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LIVRE III L’UNION REALISEE ET SES RESULTATS - Partie 1

LIVRE III

L'UNION REALISEE ET SES RESULTATS

a. La méditation et ses stades

b. Vingt-trois résultats de la méditation

Thème : Les pouvoirs de l'âme

[243]

1. La concentration consiste à fixer la chitta (substance mentale) sur un sujet particulier. Ceci est dharana.

Nous sommes arrivés maintenant à la partie des Yoga Sutras qui traite

 spécifiquement de la maîtrise du mental et des effets de cette maîtrise. Les quinze premiers sutras sont consacrés à la maîtrise du mental et aux moyens à employer pour l'atteindre, et les quarante sutras restants concernent les résultats qui se produisent lorsque cette maîtrise a été acquise ; vingt-trois résultats sont énumérés et tous se trouvent dans la ligne des expansions de conscience et de la démonstration des facultés psychiques, tant inférieures que supérieures.

Le premier pas à faire en vue de ce développement est la concentration, ou la faculté de garder le mental fermement et inébranlablement fixé sur ce que l'aspirant choisit. Ce premier pas est l'un des stades les plus difficiles du processus de la [244] méditation et il implique la faculté indéfectible de ramener constamment le mental à l' "objet" que l'aspirant a choisi pour objet de sa concentration. Les stades mêmes de la concentration sont bien délimités et peuvent être désignés comme suit :

1. Le choix de l' "objet" sur lequel se concentrer.

2. Le fait de retirer la conscience mentale de la périphérie du corps, afin que les voies de la perception extérieure et du contact (les cinq sens) soient réduites au calme et que la conscience ne se dirige plus vers l'extérieur.

3. La centralisation de la conscience, et sa stabilisation dans la tête, en un point médian entre les sourcils.

4. L'application du mental, ou extrême attention accordée à l'objet choisi pour la concentration.

5. La visualisation de cet objet, la perception imaginative de ce qu'il est et le raisonnement logique s'y rapportant.

6. Le fait d'étendre les concepts mentaux qui ont été formés, en les faisant passer, du plan spécifique ou particulier au plan général et universel, ou cosmique.

7. Une tentative pour arriver à ce qui gît à l'arrière-plan de la forme considérée, ou d'atteindre l'idée qui est à l'origine de la forme.

Ce processus élève graduellement la conscience et permet à l'aspirant d'arriver à l'aspect vie de la manifestation, à la place de l'aspect forme. Il commence néanmoins par la forme ou "objet". Les objets sur lesquels se concentrer sont de quatre sortes : [245]

1. Les objets externes, tels qu'images de la divinité, peintures ou formes faisant partie de la nature.

2. Les objets internes, tels que les centres du corps éthérique.

 3. Les qualités, telles que les diverses vertus, dans l'intention d'éveiller un désir pour ces vertus, et ainsi, de les édifier au sein de la vie personnelle.

4. Les concepts mentaux, ou les idées incorporant les idéaux qui gisent à l'arrière-plan de toutes les formes animées. Ils peuvent se présenter sous l'aspect de symboles ou de mots.

Dans l'un des Puranas, l'idée qu'incorpore la concentration est exprimée avec une grande beauté. Il est dit à l'aspirant, après qu'il ait fait usage des cinq premiers moyens de yoga (traités dans le Livre II) qu'il "devrait procéder à une localisation de la substance mentale dans quelque support propice", et cette localisation est illustrée par une description de l'attention fixée sur une forme de Dieu.

