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CHAPITRE V LES ENSEIGNEMENTS DU CHRIST - Partie 1

CHAPITRE V

LES ENSEIGNEMENTS DU CHRIST

L'établissement de justes rapports entre les hommes. La Loi de la Réincarnation.

La Révélation des Mystères de l'Initiation. La dissipation des mirages.

Il serait utile de faire quelques remarques préliminaires à propos du thème général de l'enseignement donné au cours des siècles par les Fils de Dieu, lesquels sont apparus en période de crise pour présenter à la conscience des hommes de Leur temps certaines idées et conceptions de la Vérité exigées par une époque particulière. Lorsqu'Ils se manifestent, Leur but est de répondre au besoin immédiat, de telle sorte que les idées qu'Ils proposent puissent devenir des idéaux auxquels l'humanité puisse avec le temps se conformer, créant ainsi une civilisation meilleure. Cet enseignement s'est poursuivi à travers les âges avec une remarquable continuité.

Le temps nous manque pour faire une analyse ou un exposé complet de la révélation progressive des idées que de grands esprits éclairés avec le consentement de la Hiérarchie spirituelle de la planète ont apportées à l'humanité. Tous les Instructeurs "cycliques" – que nous nommerons ainsi pour les différencier des nombreux Instructeurs de moindre degré – ont Eux-mêmes acquis la maîtrise de la vie dans les trois mondes de l'évolution humaine : le monde physique, celui de l'affectivité et le monde mental ; ils ont la maîtrise sur leur niveau de conscience physique et dans le domaine de l'affectivité ; ils ont atteint la compréhension mentale et, finalement. L'illumination.

Le problème de la Hiérarchie a toujours été de savoir jusqu'à quel Point les hommes peuvent assimiler la vérité [103] absolue, et dans quelle mesure on peut la présenter à leurs esprits qui s'éveillent. Elle doit décider quel aspect de la vérité universelle permettra à l'homme de surmonter ses difficultés et de le faire progresser sur le chemin du retour à Dieu. Elle doit donc connaître le degré exact d'évolution de l'humanité, à n'importe quelle période donnée. Ceci constitue déjà un champ de recherches pour Elle.

La méthode qui a été adoptée jusqu'à présent a été de découvrir d'abord quel était, à chaque période, le principal élément manquant à la perception humaine de la réalité et ensuite quelle vérité divine reconnue porterait en soi les germes d'une activité vivante pour une humanité se trouvant dans une condition particulière et nécessitant une aide appropriée. Elle doit aussi déterminer la manière la plus efficace d'apporter cette aide, afin que ses résultats soient durables, effectifs et culturels. Jusqu'ici, les concepts nouveaux ont été formulés par les Instructeurs de l'époque et présentés à un petit nombre d'élus dont la tâche était d'assimiler l'idée nouvellement présentée, et de la promulguer parmi les hommes assez éclairés pour l'accepter, la répandre, la vivre et la rendre populaire. C'est ainsi que l'on procéda durant des âges, avec plus ou moins de succès.

Il est également impossible d'énumérer ici les vérités, relativement peu nombreuses, qui guidèrent le développement de l'humanité, au temps de l'antique Atlantide ; elles forment néanmoins la base solide de tout enseignement ultérieur. Comme base de nos considérations relatives à l'enseignement que le Christ donnera après Sa réapparition, nous pouvons étudier plusieurs concepts mineurs qui se retrouvent aujourd'hui dans l'enseignement de toutes les religions du monde et que les instructeurs religieux modernes devraient présenter à l'opinion publique.

Le premier de ces Instructeurs remonte à une si lointaine époque qu'on ne peut pas dire quand Il vécut réellement. Son nom même est un nom modernisé, donné à un héros-instructeur de jadis ; ce nom est Hercule. Sous la forme imagée [104] d'un drame mondial, de nature symbolique, Hercule présenta aux hommes la vision d'un but suprême, ne pouvant être atteint qu'à travers les luttes et les difficultés. Il leur indiqua un but vers lequel ils devaient tendre, quels que fussent les obstacles ; il illustra ceux-ci dans les douze travaux d'Hercule, qui furent symboliques et non des événements réels. Il dépeignit ainsi, pour ceux qui avaient des yeux pour voir et un cœur pour comprendre, la nature du problème à résoudre sur le Sentier du Retour à Dieu. Il décrivit le voyage du Fils prodigue, revenant à la Maison du Père, et les épreuves que tous les disciples, tous les aspirants et tous les initiés ont à affronter, comme le firent déjà, dans le passé, tous ceux qui aujourd'hui composent la Hiérarchie. Rappelons à ce propos que le Christ Lui-même, nous est-il dit, "a été tenté comme nous en toutes choses" (Hébr., IV, 15), mais qu'aussi il triompha victorieusement de toutes les épreuves et tentations.

À une autre époque, également inconnue, vint Hermès et selon la tradition, Il fut le premier à Se proclamer "la Lumière du Monde". Plus tard, parut le Grand Instructeur Vyasa. Son unique et nécessaire message fut que la mort n'est pas la fin. Dès lors, la possibilité de l'immortalité de l'âme s'imposa de plus en plus à l'humanité. Vaguement et instinctivement, les hommes avaient senti et espéré que l'abandon du véhicule physique n'était pas l'ultime aboutissement de leurs luttes, de leur amour et de leurs aspirations. En ces temps primitifs, les sentiments prédominaient et l'instinct guidait les masses, chez lesquelles la pensée était presque inexistante, contrairement à ce qui est le cas aujourd'hui. Durant la période culminante que nous vivons actuellement, le mouvement spiritualiste sous toutes ses formes n'est en réalité que l'émergence du courant d'énergie mentale et de l'idée que Vyasa implanta dans la conscience humaine, il y a des milliers [105] d'années. L'effort des intellectuels pour prouver scientifiquement l'immortalité fait également partie de ce grand courant, transféré sur le plan mental, protégeant ainsi l'œuvre de Vyasa des brumes, des nuages et des illusions et de la fraude psychique dont elle est actuellement entourée. L'immortalité est aujourd'hui sur le point d'être scientifiquement prouvée ; la survivance de certains facteurs a déjà été prouvée bien que ces facteurs ne semblent pas être eux-mêmes immortels. La vraie nature de l'âme et le fait de sa survivance et de sa vie éternelle vont de pair, et n'ont pas encore été prouvés scientifiquement. Ils sont cependant aujourd'hui acceptés et reconnus comme vérités par des millions d'êtres et par un si grand nombre d'intellectuels, que – à moins d'hystérie ou d'illusions collectives – on peut sérieusement supposer leur existence.

