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LE RETOUR DU CHRIST - Partie 2

 

Savoir qu'Il est prêt, et désireux d'apparaître publiquement à son humanité bien-aimée ne fait qu'ajouter à l'impression générale de frustration, et une autre question vitale se pose : Pendant combien de temps devrons-nous souffrir, lutter, nous battre ? La réponse est claire. Il viendra sans faute quand la paix aura été rétablie dans une certaine mesure, quand le principe de partage sera au moins en voie de dominer les affaires économiques et quand les Églises auront commencé à nettoyer la maison. Alors, Il pourra venir et viendra ; alors, le royaume de Dieu sera reconnu publiquement, et il ne sera plus une affaire de rêve et d'idéal.

Les aspirants ont tendance à se demander pourquoi le Christ ne vient pas avec toute la pompe et la cérémonie que les Églises attribuent à l'événement, et ne manifeste pas son pouvoir divin, par sa venue, ce qui prouverait de manière convaincante l'autorité et le pouvoir de Dieu, mettant fin ainsi à ce cycle d'angoisse et de détresse. Les réponses à cela sont nombreuses. Il faut se souvenir que l'objectif principal du Christ ne sera pas de manifester du pouvoir, mais de rendre public le royaume de Dieu qui existe déjà. De plus, lorsqu'Il vint précédemment, Il ne fut pas reconnu ; en sera-t-il différemment cette fois ? Vous pouvez demander pourquoi Il ne serait pas reconnu ? Parce que les yeux des hommes sont aveuglés par des larmes de pitié-de-soi et non de contrition ; parce que le cœur des hommes est encore rongé par un égoïsme que la souffrance de la guerre n'a pas guéri ; parce que l'échelle des valeurs est la même que dans l'Empire romain corrompu, seulement, en ce temps-là, cette échelle de valeurs était localisée et non universelle ; parce que ceux qui pourraient Le reconnaître, et qui aspirent à Sa venue ne veulent pas faire les sacrifices nécessaires, et assurer ainsi la réussite de Son avènement. [617]

Un autre facteur militant contre la reconnaissance du Christ et qui vous surprendra probablement, est le fait qu'il y a dans le monde actuellement tant de personnes très bonnes, tant de disciples et de travailleurs altruistes, tant de personnes vraiment pleines de vertu, que la compétition spirituelle appellerait de sa part un degré de sainteté qui l'empêcherait de s'approprier un corps de nature à lui permettre de se manifester parmi les hommes. Ce n'était pas le cas il y a deux mille ans ; néanmoins, c'est le cas aujourd'hui, tant est grand le

 progrès humain, et la réussite du processus évolutif. Pour qu'Il puisse aujourd'hui marcher parmi les hommes, il faut un monde comportant assez de travailleurs efficaces et de personnes spirituelles, pour changer l'atmosphère de la planète ; alors, et seulement alors, le Christ pourra venir et viendra. Je ne vous présente cependant pas une impossibilité.

L'ésotérisme moderne et la réussite d'un mode de vie spirituel et scientifique sont si largement reconnus que cela a profondément affecté la conscience des hommes en tous lieux ; Il en sera ainsi de plus en plus, à mesure que l'espoir de la venue du Christ et la préparation de celle-ci se répandront parmi les hommes. La situation n'indique aucune frustration divine (dont celle des disciples mondiaux pourrait être la réflexion), ni aucune incapacité d'apparaître. Cela indique plutôt la merveille de la divinité chez l'homme. La divinité néanmoins attend l'expression du libre arbitre de l'homme.

Une autre réponse est que lorsque le Christ surgira du Lieu de Pouvoir, amenant avec lui ses disciples, les Maîtres de Sagesse, ce Lieu de Pouvoir se situera sur terre, et sera publiquement reconnu ; les effets de l'apparition et de la reconnaissance seront énormes, suscitant un effort et une attaque également énormes de la part des forces du mal – à moins que l'humanité elle-même n'ait préalablement "scellé la porte de la demeure du mal". Ce qui doit être fait par l'établissement de justes relations humaines.

Encore une autre réponse à laquelle je vous demande de réfléchir est que le Christ et la Hiérarchie spirituelle ne transgressent jamais – [618] quel que puisse en être le motif – le droit divin de l'humanité de parvenir à la liberté, en luttant pour la liberté, individuellement sur le plan national et international. Lorsque la vraie liberté couvrira la terre, nous verrons la fin de la tyrannie, politique et religieuse. Je ne parle pas ici de la démocratie moderne, qui est à présent une philosophie de pensées velléitaires, mais d'un état de choses où le peuple lui-même gouvernera ; les individus ne toléreront l'autoritarisme d'aucune Église, ni l'autoritarisme d'un gouvernement ou système politique ; ils n'accepteront ni ne permettront la domination d'un groupe d'hommes qui leur dira ce qu'ils doivent croire pour être sauvés, ni quel gouvernement ils doivent adopter. Je ne dis pas que ces objectifs désirables doivent être des faits accomplis sur terre avant la venue du Christ. Je dis que cette attitude envers la religion et la politique doit être généralement acceptée comme nécessaire à tous les hommes ; des mesures doivent avoir été prises avec succès, dans la direction des justes relations humaines.

Voilà ce que le Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde, les disciples, les aspirants et les hommes de bonne volonté, de tous les coins du monde, doivent croire et enseigner, en préparation de Son avènement.

Rien donc ne peut compenser le sens de frustration (indéniablement présent et basé sur des conditions de fait) si ce n'est l'acceptation et le développement d'un état d'esprit fondé sur la croyance en la véracité des documents historiques, qui témoignent de beaucoup d'avènements aux moments cruciaux des affaires humaines, et de nombreux Sauveurs du Monde, dont le Christ fut le plus grand. L'attitude correcte et constructive doit aussi être basée sur une reconnaissance innée de l'existence du Christ et de sa Présence parmi nous en tout temps ; elle doit reposer sur la connaissance que la guerre – avec ses horreurs inexprimables, ses cruautés et ses cataclysmes – n'était que le balai du Père, déblayant les obstacles placés sur le sentier de retour de son Fils. Il aurait été à peu près impossible de préparer sa venue, face aux conditions d'avant-guerre. C'est sur ces faits que le Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde doit aujourd'hui s'appuyer. Il lui faut reconnaître les facteurs d'obstruction, mais aussi [619] refuser d'être frustré par eux ; il doit avoir conscience des entraves (dont beaucoup sont financières et basées sur la convoitise matérielle), et ensuite faire preuve de tant d'habileté dans l'action et de tant de perspicacité dans les affaires que ces entraves seront surmontées. Les membres du groupe doivent traverser les difficultés mondiales en voyant clair, et – tenant devant eux l'étoile à cinq branches du Christ – passer indemnes et victorieux, à travers tous les facteurs de frustration.

