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CHAPITRE V LES ÉTAPES DE LA MÉDITATION

CHAPITRE V

LES ÉTAPES DE LA MÉDITATION

"Que ferais-tu, au-dedans, Ô mon âme, ma Sœur ? Que ferais-tu au-dedans ?

Ferme la porte et la fenêtre que personne ne nous voie : Que seuls nous soyons

(Seuls, face à face

En ce lieu qu'éclaire la flamme !) Lorsque, pour la première fois,

Nous commencerons à nous parler."

EVELYN UNDERHILL

Nous avons étudié brièvement les objectifs que nous avons en vue lorsque nous cherchons à réorienter le mental vers l'âme et que, par l'union ainsi réalisée, nous entrons en communication avec un monde d’Être supérieur. Nous cherchons à utiliser l'équipement qu’une longue série d’expérimentations et d'expériences de la vie nous a pourvus et, soit que nous entreprenions le travail du point de vue du dévot mystique, ou du point de vue de l'aspirant intellectuel, certaines conditions fondamentales doivent être remplies, avant de procéder à des exercices précis. Les paroles du Révèrent R. J. Campbell résument notre histoire et définissent notre tâche. Il dit :

"Dans le dessein de réaliser la nature du Soi, nous avons dû sortir de la demeure éternelle de Dieu, afin de lutter et de souffrir dans l'illusion du temps et des sens. Nous avons à vaincre, avant de pénétrer dans l'éternelle vérité qui gît au-delà de toutes les apparences. Nous avons à maîtriser la chair et à magnifier l'esprit, à mépriser le monde pour le sauver et à perdre la vie pour la trouver."

Maintenant, considérons la situation et la méthode à laquelle nous devons nous soumettre si nous voulons atteindre le but. Il suffit de mentionner les conditions préliminaires, car elles sont universellement reconnues et sont partiellement remplies par tout débutant, faute de quoi il n'entrerait pas dans [92] cette phase particulière de la séculaire recherche de la vérité.

Nous sommes conscients d'une dualité en nous et d'un état de guerre entre les deux aspects qui nous constituent. Nous sommes profondément mécontents de la vie physique dans son ensemble et de notre incapacité de saisir et de comprendre la divine Réalité qui, espérons-nous, existe. Elle demeure pour nous un élément de foi et nous voulons la certitude. La vie des sens ne semble pas nous porter assez loin sur le chemin conduisant au but. Nous menons une existence mouvante, parfois portés par nos plus hauts désirs jusqu'à un sommet merveilleux où nous demeurons le temps d'une vision de beauté et puis, nous sommes précipités dans l'abîme de notre entourage quotidien, de notre nature animale et du monde chaotique dans lequel notre destinée nous a placés. Nous pressentons une certitude qui toujours nous échappe ; nous luttons pour un but qui semble hors de nous-mêmes et qui se dérobe à nos efforts les plus frénétiques ; nous combattons dans l'angoisse afin de parvenir à une réalisation que les Saints et les Connaissants de la race ont continuellement attestée. Si notre volonté est assez forte, notre détermination persévérante et indomptable, si les anciennes règles et les formules sont comprises, nous pouvons aborder notre problème sous un angle nouveau et utiliser notre acquis mental, au lieu de la demande émotionnelle et le désir fiévreux.

Cependant, l'activité du cœur a sa place et Patanjali, dans [93] ses Aphorismes, qui ont guidé les Connaissants par centaines, dit :

"Les pratiques qui suscitent l'union avec l'âme sont, premièrement, l'aspiration ardente, puis la lecture spirituelle et finalement la complète obéissance au Maître."[1]

Le mot "aspiration" vient du latin "ad" et "spirare" respirer, aspirer à, ainsi que l'explique le dictionnaire Webster. Le mot "esprit" a d’ailleurs  la même racine. L'aspiration doit précéder l'inspiration. Il doit y avoir une expiration de la part du soi inférieur avant qu'il puisse y avoir une aspiration de la part du principe supérieur. Du point de vue mystique oriental, l'aspiration implique l'idée de feu. Elle dénote un désir brûlant et une détermination ardente qui apporteront finalement trois choses à l'aspirant. Cela projettera une lumière implacable sur ses problèmes et constituera la fournaise purificatrice dans laquelle le soi inférieur doit descendre, afin que toutes les scories soient consumées et détruites, ainsi que tous les obstacles qui pourraient le retenir. La même idée de feu se trouve dans tous les livres sur le mysticisme chrétien, et beaucoup de passages de la Bible, d'une nature similaire, nous viennent à l'esprit. L'acceptation de "porter la croix", "d'entrer dans le feu", de "mourir chaque jour" (peu importe quel symbolisme est employé) constitue la caractéristique du véritable aspirant et, avant que nous puissions nous engager sur le chemin de la méditation, et, par là, sur les traces des innombrables Fils de Dieu qui nous ont précédés, nous devons en jauger la profondeur et la hauteur [94] et nous armer de courage pour l'ascension ardue et l’effort âpre.