L'Instructeur suivant dont nous devons parler est Bouddha, bien qu'il y en eût plusieurs autres entre Vyasa et Lui. Durant ces siècles dont les événements historiques sont relativement vagues et imprécis, L'intelligence des hommes se développa rapidement, et ceux-ci manifestèrent toujours plus rapidement leurs capacités d'investigation.

Cette recherche et ce besoin de poser des questions auxquelles il semblait impossible ou difficile de répondre se concentrèrent aux Indes chez un groupe de penseurs, lesquels représentaient les penseurs de tous les pays. Ils posèrent l'éternelle question de la souffrance et du malheur qu'on retrouve partout et en toute existence ; ils recherchèrent la cause de cet état de choses et le moyen d'y porter remède ; ils voulurent savoir ce qu'était le principe intégrant dans l'homme, ce qu'était l'âme, et, s'il y avait un Moi supérieur. Le Bouddha parut pour apporter la réponse et poser les bases d'une attitude plus juste envers la vie, donnant un enseignement préparatoire [106] au travail du Christ, Qui, Il le savait, suivrait Ses traces.

Il est intéressant de rappeler qu'au moment de la venue de Bouddha, approximativement cinq cents ans avant le Christ (dont l'exacte date de naissance demeure discutable), l'influence de l'Ère des Poissons commençait à se faire sentir faiblement, se heurtant à la puissance de l'Ère du Bélier, le Bouc émissaire. C'est l'influence de cette ère – persistant tout au long de la Loi juive – qui conduisit à la déformation du simple enseignement du Christ, lors de Sa venue. Il fut faussement présenté au monde comme le Bouc émissaire vivant, expiant les péchés des hommes, et de là naquit la doctrine de l'expiation. C'est saint Paul qui est responsable de cette interprétation.

Un autre exemple de déformation semblable à celle-ci date également des premiers temps du cycle du Bélier et est aussi d'origine juive. On nous raconte que les enfants d'Israël se prosternèrent et adorèrent le veau d'or, symbole du Taureau, le signe astronomique précédent. Il s'agit là de cycles astronomiques et non d'une interprétation astrologique. Au début du cycle du Bélier, il y eut un retour à l'enseignement du Taureau et au début des Poissons, à l'enseignement du Bélier ; c'est ce qui donna un caractère régressif à l'enseignement qui influence actuellement un si grand nombre de chrétiens orthodoxes.

Bouddha répondit aux questions qui se posaient à son époque en proclamant les Quatre Nobles Vérités, qui répondent éternellement au Pourquoi de l'homme. Ces vérités peuvent se résumer de la façon suivante : Bouddha enseigna que la misère et la souffrance étaient l'œuvre de l'homme lui-même ; que la concentration de son désir sur ce qui est indésirable, éphémère et matériel, était la cause de tout désespoir, [107] haine et rivalité, et la raison pour laquelle l'homme vivait dans le royaume de la mort, le royaume de l'existence physique, qui est la véritable mort de l'esprit. Bouddha apporta une contribution unique à l'enseignement d'Hercule et de Vyasa et enrichit l'édifice de la vérité qu'Ils avaient bâti. Ainsi il prépara la voie du Christ. Entre la venue de ces deux Grands Instructeurs, le Bouddha et le Christ, d'autres Instructeurs, de moindre importance apparurent pour développer et compléter les vérités fondamentales qui avaient été déjà révélées ; parmi ceux- là, Sankaracharya, qui donne de profonds enseignements sur la nature du Moi, fut l'un des plus marquants ; il faut noter aussi Shri Krishna, l'Instructeur de la Bhagavad-Gitâ, que beaucoup croient être une incarnation précédente du Christ.

Ainsi, les vérités fondamentales quant à notre relation avec Dieu (et, par conséquent avec les hommes, nos frères) sont toujours transmises par le Fils de Dieu, qui – durant une certaine période particulière de l'histoire – est le Chef- instructeur de la Hiérarchie spirituelle.

En temps voulu, le Christ vint et donna au monde (principalement par l'entremise de Ses disciples) deux vérités majeures : le fait de l'existence de l'âme humaine et, secondement, le système du service (cette formule est employée à dessein), comme moyen d'établir de justes rapports entre les hommes, vis-à-vis de Dieu et vis-à-vis du prochain. Il déclara aux hommes qu'ils étaient tous des Fils de Dieu, au même titre que Lui ; Il leur dit, sous diverses formes symboliques, qui Il était et ce qu'Il était, et leur assura qu'ils pourraient faire de plus grandes choses encore que celles qu'Il avait accomplies, parce qu'ils étaient divins comme Il l'était Lui-même. Ces plus grandes choses l'humanité les a déjà accomplies sur le plan physique par sa maîtrise de la nature, tel que le Christ le prévoyait, parce qu'Il connaissait le fonctionnement de la Loi d'Évolution. Il leur apprit que le service était la clé de la vie de libération, leur enseignant la technique du service [108] par Sa propre vie, alors qu'Il allait et venait, faisant le bien, guérissant les malades, prêchant et enseignant les choses du Royaume de Dieu et nourrissant les affamés, physiquement et spirituellement.

Il fit de la vie quotidienne une divine sphère d'existence spirituelle, soulignant ainsi l'enseignement de Bouddha, en ne désirant rien pour le moi individuel. Ainsi le Christ enseigna, aima et vécut, assumant la grande continuité de la révélation et de l'enseignement hiérarchique.

Puis Il se retira "derrière le voile", nous laissant un exemple, afin que nous suivions Ses traces (I Pierre. II, 21) ; que nous Le suivions dans Sa foi en la divinité, dans Son service et dans Sa capacité de pénétrer dans cette zone de conscience et ce champ d'activité que nous appelons la véritable Église du Christ, la Hiérarchie spirituelle (actuellement invisible) de notre planète, le véritable Royaume de Dieu. Le voile qui nous cache cette Église réelle est actuellement en train de disparaître et le Christ est sur le point de réapparaître.

Quel est donc, à la lumière du passé, et en raison du besoin actuel de l'humanité auquel le Christ et la Hiérarchie doivent répondre, L'enseignement qu'Il donnera cette fois ? Telle est la question que se posent à présent Ses disciples. Il est probable que Son enseignement comportera quatre parties ; il serait utile de les considérer séparément, et de faire de notre mieux pour comprendre et pour préparer les esprits des hommes à recevoir ce qu'il a à nous donner.

