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SECTION II LA SITUATION GENERALE SUR TERRE - Partie 5

 

De cette manière, Shamballa et la Hiérarchie furent mis en relation étroite ; deux grands courants de force fusionnèrent, et une véritable influence réciproque fut établie entre eux. Le Bouddha, étant parvenu à l'illumination établit le premier chaînon majeur avec les Forces de Lumière. Le Christ, par sa faculté d'exprimer la volonté de Dieu par l'amour et par le salut du monde, établit le premier chaînon majeur avec l'Esprit de Paix.

Si vous voulez bien étudier les renseignements ci-dessus avec soin, vous vous apercevrez que la fête du Wesak, au moment de la pleine lune de mai, prendra une place toujours plus grande dans votre pensée. C'est la fête pendant laquelle trois facteurs d'importance pour l'humanité sont mis en relation :

1. Le Bouddha, incarnation ou agent des Forces de Lumière, peut être touché, et ce que ces forces cherchent à transmettre à l'humanité est mis à sa disposition en vue d'une appropriation consciente.

2. Le Christ, incarnation de l'amour et de la volonté de Dieu et agent de l'Esprit de Paix, peut aussi être touché ; l'humanité peut s'entraîner à prendre possession de ce type extra-planétaire d'énergie. [163]

3. Par l'intermédiaire du Christ et du Bouddha, l'humanité peut maintenant établir une relation étroite avec Shamballa, et ensuite apporter sa propre contribution à la vie planétaire en tant que centre mondial. Pénétrée par la lumière et dirigée par l'Esprit de Paix, l'expression de la volonté-de-bien de l'humanité peut émaner puissamment de ce troisième centre planétaire. L'humanité abordera alors pour la première fois la tâche à laquelle elle est destinée en tant qu'intermédiaire intelligent et aimant, entre les états supérieurs de la conscience planétaire, les états suprahumains et les règnes subhumains. Ainsi, l'humanité deviendra un jour le sauveur planétaire.

Si vous gardez à l'esprit ces pensées, les trois premières phrases de la Grande Invocation prendront une grande signification. Permettez-moi de présenter quelques-unes de ces significations sous forme de tableau :

Que les Forces de Lumière apportent l'illumination à l'humanité

Intermédiaire

La Hiérarchie Conscience de l'âme

Agent

Le Bouddha

Expression

Lumière. Compréhension Mental illuminé

Plans sur lesquels l'accent est mis

Deuxième plan ou plan monadique Plan bouddhique ou intuitionnel

Plan mental

Point focal

Centre de la tête

Centre planétaire

La Hiérarchie

Que l'Esprit de Paix s'étende en tous lieux

Intermédiaire

Shamballa. Conscience spirituelle

Agent

Le Christ

Expression

La volonté de Dieu, sous forme d'amour et de paix. Réponse sensible

Plans sur lesquels l'accent est mis

Le plan logoïque ou premier plan Le plan bouddhique ou intuitionnel Le plan astral ou émotionnel

Point focal

Le centre du cœur

Centre planétaire

Shamballa

[164]

Que partout les hommes de bonne volonté se rencontrent dans un esprit de collaboration

Intermédiaire

L'humanité même. La conscience de soi

Agent

Le Seigneur de la Civilisation

Expression

Amour intelligent, dédié au Plan

Créativité

Plans sur lesquels l'accent est mis

Le plan atomique ou plan de la volonté spirituelle

Le plan mental

Le plan physique

Point focal

Le centre de la gorge

Centre planétaire

L’humanité

Ainsi tous les grands centres sont liés, et tous les plans sont reliés entre eux ; le passé a fourni sa contribution de travail parachevé ; le présent parvient à un développement juste et correct ; l'avenir merveilleux de possibilités divines apparaît, ses résultats dépendant d'un esprit de compréhension et d'invocation correctes. Trois déclarations du Nouveau Testament commencent maintenant à démontrer leur signification ésotérique profonde et leur stupéfiante puissance de vie :

Je suis la Lumière du monde

Les Forces de Lumière. Phrase 1. 2ème

aspect

Je vous donne ma paix

L'Esprit de Paix. Phrase 2. 1er aspect

Aime ton prochain comme toi-même

Les hommes de Bonne Volonté. Phrase 3.

3ème aspect

Les trois aspects de la divinité chez l'homme parviennent à l'expression pratique, grâce à l'influence de la Grande Invocation, à la fois par une vivante utilité et une vraie compréhension – vraie du moins dans la mesure où le point d'évolution de l'homme lui permet la compréhension correcte de sa signification. La Bonne Volonté, en tant qu'expression pratique et possible de l'amour, se manifeste sur la terre, suscitant des relations correctes. La Lumière, en tant qu'expression de la Hiérarchie, se déverse dans la conscience humaine, éclairant tous les recoins obscurs et suscitant une réponse de toutes les formes de vie dans [165] les trois mondes de la manifestation et dans les trois règnes subhumains, par l'intermédiaire du règne humain. La paix, en tant qu'expression de la volonté de Shamballa, produit l'équilibre, la synthèse, la compréhension et un esprit d'invocation qui, fondamentalement, est une action entraînant une réaction. Ceci se révèle être le premier travail créateur et magique dont l'humanité soit capable, mettant en action simultanément, ainsi que nous le constatons, les trois aspects divins, selon la ligne de la volonté de Dieu.

Arrivons-en maintenant aux deux dernières phrases qui résument les effets, de synthèse, éternels (et par conséquent durables) que l'établissement d'une relation directe avec Shamballa produiront dans les deux autres centres planétaires, la Hiérarchie et l'humanité. Je fais allusion aux effets qui s'exprimeront en tant qu'activité de groupe, ayant pour motif les valeurs essentielles d'oubli de soi et d'effort persévérant (qui, en dernière analyse, correspond à une concentration soutenue) engendrant ainsi des conditions que le Seigneur du Monde, l'Ancien des Jours, attend depuis longtemps. La patience et l'amour qui soutient, offerts par Shamballa, sont infinis.

