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LIVRE I. - LE PROBLEME DE L’UNION - Partie 4

La paix de la chitta s'acquiert également par la régulation du prana. Méthode III. Sutra 35. Le centre situé entre les sourcils

Le mental peut être entraîné au calme par des modes de concentration se rapportant aux perceptions des sens.

Méthode IV. Sutra 36. Le centre de la tête

Par la méditation sur la Lumière et sur le Rayonnement, la connaissance de l'Esprit peut être atteinte et la paix peut alors s'ensuivre. [82]

Méthode V. Sutra 37. Le centre sacré

La chitta est stabilisée et délivrée de l'illusion lorsque la nature inférieure est purifiée et cesse d'être prise en considération.

Méthode VI. Sutra 38. Le centre de la gorge

La Paix (stabilité de la chitta) peut être atteinte par la méditation sur la connaissance que donnent les rêves.

Méthode VII. Sutra 39. Centre cardiaque

La Paix peut aussi être atteinte par la concentration sur ce qui est le plus cher au cœur.

Ces méthodes doivent être soigneusement considérées, bien qu'il ne soit pas possible ici de donner des détails sur la marche à suivre. Seuls, le principe et la loi qu'elles contiennent peuvent être pris en considération par l'étudiant. Il doit aussi se souvenir que tous ces centres ont leurs homologues dans la matière éthérique de la région de la tête et que ces sept centres doivent être éveillés avant que leurs contreparties puissent être à leur tour éveillées sans risques. Ces sept centres de la tête correspondent, dans le microcosme, aux sept Rishis de la Grande Ourse, prototypes des sept Hommes Célestes, et les centres énumérés ci-dessus se rapportent à l'énergie de ces sept Hommes Célestes Eux- mêmes.

Il est inutile d'en dire plus long au sujet de ces centres, sauf pour indiquer ce qui suit :

1. L'aspirant peut se représenter symboliquement chaque centre sous l'aspect d'un lotus.

2. Ce lotus est formé d'unités d'énergie mouvantes ou vibrantes sur un mode spécifique, et ces vibrations-ondes empruntent des formes que nous nommons les pétales du lotus. [83] Chaque lotus consiste en :

 a. Un certain nombre de pétales.

b. Un péricarpe, ou calice de soutien.

c. Un centre de pure lumière blanche, nommé le "joyau".

3. Chaque centre correspond à une planète sacrée, corps de manifestation de l'un des sept Hommes célestes.

4. Chaque centre doit être développé par l'emploi du Mot. Ce mot est AUM et il doit en définitive apparaître dans le centre vibratoire. Lorsque son éclat irradiant est parfait à l'intérieur de la roue, ce centre est alors complètement éveillé.

5. Quelques-unes des qualités du soleil sont les qualités des centres.

a. Qualité du plexus solaire

chaleur.

b. Qualité du centre situé à la base de l'épine dorsale

feu de kundalini.

 

c. Qualité du centre ajna, situé entre les sourcils

lumière donnant l'illumination.

 

d. Qualité du centre de la tête

lumière froide

e. Qualité du centre sacré

humidité.

f. Qualité du centre de la gorge

lumière rouge.

g. Qualité du centre cardiaque

lumière rayonnante ou magnétique.

Dans ce sutra, il est prescrit de pratiquer la méditation sur la lumière et le rayonnement, et nous apprenons que cette lumière et son utilisation compétente permettent d'atteindre à la connaissance de l'Esprit. Brahma a sa demeure au centre du "chakra du cœur", dit l'Écriture antique, et Il Se révèle dans la lumière. L'aspirant doit donc prendre conscience du [84] "point de lumière situé dans la roue à douze rayons", et ce point de lumière, lorsqu'il fait l'objet de la méditation, révèle à l'aspirant le chemin qu'il doit parcourir s'il désire atteindre son but. C'est l'obscurité qui se révèle en premier lieu. Il faut s'en souvenir. Selon la terminologie de la mystique occidentale, il en résulte la "nuit obscure de l'âme". L'aspect mystique, cependant, ne nous retiendra pas, car nous devons, pour nos conclusions, nous en tenir autant que possible à la ligne occulte. La vérité, exprimée dans le langage du mysticisme chrétien, a été maintes fois et fort correctement exposée.

37. La chitta est stabilisée et libérée de l'illusion lorsque la nature inférieure est purifiée et cesse d'être prise en considération.

Cette traduction est particulièrement libre, car les mots sanscrits sont assez difficiles à traduire avec exactitude. L'idée qu'ils impliquent est celle-ci : lorsque les organes de perception et les contacts sensoriels sont continuellement récusés par l'homme réel (qui ne cherche plus à s'identifier à eux), cet homme devient alors "libéré de toute passion". L'ardeur ou le désir à l'égard de choses diverses sont surmontés et l'homme, en conséquence, est libéré de sa nature sensuelle inférieure. Il en résulte une stabilité mentale corrélative, ainsi qu'une aptitude à la concentration ; car la substance mentale n'est plus sujette aux modifications suscitées par les réactions sensorielles de toute nature, qu'on les appelle bonnes ou mauvaises.

De nombreux systèmes comportent un plaidoyer éloquent en faveur de cette idée ; l'une des méthodes préconisées consiste à méditer sans cesse sur de grands êtres S'étant libérés [85] de toutes les réactions provoquées par les sens, tels que Krishna, le Bouddha et le Christ. Cette pensée ressort de quelques-unes des traductions ; mais, bien qu'elle y soit indiquée à partir d'un certain point de vue, il ne semble pas qu'elle soit considérée en tant qu'idée principale. À l'égard de l'attachement, la libération est réalisée lorsque l'ardeur du désir est surmontée ; bien que le centre sacré soit décrit comme étant en relation particulière avec la nature sexuelle, cette nature sexuelle (telle qu'elle se manifeste sur le plan physique) symbolise néanmoins tout attachement reliant l'âme à tous les objets de désir autres que l'esprit.