"Par la forme incarnée de l'Un Suprême, on est laissé sans désir pour aucun autre support. Cela doit être compris comme étant fixité d'attention, quand la substance mentale est ancrée sur cette forme. Quelle est cette forme incarnée de Hari sur laquelle on doit méditer, que cela soit entendu par toi, ô Souverain des Hommes. L'attention fixée n'est pas possible sans quelque chose sur quoi la fixer." (Vishnou Purana, VI. 7, 75-85)

Suit alors une description de la forme incarnée de l'Un Suprême, concluant par ces mots :

"... que sur Lui le yogi médite ; et, perdu en Lui, qu'il concentre son propre mental jusqu'à ce que, ô Roi, l'attention fixée devienne fermement [246] attachée sur Lui seul. Lorsqu'il accomplit ceci, ou lorsqu'il se livre, à son gré, à quelque autre action dans laquelle son mental ne s'égare point, il doit alors estimer avoir atteint la perfection." (Naradiya Purana, LXVII. 54-62)

C'est cette conscience de la nécessité d'avoir des "objets" de concentration qui a suscité le besoin d'images, de sculptures sacrées et de peintures. Tous ces objets entraînent la mise en jeu du mental inférieur concret, ce qui est un stade préliminaire nécessaire ; leur usage met le mental en état de soumission, de sorte que l'aspirant peut le faire agir selon son choix. Les quatre types d'objets mentionnés ci-dessus dirigent graduellement l'aspirant vers l'intérieur et le mettent à même de transférer sa conscience, du plan physique dans le domaine éthérique et de là dans le domaine du désir et des émotions, et ainsi dans le monde des idées et concepts mentaux. Ce processus, qui se poursuit dans le cerveau, amène l'homme inférieur tout entier à un état d'attention cohérente concentrée sur un seul point, toutes les parties constituantes de sa nature étant dirigées vers la réalisation de la fixité de l'attention, ou d'une concentration de toutes les facultés mentales. Dès lors, le mental ne se disperse plus, n'est plus instable et dirigé vers l'extérieur, mais il est pleinement "fixé dans l'attention". Vivekananda traduit "dharana" par "retenant le mental sur une pensée pendant douze secondes".

Cette perception d'un objet, claire, tranquille et fixée sur un point unique sans qu'aucun autre objet ne pénètre dans la conscience, est d'une réalisation fort difficile, et lorsque cela peut être accompli en l'espace de douze secondes, la véritable concentration est réalisée. [247]

2. La concentration soutenue (dharana) est la méditation (dhyana).

La méditation n'est que l'extension de la concentration et naît de la facilité avec laquelle l'homme peut "fixer le mental" à volonté sur quelque objet particulier. Elle obéit aux mêmes règles et conditions que la concentration et la seule différence entre elles réside dans l'élément temps.

La capacité de concentrer fermement le mental sur un objet étant obtenue, le pas suivant consiste à développer le pouvoir de garder la substance mentale ou chitta inébranlablement occupée de cet objet ou pensée, pendant une période prolongée. Le Purana cité ci-dessus poursuit en ces termes :

"Une succession ininterrompue d'idées qui s'offrent, s'unifiant dans l'intensité devant Sa forme, sans désir pour aucune autre chose, cela, ô Roi, est la contemplation. Elle est amenée par les six premiers moyens de yoga."

Le mot contemplation est ici synonyme de méditation. Cette méditation est encore avec semence, ou avec un objet. Dvidedi dit dans son commentaire de ce sutra :

"... Dhyana consiste à fixer le mental tout entier sur l'objet auquel il est pensé (jusqu'à ce qu'il ne fasse qu'un avec lui). En fait, le mental devrait, à ce moment, n'être conscient que de lui-même et de l'objet."

L'attitude de l'homme devient pure attention fixe ; son corps physique, ses émotions, son entourage et tous les sons et choses visibles sont perdus de vue ; le cerveau n'est conscient que de l'objet formant le thème ou la semence de la méditation et des pensées que formule le mental relativement à cet objet. [248]

3. Quand la chitta s'absorbe en ce qui est la réalité (ou l'idée enclose dans la forme) et n'a plus conscience ni d'une séparation ni du soi personnel, il s'agit de la contemplation ou samadhi.