Je ne cherche pas à parler ici des habituelles frustrations spirituelles, ni ne souhaite perdre du temps en platitudes ordinaires et en réponses "bien comprises" qui n'aident pas, car elles demeurent des platitudes, et ne sont pas traduites en action. Je traiterai ici uniquement de deux facteurs qui conditionnent les possibilités actuelles ; on peut les considérer comme des obstacles si complets, qu'à moins qu'on ne les fasse disparaître, c'est seulement après un long retard, que le Christ pourra revenir. Ce sont :

1. L'inertie de l'aspirant moyen, ou de l'homme spirituel.

2. Le manque d'argent pour le travail de préparation.

Ces deux entraves reposent fondamentalement sur une seule chose : le matérialisme – l'une sur le matérialisme de l'effort physique, et l'autre sur le matérialisme de l'attitude mondiale.

Maintenons ces thèmes dans la simplicité et au niveau où la plupart des gens pensent actuellement. Soyons intensément pratiques, et obligeons-nous à regarder les conditions telles qu'elles sont parvenant ainsi à une meilleure connaissance de nous-mêmes et de nos motifs.

1. L'inertie de l'homme spirituel moyen

L'aspirant moyen, l'homme de bonne volonté et le disciple ont constamment conscience du défi de l'époque, et des possibilités que les événements spirituels peuvent offrir. Le désir de faire le bien, et de parvenir à des fins spirituelles, leur ronge constamment la conscience. Tout homme aimant ses semblables, rêvant de voir le royaume de Dieu se matérialiser sur terre, conscient de l'éveil des masses – si lent [620] soit-il – aux valeurs spirituelles supérieures, ne peut qu'être profondément insatisfait. Il se rend compte que l'aide qu'il fournit à ces objectifs désirables est bien peu de chose. Il sait que sa vie spirituelle est une question secondaire ; c'est quelque chose qu'il garde soigneusement pour lui, et qu'il a fréquemment peur de mentionner à ses proches ; il essaie de raccorder ses efforts spirituels à sa vie ordinaire extérieure, se débattant pour en trouver le temps et l'occasion d'une manière douce, futile, et inoffensive. Il se révèle impuissant à réorganiser ses affaires de façon à ce que le mode de vie spirituel domine ; il se cherche des alibis et finalement se raisonne si efficacement qu'il finit par décider qu'il fait pour le mieux, vu les circonstances. La vérité c'est qu'il en fait si peu, peut-être une heure ou deux, sur les vingt quatre, sont consacrées au travail du Maître ; il se cache derrière l'alibi selon lequel les obligations de son foyer l'empêchent de faire plus, et il ne comprend pas qu'avec du tact et une compréhension aimante, son entourage au foyer peut et doit être le champ où il triomphe ; il oublie qu'il n'existe aucune circonstance où l'esprit de l'homme puisse être vaincu, où l'aspirant ne puisse méditer, penser, parler et préparer la voie pour la venue du Christ, pourvu qu'il y tienne assez et connaisse le sens du sacrifice et du silence. Les circonstances et l'entourage n'offrent pas de vrai obstacle à la vie spirituelle.

L'homme se cache peut-être derrière un alibi de mauvaise santé, et fréquemment derrière des maux imaginaires. Il passe tellement de temps à se soigner que les heures qu'il pourrait consacrer au travail du Maître se trouvent directement et sérieusement réduites ; il est si préoccupé de se sentir fatigué, ou de se soigner un rhume, si préoccupé de troubles cardiaques imaginaires que la "conscience de son corps" se développe régulièrement, jusqu'à dominer finalement sa vie, il est alors trop tard pour faire quoi que ce soit. C'est en particulier le cas des personnes ayant atteint leur cinquantième année, ou plus ; ces ennuis règnent surtout chez les femmes. C'est un alibi [621] qu'il est difficile de ne pas utiliser, car beaucoup de personnes se sentent fatiguées et souffrantes, et ceci avec les années, peut s'aggraver. La seule manière de guérir cette inertie envahissante est de ne tenir aucun compte du corps, et de trouver la joie dans le service vivant. Cela conduit à une vie plus longue. Je ne parle pas ici de maladies précises, ou de handicaps physiques sérieux ; ces derniers doivent être l'objet d'attention et de soins sérieux ; je parle des milliers de gens souffrants, préoccupés de prendre soin d'eux-mêmes, et qui gaspillent ainsi des heures qui pourraient être données au service de l'humanité. Je demande à ceux qui cherchent à fouler le Sentier de Disciple de libérer ces heures nombreuses passées à se soigner inutilement, pour le service de la Hiérarchie.

Un autre alibi qui conduit à l'inertie est la peur qu'ont les gens de parler aux autres des choses du royaume de Dieu ; ils ont peur d'être rabroués, d'être jugés étranges ou indiscrets. Ils gardent donc le silence, perdent des occasions, et ne découvrent jamais combien les gens sont prêts à discuter des réalités, à trouver réconfort et espoir dans la pensée du retour du Christ, ou à partager la lumière spirituelle. Cela est essentiellement une forme de lâcheté spirituelle ; elle est si générale qu'elle cause la perte de millions d'heures de service mondial.

Il existe, mon frère, d'autres alibis mais les trois notés ci-dessus sont les plus courants ; si la majorité des aspirants se libéraient de ces entraves, ils apporteraient au service du Christ (pour employer le langage des syndicats) tant d'heures de travail et tant d'heures supplémentaires de travail, que la tâche de ceux qui n'admettent aucun alibi en serait grandement soulagée, et que le retour du Christ serait beaucoup plus proche qu'il ne l'est aujourd'hui. Ce que nous appelons inertie n'est pas seulement de nature psychologique. Les qualités de la matière ou substance sont impliquées. L'inertie est l'aspect le plus lent et le plus bas de la substance matérielle qui, dans la philosophie orientale, s'appelle la qualité de tamas. Elle doit être transmuée en une qualité supérieure, celle de l'activité ou (pour employer le terme technique) qualité rajasique qui plus tard conduit à la plus haute qualité de rythme ou sattvique. Je ne vous appelle pas au rythme de vie qu'observent le Christ et la Hiérarchie spirituelle, qui [622] vibre en harmonie avec les nécessités humaines, et la réponse hiérarchique. Mais je vous appelle cependant à faire preuve de la qualité d'activité, et de refuser de vous cacher derrière des alibis. Il est essentiel que tous les aspirants reconnaissent qu'à l'endroit où ils sont actuellement, parmi les gens qui sont leurs associés karmiques, et avec l'équipement physique et psychologique qu'ils possèdent, ils peuvent et doivent travailler. Je ne m'étendrai pas sur ce sujet. Aucune coercition n'est possible et aucune pression indue ne peut être exercée au service de la Hiérarchie. La situation est claire et simple. À l'heure actuelle, trois grandes activités se poursuivent :

Premièrement, l'activité ressentie dans le "centre où la volonté de Dieu est connue", cette volonté-de-bien qui a porté toute la création vers une gloire plus grande, et une réceptivité intelligente qui s'approfondit régulièrement ; aujourd'hui, elle fait un effort pour placer l'ordre mondial nouveau, l'ordre du royaume de Dieu, sous la direction physique du Christ. Cela pourrait être considéré comme l'extériorisation de la Hiérarchie spirituelle de notre planète. Le retour du Christ à l'activité visible en sera le signe et le symbole.