38. La paix (stabilité de la chitta) peut être atteinte par la méditation sur la connaissance que donnent les rêves.

Les mots significatifs de ce trente-huitième sutra sont contenus dans cette partie de phrase : "la connaissance que donnent les rêves". Sous ce rapport, le commentaire du sutra 10 est intéressant. L'occultiste oriental emploie le mot "rêve" dans un sens beaucoup plus technique que l'occidental et l'aspirant doit bien saisir ce fait. Pour l'oriental, l'état de rêve le plus profond est celui dans lequel l'homme réel est plongé au cours de son incarnation physique ; il correspond à l'état de rêve que nous estimons résulter de la vibration des cellules du cerveau physique. On ne trouve dans cet état que chaos, discontinuité et développements enchevêtrés, ainsi que l'inaptitude à en garder au réveil un souvenir net et précis. Cette [86] condition constitue l'état de rêve où se trouve l'homme lorsqu'il est immergé dans quelque perception sensorielle plaisante ou douloureuse. C'est alors dans son corps astral ou émotif qu'il en fait l'expérience. La connaissance que donne la condition inhérente au plan physique procède en grande partie de l'instinct ; celle qu'affecte l'état de rêve astral est surtout sensuelle. La première provient de la race ou du groupe ; l'autre se rapporte au non-soi et à la relation de l'homme avec le non-soi.

Il est encore un état supérieur de conscience onirique, dans lequel entre en jeu une faculté d'un autre genre qu'on peut appeler l'imagination et qui présente un aspect de connaissance qui lui est propre. L'imagination implique certains états mentaux tels que :

a. Le souvenir de certaines choses telles qu'elles furent connues, sous forme d'états de conscience.

b. L'anticipation de certaines choses telles qu'elles peuvent être connues, ou d'états de conscience.

c. La visualisation de conditions imaginaires, puis l'utilisation de l'image évoquée en tant que forme, permettant au rêveur d'entrer en contact avec un nouveau domaine de réalisation, lorsqu'il arrive à s'identifier avec ce qu'il a imaginé.

Dans ces trois états de rêve, nous avons les conditions dans lesquelles se trouve le penseur sur les trois plans et dans les trois mondes, depuis l'état d'ignorante sauvagerie jusqu'à celui de l'homme moyen éclairé ; état qui mène à une condition très supérieure de la conscience de rêve.

L'emploi correct de l'imagination exige un haut degré de [87] maîtrise et de force mentale qui, lorsqu'il est atteint, aboutit en définitive à ce qu'on nomme l' "état de samadhi". Dans cet état, l'adepte peut mettre en sommeil l'homme inférieur tout entier et passer, quant à lui, dans le domaine où les "rêves de Dieu Lui-même" sont connus ; domaine où la connaissance rend visibles et tangibles les images créées par la Déité. L'adepte peut ainsi participer intelligemment au plan grandiose de l'évolution.

Au-delà de cet état de samadhi se trouve l'état de rêve des Nirmanakayas et des Bouddhas ; et ainsi de suite, tout au long de l'échelle de la vie hiérarchique, jusqu'à ce que soit connu le Rêveur suprême, qui est l'Un, l'unique Narayana, le Seigneur du Monde Lui-même, l'Ancien des Jours, notre Logos planétaire.

L'étudiant ne peut atteindre qu'à une très vague compréhension de la nature de ces états de rêve, alors qu'il se livre à l'étude de l'idée contenue plus haut, à savoir que la vie sur le plan physique n'est, pour l'occultiste, qu'un état de rêve.

39. La paix peut aussi être atteinte par la concentration sur ce qui est le plus cher au cœur.

Dans sa simplicité même, le sutra 39 transmet son propre et puissant message. On peut y retracer les phases diverses qui accompagnent toute prise de possession : le désir, l'ardente convoitise, l'intention déterminée et concentrée de posséder, le rejet de tout ce qui ne tend pas à la satisfaction des exigences requises, l'abandon de ce qu'on tient afin d'avoir les mains libres pour se saisir de nouveaux biens ; puis la possession [88] elle-même, l'assouvissement, la paix. Mais toutes ces choses se rapportant aux désirs inférieurs n'apportent qu'une paix provisoire ; un désir nouveau surgit, et ce dont on s'était si joyeusement saisi est mis au rebut. Seuls, les fruits des âges et la rentrée en possession de biens anciens apportent une plénitude de satisfaction. Il faut donc que l'étudiant examine ce qui est le plus cher à son cœur et discerne s'il s'agit de quelque chose de temporel, de transitoire et d'éphémère ou, selon les paroles du souverain Seigneur, du "trésor dans le Ciel".

Nous arrivons maintenant au sutra dont le champ d'étude est le plus étendu de ce livre : (40). On pourrait remarquer ici que ces "sept voies menant à la paix psychique" – comme on les a appelées – embrassent les sept méthodes des sept rayons, en liaison avec la maîtrise de la nature psychique. Il est important de souligner ce fait. Ces sept voies sont en relation directe avec les quatre initiations du seuil, car il n'y a pas d'initiation majeure pour un fils de Dieu qui n'a pas atteint un certain degré de paix psychique. Il sera intéressant pour les étudiants de considérer attentivement ces sept voies conduisant à la paix, sous l'angle de leur relation avec l'un ou l'autre des sept rayons, et en attribuant au rayon la voie qui paraît leur correspondre.