Le moyen le plus simple de comprendre ce sutra consiste à se rendre compte que toute forme ou objet est une vie manifestée, de quelque genre que ce soit. Dans les premiers stades du processus de méditation, l'étudiant prend connaissance de la nature de la forme et des rapports existant entre elle et lui. Les deux états dans lesquels il est conscient de lui-même et de l'objet de sa méditation sont des conditions purement mentales ; elles existent dans son mental.

Cette condition est suivie d'une autre, dans laquelle sa prise de conscience se dirige vers l'intérieur et atteint le plan subjectif. Il se rend compte de la nature de la vie qui s'exprime à travers la forme. La qualité et les rapports subjectifs accaparent son attention et il perd de vue l'aspect forme ; mais le sentiment de séparation ou de dualité persiste encore. Il est encore conscient de lui-même et de ce qui constitue le non-soi. La similitude de qualité et la réaction à une vibration analogue sont cependant acquises par lui.

Dans les deux stades de dharana et dhyana – la concentration et la méditation – le mental est le facteur important agissant dans le cerveau comme agent producteur. Un grand instructeur hindou, Kecidhvaja, exprime cette idée dans les termes suivants :

"L'âme a le moyen. La pensée est le moyen. Elle est inanimée. Lorsque la pensée a terminé sa tâche libératrice, elle a accompli ce qu'elle devait faire, et cesse." (Du Vishnou Purana VI. 7. 90) [249]

La vérité de ce fait rend très difficile toute description ou explication au sujet de l'état élevé de samadhi ou contemplation, car les mots et les phrases ne sont qu'un effort du mental visant à soumettre au cerveau du soi personnel ce qui le rendra apte à apprécier et comprendre le processus.

Dans la contemplation, le yogi perd de vue :

1. Sa conscience cérébrale, ou les notions du plan physique se rapportant au temps et à l'espace.

2. Ses réactions émotives au sujet du processus de sa méditation.

3. Ses activités mentales ; de sorte que toutes les "modifications" du processus pensant, toutes les réactions émotives du véhicule du mental-désir (kama-manas) sont subjuguées, le yogi en étant inconscient. Il est cependant intensément vivant et alerte, positif et éveillé ; car le cerveau et le mental sont fermement tenus en bride par lui et il en fait usage sans aucune intervention de leur part.

Cela signifie littéralement que la vie indépendante des formes à travers lesquelles fonctionne le soi réel est tranquille, pacifiée et subjuguée, l'homme réel ou spirituel étant éveillé sur son propre plan et apte à fonctionner en faisant un plein usage du cerveau, des enveloppes et du mental du soi inférieur son véhicule ou instrument. Il est, en conséquence, centré en lui-même, ou dans l'aspect âme. Il a perdu de vue tout sens de séparation, ou de soi personnel inférieur ; il s'identifie avec l'âme de la forme qui a fait l'objet de sa méditation.

N'étant plus entravé par la substance mentale, ou par la [250] nature de désir, il "pénètre" en un état qui présente quatre caractéristiques prépondérantes :

1. L'absorption dans la conscience de l'âme et, en conséquence, la connaissance consciente de l'âme de toutes choses. La forme n'est plus perçue et la vision de la réalité, que voilent toutes formes, se révèle.

2. La libération hors des trois mondes de la perception sensorielle ; de sorte que seul est connu ou peut faire l'objet d'un contact, ce qui est dénué de forme, de désir et de substance mentale concrète.

3. La conscience d'être un avec toutes les âmes, subhumaines, humaines et supra-humaines. La conscience de groupe exprime tant soit peu cette idée, tout comme la conscience particulière, ou la conscience que peut avoir un être de sa propre identité individuelle, caractérise la conscience dans les trois mondes.

