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PREMIERE SECTION L’ASPIRANT ET LES MYSTERES DE L’INITIATION - Partie 1

PREMIERE SECTION

L'ASPIRANT ET LES MYSTERES DE L'INITIATION

Abordons maintenant le premier point de cette section, et voyons ce que signifient véritablement les mots rebattus : "porte de l'initiation" et ce qui constitue la différence entre la porte qui est devant le disciple et celle qui est devant le Maître.

L'entrée des deux Portes de l'Initiation

Naturellement, il est évident pour vous que l'emploi du mot "porte" est purement symbolique. L'interprétation qu'en ont l'étudiant ordinaire de l'ésotérisme et le théosophe orthodoxe est celle d'un point d'entrée, signifiant pour eux la possibilité de passer à une expérience nouvelle et à une révélation nouvelle – ceci étant considéré par eux, en grande partie, comme la juste récompense de la discipline et de l'aspiration. Ceci est une interprétation reposant largement sur des pensées se réduisant à des souhaits, et elle est d'importance tout à fait secondaire.

La Porte de l'Initiation

Le vrai sens sous-jacent à l'expression "porte de l'initiation" est celui d'une obstruction, de quelque chose qui doit être ouvert, de quelque chose qui cache à l'aspirant son objectif ou s'interpose entre lui et cet objectif. Ceci est une signification beaucoup plus exacte, et [348] beaucoup plus utile à saisir par l'aspirant. L'image d'un homme suivant le Sentier de l'Évolution jusqu'à ce qu'un jour il se trouve soudain devant une porte ouverte, par laquelle il peut passer joyeusement, n'a pas la moindre ressemblance avec la vérité. L'idée qu'un homme de disposition agréable, ayant acquis certaines qualités de caractère, comme celles décrites dans des livres tels que ceux d'Annie Besant, qui conditionnent les aspirants théosophes, cette idée, dis-je, est extrêmement trompeuse. Ces livres sont très utiles et doivent être étudiés soigneusement par l'homme sur le sentier de Probation, mais ils ne sont pas aussi utiles au disciple, car ils le conduisent à mettre l'accent dans la mauvaise direction, et à se focaliser sur ce qui aurait déjà dû être acquis. Naturellement, les qualités de caractère doivent exister et être considérées comme stables, dans le bagage de l'homme ; ces caractéristiques, néanmoins, n'ont que peu de rapport avec l'initiation et le passage de la "porte" sur le Sentier. Elles indiquent le point atteint sur le Sentier de l'Évolution, à la suite de l'expérimentation, de l'expérience et de l'expression continue, et devraient être partagées par tous les aspirants qui ont atteint le moment où ils se trouvent devant le discipulat ; il s'agit de faits inévitables qui indiquent simplement la réaction de la personnalité au temps et à l'expérience. Il est éternellement vrai que personne ne peut passer par cette porte à moins d'avoir acquis ces qualités de caractère ; ceci est dû à ce que l'aspirant a progressé, atteint un certain stade de développement, et qu'il a maintenant automatiquement une certaine mesure de contrôle de soi, de compréhension mentale et de pureté.

Je voudrais signaler aussi que même le magicien noir possède ces qualités, car elles sont la condition indispensable de l'art de la magie, noire ou blanche. Le magicien noir passe par la porte de l'initiation lorsqu'elle s'ouvre deux fois pour les deux premières initiations. Il y passe par la force de sa volonté, par ce qu'il a accompli dans le domaine du caractère, et du fait que l'aspect conscience de groupe de l'âme est actif chez lui comme chez son frère cherchant à s'affilier à la Grande Loge Blanche. L'aspect amour, néanmoins, est absent chez le magicien noir. N'oubliez pas que tout est énergie et qu'il n'y a rien d'autre. Il [349] partage avec l'aspirant spirituel l'énergie qui est un aspect de l'âme et que nous appelons attraction magnétique (qualité de construction de groupe). Il a essentiellement la conscience de groupe, et bien que ses motifs soient séparatifs, ses méthodes sont celles du groupe, et il ne peut les obtenir que de l'âme.

Voici encore une autre raison pour laquelle la première et la deuxième initiation ne sont pas considérées par la Loge des Maîtres, comme des initiations majeures. Seulement la troisième initiation est telle car, lors de cette initiation, toute la vie de la personnalité est inondée d'énergie venant de la Triade spirituelle, via les "pétales de sacrifice" de l'aspect volonté et dessein de l'âme. Le magicien noir n'est pas réceptif à ce genre d'énergie. Il peut recevoir et il reçoit en effet la connaissance très ancienne et durement acquise, accumulée dans les "pétales de connaissance" de l'âme. Il peut s'approprier et utiliser l'énergie d'attraction (faussement appelée amour par certains étudiants) accumulée dans les "pétales d'amour" de l'âme, mais il ne peut pas réagir à l'énergie de l'amour divin et utiliser cette énergie, manifestant dans le Plan divin qui domine toute connaissance et la convertit en sagesse, qui anime et clarifie le motif mettant en action l'attraction magnétique aimante que nous appelons la vraie conscience et la vraie cohésion de groupe. C'est à ce point-là que les deux voies – celle de l'obscurité et celle de la lumière – divergent largement. Avant la troisième initiation, le mirage peut influencer l'attitude de ceux qui cherchent à comprendre la vie de l'homme sur le Sentier, et ils peuvent prendre le faux pour le réel. Le magicien noir mène une vie disciplinée, analogue à celle de l'aspirant spirituel ; il pratique la pureté pour sa propre sauvegarde et non pour devenir un canal d'énergie et de lumière ; il travaille avec le pouvoir (le pouvoir de l'attraction magnétique) dans des groupes et avec des groupes, mais il le fait pour satisfaire ses buts égoïstes et ses desseins personnels ambitieux. À la troisième initiation, survient pour le vrai initié spirituel la révélation qui est la récompense de la persévérance et de la pureté ayant un motif juste, la révélation du dessein divin, tel que l'enregistre l'âme en termes du plan hiérarchique, [350] bien que pas encore dans les termes de la Monade. À ce dessein et à la Volonté aimante de Dieu (pour employer une expression chrétienne rebattue), le frère noir ne peut pas répondre ; ses buts sont différents. Vous avez ici le sens véritable de l'expression souvent utilisée et souvent mal comprise de la "bifurcation des chemins".