I. L ÉTABLISSEMENT DE JUSTES RAPPORTS ENTRE LES HOMMES

On parle beaucoup aujourd'hui de "justes rapports entre les hommes"; on se rend de plus en plus compte qu'il s'agit d'un besoin fondamental de l'humanité et qu'en eux réside le seul espoir d'un avenir de paix et de sécurité.

Les relations humaines sont à tel point faussées que chaque domaine de la vie est dans un état de trouble et de confusion ; [109] tous les aspects de vie quotidienne en sont affectés : la vie de famille, la vie sociale, les relations d'affaires, les contacts religieux et politiques, L'action gouvernementale et la vie habituelle de tous les peuples, y compris tout le domaine des relations internationales. Partout on trouve la haine, la rivalité, le manque d'harmonie, la lutte des partis, L'infamie et le scandale, une profonde méfiance entre individus, et entre nations, entre le capital et le travail et au sein des nombreuses sectes, églises et religions. La différence entre une secte et une église n'est, après tout, qu'une question de degré et de préséance historique, d'interprétation et d'adhésion fanatique de quelque vérité favorite et toujours exclusive, ce qui est contraire à l'enseignement chrétien. Nulle part il n'y a aujourd'hui de paix ni de compréhension ; seule, une petite minorité, en comparaison de la population terrestre, lutte pour établir les conditions qui permettent des rapports heureux et pacifiques.

La force de cette minorité, luttant pour la paix et de justes rapports, vient de ce que ce qu'elle cherche à accomplir est conforme au but et au dessein divins. C'est dans ce chaos de conflits, de luttes et de rivalités d'intérêts que le Christ projette de réapparaître. Je voudrais attirer votre attention sur l'horreur de la situation qu'Il doit affronter et sur la nécessité d'amener un peu d'ordre dans le monde, d'énoncer certains principes de base qui devront être acceptés au moins partiellement avant qu'Il puisse venir faire œuvre utile parmi les hommes. S'Il devait venir immédiatement, Sa voix ne serait pas entendue, tant est grand le bruit des querelles humaines ; s'Il cherchait à attirer l'attention des hommes, fût-ce par le son des trompettes, selon la prophétie (Matt. 24, 31), Il serait simplement considéré comme l'un de ceux qui se font de la publicité ; Il attirerait tout d'abord ceux qui sont naturellement en harmonie avec Son message, mais aussi le troupeau de crédules et des naïfs qui accourt vers n'importe [110] quel instructeur, quel que soit son enseignement. La majorité des hommes est encore trop affamée, trop ébranlée psychiquement, trop désorientée et angoissée, trop inquiète de son avenir, de sa liberté et de sa sécurité, pour être en état de L'écouter.

Nous pouvons être certains qu'Il ne viendra pas en héros conquérant, comme les hommes ont été amenés à le croire par les interprétations des théologiens ; car on ne pourrait alors L'identifier sous cet aspect et Il serait simplement considéré comme un nouveau héros militaire, et de ceux-là, nous en avons eu plus qu'il ne nous en fallait. Il ne viendra pas comme Messie des Juifs, pour sauver la soi-disant Terre sainte et la cité de Jérusalem en faveur des Juifs, parce qu'Il appartient au monde entier et que ni Israël ni aucun autre peuple n'ont le droit ou le privilège de prétendre qu'Il leur appartient en propre. Il ne viendra pas davantage convertir le monde des "païens" car, aux yeux du Christ et de Ses vrais disciples, un tel monde n'existe pas. Ces soi-disant païens ont d'ailleurs causé historiquement moins de mal et provoqué moins de conflits tragiques que ne l'a fait le monde chrétien militant. L'histoire des nations et de l'Église chrétiennes est celle d'une agressivité militante, la dernière chose que le Christ désira lorsqu'Il chercha à établir l'Église sur la terre.

Lors de Sa venue, Il déclara (et Ses paroles ont été tragiquement interprétées) : "Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée." (Matt., X, 34.) Ceci sera particulièrement exact pendant les premiers temps de Son avènement. Son épée est celle de l'Esprit ; c'est cette épée qui sépare la véritable spiritualité de l'habituel matérialisme. L'effet principal de Sa réapparition sera certainement de démontrer partout les résultats d'un inclusivisme[1] qui sera canalisé et exprimé à travers Lui. Tous ceux qui cherchent à établir de justes rapports entre les hommes se rassembleront automatiquement [111] autour de Lui, qu'ils appartiennent ou non aux grandes religions mondiales ; tous ceux qui ne voient pas de différence réelle et fondamentale entre les religions, entre les hommes et entre les nations, se rallieront autour de Lui ; ceux qui sont exclusifs et séparatistes seront tous automatiquement démasqués, et tous les hommes les connaîtront tels qu'ils sont. L'épée tranchante de l'Esprit apportera la révélation – sans causer de blessures – et indiquera les premiers pas à faire, en vue de la régénération humaine.

Étant donné Sa position, conséquence du point culminant au centre du Triangle ésotérique formé par Bouddha, L'Esprit de la Paix et l'Avatar de la Synthèse, le Christ pourra irradier une puissance telle que la distinction entre l'amour et la haine, la domination et la liberté, l'avidité et le partage, et par conséquent entre le bien et le mal apparaîtra clairement aux yeux et à l'esprit de tous les hommes. L'invocation : "Que du point d'Amour dans le Cœur de Dieu, l'amour afflue dans le cœur des hommes", se réalisera pleinement. Le Christ libérera dans le monde des hommes la puissance et l'énergie spécifiques de l'amour intuitif. Les résultats de la distribution de cette énergie d'amour seront doubles :

1. Dans tous les pays du monde un nombre incalculable d'hommes et de femmes se grouperont pour la promotion de la bonne volonté et la création de justes rapports entre les hommes. Leur nombre s'accroîtra à tel point que la minorité relativement peu importante qu'ils constituent aujourd'hui deviendra la force la plus puissante et la plus influente du monde. Grâce à eux, le Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde pourra travailler avec succès.

2. Cette énergie active de l'amour compréhensif suscitera [112] une violente réaction contre la puissance de la haine. Haïr, séparer et exclure seront considérés comme le seul péché, car on reconnaîtra que tous les péchés, établis et considérés aujourd'hui comme tels, dérivent uniquement de la haine ou de son produit, la conscience antisociale. La haine, avec toutes ses conséquences, constitue le véritable péché contre le Saint-Esprit, au sujet duquel les commentateurs ont tant discuté, sans arriver, dans leur étroitesse, à la simplicité et à la véritable définition.