La quatrième phrase dit : Que le don de soi de la part de tous les hommes soit la note-clé de cette époque. Comme vous le savez, le mot "forgiveness" est curieux et inhabituel, et signifie simplement (selon les meilleures sources de dérivation) "to give for", c'est à dire : donner pour. "Forgiveness" n'est donc pas synonyme de pardon, bien que les cercles théologiques lui aient donné ce sens erroné, tant il est vrai que l'Église a bien peu compris la puissance fondamentale et motivante, sous-jacente à l'expression divine dans notre système solaire. Les théologiens pensent toujours en termes d'esprit humain et non d'esprit divin. "Forgiveness" c'est le sacrifice, le don de soi, le don de sa propre vie, pour le bien des autres et du groupe tout entier. Cet esprit de sacrifice existe toujours, quand un contact correct est pris avec la force de Shamballa, même à un degré infime, et que l'on pressent et comprend l'impulsion sous-jacente à la volonté aimante de Dieu, en désirant, comme c'est toujours le cas, participer à cette volonté et à son esprit de sacrifice divin. La [166] manifestation même est le Grand Don de Soi. Les vies prodigieuses – extérieures à l'existence manifestée – entrèrent dans la manifestation afin de se donner aux vies et formes d'existence inférieures, afin que ces dernières puissent progresser vers le but que seule la divinité connaît, et atteindre ainsi un jour des degrés élevés d'expression spirituelle. La réalisation est toujours suivie du sacrifice, le plus grand donnant au plus petit. C'est un aspect de la loi de l'Évolution. Telle est la note et le thème du processus de création tout entier et le sens fondamental de la phrase, "Dieu est Amour", car amour signifie don et sacrifice, du moins dans notre système solaire.

C'est pour cette raison que l'enseignement ésotérique met l'accent sur le fait que l'âme de l'homme est un Seigneur de Sacrifice et de Dévouement aimant et durable. Les deux qualités principales des Vies de Shamballa, soutenant la vie et donnant. C'est la consécration durable au bien du tout ou expression de l'esprit de synthèse et de sacrifice, afin que toutes les vies mineures (comme celles qui sont incarnées dans la personnalité de l'homme) puissent s'élever jusqu'à "la résurrection qui est en Christ", par la crucifixion, ou sacrifice de l'âme sur la croix de la matière.

C'est cette pensée, répétons-le, qui donne sa signification à la vie du Christ sur terre, pendant laquelle il a retracé sous nos yeux le processus éternel, l'extériorisant de telle manière qu'il devint le symbole du motif de tout l'univers manifesté et de l'élan qui devrait diriger chacun de nous – la crucifixion et la mort, la résurrection et la vie et en conséquence le salut du tout.

C'est cette pensée qui s'incarne dans l'appel lancé par la quatrième phrase de la Grande Invocation et qui signifie littéralement, "Que les hommes, en tous lieux, répondent à la note-clé de l'univers, et se donnent pour les autres."

Et n'est-ce pas, de manière faible et incertaine, la note-clé actuelle de l'effort humain ? En dépit de son inaptitude à penser juste, efficacement et intuitivement, la masse dans tous les pays répond clairement et nettement à cette note de sacrifice. Les chefs des grandes nations emploient partout cette note pour appeler actuellement leur peuple au [167] sacrifice. Les hommes en Allemagne furent appelés à la bataille par leurs guides, au moyen du défi au sacrifice ; on leur dit qu'ils devaient donner leur vie pour que vive l'Allemagne. Si l'on étudie les discours des gouvernants allemands, on s'apercevra qu'ils contiennent cette note. L'autre groupe, que vous nommez les Alliés (car ils représentent plus spécifiquement le bien de l'ensemble et non le bien d'une unité ou nation séparée) appelle aussi les masses à lutter pour sauvegarder la civilisation et les valeurs qui, sur l'échelle de l'évolution, représentent l'avenir immédiat et sont essentielles au bien général. La manière dont sont formulés ces appels et leurs objectifs peuvent différer, mais le thème est le même, et l'effet consiste à invoquer l'esprit de sacrifice des nations. Bien que les motifs qui sous-tendent ces appels puissent être mélangés, que les chefs soient guidés autant par l'opportunisme, les intérêts nationaux égoïstes, que par le bien général, néanmoins ils savent que la note qui suscitera une réponse immédiate de la part de l'unité et de l'individu est fondamentalement le bien de l'unité plus grande, la nation ou le groupe des nations. Donc, le don de soi, ou sacrifice, afin de sauver les autres, est de plus en plus reconnu comme la note-clé nécessaire au temps présent ; dans cette reconnaissance, on trouve beaucoup de choses justifiant la triste histoire des processus et des méthodes de l'évolution du passé. Quand on se rendra compte que "donner pour les autres" implique une vie juste sur le plan physique et non comme on le pense si souvent, la mort du corps physique, nous verrons alors le monde revitalisé. C'est le Christ vivant (le sauveur mondial vivant) qui sauve l'humanité. C'est le sacrifice, jour après jour, dans le processus de la vie quotidienne, qui peut sauver le monde des hommes – sacrifice des intérêts personnels égoïstes pour le bien de tous et consécration de la vie pratique au salut du monde. C'est vivre afin que les autres aussi puissent vivre qui est le thème du Nouveau Testament. Donc, quand ce mode de sacrifice entrera dans le domaine des valeurs subtiles et subjectives, et que le vrai sens du don de soi sera compris intellectuellement, pratiquement et spirituellement, l'âge nouveau sera abondamment réalisé avec sa civilisation vraiment [168] humaine et une culture qui incarnera les réalités de l'enseignement ésotérique, ainsi que le meilleur du passé extériorisé. C'est seulement alors que le nouvel ésotérisme sera révélé à une race d'hommes, qui aura fait de l'aspiration un fait de son expérience extérieure. L'attitude des masses dans le présent conflit en est la garantie et prouve aussi la réussite de la mission du Christ.

Des événements d'aujourd'hui résultera un jour ou l'autre une unification entre toutes les nations et tous les peuples. L'unification est toujours (selon la loi de l'Évolution) la conséquence du sacrifice. Le sacrifice du Christ en fut le symbole et la garantie. Sa vie et ses activités ayant reçu l'impulsion de l'Esprit de Paix. De même que "de deux, il fit un homme nouveau, établissant ainsi la paix" (Éphésiens 2 : 15), de même aujourd'hui, à partir de la dualité âme-corps, l'humanité parvient à un but semblable et le résultat de ce dernier stade de l'ère des Poissons sera une fusion, dans la conscience, de l'âme et du corps. L'ère du Verseau manifestera une expression accrue de cette unification, qui est mise en œuvre par la crucifixion de l'humanité à l'heure actuelle. La différence entre ce stade futur et celui du passé est que, dans le passé, l'âme a recherché ce développement et cette unification et (sous l'angle de l'évolution) y est parvenue lentement et graduellement. Dans l'avenir, cette unification sera consciemment recherchée, atteinte et reconnue par l'homme du plan physique ; cela résultera de l'actuelle période de "don de soi" pour le tout, don de ce que l'individu peut offrir de meilleur.