40. La réalisation s'étend aussi de l'infiniment petit à l'infiniment grand ; et, d'annu (l'atome ou point) à atma (ou esprit), sa connaissance est parachevée.

Cette traduction n'est pas absolument conforme aux termes sanscrits. Néanmoins, elle transmet le sens exact de l'original [89] et c'est cela qui est d'une importance vitale. Une stance ancienne, tirée de l'une des Écritures secrètes, contribue à élucider l'idée contenue dans ce sutra. Elle est ainsi conçue :

"Dans le point, Dieu peut être vu. En l'homme, Dieu peut régner. En Brahma, tous deux se trouvent ; cependant, tout est un. L'atome est comme Dieu, Dieu comme l'atome."

Un truisme occulte dit que lorsqu'un homme atteint à la connaissance de soi, il atteint aussi de par la grande loi d'analogie, à la connaissance de Dieu.

Cette connaissance comporte cinq aspects majeurs :

1. Les formes.

2. Les parties constituantes de la forme.

3. Les forces.

4. Les groupes.

5. L'énergie.

L'homme doit comprendre la nature de son corps et de toutes ses enveloppes. Cela concerne sa connaissance de la forme. Il découvre que les formes sont faites d'atomes ou "points d'énergie" et que, sous ce rapport, toutes les formes sont semblables. Cette connaissance se rapporte alors aux parties constituantes de la forme. Il arrive ensuite à la compréhension de l'agrégat d'énergie des atomes qui constituent ses formes ; ou, en d'autres termes, à une connaissance des forces diverses ; la nature de ces forces est déterminée par le rythme, l'activité et la qualité des atomes qui forment la ou les enveloppes. Cette connaissance concerne les forces. Plus tard, il découvre des formes analogues, présentant également une analogie de vibration et de force. Cette connaissance s'applique aux groupes. L'homme, en conséquence, trouve quelle est sa place et connaît son travail. Finalement, il atteint à la connaissance de ce qui concerne toutes les formes, maîtrise [90] toutes les formes et constitue l'impulsion dynamique de tous les groupes. Cette connaissance se rapporte à l'énergie ; elle a affaire à la nature de l'esprit. Par le truchement de ces cinq réalisations, l'homme obtient la maîtrise, car la réalisation comporte certains facteurs qu'on peut énumérer comme suit :

1. L'aspiration.

2. L'étude et l'investigation.

3. L'expérimentation.

4. La découverte.

5. L'identification.

6. La réalisation.

L'adepte peut s'identifier à la conscience de l'infiniment petit ou pénétrer dans sa conscience. Il peut s'identifier à l'atome ou à la substance et connaître ce qui reste encore inconnu aux savants modernes. Il prend également conscience du fait que le règne humain (composé d'atomes humains) étant, sur l'échelle de l'évolution, le point ou degré médian, l'infiniment petit se trouve par rapport à lui aussi éloigné que l'infiniment grand. Le chemin à parcourir pour embrasser la conscience de la plus infime des manifestations divines est aussi long que pour embrasser un système solaire, qui en est la plus grande. Néanmoins, la méthode de maîtrise est la même pour tous ces niveaux de conscience ; elle consiste en une méditation parfaitement concentrée, conduisant à un empire total sur le mental. La constitution du mental est telle qu'il peut fonctionner à la fois comme un télescope permettant à l'observateur d'entrer en contact avec le macrocosme, et comme un microscope mettant à sa portée le plus minuscule des atomes. [91]

41. Celui dont les vrittis (modifications de la substance mentale) sont entièrement maîtrisés aboutit à un état d'identité et de similitude avec ce dont il est pris conscience. Le connaisseur, la connaissance et le champ de connaissance deviennent un, tout comme le cristal absorbe en lui les couleurs de ce qui, en lui, se reflète.

Ce sutra est la prolongation naturelle du précédent. L'observateur accompli embrasse, dans sa conscience, le champ de sa connaissance en sa totalité ; d'une part, du point de vue du spectateur, ou celui qui perçoit ; d'autre part, sous l'angle de l'identification. Il est un avec l'atome de substance et il est capable de percevoir l'univers le plus infime ; il est également un avec le système solaire, l'univers le plus vaste, dans ce cycle supérieur, qu'il lui soit permis de connaître. L'identité de son âme avec leur âme devient apparente ; on voit dans l'une sa potentialité, et dans l'autre, un ordre incompréhensible (du point de vue humain), conduisant à l'ultime perfection. L'activité qui maintient autour de leur centre la ronde des électrons est reconnue comme étant de nature identique à celle qui retient les planètes sur leur orbite autour du soleil ; et la gamme complète des aspects formels se situe entre ces deux manifestations divines.

L'étudiant en occultisme doit se rendre compte que les formes sont diverses et nombreuses, mais que toutes les âmes sont identiques à l'Âme suprême. Une connaissance parfaite de la nature, de la qualité, de la tonalité et de la note d'une âme particulière (qu'il s'agisse d'un atome chimique, d'une rose, d'une perle, d'un homme ou d'un ange) serait la révélation de toutes les âmes qui se trouvent sur l'échelle de l'évolution. [92] Le processus est toujours le même : la Récognition : l'emploi des organes des sens, y compris le sixième sens, le mental, pour l'appréciation de la forme et de ses parties constituantes. La Concentration, un acte de volonté par lequel la forme est répudiée par les sens, le sujet connaissant passant derrière la forme pour s'attacher à ce qui vibre à l'unisson de sa propre âme. Ainsi la connaissance est acquise, la connaissance de ce que la forme (ou champ de connaissance) cherche à exprimer : son âme, sa tonalité ou qualité.

