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L’ÉCOLE ARCANE SES ORIGINES ET SES BUTS ÉSOTÉRIQUES

L'ÉCOLE ARCANE

SES ORIGINES ET SES BUTS ÉSOTÉRIQUES

par Foster Bailey

Le moment est indiqué, pour nous, de considérer la relation de l'École Arcane avec certains aspects immédiats des plans de la Hiérarchie. Nous réalisons que nous avons une connaissance très limitée de ces plans, mais nous réalisons aussi que, comme résultats de 30 années de travail du Tibétain en collaboration avec Alice A. Bailey (à laquelle on se réfère de plus en plus en tant que A.A.B.), nous avons eu, particulièrement au cours des dix-huit ans qui viennent de s'écouler, une information disponible qui n'a jamais touché la majorité des aspirants et des disciples sincères et honnêtes. Notre connaissance entraîne notre responsabilité. Notre position privilégiée nous procure une extraordinaire opportunité. Dans le présent, nous sommes confrontés à un besoin d'une ampleur mondiale, plus aigu que la plupart d'entre nous n'a été capable de le comprendre, par la condition de la famille humaine.

L'École Arcane fut fondée par Alice A. Bailey en 1923. Vingt-huit ans sont passés et nous sommes aujourd'hui un groupe de serviteurs bien organisé, porteur de certains projets spirituels dont nous avons accepté la responsabilité. Notre position a donc une certaine mesure de justesse, et la reconnaissance que nous avons tous de nous trouver en face d'un nouveau cycle dans la vie du groupe justifie notre tentative d'évaluation de nos origines et de nos desseins ésotériques.

Nous sommes un groupe ésotérique du Verseau, c'est-à-dire un groupe de disciples et d'aspirants à l'état de disciple, qui tente d'aider l'humanité, en relation consciente avec ce que nous connaissons de plus élevé sur le travail de la Hiérarchie. Donc, nous cherchons davantage à traiter des causes qu'à tenter de nous occuper de neutraliser les effets malheureux. Nous cherchons à comprendre les significations spirituelles profondes qui sont derrière les événements et à lutter pour vivre de telle sorte que soient démontrées, de plus en plus, les qualités spirituelles essentielles.

Le fait de notre relation réelle avec la Hiérarchie répond non seulement de notre existence même en tant que groupe spirituel dans le monde, mais il est le facteur essentiel de toutes nos entreprises futures. Sans cette relation hiérarchique consciemment reconnue et constamment maintenue, notre valeur, dans les jours à venir, deviendrait moindre que celle de la masse des mouvements et des activités de bienfaisance que l'on voit [298] surgir spontanément de tous côtés et qui n'ont pas ce lien spirituel consciemment atteint.

Au cours de sa vie, A.A.B. évita toute déclaration et toute action qui auraient pu être interprétées comme une revendication quant à son degré personnel de spiritualité. Ceci est bien connu. Son travail puissant et admirablement efficace amena pourtant la reconnaissance inévitable qu'elle était, en fait, un disciple laborieux des Grands Êtres, qu'elle avait atteint le degré correspondant à sa tâche, et que, à travers elle, l'impact direct de la force spirituelle maniée par la Hiérarchie devenait disponible pour nous.

Revenons en arrière, à un temps antérieur à l'existence de notre groupe en manifestation extérieure, aux premiers jours de l'enfance d'Alice Bailey.

Alors qu'elle était adolescente, dans un milieu cultivé, aristocratique et très aisé, active socialement, comme c'était le rôle des jeunes filles de ce monde, son Maître vint à elle. Son milieu était un modèle du plus extrême conservatisme, sa compréhension de la religion et son appartenance à l'Église anglicane étaient rigides et dogmatiques. Sa connaissance du monde, extérieur à son petit cercle d'expérience, était pratiquement négligeable. La visite de son Maître avait pour but d'implanter, dans la conscience de son cerveau physique, l'essence du mode de sa vie, telle qu'elle devait se développer. Elle était assez forte pour prendre connaissance du programme de service auquel, sur le plan intérieur, elle était déjà engagée et consacrée, et de l'essentiel de ce qui était le programme choisi par sa propre âme.

Elle était alors un disciple avancé de l'ashram du Maître K.H. (Un ashram peut être vu comme un centre d'énergie spirituelle vivante dans la vie de groupe de la Hiérarchie). À mesure que les années s'écoulaient et que j'apprenais à profiter de l'enseignement que j'ai personnellement reçu d'elle, je parvins à mieux comprendre ce qu'une position avancée dans un ashram comportait. Cette position est la clé de tout son travail. Il y a plusieurs facteurs dont nous pouvons à présent parler. Grâce à l'enseignement du Tibétain, bien des gens ont beaucoup appris ; d'autres partagent avec moi la connaissance de certaines choses essentielles qui constituent notre bagage ésotérique, en tant que groupe.