Toutefois les deux groupes d'aspirants (noir et blanc) parviennent devant la porte de l'initiation et prennent les mesures nécessaires pour l'ouvrir, en des circonstances semblables. Tous deux surmontent le mirage après la deuxième initiation, et voient clairement le chemin qui s'ouvre devant eux ; mais leurs buts se révèlent être très différents. L'un suit le large chemin qui conduit toujours plus loin dans la matière et le matérialisme, dans l'obscurité et dans le "pouvoir noir" ; l'autre va directement au chemin, étroit comme le fil du rasoir, qui conduit à la lumière et la vie. L'un des groupes ne s'est jamais libéré des principes qui gouvernaient le premier système solaire. C'étaient des principes entièrement reliés à la matière et à la substance. En ce temps-là et pendant cette période (si lointaine que le nombre d'années nous en séparant ne pourrait être indiqué qu'en chiffres supra- astronomiques), c'étaient les facteurs conditionnant l'initiation de l'époque. Certains êtres humains d'alors furent si totalement conditionnés par ces principes matériels et délibérément si peu prêts à passer à la compréhension d'un autre ensemble de principes (exprimant mieux la nature divine), qu'ils s'en tinrent à leur "dessein matériel fixe et égoïste" et conçurent intelligemment un plan de formation de la volonté divine. Vous avez là une indication quant à la nature du mal, et la clé d'une partie (mais seulement d'une partie) du mystère à observer dans l'affirmation que le mal et le bien sont l'endroit et l'envers de la même et unique réalité, et que le mal est le bien que nous aurions dû abandonner pour passer à un bien, plus grand et plus inclusif. N'oubliez pas que les magiciens noirs d'aujourd'hui étaient les initiés d'un précédent système solaire. Quand la porte de l'initiation est prête à s'ouvrir pour la troisième fois, la bifurcation des chemins survient. Certains suivent l'intention égoïste et la détermination fixe de s'en tenir à la condition séparative de la matière ; sur d'autres, la volonté divine s'imprime clairement et devient [351] le pouvoir qui motive leur vie. C'est selon les instructions de la Grande Loge Blanche de Sirius que cette porte reste close la troisième fois, pour les frères noirs. Le mal, tel que nous l'entendons, n'a absolument aucune place sur Sirius.

Pour le magicien noir, lors de cette troisième possibilité, la porte de l'initiation offre un obstacle et une barrière insurmontable ; pour le vrai néophyte spirituel, la porte signifie quelque chose à "surmonter". Nous n'examinerons pas davantage la manière dont les frères noirs abordent cette porte, mais nous nous en tiendrons à l'examen des initiations de la Grande Loge Blanche.

Cette porte de l'initiation est en rapport avec le grand problème qu'H.P.B. appelle "le mystère de l'électricité". La porte est elle-même un phénomène électrique. Ayant dit ceci, même si vous ne comprenez pas ce que je veux dire, vous pouvez néanmoins saisir la possibilité que, étant de nature électrique, elle puisse facilement présenter une force d'obstruction, une énergie repoussant l'aspirant qui s'approche – c'est la manière correcte d'envisager cette question. C'est seulement quand se synchronisent et vibrent à l'unisson l'énergie électrique constituant la porte et l'énergie dont l'homme est construit, que l'aspirant peut passer par cette porte et entrer dans une plus grande lumière. Ceci vous donne une notion un peu nouvelle et abstruse de l'initiation. Néanmoins, à mesure que la science parviendra à une meilleure compréhension de l'être humain en tant qu'unité électrique de pouvoir et de lumière, et de son mécanisme triple fait de trois aspects de l'électricité, il surviendra une conception plus vraie de la signification de l'initiation. Les trois feux, dont toutes les choses sont faites, sont de nature électrique et – en termes symboliques – c'est seulement quand le "feu par friction" est dominé par le "feu solaire" que les quatre premières initiations peuvent être prises, le point culminant étant la cinquième initiation où ces deux feux sont subordonnés au "feu électrique" émanant de la Monade et apportant une nouvelle révélation. Ce processus monadique commence à la troisième initiation. On pourrait ajouter que la troisième initiation (qui atteint son apogée à la Transfiguration) est prise sur les trois niveaux supérieurs du plan mental, et que c'est donc sur le quatrième niveau du plan mental que l'aspirant se trouve tout d'abord devant la porte, cherchant l'initiation. Cette unité d'électricité ou phénomène [352] électrique que nous appelons le quatrième règne de la nature, sur ce quatrième sous-plan du plan mental, "rejette" ésotériquement l'unité d'électricité qui est prête à être absorbée par la forme supérieure d'électricité. Le feu par friction meurt, le feu solaire prend sa place et la relation entre les deux formes les plus élevées d'électricité s'établit.

C'est le feu solaire qui forme et aussi garde la porte de l'initiation pour les quatre premières initiations. C'est le feu électrique qui forme la porte de l'initiation pour les initiations qui gardent la Voie de l'Évolution supérieure.

Il y a quatre types de feu par friction qui créent la "porte d'obstruction", à l'unisson du feu solaire dont, essentiellement, elle est constituée. Ce sont :

1. L'énergie électrique, composée de deux forces d'électricité : la force innée, inerte, latente des atomes du plan physique du véhicule physique dense, et la force que nous appelons prana qui est un aspect de l'énergie composant le corps éthérique. Ces deux forces se mêlent, se combinent et forment la "porte" par laquelle l'homme spirituel doit passer lorsqu'il prend la première initiation. Cette énergie de provocation met à l'épreuve tous ses moyens physiques et – lorsqu'il surmonte cette épreuve – la porte s'ouvre, les énergies antagonistes "meurent" symboliquement, et il peut entrer sur le Sentier de l'Initiation, libéré de ce genre d'obstruction. Le corps physique ne le domine plus, soit par ses limitations et ses défauts, soit par les disciplines physiques qui jusque là ont été nécessaires, mais ne le sont plus.

2. Il se trouve ensuite confronté à l'énergie électrique du plan astral ou émotionnel, lorsqu'il se prépare à la deuxième initiation. Vous pouvez considérer cette énergie comme la somme de tous les mirages. Le mirage est essentiellement une forme d'énergie illusoire, trompeuse et déroutante qui cherche à détourner et à égarer le néophyte ; elle est attirée à lui par des habitudes anciennes et des sujétions du passé. Il est donc responsable de l'impact de cette énergie. Ce genre d'énergie prend forme, et la masse des formes de ces mirages constitue la porte qui [353] s'oppose au passage de l'aspirant à la phase suivante du Sentier. Il doit venir à bout de cette énergie électrique avant de pouvoir prendre la deuxième initiation. Ces énergies particulières ne sont pas des formes pensées ; elles vont à la dérive, sont mal définies et fluides. L'eau est le symbole de ce genre d'énergie, et c'est l'une des raisons qui font que la deuxième initiation est appelée initiation du Baptême, ou initiation de "l'entrée dans le courant".

