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LIVRE III L’UNION REALISEE ET SES RESULTATS - Partie 5

LES PLANS DIVINS

Plan I.

Logoïque ou divin.

La Mer de Feu

 

 

Dieu le Père

 

 

La Volonté.

Plan II.

Monadique. 

L'Akasha

 

Dieu le Fils

 

Amour-Sagesse.

Plan III.

Spirituel ou atmique

L'Éther

 

Dieu le Saint-Esprit

 

Intelligence active.

 

PLAN DE L'UNION OU UNIFICATION

 

Plan IV.

Christ ou bouddhique.

 

 

 

Air

Union

Harmonie

Unification.

         

[335]

PLANS DE L'ENTREPRISE HUMAINE

Plan V

Mental.

Feu

Reflet de la Mer de

Feu

Volonté humaine.

 

Plan VI

Émotif ou astral.

Lumière astrale

Reflet de l'Akasha

Amour et désir humains.

Plan VII

Physique.

Éther

Reflet de l'Éther

Activité humaine

Sur tous ces plans, la conscience se manifeste et les sens, exotériques et ésotériques, produisent des contacts.

Plan I

Feu

Le Souffle

 

 

Plan II

Akasha

Le Son

L'Ouïe

L'Oreille.

Plan III.

Éther

Réaction vibratoire

Toucher

La Peau.

 

Plan IV

Air

Vision

Vue

L'Œil

Plan V.

Feu

Discrimination

Goût

La Langue

Plan VI.

Lumière astrale

 

Odorat

Le Nez

Plan VII

Les contreparties physiques de tous.

 

Une autre méthode de répartition donne ce qui suit : [336]

Plan VII

Plan physique

Odorat

Éther

Plan VI.

Astral

Goût

Lumière astrale.

Plan V.

Mental

Vue

Feu.

Plan IV.

Bouddhique

Toucher

Air.

Plan III.

Atmique

Ouïe

Ether.

Plan II.

Monadique

Mental

Akasha.

Plan I

Logoïque

Synthèse.

 

Il apparaît cependant que l'une de ces méthodes donne le point de vue microcosmique et l'autre le point de vue macrocosmique : or, comme l'aspirant cherche à fonctionner "librement dans le macrocosme" et à transcender ses limitations microcosmiques, c'est à la première catégorie que nous aurons affaire.

En considérant ce sutra et sa clarification grâce à la compréhension de la nature des plans, de leurs symboles et de leur substance, il devient clair que l'homme qui comprend la nature du mot et du second aspect, arrive à prendre conscience de l'ouïe.

Ceci peut également être compris mystiquement par l'aspirant s'il se rend compte que, lorsque la Voix du Silence ou du Christ intérieur se substitue aux voix du désir (voix astrales ou réaction vibratoire du second aspect du reflet, les trois plans inférieurs), le mot ou son est alors connu et un contact s'établit avec le second aspect de la divinité.

1. L'Akasha

Le Mot Le Son

Le second aspect en manifestation.

2. La Lumière astrale

Les Voix du désir

Le reflet du second aspect.

[337]

Un grand nombre de sons peuvent être entendus sur tous les plans, mais c'est sur le plan physique qu'ils sont les plus divers. L'aspirant doit développer le pouvoir de distinguer entre :

1. Les voix de la terre

2. Les voix du désir

3. La parole ou les pensées formulées du mental

4. La petite voix tranquille du Christ intérieur.

5. Les sons des Dieux Les mots créateurs

6. Le mot ou son Le AUM

7. Le souffle logoïques.

 

physiques.

astrales.

mentales.

bouddhiques

atmiques.

monadiques.

monadiques.

Ces distinctions contiennent et transmettent le problème de l'ouïe correcte sur les divers plans et dans les divers états de conscience. Seul le mystique ou l'aspirant véritables comprendront la nature de ces distinctions.

Tout comme les substances de notre système solaire manifesté sont toutes des différenciations de l'akasha – première différenciation du matériau primordial – ainsi toutes les distinctions se rapportant au son sont des différenciations du son unique ; toutes sont divines dans le temps et l'espace. Mais toutes doivent être entendues correctement ; toutes mènent au AUM et, dans leur totalité, forment le AUM, le Mot de Gloire, le Mot macrocosmique.