Nous devons dire avec J. C. Earle :

"Je passe le vallon. J'affronte la pente. Je porte la croix : la croix me porte.

La lumière m'emmène à la lumière. Je pleure

De joie à ce que j'espère voir

Lorsque, enfin arpentée la hauteur escarpée, Pour chaque pas péniblement franchi,

Je traverse des mondes et des mondes de lumière

Et perce quelque profondeur plus profonde de Dieu."[2]

Nous partons avec une compréhension émotionnelle de notre but, et, de là, passant à travers le feu de la discipline, nous atteignons les hauteurs de la certitude intellectuelle. Ceci nous est magnifiquement décrit dans la Bible, dans l'histoire de Shadrach, Meshach et Abednego. Nous lisons qu'ils avaient été précipités dans une fournaise ardente et cependant le résultat de cette apparente tragédie est la libération, au milieu d'eux, de la forme d'une quatrième entité dont l'apparence était celle d'un Fils de Dieu. Ces trois amis sont les symboles de l'homme inférieur triple. Le nom "Meshach" signifie "agile", une faculté  du mental discriminateur, le corps mental. Shadrach, signifie "qui se réjouit dans la voie", et décrit la transmutation du corps émotionnel et la réorientation du désir vers le Sentier. Abednego signifie "un serviteur du Soleil" et ainsi met l’accent sur le fait que la seule fonction du corps physique est d'être le serviteur du Fils (le Soleil), de l'Ego [95] ou âme. (Voyez Daniel, III, 23-24.) Il n'y a aucun moyen d'échapper à la fournaise, mais la récompense est proportionnée à l'épreuve.

La signification de la seconde exigence "lecture spirituelle" doit être aussi comprise. Le mot "lire" est d'une origine très obscure et les philologues croient pouvoir l'attribuer à deux mots : l'un latin reri penser, l'autre sanscrit radh, réussir à. Peut-être les deux idées sont-elles permises car il est certainement vrai que l'homme qui pense avec le plus de succès et qui peut contrôler et utiliser son appareil de pensée est l'homme qui peut réussir le plus facilement à maîtriser la technique de la méditation.

La prière est à la portée de tous. La méditation n'est possible que pour l'homme mentalement polarisé et ceci est un point sur lequel il convient d'insister car il rencontre fréquemment une vive opposition. Quiconque accepte de se soumettre à une discipline, et à transmuer ses émotions en dévotion spirituelle, peut devenir un saint et nombreux sont ceux qui s'y résolvent. Mais, tous les hommes ne peuvent encore être des connaissants, car cela implique, outre les accomplissements du saint, l'utilisation de l'intellect et le pouvoir d'atteindre par la pensée à la connaissance et à la compréhension. L’homme qui réussit est l’homme qui peut penser, et qui peut utiliser le sixième sens, le mental, pour l'obtention de certains résultats spécifiques.

Il est suggéré d’autres origines pour des mots dont le sens indique la prise de conseil ou d’avis, de telle sorte que  trois idées fondamentales en ressortent : parvenir au succès au moyen du mental, réaliser la perfection, [96] prendre conseil et utiliser tous les moyens d'information afin d'acquérir la connaissance.

Ceci est fondamentalement ce qu'entend Patanjali quand il emploie l'expression traduite par "lecture spirituelle". En réalité cela signifie lire avec les yeux de l'âme, avec la vision intérieure, prompte à découvrir ce qui est cherché. Il est entendu que toutes les formes sont les symboles d'une réalité intérieure ou spirituelle et qu’une lecture spirituelle suppose le développement de la faculté de "lire" ou voir l'aspect vie que voile et cache la forme extérieure. Ceci s'applique tant à la forme humaine qu'à toute autre forme dans la nature ; toutes les formes voilent une pensée, une idée divine, ou une vérité et sont la manifestation tangible d'un concept divin. Quand un homme sait cela, il commence à lire spirituellement, il voit en profondeur et ainsi entre en contact avec l'idée qui a donné naissance à la forme. Comme il s'exerce à considérer les choses sous cet angle, il parvient graduellement à la connaissance de la vérité et n'est plus trompé par les aspects illusoires de la forme. Cela, dans son application la plus pratique, conduit l'homme à nier l'aspect forme qu'assume son frère et à se comporter envers lui sur la base de la divine réalité cachée. Ceci n'est point aisé, mais il est possible d'y parvenir, en s'entraînant à une lecture spirituelle.

La troisième condition requise est l'obéissance au Maître. Ceci n'est pas une attention servile aux ordres de quelque Maître supposé, fonctionnant mystérieusement derrière la [97] scène, comme tant d'écoles ésotériques le prétendent. C'est beaucoup plus simple. Le Maître réel réclamant notre attention et notre obéissance est le Maître dans le cœur, l'âme, le Christ intérieur. Ce Maître fait d'abord sentir Sa présence par la "petite voix tranquille" de la conscience, nous incitant à une vie supérieure et moins égoïste, et nous avertissant dès que nous nous écartons de la stricte voie droite. Plus tard, cela est connu comme la "Voix du Silence", la parole venue du "Verbe Incarné" qui est nous-mêmes. Chacun de nous est un Verbe fait chair. Nous appelons cela, plus tard encore, l'Intuition éveillée. Celui qui étudie la méditation apprend à discerner avec exactitude entre ces trois expressions du Maître. En conséquence, cela exige de la part de l'étudiant – et coûte que coûte – une obéissance implicite, immédiate aux impulsions les plus hautes qu'il puisse enregistrer en tout temps.