Je voudrais signaler que, de même que les énergies libérées par l'emploi des trois premières phrases de l'Invocation se rapportent à la tête, Shamballa, au cœur, la Hiérarchie et au centre de la gorge, l'humanité, de même, l'emploi correct de la quatrième phrase entraînera le fonctionnement conscient et actif du centre entre les sourcils, le centre ajna, chez l'individu et dans l'humanité tout entière. Ce centre commence à devenir actif et à fonctionner dynamiquement, gouvernant et dirigeant les énergies individuelles lorsqu'une véritable mesure d'intégration de la personnalité a été réalisée. C'est, comme vous le savez, [169] le quatrième centre au-dessus du diaphragme dans le corps humain, et la phrase qui l'éveille (à la fois pour l'individu et pour le groupe) est cette quatrième phrase. Il y a donc une correspondance numérique. Lorsqu'elle sera employée avec sagesse et intelligence par les êtres humains, une grande partie de la puissance unifiée, libérée par les trois premières phrases, sera invoquée et mise à la disposition de l'individu et du groupe. Il sera alors possible de faire converger ces forces vers le centre ajna et de les utiliser. De plusieurs façons, donc, cette quatrième phrase de la Grande Invocation est d'importance primordiale pour l'individu et pour l'humanité, car elle invoque une grande force vitale et indique le processus (le sacrifice) et le dessein, en plus de l'identification de l'unité et du groupe avec l'intention de base de la manifestation.

La cinquième phrase, Que le Pouvoir assiste les efforts des Grands Êtres, est nettement en rapport avec l'effet, au sein de la Hiérarchie, d'un emploi constructif de la Grande Invocation, de même que la phrase précédente se rapporte à l'effet au sein de l'humanité. Cet effet dans la Hiérarchie, est relativement nouveau et dû à la participation de l'humanité au processus d'invocation, ce qui produit de nouveaux effets et de nouveaux contacts. Ce sont les efforts conjoints des deux grands centres qui sont d'une si grande importance, et sur lesquels je désire que vous vous concentriez. L'énonciation de cette phrase par l'homme renforce de tout le poids de l'appel et du désir humain, les efforts millénaires de la Hiérarchie ; c'est maintenant, pour la première fois, que cela est véritablement possible. Depuis des éons, la Hiérarchie a lutté seule pour aider l'humanité et en élever le niveau, pour stimuler le pouvoir du centre planétaire humain afin qu'un jour son activité vibratoire soit assez puissante pour le faire entrer dans le rayon ou champ magnétique de l'activité hiérarchique. Cette longue tâche a enfin réussi. La Hiérarchie et l'humanité sont enfin en rapport. C'est la réflexion ou correspondance supérieure de ce qui se passe dans la conscience de l'être humain qui – ayant atteint le stade de disciple – en arrive à unifier la lumière de la personnalité (exprimée par le centre ajna et son extériorisation, le corps pituitaire) avec la lumière de l'âme (exprimée par [170] la lumière dans la tête, ou centre de la tête, et son extériorisation, la glande pinéale).

Notez bien à nouveau la signification pratique de ces quatrième et cinquième phrases de la Grande Invocation. L'une sert à éveiller l'humanité, en tant que centre planétaire, à l'activité et à la réalisation et l'autre sert à aider la Hiérarchie dans ses efforts millénaires de sorte que les deux centres sont reliés quant à leur champ magnétique réciproque ; ceci produit une union et une synthèse, qui conduira à une expression plus complète de l'âme de la divinité par le moyen de l'humanité. Réfléchissez à cette affirmation.

Dans l'enseignement ésotérique, cela se produit dans la vie de l'individu lorsque – par un acte de la volonté – le centre au bas de l'épine dorsale est éveillé et que le feu et la lumière de la vie personnelle triple (dont l'un des aspects est souvent appelé le feu de Kundalini) sont portés vers le haut et fusionnés avec le pouvoir et la lumière de l'âme. Ces deux énergies de base, celle de la forme et celle de l'âme (en tant qu'expression de l'esprit) sont ainsi réunies au sein de l'être humain ; le "mariage dans les cieux" se produit et la tâche du processus créateur de l'incarnation, ou manifestation individuelle, est en voie d'achèvement. Le même processus se poursuit au sein de la vie planétaire. La vie de l'humanité prise dans son ensemble (qui est la vie intelligente de la forme) et la vie de la Hiérarchie (qui est la vie de l'âme), sous l'impulsion de l'Esprit, aspect volonté symbolisé par Shamballa, sont fusionnées et unies, ce qui permet alors un nouveau départ dans le processus de l'évolution. Le royaume de Dieu, qui est le royaume des âmes, et le règne humain, s'exprimant mutuellement et étant reliés entre eux, forment une synthèse parfaite et sont ancrés sur terre. La gloire de l'Unique est alors faiblement aperçue ; c'est la gloire de Shamballa. Le Gardien du Seuil de la divinité et l'Ange de la Présence se trouvent face à face.

Telle est la situation aujourd'hui. Demain Ils s'uniront et réaliseront leur synthèse et la Gloire de Dieu apparaîtra sur terre. La seconde grande Approche aura été accomplie. [171]

APPEL A L'UNITE D'ACTION DANS LE SERVICE

Novembre 1939

La situation est grave. La mer, la terre et l'air sont disposés contre les Forces de Lumière ; ce sont les agents de la substance matérielle ; ils peuvent être utilisés puissamment contre les Forces spirituelles. Les forces de l'air, néanmoins, sont de plus en plus de notre côté. Les membres de la Hiérarchie ont bien du mal à changer le cours des choses en faveur de la civilisation plus spirituelle et vraie qui s'annonce. Cette civilisation sera une combinaison du meilleur de ce qui a été produit jusqu'ici et de ce qui est nouveau ; ce n'est encore qu'obscurément pressenti par les meilleurs penseurs du monde entier. Le cours des événements doit être détourné en faveur de ce qui est droit et juste.

