A l’heure actuelle, la polarisation est partout, semble-t-il. Dans les débats, beaucoup paraissent de plus en plus attirés par les extrêmes, laissant de ce fait peu de place pour des voix de compromis. Cela signifie-t-il que nous allons vers des temps de conflit ouvert ? Ou bien sera-t-il possible de nous souvenir de notre humanité partagée et d’en faire le facteur-clé organisant les conversations publiques? La bonne volonté peut-elle être le pont qui réunit des rives opposées? Trouver des réponses fonctionnelles à ces questions pourrait bien être la clé de l’avenir de la vie sur notre planète.

Dans ce numéro, nous nous interrogeons sur la façon dont la polarisation s’exprime dans la politique, la genralité, ainsi qu’au niveau de l’identité culturelle et raciale, et nous recherchons les signes positifs d’un progrès vers une vision unifiée. Reconnaître une telle vision est particulièrement difficile lorsque les voix des extrêmes se font entendre si bruyamment. Les personnes de bonne volonté doivent trouver en elles un point de silence à partir duquel elles peuvent observer la scène et placer leur foi dans la nature immuable du Bon. Comme le souligne Alice Bailey “le cœur de l’humanité est sain” et l’urgence des temps réclame des voies créatives pour éveiller cette bonté naturelle en nous et en l’autre. Une compassion indéfectible pour tous les êtres en souffrance, plus la volonté de voir le Bon s’imposer dans le monde, tels sont les marques de ceux qui servent en cette période cruciale. Nous espérons que les idées contenues dans ce numéro seront un soutien et une force pour tous ceux qui œuvrent à l’avènement d’un monde dans lequel la bonne volonté est la note dominante de toute relation.

Polarisation – Jeter un pont entre deux rives

Une des principales caractéristiques des quelques cent-cinquante dernières années et, plus particulièrement, des dernières décennies, est cette tendance à la polarisation que l’on retrouve sous une multitude de formes au sein de la famille humaine.

Cette polarisation se remarque plus spécialement en politique du fait que les conflits d’idées et d’idéologie sont non seulement reconnus, mais bienvenus. Les différents protagonistes ne cherchent pas à effacer les divisions qui les séparent – ils veulent gagner ! Au cours du siècle passé, l’humanité a amassé quantité de preuves quant à l’efficacité des différentes idéologies politiques. On peut considérer que ces idéologies, dans la mesure où elles ont tenté de prouver leur bien-fondé, ont, dans une certaine mesure, contribué au progrès humain; mais il faut aussi admettre qu’elles ont en même temps largement contribué à la souffrance humaine. Nous sommes arrivés à un point où aucun des remèdes aux maux sociaux et économiques, qu’ils soient de gauche, du centre ou de la droite, qu’ils soient démocratiques, dictatoriaux ou théocratiques, n’a passé l’épreuve de la réalité. D’un côté, les initiatives créatives se retrouvent noyées dans une mer de bureaucratie et de dogme ; et de l’autre, les idées de laissez-faire et de marchés libres ont créé un monde dans lequel les riches s’enrichissent pendant que les moins privilégiés s’enfoncent de plus en plus dans une pauvreté absurde. Au final, dans ce monde d’idées en conflit, personne ne gagne, beaucoup souffrent et, par voie de conséquence, le monde naturel s’en trouve terriblement appauvri. De plus, la notion d’une idéologie ou d’une théocratie unique qui serait la panacée universelle pour tous les problèmes de l’humanité et qui devrait être imposée à tous, à la pointe de l’épée s’il le faut, pour le bien du monde à l’avenir, reste très largement répandue.

Les personnes véritablement de bonne volonté dans le monde peuvent maintenant voir clairement que les différentes idéologies ont une fâcheuse tendance à rater leur cible et parfois même à transformer un rêve utopique en une épouvantable dystopie. De même, elles voient avec tout autant de clarté le besoin urgent d’une vision nouvelle d’un esprit de coopération dans le monde politique.

Est-il possible que la bonne volonté coopérative soit en fait non seulement un chemin réaliste menant à un futur meilleur, mais plus important encore, probablement le seul chemin permettant de réaliser un tel futur? Cette pensée nous mène à nous questionner sur l’origine de l’échec à réaliser leur idéal de toutes ces idéologies. Peut-être cette analyse pourrait-elle faire émerger une technique de progrès qui fonctionnera pour tout le monde ?

Voilà qui peut certainement se résumer en un mot : motivation. Nous pouvons l’affirmer avec certitude : la motivation est tout. Lorsque la motivation est dénuée d’égoïsme, qu’elle est inspirée par le bien commun, qu’elle vise à élever la société à un meilleur état spirituel et matériel, quels que soient les manquements et inadéquations du système politique, les personnes qui en font partie trouveront toujours un moyen de le faire fonctionner suffisamment bien. A l’inverse, quelle que soit la qualité d’organisation d’un système politique, si ses responsables ne sont intéressés que par des motifs égoïstes d’accumulation de richesses et de pouvoir personnel, ce sera l’échec. Dans certains cas extrêmes, un tel scenario peut finir par imploser dans l’anarchie et la cruauté.

