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SECTION IV STADES DE L’EXTERIORISATION DE LA HIERARCHIE- Partie 4

 

Approche, via certains ashrams

Les étudiants ne doivent pas supposer que, dans ce processus d'extériorisation, il y aura un mouvement général en avant de toute la Hiérarchie, vers le plan physique. Tel n'est pas le cas. Tout cet effort n'est encore qu'expérimental (et le restera pendant quelque temps) ; seuls quelques ashrams et un certain nombre de disciples et d'initiés entraînés seront impliqués au début. Il reste à prouver quel est l'état de préparation de l'humanité, face à cette tentative. Le concept chrétien du retour d'un Christ triomphant, arrivant à Jérusalem sur les nuages célestes, pour y régner mille ans, est vrai en un sens, et totalement faux quant au dessein, au lieu, et à la méthode. Le Christ reviendra ; la Jérusalem dont on parle (littéralement "le lieu de paix") n'est pas la ville principale d'un petit pays appelé Palestine ou Terre Sainte ; ce mot est simplement le symbole d'un monde en paix, d'un monde qui, par ses propres efforts, est parvenu à un calme général, et a acquis une certaine mesure de justes relations humaines. Sa venue par les airs pourrait être interprétée littéralement, comme signifiant qu'au moment opportun Il arrivera par avion, de l'endroit sur terre, où, depuis bien des générations, Il a veillé sur les fils des hommes. Les [576] mots "tous les yeux Le verront" pourraient vouloir dire que d'ici le moment où Il viendra, la télévision aura été perfectionnée, et que par ce moyen, il sera vu même des coins de la terre les plus reculés. Pour le chrétien orthodoxe, les mots ci-dessus sembleront être le plus grossier blasphème, mais alors la question se pose immédiatement : Pourquoi serait-ce un blasphème qu'Il utilise les méthodes modernes ? Précédemment, lorsqu'Il était sur terre, Il se conformait aux coutumes du temps. "Chevauchant les nuages célestes" peut sembler plus pittoresque, et demanderait apparemment une plus grande expression de divinité, mais pourquoi employer de tels moyens, alors qu'un avion exécutera tout aussi bien le même dessein, et portera la prophétie à son accomplissement ? Il faudra éliminer beaucoup de stupidité réactionnaire, avant qu'Il ne puisse venir ; cela se fera à mesure que la nouvelle génération affirmera son emprise sur la pensée humaine. Mais ce n'est pas du stade de l'apparition du Christ que nous traitons actuellement, mais des stades préparatoires et de la tâche consistant à adapter le monde (ce qui veut dire, dans ce cas, à préparer la conscience humaine) à la présence, en activité physique et en manifestation, de la Hiérarchie, dans toute sa force et avec son équipement ésotérique.

Dans les stades de début, la tâche de préparation est ardue et difficile. Les choses seront relativement faciles, pour les Membres anciens de la Hiérarchie, lorsqu'Ils auront trouvé le temps opportun de leur apparition. Dans l'intervalle, les disciples mondiaux doivent prendre le monde tel qu'il est en ce moment, et lentement, laborieusement instiller de nouvelles idées, inciter à de meilleures relations humaines, aider à dissiper les suites de la guerre, présenter aux yeux de l'humanité bouleversée une nouvelle vision d'espoir et d'illumination spirituelle, neutraliser les combinaisons des politiciens et des hommes d'église réactionnaires et conservateurs, et enseigner à la jeunesse de l'époque les nouveaux modes de vie, leur indiquant les valeurs meilleures, et introduisant ainsi l'ordre nouveau, lentement et progressivement.

Parmi les sept ashrams subsidiaires et affiliés, seuls quelques-uns ont entrepris d'envoyer leurs disciples et leurs initiés, actuellement, pour exécuter la tâche initiale. Les trois ashrams majeurs prenant part sont : [577]

1. L'ashram du Maître K.H. C'est l'ashram de second rayon et, avec celui du Maître M., le plus puissant de la Hiérarchie ; il gouverne les forces de construction.

2. L'ashram de premier Rayon, celui du Maître M. Il est le gardien du principe de synthèse dont le travail est celui de la fusion organique, qui est toujours nécessaire pour compléter celui des agents constructeurs.

