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SECTION II LA SITUATION GENERALE SUR TERRE - Partie 8

 

Et nous, les instructeurs du côté intérieur qui, pendant des éons, avons aidé à la préparation de l'humanité en vue de cette ère future de coopération pacifique et de fraternité, nous voyons cet espoir pour l'avenir mis en péril. L'agression et le viol de nations paisibles progressent régulièrement, à mesure que les nations s'effondrent sous le talon d'acier de l'Allemagne, qui écrase les peuples et les entraîne dans l'esclavage, sur une échelle d'asservissement et de cruauté que le monde n'a encore jamais vue. À mesure que ceux qui ont cherché à arrêter la progression allemande succombent à la trahison, à la douleur et abandonnent leurs camarades, la machine du mal continue d'avancer. Les nations neutres, qui se reposent sur leurs intentions pacifiques et sur les exigences de la civilisation, sont absorbées par les forces qui imposent la revendication allemande d'espace vital ; elles sont ainsi privées de liberté, de territoire et de toute ressource économique. Et au même moment, la plus grande et la plus puissante nation neutre du monde s'arme pour la défense de

 ses droits territoriaux, mais refuse de s'armer pour la défense de la liberté humaine.

Est-ce que je parle trop énergiquement à ceux qui ne participent pas à cette guerre planétaire ? Je parle avec clarté, car je cherche à vous éveiller aux vrais problèmes pendant qu'il en est temps encore. Je m'efforce d'attirer votre attention sur l'idée que l'hémisphère occidental est le siège de la civilisation, le gardien de tout ce qui est [236] le meilleur dans l'humanité, et que l'avenir spirituel de l'humanité réside dans cette terre aimée de liberté. La liberté fait partie de l'âme humaine et se trouve partout dans la race humaine. La civilisation est un droit humain, et non la prérogative d'une nation. Je vous dis que partout l'humanité est de mentalité spirituelle et que la nouvelle race, la nouvelle civilisation, la nouvelle ère de culture, se rencontreront dans le monde entier – héritage universel de la race humaine. Mais partout, les hommes sont victimes de la propagande, propagande qu'ils ne peuvent voir sous son vrai jour que s'ils pensent en termes de liberté humaine, et si tous ensemble, ils prennent les mesures nécessaires pour assurer le bonheur humain et, par là même, apprennent à voir les conditions mondiales telles qu'elles sont, sans se cacher la tête dans un monde de rêve qu'ils ont eux-mêmes créé. Le monde futur, dont tout le monde rêve, en tous pays, est plus qu'une possibilité, si les hommes veulent bien endosser leurs justes responsabilités et, tous ensemble, faire passer ce monde dans les faits de l'expérience humaine. Mais un tel monde sera impossible pendant de longues années si l'Europe s'effondre dans le fracas de la bataille, sous l'impact de la machine de guerre allemande. Sa réalisation apparaîtra, lorsqu'il y aura assez d'hommes dans le monde qui pensent clairement, qui ont la vision vraie, qui agissent intelligemment et qui s'opposent à la force par la force, ce qui est la seule méthode que les forces d'agression puissent comprendre.

Aujourd'hui, les forces du mal ont balayé la France, la Belgique, la Hollande, la Norvège, la Pologne, la Finlande, la Roumanie. Rien n'a arrêté leur progression, ni la vérité, ni la puissance des armes, ni le sacrifice. Aujourd'hui, la Grande-Bretagne, avec une poignée de ses alliés, maintient la bannière de la liberté humaine. La France est à ses côtés (car des milliers de Français sont encore loyaux à la vérité et à la liberté) ainsi que la Pologne, la Hollande, la Norvège, la Belgique – qui sont tous représentés dans cette petite forteresse des Forces de Lumière que sont les Iles britanniques. Derrière eux sont leurs grands empires, avec leurs ressources encore intactes. Et puis, derrière eux se tiennent toutes les personnes de tendances spirituelles de toutes les nations, et enfin derrière eux tous se tient la Hiérarchie de Lumière. Dans l'intermède précédant la lutte finale, j'écris à ceux qui [237] observent avec sympathie, mais ne font aucun sacrifice et je leur demande : De quel côté vous rangez-vous ?

Je vous indique quelques-uns des contrastes de cette guerre, en toute simplicité et dans un effort pour vous permettre de choisir l'action juste.

Le premier grand contraste pourrait être appelé le chemin de l'apaisement et le chemin de l'agression. La méthode de la discussion pacifique a été essayée par les peuples épris de paix de France et de Grande-Bretagne ; la méthode de l'agression, développée depuis bien des années, est celle de l'Allemagne, de la Russie et, à un moindre degré, de l'Italie. Je voudrais vous rappeler que c'est à l'honneur éternel des Alliés (bien qu'ils aient manqué de bon sens dans les affaires du monde) que leurs préparations de guerre se soient révélées inadéquates en face de la préparation allemande. Ils n'avaient pas pour seul but l'effort de guerre, car ils étaient absorbés par les valeurs supérieures de la civilisation mondiale et par les activités de leurs empires, qui vivaient en paix dans leur sein. Ils ont fait de nombreuses et graves erreurs dans le passé (comme tous les peuples), mais ils ont pris le chemin de l'expiation et du sacrifice, l'ont accepté volontairement, et leur récompense est la liberté de l'humanité.

Je vais vous donner un autre contraste qui découle du premier. C'est l'accent mis sur un nouvel ordre mondial dans un monde qui change rapidement. Les Alliés soutiennent un point de vue ; les Allemands un autre. C'est pour ce monde nouveau et meilleur, et pour introduire des conditions où la paix soit possible et l'ordre du monde nouveau développé, que des hommes de vision se battent et meurent. Le contraste ressort dans l'ordre mondial imposé, sur lequel insiste la prétendue "super-race allemande", qui favorisera l'agrandissement de l'Allemagne, l'expansion de l'espace vital allemand, le ravitaillement de l'économie allemande – ordre imposé par la terreur, la cruauté et la mort, ignorant les besoins de l'humanité dans son ensemble et les droits des autres nations, sacrifiant s'il le fallait le monde entier à la gloire de l'Allemagne. Je vous demande de comparer cette loi et cet ordre imposé par l'Allemagne, sa soif d'expansion territoriale, son [238] impitoyable accaparement des marchandises et des possessions des autres nations, avec le but exprimé par les Alliés, plusieurs fois réitéré dans les discours des hommes d'États français et anglais, et résumé dans les paroles d'un grand Anglais, homme de gouvernement et aspirant au droit et à la vérité :

"Nous emploierons toute notre influence, quand le temps en sera venu, pour construire un monde nouveau, dans lequel les nations ne permettront pas qu'une rivalité armée démentielle anéantisse les espoirs d'une vie plus pleine et d'une confiance future, ni que les nations soient jamais écrasées sous la menace sinistre du désastre. Le monde nouveau que nous cherchons fera appel à la coopération de tous les peuples sur la base de l'égalité des hommes, du respect de soi et de la tolérance mutuelle. Il faudra imaginer beaucoup de choses sur la route des contacts internationaux – sociaux, politiques, et économiques – et trouver le moyen de concilier la nécessité du changement dans un monde constamment changeant, avec une sécurité s'opposant à tout bouleversement de la paix générale par le recours à la violence. À cet ordre, que nous allons créer, toutes les nations auront leur contribution à apporter, et une grande responsabilité, à la fois de pensée et d'action, reposera sur notre peuple. Nous-mêmes, autant que les autres, devons comprendre la leçon des déceptions et des échecs passés."