L'influence spirituelle de la Hiérarchie, concentrée par le Christ et par Ses disciples actifs, sera si puissante, l'utilité pratique et le naturel des justes rapports entre les hommes deviendront si évidents que les affaires mondiales s'harmoniseront rapidement et la nouvelle ère de bonne volonté et de paix sera inaugurée. La nouvelle culture et la nouvelle civilisation seront alors possibles.

Ceci n'est point un tableau de nature optimiste, mystique et irréalisable. Il n'est pas basé sur une aspiration utopique ou sur un espoir aveugle. Maintenant déjà, les disciples du Christ prêchent la doctrine des justes rapports entre les hommes ; des hommes et des femmes de bonne volonté s'efforcent de démontrer que seule la bonne volonté amènera la paix dans la vie internationale.

La vraie "vie" que le Christ révélera aux penseurs du monde ne comporte aucun exclusivisme, aucun séparatisme, parce que cette "vie plus abondante" qu'Il cherche à nous communiquer est un courant libre et fort qui balaye les obstacles et les barrières, établissant une libre circulation de la vérité et de la vie qui ont toutes deux l'amour pour qualité essentielle. [113]

Toutes les religions du monde ont affirmé que, par essence, Dieu est Amour, Vie et Intelligence. Cette Vie porte en soi les qualités essentielles de la Volonté et de l'Amour de Dieu. Toutes deux sont d'égale importance, puisque cette Volonté est qualifiée par l'Amour. Jusqu'à présent les hommes n'ont rien su, si ce n'est de façon vague et théorique, de la nature réelle de la vie, chargée d'énergie, d'amour et de volonté. La réapparition du Christ établira le fait de cette Vie divine ; l'œuvre qu'Il accomplira, avec l'aide de Ses disciples, démontrera l'Amour et le Dessein divins sous-jacents à toute expérience phénoménale.

L'établissement de justes rapports humains pour l'humanité est un aspect de la Volonté de Dieu et est le prochain aspect de l'expression divine qui doit se manifester dans les affaires humaines individuelles, sociales, nationales et internationales. Rien n'a jamais pu entraver définitivement cette expression divine, qui ne peut être que retardée par le facteur temps, lequel est déterminé par l'humanité et est une expression du libre arbitre divin. Cette expression peut se produire rapidement ou lentement, suivant la décision de l'homme ; jusqu'à présent, il a choisi une lente, très lente manifestation. C'est ici que se révèle le libre arbitre de l'homme. Parce que la divinité est immanente ou présente dans toutes les formes, et par conséquent chez tous les êtres humains, cette Volonté doit finalement s'accomplir ; à cause de l'intention terriblement matérialiste (au sens ésotérique) de toute forme, actuellement, l'expression de cette Volonté a été jusqu'ici retardée ; l'homme n'a pas manifesté la volonté d'établir de justes rapports humains. De là sont nés la discipline de la guerre, la torture des formes et le malheur présent de l'existence humaine.

Ces facteurs produisent une transformation profonde et générale dont les indices sont facilement décelables pour ceux [114] qui sont orientés spirituellement. Ceux-ci répètent constamment les paroles prononcées par le Christ au jardin de Gethsémani : "Que Ta volonté soit faite." (Matt., XX VI, 39.) Ils le disent dans l'ignorance et souvent sans espoir ; néanmoins, cela indique un processus général de réorientation spirituelle, de soumission et d'acceptation. Le Christ a montré cette soumission lorsqu'Il a dit : "Je suis descendu du Ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m'a envoyé." (Jean, VI, 38.) Il prouva Son acceptation lorsqu'Il s'écria : "Père, non pas ma volonté, mais la Tienne." Dans un acte de soumission, on se soumet sans comprendre, à des circonstances dont on reconnaît le caractère inéluctable. L'acceptation marque un grand progrès en ce qu'elle implique une compréhension intelligente. Toutes les deux admettent la réalité d'une Volonté divine se manifestant dans la vie de l'humanité d'aujourd'hui; toutes deux préparent à la reconnaissance de l'œuvre du Christ, qui sera d'établir de justes rapports humains. A. présent, la soumission de l'humanité à la Volonté divine est une soumission négative ; la véritable soumission est une attitude positive d'expectative spirituelle, conduisant finalement à une acceptation positive.

On constate également une attente spirituelle, dont l'intensification incombe au Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde. Ceux-ci doivent aussi développer la soumission spirituelle et l'acceptation intelligente dans les masses qui, normalement, se divisent en deux catégories exprimant ces deux attitudes ; la soumission, l'acceptation et l'expectative sont latentes en tout être humain. Ce sont ces trois potentialités divines qui permettront à l'homme de répondre au message du Christ ; et le sacrifice désintéressé, les concessions intelligentes et la compréhension des nombreux et divers points [115] de vue – toutes choses nécessaires à l'établissement des justes rapports – seront par conséquent bien plus faciles à réaliser.

Il nous serait utile à tous de réfléchir sur le sens des mots : soumission et acceptation. L'établissement de justes rapports humains nécessite le détachement, le renoncement, la soumission à la réalité des faits et l'acceptation obéissante de la Loi divine. Ce sont là les choses que le Christ manifestait sur terre auparavant et qu'Il aidera l'humanité à accepter avec enthousiasme et compréhension, réalisant ainsi son bonheur. Le bonheur est une leçon difficile à apprendre ; c'est, pour l'humanité, une expérience toute nouvelle et le Christ devra enseigner aux hommes à savoir être heureux, à surmonter l'ancienne habitude de la souffrance, et à connaître ainsi la signification de la joie véritable.

Cependant, le Christ ne viendra pas uniquement pour apprendre aux hommes la nécessité de justes rapports ; Il viendra leur enseigner le moyen de les établir efficacement par eux-mêmes.

II. LE CHRIST ENSEIGNERA LA LOI DE LA RÉINCARNATION

Cette Loi est le corollaire majeur de la Loi d'évolution. En Occident, elle n'a jamais été bien comprise et, en Orient, où elle est admise comme une loi de la vie, elle n'a été d'aucune utilité, parce qu'elle y a produit un effet léthargique et qu'elle a retardé le progrès. L'Oriental considère qu'elle lui donne tout le temps voulu et renonce à tout effort pour atteindre au but. Le chrétien confond la Loi de la Réincarnation avec la "métempsycose", et il croit fréquemment qu'elle signifie le passage d'êtres humains dans des corps d'animaux ou dans des formes de la vie inférieure. Il n'en [116] est pas du tout ainsi. La Vie divine progresse de forme en forme, et évolue graduellement des formes minérales aux formes végétales, et des formes végétales aux formes animales. Du stade animal, la Vie divine passe dans le règne humain et devient sujette à la Loi de la Réincarnation et non à la Loi de la Métempsycose. À ceux qui savent quelque chose de la Loi des Renaissances ou de la Réincarnation, l'erreur paraît ridicule.