3. L'ashram d'un Maître de cinquième Rayon, le gardien, entre autres choses, de la science, et de ce qui relie et provoque l'expression de la dualité esprit-matière. Cet ashram a un rôle important à jouer dans le travail de préparation, car c'est par l'utilisation scientifique de l'énergie que le monde sera reconstruit et que la nature effective de la Hiérarchie sera prouvée.

Par la pression de l'éducation (énergie de deuxième rayon), par le développement du concept de synthèse (énergie de premier rayon) et par l'utilisation correcte de l'énergie (énergie de cinquième rayon), on peut amener le monde à être prêt à l'extériorisation de la Hiérarchie.

Les efforts des disciples venant de l'ashram de K.H. seront surtout dirigés vers le grand public ; ils travailleront avant tout par l'intermédiaire des éducateurs en tous pays, et de ceux qui enseignent la religion. Les éducateurs sont en contact avec ceux qui se préparent à tous les genres d'activités. Le travail sera nécessairement lent, surtout au début, mais ces disciples, doués des qualités de second rayon, (comme tous les disciples de ce rayon) ont une ferme persévérance qui ne tolère pas le découragement, même lorsque ce dernier apparaît. Ces disciples refusent d'interrompre leur effort, ou de modifier les plans spirituellement établis, même lorsque les obstacles à la réalisation semblent insurmontables. Des disciples vont venir délibérément en incarnation qui occuperont des postes dans des institutions d'enseignement supérieur et dans les églises. Ils exerceront une telle pression que les méthodes vieilles et désuètes, les théologies anciennes et dépassées, les techniques égoïstes et compétitives [578] disparaîtront, et que les sciences de la coopération, des justes relations humaines et de l'adaptation correcte à la vie par la méditation et la vision juste, remplaceront les méthodes actuelles d'enseignement. Ceci ne causera aucun dommage à l'acquisition de la connaissance académique, ou à la juste compréhension de la vérité spirituelle. La vision sera différente, et les buts plus élevés, mais le meilleur de ce qui est actuellement enseigné dans le domaine de l'art, de la religion et de la science, sera toujours disponible ; le tout sera néanmoins présenté sous une plus grande lumière, et l'accent sera mieux placé. Cela satisfera les besoins des populations. Les églises, allant aujourd'hui à l'échec, et manquant de vision, vont un jour s'écraser inévitablement sur le roc de l'autorité abusive et injustifiée ; mais de leurs ruines, émergeront les vrais hommes d'Église. spirituellement éclairés qui – doués de vision et de connaissance sûre, libres de dogmatisme et d'autorité ecclésiastique haineuse – développeront la nouvelle religion mondiale.

Parallèlement à ces activités (les disciples de ce rayon prennent déjà les mesures nécessaires) existeront celles des disciples et des initiés qui travaillent sous la direction du Maître M. Leur travail se situe dans le domaine des justes relations humaines, et dans la production de cette synthèse d'effort qui créera une nouvelle conscience intuitionnelle et – en conséquence – un changement de la conscience politique et de la situation, ce qui amènera la famille des nations à soutenir ensemble certaines valeurs de base. Il en est trois fondamentales :

1. La liberté de l'individu. Ces libertés ont été formulées par ce grand disciple de premier rayon, Franklin D. Roosevelt. Ce sont les quatre libertés essentielles.

2. Les échanges internationaux corrects exigeant finalement l'abolition de la guerre.

3. Des régimes politiques propres, libres de corruption, d'ambition égoïste et de manœuvres politiques malpropres.

Pour parvenir à ces fins (seules les questions majeures seront envisagées, laissant les effets mineurs et sans importance à traiter plus [579] tard) les disciples de la synthèse et les instigateurs de relations politiques correctes travailleront en coopération étroite avec les disciples de deuxième rayon, dont la tâche est d'enseigner au grand public des valeurs plus vraies. Un public instruit et éclairé, endossant ses justes responsabilités, n'élira que les hommes dont la vision est conforme à la nouvelle éthique, à la nouvelle science des relations humaines, et qui reconnaissent comme principe politique de base l'égalité de tous les hommes – égalité basée sur leur divinité fondamentale et universelle.

S'allieront aux efforts de ces deux groupes de disciples et d'initiés, les disciples de cinquième rayon, dont la tâche sera de conduire le genre humain aux bienfaits de l'âge atomique. Les occultistes ont toujours proclamé que le domaine dans lequel la Hiérarchie travaille est celui de l'énergie ; ils ont enseigné qu'il n'existe rien que de l'énergie sous une forme ou une autre, et que tout ce que nous voyons, tout ce avec quoi nous travaillons quotidiennement (y compris notre nature matérielle, mentale, émotionnelle et physique) et tout ce qui produit les phénomènes est de l'énergie en relation à des forces, ou des forces dirigées par l'énergie.