Quand cette obéissance est effective, elle suscite de la part de l'âme un déversement de lumière et de connaissance. Le Christ y fait allusion dans ces paroles : "Si quelqu'un veut faire la volonté de Dieu, il saura..." (Jean, VII, 17.)

Ces trois facteurs, l'obéissance, la recherche de la vérité en toute forme et une aspiration ardente à la libération, sont les trois parties du stade de l'étudiant et doivent précéder la méditation. Elles peuvent n'être pas exprimées dans leur plénitude et leur perfection, mais elles doivent être incorporées à la vie en tant que règles de conduite efficaces. Elles mènent au détachement, une qualité sur laquelle l'Orient et l'Occident insistent. C'est la libération de l'âme, délivrée de l'esclavage [98] de la vie, de la forme et la subordination de la personnalité aux impulsions supérieures. Le Père Maréchal exprime de la façon suivante l'intention chrétienne à ce sujet :

"Que signifie ce détachement du soi ?

Tout d'abord, c'est clairement le détachement de l'Ego inférieur et sensible – c'est-à-dire la subordination habituelle du charnel au spirituel, la coordination de la multiplicité inférieure sous une unité supérieure. Et puis, c'est le détachement de "l'Ego vainement glorieux", l'Ego dispersé et capricieux, le jouet des circonstances extérieures, l'esclave de l'opinion fluctuante. La continuité de la vie intérieure ne pourrait s'accommoder d'une unité si fluctuante. Par-dessus tout, c'est le détachement de "l'Ego orgueilleux". Nous devons avoir une compréhension exacte de cela, car l'humilité est justement considérée comme l'une des notes caractéristiques de l'ascétisme et du mysticisme chrétien."[3]

Ici, on insiste sur la subordination de la vie physique, émotionnelle et mentale au divin projet de réaliser l'unité, car le caprice est la qualité de l'appareil sensoriel et l'orgueil, celle de l'intellect. Le processus de la méditation est divisé en cinq étapes, conduisant chacune successivement à la suivante. Nous les étudierons tour à tour, car leur maîtrise nous permettra de suivre l'homme spirituel et conscient, dans sa montée régulière, du domaine du sentiment à celui du savoir et de l'illumination intuitive. Ces cinq étapes pourraient être énumérées comme suit : [99]

1. La Concentration – L'acte par lequel nous concentrons notre mental et ainsi apprenons à en faire usage ;

2. La Méditation – La concentration prolongée de l'attention, dans toute direction donnée ; la fixation persistante du mental sur une idée déterminée ;

3. La Contemplation – Une activité de l'âme, détachée du mental qui est maintenu à l'état quiescent ;

4. L'illumination – Le résultat des trois étapes précédentes, impliquant l'apport à la conscience cérébrale du savoir acquis ;

5. L'inspiration – Le résultat de l'illumination, tel qu'il se manifeste dans une vie de service.

Ces cinq étapes conduisent à l'union et à la connaissance directe de la Divinité. Pour la majorité de ceux qui entreprennent l'étude de la méditation, l'étape à envisager pour une longue période, et pratiquement à l'exclusion de toutes les autres, est celle de la concentration, de l'acquisition du contrôle des processus mentaux. Il est à présumer que, dans une certaine mesure, ils possèdent l'aspiration, sinon, ils ne désireraient pas méditer. Signalons, cependant, que l'aspiration n'est d'aucune utilité, si elle n'est soutenue par une volonté forte et accompagnée d'une endurance et d'une persévérance à toute épreuve.

I. L'Étape de la Concentration

Dans toutes les écoles d'occultisme avancé ou intellectuel, la première étape comporte nécessairement l'acquisition du contrôle du mental. Au XIVème siècle, Maître Eckhart écrivait :

"Saint Paul nous rappelle qu'étant faits à l'image de Dieu nous pouvons parvenir à une vision plus haute et plus vraie. [100] Saint Dionysius dit que cela nécessite trois choses. La première est l’emprise sur son propre mental. La seconde est un mental qui soit libre. La troisième est un mental qui peut voir. Comment peut-on acquérir  ce mental spéculatif ? Par l'habitude de la concentration mentale."[4]

Ceci est strictement conforme à la méthode orientale, laquelle vise d'abord à mettre l'homme en état de contrôler son appareil mental, de façon à ce qu'il soit celui qui en fait usage à volonté et ne soit pas son esclave, comme cela arrive fréquemment ; car il est ordinairement agité par des pensées et idées sur lesquelles il n'a aucun contrôle et qu'il ne peut chasser, même s'il en a le vif désir. Nous retrouvons ces mêmes idées dans l’Écriture ancienne hindoue, La Bhagavad-Gitâ :

"Sans doute, ô héros, l'esprit est mobile et difficile à saisir, mais par un exercice assidu et par l'expulsion des passions, fils de Kunti, on peut le saisir fermement.