Ensuite vient la Contemplation, l'identification de celui qui connaît avec ce qui en lui est identique à l'âme contenue dans la forme. Les deux alors ne font plus qu'un et la réalisation complète s'ensuit. Ceci peut être mis en pratique entre les êtres humains. Il y faut une récognition du contact qui s'établit entre deux hommes qui peuvent se voir, s'entendre et se toucher. Il en résulte une récognition superficielle de la forme. Mais il est possible d'atteindre un autre stade, auquel un homme peut passer derrière la forme pour arriver à ce qui constitue la qualité de son frère ; il peut toucher un aspect de la conscience analogue au sien. Il prend connaissance de la qualité de la vie de son frère, de la nature de ses desseins, de ses aspirations, de ses espoirs et de ses intentions. Il connaît son frère, et plus il connaît son propre être et sa propre âme, plus profonde sera la connaissance de son frère. Il peut finalement s'identifier avec son frère et devenir tel qu'il est, sachant et sentant comme l'âme de son frère sait et sent. C'est là le sens que voilent les paroles occultes de l'Épître de saint Jean : "Nous serons tels que Lui car nous Le verrons tel qu'il est." [93]

Il peut être utile ici de donner à nouveau le tableau de quelques synonymes qui peuvent, s'ils sont gardés en mémoire, éclairer de nombreux points de l'enseignement des sutras et permettre à l'étudiant d'en appliquer les idées, sur le plan pratique, à sa propre vie.

Esprit

Âme

Corps.

Monade

Égo

Personnalité

Soi divin

Soi supérieur

Soi inférieur

Le percevant

La perception

Ce qui est perçu.

Le connaisseur

La connaissance

Le champ de connaissance.

Le penseur

La pensée

Le mental (qui est le cristal reflétant la pensée du penseur).

L'étudiant sera aidé s'il se remémore :

1. Que, sur le plan physique, celui qui perçoit utilise les cinq sens, en vue d'atteindre le champ de connaissance.

2. Que l'ensemble de nos trois plans, dans les trois mondes, constituent le corps physique dense de Celui en Qui "nous avons la vie, le mouvement et l'être".

3. Que, sur le plan astral ou émotif, celui qui perçoit utilise les pouvoirs inférieurs de clairvoyance et clairaudience qui, s'il en est mésusé, révèlent le serpent dans le jardin.

4. Que, sur le plan mental, la psychométrie et le symbolisme (comprenant l'étude des nombres et la géométrie) sont employés par celui qui perçoit pour arriver à la compréhension des niveaux mentaux inférieurs.

5. Que c'est seulement lorsque tous trois sont considérés comme inférieurs et constituant l'aspect forme, que celui qui perçoit arrive à un état dans lequel il peut commencer à [94] comprendre la nature de l'âme et à saisir la véritable signification des Sutras 40 et 41.

6. Que, ayant atteint ce point, il commence à user de discrimination et à utiliser le mental en tant que sixième sens, arrivant par là à la qualité subjective, ou vie, qui gît à l'arrière-plan de la connaissance (ou de la forme). Elle constitue la nature de l'âme contenue dans la forme et elle est, potentiellement et en fait, omnisciente et omniprésente.

7. Ayant atteint l'âme, dans quelque forme qu'elle se trouve, et pris contact avec elle par le truchement de sa propre âme, il découvre que toutes les âmes sont une et qu'il peut lui-même entrer aisément dans l'âme d'un atome ou d'un colibri ; il peut encore déployer dans une autre direction les effets de sa réalisation et se connaître lui-même comme n'étant qu'un avec Dieu et avec toutes les existences qui transcendent l'humain.

42. Quand celui qui perçoit amalgame le mot, l'idée (ou signification) et l'objet, cela est appelé la condition mentale d'un raisonnement critique.

Dans ce sutra et dans le suivant, Patanjali développe une vérité précédemment exprimée. (Voir Sutra 7.) Il nous apprend qu'il y a deux sortes de méditation :

1. Avec un objet ou semence ; employant en conséquence le mental rationnel et critique, le corps mental, avec son aptitude à la concrétisation et à la création de formes-pensées.

2. Sans objet ou semence ; exigeant en conséquence une faculté différente, qui ne peut entrer en action que lorsque le [95] mental concret est compris et correctement utilisé. Cette utilisation correcte implique l'aptitude à "calmer les modifications du mental" et à réduire la "chitta", ou substance mentale, à la quiétude, de sorte qu'elle puisse prendre la teinte de la connaissance supérieure et refléter les plus hautes réalités.

Pour arriver à la connaissance des choses subliminales, celui qui perçoit doit tout d'abord prendre conscience de la forme externe ; il doit ensuite passer au-delà de cette forme externe, pour en saisir l'état interne, soit ce qui (étant une force d'un certain genre) suscite l'externalité ; jusqu'à ce qu'il arrive à la cause de l'une et de l'autre. Dans ce sutra, ces trois états sont dénommés :

L'idée La cause sous-jacente à la forme objective. Le mot Le son qui produit la forme.

L'objet La forme produite par le son pour exprimer l'idée.