La doctrine ou théorie de la Réincarnation scandalise le chrétien orthodoxe ; pourtant, si on lui pose la question que les disciples posèrent au Christ, à propos de l'aveugle-né : "Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ?" (Jean, IX, 2), il refuse d'admettre ce que la phrase implique, ou bien il s'amuse ou s'effraye suivant les cas. La façon dont l'occultiste ou le théosophe moyens présentèrent la doctrine de la Réincarnation fut, dans son ensemble, déplorable, parce que maladroite. Le mieux qu'on en puisse dire est qu'elle familiarisa le grand public avec l'idée ; néanmoins, présentée de façon plus intelligente, elle aurait pu être généralement acceptée en Occident.

S'il est vrai que l'établissement de justes relations humaines sera le but principal de l'enseignement universel du Christ, l'élément primordial de cet enseignement devra être la Loi de la Réincarnation. Ceci est inévitable, parce que cette Loi apporte la solution de tous les problèmes humains et la réponse à bien des questions.

Cette doctrine sera l'une des notes fondamentales de la nouvelle religion universelle ; elle éclairera les problèmes de ce monde et permettra de mieux les comprendre. Lorsque le Christ vint en Palestine, Il insista sur l'existence de l'âme et sur la valeur de l'individu. Il apprit aux hommes qu'ils pouvaient être sauvés par la vie de l'âme et par le Christ [117] intérieur présent dans chaque cœur humain. Il déclara aussi que : "si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu." (Jean, III, 3.) Seules, les âmes peuvent appartenir à ce Royaume de Dieu et c'est cette fonction privilégiée qu'Il présenta pour la première fois devant l'humanité, offrant aux hommes la vision d'une divine possibilité. Il leur dit : "Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait." (Matt., V, 48.)

Cette fois, Il apprendra aux hommes la méthode par laquelle cette possibilité peut devenir un fait accompli, par le constant retour de l'âme qui s'incarne à l'école de la vie sur terre, pour y subir le processus de perfectionnement dont Il fut l'exemple suprême. Telle est la signification et l'enseignement de la Réincarnation. Dane Rudhyar, dans son livre New Mansions for New Men[2], page 123, donne une définition satisfaisante de ce mystérieux processus cosmique et humain. Il dit que "la structure individuelle de la nouvelle manifestation est nécessairement conditionnée par l'inachèvement du passé, par les restes et les échecs de ce passé, tels qu'ils sont conservés dans les annales de la nature, dans la mémoire de la substance universelle". L'histoire de toute vie – la vôtre, la mienne et celle de toute créature – est contenue dans ces quelques paroles.

Il est nécessaire de rappeler que presque tous les groupes et textes occultes ont ridiculement mis l'accent sur les incarnations passées et sur la possibilité d'en retrouver le souvenir. Ces prétentions ne reposent sur aucune preuve raisonnable ; chacun peut dire ou prétendre ce qu'il veut. Cet enseignement a été basé sur des règles imaginaires, qui sont supposées gouverner l'équation temps et l'intervalle entre deux vies en oubliant toutefois que le temps est une faculté de la conscience cérébrale et que, en dehors du cerveau, il n'existe pas. L'accent a toujours été mis sur une présentation imaginaire des rapports réciproques. L'enseignement qui a été donné [118] jusqu'ici quant à la Réincarnation a fait plus de mal que de bien. Un seul facteur demeure valable : le principe de la Réincarnation est, en ce moment, discuté par beaucoup et accepté par des milliers d'individus.

Au-delà du fait qu'une telle Loi existe, nous ne savons que fort peu de chose, et ceux qui connaissent, par expérience, l'exacte nature de ce retour, se refusent catégoriquement à accepter les détails fantaisistes et improbables fournis par certains groupes théosophiques et occultes.

La Loi existe ; des détails de son fonctionnement, nous ignorons tout, jusqu'à présent. Seules quelques affirmations peuvent être faites avec certitude, et celles-ci excluent toute contradiction :

1. La Loi de la Réincarnation est une grande Loi naturelle sur notre planète.

2. C’est un processus, institué et poursuivi selon la Loi d'Évolution.

3. Elle est intimement reliée à la Loi de Cause et Effet et conditionnée par elle.

4. C’est un processus de développement progressif, permettant à l'homme de passer de la forme la plus grossière du matérialisme irréfléchi à une perfection spirituelle et à une perception intelligente qui le rendront apte à devenir membre du Royaume de Dieu.

5. Elle explique les différences qui existent entre les hommes et – en relation avec la Loi de Cause et Effet (appelée en Orient la Loi du Karma) – elle fait comprendre les différences de circonstances et d'attitudes devant la vie.

6. Elle est l'expression de l'aspect volonté de l'âme, et non le résultat d'une décision de la forme. C'est l'âme, en toutes les formes, qui se réincarne, qui choisit et construit les véhicules physiques, affectifs (ou des émotions) [119] et mentaux, grâce auxquels elle pourra apprendre les prochaines leçons nécessaires à son évolution.

7. La Loi de la Réincarnation – en ce qui concerne l'humanité – entre en activité sur le plan de l'âme. L'incarnation est motivée et dirigée du niveau de l'âme, sur le plan mental.

8. Les âmes s'incarnent en groupe, cycliquement, selon la Loi, dans le but de parvenir à de justes relations avec Dieu et avec les hommes.

9. Le développement progressif, suivant la Loi de la Réincarnation, est largement conditionné par le principe mental, car "selon ce qu'un homme pense dans son cœur, c'est là ce qu'il est". Ces quelques paroles méritent d'être considérées avec la plus grande attention.

10. Sous l'effet de la Loi de la Réincarnation, l'homme développe lentement son intelligence, ensuite, l'esprit commence à dominer la nature affective et, finalement, révèle à l'homme l'âme, sa nature et sa sphère d'existence.

11. À ce point de son développement, l'homme commence à parcourir le "Chemin du Retour" et s'oriente graduellement (après de nombreuses vies) vers le Royaume de Dieu.

