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PREMIERE SECTION L’ASPIRANT ET LES MYSTERES DE L’INITIATION - Partie 6

Le plan mental qui doit être franchi est comme un grand courant de conscience ou de substance consciente, et l'antahkarana doit être construit par-dessus ce courant. C'est ce concept qui sous-tend cet enseignement et le symbolisme du Sentier. Avant que l'homme ne puisse fouler le Sentier, il doit lui-même devenir le Sentier. Il doit construire ce pont en arc-en-ciel, cette Voie Illuminée dans la substance de sa propre vie. [465] Il le tisse et l'ancre, comme une araignée tisse un fil le long duquel elle peut passer. Chacun de ses trois aspects divins participent à ce pont, et le moment de sa construction est indiqué par le fait que sa nature inférieure :

1. S'oriente, se règle et devient créatrice.

2. Réagit au contact et à la domination de l'âme et les reconnaît.

3. Est sensible à la première impression de la Monade. Cette sensibilité est indiquée par :

a. La soumission à la "volonté de Dieu", ou au grand Tout.

b. Le développement de la volonté spirituelle intérieure surmontant tous les obstacles.

c. La coopération avec le dessein de la Hiérarchie interprétant la volonté de Dieu et l'exprimant par l'amour.

J'ai énuméré ces trois réponses à la totalité des aspects divins car elles sont reliées à l'antahkarana et doivent petit à petit être précisées et conditionnées sur le plan mental. C'est là qu'on les trouve s'exprimant dans la substance :

1. Le mental inférieur concret.

Le sens commun réceptif.

L'aspect le plus élevé de la nature de la forme. Le reflet d'atma, la volonté spirituelle.

Le centre de la gorge. La connaissance.

2. Le mental individualisé.

L'âme ou égo spirituel.

Le principe médian. Buddhi-manas.

Le reflet de la Monade dans la substance mentale. L'amour-sagesse spirituel.

Le centre du cœur. L'amour.

3. Le mental supérieur abstrait.

Le transmetteur de buddhi. Le reflet de la nature divine.

L'amour intuitif, la compréhension, l'inclusivité. Le centre de la tête.

Le sacrifice. [466]

Il existe nécessairement d'autres présentations de ces aspects dans la manifestation, mais ce qui précède servira à indiquer la relation Monade-âme- personnalité s'exprimant par certains points focalisés de pouvoir sur le plan mental. Néanmoins, dans l'humanité, la réalisation majeure à saisir au moment actuel de l'évolution humaine est le besoin de lier consciemment et effectivement la Triade spirituelle, l'âme sur son propre plan et la triple personnalité dans sa nature triple. Ceci par le travail créateur de la personnalité, le pouvoir magnétique de la Triade et l'activité consciente de l'âme, utilisant le fil triple.

Vous pouvez donc voir pourquoi les ésotéristes insistent tellement sur la fusion, l'unité, l'unification ; c'est seulement quand le disciple comprend cela intelligemment qu'il peut commencer à tisser les fils pour en faire un pont de lumière, qui devient finalement la Voie de Lumière qui le conduit vers les mondes supérieurs de l'existence. Il se libère ainsi des trois mondes. Dans notre cycle mondial c'est avant tout une question de fusion et d'expression, dans la pleine conscience de veille, de trois états majeurs de conscience :

1. Conscience de Shamballa.

Conscience de l'unité et du dessein de la Vie. Reconnaissance du Plan et coopération au Plan. Volonté. Direction. Unité.

Influence de la Triade.

2. Conscience hiérarchique.

Conscience du Soi, de l'âme.

Reconnaissance de la divinité et coopération avec elle. Amour. Attraction. Relation.

Influence de l'âme.

3. Conscience humaine.

Conscience de l'âme dans la forme. Reconnaissance de l'âme et coopération avec elle. Intelligence, Action, Expression.

L'influence de la personnalité consacrée. [467]

L'homme qui construit finalement l'antahkarana par-dessus le plan mental met en rapport ou relie ces trois aspects divins, de sorte que, petit à petit, à chaque initiation, ils sont de plus en plus fusionnés en une seule expression divine en pleine et radieuse manifestation. En d'autres termes, le disciple foule le sentier de retour, construit l'antahkarana, suit la Voie de Lumière et parvient à circuler librement sur le Sentier de la Vie.

L'un des points essentiels que les étudiants devraient saisir est le fait ésotérique que la construction de l'antahkarana s'effectue par le moyen d'un effort conscient au sein même de la conscience, et non simplement en s'efforçant d'être bon, d'exprimer la bonne volonté ou de manifester les qualités d'altruisme et de haute aspiration. Beaucoup d'ésotéristes semblent considérer que fouler le Sentier est un effort conscient pour surmonter la nature inférieure, exprimer la vie en termes de pensée et mode de vie justes, d'amour et de compréhension intelligente. C'est tout cela mais bien davantage encore. Un caractère vertueux et une bonne aspiration spirituelle forment une base essentielle. Mais le Maître qui entraîne un disciple s'attend à ce que ces facteurs soient acquis ; c'est l'objectif du Sentier de Probation, que de les instaurer, les reconnaître et les développer.

Mais construire l'antahkarana c'est relier les trois aspects divins. Cela implique une activité mentale intense et exige le pouvoir d'imaginer et de visualiser, ainsi qu'un fervent effort pour bâtir la Voie de Lumière en substance mentale. Cette substance mentale a – comme nous l'avons vu – trois caractéristiques ou une nature triple, et le pont de lumière vivante est une création composite, renfermant :

1. De la force, focalisée et projetée à partir des forces fusionnées de la personnalité.

2. De l'énergie, puisée dans le corps égoïque par un effort conscient.

3. De l'énergie, tirée de la Triade spirituelle.

C'est essentiellement, néanmoins, une activité de la personnalité intégrée et consacrée. Les ésotéristes ne doivent pas croire que tout ce qu'ils ont à faire est d'atteindre négativement quelque activité de l'âme qui s'établira automatiquement après l'acquisition d'une certaine mesure de contact avec l'âme et que, en conséquence, avec le temps, cette activité [468] évoquera une réponse à la fois de la personnalité et de la Triade. Ce n'est pas le cas. Le travail de construction de l'antahkarana est avant tout une activité de la personnalité, aidée par l'âme, ce qui avec le temps, évoque une réaction de la Triade. Actuellement les aspirants font preuve de beaucoup trop d'inertie.