Ce sera prouvé incontestablement par ce groupe de disciples en voie d'apparition. Par leurs efforts, la nouvelle civilisation sera créée, qui laissera du temps à l'humanité pour la liberté, pour un examen plus profond des questions d'éducation, et pour une activité politique de type spirituel ; la science produira un monde où le travail, tel que nous le connaissons sera aboli, et où toutes les phases de la vie de l'homme seront exécutées par la science – non pour lui donner plus de confort, ou en faire un robot plus égoïste, mais en tant qu'aspect ou conséquence naturelle de la vraie liberté ; les hommes seront libres pour penser, pour établir de nouveaux modes d'intérêts culturels, libres aussi pour développer le mental abstrait supérieur et pour interpréter leurs conclusions au moyen d'un mental inférieur concret exercé.

Le travail conjoint de ces trois groupes de disciples instaure et prépare la voie à l'extériorisation de la Hiérarchie ; cette préparation est déjà en route, et prend une forme précise, bien que les efforts soient encore embryonnaires et les travailleurs en très petit nombre. [580] Un commencement a néanmoins été effectué, et de grands changements se produiront pendant les vingt cinq prochaines années ; ils indiqueront la structure générale de la culture du monde nouveau, affirmeront comme normaux les concepts supérieurs du planificateur mondial prétendu "visionnaire", et poseront la base du travail des autres ashrams, lorsque viendra le temps d'un plus grand effort.

Quand les trois ashrams majeurs auront effectué leur travail qui – en dépit de la différence de rayon – est principalement éducatif, alors les autres ashrams enverront lentement leurs représentants pour coopérer et continuer le travail. Le premier ashram qui fera mouvement sera celui de troisième rayon ; d'ici le moment où des disciples de cet ashram apparaîtront, le monde sera prêt pour une réforme financière générale ; le "principe du partage" sera reconnu comme concept motivant la nouvelle civilisation. Ceci n'impliquera pas d'attitudes humanitaires douces et belles. Le monde sera encore plein de personnes égoïstes et avides, mais l'opinion publique sera telle que certains idéaux fondamentaux seront la motivation des affaires, ceci étant imposé aux affaires par l'opinion publique ; le fait que les nouvelles idées générales seront, dans beaucoup de cas, gouvernées par l'opportunisme de l'échange, n'aura pas d'importance fondamentale. C'est le partage qui aura de l'importance. Quand le "réformateur des finances" (ainsi qu'est appelé dans la Hiérarchie l'un des disciples avancés de cet ashram) fera son apparition, il trouvera des conditions très différentes de celles qui règnent actuellement, et ceci dans la mesure suivante :

1. Le principe d'échange ou de troc (à l'avantage de tous ceux que cela concerne) sera en vigueur.

2. Grâce au développement de l'énergie atomique, à l'avantage du bonheur humain, les monnaies nationales auront été largement remplacées, non seulement par un système de troc, mais par un échange monétaire international – représentant les denrées échangées, lorsqu'elles seront relativement peu importantes – mais par un plan gradué de valeurs relatives. Les possessions matérielles nationales et toutes les denrées nécessaires seront fournies par un système entièrement nouveau.

3. L'entreprise privée continuera d'exister, mais sera réglementée ; les grands services publics, les ressources matérielles [581] majeures et les sources de richesses planétaires – le fer, l'acier, le pétrole et le blé, par exemple – seront, tout d'abord, possédées par un groupe international qui gouvernera et contrôlera ; elles seront, néanmoins, préparées pour la consommation internationale, par des groupes nationaux choisis par le peuple sous direction internationale.

Je n'ai pas de temps à consacrer à cette question et, par ailleurs, ce que je pourrais dire serait considéré comme visionnaire et irréalisable dans un monde qui n'a pas encore subi le processus d'éducation des disciples et initiés des premier, deuxième, et cinquième rayons, ni les changements fondamentaux que la nouvelle génération des jeunes (qui grandissent actuellement) instaurera prochainement.