4. L'illumination, ou perception de l'aspect lumière de la manifestation.

Grâce à la méditation, le yogi se sait être lui-même lumière, être un point d'essence ignée. Grâce à la facilité avec laquelle se déroule le processus de méditation, il peut centrer cette lumière sur quelque objet de son choix et se mettre "en rapport" [1] avec la lumière que cache cet objet. Cette lumière est alors reconnue pour être une en essence avec son propre centre de lumière, et la compréhension, la communication et l'identification sont alors rendues possibles.

4. Quand la concentration, la méditation et la contemplation constituent un acte continu, sanyama est alors réalisé.

Cette idée est des plus difficiles à rendre, car nous [251] n'avons pas d'équivalent dans cette langue pour le terme sanscrit "sanyama". C'est la synthèse des trois stades du processus de méditation et elle n'est possible qu'à l'étudiant qui a appris ce que sont les trois états de maîtrise sur le mental et a acquis cette maîtrise. Grâce à elle, il a obtenu quelques résultats, qui sont les suivants :

1. Il s'est libéré de l'existence dans les trois mondes du mental, de l'émotion et du plan physique. Ceux-ci n'attirent plus son attention. Il n'est plus concentré sur eux, ni absorbé en eux.

2. Il peut à volonté faire converger son attention sur un point donné et peut garder indéfiniment son mental en état de stabilité, tandis qu'il travaille intensément dans le monde mental, s'il trouve bon de le faire.

3. Il peut axer ou centrer son être dans la conscience de l'égo, l'âme ou homme spirituel, et se connaît lui-même comme étant séparé du mental, des émotions, des désirs, des sentiments et de la forme, qui constituent l'homme inférieur.

4. Il a appris à reconnaître cet homme inférieur (la somme totale des états mentaux, des émotions et des atomes physiques) comme n'étant qu'un simple instrument dont il peut user à volonté pour communiquer avec les trois plans inférieurs.

5. Il a acquis la faculté de contemplation, ou l'attitude de l'Identité réelle à l'égard du royaume de l'âme et il peut, de là, regarder ce royaume de l'âme, en un sens correspondant à la façon dont un homme, sur le plan physique, se sert de ses yeux pour voir.

6. Il peut, par la voie du mental placé sous contrôle, transmettre au cerveau ce qu'il voit et peut ainsi communiquer, à l'homme sur le plan physique, la connaissance du soi et de son royaume.

C'est là la méditation parfaitement concentrée, et la capacité [252] de méditer ainsi est nommée dans ce sutra sanyama. C'est la réalisation de ce pouvoir de méditation qui est l'objectif du système Raja Yoga. Grâce à cette réalisation, le yogi a appris à faire une distinction entre l'objet et ce que l'objet voile ou cache. Il a appris à percer tous les voiles et à prendre contact avec la réalité qui se trouve derrière eux. Il a acquis une connaissance efficacement active de la dualité.

Il est une conscience encore plus haute que celle-là – la prise de conscience que traduit le terme unité – mais il ne la possède pas encore. Celle- là représente cependant un stade très élevé ; elle produit en l'homme physique des effets stupéfiants et offre à sa connaissance diverses formes de phénomènes.

 5. Résultant de sanyama s'ensuit le rayonnement de la lumière.

Ici, différents termes ont été employés par divers commentateurs ou traducteurs, et il peut être intéressant de considérer certains d'entre eux ; car, de ces diverses interprétations, surgira la pleine compréhension des termes sanscrits.