Si l’on réfléchit à la polarisation, la plupart des gens pensent probablement que c’est entre la droite et la gauche qu’il convient de jeter un pont. Or, en réalité, le pont qu’il est urgent de construire devrait relier notre monde d’aujourd’hui à un monde futur fondé sur l’évocation de tout ce qu’il y a de meilleur dans notre humanité. Nous pouvons distiller cette thèse en trois idées simples : des relations humaines justes, la liberté et un sens de responsabilité. Pour des personnes ouvertes à la spiritualité, il s’agit là de la compréhension et de la mise en œuvre humaine du Plan divin pour l’humanité et le monde. Commençons donc par nous pencher sur notre compréhension de ce Plan et ensuite nous verrons quels pas il nous faut faire pour avancer dans son sens.

Nous pouvons considérer ce Plan comme une énergie d’amour et de bonté, qui, telle une matrice, nous enveloppe nous et notre planète toute entière dans une force qui permet à toutes les unités de vie d’évoluer vers des attitudes toujours plus empreintes de conscience. En ce qui concerne l’humanité, cela signifie de s’appliquer à développer une compréhension de l’âme en même temps qu’une capacité d’en ancrer les valeurs et attributs de façon pratique dans notre vie quotidienne. Il vaut la peine de nous rappeler quelles sont ces valeurs. Il est évident qu’au cours des siècles, ces valeurs ont été résumées de diverses façons pour s’adapter aux différentes cultures et au niveau variable de développement de la conscience humaine. Mais pour le monde du 21ème siècle, nous pourrions les résumer comme suit : amour, sens de responsabilité, identification avec le tout, amour de la vérité, partage altruiste, santé sociale, liberté, mesure en termes de possessions matérielles, joie et même génie.

On peut voir immédiatement où notre situation actuelle en matière de politique nationale, de relations internationales et de structures économiques est loin d’y correspondre. La tendance est de privilégier une petite minorité aux dépends de la grande majorité, de faire passer ses propres intérêts nationaux avant ceux de l’humanité toute entière. A l’heure actuelle (2018) cette caractéristique va malheureusement en se renforçant au fur et à mesure que les pays, un peu partout dans le monde, se replient sur eux-mêmes ; on voit ainsi des pans entiers de la population qui épousent à nouveau un esprit nationaliste séparatiste. Ce mouvement se traduit aussi dans une tendance croissante à répudier l’esprit internationaliste qui, malgré des conflits non résolus et la persistance d’objectifs et de méthodes au service d’intérêts personnels, a représenté un puissant idéal dans les décennies qui ont suivi la 2ème guerre mondiale. Voilà une tendance inquiétante qui n’inspire guère confiance dans l’avenir.

Une des raisons pour lesquelles l’internationalisme est rejeté par autant, est que, dans l’esprit des gens, il est associé à la globalisation du capital et des affaires qui organise ses activités autour de l’évasion fiscale, l’insécurité structurelle du travail et l’irresponsabilité environnementale. Mais la raison peut-être la plus importante de toutes est qu’il n’y a pas d’autorité à qui l’internationalisme doive rendre des comptes. Les gens ont l’impression de devenir juste des pions sur l’échiquier des oligarques et des méga-riches.

Ce n’est, toutefois, qu’une face du décor. Il y a, dans tous les pays, des millions de personnes qui reconnaissent qu’une coopération saine, fondée sur la réalisation de l’unité de l’humanité est le meilleur chemin vers un avenir propice ; qui savent qu’un nouvel engagement vers l’idéal internationaliste est la voie qui non seulement traduit cette unité, mais est essentielle pour la réaliser ; qui comprennent que unité ne veut pas dire uniformité. De fait, diversité et multiplicité sont les mots d’ordre de la nature. Nous pourrions nous en inspirer dans notre exploration du chemin à suivre.

Il est évident qu’un bulletin de bonne volonté n’est pas compétent pour produire un manifeste politique, et ce n’est pas son rôle non plus. C’est le rôle des experts du monde politique qui se sont élevés au-dessus de leurs ambitions personnelles et de leur recherche de pouvoir et dont le cœur vibre au diapason des besoins humains partout dans le monde. Mais nous pouvons et devons esquisser les grandes lignes des principes qui doivent fonder les différentes approches expérimentales.

Internationalisme Participatif

Pour commencer, nous avons besoin d’un internationalisme participatif et responsable. De même que l’on peut investir son énergie, ses idées et ses visions dans sa communauté locale et, à une plus grande échelle, dans sa nation, c’est à nous maintenant d’encourager ce processus à une échelle encore plus vaste. L’Union Européenne est probablement l’effort de l’humanité dans ce sens le plus récent. C’est une expérience en cours et personne ne peut prédire comment se déroulera son avenir. Ceux dont l’identification ne dépasse pas les frontières de leur propre pays, espèrent que ce sera un échec. Par contre, beaucoup d’autres sont déterminés à faire de cette expérience une réussite. L’UE offre en fait à l’humanité le modèle d’un système prototype qui prouve à quel point des nations individualistes peuvent accepter de céder un peu de leur souveraineté pour le bien de tous. Dire que tout n’a pas été simple est l’euphémisme du siècle ! Et pourtant ça fonctionne. Objectivement parlant, on peut dire que le développement des sciences, des arts et de la vie économique des tous les pays membres de l’UE est une des principales conquêtes des sept dernières décennies.