Selon cette triple condition du contrôle fondamental des produits de la planète, ces disciples de troisième rayon, travaillant sous les ordres des initiés de haut degré cités plus haut, construiront une nouvelle structure de relations matérielles – tâche extrêmement difficile, à cause de "l'attirance" des possessions substantielles et de la domination toujours présente, bien que très amoindrie, de l'égoïsme humain. Cette "attirance" est ésotériquement considérée comme mauvaise, car elle incarne le principe d'emprisonnement qui a, depuis d'innombrables millénaires, retenu l'attention de l'être humain, à l'exclusion de toutes les valeurs véritables.

Plus tard, des disciples et des initiés de septième et de sixième rayon viendront en incarnation physique. Le seul ashram qui alors ne sera pas représenté – et ceci pour longtemps – sera le quatrième. Comme le quatrième rayon est, néanmoins, le rayon constant de la famille humaine, son influence est présente en permanence ; cet ashram a de même constamment conscience des affaires humaines, et les influence à tout moment ; il trouvera sa pleine expression quand l'intuition de l'être humain, émanant en tant qu'énergie du plan bouddhique, le quatrième, aura été suscitée par l'âme humaine et reconnue comme appartenant à la conscience humaine. Le quatrième rayon viendra en manifestation avant que beaucoup de générations n'aient passé, mais seulement sous l'angle de sa Monade incarnée, et non sous l'angle de cet ashram actif. [582]

Lorsque le contact – en manifestation physique et en reconnaissance physique – sera établi, un système "d'apparitions et d'abstractions" sera institué par la Hiérarchie, produisant ce que l'on pourrait considérer comme une circulation de Sa vie et de Ses représentants, entre les deux centres planétaires majeurs, la Hiérarchie et l'Humanité. Selon les nécessités de la planète physique, et selon l'acceptation de certains buts à atteindre, tel ashram sera éminemment actif, ou relativement inactif.

Les anciennes activités de la Hiérarchie se poursuivront, préparation des disciples et initiés à l'initiation et à la participation consciente à l'effort hiérarchique ; les Écoles des Mystères (dont j'ai tracé les grandes lignes dans les Lettres sur la méditation occulte) apparaîtront et entreront en service, mais, temporairement, il s'agira d'une activité secondaire ; la pleine expression de l'énergie ashramique sera dirigée vers les affaires pratiques du monde et l'éducation du grand public, et non dans les stades de début, vers les questions ésotériques. En dernière analyse, pour le Maître et ses disciples, l'ésotérisme n'existe pas, sauf en ce qui concerne Shamballa. Il existe seulement des projets de travail précis, avec la conscience de toutes les formes et – pour ce qui est de l'humanité – cela est considéré comme un processus d'éducation, conduisant à une expansion de perception, et à une transformation des connaissances académiques acquises, en une sagesse adombrante et déterminante. La mise en œuvre des affaires humaines, afin de provoquer cet épanouissement de la conscience, est entre les mains des disciples qui sont eux-mêmes soumis à ce processus, et non entre les mains des Maîtres, dont la conscience est totalement épanouie – conscience qui entre dans une phase très différente et supérieure, liée à l'Existence, à la Vie et aux desseins de Shamballa.