Les semences du mal existent dans tous les pays ; ceux qui font la guerre à ce qui est bon sont nombreux en tous lieux, soit qu'ils luttent agressivement selon un plan arrêté, soit qu'ils s'en tiennent à une attitude de passivité, d'acceptation, ou de neutralité organisée comme en Amérique, soit qu'ils se battent activement contre ceux qui s'opposent aux forces matérielles.

La crise mondiale, comme vous le savez, était inévitable, mais la guerre physique aurait pu être évitée, si des méthodes psychologiques correctes avaient été employées ; on aurait pu porter remède à cette crise, si l'on avait mené à bien un processus de transmutation ou de transfert, et aussi si l'esprit de sacrifice s'était manifesté chez les aspirants. La nécessité du sacrifice de groupe n'a pas reçu une réponse adéquate, sauf dans les cas où elle était imposée aux nationaux par leur gouvernement. Telle est la triste histoire de ce qui arrive aujourd'hui.

Que peut-on faire en ce moment pour arrêter la défaite et éviter aux Forces de Lumière d'être submergées ? Je ne parle pas ici de la victoire physique extérieure. Il n'y aura aucun signe de vraie victoire, à moins que n'émergent clairement et puissamment les valeurs supérieures qui devraient gouverner la civilisation humaine. Je voudrais ici mettre l'accent sur le fait que le cours des choses doit être nettement modifié avant la fin de l'année, si l'on veut éviter un conflit prolongé. Je vous demande donc de participer à une concentration [172] subjective, à un rassemblement des penseurs du monde, spécialement des chefs des organisations, groupes et églises, de toutes sortes et de tout caractère, qui puissent entraîner leurs nombreux adhérents dans une unité d'action.

Les Maîtres de Sagesse n'ont pas le temps aujourd'hui d'accomplir eux- mêmes cette tâche. Ils ont fort à faire à combattre les forces du matérialisme. Ces forces sont actives dans tous les pays ; la Hiérarchie, dans sa conscience, n'isole pas l'Allemagne, bien que ces forces aient choisi cette nation comme point de départ majeur de leur entreprise ; en Allemagne, la Hiérarchie a ses travailleurs, comme ailleurs. Les Maîtres de Sagesse s'occupent activement à dissiper la dépression et la terreur qui s'abat sur tous ses travailleurs dans l'arène du monde actuel, alors qu'ils luttent pour rester fermes face à l'impact brutal de la pensée fausse et du désespoir généralisé. Ces travailleurs sont aussi sensibles (vu leur degré de développement intégré) à l'angoisse du mental, à la tension des émotions et aux ravages de la douleur physique, ressentis par tous ceux qui ont subi les terribles effets de la Guerre et sur qui elle a posé la main de la souffrance. Une telle sensibilité et une telle réaction de sympathie sont aptes à engendrer un état de négativité et de préoccupation psychique vis-à-vis de la situation immédiate, chez tous les travailleurs, et à les rendre sourds à l'appel de leur véritable devoir ; ils risquent aussi de "craquer", sous l'effort double et simultané, pour être efficaces dans le service et pour repousser les réactions émotionnelles. En conséquence, la capacité du travailleur de répondre aux voix intérieures et de servir sans passion et avec altruisme est sérieusement handicapée.

Je demande instamment à tous les travailleurs et à tous les membres du Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde de dépasser leurs problèmes personnels. Nous traversons un moment de crise, et de tels problèmes doivent être résolus par le complet oubli de soi. Je vous demande de vous remettre au travail avec une ardeur nouvelle et de la joie dans le service, en oubliant les faiblesses et les échecs du passé devant l'urgence de ce que je vous prie de faire pour le monde. Il y a eu une grande absence de joie dans le service du monde dernièrement. Par ces mots, je ne fais pas allusion au bonheur, qui est une réaction [173] de la personnalité, mais à la joyeuse confiance dans la loi et dans la Hiérarchie, qui est sous-entendue dans les paroles bibliques "La joie du Seigneur est notre force", "Lève-toi et combats, Arjuna", en gardant intacte la flamme de l'amour, en ne permettant à aucun souffle de haine de troubler la sérénité de l'amour ou l'équilibre intérieur qui vous permettra de faire résonner au clairon la note de la compréhension mondiale, qui ralliera les hommes de bonne volonté à l'aide de la Hiérarchie. Ceci mettra fin à toute haine, séparativité et agression, les trois péchés majeurs de l'humanité. Tous les hommes ont haï ; tous les hommes ont été séparatifs à la fois en pensée et en action ; tous ont été, et beaucoup sont encore, matérialistes, pleins d'orgueil et de désir d'acquérir ce qui ne leur appartient pas légitimement. Cet esprit d'acquisivité n'est pas le fait d'un seul groupe ; cela a été une erreur universelle et a provoqué la situation économique désastreuse du temps présent, précipitant ainsi le monde dans la guerre, la haine et la cruauté.

La fusion du mental de nombreuses personnes en une seule activité dirigée est aujourd'hui de suprême importance ; cette fusion a été symbolisée par l'union qui existe aujourd'hui entre deux grandes nations, la France et la Grande-Bretagne. L'unité de dessein et de pensée dirigés est la garantie d'une future réussite inévitable. Le pouvoir de la pensée de masse est omnipotent. La force de l'activité mentale concentrée et dirigée est imprévisible. Si vous acceptez cette prémisse et cette affirmation, alors, agissez en conséquence.

L'Esprit de Paix plane tout près, au-dessus de l'humanité, cherchant l'occasion de faire sentir sa Présence. Cet Esprit de Paix n'est pas un concept abstrait, mais un Individu puissant, qui manie des forces encore inconnues sur notre planète. De grandes Forces attendent l'heure où Elles pourront assumer les fonctions de Libérateurs et Sauveurs du genre humain. Mais la porte par laquelle ces dernières entreront doit être ouverte par l'humanité elle-même ; elle sera ouverte par un acte de volonté unie, exprimé par une formule de mots et par le son. Il sera engendré par l'activité simultanée de tous les hommes de bonne volonté et par tous les aspirants et disciples du monde. Cette porte ne s'ouvrira pas, à moins que l'acte d'invocation ne soit soutenu par une volonté convergente. La détermination dirigée [174] de l'homme ou du groupe qui utilise formule, prière ou invocation suggérée, est essentielle.