Si donc les difficultés que l’UE rencontre sont un tel défi, quel espoir peut-il y avoir pour des unions encore plus larges ? Peut-être regardons-nous cette question par le petit bout de la lorgnette. Toute union politique et économique est conditionnée par des données telles que la géographie, l’identité culturelle ou l’appartenance religieuse. A un niveau largement plus global, on peut dire qu’à l’heure actuelle ce genre d’union est clairement irréaliste. Il semblerait donc que la seule voie possible aujourd’hui pour aller vers une unité mondiale soit un courant fondé sur une union de valeurs apte à renforcer plutôt qu’à diminuer la grande diversité de l’expérience humaine, de ses traditions et idéalismes. Un tel modèle montrera que la diversité ne crée ni l’exclusion ni la séparation, mais plutôt mettra en lumière comment tous peuvent contribuer à la santé et à la prospérité du grand Tout.

La Règle d’Or

Heureusement pour l’humanité, ces valeurs apparaissent dans des formes étonnement semblables dans toutes les cultures et religions. Elles sont appelées la « Règle d’Or » - « Traite ton prochain comme tu voudrais qu’il te traite ». « Fais pour les autres tout ce que tu veux qu’ils fassent pour toi ». Cette règle n’est possible que lorsque nous reconnaissons dans notre cœur et dans notre esprit que « l’autre », où qu’il soit dans le monde, est notre prochain. Ce principe doit être le fondement d’une nouvelle science de la relation couvrant tous les aspects relationnels, depuis les liens individuels familiaux, en passant par les amitiés personnelles, jusqu’au niveau global ; une science combinant avec simplicité et élégance à la fois liberté et responsabilité, reconnaissant l’intégrité et la valeur essentielle de chaque individu et de chaque communauté dans le monde et gardant la porte ouverte à une réalité dans laquelle chacun peut contribuer au bien de tous et, en retour, recevoir l’attention et la protection nécessaire du grand Tout. C’est un merveilleux exercice que d’imaginer ce que cela signifierait si ce principe gouvernait, ne serait-ce que minimalement, les relations nationales et internationales.

L’ONU

Là encore, heureusement pour l’humanité, beaucoup de choses utiles et d’expériences pratiques allant dans ce sens ont déjà pu être réalisées grâce aux activités des différents organes de coopération internationale que l‘humanité a créé, en particulier les Nations Unies et ses institutions spécialisées. A l’instar de toute organisation créée par l’homme, elles ont forcément leurs faiblesses, comme leurs détracteurs s’empressent de relever. Néanmoins, toute faiblesse peut être corrigée et remplacée par de meilleures structures au fur et à mesure que la vision de l’interdépendance humaine devient plus clairement définie. Et il est certain qu’ensemble, elles montrent le chemin vers un avenir meilleur pour tous.

Mais l’humanité aura-t-elle la sagesse et la détermination de poursuivre un chemin dans ce sens ? Voilà la grande question de notre temps. C’est là qu’il est si important de cultiver une bonne volonté pratique. La bonne volonté, ou la bonté innée, est au cœur même de chaque être humain sans exception, bien qu’il faille admettre que, chez certains, il faut faire un travail de fouille pour la trouver ! Elle peut toutefois être éveillée et traduite dans la vie pratique d’une large majorité de personnes à partir du moment où la vision de l’unité humaine et les bénéfices d’un ordre du monde coopératif sont clairement présentés et explicités, ce qui est une tâche qui revient, entre autres, aux médias, tant du registre traditionnel que social. C’est là le moyen de jeter un pont entre les deux rives de cette polarisation qui fait la ruine de l’expression du meilleur côté de la nature humaine et entrave sa progression sur le chemin de liberté d’amour et de responsabilité de l’ordre divin.

Tous les êtres soutiennent le ciel tout entier

Qu’est-ce que cela signifie de dire que quelqu’un est un homme ou une femme ? Cette question peut sembler ridicule, nous savons tous, en tout cas dans notre for intérieur, CE QUE nous sommes, n’est-ce pas ? Puisque les différences biologiques sont (généralement) évidentes. Et pourtant, depuis plus de 2000 ans on a reconnu, d’abord sous le nom d’hermaphrodite, puis depuis le 20ème siècle sous le nom d’intersexe, qu’une petite proportion d’humains pouvait présenter dans un même corps des caractéristiques des deux sexes. D’ailleurs dans de nombreuses sociétés traditionnelles, il existe un mot pour nommer ces personnes considérées comme appartenant à un troisième sexe. Peut-être ne devrions-nous pas nous précipiter pour affirmer que masculinité et féminité sont des catégories bien distinctes et permanentes. Il suffit de penser à la façon dont les changements hormonaux, tant avant la puberté qu’après le milieu de la vie, peuvent amener des personnes à manifester certaines caractéristiques typiques du sexe opposé, comme par exemple la voix pure de soprano d’un petit garçon.