On pourrait aussi envisager la question sous un autre angle. La personnalité commence à transmuer la connaissance en sagesse, et alors le point focal de la vie de la personnalité est sur le plan mental, car le processus de transmutation (avec ses stades de compréhension, d'analyse, de reconnaissance et d'application) est fondamentalement un processus mental. La personnalité commence aussi à comprendre la signification de l'amour et à l'interpréter en termes de bien du groupe, et non en termes de soi personnel, ou de désir ou même d'aspiration. Le véritable amour n'est correctement compris que par le type mental, orienté spirituellement. La personnalité parvient aussi à saisir qu'en réalité le sacrifice n'existe pas. Le sacrifice n'est habituellement que le désir frustré de la nature inférieure, volontairement supporté par l'aspirant, mais – à ce stade – c'est une interprétation erronée et une limitation. Le sacrifice est véritablement la conformité complète à la Volonté de Dieu, car la volonté spirituelle de l'homme et la volonté divine (telle qu'il la perçoit dans le Plan) est sa volonté. Il y a identification croissante de dessein. En conséquence, la volonté personnelle, le désir et les activités intelligentes à double motivation sont perçues et reconnues comme n'étant que l'expression inférieure des trois aspects divins ; et un effort est fait pour les exprimer en termes d'âme et non comme précédemment en termes de personnalité consacrée et correctement orientée. Ceci ne devient possible, dans son véritable sens, que lorsque le point focal de la vie se situe dans le véhicule mental et que la tête autant que le cœur devient active. Au cours de ce processus, les stades de construction du caractère sont envisagés comme essentiels et efficaces, et ils sont entrepris volontairement et consciemment. Mais – quand les bases d'un caractère vertueux et d'une activité intelligente sont fermement établies – quelque chose de plus élevé et de plus subtil doit être érigé sur cette infrastructure.

La connaissance-sagesse doit être remplacée par la compréhension [469] intuitive ; celle-ci, en réalité, inclut la participation à l'activité créatrice de la divinité. L'idée divine doit devenir l'idéal possible, et cet idéal doit se développer et se manifester dans la substance, sur le plan physique. Le fil créateur, alors relativement prêt, doit être amené à une fonction et à une activité conscientes.

Le désir-amour doit être interprété en termes d'attraction divine, impliquant l'usage correct ou erroné des énergies et des forces. Ce processus met le disciple en contact avec la divinité envisagée comme un Tout progressivement révélé. La partie, par le développement magnétique de sa propre nature, prend petit à petit contact avec tout ce qui est. Le disciple prend conscience de cette totalité par des expansions de conscience de plus en plus vives conduisant à l'initiation, à la réalisation, à l'identification. Ce sont les trois stades de l'initiation.

Le fil de conscience, en coopération avec le fil créateur et le fil de vie, s'éveille à un processus totalement conscient de participation au Plan créateur divin – Plan motivé par l'amour et intelligemment exécuté.

La direction-volonté (mots décrivant l'orientation produite par la compréhension des deux premiers processus : connaissance-sagesse et désir-amour) doit produire l'orientation finale de la personnalité et de l'âme, fusionnées, soudées et unies, vers la liberté de la Triade spirituelle. Alors, la tentative consciente d'utilisation de ces trois énergies aboutit à créer l'antahkarana sur le plan mental. Notez bien qu'à ce stade de début du processus, je mets l'accent sur les mots "orientation" et "tentative". Ils ne font qu'indiquer la maîtrise définitive de la substance par l'initié.

L'une des indications selon laquelle l'homme n'est plus sur le Sentier de Probation est qu'il sort du domaine de l'aspiration et de la dévotion, pour entrer dans le monde de la volonté focalisée. Une autre indication est qu'il commence à interpréter la vie en termes d'énergie et de forces, et non en termes de qualité et de désir. Ceci marque un net pas en avant. La volonté spirituelle, résultant d'une juste orientation, est trop peu utilisée dans la vie des disciples, à l'heure actuelle. [470]

À l'avenir, cette science de l'Antahkarana et sa correspondance inférieure, la science de l'Évolution Sociale (qui est l'antahkarana unifié et conjoint de l'humanité dans son ensemble) s'appellera la science de l'Invocation et de l'Évocation. C'est en réalité la science du Rapport magnétique, qui engendre de justes relations par invocation mutuelle, celle-ci produisant un processus de réponse qui est un processus d'évocation. C'est cette science qui est derrière l'éveil conscient des centres et leur interrelation. Elle est sous-jacente au rapport d'homme à homme, de groupe à groupe et finalement de nation à nation. C'est cette invocation, et l'évocation qui s'ensuit, qui relie finalement l'âme et la personnalité, puis l'âme et la monade. C'est l'objectif primordial de l'appel lancé par l'humanité à Dieu, à la Hiérarchie et aux Puissances spirituelles du cosmos, quel que soit le nom qu'on leur donne. L'appel retentit. L'invocation de l'humanité peut et doit susciter, et elle suscitera une réponse de la Hiérarchie spirituelle ; ce sera la première manifestation, sur une grande échelle, de cette science ésotérique nouvelle ésotérique car basée sur le son. D'où l'emploi du O.M. Je ne peux pas ici traiter de cette science ; nous devons réserver notre attention à notre thème, la science de l'Antahkarana.