Je vous demande d'appeler toutes les personnes que vous pouvez atteindre, par tous les moyens possibles, à une activité précise, le prochain jour de Noël si possible, et à nouveau au moment de la pleine lune de janvier, ce qui fera deux grands appels aux Forces de Paix et de Lumière, afin qu'elles puissent aider l'humanité. Je vous demande de prendre contact avec tous les chefs et les travailleurs – importants ou non – de tous les pays, les invitant à s'associer à cet appel à leur manière et avec leurs adhérents, et de le faire sur une échelle aussi grande que possible – aussi grande, au moins, que lors de votre effort de mai 1936.

Les temps sont mûrs pour que l'on réponde à ces idées ; l'évidente douleur et la détresse du monde vont ouvrir les cœurs et les bourses. L'idée d'un appel à Noël, d'un appel à la prière et à l'invocation du Prince de Paix sera puissante pour susciter une réaction désirable. Il servira aussi à fusionner, en une unité plus étroite, tous ceux qui reconnaissent le travail tenté par la Hiérarchie. Je vous demande d'appeler à l'aide de tous côtés, et de laisser ces idées agir dans le monde par leur utilité et leur opportunité fondamentales. N'oubliez, dans cet appel, aucune personne que vous connaissiez, car par leur intermédiaire des millions de gens peuvent être touchés et dirigés vers l'activité désirée.

Pour ceux d'entre vous qui pouvez apprécier et utiliser la Grande Invocation, je vous suggère de l'employer à nouveau et avec ardeur. Il se pourrait, néanmoins, que vous trouviez utile l'invocation de remplacement, suggérée ci-dessous :

"O Seigneur de Lumière et d'Amour, viens gouverner le monde.

Que le Prince de Paix apparaisse et mette fin à la guerre des nations.

Que le règne de la Lumière, de l'Amour et de la Justice soit instauré.

Que la paix se fasse sur terre, et qu'elle commence en nous- mêmes."

LE FUTUR ORDRE MONDIAL

Avril 1940

Cette analyse des conditions mondiales est rédigée en Amérique, où jusqu'ici il existe une sécurité physique relative, et où l'on a du [175] temps pour réviser les points de vue ainsi que pour une possibilité de diriger – en accord avec l'Angleterre en guerre et ses alliés – un monde qui a un urgent besoin d'orientation et de vision. Il s'élève une grande confusion de voix. Ceux qui en savent le moins parlent toujours le plus fort et attribuent avec facilité le blâme pour tout ce qui arrive. On voit partout la détresse mentale, causée par la guerre, mais aussi par le désir de gens bien intentionnés, de mettre l'accent sur leurs propres solutions du problème mondial.

Il est donc nécessaire de parler net pour indiquer les dangers inhérents à la situation présente, pour présenter l'étonnante occasion qu'elle offre de faire les changements nécessaires et pour signaler la ligne de démarcation entre la bonne et la mauvaise manière de vivre, entre une vision du futur ordre mondial et les plans rétrogrades du prétendu "ordre nouveau", par lequel les puissances totalitaires cherchent à égarer l'humanité.

Partons de la prémisse que deux visions mondiales s'offrent à l'humanité et que deux ordres mondiaux lui sont présentés. Entre les deux, l'homme doit choisir, et son choix déterminera l'avenir.

Les années 1941 et 1942 seront des années de crise et de tension. Ceux qui perçoivent les risques, l'occasion offerte et l'importante décision à prendre, luttent avec une hâte presque frénétique à éveiller les masses au caractère unique du moment présent. Ce que l'humanité décidera au cours des douze prochains mois conditionnera l'avenir, comme aucune décision humaine ne l'a encore fait dans l'histoire du genre humain.

Il y a eu des moments de crise auparavant dans l'histoire, mais aucune qui impliquât l'entière population de la planète. Il y a eu des périodes de danger, de difficulté, de guerre, de famine et de détresse, mais aucune qui conditionnât la vie d'innombrables millions de personnes, comme aujourd'hui. Bien des fois, on a vu émerger des chefs, des conquérants, des dictateurs et des personnalités mondiales, mais jusqu'ici ils sont apparus en un temps où leur influence était limitée par les communications mondiales et par les limites nationales ; leur pouvoir, donc, n'était pas universel, leur progrès était entravé par les conditions de la période où ils vivaient. Aujourd'hui, toute la [176] planète est impliquée, toutes les nations sont nettement affectées.

On dresse des barrières dans un effort futile pour rester à l'écart des troubles et éviter la guerre ; des groupes dominants enrôlent beaucoup de nations sous leur bannière, de sorte qu'elles sont associées, soit avec les puissances totalitaires, soit avec les nations du camp opposé. Les nations qui ne sont pas effectivement belligérantes sont également actives pour sauvegarder leur intégrité nationale.

Le conflit d'aujourd'hui est un conflit mondial. Sont impliqués les groupes de personnes suivants :

1. Les nations combattantes agressives, gouvernées par des dictateurs ambitieux.

2. Les nations qui essaient de se défendre. et de défendre les libertés humaines.

3. Les nations neutres qui, voyant les questions en cause, sont confrontées avec la nécessité immédiate de prendre parti.

La force d'impulsion de cette lutte s'accroît chaque jour. De nouvelles régions du monde sont entraînées dans le conflit chaque semaine. Les véritables facteurs, les conséquences économiques imminentes, les implications politiques, émergent de plus en plus clairement dans chaque pays et – ne vous y trompez pas – même dans les pays qui gisent étourdis et souffrent sous le talon du conquérant. Parmi eux, il existe à l'heure actuelle une révolte silencieuse et inexprimée. Cette révolte intérieure et muette constitue en soi une menace pour la paix du monde ; si on provoque sa pleine expression, elle peut plonger le monde encore plus à fond dans le conflit.

Aujourd'hui, l'humanité doit faire face à deux dangers majeurs. À savoir : premièrement, le conflit se prolonge tellement que l'humanité en sera complètement épuisée, et que l'on atteindra ainsi une impasse et une situation qui mettra fin à toutes relations civilisées et à tout espoir d'une vie ordonnée, dans la beauté, la paix et la culture. Deuxièmement, les nations non encore impliquées, ne saisissent pas les réalités de la situation et ne viennent pas à l'aide de ceux qui se battent pour la sauvegarde de la liberté nationale et individuelle. Alors [177] – inévitablement et bien que n'en ayant pas l'intention – elles se rangeront du côté du mal et partageront la responsabilité des artisans du désastre mondial.