Notez, je vous prie, que ce porte-parole des Alliés reconnaît la nécessité du changement, de la réalisation de l'ordre mondial à venir, et parle humblement des erreurs passées.

Je voudrais aussi attirer très brièvement votre attention sur le contraste des méthodes employées : la cruauté contre la bonté, le bombardement impitoyable d'un côté et, de l'autre, le fait que les Alliés évitent constamment d'attaquer l'ennemi, de peur de tuer des êtres sans défense. J'attire votre attention sur les émissions partant de Grande-Bretagne, et conseillant aux Allemands de se mettre à l'abri, lorsqu'ils entendent les avions britanniques au-dessus de l'Allemagne. J'attire votre attention sur la propagande réticente mais véridique, qui [239] ne met pas l'accent sur ce qui pourrait attiser la haine, d'une part, et d'autre part sur les informations mensongères venant de Berlin et des villes conquises. Je n'ai pas l'intention de faire plus qu'indiquer ces contrastes, qui découlent d'une attitude subjective largement différente vis-à-vis de l'humanité. Il est néanmoins précieux, pour nous tous, de les regarder en face, dans ce processus de clarification des questions. Le contraste fondamental entre la liberté de parole, de pensée et d'action qui caractérise les démocraties, et la cruelle répression de toute liberté de pensée ou d'activité personnelle, qui assujettit les masses en Allemagne aujourd'hui, est trop connu pour que j'aie besoin d'y insister ici. Mais je porte ces contrastes à votre attention, en vous demandant de reconnaître votre responsabilité, de soutenir ceux qui luttent pour la liberté et pour mettre fin à l'activité des ennemis de toute liberté humaine.

Je vous demande de faire un effort d'imagination pour évoquer la vision d'un monde où les Alliés seraient complètement battus, eux qui expriment les idéaux qu'ont toujours soutenu les Forces de Lumière. Rappelez-vous deux choses : Premièrement, que ces Forces furent battues dans la phase précédente du conflit, il y a des milliers d'années, et, deuxièmement, que si elles sont battues à nouveau, ce sera largement dû au manque de préparation et à l'attitude pacifiste des neutres du monde. Si les Alliés avaient été prêts, (et cela même aurait indiqué des attitudes similaires à celles que l'Allemagne exprime actuellement) si les neutres s'étaient ligués, dès le début des hostilités, et avaient proclamé d'une seule voix : Cela ne sera pas – l'Allemagne aurait été arrêtée dans sa progression victorieuse.

Les Alliés, néanmoins, n'étaient pas préparés à l'attaque des forces du mal ; sur le plan physique, leurs positions n'étaient pas imprenables. Au même moment, les neutres ont choisi, et préfèrent encore la voie négative et faible ; par peur, idéalisme mal placé, ou esprit séparatif, ajoutés au manque de compréhension du caractère aigu de la crise mondiale et de ses implications significatives, ils ont placé l'humanité dans une situation de désastre imminent, mais pas inévitable. Voilà des points qui demandent un examen sérieux, suivi d'un réajustement d'attitude chez ceux qui ne font rien pour soutenir [240] les efforts des Forces de Lumière et des hommes de bonne volonté dans le monde.

Que faire pour arrêter l'avance de l'agression, du nationalisme égoïste, de l'attaque cruelle des faibles et des sans défense ? Ces caractéristiques règnent en Allemagne. Elles existent à un moindre degré dans beaucoup d'autres nations ; le nationalisme égoïste se rencontre chez toutes, à quelque degré, même s'il n'est pas accompagné de militantisme ou va de pair avec un véritable idéalisme. C'est l'intérêt personnel, la courte vue et les préjugés qui, fondamentalement, gouvernent la neutralité et font que les nations neutres, y compris l'Amérique, s'arment pour leur défense, mais refusent de lutter pour le bien de l'humanité. Comment donc allons-nous éveiller le monde aux réalités de la situation, centrer et diriger le grand effort du monde pour rejeter le joug des dictateurs, qui cherchent à dominer des pays qui ne sont pas les leurs ? Comment allons-nous libérer l'humanité, pour qu'elle puisse avancer d'un pas, sans peur ni terreur, influencée seulement par un monde qui cherche, dans l'union, à faire ce qui vaut le mieux pour l'ensemble, et non seulement ce qui est préférable matériellement pour la partie ? Voilà les questions auxquelles nous devons faire face aujourd'hui. Désespérément et dans la peur, les hommes cherchent une solution et se tournent ici et là pour trouver aide et réconfort. Est-ce que la demande d'intervention divine, qui est si générale aujourd'hui, montera si puissamment au ciel qu'elle attirera forcément une réponse et privera en même temps l'homme du droit de régler ses propres affaires, de résoudre lui-même les questions qui le concernent, de progresser par la méthode des tâtonnements et de l'erreur, et de réussir grâce à sa vision claire et à sa ferme détermination de trouver la bonne solution pour sortir de cette situation ? Une telle intervention est possible, mais n'est pas considérée comme souhaitable par les Forces de connaissance spirituelle. Elles s'abstiennent donc d'agir, estimant que cette fois l'humanité doit être encouragée à se battre jusqu'au bout pour son espoir et sa vision. Les hommes prient pour la paix, mais ne veulent pas payer le prix de la paix. Prier calmement, et laisser le travail à d'autres hommes, d'autres forces ou Dieu, est la voie facile, qui satisfait la nature émotionnelle, mais n'implique pas de pensée claire. L'humanité a atteint sa majorité ; le stade de l'enfance [241] est terminé et, vaille que vaille, pour le meilleur ou pour le pire, les hommes doivent déterminer eux-mêmes la voie que le monde, leurs gouvernements et leur ordre social doivent adopter.

Un nouvel ordre mondial est possible, et il faut prendre certaines mesures, si l'on veut que la vision de ce monde nouveau entre dans le domaine des faits. Je puis vous indiquer, avec la plus grande brièveté, certains angles de cette vision. Je me trouverai dans la nécessité de vous affirmer, par ailleurs, que chaque pas dans cette voie entraînera une bataille, le renversement de ce qui est ancien et aimé, la destruction de ce qui est inhumain, égoïste et cruel ; je devrai imprimer dans votre esprit la nécessité primordiale et initiale d'abattre les forces retranchées de l'agression, telles qu'elles fonctionnent aujourd'hui par l'intermédiaire des puissances totalitaires.