Le Pont en tant qu'Agent de l'Alignement

Le mot "alignement" est beaucoup employé dans l'entraînement ésotérique moderne. Je désire signaler qu'en faisant cet alignement l'aspirant ne fait qu'établir le premier stade de son processus de réalisation ; il établit dans sa propre conscience le fait de sa dualité essentielle. Je souhaite aussi faire remarquer que l'aspect critique de ce processus n'est atteint que lorsque la distinction est reconnue et nettement définie entre la personnalité intégrée, puissante, et l'âme. Dire que l'aspirant se caractérise par  ou triplicité ; le disciple par   ou dualité reconnue, et l'initié par     ⃝ ou unité est un truisme occulte. Notez que le symbole de la dualité dans l'humanité non développée est ⊖ où est indiquée la séparation entre la nature supérieure et la nature inférieure. Dans le cas du disciple ,   indique le "sentier qui relie" ou [471] Sentier étroit comme le fil du rasoir entre les paires d'opposés, formant plus tard l'antahkarana. Ces symboles dans leur simplicité incarnent et expriment de grandes vérités pour le mental illuminé.

De façon relative et en termes de conscience mentale, la dualité n'est ressentie que dans les trois mondes et sur le plan mental. Quand la troisième initiation est prise, la puissance de la paire inférieure d'opposés n'est plus ressentie et n'existe plus. Une conscience libérée et une perception sans restriction sont à la fois comprises et exprimées ; cette perception est sans restriction en ce qui concerne l'initié, se déplaçant dans l'orbite du Logos planétaire bien qu'elle ne soit pas sans restriction par rapport à la plus grande Vie qui se déplace à l'intérieur d'autres limites encore plus vastes. Au sein du cercle infranchissable planétaire, l'initié se déplace en toute liberté et ne connaît pas de limitations de conscience. C'est pourquoi les niveaux supérieurs de nos plans planétaires et systémiques sont appelés "sans formes". C'est   qui est le vrai symbole de l'alignement impliquant le sens de la dualité, mais indiquant en même temps la voie qui traverse ce qui est appelé les "murs de la limitation".

Les étudiants feraient bien de considérer la construction de l'antahkarana comme une extension de la conscience. Cette extension est le premier effort précis fait sur le Sentier pour amener l'influence monadique à la pleine perception et, en fin de compte, directement. Ce processus constitue le parallèle individuel à l'afflux actuel de force venant de Shamballa dont j'ai parlé ailleurs. Ce Centre supérieur d'énergie de la planète a maintenant un effet très net sur le centre que nous appelons l'humanité. Ceci est engendré par l'alignement direct, et non via la Hiérarchie comme auparavant. Quand la construction de l'antahkarana individuel a été commencée avec succès, et qu'il existe ne serait-ce qu'un fil ténu d'énergie vivante reliant la personnalité triple et la Triade spirituelle, l'afflux de l'énergie de la volonté devient possible. Celle-ci au début peut être très dangereuse quand elle n'est pas compensée par l'énergie d'amour de l'âme. Un seul des fils de l'antahkarana [472] passe par le lotus égoïque. Les deux autres fils se relient directement à la Triade et, de là, finalement à la Monade, source de la vie de la Triade. Ceci est vrai de l'individu et de l'humanité dans son ensemble, et on peut voir les effets de cet alignement se manifester aujourd'hui dans le monde.

Cette activité réceptrice inattendue a nécessairement beaucoup augmenté l'activité hiérarchique destinée à compenser les conséquences de tout afflux prématuré d'énergie de volonté. Après la troisième initiation, quand le corps de l'âme (corps causal) commence à se dissiper, la ligne de relation ou de liaison peut être directe et elle l'est. L'initié se "tient alors dans un océan d'amour, et cet amour se déverse à travers lui ; sa volonté est amour et il peut agir en toute sécurité, car l'amour divin colorera toute sa volonté et lui permettra de servir avec sagesse." L'amour et l'intelligence deviennent alors les serviteurs de la volonté. L'énergie de l'âme et la force de la volonté coopèrent à l'expérience de la Monade dans les trois mondes de la vie de service et la tâche multimillénaire de l'homme spirituel s'incarnant est finalement accomplie. Il est prêt pour le nirvana qui n'est autre que la Voie conduisant à de nouveaux champs d'expérience spirituelle et de développement divin, encore incompréhensibles même pour l'initié du troisième degré. Cette Voie n'est révélée que lorsque l'antahkarana est construit et terminé, et que l'homme se focalise dans la Triade aussi consciemment qu'il est actuellement focalisé dans la nature inférieure triple.

C'est alors et seulement alors que le vrai dualisme de la nature divine apparaît et que la dualité illusoire disparaît. Vous avez alors l'Esprit-matière, la Vie-forme. La triple expérience du développement de la conscience ne fait qu'y préparer. Par la conscience qui se développe l'initié connaît la signification de la vie et l'utilisation de la forme, mais il demeure absolument non identifié avec l'une ou l'autre, bien qu'il fonde ces dualités en lui-même, en une synthèse consciente. Tenter d'exprimer son état d'esprit par des mots, qui ne font que limiter et jeter la confusion, conduit à d'apparentes contradictions, et c'est l'un des paradoxes singuliers de la science occulte. Les faits communiqués plus haut ont-ils un sens pour vous ? Ont-ils une signification pour votre mental ? Je ne le pense pas. Vous n'avez pas encore les moyens [473] nécessaires grâce auxquels le type de perception impliquée peut entrer en action, ni la compréhension de la vraie conscience de Soi qui provoquerait chez vous une réaction compréhensive. Ce n'est, de ma part, rien d'autre qu'une assertion ésotérique ; plus tard, viendra la compréhension de la vérité et l'apport subséquent d'énergie, qui suit toujours la vraie appréciation et l'assimilation de toute vérité abstraite. Mais le temps n'est pas encore venu de comprendre l'information ci-dessus. Les disciples et les aspirants progressent par le moyen de la vision présentée, inaccessible encore, mais qui est nettement une extension du connu et de ce qui a été précédemment perçu. Telle est le mode de l'évolution car c'est toujours une poussée vers l'avant, vers ce qui est pressenti.