Quant à l'étudiant en Raja Yoga, trois voix ou sons principaux le concernent temporairement :

1. La parole de la Terre, afin qu'il en use à bon escient.

2. La Voix du Silence, afin qu'il l'entende. C'est la voix de son propre

Dieu intérieur, le Christ. [338]

3. Le AUM, le Mot du Père, exprimé par l'intermédiaire du Fils et qui, s'il l'entend, mettra l'étudiant en contact avec le Mot de Dieu, incarné dans la nature entière.

La Voix du Silence peut être entendue quand il est fait un usage correct de la parole et que les sons de la terre peuvent également être apaisés. On peut noter ici que la clairaudience consiste à prendre conscience de la voix de la grande illusion et donne à l'homme le pouvoir d'entendre sur le plan astral. Ce pouvoir, mis en œuvre à sa juste place et dirigé d'en haut par la connaissance, ouvre l'oreille à certains aspects de l'expression divine dans les trois mondes. Ce n'est pas l'ouïe divine à laquelle ce sutra se réfère. Le commentaire que fait de ce sutra Charles Johnston embrasse magnifiquement tout le sujet, en ces termes :

"La transmission d'un mot par la télépathie constitue la forme simple et primitive de l' "ouïe divine" de l'homme spirituel ; au fur et à mesure que ce pouvoir s'accroît chez l'homme spirituel et qu'il arrive, par une méditation parfaitement concentrée, à le maîtriser plus complètement, il devient capable d'entendre et de distinguer clairement la parole des grands Compagnons, qui le conseillent et le réconfortent sur sa route. Ils peuvent lui parler, soit par des pensées sans mots, soit en mots et phrases parfaitement nettes."

42. Par la méditation concentrée sur la relation existant entre le corps et l'akasha, l'ascension hors de la matière (les trois mondes) et le pouvoir de voyager dans l'espace sont acquis.

L'akasha est partout. En lui nous avons la vie, le [339] mouvement et l'être. Tout n'est qu'une substance unique et, dans le corps humain, se trouvent les correspondances à ses diverses différenciations.

Quand un homme se connaît lui-même, et quand il est conscient de la relation existant entre les énergies à l'œuvre à travers les sept centres et les sept états de la matière et de la conscience, il est alors affranchi, libre, et peut à volonté prendre contact, sans limitations temporelles, avec tous ces états. Il y a une relation entre l'un des sept états de la matière et l'un ou l'autre des centres. En chacun des centres se trouve une porte donnant accès à un certain plan des sphères planétaires. Quand le disciple a conformé sa vie à une prise de conscience correcte des divers moyens de yoga traités dans les livres précédents, il peut lui être confié certaines clés, certaine connaissance, certains mots et formules qui, grâce à une méditation concentrée, lui donneront la liberté des cieux et le droit de passer certains seuils donnant accès au Royaume de Dieu.

43. Lorsque ce qui voile la lumière est éliminé, un état d'être survient alors, qualifié d'extra-charnel (ou incorporel) et libéré des modifications du principe pensant. C'est l'état d'illumination.

Nous avons de nouveau ici une traduction plus libre que littérale, où le véritable sens des termes archaïques est respecté, plutôt que la correction académique. La raison en apparaîtra lorsque certaines traductions réputées en seront données ; [340] ce sont des traductions correctes, mais faisant preuve d'une ambiguïté qui ne peut être évitée dans l'adoption d'une traduction littérale des termes sanscrits.

"Une fluctuation non adaptée extérieurement est le grand Désincarné ; il en résulte une diminution du revêtement, en faveur de la luminosité." (Woods)

"La modification externe (de l'organe interne)... est inconsidérément (nommée) la grande (modification) incorporelle ;  de  là  (résulte)  la  destruction  de l'obscurcissement de l'illumination (de l'intellect)." (Tatya)

Vivekananda traduit ce sutra dans les termes suivants :

"En faisant sanyama sur les modifications réelles du mental qui sont à l'extérieur, appelées le grand état de désincorporation, la disparition du revêtement de la lumière survient."