Assez parlé des facteurs physiques, qu’en est-il des facteurs psychologiques et sociétaux ? Peut-on dire que le genre est totalement dans la tête – ou dans la culture ? Tout le monde sait que chaque culture crée et impose certaines attentes quant au rôle des hommes et des femmes dans la société. Certes, une partie de ces codes peut être dictée par la religion prédominante dans une certaine culture, mais une femme musulmane en Arabie Saoudite dispose d’une gamme de libertés différente de celle d’une femme musulmane en Indonésie, donc la religion ne fait pas tout.

Et qu’en est-il des pensées et des sentiments de chaque individu ? Dans les siècles passés, être né dans un corps d’homme ou de femme était immuable, quel que soit le vécu de l’individu « à l’intérieur » de ce corps. Mais depuis le vingtième siècle, ce n’est plus vrai, les procédures médicales de changement de sexe sont devenues de plus en plus sophistiquées. Il ne reste pas moins que le fait de se soumettre à ces interventions physiques est une démarche d’importance, sans parler des souffrances mentales et émotionnelles provoquées par l’opposition de l’entourage. Il faut donc croire que ceux et celles qui choisissent de s’engager sur ce chemin difficile ont une motivation puissante pour le faire. Probablement que, dans leur esprit, ils/elles ressentent qu’une partie essentielle de leur identité est liée au physique du sexe « opposé » à leur corps d’origine.

Amis lecteurs, vous vous demandez peut-être à ce point ce que ces réflexions sur le genre et le sexe biologique ont à voir avec le thème de la polarisation. La réponse à cette question réside dans ce moment culturel englobé dans l’émergence des mouvements #MeToo (#BalanceTonPorc) et « Time’s Up ». Ces expressions récentes d’un activisme féministe nécessaire se centrent sur les problèmes structurels des abus sexuels, du harcèlement et des inégalités qui sont le lot des femmes et source de terribles souffrances, au travail et ailleurs, depuis la nuit des temps dans la plupart des parties du monde. Ces mouvements critiquent à la fois l’attitude et les structures collectives qu’on peut étiqueter patriarcales et les actions et attitudes de certains hommes en les enveloppant dans le concept de « masculinité toxique ». On pourrait bien sûr arguer que ces mouvements ne font que développer notre sens de polarisation au sein de la société du fait qu’ils mettent en exergue les différences entre les hommes et les femmes et soulignent les injustices et incompréhensions entre les sexes.

Mais il s’agirait là certainement d’une mauvaise interprétation, ce serait regarder le pouvoir croissant du féminin avec un verre déformant qui considère toutes les interactions humaines sous l’angle gagnant-perdant ou victime-abuseur. Ce serait même retourner à l’image séculaire de la « bataille des sexes », alors qu’une compréhension approfondie du stress émergeant dans les relations entre les genres devrait nous permettre une vision plus nuancée et porteuse d’espoir. Nous avons besoin d’un certain degré de polarisation pour faire naître un nouvel équilibre – et c’est bien ce qui semble se passer.

Prenons, par exemple, l’émergence d’un dialogue autour du consentement dans les relations sexuelles. C’est une évolution du message « quand je dis non, c’est non », qui est quand même généralement compris, vers l’attente que les hommes commencent à remarquer et à respecter des signaux un peu plus subtils, éventuellement non-verbaux, que les femmes leur envoient pour exprimer leur non-désir de pousser les choses plus avant. Ce sont là des sujets qui mettent en lumière la relation du masculin au pouvoir, ainsi que la communication non-verbale dans les relations, qui ont à voir avec quelques-unes des structures les plus subtiles de la conscience à la base des inégalités sociales et économiques. C’est pourquoi trouver des moyens d’éduquer les hommes à reconnaître et à respecter ces signaux non-verbaux et ensuite à exercer une retenue appropriée, devrait améliorer non seulement les relations individuelles entre les femmes et les hommes, mais aussi à contribuer à introduire des changements structurels au travail et dans la vie quotidienne.