Pour celui qui ne s'est point dompté lui-même, l'union est difficile à atteindre, selon moi ; mais pour l'homme qui s'est maîtrisé, il est des moyens d'y parvenir.

Quand ta raison aura franchi les régions obscures de l'erreur alors tu parviendras au dédain des controverses passées et futures.

Quand, détourné de ces enseignements, ta raison demeurera inébranlable et ferme dans la contemplation, alors tu atteindras l'Union spirituelle."[5]

La première étape est donc le contrôle du mental, cela signifie le pouvoir d'obtenir  ce que vous voulez de lui et qu'il pense comme vous l'entendez, formule des idées, les développe dans un ordre rigoureusement déterminé, dirigé. [101] Dans la majorité des cas, la fonction du mental est tout d'abord de recevoir des messages du monde extérieur, par l'intermédiaire des sens et transmis par le cerveau. Hume nous dit que  « le mental est une sorte de théâtre où plusieurs perceptions font successivement leur apparition » Il est le siège des fonctions intellectuelles, et un grand centre enregistreur d'impressions d'après lesquelles nous agissons ou que nous refusons si elles nous déplaisent. Le mental a une tendance à accepter ce qui lui est présenté. Les idées des psychologues et de la science concernant la nature du mental sont trop nombreuses pour qu'il en soit fait état ici. Quelques-uns le regardent comme une entité séparée, d'autres comme un mécanisme dont le cerveau et le système nerveux sont des parties intégrantes. Une école le traite comme "une sorte de structure supérieure non physique (...) susceptible d'être étudiée scientifiquement et sujette à des désordres qui lui sont propres". Quelques-uns le considèrent comme une forme du soi, possédant une vie autonome ; comme un mécanisme de défense, construit au cours des âges ; comme un appareil perceptif par lequel nous entrons en contact avec certains aspects de l'Univers, inaccessibles autrement. Pour d'autres, il s’agit simplement d’un terme vague, signifiant ce par quoi nous enregistrons et répondons aux vibrations, telles que celles adoptées par l'opinion publique et dans les livres écrits au cours des siècles. Pour l'ésotériste, c'est simplement un mot représentant un aspect de l'homme, qui réagit en direction du monde extérieur (monde de la pensée et des affaires), mais qui pourrait également réagir en direction du monde des énergies subtiles et de l'être spirituel. C'est cette conception que nous avons à l'esprit, lorsque [102] nous étudions la méditation. Toutes les définitions sont incluses dans le résumé du Dr Lloyd Morgan :

"(...) le mot, "mental" peut être employé dans trois sens. Premièrement, en tant qu'intelligence, Esprit, se référant à une activité, Dieu pour nous ; deuxièmement, comme qualité faisant son apparition à un niveau élevé d'évolution ; troisièmement, comme un attribut psychique qui interpénètre tous les événements naturels corrélés universellement."[6]

Ici, nous avons l'idée du but divin, du mental universel, de cette mentalité humaine qui distingue l'homme des animaux sur l'échelle de l'évolution ; de plus, il est fait mention de cette conscience psychique universelle qui pénètre ce qui est animé et ce qui – soit disant – ne l'est pas. C'est à l'intellect en tant que qualité, faisant son apparition à un niveau élevé d'évolution, que nous autres, humains, avons affaire. Il constitue pour nous un mode ou un moyen de contact nous permettant de recevoir des informations provenant de sources variées et transmises par différents moyens. Par l'intermédiaire des cinq sens, l'homme prend conscience du monde des phénomènes physiques et de la vie psychique dans laquelle il est immergé. Le mental enregistre, en outre, des impressions émanant du mental d’autres personnes, et les pensées des hommes (à la fois anciennes et modernes) lui sont transmises par la lecture, l'écriture, par le théâtre, la peinture et la musique. Elles sont pour la plupart enregistrées, puis mises en réserve pour s'exprimer plus tard, sous forme de mémoire et d'anticipation. Nos états d'esprit, nos réactions émotionnelles, nos sentiments et nos désirs [103] de tout ordre, sont également enregistrés par le mental ; mais pour l'individu moyen, les choses en restent là ; il ne réfléchit guère après l'enregistrement de l'information et aucune pensée n'est clairement formulée. Vêtir des idées de mots qui les expriment clairement est une des fonctions du mental et, cependant, combien peu de gens ont des idées et génèrent des pensées vraiment intelligentes ! Leur mental réagit à ce qui leur est communiqué du monde extérieur mais ne possède aucune activité inhérente, lancée par eux-mêmes.

Ainsi, dans le cas de l'individu moyen, le processus s'exerce de l'extérieur vers l'intérieur, au moyen des sens et du cerveau. Ce dernier télégraphie ses informations au mental qui les enregistre à son tour. D'ordinaire, l’évènement est ainsi clos.