3. L'énergie électrique du mental crée maintenant la porte conduisant à la troisième initiation, et l'obstruction à laquelle l'initié est confronté est celle de fantaisies électriques issues de sa propre pensée brillant d'une lumière qui leur est propre (car elles sont du genre et de l'ordre le plus élevé), mais voilant la lumière pure qui brille derrière elles. Elles constituent la totalité de l'illusion. Cette "porte" est formée par la réunion des trois types d'énergie : le feu par friction, le feu solaire (en pleine force à la troisième initiation) et le feu électrique venant de la Triade spirituelle, qui exerce son premier impact sur les deux autres feux, car tous trois sont pleinement actifs lors de cette crise initiatique. Tous sont localisés et concentrés dans ce symbole de progrès, "la porte de l'initiation".

Vous devriez comprendre de plus en plus clairement pourquoi l'initié est toujours représenté comme celui qui travaille avec les forces et les énergies de la planète et du système. Pour lui, il n'y a rien d'autre.

4. Le quatrième type de "feu par friction" auquel l'initié est confronté lorsqu'il se tient prêt à l'initiation que nous appelons la Grande Renonciation, est l'énergie électrique de la personnalité intégrée tout entière. Ce qui est le produit de toutes les incarnations – la personnalité hautement développée, puissante, à "la vision claire" – est l'événement final qui présente l'ultime grande obstruction.

Dans l'Évangile, il y a deux épisodes majeurs de la vie du Maître Jésus qui jettent quelque lumière sur ce quatrième passage par la porte de l'Initiation : la Transfiguration et la Crucifixion. Dans les deux cas les trois aspects de la personnalité sont symbolisés par les trois apôtres qui, désorientés et pleins de profonde humilité, prirent part à la [354] troisième initiation, la Transfiguration. Dans le second cas, les trois aspects étaient représentés par les trois Croix – les deux voleurs et le Maître au centre. La différence, à la quatrième initiation, est nette – elle tient dans le fait que les quatre aspects de la personnalité y sont impliqués (en comptant le corps physique dense comme un aspect et le véhicule éthérique comme un deuxième aspect du corps physique dense) car cette quatrième émanation du feu par friction a un effet puissant et destructeur sur le corps physique dense. La Grande Renonciation implique le rejet de la vie physique à tout prix, et ce prix implique souvent sa mort physique.

La Grande Renonciation ou quatrième initiation a donc deux aspects : les implications extérieures ou événement objectif aux yeux de l'observateur sur le plan physique, et l'aspect subjectif, représenté symboliquement par les trois Croix, et ceux qui y étaient crucifiés.

Les implications qui se dégagent de ce symbolisme ne sont pas faciles à voir, même lorsque le sens superficiel apparaît, car le sens superficiel cache et voile la réalité universelle. Le Maître Jésus passa par la porte de la quatrième initiation et surmonta les derniers obstacles que sa personnalité devenue parfaite présentait. Il mourut sur la Croix. Les quatre aspects de sa personnalité participèrent à l'événement, et tous quatre obstruèrent électriquement son passage par la porte, allant même jusqu'à être totalement détruits – et apportant une libération ultime. Quelque chose d'universel fut aussi symbolisé, qui n'avait rien à voir avec le Maître Jésus Initié.

Ce symbolisme et sa signification sont liés aux trois Croix qui se dressaient côte à côte, et à la relation qui existait entre ceux qui y étaient crucifiés. Ces trois personnes représentent l'humanité elle-même et la relient à la Hiérarchie ; cet événement est parallèle à celui que nous avons déjà examiné – l'initiation du Maître Jésus. Dans la Crucifixion, ce quatrième passage par la porte de l'initiation, et dans la mise en scène de cet événement, deux grandes individualités différentes sont impliquées – le Maître Jésus et le Sauveur du Monde, le Christ. Deux événements [355] majeurs sont indiqués ; l'Église chrétienne a confondu les deux et les a reliés tous deux, sans distinction, au Maître Jésus. Cependant, l'un d'eux était un fait hiérarchique, et l'autre une grande crise humaine ; l'un était l'entrée d'un initié dans les Mystères de la mort, processus impliquant les quatre aspects de sa nature ; l'autre était une représentation dramatique, destinée à l'humanité, des trois groupes existant dans la famille humaine :

1. L'homme non régénéré représenté par le voleur impénitent.

2. L'aspirant qui lutte, se dirigeant consciemment vers la libération, symbolisé à nos yeux par le voleur repentant.

3. La Hiérarchie, composée de tous ceux qui sont parvenus à la libération par le moyen de l'expérience humaine, nous donnant ainsi la garantie de la réussite.

Les étudiants feraient bien de garder présents à l'esprit, clairs et distincts, ces quatre images et ces trois symboles, car la réalisation individuelle et les possibilités de groupe y sont toutes deux impliquées ; chacune, néanmoins, est distincte. Dans l'un des cas, le Maître Jésus est le participant, dans l'autre qui est un événement plus ésotérique, c'est celui qui l'adombre, le Christ. C'est le Maître Jésus qui "mourut" et fut mis dans la tombe, atteignant le point culminant de sa longue série d'incarnations et mettant fin – par la destruction – à l'emprise de la matière sur l'esprit. Il passa par la tombe pour entrer dans la Hiérarchie, et la destinée de l'Église chrétienne lui fut confiée – cette destinée est toujours entre ses mains. Mais, dans l'Évangile, c'est le Christ qui apparaît après la résurrection, et non le Maître Jésus, sauf pendant un court épisode où il apparut à Marie qui pleurait à la porte du sépulcre. Les autres épisodes sont des implications universelles, tels que les indique :

1. Le Christ, marchant sur la route d'Emmaüs avec les deux disciples, symboles du dualisme essentiel de l'esprit et de la matière tels qu'ils sont incarnés chez un Sauveur du monde.

2. Le Christ apparaissant à ses disciples dans la chambre haute [356] symbolisant le zodiaque, car Judas Iscariote était là et représentait le signe gouvernant de l'époque, les onze autres disciples représentaient les autres signes dans lesquels le soleil doit passer.

3. La Pentecôte. Cet événement ne décrit pas le triomphe du christianisme orthodoxe (comme les théologiens le croient et l'enseignent) mais il signifie la dissémination universelle de la conscience christique, dans tous les temps, dans le cœur de tout être humain ; en témoignent les paroles et la promesse : "Voici, je suis avec vous tous les Jours jusqu'à la fin du monde."