Deuxièmement, l'activité critique qui conditionne la Hiérarchie depuis le Christ lui-même jusqu'au plus humble aspirant situé à la périphérie de ce centre où l'amour de Dieu s'exerce complètement. Là, on se rend compte que, (selon les paroles de l'apôtre Paul) "jusqu'à ce jour la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l'enfantement, attendant la révélation des fils de Dieu". C'est pour cette manifestation qu'Ils se préparent actuellement, ces Fils de Dieu qui sont les fils des hommes. C'est en vue de cette apparition dans le service extérieur qu'Ils entrent déjà – un par un – dans l'activité extérieure du plan physique. Ils ne sont pas reconnus, mais Ils sont présents, et s'occupent des affaires du Père, faisant preuve de bonne volonté, cherchant à élargir l'horizon de l'humanité, et préparant ainsi le chemin de Celui qu'Ils servent, le Christ, le Maître de tous les Maîtres et l'Instructeur des anges et des hommes.

Troisièmement, il y a l'humanité, "ce centre que nous appelons la race des hommes" – centre à présent plein de chaos, de tumulte, de [623] confusion, humanité douloureuse, désorientée, troublée, mentalement consciente cependant de possibilités infinies, luttant émotionnellement pour le plan qui lui semble le meilleur, mais dépourvue du sens de la cohérence et ne comprenant pas qu'il faut un seul monde pour une seule humanité. Tout ce qu'elle désire est une paix émotionnelle, la sécurité pour vivre et travailler, et une vision de l'avenir qui satisfera un certain sens fruste de la pérennité divine. Elle est physiquement malade, privée de la plus grande partie de ce qui est essentiel à une vie normale et saine, torturée par une impression d'insécurité financière et invoquant – consciemment ou inconsciemment – le Père de tous, pour elle-même et le reste du monde.

La solution est le retour du Christ. C'est la volonté certaine de Dieu ; c'est le désir du Christ lui-même, et de ses disciples, les Maîtres de Sagesse ; c'est la demande inconsciente de tous les hommes, en tous pays. Là où il y a unification de dessein, d'intention spirituelle et de nécessité constatée, il est alors une seule chose qui puisse arrêter ce retour : ce serait l'échec des hommes à préparer le champ d'action en vue de cet événement prodigieux, leur échec à déblayer les voies d'accès, à familiariser les gens avec cette idée, et à réaliser l'indispensable mesure de paix sur terre – paix basée sur de justes relations humaines.

2. Le manque d'argent pour le travail de préparation

Nous en arrivons maintenant à la seconde des entraves majeures : le manque de soutien financier aux travailleurs et disciples du Christ, en tous pays, dans leur effort pour libérer de l'énergie spirituelle, et faire surgir l'ordre nouveau de l'actuel chaos mondial. C'est peut-être la difficulté majeure, et par moments elle semble insurmontable ; elle implique le problème de la vraie administration financière, et de l'aiguillage de sommes d'argent adéquates vers des canaux qui aideront véritablement le travail de préparation pour le retour du Christ. C'est pour cette raison que j'ai terminé la section précédente de cet article par les mots "justes relations humaines".

Le problème est donc particulièrement ardu, car les travailleurs [624] spirituellement enclins doivent non seulement entraîner les gens à donner selon leurs moyens et les besoins, mais, dans beaucoup de cas, ils doivent tout d'abord leur fournir un motif d'attirance si magnétique, qu'ils seront forcés de donner ; il faut aussi qu'ils fournissent administration, fondation et organisation par lesquelles l'argent donné sera administré. Cela leur impose une tâche de difficulté impressionnante et responsable de la présente impasse. L'impasse, néanmoins, ne repose pas uniquement sur la nouveauté de lever des fonds pour la préparation du retour du Christ, mais aussi sur l'égoïsme habituel de la majorité de ceux qui possèdent les richesses du monde, et qui – même s'ils donnent – le font parce que cela nourrit leur prestige et indique la réussite financière. Il faut se souvenir ici que toute généralisation présuppose des exceptions.

En généralisant, et donc en simplifiant la question à l'excès, nous pouvons considérer que l'argent se répartit en quatre canaux principaux de dépenses :

1. Les myriades de foyers du monde, sous forme de gages, salaires ou richesse héritée. Tout ceci, à l'heure actuelle, est très mal équilibré, causant l'extrême richesse et l'extrême pauvreté.

2. Les grands systèmes capitalistes et monopoles dont les structures dominent dans la plupart des pays. Que ce capital soit possédé par un gouvernement, une municipalité, une poignée de gens riches ou par les grands syndicats ouvriers, importe peu. En réalité, on en dépense encore peu pour améliorer la vie humaine, ou pour inculquer des valeurs conduisant à de justes relations humaines.

3. Les Églises et les groupes religieux dans le monde entier. Là (pour parler à nouveau en termes généraux, mais en reconnaissant aussi l'existence d'une petite minorité, de mentalité spirituelle) l'argent est dirigé vers les aspects matériels du travail, vers la multiplication et la conservation [625] des structures ecclésiastiques, les salaires, les frais généraux, et seul un infime pourcentage sert à l'enseignement des hommes, à la démonstration vivante du fait du retour du Christ, ce qui depuis des siècles est une doctrine précise de l'Église. On s'est attendu à ce retour au cours des âges, et il aurait déjà pu avoir lieu si les Églises et les organisations religieuses, en tous lieux, avaient fait leur devoir.

4. Le travail philanthropique, éducatif et médical. Tout cela a été très bon et très nécessaire et le monde doit véritablement beaucoup aux hommes dévoués au bien public qui ont rendu ces institutions possibles. C'est un pas dans la bonne direction, et une expression de la volonté-de-bien divine. Néanmoins, l'argent a souvent été mal utilisé et mal dirigé, et les valeurs développées ont été surtout institutionnelles et concrètes. Elles ont été limitées par les opinions séparatives des donateurs, ou par les préjugés religieux de ceux qui règlent l'utilisation des fonds. Dans les querelles d'idées, de théories et d'idéologies religieuses, la vraie assistance de l'humanité Une est négligée.