Aujourd'hui, grâce à l'effort humain et à l'effort hiérarchique, il se produit un grand alignement et une grande liaison ; Monade – âme – personnalité sont plus directement liées que cela n'avait été possible jusqu'ici. L'une des raisons en est que sont présents en incarnation sur la planète plus d'initiés du troisième degré que jamais auparavant ; il y a bien plus de disciples en préparation pour la troisième initiation. Dans cette troisième race strictement humaine qu'est la race aryenne (ce terme étant utilisé dans son sens générique et non dans son sens allemand prostitué) les trois aspects de la personnalité sont maintenant si puissants que leur influence magnétique et leur effet créateur font de la construction de l'antahkarana une réussite remarquable, qui unit et aligne les trois aspects de l'homme. Cela est vrai aussi des trois centres divins de la planète qui incarnent ces qualités divines : Shamballa, la Hiérarchie et l'humanité. Ceux-ci sont maintenant étroitement alignés, ce qui produit une fusion d'énergies provoquant un afflux de volonté spirituelle, ainsi qu'une manifestation de l'aspect du Destructeur.

J'ai indiqué là beaucoup de choses intéressantes, j'ai signalé un but et indiqué une Voie. J'ai relié (dans la conscience) la Hiérarchie et Shamballa. Cela correspond à un moment important et critique dans les affaires humaines et à une possibilité jusqu'ici sans pareille dans l'histoire. La nécessité d'apprécier dûment cette volonté apparaîtra comme évidente, et devrait inciter tous ceux qui lisent ces lignes à un [474] nouvel et plus grand effort. Les étudiants doivent s'efforcer de répondre à tous les changements et à toutes les possibilités planétaires par des changements correspondants dans leur vie. Ils doivent rechercher les attitudes nouvelles et les nouvelles approches créatrices dont le résultat ne sera pas seulement la construction de l'antahkarana individuel, mais aussi la fusion des nombreux "fils radieux" formant les "câbles de liaison", en termes symboliques, qui relieront les centres planétaires et offriront un moyen de passage à la volonté ardente et au dessein prédéterminé de la divinité. Ceci engendrera la reconstruction des mondes manifestés, et chacun de vous peut participer à cette tâche.

Abordons maintenant le point suivant de cette section et indiquons la technique de construction de l'antahkarana. Il s'agira d'un enseignement intensément pratique pour lequel tout ce que j'ai communiqué jusqu'ici devrait se révéler être une solide base.

La Technique de Construction

J'ai l'intention d'être très pratique. La construction de l'antahkarana, entreprise consciemment sur le Sentier du Disciple, est un processus qui obéit à certaines règles anciennes et éprouvées. Quand on observe correctement ces règles, la suite des événements et l'apparition des résultats désirés sont inéluctables. Je pourrais dire beaucoup de choses qui seraient de peu d'utilité pour l'aspirant moyen, vu qu'elles concerneraient des réalités subjectives qui – bien qu'étant les faits occultes et existants d'un processus naturel – sont encore irréalisables. Mon problème est de présenter ce processus de telle manière que – vers la fin du siècle – les éducateurs pensent, parlent et enseignent en termes de "jeter un pont sur", abordant ainsi les affirmations de base qui ont un rapport précis avec la question que nous examinons. Je voudrais rappeler ici, très succinctement, quelques-unes d'entre elles à votre attention :

1. La connaissance-force s'exprime par le fil de conscience et par le fil de création. [475]

2. Ces deux fils, pour le disciple, sont une fusion de la connaissance passée (fil de conscience) et de la connaissance actuelle (fil de création).

3. Le fil de vie, ou sutratma proprement dit, est étroitement uni à ces deux fils. Vous avez alors atma-buddhi-manas (ce dernier étant l'agent de création) fonctionnant consciemment dans une certaine mesure, chez l'aspirant.

4. La fusion de la personnalité et de l'âme est en cours, mais, lorsqu'elle a atteint un certain point, il apparaît qu'une créativité ou activité créatrice de la Volonté est nécessaire pour jeter un pont entre la Triade spirituelle et la personnalité, en passant par l'âme.

5. Le pont qui doit être construit s'appelle techniquement antahkarana.

6. Ce pont doit être construit par l'aspirant qui est focalisé sur le plan mental, car c'est la substance mentale (dans ses trois degrés) qui doit être utilisée, et les trois aspects du mental – l'atome permanent manasique, le Fils du Mental ou Égo et l'unité mentale – sont tous impliqués dans ce processus.

Les étudiants feraient bien d'apprendre que ce processus de construction de l'antahkarana est l'un des moyens par lesquels l'homme, trinité, devient une dualité. Quand la tâche est terminée et que l'antahkarana est véritablement construit – engendrant ainsi un alignement parfait entre la Monade et son expression sur le plan physique – le corps de l'âme (le corps causal) est totalement et finalement détruit par le feu de la Monade, descendant par l'antahkarana. Il existe alors une complète réciprocité entre la Monade et l'âme parfaitement consciente sur le plan physique. L' "intermédiaire divin" n'est plus nécessaire. Le "Fils de Dieu qui est le Fils du Mental" meurt ; le "voile du temple est déchiré en deux, de haut en bas" ; la quatrième initiation est prise et vient alors la révélation du Père.

C'est le résultat ultime et de grande portée de la construction de ce pont qui, en réalité, établit une ligne de lumière entre la Monade et la personnalité en tant qu'expression complète de l'âme, entre l'esprit et la matière, entre le Père et la Mère. C'est la preuve que "l'esprit est monté [476] sur les épaules de la matière" jusqu'à ce haut lieu d'où, à l'origine, il est venu ; il possède alors, en plus, le gain de l'expérience et du savoir complet, et tout ce que la vie dans une forme matérielle pouvait apporter, ainsi que tout ce que l'expérience consciente pouvait conférer. Le Fils a fait son travail. La tâche du Sauveur ou Médiateur est terminée. L'unité de toutes choses est reconnue comme un fait dans la conscience, et l'esprit humain peut dire avec intention et compréhension : "Le Père et moi sommes Un."