C'est à cause de la signification profondément ésotérique de la Résurrection et de l'Ascension, se référant à la conscience du Christ, qu'il nous est dit peu de chose sur ces initiations dans le Nouveau Testament, sauf de vagues généralités contrairement à l'abondance de détails donnés au sujet des quatre autres initiations. Quatre de ces initiations sont liées à la "porte de l'initiation" dans son sens occulte interprétée à la manière qui nous est familière. Ces quatre initiations sont ainsi reliées au "feu par friction" dont cette porte est constituée, et qui se répand et crée le terrain ardent que l'initié doit traverser quatre fois, afin de "pénétrer par cette porte".

Les deux autres initiations (vaguement appelées Résurrection et Ascension) sont liées à ce qu'on appelle la deuxième "porte". Cette porte n'est pas une obstruction dans le même sens que la première ; elle ouvre la Voie de l'Évolution Supérieure. La première porte admet symboliquement l'initié dans le "cœur du Soleil", tandis que la deuxième porte – en un sens mystérieux – indique la route à suivre par l'initié libéré qui cherche à pénétrer dans le Soleil Spirituel Central – auquel conduisent finalement les Sept Sentiers.

La Porte de l'Évolution Supérieure

J'écris maintenant pour les initiés qui ont pris la troisième initiation, dont la personnalité est dominée par l'âme et qui "marchent [357] toujours dans la lumière". Il est donc évident que je pourrai dire ici relativement peu de chose qui soit compréhensible dans son véritable sens par ceux qui n'ont pas encore atteint ce stade. La clé de la compréhension consiste pour vous à saisir que nos sept plans ne sont que les sept sous-plans du plan cosmique physique, et que tout ce qui survient maintenant dans la vie de l'initié le libère simplement de l'expérience physique (techniquement physique même sur les plans atmique, monadique et logoïque), et le font entrer dans le tourbillon de force que nous connaissons et comprenons comme étant l'AMOUR, ou plan astral cosmique. La note, la qualité et l'influence du plan astral cosmique est l'amour – correspondance supérieure de l'émotion ressentie sur le plan astral de la manifestation planétaire ou solaire. Il y a donc lieu de se rendre compte que la Hiérarchie se trouve nettement sous l'impact d'énergies émanant du plan astral cosmique, tandis que Shamballa réagit à l'influence issue du plan mental cosmique. On voit donc le courant d'énergie reliant :

1. Le plan astral cosmique.

2. Le plan bouddhique solaire, reflété par notre plan bouddhique planétaire.

3. Le plan astral, le plan du mirage dans les trois mondes. Par rapport au mental, vous avez :

1. Le plan mental cosmique.

2. Le plan atmique solaire reflété par notre plan atmique planétaire.

3. Le plan mental, le plan de l'illusion.

En ce qui concerne les indications quant au mirage et à l'illusion (voir Le Mirage, problème mondial) il faut se souvenir que la raison pour laquelle le mirage prédomine et que l'illusion règne dans les trois mondes est le fait que les hommes s'identifient avec le cerveau physique dense, et interprètent la vie en termes d'expérience dans les trois mondes. Il n'y a pas de véritable plan astral, du point de vue de l'identification personnelle, mais seulement ce qu'on pourrait considérer comme des inventions dues à l'imagination. Cependant, de manière fondamentale, [358] et qui sous-tend ce que nous connaissons comme plan astral, il existe le reflet du principe cosmique d'amour. Mais, vu qu'il s'agit essentiellement d'un reflet, il n'a pas de réalité de base du point de vue du vrai disciple ; il doit être délibérément ignoré en tant qu'expression de la vérité fondamentale ; par ailleurs, le plan astral existe du point de vue du Maître, car c'est une expression de l'amour cosmique dans la substance cosmique physique dense. Sa puissance est néanmoins si grande qu'elle produit le mirage chez ceux qui ne sont pas encore libérés. Les étudiants devraient se souvenir que le pouvoir focalisé produit le mirage, lorsqu'est impliquée une identification fausse, mais seulement la réalité et la vérité pour ceux qui sont libérés de la vie dans la forme. Donc, temporairement, il n'y a pas de plan astral pour le disciple qui retire son identification. Il y a un champ de service pour le Maître qui n'a plus le pouvoir d'identifier sa conscience avec quoi que ce soit appartenant aux trois mondes ; Il peut, néanmoins, relier les sources cosmiques avec les expressions planétaire et solaire d'énergie.

En étudiant toute la question de l'initiation et des initiations avancées, il apparaîtra nécessaire de toujours se rappeler la relation de nos sept plans avec l'éventail des plans cosmiques. Il est nécessaire aussi de garder à l'esprit un fait souvent oublié, mais qui est connu et enseigné depuis que l'occultisme moderne a commencé à influencer la pensée humaine : les quatre plans qui correspondent aux influences spirituelles les plus hautes, en ce qui concerne l'humanité, ne sont – en dernière analyse – que les quatre sous-plans éthériques du plan physique cosmique. Les plans les plus élevés de notre vie planétaire sont donc la source de toute l'énergie et l'origine de toute l'activité de toute notre expression et de toute notre expérience planétaire. Ces quatre plans sont (comme vous le savez déjà) :

1. Le plan le plus élevé

 (Adi) Vie

Plan logoïque 1er aspect

Volonté

 

2. Le plan monadique

Monades humaines

Universel

2ème aspect

Amour

 

3. Le plan atmique

3ème aspect

Intelligence

4. Le plan bouddhique

Raison pure

Intuition

Ce plan bouddhique ou quatrième plan est une fusion des plans 2 et [359] 3, de l'amour et de l'intelligence, et produit la perception compréhensive et intuitive.

Donc, toutes les influences et toutes les énergies qui dominent notre existence planétaire se déversent par les quatre plans sus-mentionnés et les créent, déterminant ainsi le processus de l'évolution, à tel ou tel moment, dans les trois mondes. Du point de vue du Maître, ces quatre plans sont composés de forces fondamentalement réceptives aux énergies maniées par la Hiérarchie, dirigées par Shamballa et, finalement conditionnées par ces énergies. D'une manière particulière, et selon la loi des Correspondances, les trois plans inférieurs – mental, émotionnel et physique – constituent les trois sous-plans physiques denses du plan physique cosmique et, en conséquence, ne sont pas considérés comme incarnant des principes. H.P.B. dit, en ce qui concerne notre plan physique (le sous-plan le plus bas du plan physique cosmique), que ce n'est pas un principe, et ceci vaut aussi pour le plus grand tout. Le plan physique dense est de la matière conditionnée par un système solaire précédent, et sa réponse aux énergies éthériques est presque automatique ; celles-ci constituent le corps éthérique de toutes les formes créées à partir de cette "substance sans principe", son appellation occulte.