Le fait demeure que si les agents directeurs, entre les mains desquels passe l'argent, avaient quelque vision des réalités spirituelles, de l'unité de l'humanité et de l'unité du monde, et si leur objectif avait été la stimulation de justes relations humaines, la masse des hommes de partout répondrait à une vision très différente de ce qu'elle est actuellement ; nous n'aurions pas à faire face, aujourd'hui, à des dépenses se montant à des milliards, imposées par la nécessité de restaurer physiquement, non seulement les corps physiques de millions d'hommes, mais des villes entières, des systèmes de transport et des centres dont dépend la réorganisation de la vie humaine.

Également, on peut dire que si les valeurs spirituelles et les responsabilités spirituelles attachées à l'argent (en grande ou petite [626] quantité) avaient été justement appréciées et enseignées dans les foyers et les écoles, nous n'aurions pas ces effroyables statistiques au sujet de l'argent dépensé, avant la guerre (et dépensé aujourd'hui en Occident) en bonbons, alcools, cigarettes, divertissements, vêtements inutiles et objets de luxe. Ces statistiques indiquent des centaines de millions de dollars chaque année. Une quote-part de cet argent, comportant un sacrifice minimum, permettrait aux disciples du Christ et au Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde de préparer la voie pour Sa venue, et d'éduquer le mental et le cœur des hommes, en tous pays, à de justes relations humaines.

L'argent – comme tout le reste, dans la vie humaine – a été entaché d'égoïsme, et accaparé à des fins individuelles ou nationales égoïstes. La guerre mondiale (1914-1945) en est la preuve et bien que l'on parle beaucoup de "sauver la démocratie dans le monde" et de "faire la guerre pour mettre fin à la guerre", le principal motif a été l'autoprotection et l'autoconservation, l'espoir d'un gain, la satisfaction de haines anciennes, et la reconquête de territoires. Les deux années écoulées depuis la guerre ont prouvé qu'il en était ainsi. Les Nations Unies sont absorbées de tous côtés par des demandes rapaces des nations qui quêtent position et pouvoirs, et cherchent la possession des ressources naturelles de la terre, le charbon, le pétrole, etc. et aussi par les activités secrètes des grandes Puissances et des capitalistes.

Pendant ce temps, l'humanité une – quel que soit le lieu de résidence, la couleur de la peau, ou les croyances religieuses – réclame la paix, la justice et le sentiment de sécurité. Tout cela lui serait donné rapidement, par l'emploi correct de l'argent et la compréhension de la part de nombreuses personnes, de leur responsabilité financière, responsabilité basée sur les valeurs spirituelles. À l'exception de quelques grands philanthropes qui voient loin, et d'une simple poignée d'hommes d'État éclairés, d'hommes d'Église et d'éducateurs, ce sens de la responsabilité financière ne se trouve nulle part.

Le temps est maintenant venu où il faut réévaluer l'argent, et où son utilité doit être canalisée vers de nouvelles directions. La voix des [627] populations doit l'emporter, mais il faut qu'elles soient éduquées aux vraies valeurs, qu'elles comprennent le sens d'une vraie culture et la nécessité de justes relations humaines. Il s'agit donc essentiellement d'une juste éducation, d'une instruction correcte des citoyens du monde – chose qui n'a pas encore été entreprise. Qui peut offrir cette instruction ? La Russie serait heureuse d'instruire le monde dans les idéaux du communisme ; elle amasserait tout l'argent du monde dans les coffres du prolétariat, créant ainsi le plus grand système capitaliste qu'on ait jamais vu. La Grande Bretagne serait heureuse d'enseigner au monde les concepts britanniques de justice, de loyauté et de commerce international ; elle le ferait plus habilement qu'aucune autre nation, vu sa vaste expérience. Les États-Unis aussi seraient heureux d'imposer au monde le style américain de démocratie, en utilisant leurs immenses ressources et leurs capitaux, en accumulant dans leurs banques les résultats financiers de leurs vastes affaires d'argent, qu'ils protégeraient par la menace de la bombe atomique, et en brandissant leur poing gantelé de fer, face au reste du monde. La France va maintenir l'agitation en Europe en essayant de retrouver son prestige perdu, et en tirant tout ce qu'elle pourra de la victoire des autres nations alliées. Voilà, mon frère, comment vont les choses – chaque nation luttant pour elle-même, et jaugeant l'autre en termes de ressources et de finance. Pendant ce temps, l'humanité meurt de faim, n'est pas éduquée, est formée à des valeurs fausses, et à une mauvaise utilisation de l'argent ; tant que tout cela ne sera pas redressé, le retour du Christ est impossible.

En face de cette situation financière préoccupante, quelle est la solution du problème ? Il existe des hommes et des femmes en tous pays, dans tous les gouvernements, dans toutes les églises et religions, dans tous les établissements d'éducation, qui ont la solution. Que peuvent-ils espérer, pour eux-mêmes et pour le travail qui leur a été confié ? Comment les citoyens du monde, les hommes de bonne volonté et de vision spirituelle peuvent-ils aider ? Peuvent- ils faire quoi que ce soit pour changer la pensée du monde en ce qui concerne l'argent, et le diriger vers des canaux où il sera correctement utilisé ? La solution se trouve en eux-mêmes. [628]

Il y a deux groupes qui peuvent faire beaucoup : ceux qui utilisent déjà les ressources financières du monde, s'ils veulent bien saisir la vision nouvelle, et voir "l'écriture sur le mur" qui abat et détruit l'ordre ancien ; deuxièmement, la masse des gens bons et bienveillants dans toutes les classes ou sphères d'influences.

Le pouvoir de l'homme insignifiant et du citoyen sans importance n'est pas encore vraiment compris ; cependant de vastes possibilités s'offrent à eux s'ils ont la patience et le courage de faire le travail nécessaire.

Ces hommes de bonne volonté et d'inclination spirituelle, doivent rejeter la pensée de leur relative inutilité, de leur insignifiance et de leur futilité, et comprendre qu'actuellement (en la période critique et cruciale que nous traversons) ils peuvent travailler puissamment. Les forces du mal sont vaincues bien que pas encore "scellées" derrière la porte où l'humanité peut les reléguer ainsi qu'il est prédit dans le Nouveau Testament. Le monde est à nouveau en équilibre instable. Le mal cherche toutes les voies disponibles en vue d'une nouvelle approche mais – et je le dis avec assurance et insistance – les petites gens aux vues éclairées et altruistes existent en nombre suffisant pour faire sentir leur pouvoir, s'ils le désirent. Il y a des millions d'hommes et de femmes d'inclination spirituelle dans tous les pays qui, lorsqu'ils en viendront à aborder cette question d'argent en formation de masse, pourront la canaliser différemment de manière permanente. Il y a des écrivains et des penseurs, partout, qui peuvent apporter leur aide puissante, et qui le feront, si la question leur est présentée correctement. Il y a des étudiants de l'ésotérisme et des gens d'Église dévoués à qui on peut faire appel pour aider à préparer le retour du Christ en particulier si l'aide demandée est la dépense d'argent et de temps pour établir de justes relations humaines et accroître la diffusion de la bonne volonté.