Mais, pour l'homme réfléchi, il en va autrement. À l'enregistrement de l'information par le mental, succède une analyse du cas ou de l’information, de ses relations avec d'autres cas, et une étude de la cause et des effets. La "substance-mentale", comme l'appellent les Orientaux, est mise en activité, des formes-pensées sont créées et des images construites, se rapportant à l'idée présentée. Alors, si l'homme le désire, sa pensée claire  est imprimée sur son cerveau et une activité en retour est établie. Mais le mystique, ou l'homme qui commence à méditer, découvre quelque chose de plus. Il constate que le mental dûment gouverné et discipliné est capable de réactions plus vastes et plus profondes, qu'il peut prendre [104] conscience d'idées et de concepts émanant de régions éminemment spirituelles et communiquées par l'âme. Au lieu des impressions venant du monde extérieur, enregistrées par la sensibilité du mental, elles peuvent donc aussi venir du domaine de l'âme elle-même, étant causée par sa propre activité ou par d'autres âmes avec lesquelles la sienne peut se trouver en contact.

Alors le mental entre dans une nouvelle phase d'activité où l'amplitude de ses contacts ne se limite plus au monde des hommes, mais inclut le monde des âmes. La fonction du mental est de servir d'intermédiaire entre l'âme et le cerveau et de transmettre à celui-ci ce dont l'homme est conscient, en tant qu'âme. Ceci devient possible lorsque les anciennes activités mentales se trouvent remplacées par une activité plus élevée et que l'intellect est rendu momentanément insensible à toute sollicitation extérieure. Il ne s'agit pas, toutefois, de le rendre passif, réceptif ou négatif par contrainte ou par une méthode quelconque d'auto-hypnotisme. Cet  état  résulte de la force expulsive d'un intérêt nouveau et plus grand, et de la concentration des facultés mentales sur un monde nouveau de phénomènes et de forces. Ce système est celui de la concentration, la première et la plus ardue des étapes conduisant à l'illumination de l'existence.

Le mot "concentration" vient du latin con : ensemble, et centrare : centrer. Il signifie rassembler, ou amener vers un [105] centre commun ou point de concentration ; il implique le rassemblement de nos pensées et de nos idées vagabondes ; l'application ferme et soutenue du mental à l'objet de notre attention immédiate, sans flottement ni distraction ; l'élimination de tout ce qui est étranger à l'objet de notre observation ; Patanjali en donne la définition suivante :

"L'enchaînement de la conscience à une certaine région constitue l'attention ou la concentration."[7]

Ceci implique nécessairement une distinction entre le Penseur, l'appareil de la pensée et ce que le Penseur considère. Nous devons donc discerner entre nous-mêmes, celui qui pense et ce dont nous nous servons pour penser : le mental. Alors intervient un troisième facteur, ce qui est pensé. L'étudiant fera bien, dès le début de sa pratique de la méditation, de se familiariser avec ces distinctions et de prendre l'habitude de les établir en lui-même, chaque jour. Il doit constamment faire une distinction entre :

1. Le Penseur, le Soi réel ou l'Âme ;

2. Le mental, ou l'appareil que le Penseur cherche à utiliser ;

3. Le processus de la pensée, ou le travail du Penseur imprégnant le mental (lorsqu’en état d’équilibre) de ce qu'il pense ;

4. Le cerveau qui est imprégné à son tour par le mental, agissant comme l'agent du Penseur, dans le dessein de transmettre renseignements et impressions. [106]

La concentration est donc la faculté de fixer la conscience sur un sujet donné et de l'y maintenir à volonté ; c'est la méthode de la perception adéquate, la faculté de se représenter correctement les images, la qualité permettant au Penseur de percevoir et de connaître le champ de la perception. Un synonyme de "concentration", c'est le mot "attention", dans le sens d'une attention maintenue dans une seule direction. Il est intéressant de noter ce que le Père Maréchal dit à ce propos : Il signale que "l'attention est un chemin direct, menant à la perception totale, à l'hallucination, ou plus généralement à la croyance... Cela amène une unification au moins momentanée du mental, par la prédominance d'un groupe mental... Mais cette ‘unité mentale’, réalisée dans une certaine mesure, dans le phénomène de l'attention, est aussi la seule condition subjective qui, nous l'avons vu, accompagne toujours la perception véritable ou fausse de la réalité".[8]

L’on peut se poser la question, quel est le moyen le plus facile d'apprendre à se concentrer ? L’on pourrait répondre avec les mots d’un proverbe français: "Le meilleur moyen de déplacer est de remplacer" et le moyen à employer est d'utiliser ce que l'on appelle "la force expulsive d'une nouvelle affection". L'intérêt profond pour un sujet nouveau, qui pique la curiosité, et le fait d’avoir son attention focalisée sur un sujet nouveau et dynamique, tendra automatiquement à le rendre singulièrement concentré. [107]

Un autre moyen peut être donné : soyez attentifs à tout ce que vous faites, tout le jour et tous les jours. Si nous cultivons l'exactitude dans les affaires de la vie courante nous développerons rapidement la concentration. L'exactitude dans les propos nous forcera d'être attentifs à ce qui a été dit, lu, entendu. Cela implique nécessairement la concentration et la développera. La vraie méditation est, après tout, une attitude mentale et résultera d'une attitude concentrée. Le but de nos efforts est donc d'entraîner notre mental pour en faire notre serviteur et non pas notre maître et de cultiver notre faculté de concentration préalablement à la pratique de la méditation.

