec l'âme de manière physique, astrale et mentale, afin de faciliter le travail d'ordre plus technique. Réfléchissez aux implications de ces mots.

b. La reconnaissance des manières dont ce mirage affecte la vie journalière et tous les rapports.

2. Les trois stades de focalisation doivent être entrepris.

a. Le stade de la focalisation de la lumière du mental et de la lumière de la matière dans le véhicule mental. Ceci est accompli par un processus d'élévation et de fusion, à cet effet, l'activité de l'imagination créatrice est utilisée.

b. Le stade de la méditation qui, en temps voulu, provoque la fusion de la lumière de la matière, de la lumière du mental et de la lumière de l'âme sur le plan mental. [216]

c. Le stade où on se rend compte que ces trois lumières sont une seule lumière unifiée, un projecteur prêt à être tourné dans la direction voulue.

3. La reconnaissance de deux aspects de la préparation :

a. L'alignement de la personnalité, de manière que les trois aspects de la nature inférieure puissent être perçus comme constituant une seule personnalité en action.

b. Un acte d'intégration dans lequel la personnalité et l'âme forment aussi une unité. Ceci se fait par la consécration de la personnalité à l'âme et de son acceptation par l'âme.

c. Ces deux lignes de pensée produisent une zone de pensée magnétique et de réalisation dans laquelle tout le travail s'accomplit.

4. Une pause au cours de laquelle l'homme tout entier se prépare pour le travail à accomplir. Après avoir accordé toute son attention au stade de contact avec l'âme et de préparation initiale, il focalise son mental attentif sur le mirage à éliminer. Cela n'implique pas la conscience du mirage, ses causes et ses raisons, mais cela signifie que l'attention de l'âme-personnalité intégrée se tourne vers le plan astral et le mirage particulier et non vers le corps astral de l'aspirant qui cherche à accomplir le travail. C'est là une déclaration d'importance majeure, car, en détruisant le genre particulier de mirage qui le concerne, l'aspirant ou le disciple commence à détruire la part qu'il en a, ce qui en lui le met en contact avec le mirage, et, en même temps, il se prépare à un service de groupe dans la même direction, ce qui ne sera pas une tâche facile.