Ce qui est nécessaire n'est pas une grande campagne pour lever des fonds, mais le travail désintéressé de milliers de gens, apparemment sans importance. Je dirais – mes frères – que la qualité la plus nécessaire est le courage ; il faut du courage pour écarter le manque d'assurance, la timidité et le désagrément d'exposer un point de vue, surtout s'il se rapporte à l'argent. C'est là que la [629] majorité échoue. Il est relativement facile aujourd'hui de lever des fonds pour la Croix Rouge, pour les hôpitaux et pour les établissements d'éducation. Il est extrêmement difficile de trouver de l'argent pour répandre la bonne volonté, ou d'assurer des sources financières et le juste emploi de l'argent pour des idées d'avant-garde, telles que le retour du Christ. Je dis donc que la première condition préalable est le courage.

La seconde nécessité, pour les travailleurs du Christ, est de faire les sacrifices et les arrangements qui leur permettront de donner jusqu'à la limite de leurs capacités ; il ne suffit pas d'être rompu à l'habile présentation de la question, mais chaque travailleur doit mettre en pratique ce qu'il prêche. Si, par exemple, des millions de gens aimant le Christ et s'efforçant de servir sa cause donnaient au moins une petite somme chaque année, cela représenterait des sommes adéquates pour son travail ; les nécessaires organismes de gestion et les administrateurs de mentalité spirituelle apparaîtraient automatiquement. La difficulté n'est pas d'organiser l'argent et le travail ; elle gît dans l'apparente inaptitude des gens à donner. Pour une raison ou pour une autre, ils donnent peu ou rien, même lorsqu'ils s'intéressent à une cause telle que le retour du Christ ; la peur, ou l'amour des achats, ou le désir de faire des cadeaux, ou le fait de ne pas comprendre que beaucoup de petites sommes font de très grandes sommes – tous ces facteurs militent contre la générosité, et la raison semble toujours valable. Donc la deuxième condition préalable est que chacun donne comme il le peut.

Troisièmement, les écoles métaphysiques et les groupes ésotériques ont beaucoup réfléchi à la question d'aiguiller l'argent vers des canaux qui leur conviennent. La question se pose souvent : Pourquoi, l'École de pensée Unitaire, la Science chrétienne, et beaucoup de mouvements "Pensée nouvelle" réussissent-ils toujours à accumuler les fonds nécessaires, tandis que d'autres groupes, en particulier les groupes ésotériques, n'y parviennent pas ? Pourquoi les travailleurs vraiment spirituels semblent-ils incapables de matérialiser ce qui leur est nécessaire ? La réponse est simple. Ces groupes de travailleurs qui sont les plus proches de l'idéal spirituel, sont comme une maison divisée contre elle-même. Leur principal intérêt se situe sur les niveaux spirituels abstraits, et ils n'ont apparemment pas compris le fait que le plan physique, lorsque les motifs viennent des niveaux spirituels, est [630] d'égale importance. Les grandes écoles métaphysiques sont centrées sur une démonstration matérielle, et elles abordent la question avec une insistance si grande et un but si unique, qu'elles obtiennent ce qu'elles demandent ; elles doivent apprendre que la demande et sa réponse doivent résulter d'un dessein spirituel, et que ce qui est demandé ne doit pas être utilisé pour le soi séparé ou pour une organisation ou une église séparative. Dans l'âge nouveau qui est imminent, les demandes de soutien financier doivent être faites pour instaurer de justes relations humaines et la bonne volonté, non pour le développement d'une organisation particulière. Les organisations demanderesses doivent fonctionner avec un minimum de frais généraux et d'installation centrale, et leurs membres doivent recevoir un salaire minimum, mais raisonnable. Il n'existe pas beaucoup d'organisations de ce genre aujourd'hui, mais les quelques-unes qui fonctionnent peuvent donner un exemple qui sera rapidement suivi, à mesure que grandira le désir de voir le Christ revenir. Donc, la troisième condition préalable est le service de l'humanité une.

La quatrième condition préalable doit être de présenter avec soin la cause pour laquelle un soutien financier est nécessaire. Certains peuvent avoir le courage de parler, mais une présentation intelligente est d'égale importance. Le point majeur sur lequel il faut insister, dans le travail préparant le retour du Christ, est l'établissement de justes relations humaines. Cela a déjà été amorcé par les hommes de bonne volonté, dans le monde entier, sous différents noms, et je ne fais ici qu'indiquer un autre motif de présentation.

Nous en arrivons maintenant à la cinquième condition préalable : une foi certaine et vivante en l'humanité dans son ensemble. Il ne doit y avoir aucun pessimisme quant à l'avenir de l'humanité, ni aucune angoisse en voyant l'ordre ancien disparaître. Le bon, le vrai et le beau sont en route ; le genre humain en est responsable, et non quelque intervention divine extérieure. L'humanité est saine, et s'éveille rapidement. Nous traversons une période où tout est crié sur les toits – comme le Christ l'avait affirmé – et lorsque nous écoutons ou lisons le flot de saletés, de crimes, de plaisirs sensuels ou d'achats de luxe, nous sommes tentés de nous décourager ; il est sage de se souvenir qu'il est salutaire que tout cela monte à la surface pour que [631] nous le connaissions tous. C'est comme le nettoyage psychologique du subconscient auquel certains se soumettent, et cela présage l'inauguration de jours nouveaux et meilleurs.

Il y a du travail à faire, et les hommes de bonne volonté, d'instinct spirituel et de formation véritablement chrétienne doivent l'accomplir. Ils doivent instaurer l'ère où l'on emploiera l'argent pour la Hiérarchie spirituelle, et porter cette nécessité dans le domaine de l'invocation. L'invocation est le type de prière le plus élevé qui soit, ainsi qu'une nouvelle forme d'appel au divin qu'une connaissance de la méditation a rendue possible. À cette fin, je vais vous donner une brève forme de requête spirituelle que je vous demande à tous d'utiliser à la place de toute prière, méditation ou invocation en vue d'obtenir de l'argent, que vous avez pu utiliser jusqu'ici. C'est court et puissant, mais exige d'être utilisé par un groupe unifié ou une personnalité véritablement intégrée...