En bref, l'idée implique la conception suivante : la nature de l'âme est lumière et cette lumière est la grande révélatrice. Le yogi, par la pratique continue de la méditation, a atteint un point où il peut, à volonté, tourner dans n'importe quelle direction la lumière qui irradie de son être même, et éclairer ainsi n'importe quel sujet. Rien ne peut donc lui être caché et toute connaissance est à sa disposition. Ce pouvoir est en conséquence décrit comme : [253]

1. Illumination de la perception. La lumière de l'âme ruisselle, et l'homme sur le plan physique est par là mis à même de percevoir, dans sa conscience cérébrale, ce qui lui était auparavant obscur et caché. Le processus peut être décrit, en termes concis, comme suit :

a. Méditation.

b. Centralisation dans l'âme, ou conscience égoïque.

c. Contemplation, ou projection de la lumière de l'âme sur ce qui doit être connu ou investigué.

d. Épanchement subséquent de la connaissance acquise, en un "torrent d'illumination", dans le cerveau et par la voie du sutratma, fil de l'âme, corde d'argent, ou chaînon magnétique. Ce fil passe à travers le mental et l'illumine. Les pensées engendrées au cours de la réaction automatique de la chitta (ou substance mentale) à la connaissance transmise, sont alors imprimées sur le cerveau ; et l'homme, dans sa conscience physique, est instruit de ce que l'âme connaît. Il devient illuminé.

Ce processus devenant plus fréquent et s'affermissant, un changement a lieu dans l'homme physique. Il devient de plus en plus synchronisé avec l'âme. Au cours de la transmission, l'élément temps est relégué à l'arrière-plan et l'illumination du champ de connaissance par la lumière de l'âme, ainsi que l'illumination du cerveau physique, deviennent un événement instantané.

La lumière dans la tête s'accroît dans la même mesure et le troisième œil se développe et fonctionne. Un "œil" correspondant [254] se développe sur les plans astral et mental ; l'égo ou âme peut ainsi illuminer l'ensemble des trois plans dans les trois mondes, au même titre que le royaume de l'âme.

2. Lucidité de la conscience. L'homme devient lucide et possède une claire vision. Il est conscient d'un pouvoir croissant en lui, qui lui permettra de traduire et de résoudre non seulement tous les problèmes, mais encore de "parler lucidement", devenant ainsi l'une des forces instructrices du monde. Toute connaissance consciemment acquise par l'illumination de soi, doit être partagée et clairement transmise à autrui. C'est là le corollaire de l'illumination.

3. Le rayonnement lumineux de la vision pénétrante. Ceci présente le sujet sous un angle nouveau et des plus importants. C'est la définition de la capacité de "voir à l'intérieur" d'une forme, d'atteindre à la réalité subjective qui a fait ce qu'elle est, l'enveloppe objective. Cette vision pénétrante est plus que de la compréhension, de la sympathie ou de l'entendement ; ceux-ci n'en sont que les effets. Elle est la capacité de passer au travers de toutes les formes et d'atteindre ce qu'elles voilent ; car cette réalité est identique à la réalité qui est en nous.

4. L'illumination de l'intellect. À moins que le mental, ou intellect, puisse saisir et transmettre ce que l'âme sait, les mystères restent inexpliqués pour le cerveau physique et, de la connaissance que possède l'âme, il ne reste rien de plus qu'une vision magnifique et inaccessible. Mais lorsque l'intellect est illuminé, il peut transmettre au cerveau, et imprimer sur lui, les choses cachées que seuls connaissent les fils de Dieu sur leur propre plan. D'où la nécessité du Raja Yoga, ou [255] science de l'union par la maîtrise et le développement du mental.

6. Cette illumination est graduelle ; elle se développe stade après stade.

Il est traité ici de la nature évolutive de toute croissance et de tout développement, et l'aspirant se souviendra que rien ne peut s'accomplir en une fois, mais résulte d'un long effort soutenu.