 Ces citations font apparaître les grandes difficultés auxquelles se heurtent tous les traducteurs, ce qui explique la nette paraphrase de ce passage.

Dans ce sutra, deux idées cherchent à s'exprimer : l'une se rapporte au voile ou revêtement qui fait obstacle à l'illumination de l'esprit, et l'autre à l'état de réalisation consciente atteint par l'homme qui s'est libéré de ce voile. Ce qui recouvre la lumière (le "boisseau" auquel le Christ fait allusion dans le Nouveau Testament) est constitué par les enveloppes ou corps changeants et fluctuants. Lorsqu'ils sont transmués et transcendés, la lumière de Dieu (le second aspect divin) peut inonder l'homme inférieur qui se connaît alors tel qu'il est. L'illumination afflue en lui et il se sait être quelque chose de différent des formes à travers lesquelles il fonctionne. Il [341] n'est plus ni centré, ni axé sur ses formes, mais se trouve réellement en une condition d'incorporéité. Sa conscience est celle de l'homme qui n'est pas en incarnation, de l'homme réel sur son propre plan, du véritable penseur extra-charnel. Saint Paul, comme l'ont souligné plusieurs penseurs, fit tant soit peu l'expérience de cet état d'être. Il s'y réfère en ces termes :

"Je connais un homme dans le Christ qui, voici quatorze ans – était-ce en son corps ? je ne sais ; était-ce hors de son corps ? je ne sais, Dieu le sait – cet homme là fut ravi jusqu'au troisième ciel. Et cet homme-là – était-ce en son corps ? Je ne sais, Dieu le sait – je sais qu'il fut ravi jusqu'en paradis et qu'il entendit des paroles ineffables, qu'il n'est pas permis à l'homme de redire." (II Cor. XII) [1]

Ce "troisième ciel" peut être compris de deux façons : d'abord, comme représentant le plan mental sur lequel se trouve la demeure véritable de l'homme spirituel, le penseur ; puis, en tant qu'état plus spécial, qu'il faut entendre comme étant celui qu'on trouve sur le troisième degré, le plus haut des trois niveaux abstraits du plan mental.

44. La méditation concentrée sur les cinq formes qu'assume chaque élément, produit la maîtrise sur chaque élément. Ces cinq formes sont la nature grossière, la forme élémentale, la qualité, l'infiltration et la raison d'être fondamentale.

Il faut se souvenir que ceci se rapporte à la fois au macrocosme et au microcosme et peut s'appliquer aux cinq plans de l'évolution monadique, comme aux cinq formes que tout [342] élément assume sur tous les plans et sur chacun d'eux ; il faut aussi se rappeler que c'est le cas en ce qui concerne l'entendement mental et les modifications du principe pensant ; car le mental est le cinquième principe et l'homme est le pentagramme ; il ne peut donc atteindre (en tant qu'homme) qu'une quintuple illumination. Il y a cependant deux formes supérieures et deux autres modes de perception ; c'est-à-dire les états de conscience intuitif et spirituel. Ce sutra n'a cependant pas affaire à ces dernières. En lui-même, le centre de la tête est double ; il est constitué par le centre entre les sourcils et le chakra supérieur, le lotus aux mille pétales.

L'étude et la compréhension de ce sutra donneraient à l'occultiste blanc l'équipement complet lui permettant d'accomplir toutes les formes de travail magique. Les étudiants doivent se rappeler que ceci ne concerne pas les éléments tels qu'ils s'offrent à nous, mais se rapporte à la substance élémentale dont sont faites toutes les formes grossières. Selon la Sagesse sans Âge, il existe cinq degrés de substance, possédant certaines qualités. Ces cinq degrés de substance constituent les cinq sphères vibratoires où se trouvent l'homme et le surhomme. Ces cinq plans ont chacun une qualité notable dont les cinq sens physiques sont la correspondance.