Premièrement, je voudrais vous demander à tous de réfléchir à la vision de ce nouvel ordre mondial, en gardant l'esprit ouvert et en comprenant bien que ce nouveau mode de vie plane au-dessus de l'humanité et se matérialisera quand l'égoïsme sera vaincu, quand de justes relations humaines seront exprimées correctement et que l'idéal de ce nouvel ordre mondial sera séparé de tout concept ou aspiration nationaliste. Ce ne sera pas un monde américain, ou français, ou britannique, ni un monde totalitaire. Ce sera le résultat de la civilisation en voie de disparaître, et de la culture qui est la fleur de cette civilisation, mais ce ne sera ni l'une ni l'autre. Ce sera un monde humain, basé sur une juste compréhension et des relations humaines correctes, sur la reconnaissance de possibilités égales d'éducation pour tous les hommes, toutes les races et toutes les nations, et la compréhension fondamentale que "Dieu a donné le même sang à tous les peuples de la terre." Ce sera un monde où l'on reconnaîtra que les distinctions raciales et nationales enrichissent l'ensemble et contribuent à la signification de l'humanité. Ces distinctions et ces nationalités seront conservées et cultivées, non dans un isolement séparatif, mais en comprenant que le développement humain et la [242] différenciation produisent un noble ensemble, dont toutes les parties sont interdépendantes.

Tous comprendront leurs relations réciproques comme un effort humain, progressif et synthétique ; la mise en œuvre d'une vie unie produira un travail intérieur qui fleurira en beauté et richesse et caractérisera l'humanité dans son ensemble. Tous y participeront avec sagesse et selon une efficacité planifiée, offrant à la vie planétaire, et à chacun des autres, la contribution dont ils sont capables. Cela sera rendu possible car on reconnaîtra que l'ensemble du genre humain est l'unité essentielle et d'importance spirituelle plus grande que la partie.

Il ne s'agit pas là d'un rêve vain ou chimérique. C'est déjà en cours de réalisation. Des mouvements embryonnaires vers cette synthèse mondiale existent déjà. Il y a un rêve de fédération, d'interdépendance économique et d'unité religieuse, de relations réciproques sociales et nationales, qui prend forme rapidement, d'abord dans le mental des hommes, puis dans leur expérimentation. Il y a un lien de dessein uni, ressenti par beaucoup de personnes dans le champ de la politique et de l'économie, qui n'est pas l'accomplissement de vœux ou d'idées fantasques, mais l'indication d'une réalité qui émerge. Celle-ci est sentie et reconnue par les penseurs en tous lieux ; elle s'est réalisée dans le domaine du gouvernement, par la fédération des Dominions britanniques et leur relation avec la Grande-Bretagne et par la fédération des États-Unis d'Amérique. Elle est déformée et parodiée dans le concept du super-état, qui est utilisé par les dictateurs pour aveugler leurs peuples. Mais il se forge des chaînons qui vont faire descendre cette vision et précipiter sur terre le modèle des choses, telles qu'elles devraient être dans le prochain cycle mondial.

Quand cette vision du nouvel ordre mondial sera saisie par tous les hommes de bonne volonté dans toutes les nations, et sera devenue une partie de la vie et du mental de chaque disciple et aspirant, alors la démarche suivante sera d'étudier les facteurs qui entravent sa matérialisation. Pour cela, une grande tolérance et un esprit sans préjugés sont essentiels ; ces qualités sont rares chez l'étudiant moyen et l'habitant des petites villes. Il faut regarder en face les erreurs nationales passées ; il faut reconnaître l'égoïsme, dans les sphères du [243] capital et du travail. L'aveuglement, les ambitions nationalistes, la persistance dans la réclamation d'anciens territoires et de droits supposés, l'esprit possessif hérité, le refus d'abandonner des gains passés, l'agitation dans la partie religieuse et sociale de la conscience, le manque de sincérité basé sur l'illusion et la peur – tous ces facteurs sont tissés dans le canevas de vie de chaque nation sans exception ; ils sont exploités par les forces mauvaises alors que les personnes bien intentionnées, mais faibles, les évitent. Ils doivent tous être envisagés dans leurs vraies perspectives. Les gens qui veulent servir sous les ordres des Forces de Lumière doivent élever leurs regards au-dessus du monde des effets et pénétrer dans le domaine des causes ils doivent apprécier les facteurs qui ont fait et conditionné le monde moderne ; ces facteurs prédisposants doivent être reconnus pour ce qu'ils sont. Mesurer la situation et reconnaître blâme et responsabilité doit précéder toute tentative de précipiter le nouvel ordre mondial sous forme de vie active.

Ce nouveau monde n'apparaîtra pas en réponse à la prière, ni si les idéalistes, épris de paix et de vision mystique, l'attendent passivement, en prenant leurs désirs pour des réalités. Ils indiquent la voie et l'objectif requis. Ce monde nouveau apparaîtra quand le mystique et le visionnaire s'éveilleront à la nécessité de l'heure et descendront de leur pays de rêves, de théories, de mots, pour entrer dans la rude arène de la vie publique journalière. Ils doivent être prêts à se battre pour ce qu'ils désirent, ce qu'ils savent être bien, vrai et juste ; ils doivent se dresser fermement contre ceux qui déforment la vision et empêchent son apparition ; ils doivent s'armer pour la bataille, afin de rendre possible un désarmement définitif.

Une vision claire du futur ordre mondial (dans ses grandes lignes, non dans ses détails), une reconnaissance intelligente de tous les obstacles qui bloquent son apparition, une volonté de prendre les mesures nécessaires sur le plan physique, de payer le prix exigé et d'offrir les sacrifices demandés, sont des attitudes essentielles, avant [244] d'éliminer les entraves qui existent sur la voie du monde nouveau. C'est une vision pratique, désirée depuis longtemps, largement discutée et clairement définie. Les obstacles peuvent sembler nombreux, mais se résument tous en un seul mot : Égoïsme – national, racial, politique, religieux et individuel.

L'aspect pratique du mode d'élimination des obstacles peut aussi être indiqué simplement. La vision apparaîtra dans les faits sur terre, quand les individus feront passer volontairement leurs intérêts personnels après le bien du groupe ; quand le groupe ou les groupes fondront leurs intérêts dans l'intérêt national, quand les nations abandonneront leurs desseins égoïstes en vue du bien international, quand les relations internationales justes seront basées sur le bien global de l'humanité même. Ainsi l'individu peut jouer son rôle dans l'ensemble plus grand, son aide est nécessaire et ainsi le sens d'inefficacité individuelle disparaît. Pour l'homme le moins important dans l'unité nationale la moins importante, il existe l'appel au sacrifice et au service du groupe dont il fait partie. Finalement, l'humanité elle-même sera entraînée, en tant qu'unité intégrée, dans le service de la vie planétaire.