Les trois plans inférieurs de nos sept plans sont également, du point de vue de l'ésotériste, de la substance cosmique dense sans principe ; la marque du vrai initié est le transfert de sa vie et de son point d'identification, de la substance sans principe et des formes substantielles, à la substance douée de principe et aux formes éthériques. La tendance de l'étudiant de l'occultisme, à penser toujours en termes d'abstraction spirituelle, peut aller (et va souvent) à l'encontre de sa compréhension de la vérité, et offre à l'intelligence une image fausse. Les faits sur lesquels je viens d'insister ont beaucoup de rapports avec la nature des initiations supérieures. Je vous demande de vous en souvenir.

La troisième initiation libère donc l'initié des plans de la substance sans principe (les plans inférieurs du plan cosmique physique), tandis que les deux initiations suivantes lui permettent de travailler avec [360] intelligence et amour sur les deux niveaux inférieurs du plan éthérique cosmique – le plan bouddhique et le plan atmique, plan de l'amour spirituel et plan de la volonté intelligente. La Voie de l'Évolution Supérieure les fait passer par les plans monadique et éthérique (les deux niveaux supérieurs du plan physique cosmique). Quand les quatre plans du plan éthérique cosmique sont complètement maîtrisés, et sous direction occulte, l'initié se trouve devant les Sept Sentiers et doit choisir de parcourir l'un d'entre eux. Son choix dépend naturellement de décisions de rayon et de son activité passée, mais c'est néanmoins un choix libre, car toute limitation a été rejetée, toute identification fausse avec les formes physiques est maintenant impossible, et la seule limitation de l'initié est celle qu'impose l'entrée dans des niveaux de conscience cosmique avec lesquels il n'est pas encore familiarisé. Souvenez-vous donc toujours que la réalisation spirituelle la plus élevée sur les sept plans de notre vie planétaire reconnue, et en leur sein, est entièrement conditionnée par le fait que ce sont les sept sous-plans du plan physique cosmique et qu'ils sont composés des trois plans physiques denses (nos trois mondes de l'évolution humaine) et de quatre plans éthériques cosmiques (les quatre niveaux du prétendu développement spirituel). Ils sont conditionnés par trois forces et quatre énergies. J'ai insisté sur ce point par une répétition constante, à cause de la grande importance qu'aura la reconnaissance de ces faits sur la compréhension à laquelle vous pourrez parvenir, en ce qui concerne la Voie de l'Évolution Supérieure.

Lorsque le Maître a pris la cinquième initiation, il a, comme vous le savez, couvert et maîtrisé le champ ordinaire de l'évolution humaine. Cela désigne les trois mondes de l'expérience humaine ordinaire et les deux mondes de l'effort supra- humain, c'est-à-dire les cinq champs de l'activité spirituelle de l'homme. L'amour et l'intelligence sont maintenant parfaitement développés chez lui bien que leur expression et l'importance qu'Il leur donne puissent varier selon ses rayons. Il perçoit le fait de la Volonté ou premier aspect divin, avec ses deux caractéristiques (qui en voilent une troisième), la destruction et le dessein. Il devient [361] actif sur le second plan de notre vie planétaire, le plan monadique, et le grand centre de vie, Shamballa, a un net effet vibratoire sur lui. De plus (et ceci vous ne le comprendrez pas), Il devient sensible à une gamme d'énergies et d'influences qu'Il lui est maintenant possible d'enregistrer, grâce à sa polarisation monadique croissante et à son contact avec Shamballa.

Le plan astral cosmique devient, pour le Maître, un objectif précis. Il commence à développer une grande sensibilité à ce niveau de perception, mais la conscience de cela dans la vie planétaire – telle qu'Il la connaît – l'empêche d'enregistrer cette énergie de pur amour cosmique, comme Il le fera plus tard. C'est cette impression de limitation qui provoque sa reconnaissance de la Porte conduisant à l'Évolution Supérieure, car la cinquième et la sixième initiation apportent une libération qui lui permet d'accéder aux états de conscience atmique et monadique. À ce stade de développement, ces initiations sont pour l'initié, ce que la première et la deuxième initiation sont pour le disciple qui cherche à parcourir les stades initiaux du Sentier de l'Initiation. On pourrait donc les considérer comme des initiations du seuil ; l'une conduit à la perception des niveaux supérieurs du développement de la conscience, qu'inaugure la troisième initiation (la première initiation majeure) ; et l'autre conduit aux niveaux d'impression, de contact et de future ascension qui sont le but septuple placé devant le Maître quand la sixième initiation (la véritable ascension) est consommée.

C'est pour cette raison que cette initiation particulière est appelée initiation de la Décision. Le Maître choisit alors celui des sept Sentiers qu'Il suivra, car son expérience, s'étendant sur des ères entières, l'a rendu capable de choisir n'importe lequel d'entre eux et de savoir qu'il a judicieusement choisi. Bien que ces sept Sentiers, étant l'un des septénaires, soient nécessairement reliés aux sept rayons, ce ne sont pas des sentiers de rayon, et ils ne sont pas gouvernés par les sept rayons. N'importe lequel d'entre eux est ouvert au Maître de Sagesse, et son choix ne dépendra pas de son type de rayon, bien qu'Il tienne compte de ce facteur. Ils sont plus précisément reliés aux sept plans cosmiques qu'aux sept rayons. Nous examinerons cela davantage en détail quand nous traiterons du facteur des sept ashrams qui sont les "terrains d'épreuve" de tous les Maîtres, affrontant l'Initiation de la Décision. [362]

Les disciples s'intéressent davantage aux ashrams sous l'angle de leur propre développement ; ils ne sont pas portés à se souvenir que le progrès et le dessein de vie du Maître ne déterminent pas seulement le caractère de l'ashram, mais que son propre développement et ses décisions finales sont étroitement liés à l'ashram qu'Il gouverne. Il n'est pas facile aux étudiants de déplacer leur attention de la relation de l'ashram avec l'humanité tout entière, ou de se rendre compte que cette relation est secondaire pour le Maître dont la préoccupation principale est la réalisation des desseins de Sanat Kumara, et l'obtention de l'état d'Existence qui est la caractéristique de Shamballa. Les étudiants doivent se rappeler que l'une des phases de préparation au futur travail est celle qui succédera à l'Initiation de la Décision, et qu'elle dépend du type et de la qualité du Maître, ainsi que du service qu'Il rend lorsqu'Il modèle et gouverne son ashram. J'essaierai de développer cette question dans notre prochain chapitre. Il est utile, néanmoins, pour les aspirants au discipulat, et par-dessus tout pour ceux qui préparent une initiation et travaillent donc déjà dans un ashram, d'acquérir ce point de vue différent et de commencer à cultiver en eux-mêmes une sensibilité nouvelle à l'impression venant de plus haut que la Hiérarchie. Ceci implique chez eux un genre d'orientation nouveau et plus élevé ; bien que le but soit encore impossible à atteindre, l'effort du mental abstrait et de la perception intuitive pour saisir un concept entièrement nouveau et étranger, et y réfléchir a une nette valeur de développement. Ce processus supérieur de réflexion est, pour le disciple qui travaille dans un ashram, ce que l'aspiration est pour l'étudiant sur le Sentier de Probation et les premiers stades sur le Sentier du Disciple.