Plan

Nature

Sens

Centre

Terre

Physique

Odorat

Base de l'épine dorsale

Astral

Émotive

Goût

Plexus solaire

Manasique

Mentale

Vue

Tête

Bouddhique

Intuitive

Toucher

Cœur

Atmique

Spirituelle

Son

Gorge

[343]

Ces sens et leurs correspondances, comme il l'est indiqué dans Un traité sur le Feu Cosmique, dépendent du point d'évolution atteint par l'homme, tout comme l'a établi H.P. Blavatsky, en corrélation avec la nomenclature des principes.

Le sutra ci-dessus peut, en conséquence, s'appliquer à la maîtrise exercée sur chaque plan, aussi bien qu'à la maîtrise sur les éléments qui composent ce plan. Il se réfère à la maîtrise et à l'utilisation de toutes les enveloppes plus subtiles par lesquelles l'homme établit un contact avec un plan ou mode de vibration particulier.

Dans son remarquable commentaire, Ganganatha Jha dit : "Les qualités spécifiques, le son et le reste de ce qui appartient à la terre, de même que les propriétés de la forme et du reste, sont qualifiés de "grossiers". C'est là la première forme des éléments. La seconde forme consiste en leurs caractéristiques génériques respectives : la consistance, pour la terre ; la viscosité, pour l'eau ; la chaleur, pour le feu ; l'agilité, pour l'air et l'omniprésence pour l'akasha. Les formes spécifiques sont le son et le reste." De ce quarante-quatrième sutra, il donne une traduction analogue à celle des autres à l'exception de celle de Johnston ; elle est ainsi conçue :

"La maîtrise sur les éléments, par le sanyama, en ce qui concerne la grossièreté, le caractère, la subtilité, la simultanéité et l'utilité."

1. La grossièreté, la matière grossière.

Le son et les autres sens tels qu'ils se présentent sur le plan physique. Nous devons nous souvenir que ce plan constitue la somme grossière de tous les autres. La matière est l'esprit à son point le plus bas.

2. Le caractère, la forme élémentaire. [344] La nature, ou les caractéristiques spécifiques des éléments.

3. La subtilité, ou la qualité.

La substance atomique de base en chacun des éléments. Ce qui produit ses effets phénoménaux. C'est ce qui est sous-jacent à toute perception sensorielle et à l'ensemble des cinq sens. Tanmatra est un autre mot pour désigner cette "forme subtile".

4. La simultanéité, ou infiltration.

C'est la nature intégralement pénétrante de chaque élément ; sa propriété inhérente. C'est la somme des trois gunas : tamas, rajas et sattva. Chaque élément, selon la place qu'il occupe dans le plan en manifestation, est caractérisé par l'inertie, l'activité ou le rythme. Il est inhérent à la substance. Le taux de vibration seul diffère. La correspondance de chaque élément existe sur chaque plan.

5. L'utilité, ou la raison d'être fondamentale.

C'est l'utilisation correcte de chaque élément dans le grand travail de l'évolution. C'est, littéralement, le pouvoir caché dans chaque atome de substance qui le pousse (à travers tous les règnes de la Nature) à s'exprimer, le rendant apte à accomplir son œuvre dans le temps et l'espace, et de la poursuivre jusqu'à la réalisation finale.

Quand, par la méditation concentrée sur les cinq formes distinctives de chaque élément, l'investigateur a acquis la connaissance de leur nature et de toutes leurs qualités et caractéristiques, il peut alors collaborer intelligemment avec le plan et devenir un magicien blanc. Jusqu'à présent, pour la majorité d'entre nous, cela n'est possible que pour trois de ces [345] formes ; il est fait allusion à ce fait en ces termes dans la Lumière sur le Sentier :

"Demande à la terre, à l'air et à l'eau les secrets qu'ils gardent pour toi." Le développement de votre sens intérieur vous permettra de le faire.

45. Par cette maîtrise le pouvoir d'exiguïté et les autres siddhis (ou pouvoirs) sont atteints, ainsi que la perfection corporelle et l'affranchissement de toutes entraves.