Manière dont le disciple aborde l'extériorisation dans sa conscience

J'estime nécessaire ici de clarifier un point. Les disciples envoyés par les divers ashrams n'arrivent pas sur terre conscients d'une haute mission, et connaissant bien la nature de la tâche qui leur a été [583] assignée subjectivement. Dans le cas de certains disciples, qui seront de grande élévation et ayant rang d'initiés, ils peuvent avoir la conviction d'une mission (si on peut employer ce terme) dans leur extrême jeunesse, et ainsi s'orienter vers la tâche de leur vie, dès le début ; cette conviction s'accroîtra, s'approfondira et se clarifiera avec les années. Mais il faut se souvenir que la majorité des disciples ne réagira pas ainsi. Ils arriveront en incarnation avec certains dons et certains talents innés, avec certaines idées fermement enracinées, dotés d'idéaux irrévocables et d'un cerveau réceptif à un mental bien développé. Ils se frayeront un chemin normalement, selon leurs tendances et prédilections naturelles, vers le domaine de l'activité humaine où il est prévu qu'ils travaillent, et dans lequel ils doivent apporter certains changements fondamentaux, en accord avec l'intention hiérarchique. Cette intention hiérarchique leur sera généralement inconnue, bien qu'il puisse parfois en être autrement ; toutefois la tâche à accomplir leur paraîtra impérative et nécessaire, et devant être accomplie à tout prix. Ils trouveront leur voie vers la politique, les mouvements éducatifs, la science ; ils travailleront dans le domaine humanitaire, social et financier ; ils adopteront ces modes d'activités par inclination naturelle, et non parce qu'ils "obéissent" aux instructions d'un Maître. Ils réussiront dans leur effort, car la puissance de la Hiérarchie sera derrière eux, et l'ashram intérieur peut faire beaucoup pour ses disciples travaillant à l'extérieur, lorsqu'il s'agit d'ouvrir des portes, de mettre en œuvre des efforts et d'organiser des contacts ou autres facilités ; tout ceci s'accomplit, néanmoins, sans que l'impulsion intérieure soit évidente. La reconnaissance de cet effort intérieur dépendra de la position du disciple dans l'ashram. Quand le disciple est très avancé, il peut prendre conscience de sa haute mission, et savoir que ce n'est pas une intention fanatique venant de lui-même, mais une tâche précise, entreprise en réponse aux projets ashramiques. De tels cas seront l'exception et non la règle, surtout dans les premiers stades. Ces travailleurs hiérarchiques réuniront autour d'eux des disciples moins avancés, qui travailleront dans la même direction, par communauté d'intérêt, mais non par la [584] reconnaissance d'instructions similaires – ce qui est très différent. Dans l'un des cas, la conscience de la mission est développée par des périodes d'établissement de plans précis avec l'ashram, et en consultation avec le Maître ou ses collaborateurs chevronnés. Dans le cas plus général, le disciple réagit et travaille en réponse à l'impression, ignorant totalement, à ce stade, d'où vient l'impression ; il considère qu'il s'agit d'une activité de son mental, jouant le rôle d'agent directeur dans toutes les activités prévues, dans le thème et le dessein de sa vie, qui sont son service dynamique.

Une caractéristique majeure est néanmoins présente chez tous ces disciples et aspirants au travail ; c'est un profond sentiment humanitaire, et une détermination d'aider la cause du bien-être humain. Une distinction intéressante se fera jour plus tard, et influera sur l'âge nouveau, à l'encontre des méthodes du passé et du présent. Les disciples et les aspirants ne seront pas voués à un travail purement humanitaire ou social. Ce sera un motif de leur travail, non un objectif. Ils ne consacreront pas leur vie et leurs efforts uniquement au soulagement des besoins des hommes. Toutes les phases de la vie humaine – politique, finance, science et religion – seront reconnues comme leur tâche immédiate mais, à l'avenir, le motif ne sera pas principalement la réussite dans les affaires, ou l'ambition de la personnalité, mais l'impulsion à subordonner ces dernières à l'effort général et à l'aide de l'humanité dans son ensemble, dans une vision à long terme.

C'est cet esprit humanitaire en développement qui sous-tendra tous les mouvements vers la socialisation des hommes, en tous pays. Ce mouvement est symptomatique d'un changement d'orientation dans la pensée de l'homme, et c'est là que gît sa valeur essentielle. En réalité, il n'indique pas une nouvelle technique de gouvernement, et cette phase particulière est éphémère ; il est d'autre part fondamental à l'ordre mondial nouveau qui émergera de toutes les expériences que la pensée humaine tente en ce moment. Voilà ce qui existera dans la conscience des disciples chargés par la Hiérarchie de faire les changements nécessaires, et la nouvelle [585] orientation, et non une reconnaissance des Maîtres et de leurs ordres, pas plus qu'une toile de fond hiérarchique ou ashramique.

Pendant leur incarnation, ces disciples sont libres de servir uniquement et de tout cœur cette phase de l'effort humain où semblent les conduire leur destin et la tendance de leur vie. Ils peuvent n'être aucunement conscients d'un objectif spirituel (ainsi appelé aujourd'hui), si ce n'est la reconnaissance de l'amour qu'ils portent à leurs semblables ; cet amour conditionnera tout ce qu'ils feront et motivera tous leurs efforts.

Du point de vue du Maître, ils peuvent être atteints, recevoir l'impression et être dirigés, et ils sont indiscutablement atteints de cette manière. De leur point de vue, ce sont simplement des hommes actifs énergiques, dotés d'une bonne intelligence, profondément intéressés par la tâche qu'ils ont choisie dans la vie, prouvant qu'ils sont capables de travail efficace dans telle ou telle ligne d'action, aptes à influencer d'autres personnes et à les diriger vers une action similaire, apportant de nets changements dans le domaine de l'effort humain qui les concerne, et du même coup haussant les principes sous-jacents à un niveau plus élevé. Ceci est du travail hiérarchique à l'état pur. Il affecte considérablement la conscience de l'humanité.