L'affirmation ci-dessus n'a probablement aucun sens si ce n'est théoriquement, mais elle résume la tâche à venir et le travail du disciple en train de construire l'antahkarana. Il y a un rapport étroit entre la quatrième initiation, le quaternaire dans son état évolué – corps vital, véhicule émotionnel, mental et âme – et ce quatrième stade technique de construction consciente du "pont arc-en-ciel".

Vous avez donc :

1. Le Quaternaire, facteur de création sur terre.

2. La quatrième initiation, celle de la Crucifixion.

3. Le quatrième stade technique de la construction de l'antahkarana :

a. Le sutratma, le fil de vie.

b. Le fil de conscience.

c. Le fil de création, qui est triple.

d. L'antahkarana technique reliant la personnalité triple à la spirituelle. Triade

4. Les quatre stades du Sentier de Retour :

a. Le stade de l'évolution elle-même.

b. Le stade du Sentier de Probation.

c. Le stade du Sentier du Disciple.

d. Le stade du Sentier de l'Initiation.

Cependant c'est une seule entité, la même, qui participe à tous les aspects, degrés et stades différenciés, et qui en est responsable, expérimentant, vivant l'expérience, et s'exprimant consciemment à chacun de ces stades ou modes de vie jusqu'à la quatrième initiation. La conscience elle-même fait place à la vie, et cependant reste elle-même. À la déclaration ci-dessus, ajoutez le fait que c'est le quatrième règne de la [477] nature qui subit tout ce qui est indiqué plus haut, et qu'il est conditionné par les quatre aspects de l'unique sutratma. Une fois que cela est compris, la beauté du symbolisme et les relations numérologiques se dégagent de manière significative.

La Construction de l'Antahkarana dans le Passé

Il n'est pas nécessaire de développer cette question, car il est évident que seul l'homme, issu d'une expérience très longue et fructueuse, possède les moyens d'entreprendre la tâche de construction du pont. Ce processus implique beaucoup d'expérience scientifique dans l'art de vivre ; seul un investigateur hautement entraîné peut construire solidement et en toute sécurité le pont entre le supérieur et l'inférieur. Chacune des races majeures a été responsable de l'expression et de l'emploi des fils qui, ensemble, forment l'antahkarana :

1. Dans l'ancienne Lémurie, le fil de vie, le sutratma lui-même, était le facteur dominant de l'expression de la vie ; le corps physique, la nature sous sa forme animale et le facteur extérieur dense formaient le foyer de la vie exubérante, féconde et vitale.

2. Sur l'ancienne Atlantide, le fil de conscience commença à fonctionner d'une façon non réalisée en Lémurie. La sensibilité, la perception et – en conséquence – le désir et la réaction, étaient les notes-clé. La sensibilité active, en tant que prélude à la pleine conscience, caractérisait l'être humain. Le véhicule astral était le facteur dominant. Le mental était relativement en repos, sauf en ce qui concernait les membres les plus avancés de la race humaine. Tous les humains de ce cycle mondial, néanmoins, étaient extrêmement médiumniques et psychiques inférieurs ; c'étaient des "sujets sensibles", dans l'acception moderne du terme. L'état de conscience était astral et les êtres humains – en tant que race – étaient clairaudiants et clairvoyants, bien que nullement capables d'interpréter les contacts qu'ils ressentaient. Ils n'étaient pas capables de distinguer les phénomènes de l'astral de la vie physique ordinaire (spécialement dans la période médiane de leur histoire raciale) et le mental d'interprétation ne leur [478] révélait rien. Ils ne faisaient que vivre et sentir. Telle était l'histoire de leur vie. Deux des fils fonctionnaient, mais un ne fonctionnait pas du tout. Le pont n'était pas construit.

3. Dans notre race aryenne moderne – moderne du point de vue de l'histoire des races – le troisième fil, le fil de créativité naît à l'expression et à l'utilisation actives. Je souhaite vous rappeler que tous ces fils existent dès le commencement de l'existence de l'homme, et que ces trois courants d'énergie ont été indissolublement présents à partir du commencement de la conscience humaine. Mais pendant la plus grande partie de l'histoire de l'homme et jusqu'à l'heure actuelle, les hommes n'en ont eu aucune conscience ; ils utilisèrent leur présence tout à fait inconsciemment et continuèrent à les utiliser. Le processus de reconnaissance de l'activité créatrice et des possibilités offertes comporte deux phases ou stades :

a. Le stade où le principe du mental est développé et où l'homme devient une créature mentale. Ceci entraîne la pleine activité de l'unité mentale, l'intégration des trois aspects de la personnalité, et la perception subséquente du Fils du Mental ou âme.

b. Le stade d'activité créatrice, où le fil de création est amené à sa totale utilisation. Cette utilisation du fil, faite par la personnalité – en ce qu'elle est distincte de l'utilisation raciale – est caractéristique de la race aryenne. C'est seulement au cours des cinq derniers millénaires qu'elle est progressivement devenue la caractéristique prépondérante du genre humain. Dans les deux autres races et dans les premiers stades de la race aryenne, bien que des monuments de haute créativité apparussent partout sur la planète, ils n'étaient pas nés dans le mental des hommes de l'époque, mais de l'imposition de la volonté créatrice de la Hiérarchie planétaire sur les individus sensibles à l'impression supérieure. La sensibilité réceptive à l'impression créatrice était la caractéristique marquante de la conscience atlantéenne à ses derniers stades et de la période aryenne à son début. Aujourd'hui, elle fait place à la créativité individuelle, et en conséquence à la création consciente de [479] l'antahkarana de liaison, résultat du fil triple, fusionné et unifié.