Vous avez ci-dessus une tentative de description d'une vision plus large, avec l'effort pratique qu'elle exige, et aussi une indication des possibilités plus grandes qui confrontent l'humanité. En vérité, c'est pour cela que les Alliés se battent et c'est contre cela que l'Allemagne rassemble sa machine de guerre.

Que dire maintenant du présent immédiat ; que peut faire l'individu pour aider la cause de l'humanité et arrêter la montée du mal ? S'il se bat déjà du côté des Forces de Lumière et des Alliés, il connaît sa destinée et son service. Mais quelle est la situation de ceux qui s'interrogent sur ce qu'ils peuvent faire, et sont cependant désireux de voir clairement et de jouer leur rôle, lorsqu'ils seront parvenus à la vision correcte ? À ceux-là, je dirai ce qui suit :

1. Éliminez de votre conscience le préjugé, l'orgueil national et les antipathies religieuses. Les erreurs passées des Alliés, indiquées par l'histoire, sont des faits qu'eux-mêmes ne nient pas. Ils ne sont pas les seuls coupables d'égoïsme, car le bilan de chaque nation est entaché [245] des mêmes fautes. Mais ils soutiennent aujourd'hui un ordre spirituel nouveau, basé sur un désir de synthèse, de méthodes justes de gouvernement et de bien pour la population. Le malheureux passé de toutes les nations est aujourd'hui utilisé comme alibi par ceux qui ne veulent pas prendre de responsabilités ou sacrifier quoi que ce soit à la cause de l'humanité. Il est nécessaire que tous aujourd'hui nous reconnaissions nos points faibles dans un esprit de tolérance et de pardon.

2. Refusez de vous laisser effrayer quant au résultat, quel qu'il soit, d'une action juste et positive. La peur, aujourd'hui, se glisse derrière bien des dissentiments, la peur tue la vérité, cache la vision et empêche l'action juste. Le grand Guide de l'ère chrétienne nous a avertis qu'il ne fallait pas craindre ceux qui tuent le corps, mais ceux qui cherchent à tuer l'âme. Les forces d'agression sont en train de tuer lentement et impitoyablement l'amour et l'espoir (qualités de l'âme), dans les pays conquis et en Allemagne. Ceci, ainsi que la défense de la grande cause humanitaire, est une raison suffisante pour inciter tous les hommes de bonne volonté à prendre les armes du côté des Forces de Lumière. Je recommande ceci à votre imagination attentive. Pour exprimer les choses de façon encore plus pratique, je vous demande si vous souhaiteriez voir vos enfants assujettis aux méthodes d'éducation du régime nazi, qui écrase tout sens de l'humain, et accentue l'orgueil de race et le culte de la cruauté ? Pouvez-vous rester sans rien faire, ou vous en remettre simplement à la prière et parler des beautés de la paix, quand de petits enfants, dans les pays conquis, sont soumis au système allemand qui tue l'âme ? Refusez donc, dans leur intérêt, d'avoir peur.

3. Ayant senti la vision, reconnu les obstacles et vous étant débarrassés des préjugés innés et de la peur, vous verrez alors ce que vous devez faire en face de cette dangereuse crise. Je n'ai pas à vous dire ce que vous devez faire. C'est vous qui devez décider des détails ; les méthodes que vous devez employer deviendront claires à vos yeux ; les questions humanitaires en jeu vous seront de plus en plus évidentes ; vous vous rangerez alors aux côtés des Forces de Lumière et vous soutiendrez le bras de ceux qui se battent pour la paix du monde et la sécurité, préparant ainsi l'instauration du nouvel ordre mondial. [246] Vous accomplirez ceci sans penser à vous-mêmes. Vous ferez face à la vie avec vérité et sincérité, vous vouant pleinement au sacrifice du temps, de l'argent, de vous-mêmes et, s'il le faut, de votre vie. Vous saisirez dynamiquement que l'attitude de l'observateur passif n'est pas celle d'un agent des Forces de Lumière, ni celle d'un ami de l'humanité.

4. Vous apprendrez aussi à être exempts de haine, vous refusant à détester le pécheur abusé, même lorsque vous lui infligerez une sanction pour son péché. La haine et la séparation doivent disparaître ; elles disparaîtront lorsque l'individu les chassera de sa vie. La grande erreur des neutres ou des pacifistes est leur refus de s'identifier constructivement avec la douleur humaine. Même lorsqu'ils réagissent par une violente émotion à la souffrance, par exemple, des petits enfants dans cette grande guerre, et des réfugiés sans défense, ils ne s'en soucient pas vraiment assez pour faire quelque chose, ce qui impliquerait un sacrifice. Ces paroles sont sévères, mais c'est une nécessaire exposition des faits. La sympathie qui n'engendre pas quelque action positive, devient une plaie malsaine.

Ainsi, par la pensée, la parole, l'action, l'ami de l'humanité entrera dans la bataille contre le mal ; en s'oubliant complètement, il soutiendra la cause de l'humanité, sans se cacher derrière une impression d'inefficacité et sans chercher d'alibi dans un idéalisme mal interprété. Il regardera en face la situation présente. à la lumière qui jaillit de la vision même. Il s'avancera alors dans l'ère des justes relations humaines, de l'unité spirituelle, des ressources partagées et ceci en pleine confiance, car son sens des valeurs sera exact. Il sait que l'humanité a une mission divine qui doit être accomplie sur les ailes de l'amour, par l'action compréhensive, par le service altruiste et l'acceptation de mourir dans la bataille, si c'est le seul moyen de servir et de libérer son frère.

Ayant maintenant exposé une attitude face à la crise mondiale actuelle, qui me paraît en accord avec tout ce que j'ai enseigné dans le [247] passé et dans la ligne de l'enseignement de la Hiérarchie, ayant éclairé le dualisme fondamental qui sous-tend ce conflit, ayant indiqué les lignes de démarcation qui émergent nettement, je vous appelle tous à vous ranger du côté des Forces de Lumière.

Les temps sont difficiles. On a besoin d'hommes et de femmes qui ont de la perspicacité et le courage de demeurer fermes et de prendre les mesures nécessaires, quelles qu'elles soient, pour amener la fin de la guerre. De vastes sections de l'humanité ne peuvent faire plus qu'accepter le malheureux destin qui les a frappées. Ces personnes sont incapables de penser, ou de prier, ou même de faire appel à la foi pour les aider. Elles sont sans espoir. Pour elles, vous devez penser ; pour elles, vous devez prier ; pour elles, vous devez avoir la foi et – par-dessus tout, en ce moment – pour elles, vous devez agir. Le travail de reconstruction gît dans l'avenir. Ce qui est requis aujourd'hui est de construire un rempart de défense autour de l'humanité ; puis – ayant accompli tout ce qui est nécessaire sur le plan physique – de demeurer inébranlables. Vous devez toutefois vous tenir, le visage tourné vers l'ennemi des âmes humaines, prêts à la bataille, littéralement et physiquement, prêts à prendre toutes les mesures pour repousser l'ennemi, prêts au sacrifice maximum pour qu'il ne puisse pas avancer davantage.