À l'heure actuelle il n'y a pas plus de deux partis au monde – ceux qui sont du côté des justes relations humaines et ceux qui sont du côté d'une politique de puissance, égoïste et cruelle. Les puissances totalitaires sont en marche – impitoyables, égoïstes, cruelles et agressives ; les puissances qui se battent pour les libertés humaines et pour les droits des petites nations sans défense sont, le dos au mur, face au plus grand déploiement de forces humaines que le monde n'ait jamais vu. Les nations qui ne sont pas encore impliquées physiquement, se préparent à une quelconque sorte d'action et de défense – défense contre les puissances dictatoriales, mais non contre les démocraties combattantes.

Aujourd'hui, la bataille fait rage sur terre, sur mer et dans l'air. Du point de vue économique, toutes les nations sont concernées ; la ruine avance à grands pas dans le sillage de la guerre ; l'arrêt des importations et des exportations dans beaucoup de pays provoquera la ruine financière de milliers de personnes ; la pression du désastre économique, la peur de la famine et des conditions pestilentielles, et le risque constant d'être activement entraîné dans la guerre se présentent à tous les pays qui ne sont pas encore de fait en première ligne. Pour les nations en guerre, à ces problèmes s'ajoutent ceux de la défaite, de la mort, des blessures et de la perte de tous leurs biens.

L'humanité doit regarder ces faits en face. Quelle que soit la manière dont les gens évitent la vérité, ou s'évadent dans le monde de rêve des pensées irréalisables, le fait demeure – inévitable et indéniable – que le monde est en guerre et que nous sommes tous engagés.

Le Travail de la Bonne Volonté

Avant septembre 1939, les objectifs de notre travail mondial, pendant neuf ans, ont été de répandre la bonne volonté, de découvrir les hommes et les femmes de bonne volonté dans le monde entier et d'essayer d'enseigner la signification de la volonté-de-bien. C'est la [178] tâche principale du Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde. Nous avons inculqué l'attitude non séparative et la nécessité de justes relations humaines. Nous nous sommes efforcés d'expliquer que différentes formes de gouvernement et différents systèmes idéologiques étaient justes et possibles, si les êtres humains vivaient en bonne intelligence et reconnaissaient leur fraternité de sang.

Puis l'humanité prit la décision de se battre et la guerre éclata : l'un des groupes, l'instigateur de la guerre, luttant pour acquérir le pouvoir matériel, la gloire d'une nation et l'asservissement des peuples sans défense ; l'autre, luttant pour sauvegarder sa liberté d'action, son intégrité, les droits des petites nations et les valeurs spirituelles. Immédiatement, l'enjeu fut parfaitement clair dans l'esprit de ceux qui connaissaient les affaires humaines ; immédiatement, certaines nations s'opposèrent aux forces d'agression ; immédiatement, d'autres nations, influencées par des idéologies également perverties et des desseins également égoïstes, se rangèrent aux côtés de l'agresseur ; immédiatement, la panique s'étendit dans les nations restantes, qui cherchèrent refuge dans une neutralité à courte vue, et dans des programmes de défense-neutralité et programmes qui se sont révélés tout à fait impuissants à les protéger.

Où donc, le Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde devrait-il se placer ? Que devraient faire les hommes et les femmes de bonne volonté ? Devraient-ils s'aligner avec les puissances totalitaires pour hâter, par cette action, la fin du conflit, ou devraient-ils se ranger aux côtes des puissances neutres et poursuivre frénétiquement d'inefficaces programmes de paix, une politique d'apaisement et faire le jeu des puissances totalitaires ?

L'humanité ayant décidé de mener cette bataille physiquement, on ne pouvait rien faire d'autre, que d'appeler les hommes et les femmes de bonne volonté à se ranger du côté de ceux qui libéreraient l'humanité par la destruction des forces du mal. Ces dernières étaient déterminées à prouver que la force faisait loi. Donc, ceux qui luttaient pour le progrès et la civilisation ne pouvaient qu'opposer la force à la force.

Les démocraties qui soutiennent les droits de l'homme et la liberté [179] relevèrent le défi. Vu cette décision de se battre pour le progrès spirituel, il ne restait, aux forces spirituelles de la planète, d'autre choix que de se ranger aux côtés des démocraties alliées et de s'efforcer d'éveiller les nations neutres à l'urgence de la situation. Elles prirent position contre les chefs des pays agresseurs, mais non contre les pauvres peuples abusés et subjugués. Eux aussi doivent être libérés par les démocraties alliées.

Sur la base d'une volonté-de-bien active, les hommes et les femmes de bonne volonté, agissant sous l'inspiration du Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde, ne pouvaient que se ranger aux côtés des forces spirituelles et participer à la lutte pour la libération de l'humanité, face aux ambitions totalitaires et aux intentions d'un groupe d'hommes pervers. Mais l'esprit de bonne volonté doit fermement et immuablement être le motif de l'impulsion. Toute haine doit être écartée. Le plus grand bien du plus grand nombre réside aujourd'hui dans la libération des nations de la domination des puissances totalitaires.

L'attitude pacifiste

Le second point que je désire aborder a trait aux arguments avancés par les pacifistes du monde. Tous les gens sincères et bons sont d'esprit pacifique et détestent la guerre. Ceci est un fait que l'idéaliste et le pacifiste de principe oublient souvent. De telles personnes nous disent que deux choses mauvaises n'en font pas une bonne ; que répondre au meurtre par le meurtre (ce qui est leur définition de la guerre) est un péché ; que la guerre est mauvaise (ce que personne ne nie) et qu'on ne doit pas y prendre part. Ils prétendent qu'entretenir des pensées de paix et d'amour peut redresser la situation et mettre fin à la guerre. De telles personnes, refusant le fait existant de la guerre, font habituellement peu de chose ou rien de concret pour redresser les erreurs responsables de la guerre et ils permettent que leur défense – personnelle, nationale et internationale – soit assurée par d'autres. La sincérité de ces personnes ne peut être mise en doute.