12. Lorsque – grâce au développement de l'intelligence, grâce à la sagesse, au service pratique et à la compréhension – l'homme a appris à ne rien demander pour le moi individuel, il renonce alors au désir de vivre dans les trois mondes, et il n'est plus soumis à la Loi de la Réincarnation.

13. Il est maintenant conscient du groupe ; il connaît le groupe auquel appartient son âme et il perçoit l'âme dans toutes les formes. Il a atteint – conformément aux paroles du Christ – un degré de perfection semblable à la Sienne, et est parvenu "à la mesure de la stature parfaite du Christ". (Eph., IV, 13.) [120]

Au-delà de ces quelques généralités, nulle personne intelligente ne se hasardera. Lorsque le Christ réapparaîtra, notre connaissance deviendra plus exacte, plus réaliste ; nous saurons que nous sommes éternellement reliés aux âmes de tous les hommes et que nous avons un rapport déterminé avec ceux qui se réincarnent en même temps que nous, qui apprennent les mêmes leçons et font les mêmes expériences avec nous. Cette connaissance, une fois prouvée et acceptée, régénérera les sources mêmes de l'existence humaine. Nous saurons que toutes nos difficultés, tous nos problèmes proviennent de notre ignorance ou de notre refus de cette Loi fondamentale, et de ses responsabilités et obligations ; nous apprendrons alors peu à peu à régler nos activités, en tenant compte de son caractère restrictif et juste. La Loi de la Réincarnation contient la connaissance pratique dont l'homme a besoin aujourd'hui pour mener avec sagesse et dans un réel esprit de justice, sa vie religieuse, politique, publique et privée, établissant ainsi de justes rapports avec la Vie divine dans toutes les formes.

III. LA RÉVÉLATION DES MYSTERES DE L'INITIATION

La majeure partie de ce qui est écrit ici et transmis par ces pages, se réfère en réalité à la venue du Royaume de Dieu – venue qui peut se produire maintenant grâce à trois facteurs :

1. La croissance de ce Royaume sur terre et l'existence de milliers de personnes qui reconnaissent ses Lois et s'efforcent de vivre en accord avec elles et selon l'esprit de ce Royaume.

2. Le fait que les signes des temps, et le besoin général de l'humanité, ont évoqué le Christ et qu'Il a décidé de réapparaître. [121]

3. L’invocation de l'humanité monte, d'heure en heure, vers "le Lieu secret du Très-Haut", et la Hiérarchie fait ses plans pour réapparaître lorsque le Christ reviendra afin de réinstaurer les lois de l'Esprit sur terre. L'heure de la restauration des anciens Mystères est venue.

L'existence de ces faits, clairement démontrée au cours des deux dernières années[3], est le résultat de la purification de la terre grâce à la guerre mondiale de 1914-1945 et aux souffrances éprouvées par l'humanité, souffrances dont l'effet, tout aussi puissant et purificateur, sera démontré par la suite. Il sera alors possible à la Hiérarchie, l'Église du Christ jusqu'à présent invisible, de s'extérioriser et de fonctionner ouvertement sur le plan physique. Ceci indiquera un retour à la situation qui existait au temps de l'Atlantide, lorsque (pour employer le symbolisme biblique, Genèse, chap. 2 et 3) Dieu lui-même marchait parmi les hommes. Il parlait avec eux et il n'existait aucune barrière entre le royaume des hommes et le royaume de Dieu. La divinité était alors présente en forme physique et les membres de la Hiérarchie spirituelle dirigeaient et guidaient ouvertement les affaires de l'humanité, dans la mesure où le permettait le libre arbitre de l'homme. Ceci se reproduira à nouveau dans un très proche avenir, mais à l'octave supérieure. Les Maîtres vivront ouvertement parmi les hommes ; le Christ réapparaîtra en Présence physique. En outre, les. anciens Mystères seront rétablis ; on reconnaîtra à nouveau les anciens signes – ces signes que la maçonnerie a si soigneusement préservés dans ses rituels, dans l'attente du jour de la Restauration et de la Résurrection. [122]

Ces anciens mystères furent originairement révélés à l'humanité par la Hiérarchie ; ils donnaient l'explication complète du processus de l'évolution, cachée dans les nombres, le rituel, les paroles et les symboles ; ceux-ci voilent ,le secret de l'origine de l'homme et de sa destinée, et lui dépeignent par des rites, le long, très long sentier qu'il doit parcourir pour retourner à la lumière. Ces Mystères (lorsqu'ils sont bien représentés et correctement interprétés) enseignent également à l'homme comment passer des ténèbres à la Lumière, de l'irréel au Réel et de la mort à l'Immortalité. Tout franc-maçon véritable, comprenant même dans une faible mesure la signification des trois degrés de la Loge Bleue et du rituel auquel il participe, comprendra réellement les trois phrases mentionnées ci-dessus et saisira la signification des trois degrés. J'y fais mention ici, dans un sens maçonnique, parce, que tout cela est en rapport étroit avec la restauration des Mystères, a de tout temps détenu la clé de cette restauration si longtemps attendue et constitue la base du nouvel enseignement qui (une fois libéré de la terminologie juive adéquate il y a trois mille ans, mais périmée depuis longtemps) exprimera l'histoire de l'homme avançant sur le Sentier du Retour.

Ce sont ces Mystères que le Christ rétablira à Son retour, faisant ainsi revivre les églises sous une forme nouvelle, en réinstaurant les Mystères qu'elles avaient perdus depuis longtemps à cause de leur matérialisme. La franc-maçonnerie a, elle aussi, perdu sa vitalité originelle, mais la vérité est préservée dans ses traditions et ses rituels et peut être retrouvée. C'est ce que fera le Christ. Il fera aussi revivre ces Mystères d'autres façons, car tout le monde ne s'adressera pas à l'Église ou à la franc-maçonnerie pour l'intensification de Sa vie spirituelle. Les véritables Mystères seront aussi révélés par la [123] science, et le Christ incitera à les chercher en elle. Les Mystères contiennent, dans leurs formules et dans leur enseignement, la clé de la science qui dévoilera le mystère de l'électricité – la plus haute science spirituelle et le domaine de connaissance divine le plus vaste du monde – qu'on n'a fait qu'effleurer jusqu'ici. Ce n'est que lorsque la Hiérarchie sera visiblement présente sur terre et les Mystères, dont le Christ et Ses disciples sont les Gardiens, seront ouvertement donnés au monde, que le secret de la véritable nature de l'électricité sera révélé.