Votre travail sera donc de nature triple. Sur les niveaux de la conscience mentale, votre vision de la nécessité présente et de l'avenir sera claire, vous inspirant et vous permettant d'être une source de force pour tous ceux qui vous entourent. Votre foi verra au-delà de ce qui est évident, jusqu'à la "substance des choses espérées, évidence des choses invisibles", ainsi que le dit l'initié Paul ; votre pensée sera alors ancrée dans l'action juste et dirigée par l'âme. Pour le côté émotionnel de votre vie, vous ne perdrez pas votre temps en pleurs vains, ou en vagues conversations sympathisantes, car vous serez complètement identifiés à ce qui se passe, et toute votre énergie émotionnelle sera dirigée vers la recherche de toutes les méthodes disponibles pour soulager pratiquement la douleur. L'énergie du cœur sera occupée par la tâche consistant à fournir une aide compréhensive, de sorte que les habituelles réactions du plexus solaire ne pourront pas intervenir. Sur le plan physique, vous n'aurez pas de problème pour savoir que faire, [248] car tout votre effort physique, votre temps, la force de votre personnalité, tendront à vous charger dûment de votre part pour empêcher les forces d'agression d'avancer davantage. Cela pourrait vouloir dire lutter, dans les rangs des armées alliées, ou conduire une ambulance sous les auspices de la Croix Rouge ; lever des fonds pour secourir les réfugiés ; parler publiquement ou à des groupes des questions en jeu, ou participer à quelque forme d'effort national pour apporter aide et force aux Alliés. Quoi que ce soit, cela fera appel à la totalité de vos possibilités et de ce que vous êtes, en un tout intégré et dirigé vers un effort unique, soutenu et substantiel.

Votre volonté-de-bien se jettera à l'appui de tout effort pour empêcher les activités d'une alliance du mal pouvant se présenter dans votre entourage ; vous serez conduits à travailler avec vigilance pour le bien de votre pays, tout en augmentant l'effort national pour en finir avec la guerre par la victoire tangible des Forces de Lumière. Réfléchissez à ces paroles.

L'effort mondial de bonne volonté, que j'ai précédemment cherché à instaurer et à synthétiser, est passé par un stade négatif et par un intermède où aucun travail actif n'était possible. Les besoins du Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde font appel maintenant à une activité positive renouvelée – à nouveau, il faut entreprendre la redécouverte et le soutien immédiat des membres de ce groupe. Il faut, si possible, les atteindre dans tous les pays, les réhabiliter avec sagesse et les rétablir subjectivement. Il faut les aider objectivement et aussi les inspirer pour qu'ils puissent travailler à former le noyau des Forces de Reconstruction, quand les Forces de Lumière auront gagné la victoire sur les forces d'agression. Voici le premier point que je vous demande d'accomplir.

Le deuxième point consiste à instaurer l'emploi dynamique d'une autre Stance de la Grande Invocation. Celle que vous avez employée jusqu'ici a rempli son dessein immédiat, bien qu'elle puisse être appelée à servir de nouveau quand la guerre sera finie. Je vous donne maintenant un autre ensemble de phrases qui (si elles sont utilisées correctement) peuvent invoquer les Forces de la Volonté Divine à [249] l'appui des Forces de Lumière. Il n'est pas facile de donner une traduction adéquate, ou de paraphraser ce mantra de pouvoir ; il n'est pas non plus facile de le réduire suffisamment dans son pouvoir pour que chacun puisse l'utiliser en toute sécurité et de conserver en même temps sa qualité de défi dynamique. Les phrases suivantes suffiront néanmoins ; si vous les utilisez avec une intention concentrée, dans l'attitude du sacrifice de la personnalité (maintenue silencieusement consacrée dans la lumière de l'âme), un grand pouvoir peut être engendré. Dans le sillon du pouvoir que vous réussirez peut-être à susciter, peut apparaître ce qui est nécessaire pour libérer l'humanité de l'esclavage du mal, si toutefois vous comprenez quelque peu la nature de la volonté de sacrifice.

Que les Seigneurs de Libération s'élancent. Qu'ils viennent au secours des fils des hommes. Que le cavalier sorte du Lieu Secret,

Et, par sa venue qu'il sauve. Viens, O Être Puissant.

Que l'âme des hommes s'éveille à la Lumière, Et qu'ils se dressent en un dessein de masse. Que la proclamation du Seigneur retentisse : La fin du malheur est venue !

Viens, O Être Puissant.

Pour la force salvatrice, l'heure de servir est arrivée. Qu'elle se répande de tous côtés, O Être Puissant.

Que la Lumière, l'Amour, la Puissance et la Mort

Accomplissent le dessein de Celui qui vient. La Volonté de sauver est là.

L'Amour voué à poursuivre le travail est partout largement présent.

L'aide active de tous ceux qui connaissent la vérité est également là.

Construis un grand mur de défense.

La domination du mal doit maintenant prendre fin.

Si donc, vous voulez prononcer ces trois stances avec une volonté concentrée d'affirmation, il se peut qu'un grand pouvoir soit libéré, [250] qui sauvera l'humanité et vaincra immédiatement les forces d'agression. Mais je souhaite répéter que l'emploi de ces paroles doit s'accompagner de la consécration de votre vie personnelle à la cause de l'humanité, et de la transmutation de votre volonté personnelle en volonté de l'âme qui est sacrifice.

Finalement, je vous demande de prendre contact aussitôt que possible avec le siège central du travail de bonne volonté et d'indiquer que vous désirez coopérer dans toute la mesure du possible avec les Forces de Lumière. Cela servira à concentrer pratiquement votre effort. Je vous demande aussi de favoriser la diffusion de cet article, sur la plus grande échelle possible, afin que l'emploi de la Grande Invocation soit largement répandu. Il y a beaucoup de gens à qui elle pourrait être envoyée, chez qui elle susciterait une activité renouvelée et un effort plein d'espoir. Je vous demande d'utiliser cette nouvelle Invocation avec foi, car elle unit en une unité magnétique les forces de la Volonté-de-bien divine, l'Amour qui sous-tend les efforts de la Hiérarchie et l'Activité intelligente de l'humanité, créant ainsi un réservoir de force, où peut se déverser l'énergie des trois centres divins, et où peuvent puiser les Forces de Lumière. Dire cette Invocation ne remplace pas votre effort sur le plan physique ; elle en est le complément ; plus vous servez sur le plan physique, plus efficace sera l'emploi que vous ferez de cette Invocation.