On doit se souvenir, en réfutant ces idées et en justifiant l'esprit combattant des démocraties chrétiennes, que c'est le motif qui compte. [180] La guerre peut être, et elle est un meurtre généralisé, si le motif est mauvais. Elle peut être sacrifice et action juste, si le motif est bon. Tuer un homme, alors qu'il assassine un être sans défense, n'est pas considéré comme un meurtre. Le principe reste le même, qu'il s'agisse de tuer un individu en train d'assassiner ou de se battre contre une nation qui fait la guerre à des êtres sans défense. Les moyens matériels, que le mal emploie à des fins égoïstes, peuvent aussi être employés dans un but juste. La mort du corps physique est un mal moindre que le recul de la civilisation, que les entraves mises aux desseins divins de l'esprit humain, que la négation de tout enseignement spirituel et que l'asservissement du mental et de la liberté de l'homme. La guerre est toujours mauvaise, mais elle peut être le moindre de deux maux, comme c'est le cas aujourd'hui.

La guerre actuelle, si elle est menée à une conclusion victorieuse par la défaite des puissances totalitaires, constitue un mal beaucoup moins grand que la subjugation de nombreuses nations à la cupidité sans égale, aux procédés aberrants d'éducation, au défi à toutes les valeurs spirituelles reconnues, des puissances de l'Axe. Si les puissances totalitaires devaient gagner, cela entraînerait des années de désordre et de révolte ; le résultat de leur victoire serait un malheur indicible.

C'est, sans aucun doute, une vérité spirituelle indéniable que la pensée juste peut changer et sauver le monde, mais il est tout aussi vrai qu'il n'y a pas assez de gens capables de penser pour accomplir cette tache. Il n'y a pas non plus assez de temps pour la réaliser. Les pensées de paix sont surtout fondées sur un idéalisme opiniâtre, qui aime plus l'idéal que l'humanité. Elles sont basées aussi sur une peur non reconnue de la guerre, sur une inertie individuelle qui préfère le monde de rêve des pensées irréalisables, à la prise en charge de la responsabilité de la sécurité de l'humanité.

J'ai donc essayé de rendre claire brièvement la position du Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde, luttant pour les droits de l'homme, pour l'avenir spirituel de l'humanité et pour le nouvel ordre mondial. Ce que j'ai à dire maintenant se divise en quatre parties : [181]

I. Le monde tel qu'il est aujourd'hui. La situation présente résulte de tendances passées, de pressions sous-jacentes et des décisions humaines.

II. Le nouvel ordre mondial. Il contrastera avec l'ordre ancien et avec le prétendu "ordre nouveau" des puissances totalitaires.

III. Quelques problèmes impliqués. Quatre problèmes mondiaux majeurs demandent à être discutés ; nous devons les examiner.

IV. La tâche de l'avenir. Nous parlerons de l'intermède précédant la fin de la guerre et ferons quelques suggestions quant à la future période de reconstruction.

I. Le monde d'aujourd'hui

Quelles sont les causes qui ont engendré les conditions mondiales actuelles ? Quelles sont les pressions sous-jacentes qui provoquent l'actuel chaos, ou celles qui pourraient définitivement rétablir l'ordre ? Avant de pouvoir corriger, il faut apprécier l'erreur ; il doit y avoir compréhension des causes prédisposantes, produisant la nécessité ; il faut bien saisir que la culpabilité est générale, et la responsabilité partagée en face de cette situation néfaste ; il faut être déterminé à cesser de faire le mal.

La tendance à imputer la guerre à Hitler, et à sa clique perverse, ne doit pas nous aveugler quant aux causes qui ont rendu possible sa sinistre entreprise. Il est principalement un agent de précipitation car en lui l'égoïsme et la cruauté du monde ont pu converger. Mais comme l'a dit le Christ : "Malheur au monde à cause des scandales ! Car il est nécessaire qu'il arrive des scandales ; mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive !" (Matthieu 18 :

7). Les causes de ce mal déchaîné sont inhérentes à l'humanité même.

Un égoïsme effréné et ancien a toujours été une des caractéristiques de l'homme ; le désir de pouvoir et de possession a toujours motivé l'action des hommes et des nations ; la cruauté, la convoitise, le sacrifice des valeurs supérieures aux inférieures, sont des habitudes humaines profondément enracinées depuis des âges. Tous les peuples et toutes les nations sont coupables de ces anciennes habitudes de pensée et de conduite. Régulièrement, à mesure que les différentes [182] parties du monde se rapprochaient, les lignes de clivage et l'antagonisme des nations s'accroissaient, de sorte que la guerre actuelle (qui a débuté en 1914) est le résultat inévitable de pensées erronées, de buts égoïstes et de haines anciennes. L'intérêt individuel, les buts séparatifs et le désir agressif marchent vers leur conclusion finale, la guerre et le chaos.

La situation économique fournit aussi un symbole de cet état de choses. Les nations se divisent entre celles qui "ont" et celles qui "n'ont pas", d'où l'ère actuelle de gangstérisme. Les "gangs" organisés aux États-Unis sont apparus en tant qu'expression de ces tendances dans la vie nationale. Dans le monde international, trois nations jouent le même rôle. Les nations alliées et les États- Unis reconnaissent la menace de ce gangstérisme national et international et s'efforcent de l'écraser. Mais – et ceci est un point important – cet état de choses a été rendu possible par l'humanité dans son ensemble.

Matérialisme et spiritualité

Il y a actuellement trois tendances humaines majeures. Premièrement, une tendance vers un mode de vie spirituel et libre ; deuxièmement, une tendance vers le développement intellectuel ; finalement, une puissante tendance vers la vie matérielle et l'agression. En ce moment, la dernière de ces tendances innées est en selle ; la seconde, l'attitude intellectuelle, jette son poids du côté des buts matériels. Un groupe relativement peu nombreux jette le poids de l'aspiration humaine du côté des valeurs spirituelles. La guerre entre les opposés – le matérialisme et la spiritualité – fait rage. C'est seulement quand les hommes se détourneront de l'agression matérielle pour s'orienter vers des objectifs spirituels, que la situation mondiale changera, que les hommes mus par la bonne volonté repousseront les agresseurs jusque chez eux et délivreront l'humanité de la peur et de la force. Nous récoltons aujourd'hui ce que nous avons semé. Reconnaître la cause de cet état de choses, c'est, pour l'humanité, l'occasion d'y mettre fin. Le moment est venu où il est possible d'instaurer les changements d'attitudes qui apporteront une ère de [183] paix et de bonne volonté fondées sur de justes relations humaines.

Ces deux forces – le matérialisme et la spiritualité – s'opposent. Quel va être le dénouement ? Les hommes vont-ils arrêter le mal et entrer dans une période de compréhension, de coopération et de relations justes, ou vont-ils poursuivre le processus de planification égoïste et de compétition économique ?