Les étudiants feront bien de se rendre compte que ce travail comprend l'état méditatif antérieur et qu'il constitue, du fait que le mental inférieur est utilisé dans ce processus, la méthode séparative. Les choses se divisent en leurs parties constituantes et, comme tout ce qui, par ailleurs, se trouve dans la nature, elles se présentent sous un triple aspect. Ce fait étant compris, l'importance et le sens occulte de toute méditation se dévoilent et la méthode qui forme les occultistes apparaît clairement. L'occultiste, au cours du travail auquel il se livre pour atteindre à la compréhension de la nature, procède toujours en direction de l'intérieur, à partir de la forme externe, afin de découvrir le son qui créa cette forme, ou l'agrégat de forces qui produisit l'apparence extérieure ; tout agrégat de forces rend un son qui lui est propre, produit [96] par le jeu réciproque de ces forces. L'ayant découvert, l'occultiste pénètre plus loin encore en direction de l'intérieur, jusqu'à prendre contact avec la cause, l'idée ou la pensée divine (émanant du Logos, planétaire ou solaire) qui suscita le son et produisit ainsi la forme.

Pour son travail créateur, l'adepte prend son point de départ au-dedans, car il connaît l'idée qu'il cherche à incorporer en une forme ; il prononce certains mots ou sons et évoque ainsi certaines forces, qui produisent (par leur interaction) une forme d'un certain genre. Plus le niveau sur lequel travaille l'adepte est élevé, plus les idées atteintes le seront également, et plus seront simples et synthétiques les sons émis.

Les étudiants en Raja Yoga doivent cependant saisir les faits élémentaires s'appliquant à toutes les formes ; ils doivent aussi se familiariser, au cours de leur méditation, avec le travail consistant à dissocier les triades afin d'être capables, en définitive, d'établir à volonté un contact avec l'un quelconque des aspects constituants. C'est par ce moyen que la nature de la conscience peut être comprise, car celui qui perçoit (entraîné à faire ces distinctions) peut entrer dans la conscience des atomes dont est composée une forme tangible quelconque et, allant plus loin, peut entrer également dans la conscience des énergies qui produisent le corps objectif et qui sont littéralement ce qui a été dénommé l' "Armée de la Voix". Finalement, il peut aussi prendre contact avec la conscience de la Vie Souveraine génératrice du mot initial. Ce sont là les points de repère majeurs ; il y a entre eux de nombreux degrés de vies d'où émanent des sons intermédiaires et qui peuvent, en conséquence, être décelées et connues. [97]

43. La perception sans raisonnement critique s'obtient quand, la mémoire n'exerçant plus son autorité, le mot et l'objet sont dépassés et que l'idée seule est présente.

Cette condition est un état de "méditation sans semence" exempte de l'emploi rationnel du mental et de sa faculté de concrétisation. L'objet (introduit dans la conscience du mental par le souvenir ou la mémoire) n'est plus considéré ; le mot le désignant et exprimant son pouvoir n'est plus entendu. Il n'est pris conscience que de l'idée dont l'objet et le mot constituent l'expression, et celui qui perçoit pénètre dans le domaine des idées et des causes. C'est la contemplation pure, affranchie des formes comme de la pensée. En cet état, celui qui perçoit considère le monde des causes ; en une claire vision, il perçoit les impulsions divines ; ayant ainsi contemplé les actes intérieurs du royaume de Dieu, il projette dans le mental – ou corps mental – apaisé le reflet de ce qu'il a vu, et ce corps mental fait descendre jusqu'au cerveau physique la connaissance acquise.

44. Ces deux mêmes processus de concentration, avec ou sans activité du mental critique, peuvent également s'appliquer aux choses subtiles.

Ce sutra est clair et se passe de longues explications. Le mot "subtil" a un sens assez étendu, mais (du point de vue de Patanjali) il est le plus souvent appliqué à quelque chose d'essentiel dont nous prenons conscience après avoir employé [98] les cinq sens ; c'est-à-dire : la rose est la forme objective tangible ; son parfum est la "chose subtile" à l'arrière-plan de la forme. Pour l'occultiste, c'est par là que s'exprime la qualité de la rose et cela résulte de la présence des éléments plus subtils provoquant sa manifestation. Les éléments plus grossiers produisent la forme ; mais, à l'intérieur de cette forme grossière, il s'en trouve une plus subtile, avec laquelle nous ne pouvons prendre contact que par une perception aiguë ou un sens affiné. Dans le commentaire qui accompagne la traduction de Woods, le texte ci-dessous peut contribuer à élucider cette question ; si les étudiants plus avancés en font l'objet de leur méditation, ils lui trouveront une signification profondément occulte :

"... L'atome de terre est produit par les cinq éléments ignés, parmi lesquels prédomine l'élément igné de l'odeur. De même, l'atome de l'eau est produit par les quatre éléments ignés, parmi lesquels prédomine l'élément igné du goût. De même, l'atome du feu est le produit des trois éléments ignés, à l'exclusion de l'élément igné de l'odeur et celui du goût, et parmi lesquels prédomine l'élément igné de la couleur. De même encore, l'atome du vent est produit par les deux éléments ignés dont le premier est l'odeur, l'élément igné du toucher ayant entre les deux la prédominance. De même, l'atome de l'air n'est produit que par le seul élément igné du son."

Si nous étudions cette idée et l'appliquons au macrocosme, nous découvrons qu'il nous est possible de méditer sur la forme externe de Dieu dans la Nature, à la fois avec et sans l'activité critique du mental. Puis, ayant acquis de l'expérience en méditation et faisant de plus acte de volonté, l'étudiant peut méditer sur la nature subjective subtile de Dieu, telle qu'elle se manifeste en vertu de la grande Loi d'Attraction, à laquelle se réfère le chrétien lorsqu'il dit "Dieu est Amour". La nature [99] de Dieu, le grand "amour" ou force attractive, est à la base des "choses subtiles" que voilent les choses extérieures.