J'ai dit précédemment que la guerre aurait pu être évitée dans son expression du plan physique, si les disciples et les aspirants s'étaient montrés à la hauteur de l'occasion offerte et de leurs responsabilités. La Grande Invocation fut rendue relativement impuissante, du point de vue de son utilité dynamique, car la majorité de ceux qui l'utilisaient l'ont transformée en une prière pour la paix. C'était au contraire un grand appel invocatoire de spiritualité militante. Ceci ne doit pas se reproduire pour ces Stances de l'Invocation. C'est une demande, c'est aussi une affirmation péremptoire d'un fait qui existe ; elle met en mouvement des agents et des forces jusque là en repos, qui peuvent changer la face du champ de bataille mondial. Elles invoquent le Prince de la Paix, mais il a une épée et les effets de son [251] activité pourraient surprendre ceux qui ne voient que les nécessités de l'aspect forme de l'humanité.

Que la force et l'illumination soient les vôtres, ainsi que le pouvoir de demeurer inébranlables et de vous battre pour la libération de l'humanité, est la prière, la supplication de votre frère, le Tibétain.

LA GRANDE INVOCATION

— Stance II

Septembre 1940

Il m'a semblé, après y avoir dûment réfléchi, qu'il serait fort utile d'élucider un peu le thème de la nouvelle Invocation et de traiter la question de l'intervention divine. La pensée est très incertaine à ce sujet, ceci étant dû aussi bien à la vérité qu'à la mauvaise interprétation de l'enseignement chrétien, en ce qui concerne le retour du Christ. L'esprit analytique et théologique des hommes a déformé la révélation de Dieu ; je souhaiterais faire quelque chose pour provoquer une attitude plus sage face à la réalité de ce retour inévitable. Cette pensée inexacte entrave dans une large mesure un travail intelligent de coopération. Je voudrais vous rappeler que la réussite de l'invocation et la vraie efficacité de la prière dépendent de la pensée claire et non du désir émotionnel ou d'un complexe puissant de vœux. Elles dépendent aussi d'une certaine fraîcheur, d'un certain enthousiasme dynamique, auxquels il est difficile de parvenir en cette période de fatigue et de tension. Le temps présent est particulièrement dur. Il se peut qu'une compréhension plus claire de la nature et du dessein de l'intervention divine aide à éclairer cette question.

Pour le penseur non averti et l'étudiant débutant dans l'occultisme, il pourrait sembler qu'un Dieu tout puissant ou Logos Planétaire – étant donné son existence – pourrait, sans beaucoup de peine, avec beaucoup d'efficacité et de compassion, intervenir dans cette triste situation mondiale et mettre fin à la lutte des nations, par le moyen de quelque événement spectaculaire, de quelque cataclysme dramatique dans les processus naturels, ou de quelque apparition [252] suprême, qui accomplirait beaucoup de bien. Cela pourrait convaincre, de manière concluante, les groupes agresseurs – pourrait-on argumenter – que leur temps est fini et qu'ils feraient mieux de mettre fin immédiatement à leurs efforts. Que n'est-ce une question relativement aussi simple ! Mais les lois de la nature, la libre volonté de l'humanité et d'inévitabilité du Karma se combinent pour empêcher qu'une intervention soit pratiquée justement dans ces conditions. Cela ne veut pas dire qu'une certaine forme d'intervention n'est pas possible, mais elle doit se conformer à la loi ; elle ne doit pas entraver le droit qu'a l'humanité de mener ses propres affaires, et doit survenir au moment où les meilleurs résultats, le maximum de résultats, pourront être atteints.

Je voudrais, en premier lieu aborder les trois points signalés plus haut – la loi naturelle, la libre volonté et le Karma – Ce faisant, je parviendrai peut-être à éclairer la pensée confuse de beaucoup d'étudiants.

La loi naturelle est l'apparition inévitable sur le plan physique de forces et d'énergies engendrées depuis longtemps. Ces dernières, selon la pensée de certains, doivent demeurer hors de la domination humaine et faire partie de la volonté insondable de Dieu ; elles ne concernent l'homme en rien. Si l'on se rend compte que certains aspects de la loi naturelle comportent uniquement les forces – souterraines, superficielles et aériennes – de notre planète, ce principe sera reconnu correct en l'état actuel des attitudes mentales de l'humanité et le restera pendant longtemps encore. Il existe, néanmoins, des causes et des effets que l'on place dans la catégorie de la loi naturelle et sur lesquels l'homme n'est pas loin d'exercer une certaine maîtrise. Depuis des siècles, l'homme a engendré des énergies qui doivent inévitablement produire des événements sur le plan physique, susciter une réponse du plan des émotions et inciter à des réactions mentales. C'est là que la loi naturelle et la loi de Karma se rencontrent et agissent l'une sur l'autre.

Beaucoup de gens aujourd'hui se trouvent un alibi dans la présente situation mondiale ; en conséquence ils se sentent libres de toute nécessité d'agir de manière nette et responsable, en disant que ce qui arrive aujourd'hui est simplement du Karma, ou l'accomplissement de la loi de cause à effet ; donc, ils n'y peuvent rien ; ils [253] prétendent que ce n'est pas leur affaire, qu'en temps voulu ce processus se sera épuisé et que tout redeviendra satisfaisant. L'ardoise sera alors effacée ; accessoirement ils n'auront été mêlés à rien, mais ils auront observé, en toute sécurité (sinon confortablement). Ce faisant, ils négligent le troisième aspect de la même loi, celui que nous appelons libre arbitre. C'est l'utilisation correcte du libre arbitre, et son expression compréhensive, qui doit finalement redresser, modeler l'accomplissement du Karma, et transmuer ce qui actuellement cause tant de mal et de ravages dans le monde, en une manifestation de bien et de base réussie pour la poursuite d'un vrai bonheur. Donc, ceux qui observent les souffrances tragiques de l'humanité et refusent d'être impliqués, réussissant ainsi à esquiver leur responsabilité, en tant que partie intégrante de la famille humaine, accumulent nettement pour eux-mêmes beaucoup de mauvais Karma. Ceux-ci doivent apprendre la participation d'une manière quelconque, car la situation actuelle porte en elle les semences de la libération de l'humanité, quand on comprendra la nature du mal, et par-dessus tout, lorsque l'unité de l'humanité et les droits des êtres humains seront véritablement reconnus. Ceux qui se battent contre la race des hommes, et qui cherchent à lui arracher ce don de Dieu qu'est leur ultime liberté, seront repoussés vers les lieux d'où ils viennent. Ceux qui se refusent à partager la lutte pour la liberté seront tenus à l'écart des gains de cette liberté, même si c'est seulement dans les limites de leur propre foyer, de leurs habitudes de vie et des conditions de leur vie privée. Lorsque j'écris "seront repoussés vers les lieux d'où ils viennent", j'emploie ces termes à la fois dans leur sens propre et dans leur sens occulte.