Dans ce dernier cas, le corps émotionnel de l'aspirant devient réceptif au principe de buddhi, qui l'atteint via les pétales d'amour du lotus égoïque ; dans la situation plus élevée, le disciple commence à percevoir (ce n'est rien de plus) la possibilité qu'une impression lui parvienne du plan astral cosmique, via les niveaux monadiques de conscience. Notez ce que je dis : rien de plus qu'une possibilité ; car, à ce [363] stade, il n'existe pas de reconnaissance sûre de cet objectif ; c'est une impression qui, pour le disciple se préparant à l'une des initiations supérieures, est ce qu'une théorie de l'occultisme est pour l'aspirant se situant à des niveaux très inférieurs. La seule manière de donner une idée, même très faible, des régions supérieures de la conscience de l'initié, est de faire référence à des capacités inférieures comprises, et de présenter des vérités indéfinissables en termes de ce qui a été défini et qui a (comparé à ces états supérieurs de conscience) la nature de pensées semence.

La nature de la conscience de Shamballa sera quelque peu saisie et se dégagera lorsque nous étudierons cette section-là de notre Traité, car les niveaux supérieurs du plan éthérique cosmique sont pénétrés d'énergies émanant des plans cosmiques, astral et mental. Ces énergies, dirigées et agissant par l'intermédiaire des grandes Vies formant le noyau permanent de la Chambre du Conseil de Shamballa, conditionnent véritablement tous les processus évolutifs des niveaux inférieurs, et sont le pouvoir moteur qui les motive et les relie.

Cependant, la vie et la conscience de la Hiérarchie sont très différentes de la vie et de la conscience de Ceux qui constituent le grand centre appelé Shamballa. Le développement de la sensibilité à une impression de plus en plus élevée, qui est le résultat de chaque stade du processus initiatique final, est la seule manière dont cette distinction et ce but se font jour. De même que ceux qui lisent et étudient ces idées sont préoccupés de concepts et de pensées totalement ignorés, entièrement inexplicables et quelquefois dépourvus de sens pour l'homme d'affaires ordinaire, de même il existe des gammes de pensées et de concepts éternels extraplanétaires qui sont également inconnus et temporairement inexplicables à l'initié qui travaille dans un ashram sous les ordres d'un Maître. Quand l'étudiant s'apercevra que la grande Unité universelle, qu'il associe à la conscience monadique, n'est que l'enregistrement d'impressions situées (donc limitées) et définies à l'intérieur des niveaux éthériques du plan physique cosmique, il pourra peut-être saisir les implications et la merveille qui seront révélées à l'initié capable de transcender tout le plan physique cosmique (nos sept [364] plans des mondes humain, supra- humain et divin) et de fonctionner sur un autre niveau cosmique. C'est en foulant la Voie de l'Évolution Supérieure que le Maître y parvient finalement.

Un fait intéressant se dégage de tout ce travail comparatif et de ce mode d'enseignement analogique : c'est que le mot "spirituel" ne se rapporte ni à des questions religieuses (prétendues telles) ni au Sentier du Disciple, ni au Sentier des Initiations majeures, mais aux relations qui existent sur chaque niveau du plan physique cosmique, du plus bas au plus élevé. Le mot "spirituel" se rapporte à des attitudes, à des relations, au mouvement en avant, allant d'un niveau de conscience (si bas soit-il du point de vue d'un plan supérieur de contact) au niveau suivant. Il se rapporte à la faculté de voir la vision, même si cette vision est matérialiste, vue sous l'angle de la perception supérieure de ce qui est possible ; le mot "spirituel" se rapporte à tous les effets du processus évolutif poussant l'homme en avant, d'un domaine de sensibilité et de réceptivité à l'impression, à un autre domaine ; il se rapporte à l'expansion de la conscience, de sorte que le développement des organes de la perception sensorielle, chez l'homme primitif ou chez le nourrisson qui s'éveille, est autant un fait spirituel que la participation à un processus initiatique. La transformation de l'homme prétendu irréligieux, en homme d'affaires solide et efficace, avec toute la perception et le bagage nécessaire au succès, est tout autant un développement spirituel – dans l'expérience de cet individu – que la prise d'une initiation par un disciple dans un ashram.

Supposer, comme le font les croyants orthodoxes, que le mot "spirituel" implique un intérêt profond et réel pour la religion orthodoxe n'est pas justifié par les faits de la vie spirituelle. Un jour, quand le monde sera de plus en plus guidé par ses initiés, cette supposition erronée sera écartée, et on s'apercevra que toute activité faisant progresser l'homme vers quelque forme de développement (physique, émotionnel, intuitionnel, etc.) est essentiellement de nature spirituelle et indique la vitalité de l'entité divine intérieure. [365]

J'ai cru nécessaire de le signaler, car il va devenir évident, à mesure que nous lirons et étudierons cette section du Traité, que le Maître – avançant dans des zones supérieures d'impressionnabilité – ne pourra pas exprimer, et fréquemment n'exprimera pas ce développement en termes actuellement considérés comme "spirituels" par les dévots et par l'homme habitué à la terminologie des gens d'église de toute croyance. Les découvertes de la science, mon frère, ou la production de quelque grand ouvrage littéraire ou artistique, sont tout autant des preuves de développement "spirituel" que les "rhapsodies" du mystique ou la perception par le prétendu occultiste d'un contact avec la Hiérarchie.

Il surviendra cependant un moment, dans l'expérience de tous ceux qui abordent la spiritualité selon une ligne spécialisée, où un lieu de rencontre apparaîtra, où un but commun sera reconnu unanimement, où l'unité essentielle se fera jour sous la diversité des formes, des méthodes et des techniques, et où les pèlerins venus de toutes les voies d'approche se rendront compte qu'ils forment un seul groupe témoignant du divin.