45. Ce qui est grossier conduit à ce qui est subtil et ce qui est subtil conduit, par degrés progressifs, à l'état de pur être spirituel appelé pradhana.

Que l'étudiant se souvienne ici des degrés ou stades par lesquels il doit passer lorsqu'il pénètre au cœur du plus profond de son être :

a. Ce qui est grossier

la forme, les bhutas, les enveloppes tangibles ressortissant à la raison.

b. Ce qui est subtil

la nature ou les qualités, les tanmattras, les indryas ou sens, les organes des sens et ce qui est ressenti.

Cela peut s'appliquer à tous les plans, dans les trois mondes où l'homme est impliqué, et cela se trouve en relation étroite avec les couples de contraires qu'il doit équilibrer sur le plan émotif. À l'arrière-plan de cet ensemble, se trouve l'état d'équilibre nommé Pradhana, qui est la cause de ce dont il est pris contact physiquement et qui est subtilement perçu par les sens. Cet état d'équilibre peut être qualifié à juste titre de substance primordiale irréductible, de matière unie à l'esprit, non différenciée, encore sans forme ni marque distinctive. Le Principe Absolu se trouve encore derrière ces trois états, mais ceux-ci sont tout ce que peut savoir l'homme en manifestation. Dans son commentaire, Vivekananda dit ce qui suit :

"Les objets grossiers ne sont que les éléments et tout ce [100] qui est fabriqué avec ceux-ci. les cinq objets commencent avec les Tanmatras ou cinq particules. Les organes, le mental (agrégat de tous les sens), l'égoïsme, la substance mentale (cause de toute manifestation), l'état d'équilibre de sattva, rajas et tamas (les trois qualités de la matière, A.A.B.) appelés Pradhana (Chef), Prakriti (nature) ou Avyakta (non-manifesté), sont inclus dans la catégorie des cinq objets. Purusha (l'âme) est seule exceptée de cette définition."

Vivekananda traduit apparemment ici purusha par âme, mais la traduction habituelle est esprit et se rapporte au premier aspect.

46. Tout cela constitue la méditation avec semence.

Les quatre sutras précédents ont traité des formes de concentration construites autour d'un objet. Cet objet peut se rapporter à ce qui est subtil ou intangible du point de vue physique ; le fait du non-soi y est néanmoins inclus (du point de vue de l'homme réel ou spirituel). Il a affaire à ce qui (sous n'importe quel aspect) peut le conduire en des domaines n'étant pas essentiellement ceux de l'esprit pur. Il faut cependant se souvenir que ces quatre stades sont tous nécessaires et doivent précéder toute réalisation plus spirituelle. Le mental de l'homme n'est pas, en lui-même, constitué de telle sorte qu'il puisse saisir les choses de l'esprit. Lorsqu'il passe du stade de méditation "ensemencée" à un autre stade, il se rapproche toujours plus du siège de toute connaissance, et [101] établira finalement un contact avec ce qui fait l'objet de sa méditation. La nature du penseur lui-même, en tant que pur esprit, sera alors saisie ; les degrés, stades, objets, semences, organes et formes (subtiles ou grossières) seront tous perdus de vue et l'esprit seul sera connu. Le sentiment et la pensée seront tous deux transcendés ; seul, Dieu Lui- même sera vu ; les vibrations inférieures ne seront plus enregistrées ; la couleur ne sera plus perçue ; la lumière seule sera connue ; la vision disparaîtra ; le son ou mot sera seul entendu ; L' "œil de Shiva" demeurera, et par lui, le voyant identifiera son propre être.

Dans la quadruple élimination ci-dessus, il est fait allusion aux stades de réalisation – ces stades qui conduisent l'homme, hors du monde de la forme, dans le monde de ce qui est sans forme. Les étudiants trouveront intéressant de comparer, avec les quatre stades ci-dessus, les quatre degrés par lesquels progresse la "méditation ensemencée". On peut également faire remarquer que toute méditation dans laquelle la conscience est reconnue implique la présence d'un objet. Toute méditation dans laquelle celui qui perçoit est conscient de ce qui doit être vu, comporte encore une condition de perception de la forme. Le sujet connaissant ne peut atteindre à la méditation idéale, sans forme, semence ou objet, que lorsque toutes les formes et le champ de la connaissance lui- même sont perdus de vue et lorsqu'il se connaît lui-même pour ce qu'il est en son essence (étant perdu dans la contemplation de sa propre nature purement spirituelle). C'est ici que le langage de l'occultiste et celui du mystique sont tous deux impuissants, car le langage traite de l'objectivité et de sa relation avec l'esprit. On peut donc comparer cet état supérieur de méditation à une condition de sommeil ou de transe, qui est cependant [102] l'antithèse du sommeil physique et de la transe du médium ; car, en cet état, l'homme spirituel est pleinement éveillé sur des plans qui défient la définition. Il est conscient, en toute plénitude, de son Identité Spirituelle immédiate.

47. Lorsque cet état hyper-contemplatif est atteint, le yogi arrive à la pure réalisation spirituelle par le calme équilibré de la chitta (ou substance mentale).