En approchant de sa conclusion, chacun de ces trois livres sur le Raja Yoga donne un résumé des résultats et une vision de ce qui est accessible à l'aspirant intelligent et assidu. Ce sont les suivants :

"La réalisation s'étend ainsi, de l'infiniment petit à l'infiniment grand, et d'annu (l'atome ou point) à atma (ou esprit) sa connaissance est parachevée." (Livre I, Sutra 40)

"Comme résultat de ces moyens, il s'ensuit la complète sujétion des organes sensoriels." (Livre II, Sutra 55)

"Par cette maîtrise, le pouvoir d'exiguïté et les autres siddhis (ou pouvoirs) sont atteints, ainsi que la perfection corporelle et l'affranchissement de toutes entraves." (Livre III, Sutra 45)

On peut voir d'après cela : premièrement, comment s'acquiert la vision et la prise de conscience intérieure de Dieu ; puis, comment se réalise la sujétion complète de la nature inférieure, ainsi que la maîtrise des sens et de leurs organes, de telle sorte que cette prise de conscience devient un fait d'expérience sur le plan physique et qu'il s'ensuit la manifestation de cette maîtrise, par la mise en jeu de certains pouvoirs. [346]

Le quatrième livre tout entier traite de la réalisation grandiose qui naît des trois résultats ci-dessus, et produit :

1. La cessation de l'affliction et du labeur. (Sutra 30)

2. La réalisation de la connaissance infinie. (Sutra 31)

3. L'entrée dans l'Éternité. (Sutra 33)

4. Le retour de la conscience à son centre. (Sutra 34)

En relation avec le sutra qui fait l'objet de notre présente étude, les huit siddhis ou pouvoirs psychiques sont souvent appelés les huit perfections et constituent, avec les deux autres, les dix perfections se rapportant à l'homme inférieur. Ces pouvoirs sont :

1. L'exiguïté anima.

C'est le pouvoir que possède le yogi de se faire aussi petit qu'un atome, de s'identifier avec la plus infime partie de l'univers, en sachant que le soi contenu dans cet atome est un avec lui-même. Ceci est dû au fait que l'anima mundi, ou âme du monde, est universellement répandue à travers tous les aspects de la vie divine.

2. La magnitude mahima.

C'est le pouvoir de dilater sa conscience et d'entrer ainsi dans le grand tout aussi bien que dans sa plus petite partie.

3. La gravitation garina.

Ceci concerne le poids et la masse, et s'applique à la loi de gravitation, qui est un aspect de la Loi d'Attraction.

4. La légèreté laghima.

C'est le pouvoir sous-jacent au phénomène de la lévitation. C'est la capacité qu'a l'adepte [347] de détourner la force d'attraction de la planète et de se détacher de la terre, et c'est l'opposé du troisième siddhi.

5. La réalisation de l'objectif prapti.

C'est la capacité qu'a le yogi d'atteindre son but, de donner à sa conscience une extension lui permettant de se rendre à n'importe quel endroit et, selon son désir, d'atteindre quoi que ce soit en quelque lieu que ce soit. Il est clair que ce fait trouvera une application dans les trois mondes et sur tous les plans, comme c'est en fait le cas pour l'ensemble des siddhis.

6. La volonté irrésistible prakamya.

Ceci est parfois dépeint comme étant la souveraineté et consiste en cette force entraînante et irrésistible qui se trouve chez tout adepte et qui provoque le couronnement de ses plans, la réalisation de ses désirs et le parachèvement de ses impulsions. C'est la qualité qui constitue la caractéristique distinctive du magicien noir comme du magicien blanc. Elle se manifeste nécessairement avec une force plus grande sur le plan qui, dans les trois mondes, reflète l'aspect volonté de la divinité, le plan mental. Tous les éléments obéissent à cette force de volonté, dans l'emploi qu'en fait le yogi.

 7. Le pouvoir créateur isatva.

Ceci concerne le pouvoir qu'a l'adepte de disposer des éléments en leurs cinq formes, de produire, en s'en servant, des réalités objectives, et par cela, faire œuvre de créateur sur le plan physique.