Un tel lieu de rencontre existe à la périphérie de la Hiérarchie pendant le stade précédant immédiatement l'acceptation dans un ashram. Il est intéressant de noter que – à l'échelle mondiale – l'humanité, le disciple mondial, est aujourd'hui au bord de cet éveil majeur et de l'enregistrement conjoint d'une unité non encore atteinte. La croissance de l'esprit d'internationalisme, l'inclusivité de l'attitude scientifique et la généralisation d'un mouvement humanitaire universel d'intérêt social, indiquent tous ce lieu de rencontre.

On entre (symboliquement) dans un autre lieu de rencontre du même genre et on l'enregistre, quand on prend la troisième initiation, et on en perçoit encore un autre au moment de la septième initiation. Tous enregistrent le développement de la conscience de groupe, en même temps que la reconnaissance de l'initié, quant à ce qui se produit dans l'aspect conscience de l'humanité. [366]

La porte conduisant à la Voie de l'Évolution Supérieure permet simplement à l'initié très sensible de pénétrer dans des "sphères d'intimité" (ainsi appelées parfois) qui ont des implications cosmiques et des effets planétaires et qui donnent à l'initié ce que l'on appelle "la clé du Soleil" – conditionnant le système solaire – de même que l'initiation donne à l'aspirant la "clé du royaume de Dieu".

Dans les pages précédentes, nous avons traité de questions profondes, et nous avons abordé des sujets trop élevés pour qu'ils puissent être compris de l'étudiant moyen ou du disciple en probation. Des reconnaissances confuses, basées sur des acceptations passées, sont néanmoins possibles pour certains d'entre vous. Nous avons vu, parmi d'autres choses, que la prétendue "porte de l'initiation" présente des obstacles dont le but est de barrer l'entrée et de faire surgir la volonté latente du postulant ; l'initié est celui qui réussit à pénétrer de l'autre côté de la porte, où la reconnaissance l'attend. Nous allons maintenant nous occuper du thème fondamental de l'ashram lui-même.

L'Entrée dans un Ashram

Ce thème a nécessairement un grand intérêt pour tous les aspirants et futurs disciples, mais je ne vais pas traiter, tout d'abord, la question du point de vue de l'humanité et de ses efforts pour établir le contact avec l'ashram. Je désire parler de l'ashram dans son ensemble, constitué de nombreux ashrams, et créant une "zone d'invocation" de relation pour le Chef suprême de l'ashram, Sanat Kumara, le Seigneur du Monde. Je ne souhaite pas discuter de cette Vie dirigeante de notre planète. Pour un Être encore plus grand, Celui que j'ai cité ailleurs comme étant "Celui dont rien ne peut être dit", il est ce que le véhicule d'un Maître en incarnation physique est pour lui, et, de manière moins [367] exacte, ce que votre personnalité est pour vous ; c'est l'expression de l'âme ou de la Monade quand le disciple a atteint la conscience de l'initié. Les qualités, l'amour et le dessein d'une Entité suprême, désignée dans le Nouveau Testament comme "le Dieu Inconnu", sont focalisés dans Sanat Kumara. Une certaine appréciation des développements qui attendent l'humanité pénétrera dans la conscience humaine quand :

1. Le fait de la Hiérarchie,

2. La nature de sa relation avec Shamballa,

3. La nature spirituelle de Ceux qui répondent, en une obéissance respectueuse, au moindre souhait du Seigneur du Monde, feront partie des vérités acceptées comme bases de la vie humaine. Ceci se produira après l'extériorisation de la Hiérarchie.

Ce Seigneur du Monde est le seul dépositaire de la volonté et du dessein de Celui dont il est une expression. Encore une fois, vous pouvez comprendre cela comme évoquant la relation semblable avec le "Dieu Inconnu", de même que votre personnalité – quand elle exprime correctement l'âme et plus tard la Monade – conditionne votre perception, votre connaissance, vos plans et votre dessein, gouverne la qualité de votre vie, et dirige l'énergie que vous exprimez.

Son véhicule de manifestation est la planète avec ses sept centres, dont trois seulement sont déjà reconnus par l'étudiant de l'occultisme : Shamballa, son centre de la tête, la Hiérarchie, son centre du cœur, et l'humanité, son centre de la gorge. Les quatre autres centres concernent des évolutions qui sont atteintes, gouvernées et reliées par l'un ou l'autre de ces trois centres majeurs. Le plexus solaire est dominé par la Hiérarchie, le centre du cœur de Sanat Kumara, et a une relation étroite avec l'évolution des dévas à laquelle j'ai fait allusion dans le Traité sur le Feu Cosmique. On comprendra l'immensité de la question, du fait que j'utilise les mots "donner des indications" pour désigner ce que j'ai précédemment écrit sur ce sujet.

Le centre que nous appelons Shamballa gouverne le centre mystérieux qui est la correspondance du "centre se trouvant à la base de l'épine dorsale", ceci est le nom inadéquat que nous donnons au réservoir de feu triple, latent, en repos, situé à la base de la colonne vertébrale humaine ; il est totalement inactif, sauf chez les personnes [368] ayant pris la troisième initiation. Le centre planétaire est en relation avec les trois feux (le feu électrique, le feu solaire et le feu par friction) qui sont la source de la vie, de la chaleur, de l'humidité et de la croissance de toutes les formes existant sur la planète. Il peut vous sembler curieux et inexplicable que le centre de créativité soit affecté, j'allais dire protégé, par le "centre que nous appelons la race des hommes". C'est à ce fait que se rapporte la référence que font les livres occultes sérieux à l'avenir de l'humanité, comme étant le Sauveur de tous les règnes subhumains.

Le centre ajna du Seigneur du Monde commence tout juste à s'exprimer de manière perceptible, par l'intermédiaire du Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde. Ce groupe intermédiaire – entre la Hiérarchie et l'humanité – est porteur de l'énergie qui rend le Plan possible, Plan dont la Hiérarchie a la garde. Le Plan met en œuvre le Dessein et, plus tard, lorsque le Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde sera organisé et reconnu comme un organisme vivant, il recevra véritablement l'énergie de Shamballa, directement via la Hiérarchie. Ce renseignement est, je m'en rends compte, de peu d'importance immédiate pour vous, mais – vers la fin du siècle – on s'apercevra qu'il explique beaucoup de choses.