Nous savons que Celui auquel nous avons coutume de nous référer sous le nom de Tibétain est, en fait, l'un des Maîtres de [299] la Sagesse connu par certains de ses associés comme le Maître Djwhal Khul. Ce fut le Tibétain, en partie parce qu'il s'était spécialisé dans la philosophie occulte et l'étude des lois cosmiques, qui reçut pour tâche d'offrir un enseignement de liaison, nécessaire à guider les disciples des Grands Êtres. Cet enseignement devait aussi donner l'expansion nécessaire de la connaissance des réalités spirituelles qui devait devenir disponible au cours de la période critique de notre histoire mondiale, alors que nous passons de l'ère des Poissons à l'ère du Verseau. Le Maître Djwhal Khul travailla avec le grand disciple que nous connaissons en tant que H.P.B. dont les écrits, et particulièrement La Doctrine Secrète, furent l'effort d'un pionnier courageux, qui rendit tout ce que nous avons à faire plus facile. Le temps est venu pour que l'expansion de l'enseignement suivant se fasse. Le Maître D.K. resta près du Maître K.H. dont Il fut longtemps le disciple.

Il semble naturel qu'Il ait cherché et trouvé le collaborateur nécessaire parmi le groupe de disciples qui étaient dans le même ashram que lui.

Non seulement le Maître D.K. avait à trouver un disciple consacré audacieux, disponible sur le plan physique pour faire ce travail, mais Il avait, évidemment, d'autres activités et d'autres responsabilités dont nous ne savons que peu de chose. Le temps était également venu où, dans l'expansion planifiée et la réorganisation de la Hiérarchie, des ashrams supplémentaires devraient être formés et leur personnel trouvé et formé. Cette entreprise ardue est, de bien des manières, aussi difficile qu'on peut l'imaginer. L'École Arcane a aidé à former un matériel utilisable. Le Tibétain a donc été occupé, en partie, par la formation de son propre ashram qui, à présent, se consolide et se développe rapidement par la publication des enseignements maintenant contenus dans quelque dix-huit volumes, et par l'inauguration de certaines activités spirituelles, conformes au plan d'action de la Hiérarchie, ainsi qu'elle le conçoit dans son effort pour hâter la réapparition du Christ. C'est seulement ces dernières années que nous sommes parvenus à comprendre comment ce retour du Christ a été, en réalité, la note-clé et l'objectif le plus important de tout ce qui a été accompli.

La caractéristique des forces vraiment spirituelles et constructives est qu'elles soient toujours positives. Tel est le pouvoir de la force spirituelle. Le travail que le Tibétain a fait, dans les 30 dernières années, montre déjà extraordinairement cette qualité [300] encourageante. La même chose reste vraie dans la vie de chaque disciple, proportionnellement à l'importance de son degré et à la quantité de force spirituelle impliquée.

C'est le privilège et le programme inévitable de tout disciple avancé, de commencer quelque activité dans chaque incarnation, qui serve le Plan hiérarchique et qui aide plus spécialement la partie du Plan dont son propre ashram a accepté la responsabilité. C'est pour cette raison qu'au moment voulu, avant sa dernière incarnation physique, A.A.B. proposa d'établir une école ésotérique. Quand un disciple propose une ligne d'action, cette dernière est approuvée si elle est une aide véritable dans le travail ashramique et si les circonstances la rendent possible. Mais dans cette éventualité, le disciple est libre d'essayer et, tant que son action est constructive et utile et qu'elle aide vraiment le Plan, il dispose pour son projet de toute l'énergie ashramique qu'il est capable, en tant qu'individu, de recevoir. S'il manque à sa destinée spirituelle, ces forces ne sont plus disponibles. Dans cette éventualité, la tentative dépérit et meurt dans la plupart des cas, avant que le disciple ne se retire et, de toute façon, inévitablement peu de temps après. Ces mouvements de nature spirituelle qui survivent aux rigueurs et aux confusions de la deuxième génération sont rares, mais cette survie est la marque de leur authentique origine spirituelle.