Ce sont, en dernière analyse, les Mystères qui constituent la véritable source de la Révélation. Ce n'est que lorsque l'intelligence et la Volonté de Bien seront intimement unies et détermineront ainsi la conduite de l'homme que celui-ci pourra saisir sans danger toute la portée de la prochaine révélation. Il est des énergies et des sources planétaires que les hommes ne peuvent encore dominer et dont ils n'ont pas la maîtrise ; ils n'en connaissent rien et, cependant, c'est d'elles que dépend la vie de la planète. Ces énergies sont également en rapport étroit avec les pouvoirs psychiques, méprisés aujourd'hui, parce que mal compris et employés avec ignorance. Cependant, ces Pouvoirs lorsqu'ils seront justement appréciés et employés s'avéreront d'une immense utilité dans les sciences que révéleront les Mystères.

Grâce au retour du Christ, le Mystère des Âges est sur le point d'être révélé. Par la révélation de l'âme, ce Mystère (que voile la connaissance de l'âme) sera dévoilé. Les Ecritures sacrées ont toujours prophétisé qu'à la fin des temps nous verrions la révélation de ce qui est secret et l'apparition au grand jour de tout ce qui est jusque-là, demeuré caché. On sait que notre cycle actuel marque la fin de l'Ère des Poissons. Les deux cents prochaines années verront l'abolition de la mort, ou plutôt de la conception erronée que nous nous en faisons, et la preuve certaine de l'existence de l'âme. [124] Alors, on saura que l'âme est une entité, et qu'elle est la force directrice et l'énergie spirituelle cachée derrière toutes les formes manifestées. Il y a deux mille ans, la mission du Christ fut de proclamer certaines grandes possibilités, ainsi que l'existence de grands pouvoirs. Lorsqu'Il réapparaîtra, Son œuvre sera de prouver l'évidence de ces possibilités et, en même temps, de révéler la véritable nature et la puissance de l'homme. Il proclama que nous sommes tous Fils de Dieu, enfants d'un même Père universel. Dans un proche avenir ceci n'apparaîtra plus comme une admirable affirmation mystique et symbolique, mais comme l'énoncé d'un fait scientifiquement prouvé. Notre fraternité universelle et notre immortalité essentielle seront reconnues comme des faits naturels.

En ce moment s'effectue le travail préparatoire en vue de la grande restauration que le Christ va entreprendre. Les religions mondiales (y compris le christianisme) et la franc-maçonnerie subissent le jugement critique de l'humanité ; il a été reconnu, à peu près unanimement, que les Églises et la franc-maçonnerie ont failli à la tâche qui leur avait été divinement assignée. De toutes parts on ressent le besoin d'un afflux de vie nouvelle, mais ceci nécessitera une vision nouvelle et une nouvelle attitude vis-à-vis des conditions de l'existence, que seule l'apparition du Christ peut nous enseigner et nous aider à réaliser.

Comme le dit un texte ancien :

"Ce qui a été un mystère ne le sera plus, et ce qui a été voilé sera désormais révélé. Ce qui a été retiré émergera dans la lumière, augmentera cette lumière, et tous les hommes la verront et, ensemble, se réjouiront. Le temps viendra où la destruction aura accompli son œuvre bienfaisante. Alors, aiguillonnés par la souffrance, les hommes chercheront ce qu'ils ont dédaigné. Ils ont cherché dans une vaine poursuite, [125] ce qui était à portée de main et facile à atteindre. Ayant trouvé ce qu'ils cherchaient, ils se sont aperçus que c'était un agent de mort. Cependant, ils cherchaient toujours la vie non la mort."

Et le Christ leur apportera la vie, et la vie en abondance.

On parle beaucoup, aujourd'hui, des Mystères de l'initiation. Dans tous les pays, on trouve de nombreux faux instructeurs, enseignant de soi-disant mystères, conférant de fausses initiations (souvent avec diplômes et moyennant finances) et trompant le public. Le Christ Lui-même enseigna qu'il en serait ainsi au temps de Son retour et que partout surgiraient de faux prophètes. Tout ceci d'ailleurs indique qu'Il viendra ; la contrefaçon est toujours la garantie du vrai. Les discussions stériles, les prétentions ridicules, le pseudo-occultisme et les vains efforts pour prendre une "initiation" (cette vague expression que certains instructeurs théosophes ont forgée pour indiquer une profonde expérience spirituelle) ont caractérisé l'enseignement ésotérique depuis son renouveau en 1875. C'est alors que H.P. Blavatsky attira l'attention du monde occidental sur le fait que de Grands Disciples et Maîtres de la Sagesse étaient présents sur terre, obéissants aux directives du Christ. Plus tard, elle regretta amèrement d'avoir agi ainsi, comme le prouvent certains articles, adressés à son groupe ésotérique. Cependant, cela faisait partie du grand plan et ne fut pas une erreur. Ce sont les interprétations et les réactions intempestives des théosophes de son temps qui furent l'erreur – erreur qu'ils n'ont pas encore reconnue. Ces réactions ridicules furent favorisées et renforcées par la curiosité propre à la nature humaine, ainsi que par les aspirations que, sans aucun doute, ces déclarations firent naître. En outre, des hommes cupides et intéressés exploitèrent commercialement ces enseignements, et il en est encore ainsi de nos jours. [126]

Dans l'ensemble, l'effet de toutes ces sottises et de ces erreurs de présentation a néanmoins été bon. Aujourd'hui, dans tous les pays, les hommes connaissent l'existence des Maîtres et savent que la possibilité leur est offerte de faire des progrès spirituels scientifiquement, et de devenir ainsi membres du Royaume de Dieu. Ceci, les églises l'ignorèrent et, principalement pendant la période victorienne, elles considérèrent la science comme leur plus grande ennemie.

Cet afflux d'informations à propos des Mystères de l'initiation – certaines d'entre elles expriment une vérité cachée, d'autres étant le produit d'une imagination exaltée, et d'autres enfin ayant un but lucratif – a incontestablement préparé l'humanité à l'enseignement que donnera probablement le Christ, lorsqu'Il reviendra parmi nous en Présence physique.

Bien que le chrétien orthodoxe soit très peu disposé à l'admettre, les quatre Évangiles ne contiennent guère autre chose que des détails symboliques se référant aux Mystères, lesquels, en ce qui concerne l'humanité, sont au nombre de cinq. Ces Mystères indiquent, en réalité, cinq étapes importantes dans l'histoire spirituelle d'un aspirant et dans les progrès de la conscience humaine. Àun certain moment de l'âge du Verseau, ce que nous avançons ici se précisera d'une façon que nous ne pouvons pas encore comprendre aujourd'hui. Pendant les deux mille prochaines années, L'humanité, le disciple du monde (à travers tous ses groupes, chacun à un stade différent de développement) "pénétrera" dans de nouveaux états de conscience, dans de nouvelles sphères de perception mentale et spirituelle.