Ces disciples peuvent être conscients de ce que leur action et leur pensée font partie d'un effort dans l'évolution ; dans cette mesure ils sont conscients de leur mission, mais la valeur de cette attitude est qu'elle les relie, par la conscience, à beaucoup d'autres personnes. ayant des motifs semblables et conscients d'une vision similaire. Il est évidemment sage de se rappeler que de tels disciples ont le type prononcé de leur rayon, et sont des personnalités intégrées, dans le sens le plus élevé du terme. Ils travailleront sur terre, en tant que personnalités de haut degré, sous l'impact de motifs forts émanant de l'âme, en réponse à l'impression de l'ashram ; toutefois, dans leur cerveau physique, ils n'en savent rien et s'en soucient encore moins. Une partie de leur efficacité dans le service est due au fait qu'ils ne sont pas préoccupés par le contact de l'âme et par l'idée d'un service académique. Ils ont les yeux fixés sur le travail à faire, leur cœur est avec leurs semblables ; ils ont la tête pleine de méthodes, techniques et [586] pratiques qui élèveront le niveau de l'effort dans le domaine qu'ils ont choisi. D'où leur réussite inévitable.

Ce travail de préparation à l'extériorisation de la Hiérarchie ne sera pas demandé aux disciples qui sont intensément intéressés par la réceptivité personnelle à l'âme, qui travaillent diligemment au contact de l'âme, qui se préoccupent de l'art de servir consciemment, font du service un but, et qui sont vivement conscients du fait de l'ashram et de l'existence du Maître. On peut faire confiance aux disciples avancés, qui sont stabilisés dans l'ashram, et qui sont si habitués au Maître que celui-ci ne prend pas dans leur conscience une importance excessive pour travailler dans le monde selon une ligne correcte, et exécuter le travail de préparation. Ils ne peuvent pas être détournés de leur attention exclusive à la tâche, par un appel ou une suggestion de l'âme : ils sont donc libres pour faire le travail prévu.

La situation relative à la conscience du disciple en cette période d'intense difficulté, mais de grand intérêt, qui confronte l'humanité, pourrait donc être résumée dans les déclarations suivantes :

1. Le disciple n'est poussé par aucun désir d'extérioriser la Hiérarchie, ou de voir l'ashram auquel il est affilié fonctionner physiquement sur le plan extérieur. Il peut n'avoir nullement conscience de l'intention hiérarchique. S'il est conscient de ce dessein sous-jacent, c'est tout à fait secondaire dans sa conscience. Le bien de l'humanité et un avenir spirituel stabilisé pour l'humanité sont les motivations majeures de sa vie.

2. Le disciple est de tendance strictement humanitaire. Il travaille pour l'humanité Une, et bien que peut-être conscient de son affiliation à la Hiérarchie, sa loyauté, son service et l'intention de sa vie sont entièrement dirigés vers la cause du perfectionnement de l'homme. Par cette attitude, il en arrive à ressembler aux Maîtres, dont la directive de vie n'est pas influencée par les possibilités hiérarchiques, mais par l'adhésion aux desseins de Shamballa, dans l'action, dans les relations, et quant au Plan concernant toutes les unités de vie dans les trois mondes.

3. L'intuition du disciple est vive et active ; les idées nouvelles, et les nouveaux concepts vitaux sont au premier plan de son esprit. Il [587] répudie presque automatiquement la pensée réactionnaire et conservatrice du passé – et, sans fanatisme ou insistance excessive, il vit, parle et instruit selon les lignes nouvelles des justes relations humaines.

4. Le disciple, préoccupé des plans hiérarchiques pour l'avenir, a l'esprit très ouvert en ce qui concerne le développement des vrais pouvoirs psychiques. Il déplore et réprime tous les états et formes de pensée négatifs, lorsqu'il les rencontre dans son entourage, mais il encourage le développement de toutes les formes de perception sensibles supérieures, qui élargissent la conscience humaine et enrichissent son contenu.

5. Selon sa condition hiérarchique, il deviendra de plus en plus un canal de pouvoir dans le monde. L'affirmation de la Bible (ou plutôt l'injonction) de prendre racine vers le bas et de porter des fruits vers le haut, a pour lui une signification occulte profonde.