Aujourd'hui, nous sommes confrontés à l'opportunité d'utiliser ainsi les forces spirituelles disponibles dans l'École Arcane, comme résultat du travail de 30 ans dont les effets, plus grands que nous ne l'imaginons, ne sont qu'une petite partie de ce qui, finalement, sera bénéfique. Cette richesse nous a été donnée par A.A.B. et a été maintenue par ceux d'entre nous qui se sont joints à elle, au long des ans, pour que ces forces soient utiles et que la vision soit gardée. Vraiment, son succès dans la création d'une conscience de groupe et d'une action de groupe produisit, à la fin, le sens de la responsabilité commune et l'interdépendance reconnue qui ont fait que la réalisation du groupe est la nôtre, autant que la sienne. La réalisation de cette conscience de groupe est la meilleure garantie d'une action qui portera des fruits dans les jours à venir.

L'École Arcane fut projetée par A.A.B. comme un effort pour aider à répondre à certains besoins précis dans le domaine ésotérique. Il y avait tout d'abord un réel besoin pour un nombre croissant de disciples disponibles pour la mise en œuvre des Plans hiérarchiques. Une école ésotérique pouvait trouver ceux à qui donner l'entraînement préliminaire qui aiderait à résoudre ce problème. Deuxièmement, il y avait le besoin d'une expérience [301] ésotérique selon la ligne du deuxième rayon, qui tenterait d'apporter un peu de la qualité croissante du Verseau. Ceci demandait qu'un nouvel accent fût mis sur la responsabilité de groupe et sur le service du monde comme étant l'essentiel du véritable état de disciple dans les temps à venir. A.A.B. a réussi remarquablement à imprégner son école des qualités nécessaires et elle a donc répondu à la demande. C'est ce facteur qui a donné à notre travail organisé cet aspect de pionnier et nous a rendus toujours conscients qu'il y avait là une véritable expérimentation.

Un autre réel besoin, dans le domaine ésotérique, était celui d'un type d'enseignement et d'action pour le discipulat qui aiderait à neutraliser la cristallisation produite par les écoles ésotériques de l'ère des Poissons qui s'achève à présent. Ces erreurs et ces aspects déplorables étaient, en un certain sens, inévitables et ne justifient pas la critique de certains groupes ésotériques. Elles existent néanmoins, elles sont des pierres d'achoppement et empêchent l'arrivée de formes d'expression spirituelle plus nouvelles. A.A.B. le vit clairement et, en y pensant, elle travailla toujours avec persistance. Elle fit un effort exemplaire par son insistance à accomplir une relation de coopération avec le travail de la Hiérarchie, comparé à la position des dévots qui agissent à partir du principe d'obéissance d'une manière plus enfantine. Elle insista sur le fait qu'une vie de service sans égoïsme était le facteur le plus important et que les disciplines sur le plan physique telles que, particulièrement, les régimes alimentaires ou l'appartenance souvent fanatique aux disciplines du Hatha ou du Laya Yoga, qui ont fait leur chemin dans le monde occidental et qui sont répandues parmi les ésotéristes, étaient généralement démodées et des voies sans issue.

Elle insista sur la liberté mentale, la polarisation mentale et l'acquisition d'un mental bien équipé pour traiter, intelligemment et avec bon sens, des conditions du monde. Elle savait que cela devait succéder à l'idéalisme mystique et trop souvent dénué d'esprit pratique des premiers stades d'entraînement spirituel plus émotionnels, et qui menait souvent à la séparativité et à l'égoïsme spirituel. Cette position est bien connue de nous tous et, dans le cas de notre propre vie de groupe, elle trouve son origine dans la sagesse d'A.A.B., dans ses efforts pour répondre à cette troisième nécessité.

Ce qui précède suggère seulement quelques-uns des facteurs du projet, tel qu'elle le conçut originellement. Une autre considération, qui a influé sur toute action, fut la règle selon laquelle [302] la vie de travail de chaque disciple avancé doit non seulement être utile, objectivement, à la Hiérarchie et à l'ashram et être pratique, mais elle doit aussi porter en elle l'opportunité d'acquérir l'expérience que le disciple doit faire, s'il veut jouer son rôle dans le travail d'équipe planifié de l'incarnation suivante. Trouver, perfectionner et promouvoir l'École Arcane était, en fait, une partie de l'entraînement d'A.A.B. en vue du travail pour lequel elle vient d'être libérée. Ce fait ne comporte pas la moindre diminution d'intérêt ou de soutien pour le travail qu'elle a inauguré dans cette vie et qui l'intéresse profondément aujourd'hui comme toujours.

Il ne fait aucun doute que Alice Bailey est aujourd'hui, subjectivement et télépathiquement, en rapport avec beaucoup de ses amis et de ses

 étudiants. Ceux qui sont sensibles enregistrent parfois des impressions. Cependant, elle n'est pas occupée à entourer des individus pour leur dire ce qu'ils doivent faire ou ce qu'elle désire d'eux. Il a été établi par le Tibétain et A.A.B. qu'après la mort de cette dernière, Il n'agirait pas à travers un autre canal et qu'elle-même ne tenterait pas de diriger l'École Arcane, ses affaires ou ses activités de service, par le moyen de messages.