Bien que le Christ soit le Chef de la Hiérarchie, celle-ci constitue véritablement l'ashram de Sanat Kumara, l'Ancien des Jours. Le Christ (j'emploie l'une de ses appellations officielles) est en vérité le Maître de tous les Maîtres et le Coordinateur de la totalité de la vie de ce grand ashram, avec deux autres Personnalités hiérarchiques, le Manu et le Mahachohan. Les renseignements que j'ai donnés, quant à la constitution de la Hiérarchie, dans Initiation Humaine et Solaire, vont dans le même sens. La Hiérarchie est l'ashram de Sanat Kumara, mais Il a délégué son autorité, au cours des âges, à Ceux qui ont été successivement les Sauveurs du Monde ; dans chaque cas, l'expression de leur vie incarnait le but de la période pendant laquelle Ils occupaient ce poste.

Dans les premiers temps de la Hiérarchie, il y a des millénaires, ni les Chefs officiels de la Hiérarchie, ni les Maîtres n'avaient atteint l'envergure qu'Ils ont aujourd'hui. S'il en avait été ainsi, Ils auraient été [369] trop éloignés de la vie effective du cycle, et donc inutiles pour le cycle de vie divine qui existait alors. La croissance de l'humanité et son état d'évolution, par rapport à l'homme primitif, s'observe dans la qualité de la Hiérarchie d'aujourd'hui, produite par l'humanité ; cette dernière compte sur Elle pour être guidée et instruite. Ceci est un point intéressant que j'offre à votre réflexion. N'oubliez jamais, mes frères, que puisque l'humanité a fourni les membres de la Hiérarchie – y compris le Christ, le premier de notre humanité à atteindre la divinité – nous avons là la garantie et l'assurance de la réussite ultime de l'humanité.

Les trois principaux Chefs de la Hiérarchie :

1. Le Christ, représentant le deuxième Rayon, celui d'Amour-Sagesse,

2. Le Manu, représentant le premier Rayon, celui de Volonté ou de Pouvoir,

3. Le Mahachohan, représentant le troisième Rayon, celui d'Intelligence active, sont responsables devant le Seigneur du Monde de la manière dont progressent la vie et l'impulsion qui conditionnent le processus évolutif. J'énonce cette déclaration sans la définir davantage, car toute cette question est trop abstruse, et il faudrait un autre Traité, analogue à celui sur le Feu Cosmique, pour l'éclairer tant soit peu.

L'humanité ne pourra recevoir ce genre d'information que lorsque le premier Rayon, celui de Volonté ou de Pouvoir, sera devenu plus actif, ce qui surviendra quand le travail du deuxième Rayon, celui d'Amour-Sagesse, aura atteint son prochain point de crise cyclique. Ces points de crise d'un rayon indiquent toujours la réussite et ont en eux la qualité de la joie. L'humanité sera alors beaucoup plus débarrassée de l'esprit de séparation, et une certaine mesure de paix, d'unité et de coopération modèlera ses relations. Il y a un constant changement dans l'état de la conscience planétaire et, bien que cela soit mis en œuvre à partir de Shamballa, c'est produit par l'humanité elle-même ; cette conscience humaine en développement conduit finalement l'humanité à sortir du quatrième règne de la nature, et à entrer dans le cinquième, la hiérarchie des âmes, en même temps, elle élève le niveau de conscience des trois [370] règnes subhumains. Cette série d'événements demeurera pendant longtemps inexplicable pour l'homme, bien que l'on puisse en constater les résultats dans l'effet qu'a eu l'humanité sur le règne animal par la domestication, sur le règne végétal par la spécialisation et la science, sur le règne minéral par l'utilisation experte des métaux et la vaste utilisation des produits minéraux de la terre.

Il faut se rappeler que la Chambre du Conseil du Seigneur à Shamballa est une unité, mais que la Hiérarchie est une différenciation de cette unité fondamentale en sept ashrams majeurs et en quarante-neuf ashrams qui se forment progressivement. La Hiérarchie est cependant une unité en elle-même, car la vie ashramique tout entière est protégée par un cercle infranchissable, créé par sa radiation ; les sept et les quarante-neuf ashrams sont liés ensemble par l'échange magnétique existant au sein du tout. C'est cette radiation qui affecte les aspirants avancés, les incite progressivement à entrer en relation avec elle et les attire finalement dans son champ magnétique. Ceci est facilité par la clarté de perception, l'intensification de la vitalité chez l'aspirant correctement orienté. Je préfère le terme de "vitalité" à celui de "vibration", si largement utilisé en occultisme moderne.

Il y a donc un influx double dans l'ashram de Sanat Kumara, gouverné par les trois chefs hiérarchiques :

1. L'influx issu de Shamballa même. Il s'agit d'un flux d'énergie dynamique de vie, ou de ce qu'on pourrait appeler une "illumination libérée de toute entrave" ; celle-ci imprime le dessein ou la volonté du Seigneur du Monde sur la Hiérarchie unie, d'une manière incompréhensible pour vous ; elle crée aussi une impulsion magnétique dynamique qui permet aux initiés de haut rang, par le moyen de l'ashram d'organiser le Plan et de le mettre en mouvement, afin que le Dessein se matérialise progressivement sur terre. Du fait que les initiés de haut rang, allant du Christ aux initiés de la quatrième initiation, sont conscients de l'Éternel Présent, de manière diverse (selon le rayon), et qu'ils peuvent travailler affranchis de la contrainte du temps, Ils [371] peuvent voir ce Dessein imprimé comme un ensemble plus complet que ne peuvent le faire les initiés de moindre degré et de moindre développement. C'est cette capacité qui les rend responsables devant Shamballa, où la volonté vivante du "Dieu Inconnu" (pour une période d'un cycle de vie) est vue dans sa totalité et existe déjà. La Hiérarchie, néanmoins, est handicapée dans son activité par le sens du temps et la focalisation matérialiste du "centre que nous appelons la race des hommes".

2. L'influx issu de l'humanité. Il y a un flux constant et croissant d'énergie humaine réorienté qui pénètre à l'intérieur de la périphérie de radiation. Cette énergie pénétrante, mise en œuvre par le disciple et l'aspirant en tant qu'individus, est celle de l'activité intelligente et – si peu que vous ayez pu vous en rendre compte – c'est cet influx constant qui facilite l'application intelligente du Plan aux affaires humaines. La science de l'Impression, qui gouverne la technique de Shamballa fonctionne par l'intermédiaire de trois centres différents et de trois manières différentes :

a. Shamballa impression dynamique.

b. Hiérarchie télépathie magnétique.

c. humanité sensibilité radiante.

Cependant, ces trois facteurs ne sont que des manifestations de la volonté de Dieu telle qu'elle se fait sentir dans les activités de ses trois centres majeurs.