Cette question du consentement n’aurait peut-être pas fait surface aussi rapidement s’il n’y avait pas eu à la fois le mouvement #MeToo (#BalanceTonPorc) (qui se centre essentiellement sur les cas d’abus sexuels ne prêtant à aucune équivoque, mais qui avaient, jusque-là, été balayés sous le tapis) et, d’autre part, le fait que, selon des études américaines, les femmes se placent aujourd’hui mieux que les hommes sur toute une série de paramètres économiques et éducationnels et se trouvent ainsi en meilleure position pour montrer moins de tolérance envers les vieux schémas comportementaux. Les relations entre hommes et femmes sont en train de subir des changements capitaux qui ont des retombées sur les deux sexes. Dans son livre « The End of Men », la journaliste et écrivaine Hanna Rosin, relève que, dans certaines classes socioéconomiques du moins, cette évolution a pour conséquence une multiplication de situations de mères célibataires, du fait que les femmes décident de plus en plus souvent qu’elles n’ont plus besoin d’un homme pour assurer leur subsistance. On peut aussi faire un autre lien avec le déclin des emplois manuels et le développement du secteur tertiaire et des services, secteur qui tend à privilégier les compétences relationnelles et humaines dans lesquelles les femmes ont toujours excellé. Pour dire les choses simplement, le rôle traditionnel de l’homme en tant que soutien de famille est en train de s’éroder, ce qui devrait, à long terme, mener à une saine transformation de l’identité masculine. En y regardant de plus près, on observe que ce rôle de chef de famille a fonctionné dans une économie capitaliste comme substitut partiel du rôle biologique de l’homme en tant que protecteur. Ce qui fait que l’importance psychologique de cette érosion va plus loin que ce qu’on penserait à première vue. Les hommes sont confrontés à une crise existentielle identitaire : s’ils ne sont plus ni pourvoyeurs ni protecteurs, alors quel rôle peuvent-ils maintenant assumer ? Cette crise pourrait expliquer l’émergence de groupes visant à redéfinir la masculinité, tels que Rebel Wisdom(1), Promundo(2) et Next Gen Men(3). Il est important d’affirmer que les rôles des hommes et des femmes changent pour qu’ils puissent s’entre-aider à avancer sur le chemin de la découverte de ce que signifie féminité et masculinité aujourd’hui.

Bien entendu, les différences biologiques et hormonales ne vont pas disparaitre (bien que la pollution chimique de produits tels que le BPA, qui imite l’effet des œstrogènes, pourrait bien affecter ces différences) ; mais le paysage psychologique et social est chamboulé pour tout le monde. Les siècles de trauma endurés par les femmes réclament à grands cris guérison et transformation. Pourtant, alors que la cristallisation du rôle masculin en tant que principal pourvoyeur était un produit malsain, et même opprimant, du patriarcat, sa dissolution, toute graduelle et partielle qu’elle soit, n’en est pas moins traumatique pour un certain nombre d’hommes, bien que de façon moins violente. C’est dans cette mouvance que les innombrables multitudes d’hommes et de femmes affrontent le besoin de changement. La réalité est que le chemin vers des relations saines et équilibrées entre les sexes est inévitablement bardé d’écueils. Ce sont peut-être les femmes, avec leur profonde compréhension des émotions et des relations, elles qui historiquement ont le plus souffert, qui sont le mieux placées pour permettre la guérison de ce trauma.

Ainsi, la question qui se pose est bien : pouvons-nous, hommes et femmes, trouver comment affirmer les caractéristiques positives généralement associées à chaque genre sans tomber dans le piège d’une répétition de rôles et de structures stéréotypés ? Prenons, par exemple, la notion d’agression : pouvons-nous trouver des moyens de canaliser cette énergie positivement dans la société (tant dans sa forme féminine que masculine), en la repensant comme un état d’esprit audacieux, aventureux qui recherche un changement dynamique et positif ? Nous sommes confrontés à un nombre de crises globales à l’heure actuelle qui bénéficieraient largement d’un tel esprit, exprimé par les femmes et les hommes. Il est clair que le changement climatique ne nécessite pas seulement des mesures progressives, mais des décisions téméraires voire risquées ; le système économique actuel ne fonctionne de toute évidence pas pour la majorité et un bricolage dans les entournures ne suffira pas à produire justice et égalité. Ajoutons à cela que la notion « d’être nourrissant », qui peut être vue de façon stéréotypée comme passive, devrait en fait aussi être comprise comme un soutien et une régénération de nos relations avec les autres règnes de la nature, de même qu’une façon créative de réinventer des moyens de vivre en communauté les uns avec les autres. Si cette attitude semble répéter la sagesse du Tao, selon laquelle les deux pôles se complètent pour produire l’harmonie, eh bien, ce n’est pas pour rien que cette sagesse est appelée « intemporelle » ! Quand la polarisation est perçue comme deux pôles opposés figés, il n’y a plus de possibilité d’avancer : mais lorsqu’elle s’exprime en une danse fluide entre les pôles, le mouvement et l’évolution en découlent naturellement.

Il serait illusoire de prétendre que le progrès en ce sens se fera facilement. Pour prendre un exemple, la question des Droits Humains concernant la généralité et la sexualité est tellement controversée que les Nations unies n’ont pas encore réussi à se mettre d’accord sur une Déclaration formelle (des propositions ont été faites en 2008 et 2011). Il y a pourtant des signes d’espoir. Un document, qui pourrait bien être la graine d’une future Déclaration, a été créé par un rassemblement international de groupes de défense des droits humains qui se sont réunis à Yogyakarta en Indonésie en novembre 2006. Les principes de Yogyakarta (4), mis à jour en 2017, visent à appliquer les principes du droit international aux abus et violations des droits humains des populations gay, lesbiennes, bisexuelles, transgenres et intersexes, en d’autres termes, de toutes les personnes qui n’entrent pas clairement dans le moule des stéréotypes traditionnels de la généralité et de la sexualité.