L'étudiant sérieux se montrera, par conséquent, attentif dans la vie journalière et, ainsi, apprendra à réglementer son intellect, appareil de la pensée.

Que l'on me permette d'insister ici sur la nécessité de cette attitude dans l'existence. Le secret du succès réside en deux mots : faire attention. Dans la conversation, quand vous lisez ou écrivez, concentrez-vous sur ce que vous faites et vous développerez graduellement la faculté de concentration.

Cette attitude exercée doit être complétée par certains exercices de concentration, faits chaque jour avec persévérance. Cela suppose la fixation du mental sur un objet déterminé, ou bien sur un sujet de pensée précis. Vient ensuite la question d'apprendre à soustraire la conscience du monde extérieur [108] et des conditions exotériques, pour la reporter à volonté sur n'importe quel thème.

La pratique assidue de la concentration nous permet de vaincre graduellement la difficulté du contrôle et aboutit à certains résultats que l'on peut énumérer comme suit :

1. La réorganisation du mental ;

2. La polarisation de l'homme, dans son véhicule mental et non plus dans son véhicule émotionnel ;

3. Le retrait de l'attention des perceptions sensorielles et l'apprentissage de la concentration dans le cerveau. La plupart des gens utilisent, comme les animaux, leur plexus solaire ;

4. Le développement d'une faculté de concentration instantanée, comme préalable à la méditation ;

5. La capacité de concentrer fermement l'attention sur n'importe quelle pensée-semence.

II. L'Étape de la Méditation

Patanjali définit la concentration comme le maintien de la conscience perceptive dans une certaine région et la méditation comme le maintien prolongé de cette même conscience, dans une certaine région. Ceci implique seulement une différence dans le facteur temps et semble faire des deux étapes une question de contrôle. Par la pratique de la concentration, l'élève doit acquérir un contrôle suffisant pour n'avoir plus à rassembler continuellement ses pensées. Par conséquent, une concentration prolongée fournit au mental l'occasion de s'exercer sur tout objet inclus dans les limites de la région choisie. Le choix d'un mot, d'une phrase comme sujet de [109] méditation, établit cette limite et, si la méditation est bien conduite, l'intellect ne cesse jamais de considérer l'objet ainsi choisi. Il demeure concentré et continuellement attentif pendant toute la durée de la méditation. De plus, il ne lui est pas permis de faire ce qu'il lui plaît de l'objet ou de la pensée-semence. Dans la concentration, celui qui médite doit avoir tout le temps conscience d'utiliser son mental. Dans la méditation, cette conscience du mental, étant employée, se perd, mais il ne peut y avoir ni rêverie, ni poursuite d'idées vaines qui auraient surgi de leur rapport avec l'objet de la pensée. La pensée- semence a été choisie à dessein, soit en raison de son effet sur celui qui médite, soit dans un but de service envers une autre personne ou pour une œuvre spirituelle, ou bien à une phase de la recherche de la sagesse. En cas de succès, celui qui médite ne réagit que peu ou point, tant au point de vue satisfaction qu'absence de satisfaction. Les réactions émotionnelles sont dépassées ; en conséquence, l'intellect est laissé libre de se comporter selon son droit. Il en résulte une clarté de pensée inconnue jusqu'alors, le mental étant d'ordinaire continuellement affecté par un désir d'une sorte ou d'une autre. Dans cet état de conscience, le désir est surpassé comme le sera plus tard la pensée au stade de la contemplation. Quand le mental est frappé d'inactivité par inhibition ou par répétitions persistantes, il ne peut être ni dépassé dans la contemplation ni utilisé dans la méditation. Faire le vide dans l'intellect n’est pas seulement insensé mais même [110] un dangereux exercice. Dans les Yogas Sutras, de Patanjali, nous trouvons ces mots :

« Le fait de contracter cette habitude et de soustraire le mental à sa tendance à construire des formes-pensées, a pour résultat final un pouvoir constant de contemplation. »[9]

La méditation est le résultat de l'expérience. Elle est l'obtention instantanée d'une tournure d'esprit, conséquence d'une longue pratique. Nous voyons, dans la Bhagavad-Gitâ, qu'en toute action se retrouvent les cinq facteurs suivants :

1. L'instrument matériel

Le cerveau

2. L'acteur

Le Soi

3. L'organe

Le mental

4. L'impulsion

L'énergie

5. La destinée

Karma[10]

 