La réponse à cette question doit être fournie par la pensée claire des masses et par le défi calme et courageux des démocraties.

De tous côtés, on se rend compte qu'un nouvel ordre mondial est nécessaire. Les puissances totalitaires parlent de "l'ordre nouveau en Europe" ; les idéalistes et les penseurs conçoivent des schémas et des plans, comportant une vision entièrement nouvelle des conditions et devant mettre fin à l'ordre ancien et mauvais. On demande constamment aux Alliés de déclarer leurs buts de paix et d'indiquer clairement quels réajustements ils effectueront après la guerre, car la vision de la future politique mondiale aidera l'humanité à traverser la crise actuelle.

Toile de fond historique

Pendant tout le Moyen Âge, l'autorité de monarques puissants, l'expansion des empires, l'avance des conquérants nationaux furent les caractéristiques principales. Cela impliquait un nombre relativement faible de personnes. L'Église de l'époque avait un pouvoir immense dans tous les pays européens ; elle avait la haute main sur l'éducation, mais n'a pas posé de bases en vue d'une pensée politique juste. L'histoire du passé est l'histoire de nombreuses formes de gouvernement. Des races et des nations ont apparu, puis disparu. Des régimes politiques et des formes de religions ont joué leur rôle, ont duré, puis disparu. La triste histoire de l'humanité a été celle de rois et de potentats, de gouvernants et de guerriers, de présidents et de dictateurs qui s'élevaient au pouvoir aux dépens de leur propre nation ou de celle des autres. Les conquérants apparaissent et disparaissent : Akbar, Gengis Khan, les Pharaons, Alexandre le Grand, César, Charlemagne, Guillaume le Conquérant, Napoléon, Hitler et Mussolini. [184] Tous ont bouleversé le rythme de leur temps et sont parvenus au pouvoir par l'agression et le carnage. À mesure que les nations entretenaient des relations plus étroites, leur influence et leur champ d'expression s'accrurent. L'amélioration des moyens de communications en fut la cause. La Grande Bretagne ignorait les mouvements d'Alexandre ; les peuples d'Amérique ne savaient rien de Gengis Khan, mais le bruit des armées en marche de Napoléon retentissait sur une région bien plus grande ; les triomphes d'Hitler – diplomatiques et militaires – sont connus du monde entier.

Les puissances totalitaires ont transformé le monde en un camp armé pour l'attaque et la défense. Le motif de tous ces conquérants était la convoitise de l'or, de territoires, du pouvoir, du triomphe personnel. Les dictateurs modernes ne font pas exception. Ils n'apportent rien de nouveau.

Anarchie mondiale

L'histoire a été construite autour du thème de la guerre ; ses points de crise ont été les grandes batailles. La pensée de vengeance inspire certaines nations ; la demande du redressement de torts anciens et historiques en influence d'autres ; la restitution de terres, possédées antérieurement, dirige les actes d'autres encore. Par exemple : l'ancienne gloire de l'Empire romain doit être restaurée aux dépens de petits peuples sans défense ; la culture française doit dominer, et la sécurité de la France doit l'emporter sur toute autre considération ; l'impérialisme britannique a, dans le passé, outragé les autres nations, l'hégémonie germanique avec son "espace vital" doit dominer l'Europe et le surhomme allemand doit être l'arbitre de la vie humaine. L'isolationnisme américain risque de laisser l'humanité sans défense à son heure de danger et d'abandonner les hommes au pouvoir d'Hitler ; on ne peut se fier à la Russie dans son silence ; le Japon renverse l'équilibre du pouvoir en Asie. Voilà l'image du monde aujourd'hui. L'anarchie domine le monde ; la famine menace les habitants de l'Europe ; la Population civile des villes, les femmes, les enfants sont en grave danger de mort ou d'être blessés, obligés de vivre sous terre ; des conditions pestilentielles apparaissent ; il n'y a aucune sécurité sur [185] terre, sur mer ou dans l'air. Les nations sont au bord de la ruine ; la science s'est tournée vers l'invention d'instruments de mort. Les populations des villes et de régions entières sont déplacées d'un point du pays à un autre ; des familles et des foyers sont brisés. Il règne une peur intense, on envisage l'avenir sans espoir ; on se pose des questions dans l'égarement. Il y a des suicides, des meurtres ; la fumée d'incendies innombrables noircit le ciel ; les mers sont jonchées de morts et de vaisseaux naufragés. Vingt pays environ entendent le grondement du canon et le bruit des bombes qui explosent ; la guerre surgit des eaux, avance sur terre et descend du ciel.

C'est à cette situation que l'ordre ancien a conduit l'humanité. C'est à ce désastre que l'égoïsme et la cruauté de l'homme ont tendu ; aucune nation ne peut être exempte de cette critique ; toutes sont plus rapidement mues par un dessein égoïste que par l'esprit de sacrifice.

Même l'Amérique, qui est idéaliste, ne peut être encouragée à l'action que par un appel à sa sécurité et à son intérêt personnel.

À titre d'encouragement, reconnaissons que cette même humanité qui a provoqué ces terribles conditions peut aussi créer un monde nouveau, un ordre nouveau, un nouveau mode de vie. Le passé égoïste et pervers peut faire place à un avenir de compréhension, de coopération, de relations humaines justes et de bien. La séparativité doit être remplacée par l'unité. La combinaison des agresseurs totalitaires, des démocraties alliées et de nations neutres angoissées doit être transformée en un monde caractérisé par un unique effort, soit l'établissement de relations qui engendreront le bonheur et la paix pour le tout et non seulement pour une partie du tout.

II. Le nouvel ordre mondial

J'admets en postulat que mes lecteurs reconnaissent qu'il existe quelque direction intelligente ou spirituelle de l'humanité. Peu importe le nom qu'ils donnent à ce Dessein qui guide l'humanité. Certains l'appelleront la Volonté de Dieu ; d'autres, la tendance inévitable du processus de l'évolution ; d'autres peuvent croire à des forces spirituelles de la planète ; d'autres peuvent considérer qu'il s'agit de la [186] Hiérarchie spirituelle de la planète, la Grande Loge Blanche ; des millions de personnes disent que l'humanité est guidée par le Christ et ses disciples. Quoi qu'il en soit, on reconnaît universellement l'existence d'un Pouvoir directeur, exerçant une pression au cours des âges, qui semble tout conduire vers un bien ultime.