Tout aspirant aux mystères devrait se souvenir qu'une croissance graduelle est relativement lente et constitue la méthode suivie par tout processus naturel, ce développement de l'âme n'étant après tout que l'un des grands processus suivis par la nature. Tout ce que l'aspirant doit faire est d'en assurer les conditions voulues. La croissance prendra alors soin d'elle-même normalement. Une ferme persévérance, une endurance patiente, une réalisation quotidienne minime, sont de plus de valeur pour l'aspirant que la précipitation fougueuse et l'effort enthousiaste de la personne émotive et instable. Une hâte excessive apportée au développement personnel entraîne certains dangers d'ordre spécifique et bien déterminés. Ceux-ci peuvent être évités si l'étudiant se rend compte que le sentier est long et qu'une compréhension intelligente de chaque stade du sentier a pour lui plus de valeur que les résultats obtenus par l'éveil prématuré de la nature psychique. L'invitation à croître comme croît la fleur comporte une vérité occulte d'une portée considérable. Cette idée est exprimée dans l'injonction donnée par l'Ecclésiaste, VII. 16 exprimant la pensée

suivante : "Ne sois pas juste à l'excès... pourquoi te torturer ?" 8 [256]

7. Ces trois derniers moyens de yoga ont un effet subjectif plus intérieur que les précédents moyens.

Les cinq premiers moyens de Yoga ont pour principal objectif la préparation de celui qui aspire à être un yogi. Par l'observation des Commandements et des Règles ; par la réalisation de l'équilibre et du contrôle rythmique des énergies du corps, et par le pouvoir consistant à rétracter sa conscience pour la centrer dans la tête, l'aspirant est apte à retirer un plein profit des pouvoirs de concentration, méditation et contemplation, et de les cultiver en toute sécurité.

Ayant pris contact avec ce qui est subjectif en lui et étant devenu conscient de ce qui est au-dedans, il peut commencer à travailler par les moyens intérieurs, internes et intimes. L'ensemble des huit moyens de Yoga ne font en eux-mêmes que préparer l'homme à l'état de conscience spirituelle qui transcende la pensée ; état distinct de toutes les semences de la pensée, dénudé de forme et ne pouvant être décrit (cela très imparfaitement) que par des termes tels qu'unification, réalisation, identification, conscience nirvanique, etc.

Il est inutile que le néophyte tente de comprendre cela avant d'avoir développé l'instrument interne permettant cette compréhension ; il est vain de la part de l'homme courant de poser des questions et de chercher à obtenir une démonstration, à moins qu'il ne soit prêt à apprendre en même temps l'A.B.C. de la technique et à en franchir les degrés (comme pour l'acquisition de n'importe quelle science). [257]

Dans son commentaire, Johnston dit ceci :

"... Les moyens de développement précédemment décrits se rapportaient à l'homme spirituel en voie de se dégager des entraves et des voiles psychiques ; tandis que ce triple

8 Texte français de la Bible de Jérusalem. (N.d.l.t.)

 pouvoir doit être mis en œuvre par l'homme spirituel ainsi dégagé, se tenant ferme sur ses pieds et regardant la vie de ses yeux grands ouverts."

8. Ces trois-là, cependant, sont eux-mêmes externes au regard de la véritable méditation sans semence (ou samadhi) qui ne se base pas sur un objet. Celle-ci est libérée des effets de la nature séparatrice de la chitta, (ou substance mentale).

Au cours de tous les stades précédents, le penseur était conscient à la fois de lui-même – le connaisseur – et du champ de la connaissance. Lors des stades de début, il était conscient d'une triade, car l'instrument de la connaissance était également reconnu pour être plus tard transcendé puis oublié. Maintenant intervient le stade final, objectif de toutes les pratiques de Yoga, où l'unité est connue et où la dualité elle-même est considérée comme une limitation. Rien ne reste plus que la conscience du soi, de ce connaisseur omniscient et omnipotent qui est un avec le Tout et dont la nature même est conscience et énergie. Comme il a été dit à juste titre :

"Il y a en conséquence ces deux types de perception : celle des choses vivantes et celle de la Vie ; celle des œuvres de l'âme et celle de l'âme elle-même."

Le démonstrateur du Yoga désire maintenant décrire les résultats de la méditation (quelques-uns d'entre eux selon la ligne du psychisme supérieur et d'autres selon la ligne du psychisme [258] inférieur) ; les sept sutras suivants traitent donc de la nature des objets vus et de la maîtrise du mental qu'exerce l'homme réel lorsqu'il cherche à faire converger sur eux le rayon lumineux de son mental.