Je n'ai rien à ajouter en ce qui concerne un appel d'argent, de courage ou de compréhension. Si le courage du Christ face à son retour dans le monde physique extérieur, si la nécessité pour l'humanité, de justes relations humaines, si le travail de sacrifice que font les disciples du Christ ne suffisent pas à vous enflammer et à vous stimuler, vous et ceux que vous pouvez atteindre, il n'est rien que je puisse dire qui soit d'aucune utilité.

LE TRAVAIL DES PROCHAINES DECENNIES

Avril 1948

Ceci est le dernier Message de Wesak que j'ai l'intention de vous communiquer. En 1949, j'aurai terminé trente ans de travail méticuleusement prévu, et dont le plan a été dressé avec soin. J'ai entrepris ce travail selon la loi cyclique (relative à la diffusion périodique de l'enseignement ésotérique) en vue d'aider l'humanité et le travail de la Hiérarchie, auxquelles je me trouve appartenir.

Le 19 novembre 1919, j'ai pris contact pour la première fois avec A.A.B. (à son grand désarroi, et à sa grande consternation) et depuis, j'ai toujours travaillé régulièrement avec elle. Les livres que j'avais alors projetés sont presque terminés ; les diverses phases du travail qui faisaient partie de la préparation à la réapparition du Christ ont pris [632] forme, et devraient progresser avec un dynamisme accru pendant les vingt prochaines années.

Les deux idées majeures que j'étais chargé de porter à l'attention de l'humanité, dans le monde entier, ont été solidement ancrées (si je peux me permettre d'employer ce terme), et elles constituent de loin l'aspect le plus important du travail que j'ai fait. Les idées qui ont été formulées sont :

1. L'annonce de l'existence (jusqu'ici non reconnue) du Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde. Il s'agit d'un groupe efficace de travailleurs, intermédiaire entre l'humanité et la Hiérarchie spirituelle de la planète.

2. La déclaration, diffusée dernièrement, se rapportant à la Réapparition du Christ, et faite afin de consolider immédiatement le travail de préparation.

Tout le reste de ce que j'ai fait au service de la Hiérarchie est d'importance secondaire, par rapport à ces deux affirmations de faits spirituels. Le cinquième volume du Traité sur les Sept Rayons reste à terminer, de même que le second volume de L'État de Disciple dans le Nouvel Âge. Il n'y a rien d'autre ; ce qui reste, peut donc facilement être accompli avant la fin de mon terme de trente ans. Un autre travail m'attend, en vue de réorganiser tous les efforts de la Hiérarchie, en rapport avec la Réapparition du Christ, et avec la relation plus étroite, qui sera alors établie entre l'humanité et la Hiérarchie. Le travail de réorganisation hiérarchique est en ce moment interne, pour une large part, et ne concerne pas l'humanité actuellement.

Je vous ai indiqué très clairement à tous le travail que vous devriez faire, et je n'ai pas l'intention (dans ce dernier message) de vous adjurer de l'accomplir ; je vous demande, néanmoins, de reprendre le travail là où je le quitte. Je parle évidemment de mon travail exotérique.

Le fait que ma tâche se terminait précisément en 1949 était [633] ignoré de A.A.B. et n'a aucune relation avec son état de santé précaire. Cela a cependant une relation avec le fait qu'elle a repris un travail plus actif dans l'ashram de son propre Maître, après vingt huit ans de service dans le mien. Avant de commencer le travail des trois dernières décennies, je savais exactement le temps dont je disposais pour obtenir les résultats souhaités par la Hiérarchie ; tout a été exécuté méticuleusement, selon un plan dont la vision était très claire.

Tout d'abord, il fallait trouver un noyau de personnes par l'intermédiaire desquelles je devais travailler ; la première démarche était donc d'écrire certains livres qui apporteraient le nouvel enseignement et joueraient le rôle d'agents de sélection pour découvrir ceux qui travailleraient dans le cycle nouveau qui se présentait.

La création de l'École Arcane par A.A.B. n'était que marginale par rapport à cet objectif ; son but était d'instruire les disciples qui pouvaient mettre le Plan en œuvre, et préparer ainsi la réapparition du Christ ; l'École Arcane peut donc fournir un corps de travailleurs instruits.

Dix ans plus tard, je commençai à étendre la portée de mes contacts, et l'enseignement commença à atteindre des penseurs sur des continents autres que l'Amérique. En conséquence, je commençai à former mon propre ashram, et à trouver des gens de tous pays qui étaient des disciples, en avaient les qualifications, mais avaient besoin de l'impact de l'influence d'un ashram de second rayon. Quand ceci fut fait, la partie majeure de la seconde décennie de mon travail devint possible, et j'écrivis donc la brochure intitulée Le Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde. Elle attirait l'attention sur le fait qu'il existait sur terre, dans toutes les nations, des hommes et des femmes qui (sous une forme ou sous une autre) reconnaissaient la Hiérarchie spirituelle de la planète, qui étaient doués de la qualité de non-séparativité, entièrement présente ou se développant rapidement, et qui étaient assemblés, non dans une organisation limitative, mais principalement par l'orientation de leur pensée et l'habitude de leur activité. Ils constituaient un groupe qui, spirituellement, pratiquement et ouvertement, créait une nouvelle forme de relation humaine. Cette nouvelle relation avait pour résultat une compréhension mutuelle et une coopération mentale qui ne connaissaient ni barrières ni limitations [634] nationales. Du côté intérieur de l'effort et de la stimulation spirituels, ils travaillent aujourd'hui en tant que groupe ; du côté extérieur des affaires humaines, ils peuvent ne pas se connaître physiquement, ni arriver à un contact évident, mais ils sont néanmoins animés par les mêmes principes, et accomplissent – dans toutes les nations et dans tous les grands secteurs de la pensée et des projets humains – un travail similaire.

Dans la présente décennie de mon travail, deux activités majeures furent inaugurées : la création des Triangles, et la formation des Hommes de Bonne Volonté[1], ces derniers étant sur le point d'avoir une activité créatrice majeure. Il s'agit de renforcer et de relier les membres et adhérents du Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde (particulièrement dans l'organisation des hommes de Bonne Volonté) afin de découvrir et de mobiliser les groupes formés par le Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde, dans le monde entier, de façon à leur apporter une force accrue en enrôlant l'effort de masse d'homme pieux, d'hommes bien-intentionnés, et de ceux qui croient à la volonté-de-bien divine, en plus de ceux qui la mettent en œuvre par l'amour – quel que soit le sens qu'ils donnent à ce terme vague. Ainsi le noyau d'une grande synthèse fut créé pendant cette seconde décennie, et il aura des effets durables sur la vie et le dessein des hommes. À cause de la frustration planétaire et de l'activité accrue des forces du mal, le travail des Triangles et des hommes de Bonne Volonté a été formulé plus lentement qu'il n'avait été prévu initialement, mais ce n'était pas leur faute ; cette période de frustration prendra bientôt fin, et un dynamisme considérablement accru en sera le résultat. Vous devriez maintenant faire des plans en vue de cette réponse accrue du public.

