Jeter les choses les unes contre les autres choses aussi violemment que possible pour voir ce qui se passe, c'est un jeu des plus habituels du bambin avec les nouveaux jouets que l'on vient de lui offrir. En plus d'être un processus d'apprentissage élémentaire, c'est aussi beaucoup de satisfaction comme en témoignent souvent les cris de joie qui vont de pair. Dans ce sens, on peut sans doute dire que les physiciens du CERN (Organisation Européenne pour la Recherche Nucléaire) ont les meilleurs emplois du monde - eux qui jettent pour voir ce qui arrive, à une vitesse proche de celle de la lumière - les particules élémentaires, les unes contre les autres.
Pesant plus de 38.000 tonnes et d'une circonférence de 27 kilomètres, le Grand Collisionneur de Hadrons est l'accélérateur de particules le plus grand du monde et le plus adapté à la manipulation des plus hautes énergies. Quelque chose d'aussi gigantesque et complexe que le Grand Collisionneur de Hadrons a été construit pour rechercher quelque chose d'aussi petit et simple qu'une particule élémentaire ; il nous offre le symbole intéressant du développement intellectuel colossal de l'humanité comme préalable à sa prochaine illumination par la lumière simplificatrice de l'intuition.
Quoique les hauts faits passés de l'intellect humain puissent être glorifiés, la prochaine avancée évolutive à laquelle il faut s'attendre, sera du domaine de l'intuition plutôt que d'une idée dominante qui aurait fait valoir de ce fait, ses prétentions en termes de vérité. L'intellect fonctionne en décortiquant, manipulant et réarrangeant la substance des plans mental, émotionnel et physique pour bâtir le champ de connaissance, dont lui-même, est partie intégrante. Pour cette raison même, cet intellect ne peut percevoir pourquoi cette substance dans laquelle il est immergé, se comporte comme elle le fait - les secrets de la causalité se trouvant à des niveaux de Réalité plus subtils. De ce fait, quelle que soit sa taille et sa puissance, un collisionneur de particules crée toujours plus de « particules élémentaires » (sic) qu'il n'en a à concasser au départ, l'intellect ensuite informe des résultats voulant nécessairement, suivant la même proportion, produire d'encore plus grandes et nombreuses théories, pour rendre compte de l'existence de ces particules et de leur comportement.
Les médias d'ailleurs, en témoignent :
« Même si étonnamment, il semble que la nature produise, à chaque collision, plus de résidus que prévu ... Pourtant ... quelque chose de complètement inattendu - peut être mis en évidence ... Nous pourrions découvrir que les quarks existent à une échelle inférieure ou qu'il existe une nouvelle force fondamentale dont nous ne savions rien ».
”http://www.guardian.co.uk/theobserver/2010/apr/04/large-hadron-collider
L'une des principales tâches du collisionneur de hadrons est la recherche d'un spécimen manquant au zoo exotique des particules découvertes jusqu'alors. C'est ce spécimen qui a été baptisé « la particule de Dieu ». Cette particule, manquante qui pourrait unifier le modèle classique de l'univers, est si importante, qu'un statut divin lui a été donné par le milieu de la physique théorique. Elle est pensée comme capable de doter l'univers de la propriété de masse si fondamentale dans l'acte de Création et de la vie, telle que nous la connaissons.
Bien sûr, il est peu probable que la recherche de la plénitude et de l'unité à travers la découverte d'une particule matérielle, s'avère fructueuse dans ce domaine illusoire d'un type de connaissance dans lequel le séparatisme et la division sont la règle. Du point de vue de la philosophie spirituelle, ce continuel arrachement des couches de l'oignon pour révéler encore plus de couches, continuera à l'infini - ou tout au moins, jusqu'à ce que le concept d'éther soit réintroduit dans la pensée scientifique. Mais la notion d'éther comme intermédiaire substantiel qui sous-tend l'univers manifesté, est à l'opposé du modèle actuel basé sur un zoo toujours plus peuplé de particules au comportement étrange et tournant partout dans le vide. Bien que ce dernier point de vue symbolise le penchant naturel de l'intellect vers la pensée analytique, l'intuition embrasse naturellement l'idée de l'éther comme un champ unifié des relations et de l'interconnexion.
Nous voyons ici symbolisée, une autre facette de l'état actuel de la conscience de l'humanité. Car, de la même manière que la « fragmentation » sous-jacente, de l'éther est le résultat de l'activité d'un accélérateur de particules, la « fragmentation psychologique », de son côté, résulte de l'accélération du rythme de l'activité actuelle dans le champ de la connaissance. Alors que personne n'accuserait un théoricien de la physique d'être un esprit dispersé, l'attention de l'humanité se disperse globalement en sautant d'une façon un peu distraite, d'une information excitante à l'autre, oublieuse du Soleil du Sens qui rayonne avec constance depuis le royaume intérieur des causes. Ceci a été abordé dans le précédent article intitulé “ Défragmenter le Mental”.
Bien que la physique théorique des hautes énergies soit complexe, c'est au cœur de la recherche sur l'état fondamental de la matière que se trouve l'aspiration à la simplicité et à la synthèse qui caractérise le monde du sens. D'où l'espoir du physicien de découvrir une Théorie Unifiée du Tout (GUT, Grand Unified Theory) qui serait exprimable en une seule équation. Même si cela n'était qu'un vain espoir, la recherche qui s'effectue au CERN est plus en soi, et d'une façon majeure, une merveilleuse démonstration de synthèse et de volonté-de-bien découlant d'une quête de groupe, mise en place afin de comprendre la nature de la réalité. Dans un sens imagé, la boucle de 27 kilomètres du Grand Collisionneur de Hadrons entoure le monde, parce que le projet est soutenu par une vaste communauté internationale de scientifiques et d'ingénieurs travaillant ensemble dans des équipes multinationales, au CERN et dans le monde, construisant et testant des équipements et des logiciels, et participant à des expériences pour en analyser les données.
On assiste ici, à une impressionnante fusion des esprits rassemblés dans la recherche des réponses aux questions fondamentales sur la nature de notre univers. C'est aussi, réellement, un exemple du fonctionnement de l'esprit de groupe quand il nait en tant qu'organisme spirituel. À mesure que cet esprit de groupe évoluera, son intuition sera de même, progressivement mise en éveil. Une compréhension plus spirituelle et plus synthétique du champ de la connaissance se fera jour - découvrant à notre regard émerveillé, des prodiges et des mystères encore plus grands.
