Les Principales Dynamiques actives durant le Sommet 2022 sur la Transformation de l’Éducation de l’ONU

Cette année, le Sommet sur la Transformation de l’Education de l’ONU a été, selon les mots d’Amina Mohamed, la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies, un événement unique en son genre, car il réunissait des chefs d'État, des acteurs majeurs de l'éducation – tant gouvernementaux que non gouvernementaux – et des représentants de la jeunesse. La structure du Sommet – répartie sur trois jours, commençant par la Journée de Mobilisation menée par les jeunes, passant ensuite à la Journée des Solutions, orchestrée par les principaux acteurs de l'éducation, et se terminant par la Journée du Leadership impliquant des chefs d'État – a marqué l'intention de l'ONU d'impliquer plus activement les jeunes dans le processus d'élaboration des politiques, étant donné que les résultats futurs de toute politique décidée aujourd’hui les concernent principalement.

Dans son allocution lors de la Journée de Mobilisation, le Secrétaire général Antonio Guterres a de nouveau souligné le début de la transition marquée par ce Sommet en décrivant les quatre stades de la relation entre les décideurs politiques et les jeunes. Au premier stade, la politique est imposée aux jeunes, qui sont par ailleurs ignorés. Au deuxième stade, les jeunes sont abordés à travers des instruments de propagande pour leur potentiel, reconnu et exploité, en tant que moteurs sociaux. Le troisième stade voit les jeunes dans un rôle de conseil, où ils donnent leur opinion mais ne sont pas directement impliqués. Le quatrième stade, dans lequel nous nous trouvons actuellement, est celui de la responsabilité, supposant une implication directe des jeunes dans l'élaboration des politiques. António Guterres a en outre insisté sur :

  • Le besoin de coopération plutôt que de compétition dans l’Education
  • Le besoin d’un modèle éducatif qui répare les clivages plutôt que de les accentuer ou de préserver les inégalités (par ex. la division privé/public)
  • Le besoin de résoudre les problèmes d’accès à l’éducation de manière à régler efficacement les problèmes de qualité
  • Le besoin d’atteindre, mieux que dans le passé, les objectifs convenus

En concluant son allocution, on pourrait faire valoir que le Secrétaire général Guterres a passé le flambeau de la responsabilité pour l'avenir aux jeunes un peu trop facilement, omettant peut-être de reconnaître plus explicitement que tant les ressources matérielles que certaines compétences requises pour mettre en œuvre – sans parler de la préparation – tout plan visant à transformer quoi que ce soit, ne sont pas entre les mains des jeunes mais entre les mains des responsables de la réalité « dystopique » actuelle. Son omission a été corrigée dans les remarques de clôture de David Archer lors de la Journée des Solutions. Représentant la Campagne Mondiale pour l'Education et l'Aide à l'Action, Mr. Archer a coordonné la piste d'action thématique 5, concernant le financement de l'éducation. Il a clairement indiqué que, sans un financement réussi, aucune des solutions proposées pour les quatre autres volets ne serait mise en œuvre.

Le thème principal de la Journée de Mobilisation était le large consensus sur la nécessité d'impliquer activement les jeunes dans la refonte de l'éducation. Cependant, le point de vue du nombre important de jeunes présents au Sommet sur la façon dont cela se concrétiserait était différent de celui des participants plus matures, indépendamment du fait que les deux groupes semblaient alignés dans leurs intentions. Les jeunes ont constamment parlé de s'engager activement dans le processus de transformation de l'éducation, ce qui signifiait pour eux la création d'un nouveau système. Des acteurs plus établis ont constamment parlé de la nécessité d'intégrer la voix des jeunes dans le système actuel, par le biais des processus actuels. Bien que cela puisse sembler mineur, c'est pourtant révélateur d'un défi majeur auquel notre société est confrontée à l'échelle mondiale. Les personnes impliquées dans un système établi ont du mal à accepter son échec ou la fin de son utilité et la nécessité d'une refonte majeure qui se traduira par un nouveau système. La difficulté à reconnaître à temps les défauts et les insuffisances du système est généralement suivie d'une campagne visant à revigorer le système en absorbant le potentiel des jeunes pour réparer les problèmes existants.

Pourtant, indépendamment de la sensibilité aux tendances psychologiques mondiales des participants au Sommet, ils ont, le premier jour, fait un excellent travail en présentant les principaux problèmes de l'Education. Plus important encore, le deuxième jour, ils ont présenté des solutions brillantes qui pourraient éradiquer ces problèmes au cours du siècle prochain, à condition que les gens soutiennent les gouvernements qui choisissent de s'engager massivement dans l'éducation, en investissant les fonds et les ressources humaines nécessaires.

Deux questions auxquelles tous les représentants des jeunes ont fait référence dans leur allocution étaient le climat et l'inclusivité au-delà du sexe, de la race, de la géographie, de la croyance, du revenu, etc. Ils ont été entendus à maintes reprises tout au long de la première journée du Sommet. Les événements météorologiques extrêmes ont été classés comme crises majeures perturbant actuellement l'éducation de 40 millions d'enfants, classé ainsi au côté d'autres événements perturbateurs majeurs tels que la guerre ou les crises sanitaires.

Lors de la Journée des Solutions, les trois axes mis en exergue étaient : la nécessité d'investir avant tout dans les personnes - le Japon défendant fortement ce point ; la perception des fonds dirigés vers l'éducation comme un investissement plutôt que comme une dépense, la Finlande présentant un exemple vivant des résultats bénéfiques de cette approche ; et les avantages des ressources numériques qui, une fois créées, peuvent être utilisées encore et encore et être librement distribuées des pays les plus riches vers les pays les plus pauvres, un point souligné principalement par la Grèce.

Dans l'ensemble, l'un des aspects les plus encourageant du Sommet a été la reconnaissance généralisée de la nécessité de repenser la finalité de l'Education afin de la transformer efficacement. Cela a été reconnu, de différentes manières, dans les 1-2 premières minutes de chaque allocution. Un autre signe positif du Sommet a été le fait que les solutions proposées ont abordé toutes les questions soulevées par le grand public ainsi que plusieurs questions que le grand public n'a pas encore saisies. Et il était encourageant de constater que tous les acteurs impliqués dans le processus avaient une vision plus ou moins holistique des aspects sociaux – politiques – économiques impliqués dans la mise en œuvre de solutions transformatrices à long terme.

Enfin, pour la première fois, une Facilité Internationale de Financement pour l'Education (International Financing Facility for Education) a été créée pour – comme cela a été dit lors du Sommet – acheminer les fonds destinés à l'éducation des pays les plus riches vers les pays les plus pauvres. Elle a été codéveloppée avec les gouvernements britannique, suédois et néerlandais, ainsi qu'avec la Banque Asiatique et Africaine de Développement (Asian and African Development Bank).


Veuillez trouver ici un résumé des résultats du Sommet sur la Transformation de l’Education de l’ONU
Lire sur le Sommet 2022 de l’ONU sur la Transformation de l’Éducation - Sessions de la Journée des Solutionsici.
Lire sur The Tranformative Power of Education en anglais, ici.
Lire davantage sur Éducation dans le Nouvel Âge ici.

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