Pendant la troisième et dernière décennie de mon travail, vinrent le moment et l'occasion d'annoncer d'une manière nouvelle et plus énergique ce que toutes les religions mondiales ont proclamé, à savoir que – en s'y préparant dûment, et en établissant une nette tendance vers de justes relations humaines –le temps était venu où le Christ pouvait apparaître de nouveau, et jouer son rôle légitime d'Instructeur mondial. L'accent n'a encore jamais été mis sur le nécessaire travail de [635] préparation. Les résultats de cette déclaration n'ont pas encore eu le temps de se faire sentir, mais les dix prochaines années révéleront toute l'importance de ce qui a été fait.

Avec cette déclaration, prend fin pour moi, le travail projeté ; le livre [2] qui indiquera l'imminence de cet événement, et la manière dont la nouvelle religion mondiale sera promue, est à l'impression. J'attire votre attention sur le fait que le concept général d'un Sauveur mondial (toujours lié à la fonction de Christ, quel que soit le nom du très haut Fils de Dieu, dans tel ou tel cycle mondial) est en réalité étroitement lié à la fonction bien plus importante d'Instructeur mondial. Les gens aiment être sauvés, car cela n'implique pas leur propre responsabilité immédiate, sur laquelle l'enseignement insiste nettement. Il faut se souvenir que c'est l'enseignement donné par le Christ qui sauve l'humanité – non quelque mort symbolique sur une croix. Les hommes doivent se sauver eux-mêmes, par leur réaction et leur réponse à l'enseignement donné dans toute sa pureté, par le Christ. C'est un point que vous devriez tous inculquer vigoureusement ; ce ne sont pas les interprétations qui sauvent l'homme, mais l'application qu'il fait, par lui-même, de sa propre compréhension de l'enseignement. Aujourd'hui, ceci doit être porté à la conscience d'autant d'êtres humains que les disciples du Christ peuvent en atteindre.

Voilà un bref compte-rendu du travail que j'ai entrepris pour la Hiérarchie et pour le Christ, que je considère très respectueusement comme mon Maître. Ce travail n'a pas été poursuivi sans succès ; beaucoup d'entre vous qui lisez ces mots, avez fait ce que vous pouviez pour aider ; je ne l'ignore pas et la Hiérarchie n'est pas sans gratitude. Peut-être que, avec une image encore plus claire dans l'esprit, vous sentirez-vous capables d'en faire encore davantage.

J'ai l'intention d'indiquer (toujours brièvement) ce qui devrait être fait dans les deux prochaines décennies, mais je voudrais d'abord dire un mot de l'état du monde et parler de sa condition, car ces deux facteurs ont handicapé l'effort hiérarchique et particulièrement ce que je me suis efforcé de faire (qui était une entreprise hiérarchique [636] majeure), et cependant, en même temps, ils ont déblayé la voie pour la réapparition du Christ d'une manière tout à fait extraordinaire.

Lorsque j'ai commencé mon travail exotérique en 1919, je ne m'attendais pas à être frustré par la seconde guerre mondiale, ou plutôt par la phase finale de la première guerre mondiale. La Hiérarchie avait espéré que la leçon avait été assez sévère pour imposer les changements qui étaient essentiels à l'avenir de l'humanité. Mais l'humanité n'avait pas appris les leçons nécessaires. Comme je vous l'ai souvent dit, la Hiérarchie – à cause du principe divin de libre arbitre humain – ne peut pas prédire comment les hommes agiront en temps de crise ; la Hiérarchie ne peut pas imposer un bon mode de vie contre le désir humain normal, car cette bonne manière d'agir doit venir des profondeurs mêmes de la pensée et du sentiment des hommes ; elle doit se dégager comme un effort libre et non-dirigé ; la Hiérarchie n'a pas le droit de prendre les mesures possibles qui empêcheraient les hommes de faire des erreurs, car c'est par ces erreurs que l'homme apprend, c'est "par le moyen du mal que le bien apparaît le mieux", ainsi que l'a dit votre grand poète initié. Tout ce que la Hiérarchie peut faire est de présenter l'enseignement nécessaire, qui aiguillera la pensée de l'homme dans de bonnes directions, d'indiquer la voie des vraies relations et, par ailleurs, d'expliquer objectivement la nature de la mauvaise voie. La Hiérarchie l'a toujours fait. En tant que groupe spirituel, Elle peut se dresser face à l'égoïsme, à la cupidité, et contre tout ce qui cherche à emprisonner l'esprit humain et à porter atteinte à sa liberté. Par exemple, la Hiérarchie a protesté contre le totalitarisme que les deux grandes Puissances, l'Allemagne et le Japon exprimaient, lorsqu'elles ont précipité la deuxième guerre mondiale. Elle le fait encore, et continuera à la faire, lorsque n'importe quel aspect de l'avidité et de l'agressivité totalitaire, sous n'importe quelle forme (subtile et non déclarée, ou manifestée ouvertement) tentera de limiter la liberté de l'individu, l'homme spirituel libre, quel que soit son niveau d'évolution.

Vers la fin de la seconde décennie de mon travail, le totalitarisme releva sa très funeste tête, et forcément la Hiérarchie prit parti contre ce principe primordial du mal, et non contre un quelconque groupe humain. Notez cela je vous prie. Ce que je cherche à faire comprendre, [637] c'est que la Hiérarchie est inflexiblement contre toute manifestation du principe de non-liberté, quelque forme qu'elle prenne, mais elle est toujours du côté de l'humanité. L'esprit du mal qui animait l'action des Allemands suscita toute l'opposition possible de la part des Forces de Lumière et de leur source, la Hiérarchie. Aujourd'hui le mal totalitaire s'exprime par les plans de l'oligarchie russe, par le mouvement sioniste, et par tous les groupes qui cherchent à enchaîner et à emprisonner l'esprit de l'homme ; mais les gens qui sont sous cette influence mauvaise, et qui sont dominés par les intrigues de ces groupes néfastes, ne sont jamais considérés sous un jour différent du reste de l'humanité. Ils sont considérés comme aveuglés par le mirage, faibles et ignorants (ce qu'ils sont indiscutablement), mais ils ne sont jamais, dans la pensée de la Hiérarchie, séparés du reste du genre humain. Le mal ne doit pas pouvoir triompher ; et les exécutants malheureux et aveuglés de ce mal sont aimés comme le reste des hommes. C'est un point difficile à comprendre pour le penseur illogique, mais il explique très véridiquement l'attitude du Christ et de tous ceux qui servent sa cause.