La méditation est une activité d'un genre très intense et l'on verra qu'elle comporte, elle aussi, ces cinq facteurs. L'instrument matériel que nous devons employer en méditation, c'est le cerveau physique. Beaucoup de personnes pensent qu'elles doivent dépasser celui-ci, atteindre quelque altitude extraordinaire et s'établir sur quelque pinacle de pensée, jusqu'à ce qu'il se passe quelque chose de transcendant leur permettant de dire qu'elles connaissent Dieu. Ce qui importe en réalité, c'est de contrôler notre activité cérébrale et mentale de telle sorte que le cerveau devienne le réceptacle des pensées et des désirs de l'Âme ou Soi Supérieur, qui les lui transmet au moyen du mental. [111]

Le mental est considéré comme un sixième sens et le cerveau comme une plaque sensible. Nous utilisons déjà les cinq sens comme moyens de perception et ils télégraphient constamment leurs renseignements au cerveau, concernant cinq vastes champs de connaissance, cinq sortes de vibrations différentes. Le mental est appelé à jouer un rôle similaire. Maître Eckhart a résumé tout cela dans le passage suivant qui représente l’avis de tous les mystiques des deux hémisphères.

"D'abord, veille à ce que tes sens extérieurs soient dûment contrôlés... Maintenant, tourne-toi vers les sens intérieurs, les nobles facultés de l'âme, inférieures et supérieures. Prends d'abord les facultés inférieures, elles sont intermédiaires entre les facultés supérieures et les sens extérieurs. Elles sont excitées par les sens extérieurs ; ce que les yeux voient, ce que les oreilles entendent, elles le présentent au désir qui, d'ordinaire, le présente à son tour à la seconde faculté appelée jugement, qui le considère et, une fois encore, le passe à la troisième faculté, la raison...

De plus, un homme doit avoir son intellect à l'aise (...) le corps doit se reposer de tout labeur corporel, non seulement des mains, mais encore de la langue comme des cinq sens. C'est dans le repos que l'âme est le mieux libre ; mais, dans un corps las, souvent l'inertie la vainc. Alors, concentrant nos efforts, nous travaillons dans l'amour divin à la vision intellectuelle, jusqu'à ce que, traçant le chemin à travers les sens rassemblés, nous nous élevions au-delà de notre mental, jusqu'à la prodigieuse sagesse de Dieu... L'homme s'élevant jusqu'au sommet de son mental est Dieu exalté."[11]

Au moyen du mental, en tant qu'instrument dirigé, l'âme peut manier les impulsions et les courants de pensée. Ces [112] forces se déversent dans le champ d'expérience du Penseur et il doit apprendre à les diriger consciemment, à travailler avec elles afin d'obtenir le résultat désiré.

Le cinquième facteur nous rappelle qu'il faut atteindre un certain stade de développement évolutif, avant que la pratique de la méditation soit possible : l'homme doit avoir accompli un certain travail et perfectionné son instrument pour s'y adonner sans danger. Tous les individus ne sont pas équipés pour méditer avec l'espoir d'un plein succès. Ceci ne doit aucunement décourager l'élève. On peut toujours commencer et poser de solides fondations. Le contrôle du processus mental peut être entrepris et poussé très loin, de manière à fournir à l'âme un appareil de pensée prêt à la servir. En réagissant aux trois parties de la méditation – mais réagissant d'une manière synthétique – la nature physique, ou nature de la forme, a été étudiée ; la qualité qui l'anime et le motif ou cause de la manifestation de la forme ont été considérés. En même temps, la concentration est devenue plus profonde et la méditation plus intense. L'attention s'est tournée de plus en plus vers l'intérieur, et les choses extérieures ont été patiemment rejetées ; ceci ne s'est pas accompli grâce à une attitude passive, mais par un intérêt des plus vifs et des plus vitaux. La méthode de la méditation a été positive et n'a pas abouti à un état négatif ou de transe. L'intellect a été actif tout le temps et actif dans une seule direction. Finalement vient le stade [113] appelé béatitude ou identification. La conscience n'est plus concentrée dans l'intellect mais est identifiée avec l'objet de la méditation. Nous considérerons ceci plus tard.

Nous avons donc quatre stades se résumant comme suit, et constituant ce que l'on appelle "la méditation avec semence".

1. Méditation sur la nature d'une forme particulière ;

2. Méditation sur la qualité d'une forme particulière ;

3. Méditation sur le but d'une forme particulière ;

4. Méditation sur la vie animant une forme particulière.

Toutes les formes sont les symboles d'une vie qu'elles incorporent, et c'est par la méditation "avec semence" que nous parvenons à l'aspect vie.