Car en fin de compte, ne cherchons-nous pas tous autant que nous sommes, femmes ou hommes, ou entre les deux, ou au-delà, à être reconnus pour qui nous sommes vraiment et pour ce que nous pouvons apporter au grand Tout ? Ne souhaitons-nous pas tous laisser le centre spirituel de notre être, notre âme, s’exprimer librement à travers nos véhicules physique, émotionnel et mental, quel que soit notre genre ? Lorsque nous devenons capables de déplacer volontairement notre sens d’identité dans notre âme, au-delà du corps, des sentiments et du mental, nous pouvons commencer à réaliser que les genres « opposés » se synthétisent en fait en un tout et peuvent réorienter l’énergie infinie de l’esprit au service du monde. Nous comprenons alors les concepts de « male » et « femelle » comme un simple code pratique résumant certaines constellations de qualités auxquelles on peut se référer quand bon nous semble. Lorsque cet état d’être sera la règle générale, alors nous pourrons élargir la fameuse phrase de Mao « Les femmes soutiennent la moitié du ciel » à la pensée, qui sera devenue réalité, que « tous les êtres soutiennent le ciel tout entier ».

1. www.rebelwisdom.co.uk

2. https://promundoglobal.org

3. https://nextgenmen.ca

4. http://yogyakartaprinciples.org

Construire la communauté: Lancer des ponts qui transcendent les divisions d’identité culturelle

Nous vivons une période déroutante pour de nombreuses personnes intelligentes de bonne volonté. Les problèmes de division et de polarisation religieuse, ethnique, raciale et culturelle peuvent être profondément perturbants pour tous ceux qui reconnaissent l’unité fondamentale de la vie. Quand cette unité semble être niée, parfois de façon très virulente, par des groupe de communautés majoritaires ou minoritaires qui tentent d’imposer leurs propres programmes culturels ou religieux, arriver à trouver une voie du milieu qui lance des ponts par-dessus les divisions, tout en restant fidèle aux valeurs universelles, s’avère un véritable défi. Il est certain que lorsqu’on aborde les sujets problématiques (éducation, santé, ordre public, chômage, etc.) uniquement à travers le regard compétitif de groupes raciaux ou religieux, il devient difficile d’insuffler confiance, bonne volonté ou simple respect dans les relations. La polarisation a exactement le même effet, au niveau national, qu’une artère bloquée : elle interrompt la circulation de l’ensemble des énergies nécessaires pour maintenir le système en santé.

Nous vivons une époque de plus en plus interdépendante. Alors que de nombreuses communautés dans le monde continuent à être culturellement et religieusement relativement homogènes, d’autres deviennent plus diversifiées et mélangées. Nous traversons les frontières et circulons autour du globe en nombre démultiplié comme jamais auparavant et il est peu probable que ce mouvement s’arrête. Le Pacte Mondial sur les Migrations des Nations Unies, qui devrait être adopté incessamment (a été adopté le 11-12-18) par les pays participants après de longues discussions et négociations, reconnait ce principe et vise à développer une approche que les gouvernements peuvent utiliser comme base de coopération et de coordination.

Notre époque nous lance aussi un véritable défi. Les cultures se frottent les unes aux autres, parfois de très près, et ce pendant une période de changement rapide et d’incertitude politique et économique. Les individus et les sociétés sont soumis à un stress énorme. Dans la plupart des pays occidentaux, les cols bleus ont de plus en plus de mal à trouver un travail stable, sécure et satisfaisant. Nos vies sont perturbées par des changements rapides de visions sociales (par exemple la genralité et l’orientation sexuelle) ; par l’utilisation répandue d’un langage irrespectueux dans les médias sociaux et les conversations nationales ; par une perte de confiance dans les institutions religieuses qui, traditionnellement, étaient celles qui aidaient la population à s’adapter au changement. Nous vivons une époque où notre envie de « plus grand, plus beau, plus prestigieux » est constamment stimulée et entretenue par des économies fondées sur la concurrence et la croissance, alors que le niveau global des salaires est resté stagnant pour l’essentiel de la masse salariale, si même il n’a pas chuté, pendant qu’une petite élite semble la seule à profiter des bénéfices financiers de la croissance commerciale. On a l’impression que, pour beaucoup, la qualité de vie dans les domaines fondamentaux, tels que la santé, l’éducation et le logement, suit une spirale descendante. Il n’est donc pas étonnant que, pour tant de personnes, l’avenir semble morose.