Ce bref résumé du processus passé a simplement pour but de vous donner la synthèse de l'arrière-plan de tout le travail qui doit être accompli à l'heure actuelle, et de vous communiquer un concept presque visuel de la méthode par laquelle l'homme a atteint le stade de la vie consciente, de la pleine perception de soi et de l'expression créatrice. Tout cela était l'expression de l'énergie divine pénétrant dans son mécanisme, par le fil d'argent de la puissance divine. On pourrait le considérer comme une triple manifestation de la vie verticale qui devient la vie horizontale par l'expression de la créativité. L'homme, en vérité, devient alors la Croix. Néanmoins, quand il réussit à construire le pont arc-en-ciel (ce qui peut se faire seulement quand il est sur la Croix Fixe), alors la Croix fait place à la ligne. Cela survient après la quatrième initiation – celle de la Crucifixion. Il ne reste alors que la ligne verticale "allant du Ciel à l'Enfer". Le but de l'initié (entre la quatrième et la septième initiation) est de résoudre la ligne en un cercle, accomplissant ainsi la loi et parachevant le processus de l'évolution.

On peut trouver un autre résumé du processus tout entier dans les lignes des Stances aux Disciples, que j'ai communiquées il y a quelque temps (juin 1930) et que l'on retrouvera ailleurs dans le présent volume :

"Dans la Croix est cachée la Lumière. Ce qui est vertical et ce qui est horizontal créent par friction mutuelle ; une Croix vibrante scintille, et le mouvement s'instaure. Quand le vertical prend en charge l'horizontal, le pralaya survient. L'évolution est le mouvement de l'horizontal à la verticalité positive. C'est dans le secret de la direction que gît la Sagesse cachée ; c'est dans la doctrine d'absorption que gît la faculté de guérir ; c'est dans le point devenant ligne, et dans la ligne devenant Croix que réside l'évolution. C'est dans la croix passant à l'horizontale que résident le salut et la paix de pralaya."

On pourrait dire que très, très peu de personnes sont aujourd'hui au stade de conscience lémurien où le fil de vie, avec ses implications [480] physiques est le facteur dominant. Un très grand nombre de gens sont au stade atlantéen de développement de la "sensibilité aurique". Très, très peu de personnes – en regard de la masse incalculable d'êtres humains – utilisent les résultats de la triple construction de l'énergie dans leur propre aura de perception et dans leur zone d'influence, afin de construire et d'utiliser le pont reliant les divers aspects du niveau mental. Ils doivent employer ces trois aspects simultanément, et les remplacer plus tard de telle manière que la personnalité et l'égo disparaissent, et que seule la Monade et sa forme sur le plan physique demeurent. À ce sujet, ma déclaration antérieure sur la nature de la forme peut être utile et conduire à une pénétration et une compréhension plus grandes :

Le plan physique est une réflexion complète du plan mental ; les trois sous-plans les plus bas reflètent les sous-plans abstraits et les quatre sous-plans éthériques reflètent les quatre plans du mental concret. La manifestation de l'Égo sur le plan mental (ou corps causal) ne résulte pas de l'énergie des atomes permanents formant un noyau de force, mais elle est le résultat de différentes forces, et tout d'abord de la force de groupe. Elle est marquée de manière prédominante par l'action d'une force extérieure et se trouve perdue dans les mystères du karma planétaire. Ceci est également vrai des manifestations inférieures de l'homme. C'est le résultat de l'action réflexe basée sur la force du groupe des centres éthériques par lesquels l'homme (agrégat de vies) fonctionne. L'activité de ces centres met en mouvement une réponse vibratoire dans les trois sous-plans inférieurs du plan physique et l'interaction entre les deux provoque une adhérence ou agrégation de particules autour du corps éthérique, particules de ce que nous appelons par erreur "substance dense". Cette sorte de substance pleine d'énergie est entraînée dans le tourbillon de courants de force issus des centres et ne peut s'échapper. Ces unités de force s'accumulent donc selon la direction de l'énergie autour et à l'intérieur de l'enveloppe éthérique jusqu'à ce que celle-ci soit cachée bien qu'interpénétrant le corps physique. Une loi inexorable, la loi même de la matière, l'engendre, et seuls peuvent échapper à l'effet [481] de la vitalité de leurs centres ceux qui sont véritablement des "Seigneurs de Yoga" et en mesure – par la volonté consciente de leur être – d'échapper à la force contraignante de la loi d'Attraction agissant sur le sous-plan physique cosmique le plus bas.

(Traité sur le Feu Cosmique, page anglaise 789)

Je vous ai dit précédemment que le corps astral était une illusion. L'homme qui est parvenu à la conscience de l'initié découvre finalement qu'il n'existe pas. Quand buddhi règne, la nature psychique inférieure disparaît.

Quand l'antahkarana est construit, et que l'unité mentale est remplacée par l'atome permanent manasique, et quand le corps causal disparaît, l'adepte sait que le mental inférieur, le corps mental, est aussi une illusion qui, pour lui, n'existe pas. Il n'y a dès lors – en ce qui concerne sa conscience individuelle – que trois points focaux ou ancrages (ces expressions sont inadéquates pour rendre toute la signification) :

1. L'humanité, dans laquelle il peut se focaliser à volonté par le moyen de ce que, techniquement, on appelle le "mayavirupa", forme corporelle qu'il crée afin d'accomplir le dessein monadique.

Il exprime alors pleinement toutes les énergies de la Croix Mutable[1].

2. La Hiérarchie. Là, en tant qu'unité focalisée de la perception bouddhique qui inclut tout, il trouve sa place et son mode de service, déterminé par son rayon monadique.

Il exprime alors les valeurs de la Croix Fixe[2].

3. Shamballa. C'est son point focal le plus élevé, le but des efforts de tous les initiés des degrés supérieurs et la source du sutratma par lequel (et par ses différenciations) il peut maintenant travailler consciemment. Là, il se trouve encore crucifié, mais sur la Croix Cardinale[3].

On pourrait donc dire que la tâche qui occupe l'être humain, à tous [482] les stades de développement, consiste à jeter un pont par-dessus le hiatus entre :

1. La Croix Mutable et la Croix Fixe.

2. L'humanité et la Hiérarchie.

3. La triplicité inférieure, la personnalité, et la Triade spirituelle.

4. La Monade sur son propre plan et le monde objectif extérieur.

Il l'effectue par un processus d'Intention, de Visualisation, de Projection, d'Invocation et d'Évocation, de Stabilisation et de Résurrection. Nous allons maintenant traiter de ces différents stades.