Dans Un traité sur le Feu cosmique, nous trouvons les paroles suivantes :

II. L'étudiant plein de sagesse considérera (…) que toute forme d'expression est par nature un symbole. Le symbole a trois interprétations ; il est lui-même l'expression d'une idée ; derrière cette idée se trouve un dessein ou une impulsion pour le moment inconcevable. Les trois interprétations d'un symbole pourraient se concevoir de la façon suivante :

1. L'interprétation exotérique d'un symbole est largement basée sur son utilité objective et sur la nature de la forme. Ce qui est exotérique et substantiel sert à deux fins :

a. Donner une faible indication de l'idée ou du concept. Ceci relie le symbole dans sa nature exotérique avec le plan mental, mais ne le libère pas des trois mondes de l'appréciation humaine.

b. Limiter, enfermer et emprisonner l'idée, et ainsi l'adapter au point d'évolution atteint par l'homme. La vraie nature de l'idée latente est toujours plus puissante, plus complète, plus pleine que la forme ou le symbole par lequel elle cherche à s'exprimer. La Matière est un symbole d’une énergie centrale. Les formes de toutes sortes, dans tous les règnes de la nature et les enveloppes manifestées dans leur plus large connotation et leur totalité ne sont que des symboles de vie.- ce que peut être cette Vie reste jusqu'ici un mystère. (…)

2. L'interprétation subjective, ou signification, est celle qui révèle l'idée sous-jacente à la manifestation objective. Cette idée, incorporelle en soi, devient concrète sur le plan de l'objectivité (…) Ces idées apparaissent à l'étudiant après qu'il a pénétré dans la Méditation, de même que la forme exotérique du symbole est tout ce qui est d’abord remarqué. Dès que l'homme commence à utiliser consciemment l'appareil mental et qu'il a réalisé même un faible contact avec son âme, trois choses se produisent :

a. Il va au-delà de la forme et cherche à l'expliquer.

b. Avec le temps il arrive à l'âme que toute forme voile, ce qu'il réalise par la connaissance de sa propre âme.

c. Il commence alors à formuler des idées, à créer et à rendre manifeste cette énergie de l'âme ou substance qu'il s'aperçoit pouvoir manipuler.

« Entraîner les gens à travailler dans la matière mentale, c'est les entraîner à créer ; enseigner aux gens à connaître la nature de l'âme, c'est les mettre en contact conscient avec le côté subjectif de la manifestation et placer entre leurs mains le pouvoir de travailler avec l'énergie de l'âme ; permettre aux gens de développer le potentiel de l'aspect âme, c'est les mettre en rapport avec les forces et énergies cachées dans tous les règnes de la Nature.

« L'homme peut alors -lorsque le contact avec son âme et sa perception subjective sont renforcés et développés- devenir un créateur conscient, coopérant avec les plans de l’évolution et avec Dieu. À mesure qu'il franchit les différentes étapes, son aptitude à travailler et sa faculté de découvrir la pensée sous-jacente aux symboles s'accroît. Il n'est plus trompé par l'apparence, mais la reconnaît pour la forme illusoire qui voile et emprisonne quelque pensée.

3. La signification spirituelle est celle qui se trouve derrière le sens subjectif et qui est voilée par l'idée ou la pensée, exactement comme l'idée elle-même est voilée par la forme qu'elle prend lorsqu'elle est en manifestation exotérique. On peut considérer que c'est le dessein qui a inspiré l'idée et conduit à son émanation dans le monde des formes. C'est l'énergie dynamique qui est la cause de l'activité subjective…[12]

Le processus selon lequel on parvient à la réalité derrière toute chose est le résultat de la "méditation avec semence". Il implique la compréhension des trois aspects de la vie Divine. C'est pourquoi il est conseillé aux étudiants de prendre pour sujet de méditation certains mots spécifiques, ou bien un vers tiré d'un livre sacré, afin de développer leur faculté de pénétrer derrière la forme des mots et d’atteindre ainsi à leur véritable signification.

Nous avons pénétré dans le monde des causes ; nous devons chercher à appréhender le Plan tel qu'il existe dans le mental de Dieu et tel qu'il s'exprime par l'amour émanant du cœur de Dieu. Est-il possible au mental des êtres humains d'aller plus loin que l'amour et la volonté de Dieu ? C’est à ce point que s'établit le contact avec la Divinité. Le mental cesse de fonctionner et le véritable étudiant passe à un état conscient d'identification avec la réalité spirituelle que nous appelons le Christ Intérieur, l'Âme divine. L'homme, à ce point, entre en Dieu.

[118]

[119]

 

[1] Bailey Alice A., The Light of the Soul, II, 1, 2.

[2] Earle, John Charles, Onward and Upward (Oxford Book of English Mystical Verse), p. 508.

[3] Maréchal Joseph, Studies in the psychology of the Mystics, p. 166.

[4] Pfeiffer Franz, Meister Eckhart, pp. 196-197.

[5] Bhagavad-Gitâ, VI, 34-35 et II, 52-53.

[6]Morgan C. LLoyd, Emergent Evolution, p. 37.

[7] Bailey Alice A., The Light of the Soul, III, 1.

[8] Maréchal Joseph, Studies in the Psychology of the Mystics, p. 90.

[9] La lumière de l’Ame III, 11 [[]]

[10] Bhagavad-Gitâ, XIII, 13-14.

[11] Pfeiffer Franz, Meister Eckhart, pp. 279, 47.

[12] Bailey Alice A., Treatise on Cosmic Fire, pp. 1233 et suiv.