Astronomiquement parlant, quatre ères sont aujourd'hui révolues : les Gémeaux, le Taureau, le Bélier et les Poissons. Actuellement s'initie le Verseau ou cinquième ère. Pendant les Gémeaux, son signe symbolique, les deux piliers, marqua de son sceau la fraternité maçonnique de l'époque et les deux [127] piliers "Jachin et Boaz" – selon leur nom juif, qui n'est évidemment pas leur nom véritable – apparurent approximativement il y a huit mille ans. Puis vint l'ère du Taureau, au cours duquel parut Mithra, comme instructeur du monde ; il institua les Mystères de Mithra, avec le culte (apparent) du Taureau. Suivit l'ère du Bélier, qui vit le début de la Loi juive, d'une grande importance pour les Juifs et malheureusement aussi pour la religion chrétienne, mais insignifiante pour les millions d'autres hommes dans les autres régions du monde ; pendant ce cycle parurent Bouddha, Shri Krishna et Sankaracharya. Finalement, nous arrivons à l'ère des Poissons et à la venue du Christ. La succession des mystères exprimés par chacun des signes du Zodiaque sera éclaircie pour nous par le Christ, car l'humanité exige de nos jours quelque chose de plus précis et de plus spirituellement réel que l'astrologie moderne et tout le pseudo-occultisme si largement répandu.

Au cours de l'ère prochaine, après la réapparition du Christ, des centaines de milliers d'hommes et de femmes subiront l'une ou l'autre des grandes expansions de conscience, mais l'effet sur les masses sera celui de la renonciation (ce qui ne signifie nullement qu'elles recevront la quatrième initiation) ; elles renonceront au matérialisme qui prédomine aujourd'hui dans toutes les classes de la famille humaine. Une des leçons que l'humanité doit apprendre aujourd'hui (dans cette époque qui est l'antichambre de l'Age Nouveau), c'est que bien peu de choses matérielles sont réellement nécessaires à la vie et au bonheur. Cette leçon n'a pas encore été assimilée bien que ce soit l'une des valeurs essentielles qui doive être dégagée de cette période d'effrayantes privations que tant d'hommes subissent quotidiennement. La véritable tragédie, c'est que [128] l'hémisphère occidental, et principalement les Etats-Unis, refusent de participer à ce processus spirituel et revitalisant ; ils sont pour le moment trop égoïstes pour permettre qu'il se réalise.

Il est donc clair que l'initiation ne consiste pas en une cérémonie ou en une accolade accordée à un aspirant méritant ; qu'elle n'est pas non plus une pénétration des Mystères – dont les Mystères de la franc-maçonnerie ne sont, jusqu'à présent, que des représentations imagées – mais qu'elle est simplement le résultat d'expériences vitales faites sur les trois niveaux de consciente perception physique, astrale et mentale grâce auxquelles s'activent certaines cellules cérébrales capables d'enregistrer et de retenir des impressions supérieures auxquelles elles n'étaient jusque-là pas réceptives. Grâce à cette plus vaste sphère de perception ou, si vous le préférez, grâce au développement d'un organe récepteur plus sensible, l'intellect acquiert la faculté de transmettre les valeurs supérieures et la compréhension spirituelle. Ainsi, l'individu prend connaissance de zones d'existence divine et d'états de conscience éternellement présents, mais avec lesquelles l'être humain était, de par sa constitution, incapable d'entrer en contact ; ni l'intelligence ni son organe enregistreur, le cerveau, n'en avaient le moyen, étant donné leur développement évolutif.

Lorsque la lumière de l'intelligence éclaire lentement les aspects jusque-là inconnus de l'Intelligence divine, lorsque les qualités magnétiques du cœur s'éveillent et réagissent sensiblement aux deux autres aspects, l'homme devient capable d'agir dans les nouvelles sphères de lumière, d'amour et de service qui se révèlent à lui. Il se fait initié.

Ce sont là les Mystères dont le Christ parlera. Sa Présence reconnue parmi nous, de même que celle de Ses disciples, permettront un développement beaucoup plus rapide que ce [129] n'eût été autrement le cas. La stimulation due à la manifestation de la Hiérarchie sera de plus en plus puissante et l'ère du Verseau verra les fils des hommes accepter en si grand nombre la Grande Renonciation que l'effort mondial atteindra la même envergure que celui qui avait pour but l'éducation des masses pendant l'Ère des Poissons. Le matérialisme, en tant que principe dominant, sera rejeté, et les valeurs spirituelles majeures prévaudront.

L'apogée d'une civilisation, avec sa note caractéristique, ses qualités et ses dons à la postérité, exprime le reflet de l'Intention spirituelle et (à travers les multitudes qui y participent) de l'une des initiations. Un jour viendra où l'histoire sera écrite d'après les annales de la croissance initiatique de l'humanité. En attendant, l'histoire doit relater le développement de l'humanité, sous l'influence de grandes idées fondamentales. Telle sera la prochaine manière d'écrire l'histoire.

Le produit de la culture d'une période quelconque n'est que le reflet de la capacité créatrice et de l'état de conscience précis des initiés de cette époque, de ceux qui étaient conscients d'être initiés et d'avoir été admis en relation directe avec la Hiérarchie. Àprésent, nous n'employons pas les mots civilisation et culture dans leur vrai sens. La civilisation est le reflet, dans les masses, d'une influence cyclique particulière, conduisant à une initiation. La culture est reliée ésotériquement à ceux qui, dans une période quelconque de civilisation, pénètrent par leurs efforts personnels, d'une manière spécifique, précise et en pleine conscience de veille, dans ces royaumes intérieurs de l'activité mentale, que nous appelons le monde de la pensée créatrice. C'est de ces sphères que découle toute civilisation extérieure.

La réapparition du Christ indique un rapport plus étroit entre les mondes, extérieur et intérieur de la pensée. Le [130] monde intelligible et le monde sensible s'uniront visiblement, grâce à la stimulation provoquée par l'avènement de la Hiérarchie et de son Chef, le Christ. Un puissant développement de la compréhension et des rapports humains en seront les principaux résultats

 

[1] Note du traducteur : en anglais À spirit of inclusiveness.

 

[2] Nouvelles demeures pour des Hommes nouveaux.

 

[3] Écrit en 1948.