La Construction de l'Antahkarana dans la race aryenne... dans le

Présent J'aimerais observer ici une pause et faire quelques remarques concernant ce processus relativement nouveau de construction de l'antahkarana. Il était connu et utilisé par ceux qui s'entraînaient afin de s'affilier à la Hiérarchie, mais il n'a pas encore été communiqué au grand public. Il y a deux choses qu'il est essentiel que l'étudiant note : l'une est qu'à moins de se souvenir que nous nous occupons d'énergie, d'une énergie qu'il faut utiliser scientifiquement, tout cet enseignement sera vain. Deuxièmement, il faut se souvenir que nous traitons d'une technique et d'un processus qui dépendent de l'utilisation de l'imagination créatrice. Quand ces deux facteurs sont réunis (consciemment et délibérément) – le facteur de substance- énergie et le facteur d'impulsion prévue – vous avez instauré un processus créateur qui produira des résultats majeurs.

L'être humain vit dans un monde d'énergies diverses qui tantôt s'expriment en énergies positives dynamiques, tantôt en énergies négatives réceptives, tantôt en forces d'attraction magnétiques. La compréhension de cette affirmation justifiera celle de H.P.B. selon laquelle "la matière est de l'esprit à son point le plus bas", l'inverse étant également vrai. Le processus tout entier consiste à établir des relations constructives entre les énergies négatives et positives, et la production subséquente [483] de force magnétique. C'est le processus créateur. Il est vrai d'un Logos solaire, d'un Logos planétaire et d'un être humain – seuls créateurs conscients de l'univers. Cela doit se révéler exact du disciple qui s'efforce d'établir une relation constructive entre la Monade et l'expression humaine dans les trois mondes de l'évolution humaine.

On a beaucoup insisté sur la vie de l'âme et sur son expression sur le plan physique ; cela était nécessaire et faisait partie de l'évolution de la conscience humaine. Le royaume des âmes doit finalement céder la place au règne de l'esprit ; l'énergie de la Hiérarchie doit devenir une force réceptive à l'énergie de Shamballa, de même que la force de l'humanité doit devenir réceptive à l'énergie du royaume des âmes. Aujourd'hui, les trois processus se poursuivent simultanément bien que la réceptivité de la Hiérarchie au second aspect de l'énergie de Shamballa ne fait que commencer à être perceptible. La Hiérarchie a été depuis longtemps réceptive au troisième aspect ou aspect créateur de l'énergie de Shamballa et – à une époque très lointaine – elle répondra au premier aspect de cette même énergie. La nature triple de la manifestation divine doit aussi s'exprimer en dualité. Ceci peut être faiblement compris quand le disciple s'aperçoit (après la troisième initiation) que lui aussi doit apprendre à fonctionner en tant que dualité – Monade (esprit) et forme (matière) – en rapport direct avec l'aspect conscience, l'âme médiatrice étant absorbée dans ces deux aspects de l'expression divine, mais ne fonctionnant pas elle-même en tant que facteur médian. Lorsqu'on en arrivera là, on comprendra la vraie nature du nirvana, commencement de cette Voie sans fin qui conduit à l'Un. C'est la Voie où la dualité est résolue en unité, la Voie que les membres de la Hiérarchie s'efforcent d'emprunter et à laquelle ils se préparent.

La première chose à faire en vue de parvenir à ce dualisme est la construction de l'antahkarana, et ceci n'est entrepris consciemment que lorsque le disciple prépare la deuxième initiation. Comme je l'ai déjà dit, [484] il y a littéralement des milliers de personnes qui se préparent ainsi, car on peut admettre que tous les véritables aspirants et disciples sérieux, travaillant sans jamais dévier au progrès spirituel, avec un motif pur, et qui sont orientés inébranlablement vers l'âme, ont pris la première initiation. Cela indique simplement la naissance du Christ enfant dans le cœur, en termes symboliques. Nombreux devraient être ceux qui se préparent à entreprendre la tâche de construction du pont arc-en-ciel et qui, sous l'influence de la Sagesse Immémoriale, saisissent la nécessité et l'importance de la révélation que ce processus communique. Ce que j'écris a donc un but précis et utile. Pendant longtemps, j'ai eu pour tâche de donner, sous forme livresque, des renseignements concernant le prochain stade humain de reconnaissance intelligente et spirituelle. Je répète donc que la compréhension de la méthode de construction de l'antahkarana est essentielle si l'humanité veut avancer comme prévu ; dans ce mouvement en avant, les disciples et les aspirants doivent former, et forment en effet, le peloton de tête. L'humanité va s'éveiller dans son ensemble à la poussée spirituelle affluente ; une impulsion irrésistible vers la lumière spirituelle et vers une orientation majeure va survenir. De même que le disciple en tant qu'individu doit se retourner sur la roue de la vie et fouler la Voie dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, de même l'humanité le fera. Les deux tiers qui atteindront le but de l'évolution dans ce cycle mondial commencent déjà ce renversement.

 Au cours de ce processus, le troisième aspect divin – celui de l'Acteur qui crée – entre en activité. Il en était ainsi du processus créateur lorsqu'il s'agissait de l'univers tangible. Il doit aussi en être ainsi lorsque le disciple devient l'agent créateur. Pendant des siècles, il a construit et utilisé ses véhicules de manifestation dans les trois mondes. Vint un temps où les personnes évoluées commencèrent à créer sur le plan mental ; elles rêvaient, avaient des visions, entraient en contact avec la beauté intangible ; elles touchaient le mental de Dieu et revenaient sur terre avec une idée. Elles donnaient forme à cette idée et devenaient créatrices sur le plan mental ; elles devenaient artistes sous quelque [485] forme d'effort créateur. Dans la tâche de construction de l'antahkarana, le disciple doit travailler sur les niveaux du mental, et ce qu'il y construit est fait de substance si subtile qu'il n'est ni permis ni possible que cela apparaisse sur les niveaux physiques. À cause de son orientation constante, ce qu'il construit "montera vers le centre de la vie" et ne "descendra pas vers le centre de conscience ou vers l'apparition de la lumière".