Les mots sanscrits employés dans ce sutra ne peuvent être traduits de façon adéquate et en termes précis que par l'emploi de certaines phrases donnant plus de clarté à la version anglaise. Le sutra pourrait être formulé littéralement comme suit : "Une claire netteté est la conséquence de la chitta apaisée." Il faut se rappeler que la notion ici impliquée est l'idée de pureté, dans son véritable sens, signifiant "affranchissement de la limitation" et impliquant en conséquence l'aboutissement à la pure réalisation spirituelle. Il en résulte un contact, pris par l'âme, avec la monade ou esprit, l'intelligence de ce contact étant alors transmise au cerveau physique.

Cela n'est possible qu'à un stade très avancé de la pratique du yoga, lorsque la substance mentale est parfaitement calme. Le Père dans les Cieux est connu, tel qu'Il est, révélé par le Fils à la Mère. Sattva (ou le rythme) reste seul apparent, rajas (l'activité) et tamas (l'inertie), étant dominés et maîtrisés. Ici, n'oublions pas que sattva se rapporte au rythme des formes au sein desquelles fonctionne le yogi, et que l'aspect supérieur [103] ou spirituel n'est connu que lorsque ces formes sont l'expression de la plus haute des trois gunas (ou qualités de la matière). Le second aspect n'est connu que quand rajas domine ; et quand règne tamas, c'est l'aspect le plus bas qui est alors connu. Une analogie intéressante peut être établie entre l'aspect inertie (ou tamas) de la matière et la condition dans laquelle se trouvent les corps du Yogi lorsqu'il est dans le plus haut état de Samadhi. Le parfait mouvement sattvique ou rythmique est alors si parfait qu'il devient, aux yeux de l'homme moyen, la réalisation d'un état statique représentant la sublimation de la condition tamasique ou inerte de la substance la plus dense.

On pourra s'aider du texte suivant, tiré du commentaire accompagnant la traduction des sutras par Woods :

"... Quand elle est affranchie de l'obscurcissement causée par l'impureté, la sattva de la substance pensante, dont l'essence est lumière, s'écoule en un flux calme et translucide que ni rajas ni tamas ne submergent. C'est alors la limpidité. Quand cette limpidité parvient à un état d'équilibre suprêmement réflecteur, (c'est-à-dire) la vision fulgurante (sputa) qui ne passe pas par les étapes de l'ordre successif (suivi par l'habituel processus expérimental) qui a pour objectif déterminé la chose telle qu'elle est réellement... L'impureté est un amalgame de rajas et tamas ; c'est la souillure dont le caractère distinctif est l'obscurcissement. De cette souillure, la clarté est affranchie." (p. 93)

L'homme a réussi (par la discipline, par l'observation des pratiques du yoga et par la persévérance dans la méditation) [104] à se dissocier de toutes les formes et à s'identifier à ce qui est sans forme.

Il a atteint le point qui est au cœur de son être. À partir de ce point de pure réalisation spirituelle, il peut de plus en plus travailler dans le futur. Par la pratique, il affermit cette réalisation et il considère sa vie, son travail et les circonstances qui les accompagnent, comme le déroulement d'un spectacle ne le concernant pas. Il peut cependant projeter sur eux l'éclat inquisiteur de l'esprit pur ; il est lui-même lumière, se connaît comme faisant partie de la "Lumière du Monde" et sait qu' "en cette lumière il verra la lumière". Il connaît les choses telles qu'elles sont et se rend compte que tout ce qu'il a jusqu'ici considéré comme réalité n'est en fait qu'illusion. Il a traversé la grande Maya, passé derrière elle dans la lumière qui l'engendre, et toute erreur est désormais pour lui impossible ; son sens des valeurs est juste ; son estimation de la proportion est exacte ; il n'est plus porté à se leurrer, mais se tient ferme, délivré des mirages. Ce point étant atteint, le plaisir ni la douleur ne l'affectent plus ; il est perdu en la béatitude de la Conscience-du-Soi.

48. Sa perception est maintenant infailliblement exacte. (ou : son mental ne révèle plus que la vérité).

Les deux traductions sont données ici car elles semblent, conjointement, donner une idée plus juste que chacune d'elles séparément. Le mot "exact" est employé dans son sens occulte et se rapporte au regard jeté par celui qui perçoit, sur tous les phénomènes. Le monde de l'illusion ou monde de la forme doit être "exactement connu". Cela signifie littéralement [105] que la relation de toute forme avec son nom, ou mot d'où elle tire son origine, doit être estimée telle qu'elle est. Le bilan final du processus évolutif exigera que toute forme ou manifestation divine réponde exactement à son nom, ou au mot qui actionna l'impulsion originelle, suscitant ainsi l'existence d'une vie. C'est pourquoi la première traduction met l'accent sur cette idée et fait allusion aux trois facteurs suivants :

1. L'idée.

2. Le mot.

3. La forme qui en résulte.

Ceux-ci, à leur tour, impliquent inévitablement une autre triade :

1. Le temps qui les relie tous trois.

2. L'espace qui les produit tous trois.

3. L'évolution, processus de la production.

De cela résulte la démonstration de la loi et l'exact accomplissement du dessein de Dieu. C'est ce que réalise le Yogi qui a réussi à éliminer de sa conscience toutes les formes et a pris conscience de ce qui réside derrière toutes les formes. La seconde traduction révèle la manière dont il y arrive. L'homme est polarisé sur un facteur qui n'est ni le mental ni aucune des gaines, et la substance mentale, maintenant parfaitement calme, peut donc infailliblement transmettre au cerveau physique, avec précision et sans aucune erreur, ce qui est perçu dans la lumière de la Shekinah qui jaillit du Saint des Saints, où l'homme a réussi à entrer. La vérité est connue et la cause de toutes formes se révèle dans tous les règnes de la nature. [106] C'est ici la révélation de la véritable magie et la clé du grand œuvre magique, auquel participent tous les vrais yogis et adeptes.