C'est donc le libre arbitre et la volonté-de-bien de l'humanité qui doivent mettre fin activement au présent conflit. Le premier facteur concerne la responsabilité de l'homme ; l'autre, correctement compris, concerne la juste relation de l'homme au dessein divin, son orientation juste vers la bonne volonté divine et sa participation correcte à l'expression de cette dernière. Là où ces conditions existent, un acte d'intervention divine peut être suscité.

La loi naturelle produit aujourd'hui de grands changements par [254] les effets du combat sur la terre et dans l'air, par les conséquences des mouvements fluides de sections entières de la population mondiale et les effets de vastes changements et processus économiques. Des conditions ont été mises en mouvement, qui doivent maintenant aboutir à leur issue prédestinée ; c'est la tâche de ceux qui guident l'humanité spirituellement de veiller à ce que, du mal superficiel et de l'activité matérielle, le bien puisse résulter, ; de veiller à ce que, de l'intention matérialiste et pernicieuse, faisant la base de l'activité agressive présente de certains groupes, le bien ultime puisse être engendré et l'activité mauvaise interrompue. Mais cette possibilité de bien résultera de l'activité spirituelle de ceux qui connaissent la loi et comprennent le dessein de la volonté de Dieu ; elle se réalisera non à cause, mais en dépit de la force brutale et des buts égoïstes des agresseurs ; ces derniers sont l'âme et le corps des forces matérialistes de la planète, s'exprimant d'une manière complètement nouvelle. Le libre arbitre implique une compréhension fondamentale du clivage mondial ; il concerne le juste choix et l'action subséquente correcte du groupe ; il est chaque fois déterminé par ce qui est bon pour le tout et non tellement par ce qui est bon pour la partie. L'humanité atteint maintenant un niveau où le libre arbitre peut prendre une importance significative. Il y a eu très peu de libre arbitre jusqu'ici. C'est précisément la démonstration qu'il faut faire en ce moment. C'est le manque de libre arbitre qui aujourd'hui entrave l'activité finale. Ceci est une affirmation importante ; c'est là que les grands États libres et neutres peuvent guider correctement les affaires humaines. L'agression, la peur. la terreur, la crainte du malheur et la paralysie qui résultent d'une douleur physique et mentale incessante anéantissent le libre arbitre dans de nombreuses parties du monde aujourd'hui. Il n'existe pas de libre arbitre dans de nombreuses parties de l'Europe actuellement.

Les préjugés, la mauvaise interprétation des faits présentés, un idéalisme faux et sur-accentué, des formes-pensées nationales et raciales, et la peur de la responsabilité qui fait que l'on s'y soustrait empêchent l'expression du libre arbitre, dans les parties du monde les moins endommagées. Le manque de préparation morale et le refus [255] d'abandonner les nombreuses et différentes interprétations erronées de la vérité ou de l'enseignement du Christ entravent beaucoup de gens aujourd'hui. La libération de l'humanité viendra quand les prétendus gens de bien abandonneront leurs théories favorites et leurs idéaux bien-aimés, quand ils comprendront le fait essentiel que l'entrée dans le royaume de Dieu ainsi que dans l'âge nouveau se fera quand le genre humain sera véritablement aimé, servi avec altruisme, quand le vrai dessein divin sera perçu et l'humanité reconnue être un tout indivisible. Alors les nationalismes mesquins, les divergences religieuses, les idéalismes égoïstes (car souvent c'est ce qu'ils sont, la plupart des gens étant idéalistes pour sauver leur âme) seront subordonnés aux besoins humains. au bien humain et au bonheur futur de l'ensemble. La nécessité flagrante, à l'heure actuelle, est une simplification de l'attitude des hommes. Les idéologies doivent disparaître ; les idéaux anciens doivent être abandonnés ; les combinaisons mesquines politiques, religieuses ou sociales doivent être écartées ; le dessein unique et dynamique, la détermination unique et prédominante doivent être de libérer l'humanité de la peur et de l'esclavage qu'on lui impose, de restaurer pour l'homme la liberté et l'occasion normale de s'exprimer par de justes relations humaines. Ceci n'est pas encore possible ; c'est cette situation effroyable de terreur, d'esclavage, de loi imposée, de peines infligées, qui brise le cœur de l'humanité, provoque une détresse profonde et des questions chez ceux dont le cœur n'est pas encore brisé. Quant au Karma, ce que l'homme a fait, il peut le défaire. C'est ce que l'on oublie souvent. Le Karma n'est pas une règle stricte et inflexible. Il est susceptible de changement selon l'attitude et le désir de l'homme. Il présente l'occasion de changer ; il découle d'activités passées qui, si on les affronte de manière juste et on les traite de façon correcte, posent les bases d'un bonheur et d'un progrès futurs. Quant à la situation présente, la faute en incombe à tous les peuples, de tous les pays (spécialement les plus intelligents) et les grands pays neutres n'en sont pas exempts, si la Loi de Renaissance et de responsabilité conjointe a un sens. Le Karma ne correspond pas à tout ce qui est mauvais. C'est ce que les hommes en ont fait par leur stupidité. Il existe aujourd'hui de grandes forces du mal, qui cherchent à s'exprimer dans le monde ; elles émergent du passé et [256] cherchent à déterminer et à provoquer un avenir très mauvais où l'égoïsme, les objectifs matériels, l'avantage et le bien-être d'une seule race parmi toutes les autres, doivent être imposés au monde, monde qui se révolte naturellement contre un tel abus de pouvoir et une telle falsification de la vérité. La force du mauvais exemple est révélée par le fait que deux autres races copient de manière abjecte, ou aident les forces d'agression, centrées actuellement sur la race des agresseurs.

Parallèlement, les forces du bien cherchent à compenser le règne forcé de l'égoïsme matériel ; elles sont actuellement aux abois, le dénouement étant encore incertain, sauf sur le plan mental. Il faut encore qu'il se réalise en triomphe du bien sur le plan physique. Quand ceux qui ne sont pas aussi sévèrement impliqués dans le présent conflit abandonneront leur égoïsme, leurs préjugés, leurs interprétations et verront clairement la dualité fondamentale de ce conflit dans sa vraie lumière, ils feront peser, de plus en plus, leur influence du côté de la bonne volonté et des relations humaines justes. Alors, le mauvais Karma qu'ils semblent accepter placidement pour les autres et rejeter pour eux- mêmes se changera en bon Karma, qui est la vraie destinée de l'humanité, et qui introduira la nouvelle ère de joie, de paix et de synthèse spirituelle, synthèse que nous appelons fraternité.