Je ne parle pas ici du développement du disciple en tant que disciple, ou de son progrès comme individu sur le Sentier ; j'examine le type de conscience avec lequel il aborde la tâche à exécuter. À moins qu'il ne remplisse, en lui- même, les conditions énumérées dans cette section de notre étude, il ne fera pas partie des travailleurs de cette période intermédiaire entre l'âge ancien et l'âge nouveau.

Diffusion des renseignements de nature préparatoire

Ceux dont la tâche est de faire parvenir à l'humanité les renseignements nécessaires se divisent en deux groupes :

1. Les disciples et les aspirants convaincus travaillant aujourd'hui dans le domaine de l'occultisme.

2. Les disciples et les initiés qui viendront des trois ashrams et dont la tâche est surtout de jouer le rôle d'avant-garde de la Hiérarchie, et de la précéder dans la manifestation extérieure. Ceci débutera en 1975 si les disciples actuellement en activité font bien leur travail. [588]

Beaucoup a déjà été fait pour familiariser le grand public avec le concept de la Hiérarchie. On a souvent agi de manière à jeter le discrédit sur toute la question. Les groupes qui diffusent l'enseignement occulte seraient bien avisés de changer de méthode si – derrière leur ignorance prononcée et leur goût du spectaculaire – existent une foi véritable et un véritable désir humanitaire. Les renseignements concernant la Hiérarchie devraient prendre la forme suivante :

1. L'accent doit être mis sur l'évolution de l'humanité, avec une attention particulière à son but, la perfection. Il ne s'agit pas de la perfection idéaliste du mystique visionnaire, mais de la maîtrise de l'instrument, l'homme en incarnation, par l'âme qui habite et adombre la forme. De plus en plus, il faudra enseigner la constitution de l'homme.

2. Il faudra enseigner la relation de l'âme individuelle avec toutes les âmes, et faire comprendre que le royaume de Dieu, attendu depuis si longtemps, n'est autre chose que l'apparition sur terre, dans la vie quotidienne, d'hommes chez qui l'âme domine, à tous les degrés de cette domination de l'âme.

3. Cette relation étant comprise, on pourra en déduire le fait de la Hiérarchie spirituelle, et l'on pourra insister sur le caractère normal de son existence. On s'apercevra du fait que le royaume de Dieu a toujours été présent, mais qu'il n'a pas été reconnu, vu le nombre encore relativement faible des personnes qui expriment sa qualité.

4. Quand cette reconnaissance sera devenue générale, l'idée (à ce moment-là, toujours présente dans la conscience des hommes de partout) et le bon sens aussi témoigneront du fait de la présence de Ceux qui ont atteint le but. Leur manifestation de divinité sera considérée comme normale, constituant un objectif universel, et garantissant la perfection future de l'humanité ; les degrés de cette expression divine pourront alors être signalés, allant du disciple en probation, puis des disciples, à Ceux qui ont atteint la maîtrise et jusqu'au Christ.

5. Ainsi, progressivement, l'idée ou le concept de l'existence des Maîtres en présence corporelle sera inculquée et régulièrement [589] acceptée ; une attitude nouvelle envers le Christ se développera, qui comprendra tout le meilleur du passé, mais intégrera les hommes dans une approche plus saine et mieux venue du problème tout entier.

6. Le temps viendra où le fait de la présence du Christ sur terre, en tant que Chef de la Hiérarchie et administrateur du royaume de Dieu, sera accepté ; les hommes comprendront aussi la vérité de l'affirmation, aujourd'hui révolutionnaire, qu'à aucun moment Il n'a quitté la terre.

7. L'accent devra être mis aussi, de plus en plus, sur le Plan qui se développe, et les hommes arriveront à cette reconnaissance par l'étude de l'évolution de la famille humaine, par un examen sévère des processus historiques, et par une analyse comparative des civilisations et des cultures anciennes et modernes. Le fil du dessein sera noté et suivi, siècle après siècle, intégrant non seulement l'histoire en un récit complet de la révélation des qualités divines par le moyen de l'humanité, mais lui intégrant toutes les philosophies mondiales, le thème central de tout art créateur, le symbolisme de l'architecture et les conclusions de la science.