49. Cette perception particulière est unique et révèle ce que le mental rationnel (usant de témoignages, d'induction et de déduction) ne peut révéler.

Le sens, ici, peut être considéré comme indiquant que le mental de l'homme, en ses divers aspects et utilisations, est apte à révéler les choses se rapportant à l'objectivité, mais que seule l'identification avec l'esprit peut révéler la nature et le monde de l'esprit. "Nul n'a jamais vu[1] Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, Lui l'a fait connaître." La connaissance particulière dont il est question ici (connaissance de Dieu et de l'Esprit indépendamment de toute matière ou forme) est impossible avant que l'homme ait pris connaissance de lui-même en tant que Fils de Dieu, que le Christ en chaque homme se soit manifesté, que la vie christique se soit pleinement exprimée et que l'homme soit devenu un avec la réalité spirituelle intérieure qui est son véritable soi. Le témoignage des âges met en évidence la présence d'une force ou vie spirituelle dans le monde. L'expérience accumulée au cours de leur vie par des millions d'êtres atteste l'existence de l'esprit ; de la considération du monde ou de la grande maya on peut déduire qu'une Cause, persistant par Elle- même et existant par Elle-même, doit se trouver à l'arrière-plan de cette maya. Cependant, l'homme capable de passer derrière les formes et de transcender toutes les limitations dans les trois [107] mondes, (le mental, les émotions et les sens, ou "le monde, la chair et le diable"), cet homme-là peut seul savoir, au-delà de toutes controverses ou arguties, que Dieu est et que lui-même est Dieu. Il connaît la vérité et la vérité le rend libre.

Le champ de connaissance, les instruments de connaissance et la connaissance elle-même sont transcendés et le yogi arrive à la récognition suprême : il reconnaît qu'il n'y a rien en dehors de Dieu, que Sa vie est une et que les pulsations de cette vie battent dans l'atome microscopique comme dans l'atome du macrocosme. Le yogi s'identifie avec cette vie ; il la trouve au cœur de son propre être et c'est là qu'il peut se confondre avec la vie de Dieu telle qu'elle se trouve dans l'ultime atome primordial, ou qu'il peut étendre sa réalisation jusqu'à se connaître lui-même en tant que vie du système solaire.

50. Elle est adverse à toutes autres impressions ou s'y substitue.

Avant d'atteindre à cette perception juste, l'observateur dépendait, pour connaître la vérité, de trois autres méthodes, toutes limitées et imparfaites, qui étaient :

1. Les perceptions des sens. Par l'emploi de cette méthode, l'habitant du corps s'instruit sur la nature du monde objectif par l'entremise de ses cinq sens. Il prend connaissance de l'objectivité et de la tangibilité ; il entend, voit, touche, goûte et sent les choses du monde physique. C'est, cependant, aux effets produits par la vie subjective qu'il a affaire, mais il ne possède pas d'informations sur les causes ou les énergies subjectives dont ils découlent. L'interprétation qu'il leur donne [108] est en conséquence faussée et le conduit à une identification incorrecte et à une évaluation erronée.

2. La perception mentale. Par l'emploi du mental l'observateur prend conscience d'une autre classe de phénomènes ; il entre en rapports avec le monde de la pensée et avec l'état de la substance où sont enregistrées les impulsions de l'âme de notre planète et de ses habitants, puis avec les formes créées par les impulsions vibratoires qui expriment certaines idées et certains désirs – surtout ces derniers. Du fait de la perception erronée consécutive à l'usage des sens et à la fausse interprétation des choses sensoriellement perçues, ces formes- pensées sont en elles-mêmes des distorsions de la réalité et n'expriment que les basses impulsions et réactions émanant des règnes inférieurs de la nature. Les étudiants devraient se rappeler que c'est seulement lorsque l'homme commence réellement à utiliser son corps mental (et n'est pas utilisé par lui) qu'il entre en contact avec les formes-pensées créées par les guides de la race et les perçoit correctement.

3. L'état hyper-contemplatif. Dans cet état, la perception est infailliblement exacte et les autres modes de vision sont estimés à leur juste mesure. L'observateur ne fait plus appel aux sens sauf dans la mesure où il les utilise pour servir un dessein de travail constructif sur leurs plans respectifs. Il possède maintenant une faculté qui le garde de l'erreur et un sens qui ne lui révèle les choses que telles qu'elles sont. Les conditions régissant ce stade peuvent être énumérées comme suit : [109]

1. L'homme est polarisé dans sa nature spirituelle.

2. Il se reconnaît lui-même et fonctionne comme âme, ou Christ.

3. Sa chitta, ou substance mentale, est en état de quiétude.

4. Le sutratma, ou fil, fonctionne de façon adéquate et les corps inférieurs, alignés sur lui, fournissent un canal direct de communication avec le cerveau physique.

5. Le cerveau est entraîné à ne servir que de récepteur sensible aux impressions de la vérité.

6. Le troisième œil est en voie d'épanouissement. Par la suite, les centres sont éveillés et placés sous contrôle conscient ; ils mettent l'homme en rapport avec les divers groupes septuples d'énergies sur les sept plans du système ; la faculté perceptrice de la vérité étant alors développée, l'homme est de ce fait à l'abri de l'erreur et du danger.

 

[1] La Bible. Traduction française de l'École Biblique de Jérusalem. (N.d.l.t.)