C'est à cause du retard dans la juste compréhension, et de la lenteur que mettent beaucoup de gens à apprécier la véritable situation, que ceux qui guident l'humanité et travaillent du côté spirituel de la vie n'ont pas pu faire grand-chose jusqu'ici, sinon fortifier le bras de ceux qui travaillent pour les Forces de Lumière. La foi de nombreuses personnes a maintenu la porte entrouverte ; cependant, même ceux-là ont souvent oublié que "la foi sans le travail est une chose morte". C'est seulement quand la foi trouvera une expression active sur le plan physique, en coopération correcte et en sacrifice (jusqu'à la mort), que l'on parviendra à ouvrir toute grande la porte et que l'intervention divine deviendra possible. C'est seulement quand la vision et le rêve de paix, qui trompent tant de gens, auront fait place à une détermination d'utiliser tous les moyens possibles pour parvenir à la paix, de manière pratique sur le plan [257] physique, que les forces spirituelles intérieures pourront aussi travailler plus activement sur terre.

Assez curieusement, elles sont souvent entravées à l'heure actuelle par les idéalistes qui aiment leurs idéaux plus que l'humanité, qui s'accrochent à des interprétations spéciales de ce qu'ils pensent que le Christ a voulu dire, en excluant en même temps le véritable amour qui a caractérisé chacun de Ses actes et qui les conduirait au service actif et désintéressé des Forces de Lumière. Ils ne font rien pour mettre fin au conflit, car ils sont préoccupés par leurs propres rêves, idéaux et interprétations ; quand ils abandonneront tout cela par amour pour l'humanité, alors une nouvelle vision apparaîtra et le monde sera sauvé. Les Forces de Lumière trouveront une puissante expression et les forces de l'agression seront défaites.

Donc, étant donné la fusion de la vision et de l'activité sur le plan physique (nécessité principale actuellement), quelle forme l'intervention divine espérée pourrait-elle prendre ? Je ne fais aucune prophétie. Tout ce que je cherche à montrer est que l'obstacle, ou le blocage, se trouve aujourd'hui du côté de l'humanité. Il ne se trouve pas du côté des forces de lumière, de vie et d'amour ; il ne se trouve pas du côté du Christ et de ses disciples, les Maîtres de Sagesse, ceux-ci constituant, sous divers noms, la Hiérarchie de la planète. Appelez-les comme vous voulez ; la croyance la plus chère à l'humanité est qu'il existe au monde et pour toujours une Réalité cachée, Ceux qui ont vaincu la mort, qui ont des pouvoirs illimités et qui peuvent être atteints par la prière et l'invocation.

C'est la puissance et la compréhension des choses matérielles, et le fait d'une concentration sans division sur le plan physique, qui ont permis aux forces d'agression tant de réussite jusqu'à maintenant. Ces forces, par leur puissance même, ont uni un groupe de sept hommes qui en eux-mêmes personnifient les grands aspects spécifiques des forces matérielles (se rapportant aux sept types d'énergie, dans leur expression la plus basse et la plus matérielle) et leur manifestation : la guerre, la [258] peur et la cruauté. Ils sont unis par un seul point de vue et par un seul but, d'où leur succès. (Il est de même intéressant de remarquer que, dans leur cas, apparaissent inévitablement sept personnages initiaux, parallèle vil et sombre des Sept Entités primordiales qui conduisent les êtres humains vers la lumière et sont symbolisées par les Sept Maçons qui constituent une Loge Maçonnique). Ils sont les gardiens des forces qui les dominent, et sur lesquelles ils n'ont pas la moindre emprise. Vous demandez qui sont ces sept hommes : Hitler, Von Ribbentrop, Gœbbels, Gœring, Hess, Himmler et Streicher – noms bien connus de vous tous. Ces hommes incarnent et personnifient les forces d'agression et gouvernent par la peur, non seulement les nations réduites à l'esclavage, mais aussi leurs quelques alliés, qui ne sont en aucune façon dans la même catégorie de pouvoir– heureusement pour eux.

Quand ceux qui sont du côté des Forces de Lumière et de la non-agression percevront leur objectif avec une égale clarté, quand ils seront également et uniformément unis dans le but de mettre fin à l'oppression et à l'esclavage et de libérer l'humanité, nous verrons alors une incarnation de la force spirituelle, qui entraînera le désastre pour ces sept puissants personnages. Une telle unification de l'objectif et du dessein est possible et nécessaire ; quand elle se fera, la force engendrée, et la puissance libérée sur le plan physique seront d'une nature si prodigieuse que la libération des hommes s'ensuivra rapidement.

C'est pour cela que j'ai travaillé et que j'ai cherché à vous stimuler tous. Cet état d'esprit fait son chemin parmi les forces alliées, bien que la chute de la France fût inévitable. La France était animée de desseins plutôt égoïstes : la sécurité de la France ; elle se souciait beaucoup moins de l'intégrité et du bonheur de l'humanité. Ceci conduisit à un effondrement inévitable. Néanmoins, la France est en train d'apprendre. Ses masses inébranlables, son noyau spirituel sauveront cette nation brisée. Les puissances neutres sont encore égoïstes (bien qu'elles tentent de le voiler par la philanthropie), mais elles s'éveillent rapidement aux vrais problèmes. Quand il existera une réelle synthèse du but et de dessein, une véritable unification de vision sur le plan mental, un désir fixe et inaltérable sur le plan émotionnel et une consécration à l'effort [259] pratique sur le plan physique, alors il y aura un espoir de voir apparaître l'incarnation "du désir de toutes les nations".

Cette incarnation est un mode possible d'intervention divine. Le Prince de la Paix conduira son peuple – par la guerre – à la paix. Ceux qui pensent seulement en termes de paix telle qu'ils la conçoivent et la désirent, oublient les paroles bibliques, selon laquelle le Prince de la Paix prend nettement part à la bataille d'Armageddon (en cours actuellement). Après avoir obtenu la victoire, il fera passer ses cohortes triomphantes par les grilles de "Jérusalem", la cité de la paix. La signification symbolique et pratique apparaît de plus en plus. Cet événement notoire surviendra quand le libre arbitre des gens, mêlé à l'invocation et à la prière, rendra la chose possible.

L'intervention divine pourrait aussi prendre la forme d'un cataclysme, qui mettrait fin à l'agression par la destruction. Le prix en vies humaines serait probablement tel que les gardiens de la loi naturelle et les travailleurs qui comprennent le dessein divin hésitent nettement, en dehors du fait que l'humanité a maintenant un point d'évolution tel, qu'elle est sans aucun doute capable d'exprimer son libre arbitre. Le cataclysme fut la méthode employée à l'époque atlantéenne, ainsi que vous le savez par les récits du déluge ; ce déluge causa la destruction presque complète de la civilisation de ce temps-là. On espère que des mesures aussi radicales ne seront pas nécessaires aujourd'hui, bien que d'anciennes prophéties prévoient la possibilité de la destruction du monde d'aujourd'hui par le feu, au lieu que ce soit par le déluge. Laquelle des deux méthodes – incarnation divine ou cataclysme naturel – sera employée, c'est en vérité l'humanité qui en décidera en utilisant ou en n'utilisant pas le libre arbitre et la compréhension.