Il est donc inévitable que, dans une telle situation, des conflits interculturels au sein des nations (voire même des villes et des localités) se trouvent exacerbés. Ceci reflète la transition, déjà largement engagée, d’un âge de séparation à un âge de synthèse. Toute transition est un processus difficile qui entraîne pertes et souffrances. Ces souffrances devraient pouvoir être atténuées par une vision élargie des possibilités futures. Malheureusement, cette vision a été sur-politisée et exprimée de façon excessivement simpliste, comme à l’emporte-pièce. Si l’on veut que cette vision d’une coopération réalisable imprègne l’imagination populaire, il faut maintenant qu’elle soit présentée avec clarté et fougue spirituelle.

Ce sentiment d’appartenir à Une Humanité, à La Vie, largement partagé, bien que pas universellement, implique en même temps la reconnaissance de l’unicité de chaque être humain individuel, ainsi que la riche diversité de cultures, de croyances et de façons de vivre, chacune avec ses qualités propres et ses défis. Ce sens d’unité inclut la reconnaissance de l’émergence d’une communauté mondiale, jalon du Grand Tournant vers une ère d’interdépendance. Avant le Brexit et la montée récente de nationalisme populaire, l’esprit multiculturel et pluraliste était généralement considéré comme caractérisant la nouvelle ère vers laquelle l’humanité est en marche. Mais maintenant, il y a dans l’air comme une méfiance face à cette ouverture à la diversité et l’insinuation cynique qu’elle ne serait qu’une idéologie répandue par les élites culturelles ; rien de plus qu’une formule politiquement et culturellement correcte masquant la réalité d’un esprit de séparation qui est inhérent à la nature humaine.

La bonne volonté et l’esprit de coopération entre divers éléments face aux défis d’un âge d’interdépendance sont mis à l’épreuve maintenant plus que jamais. Sur le long terme, cela est certainement une bonne chose. Ceux qui tentent d’aborder les problèmes de division raciale ou religieuse à leur source sont obligés d’approfondir leur compréhension et leur pratique de l’action juste; mais aussi de vraiment « voir » chaque participant dans un conflit local ou national (en honorant l’individualité et l’identité de groupe de chacun et en cherchant à comprendre la source de sa colère, de ses blessures et de ses peurs) ; de dépasser les slogans simplistes et de développer des compétences pour combler les divisions culturelles en trouvant les moyens de s’occuper des inquiétudes de toutes les communautés impliquées. Reconnaître que le conflit et la polarisation existent est le premier pas d’une recherche honnête de résolution de conflit qui doit mener vers des valeurs communes et universelles de bonté, de beauté et de vérité. Au-delà des slogans vociférés bruyamment de part et d’autre, parfois même avec violence, il y a certainement beaucoup de questionnement et de quête de sens. Cette quête s’exprime dans tous les efforts faits pour comprendre la peur de l’autre et les souffrances transmises qui font le lit de tous les conflits raciaux et religieux. Elle est aussi à l’origine d’une réflexion généralisée sur la nature de l’identité culturelle et la façon dont elle contribue à former une identité nationale forte et confiante, qui, à son tour, devient constitutive d’un solide sentiment d’appartenance à l’espèce humaine. C’est sur cette base que notre vision multiculturelle se trouve repensée. Et cette réévaluation est en route tant au niveau local que national et global partout dans le monde ; tout comme elle se manifeste au travers d’initiatives dans les domaines juridiques, de l’éducation, des affaires communautaires et dans toutes les professions. Les exemples sont foison, mentionnons le Civil Rights and Restorative Justice Project(1) de la Northeastern University à Boston, qui est devenu un site ressource aux Etats-Unis encourageant toutes les tentatives de réconciliation raciale fondées sur le dialogue ; un projet de l’UNESCO(2) développé en Autriche, au Zimbabwe, en Thaïlande et au Costa Rica grâce à des programmes-pilote destinés à former des enseignants à transmettre à leurs étudiants des compétences de dialogue interculturel.

Dans le monde actuel, une façon d’avancer pour ceux qui sont rebutés par les débats polarisés entre groupes culturels, serait d’assumer la responsabilité de créer une atmosphère de coopération autour d’une préoccupation commune à tous les groupes ethniques et religieux. Ceci ne veut pas dire que tous les lecteurs de ce bulletin doivent s’engager dans une forme ou une autre d’ « activisme » politique ou communautaire. Certains sont déjà impliqués dans cette mouvance à leur façon, mais pour d’autres « prendre la responsabilité de créer du nouveau » pourrait signifier une observation pointue de ce qui se passe dans le monde des relations interculturelles ; ou encore, une réflexion sur le potentiel de coopération dans leur propre environnement ou dans le domaine d’activité (religion, santé, justice, etc.) qui les intéresse le plus. Une telle réflexion vivante viserait à relever les domaines dans lesquels la coopération commence à s’épanouir, en étant capable de voir à travers ses imperfections toutes humaines et au-delà des illusions et des fascinations profondément ancrées et qui mettront longtemps à se dissiper.