En abordant ainsi le fait central de l'évolution humaine – le développement régulier de la divinité, et la révélation des pouvoirs divins par l'intermédiaire de l'homme – on compensera la présentation fantaisiste et fantastique de la Hiérarchie qui a caractérisé tous les mouvements occultes, et les diverses présentations théosophiques et rosicruciennes. La question sera présentée de manière acceptable et raisonnable. Il ne s'agira pas d'un processus plus lent, au contraire. Les résultats de la manière désuète et stupide de présenter la question ont gravement retardé le travail prévu. Néanmoins, les hommes à l'avenir accepteront rapidement et avec gratitude ce qui est raisonnable, ce qui a ses racines dans le passé, peut être prouvé par l'histoire, et offre un espoir possible et vrai pour l'avenir.

On peut s'attendre à ce que le chrétien orthodoxe rejette tout d'abord les théories concernant le Christ, présentées par l'occultisme [590] par ailleurs, ce même chrétien orthodoxe trouvera de plus en plus difficile de faire accepter à des masses intelligentes une divinité impossible, et le Christ faible que le christianisme a confirmé. Un Christ qui est présent et vivant, qui est connu de ceux qui le suivent, dont les capacités exécutives sont compétentes et fortes, qui n'est pas une tendre victime, qui ne nous a jamais quittés, mais a travaillé depuis deux mille ans par le canal de ses disciples, des hommes et des femmes inspirés de toutes croyances, de toutes religions, et de toutes convictions religieuses ; qui rejette le fanatisme ou la dévotion hystérique, mais qui aime tous les hommes avec constance, intelligence et optimisme, voyant la divinité chez tous ; qui comprend les techniques de l'évolution de la conscience humaine, mentale, émotionnelle, physique, produisant les civilisations et les cultures appropriées à tel ou tel point d'évolution – ces idées-là, le public intelligent peut les accepter, et il les acceptera.

Les hommes travailleront à préparer dans le monde des conditions permettant au Christ de se déplacer librement parmi eux, en Présence physique. Il ne sera plus obligé alors de demeurer dans sa retraite actuelle, dans l'Asie centrale. Les hommes accepteront avec facilité l'unité de toutes les croyances, quand la relation entre le Bouddha et le Christ sera correctement présentée ; alors l'image d'un Christ exigeant une position unique, à l'exclusion de tous les autres fils de Dieu, se dissipera dans la merveille de la vraie succession apostolique, où de nombreux fils de Dieu, de différents rayons, de différentes nationalités, et de missions diverses, seront reconnus historiquement, comme conduisant l'humanité sur le sentier du développement divin, la rapprochant de Dieu, qui est la Source.

Temporairement, le fait de Dieu immanent va retenir l'attention de tous les vrais instructeurs spirituels ; le fait de cette immanence, ressentie dans sa perfection chez le Christ et d'autres représentants divins, va reléguer à l'arrière- plan, pour un temps, l'enseignement sur Dieu transcendant. L'accent a été mis exagérément sur cette vérité majeure, à l'exclusion de la vérité plus proche et plus pratique de Dieu chez tous les hommes, en toutes formes de tous les règnes de la nature ; beaucoup de mal a découlé du fait que l'accent n'a pas été mis sur Dieu immanent. Plus tard, quand sera acceptée la vérité du Christ [591] habitant tout homme, et révélée dans sa perfection par le Christ historique et ses Frères éminents au cours des âges, l'enseignement de Dieu transcendant, qui est le mystère gardé par Shamballa, sera révélé et souligné. Les deux moitiés d'un Tout parfait seront alors reconnues par l'humanité.

La clé de la Hiérarchie, et de sa réapparition sur terre en forme physique, et la matérialisation subséquente du royaume de Dieu parmi les hommes, c'est la simple vérité de Dieu immanent. C'est la clé du processus évolutif, et l'espoir éternel de toutes les formes dans tous les règnes de la nature. Ceci est la vérité centrale, la vérité convaincante, la vérité de révélation qui sous-tendra toute information concernant la Hiérarchie, et c'est elle que la génération montante de disciples et d'initiés diffusera. Si cette vérité est un fait, si elle peut être prouvée, alors le fait de la Hiérarchie est prouvé et l'authenticité de l'existence éternelle du royaume de Dieu sur terre est établie.

Voir[1].

 

[1] Une partie de ce message, et le suivant à la page anglaise 612, se trouvent aux chapitres III et VII du Retour du Christ. Chronologiquement, ils appartiennent à la succession historique donnée dans le présent ouvrage.