L'humanité passe par la plus grande crise spirituelle de sa longue histoire sur cette planète. Les implications en sont profondes pour notre compréhension. Les choix que l'humanité a faits, ces récentes années, et qu'elle a encore à faire dans les prochaines années, ont une signification plus profonde que nous ne pouvons l'imaginer. Il nous a été enseigné, et ce doit être vrai, que la Hiérarchie des Maîtres n'est pas toute puissante, autrement il resterait peu de chose de la liberté humaine et nous serions tous destinés à devenir des robots spirituels. Ce que la Hiérarchie peut faire dépend de la manière dont nous répondons aux stimuli spirituels à l'heure de la crise. Il est très clair que le Plan de Dieu pour l'homme est que l'humanité accomplisse sa propre destinée, dans la lumière de sa propre âme, par le pouvoir de ses capacités intellectuelles, par sa profonde conscience et sa consécration à remplir sa destinée divine.

Cette lumière nous fait comprendre que c'est à partir de l'état de connaissance et de sagesse très grandes de la Hiérarchie, que certaines choses sont connues comme inévitables pour la famille humaine et que certaines autres choses dépendent de nos réactions aux événements. La prétendue deuxième Guerre [303] mondiale n'était pas, en fait, karmiquement nécessaire et la guerre militaire sur le plan physique aurait pu être évitée, s'il y avait eu certaines réalisations. L'exécution du Plan par la Hiérarchie, durant les douze dernières années, devint impossible quand l'humanité choisit d'entrer dans la deuxième phase du conflit armé mondial.

Cela explique beaucoup de choses et signifie que le travail de beaucoup de membres du nouveau groupe des serviteurs du monde était grandement retardé. La possibilité d'un travail effectif dans le domaine de la Bonne Volonté n'existait presque plus pour un certain temps. Tant que le combat sur le plan physique durait, les relations entre les disciples en contact avec l'École Arcane et les étudiants dispersés à travers le monde et qui auraient pu rejoindre nos rangs, étaient interrompues. La promulgation du programme pour la solution du problème de la juste relation de l'argent au travail de la Hiérarchie cessa entièrement. La construction du réseau de Lumière et de Bonne Volonté, par l'établissement de l'activité des Triangles, fut presque complètement arrêtée. Il ne fut pas possible de répandre la Grande Invocation dans le monde entier comme nous le faisons à présent.

Dans les jours sombres de 1939, quand il semblait que tout s'écroulait et que les efforts héroïques de beaucoup de disciples pour aider à détourner la guerre étaient inutiles, il était difficile de prévoir comment le travail pourrait être relancé, réorganisé, financé et de nouveau effectif. À cette époque, dans la bonté de son cœur et pour m'encourager, le Tibétain me donna l'assurance que je découvrirais après le grand holocauste que les fondements si bien posés de notre travail seraient non seulement intacts, mais tout à fait adéquats à la construction du futur travail. À l'époque, je trouvais cela difficile à croire, car j'étais profondément conscient des conséquences terribles de la deuxième guerre, mais cette déclaration s'est révélée vraie et nous sommes, à présent, dans une position plus forte et nous travaillons et servons plus efficacement que ne pouvait le faire le mental de l'époque.

Aujourd'hui, notre groupe est plein de lumière, d'amour et de pouvoir. Aujourd'hui, l'École Arcane, dont nous faisons partie, fonctionne comme un grand point de lumière dans le corps du nouveau groupe des serviteurs du monde. Nous sommes un point de focalisation magnétique dans ce corps, lui [304] apportant du pouvoir et aidant au succès de son travail. C'est ce que nous avons accompli et, pour nous, c'est le fait le plus significatif du moment. Nous ne sommes pas seuls. Nos efforts sont justifiés par notre relation avec tous les disciples au travail partout qui, consciemment ou inconsciemment, sont une partie de ce groupe de serviteurs à l'échelle mondiale, créé par la Hiérarchie elle-même, comme une part de la grande aventure des nouvelles techniques du Verseau. Le nouveau groupe des serviteurs du monde est, en fait, un projet de synthèse de domaines d'actions dans les plans de la Hiérarchie, comportant un nouveau type de disciple mondial dans une action de groupe. Notre vraie place dans ce schéma peut seulement être comprise en termes de participation à cette plus large vie de groupe.

(Allocution aux étudiants, prononcée à la Conférence annuelle de l'École Arcane, New York, 1950).

FIN DU LIVRE