Dans les générations précédentes, les luttes syndicales, les Suffragettes et les mouvements de Droits Civils ont permis aux forces populaires de bonne volonté de s’organiser et de se mobiliser, ce qui a entraîné une amélioration certaine de la qualité de vie. Le philosophe Kwame Anthony Appiah propose que les visions politiques en matière d’identité soient reformatées de façon à devenir « plus productives » et moins oppositionnelles, rassemblant les personnes concernées par un problème dans un même mouvement expérimentant des moyens de combler les fossés pour surmonter les inégalités ; de façon aussi à s’assurer que « personne ne soit oublié » comme essaient de le faire les Nations Unies ; ou encore à se battre pour de meilleures écoles, un meilleur accès aux soins de santé et une plus grande sécurité dans les quartiers violents. Des mouvements tels que le groupe d’action contre le changement climatique 350.org ont le potentiel de fédérer les personnes de bonne volonté de communautés tant majoritaires que minoritaires et, dans ce combat, les campagnes sont un moyen important pour permettre aux « gens ordinaires » de s’impliquer dans la construction d’un monde meilleur pour tous.

Alors qu’une atmosphère de bonne volonté évite tout esprit de parti et détourne l’attention des critiques négatives, elle éveille naturellement une volonté populaire de façonner un monde meilleur et la croyance en la possibilité qu’il sera possible de créer de meilleures écoles, un meilleur système de santé, un travail plus épanouissant pour toutes les communautés, qu’elles soient majoritaires ou minoritaires ; et qu’il sera possible d’accomplir des progrès marquants dans les prochaines décennies si c’est ce que suffisamment de personnes veulent vraiment. Les personnes qui partagent cette volonté pour le bien de tous doivent être capables de participer à des débats, des discussions et des négociations sur la façon d’avancer tout en reconnaissant un objectif commun en respectant les différences.

Le point peut-être le plus important à relever, quand il s’agit d’enjamber les divisions en matière d’identité culturelle, est qu’il y a aujourd’hui plus d’initiatives transformatives, créant des espaces de quête spirituelle, de dialogue et d’action dans ce domaine, que jamais auparavant. C’est juste que ces initiatives ne font pas les gros titres. Mais quand on cherche sur internet, on découvre un nombre incalculable d’initiatives bien établies et influentes, travaillant à la résolution de conflits interraciaux ou interreligieux au niveau local, national, régional et global. On compte parmi elles : les Conflict Transformation Strategies(3) (Stratégies de résolution de conflits) et les Racial Healing Resources(4) (Guide de ressources sur l’équité raciale) dont la boite-à-outils rassemble une série de ressources pratiques qui ont fait leurs preuves dans des écoles et des communautés en facilitant des dialogues entre groupes opposés qui permettent de passer du conflit à l’entente et mènent parfois même à des actions communes. L’ONG Search for Common Ground(5), recherche de terrain d’entente, a développé de nombreux programmes partout dans le monde, utilisant des pratiques telles que l’Ecoute active, qui permet à l’autre de se sentir entendu et reconnu ; l’exploration et la compréhension des enjeux profonds de l’autre au-delà de la position présentée; l’identification et l’évitement des assomptions, dans la mesure du possible, et leur vérification quand elles sont présentes. Au niveau international, la United Nations Alliance of Civilizations(6), l’Alliance des Civilisations des Nations Unies (UNAOC) a des programmes bien établis visant à améliorer le dialogue, la compréhension et la coopération entre les cultures. En 2017 le Secrétariat du Commonwealth a créé une Unité(7) ayant pour but de soutenir les stratégies nationales de lutte contre l’extrémisme violent au sein des 53 états membres du Commonwealth. Tous ces programmes continuent à mettre en lumière la multitude d’initiatives qui se sont donné pour mission d’encourager les approches approfondies des moyens de jeter des ponts pour enjamber les divisions entre les cultures, afin de permettre la coopération pour le bien de tous.

1. http://rjp.umn.edu/projects/race-relations-and-restorative-dialogue-resource-site-nationwide-efforts-promoting-dialogue

2. https://en.unesco.org/news/building-intercultural-skills-austria

3. https://racialequitytools.org/act/strategies/conflict-transformation

4. http://racialequitytools.org/act/strategies#ACT18

5. https://www.sfcg.org/what-exactly-is-the-conflict-around-race/

6. https://www.unaoc.org

7. http://thecommonwealth.org/countering-violent-extremism

Image Credits:

Top banner Kim Paulin, https://www.flickr.com/photos/axlape/1463432010/in/album-72157602209067430/ (CC BY-NC-SA 2.0 licence)
In "People Hold Up Half the Sky" Polarities: Yin and Yang ©Millicent Hodson
In "Building Community: Bridging the Divides in Cultural Identity"  Marco Verch, https://www.flickr.com/photos/30478819@N08/21464593154/in/album-72157659643913076/ (CC BY 2.0 licence); and Shutterstock, ValeStock, www.shutterstock.com
In "The Mantram of Unification" Shutterstock, Hibiki Nakata, www.shutterstock.com

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