8. Le pouvoir de commander vasitva.

Le magicien qui place sous son contrôle les forces élémentaires de la nature, utilise ce pouvoir ; c'est là la base du mantra yoga, le yoga du son ou mot créateur. Le pouvoir créateur, le septième siddhi, concerne les éléments et leur vivification ; ils deviennent alors [348] des "causes efficaces" ; ce siddhi, le huitième, concerne ce pouvoir qu'a le Mot de pousser les forces constructives de la nature à une activité cohérente, afin de produire des formes.

Quand ces huit pouvoirs fonctionnent, il en résulte alors le neuvième, la perfection corporelle, car l'adepte peut construire un véhicule adapté à ses besoins, peut faire de lui ce qu'il veut, et par son entremise, atteindre son objectif. Finalement, le dixième pouvoir sera vu en pleine manifestation et aucune forme ne constituera une entrave ou un obstacle à la réalisation de la volonté du yogi. Il est libéré de la forme et de ses qualités.

46. La symétrie de la forme, la beauté de la couleur, la force et la dureté du diamant, constituent la perfection corporelle.

Bien que de nombreux commentateurs donnent à ce sutra une interprétation purement physique, il implique une conception beaucoup plus large. Nous y trouvons dépeinte en termes soigneusement choisis (dont le texte anglais n'est qu'une paraphrase, faute de termes permettant de transmettre pleinement l'idée) la condition du troisième aspect ou aspect forme, à travers lequel le second aspect, ou aspect christique, se manifeste. Ce troisième aspect est lui-même triple, mais constitue cependant un tout cohérent ; d'où l'emploi de quatre termes pour exprimer ce qu'est ce soi personnel inférieur. L'occultiste ne se préoccupe jamais du véhicule physique dense. Il considère que le corps éthérique est la forme véritable, le corps dense étant simplement le matériau employé pour remplir la forme. Le corps éthérique est la véritable forme substantielle, [349] la charpente, l'échafaudage auquel le corps dense doit nécessairement se conformer. Cette forme doit être symétrique, ou construite conformément aux chiffres et aux plans, et sa caractéristique de base sera l'exactitude géométrique de ses nombreux éléments. Le corps émotif ou astral se distingue, comme on le sait, par sa coloration ; et ses couleurs seront, le degré de développement atteint, soit belles, claires et translucides, soit laides, sombres et troubles. Le corps astral de l'adepte est une chose radieusement belle, exempte de toutes les couleurs à basse vibration. Le plus haut aspect du soi personnel, le corps mental, vibrera alors en réponse au plus haut aspect de l'esprit, qui est volonté, pouvoir ou force, un seul de ces termes suffit. Force, beauté et forme – reflets du pouvoir, de l'amour et de l'activité – telles sont les caractéristiques du corps de manifestation de tout fils de Dieu ayant pénétré dans son royaume. Quant à la quatrième expression, elle transmet l'idée de l'unité et de la cohérence des trois autres, de sorte qu'elles fonctionnent comme un tout et non indépendamment ou séparément. L'homme est ainsi le Trois en Un et le Un en Trois, comme l'est son Père dans les Cieux, car il est "fait à l'image de Dieu".

Les traducteurs usent de deux termes pour transmettre cette idée de force compacte et cohérente, soit : le diamant et la foudre. L'être humain qui a pris la plus haute de toutes nos initiations planétaires, est dit "celui dont l'âme-est-de- diamant" ; c'est l'homme qui peut parfaitement transmettre la pure lumière blanche et cependant refléter également toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, les sept couleurs de l'échelle chromatique. [350] Le même terme désigne ici sa personnalité, car il est devenu un transmetteur de la lumière intérieure irradiante.

Le mot "foudre" est également expressif par l'idée qu'il transmet d'une force électrique. Tout ce que nous pouvons savoir de Dieu ou de l'homme est la qualité de leur énergie telle qu'elle se manifeste en force et en activité ; c'est pourquoi, dans la Doctrine secrète, l'aspect supérieur de la divinité est appelé le feu électrique.

47. La maîtrise sur les sens s'obtient par la méditation concentrée sur leur nature, leurs attributs particuliers, l'égoïsme, la capacité d'infiltration et le but utile.