L'entrée de la cupidité concentrée et de la cruauté totalitaire, dans l'arène du monde, a fait échouer une grande partie de ce que j'avais projeté et beaucoup de ce que vous tentiez tous d'accomplir ; le travail des disciples fut de plusieurs manières gravement entravé, non selon une vision à longue portée, mais sous l'angle de l'action à court terme. Je vous demande de garder ceci à la pensée. La vision demeure, même si l'action immédiate est bloquée.

Aujourd'hui il semble que, d'après toutes les indications et les tendances mondiales dominantes, la cupidité encore invaincue de certaines grandes nations règne indiscutablement, et que nous devions donc faire face à une autre période d'entraves et de difficultés mondiales majeures. La haine contre la Russie monte parmi les Puissances occidentales, et c'est largement sa faute, bien que ce sentiment soit basé à l'origine sur deux facteurs principaux – l'un mauvais, l'autre bon.

La mauvaise réaction est basée sur la vieille triplicité, peur, [638] cupidité, jalousie et, sous l'angle de ces aspects de l'égoïsme, elle est entièrement justifiée. Ce fait en lui-même entraîne une difficulté majeure. Réfléchissez-y.

La bonne réaction est basée sur l'obstacle mis à l'idée ou concept de développement d'un monde uni et pacifique, un monde où il n'y aurait pas de guerre, où les hommes pourraient vivre en paix et en sécurité les uns avec les autres, et où ils pourraient travailler, relativement sans opposition, à de justes relations humaines. Ce super-monde et cette humanité unifiée constituent un idéal vrai, mais pas un projet réalisable.

Les travailleurs spirituels doivent envisager les diverses alternatives mondiales :

1. Une Russie dominant totalement, dont le régime couvrirait la planète, imposant son interprétation totalitaire de la doctrine communiste (il existe une juste et vraie interprétation), refusant la liberté à l'individu, dans l'intérêt de l'État, et – vu sa basse opinion des masses humaines – standardisant partout son interprétation de la démocratie.

2. Un monde où toutes les nations vivraient dans un armistice armé, où régnerait constamment la méfiance, et où la science serait prostituée à l'art de la destruction. Dans ce monde une explosion pourrait survenir un jour, et elle surviendra détruisant l'humanité, comme une fois déjà elle a été détruite, selon la Bible, selon d'autres Écritures mondiales, et selon les annales hiérarchiques.

3. Un monde où les États-Unis se révéleraient être le facteur dominant, après avoir liquidé la Russie, ce qu'ils peuvent parfaitement faire, s'ils agissent maintenant. Ce serait un monde à prédominance capitaliste, dirigé par différentes nations, ayant à leur tête les États-Unis. Une nation capitaliste n'est pas nécessairement mauvaise ; le capital a sa place, et la Russie (ennemie du capitalisme n'est nullement exempte de penchant capitaliste). Les motifs des États-Unis sont très mélangés : le désir d'argent, ou de ses équivalents, tel le pétrole, et par ailleurs des intentions sincèrement bonnes, visant à établir la liberté humaine dans un monde démocratique – copié évidemment sur la démocratie américaine. Leurs autres motifs sont l'appréciation du poing d'acier, mais aussi un désir de partage [639] économique et de bonté essentielle, cette dernière étant une forte caractéristique des Américains, une caractéristique de masse. Ces motifs mélangés produiraient un monde très confus, où l'on s'apercevrait que l'humanité a très peu appris à la suite de la Grande Guerre (1914-1945), et qu'elle est prête à un cycle dominé par l'argent et par de bonnes intentions.

4. Un monde divisé en "blocs" en vue d'une aide mutuelle et d'une économie partagée. De cela, le traité projeté entre la Grande Bretagne, la France et le Benelux est un échantillon expérimental, bien qu'entaché de motifs répréhensibles du point de vue de la Hiérarchie. La peur est le principal facteur conduisant à ce traité, mais il porte néanmoins, en lui-même, les semences de l'espoir. Il n'y a rien d'intrinsèquement mauvais dans un groupe de nations qui s'unissent pour s'entraider et coopérer économiquement. Le facteur erroné intervient lorsqu'elles s'unissent contre un autre groupe de nations, et donc contre un groupe d'êtres humains. C'est cette attitude, promue et entretenue par la Russie, qui a conduit au concept relativement nouveau de "bloc contre". Dans ce sens, et avec cette attitude de groupes antagonistes, on ne peut s'attendre qu'à un désastre.

Les blocs en eux-mêmes peuvent être corrects et adéquats s'ils respectent les lignes de clivage naturel des langues différentes et des cultures distinctes. Ils peuvent être essentiellement corrects s'ils sont formés dans des buts économiques, éducatifs, religieux et sociaux, n'offrant donc aucune vraie raison de s'alarmer. De tels blocs seraient culturels et non militaristes, économiques et exempts de cupidité, et ils pourraient représenter un mouvement normal et progressif, s'éloignant du nationalisme séparatif du passé et se dirigeant vers la lointaine création d'un monde unique, et d'une humanité unique. Nous verrons cela un jour, mais le temps n'en est pas encore venu. L'humanité n'est pas prête pour quelque super-gouvernement, et elle ne peut pas encore fournir les hommes d'État altruistes et compétents qu'exigerait un tel gouvernement. Jusqu'ici, ce concept comporte plus de semences de danger que d'utilité. Néanmoins, c'est un rêve qui, un jour, se matérialisera, lorsque la création et le fonctionnement des blocs auront démontré comment les hommes devraient travailler et vivre ensemble. [640]

Les Nations Unies constituent encore l'espoir du monde et peuvent le demeurer ; c'est un vaste champ d'expérimentation qui souffre aujourd'hui d'une erreur initiale. L'erreur fut d'admettre une Puissance totalitaire parmi les Nations Unies. Pendant sept longues et terribles années, les Forces de Lumière se sont battues contre le totalitarisme. Au début de la période d'après guerre, les Nations transigèrent sur les principes, et admirent la Russie parmi elles. Si elles avaient procédé à une union de toutes les autres nations, sur la base solide de la réforme économique, d'une nécessaire réorganisation nationale et des groupes régionaux (terme préférable à "blocs"), la Russie aurait été obligée de s'aligner, car son existence même aurait été en jeu. Une erreur initiale peut conduire à beaucoup de difficultés, et c'est à ce genre de difficultés que les Nations Unies doivent faire face aujourd'hui.

 

[1] Depuis 1951, ce travail a été poursuivi sous le nom de "Bonne Volonté Mondiale".

[2] Le Retour du Christ.