C'est là que réside la difficulté pour le débutant. Il doit, pour ainsi dire, travailler dans le noir ; il n'est pas en mesure de vérifier l'existence de ce qu'il s'efforce de construire. Son cerveau physique est incapable d'enregistrer sa création comme fait accompli. Il doit s'en remettre entièrement à la technique éprouvée du travail décrit, et poursuivre celui-ci grâce à la foi. La seule preuve de réussite sera peut-être lente à venir, car la sensibilité du cerveau est impliquée et fréquemment, en cas de réussite véritable, les cellules du cerveau ne sont pas en mesure de l'enregistrer. Les preuves possibles à ce stade peuvent consister en un éclair d'intuition spirituelle ou en une compréhension soudaine de la volonté-de-bien, sous forme dynamique ou de groupe. Ce peut être aussi simplement une aptitude à comprendre et à faire comprendre aux autres certains principes spirituels et occultes fondamentaux ; ce peut être une "facilité de révélation" à la fois réceptive, conditionnante ou distributive et donc d'efficacité mondiale.

J'essaie de rendre clair un sujet très abstrus et les mots se révèlent être inadéquats. Je ne peux que vous indiquer les grandes lignes du processus et de la méthode, et l'espoir subséquent pour l'avenir. De votre côté, vous pouvez seulement expérimenter, obéir, avoir confiance dans l'expérience de ceux qui enseignent et attendre patiemment les résultats.

Les six Stades du Processus de Construction

J'ai employé six mots pour exprimer ce processus et l'état qui en résulte. Il pourrait être utile de les étudier du point de vue de leur signification occulte – signification qui, habituellement n'apparaît pas, sauf pour le disciple entraîné à qui l'on a enseigné à pénétrer dans le monde de l'âme et à saisir des interprétations que le néophyte ne saisit [486] pas. Peut-être, lorsque nous aurons analysé ces mots, la méthode de construction et les moyens par lesquels construire l'antahkarana apparaîtront-ils plus clairement.

Ces mots décrivent une technique de construction, ou processus de manipulation de l'énergie, qui engendre un rapport entre la Monade et l'être humain qui aspire à la complète libération et foule le Sentier du Disciple et de l'Initiation. Cela peut créer un canal de lumière et de vie entre les aspects divins inférieur et supérieur, et produire un pont entre le monde de la vie spirituelle et le monde de la vie journalière sur le plan physique. C'est une technique ayant pour but d'engendrer la forme la plus élevée de dualisme et d'éliminer l'expression triple de la divinité, ce qui intensifie l'expression divine et rapproche l'homme de son but ultime. Les disciples doivent toujours se souvenir que la conscience de l'âme est un stade intermédiaire. C'est aussi un processus par lequel – en ce qui concerne les règnes subhumains – l'humanité devient elle-même l'intermédiaire divin, et le transmetteur de l'énergie spirituelle aux vies dont les niveaux de conscience sont inférieurs à la conscience de soi. L'humanité devient pour ces vies – dans leur totalité – ce que la Hiérarchie est à l'humanité. Le service devient possible que lorsqu'un nombre suffisant d'êtres humains se distinguent par la connaissance de la dualité supérieure et sont de plus en plus conscients de l'âme, et non simplement conscients de soi. Ils peuvent alors rendre cette transmission possible ; celle-ci se fait par l'antahkarana.

Prenons donc ces six aspects de la technique fondamentale de construction, et essayons d'arriver à leur signification occulte et créatrice.

1. Intention

Ce terme ne signifie pas décision mentale, souhait ou détermination. Plus exactement, l'idée est la focalisation de l'énergie sur le plan mental au point de la plus grande tension possible. Cela signifie que la conscience du disciple doit parvenir à un état analogue à celui du Logos, lorsque – à son échelle beaucoup plus vaste – Il concentra dans un cercle infranchissable (délimitant la sphère [487] d'influence qu'Il désirait), la substance-énergie nécessaire à l'exécution de son dessein de manifestation. Le disciple doit aussi le faire, rassemblant ses forces au point le plus élevé de sa conscience mentale et les y maintenant dans un état de tension absolue. Vous voyez à présent le dessein qui sous-tend certaines méthodes et techniques de méditation, incarnées par les mots si souvent utilisés dans les schémas de méditation : "élevez la conscience jusqu'au centre de la tête" ; "maintenez la conscience au point le plus élevé possible" ; "essayez de maintenir le mental stable dans la lumière" ; et beaucoup d'autres expressions semblables. Elles concernent toutes la tâche consistant à amener le disciple au point où il peut parvenir au degré de tension et à la focalisation d’énergies désirées. Cela lui permettra de commencer la tâche consciente de construction de l'antahkarana. En réalité, c'est cette pensée qui gît, sans être reconnue, dans le mot "intention", tel que l'utilisent si souvent les catholiques romains et les anglicans lorsqu'ils préparent des candidats à la communion. Ils indiquent une direction différente, car l'orientation qu'ils désirent n'est pas celle allant vers la Monade ou l'esprit, mais vers l'âme, dans un effort pour obtenir de meilleurs traits de caractère dans la personnalité, et une intensification de l'approche mystique.

Dans l' "intention" du disciple qui s'occupe consciemment du pont arc-en-ciel, les premiers pas nécessaires sont :

a. L'obtention d'une orientation juste ; ceci doit se faire en deux stade : d'abord envers l'âme en tant que l'un des aspects de l'énergie constructive, et ensuite vers la Triade.

 

[1] Traité sur les Sept Rayons, Vol. III (Astrologie Ésotérique), chapitre VI.

[2] Traité sur les Sept Rayons, Vol. III (Astrologie Ésotérique), chapitre VI.

[3] Traité sur les Sept Rayons, Vol. III (Astrologie Ésotérique), chapitre VI.