Le sutra 44 traitait surtout de l'objectivité et de la nature des cinq formes assumées par chaque élément. Ce sutra-ci se rapporte à ce qui est subjectif et à l'appareil subtil par lequel un contact s'établit avec les formes, qui sont par là dirigées vers des buts particuliers. Nous avons affaire ici aux indryas, ou sens, qui sont généralement répartis par les philosophes hindous en dix sens et non en cinq. Les cinq sens sont divisés par eux en deux groupes : d'une part, ce que nous appelons les organes des sens, tels l'œil, le nez, etc. ; et d'autre part, la faculté qui permet à l'œil de voir et au nez de sentir.

En conséquence, l'étudiant qui considère les sens les étudie sous cinq genres de rapports, et en relation également avec leurs contreparties sur les plans astral et mental. Ces cinq divisions sont les suivantes :

1. Leur nature. Il étudie chaque sens en sa double condition ; [351] celle de l'instrument externe et celle de la capacité interne qu'a cet instrument de réagir à certains impacts vibratoires. Il sait, par exemple, pourquoi l'organe des sens appelé œil vibre aux impacts qui conditionnent la vue, mais omet de réagir aux impacts qui excitent le flair ou l'odorat. Il établit donc une distinction entre les sens et apprend par là à remonter à la source d'une impulsion en suivant l'une ou l'autre des cinq voies d'approche possibles ; et il le fait avec intelligence, non simplement à l'aveuglette.

2. Leurs attributs spéciaux. Il étudie alors la qualité des sens en mettant l'accent, non tant sur le sens particulier en cause (il est question de ceci plus haut), que sur l'attribut spécial du sens et sur ce dont il donne la clé dans le macrocosme.

3. L'égoïsme se réfère à la faculté qui donne la notion du "Je", faculté prédominante et distinctive de l'être humain et qui fait ainsi intervenir le sixième sens, le mental, en tant qu'interprète et agent de synthèse des cinq autres sens. C'est la capacité qu'a l'être humain de dire "Je vois", "Je sens", chose que ne peut pas faire un animal.

4. L'infiltration. Tous les sens sont capables d'une infinie extension et chaque sens peut, lorsqu'il est consciemment dirigé et utilisé, conduire l'homme dans trois directions principales :

a. Au centre de toutes choses, et jusqu'au cœur de Dieu.

b. En une communication étroite avec son semblable, mettant celui- ci en rapport avec lui-même, si c'est là son désir.

c. En contact avec toutes les formes. [352]

Seul existe, pour l'homme moyen, ce qu'il peut entendre, toucher, voir, goûter ou sentir ; cinq voies seulement par lesquelles il peut connaître. Il n'y a pour lui que cinq réactions possibles lorsqu'il établit un contact avec un mode vibratoire quelconque ; et, dans notre système solaire, il n'y a rien d'autre que de l'énergie vibratoire, Dieu en mouvement actif. Ces cinq méthodes mettent l'homme en rapport avec les cinq éléments et, lorsque l'aspirant l'a réalisé, les infinies possibilités qui s'ouvrent à lui commencent à apparaître. Plus tard, un mode supérieur de vibration s'offre à l'homme avancé lorsqu'il peut utiliser le mental lui- même, non seulement en tant qu'unificateur de l'ensemble des cinq sens, mais aussi en tant que sixième sens. C'est là l'objectif de toute la pratique du Raja Yoga. Le royaume de l'âme est connu à travers le mental, tout comme un contact est établi avec le monde objectif par le truchement des sens.

5. Le but utile. Lorsque la relation entre les cinq sens et les cinq éléments a été comprise et que la Loi de Vibration a été étudiée et maîtrisée, l'adepte peut alors diriger vers un but utile toutes les forces de sa nature. Il peut non seulement entrer en communication avec toutes les parties de notre système planétaire, mais peut encore utiliser, avec discrimination et sagesse, toutes les parties de sa propre nature qui sont reliées ou correspondent à la nature de Dieu, telle qu'elle se révèle dans le macrocosme.

 

[1] Texte français tiré de La Bible, éd. de Jérusalem. (N.d.l.t.)