En étudiant ces résultats de la méditation dans le domaine psychique, il faut garder à l'esprit le fait que les huit moyens de Yoga produisent régulièrement des effets déterminés dans la nature inférieure, et qu'il s'ensuit certains développements et expériences ; ceux-ci mettent l'aspirant plus consciemment en rapport avec les plans intérieurs dans les trois mondes. Ce processus est à la fois sûr et nécessaire, à condition qu'il soit le fruit de l'éveil de l'homme sur son propre plan et de l'orientation de l'œil de l'âme sur les dits plans, par la voie du mental et du troisième œil. La présence du pouvoir psychique inférieur peut cependant signifier que l'âme est (du point de vue du plan physique) endormie et incapable d'user de son instrument, et que ces expériences ne sont en conséquence que le résultat de l'activité du plexus solaire produisant la conscience sur le plan astral. Ce genre de psychisme constitue une "régression" vers l'état animal et le stade d'enfance de la race humaine. Il est indésirable et dangereux.

9. La séquence des états mentaux se déroule comme suit : le mental réagit à ce qui est vu ; il s'ensuit alors la phase de la maîtrise mentale ; puis vient la phase ou la chitta (substance mentale) réagit à ces deux facteurs. Ceux-ci finalement disparaissent et la conscience qui perçoit se donne libre cours.

Si l'étudiant veut bien prendre connaissance de l'une quelconque des traductions des sutras, il verra que celui-ci est [259] traduit de diverses façons et que la plupart des traductions sont extrêmement ambiguës ; ce qui peut être illustré par la traduction suivante de Tatya :

"Provenant des deux séries de la pensée auto-reproductrice résultant du Vyutthana et du Nirodha (respectivement) ; lorsque le premier est subjugué et le second manifesté et qu'au moment de la manifestation, l'organe interne (chitta) est impliqué dans les deux séries, les dites modifications de l'organe interne constituent alors la modification de la forme de Nirodha."

Les autres sont encore plus vagues, à l'exception de la traduction suivante que nous donne Johnston, laquelle jette une grande lumière sur l'idée dont il s'agit :

"Résultant des degrés ascendants, la maîtrise se développe. Il y a d'abord la domination sur l'impression mentale d'excitation. Il s'ensuit la manifestation d'une impression mentale de maîtrise, suivie, après la phase de maîtrise, par la conscience perceptive. C'est là le développement de la maîtrise."

La manière la plus simple de comprendre cette idée est peut-être de se rendre compte que l'homme, en son cerveau physique, est conscient de trois facteurs lorsqu'il tente de méditer :

1. Il est conscient de l'objet de sa méditation. Ceci excite ou impressionne son mental, met en activité les "modifications du principe pensant" – ou stimule la tendance qu'a le mental à créer des formes-pensées – et précipite la chitta (substance mentale) en des formes correspondant à l'objet vu. [260]

2. Il prend alors conscience de la nécessité de vaincre cette tendance, faisant ainsi intervenir l'action de la volonté ; il stabilise et maîtrise la substance mentale, de sorte qu'elle cesse de se modifier et d'assumer une forme.

À force d'efforts fermes et persévérants, le caractère de séquence que présentent ces deux états de conscience est soumis à une compensation graduelle qui, en temps voulu, les rend simultanés. La récognition d'un objet et la maîtrise immédiate de la chitta réactive ont lieu comme en un éclair. C'est l'état nommé techniquement "nirodha". Il faut se souvenir que (selon Vivekananda) :

"S'il y a une modification qui incite le mental à s'élancer au-dehors par la voie des sens, et que le yogi tente de la maîtriser, ce contrôle même constituera une modification."

L'empreinte de la volonté sur le mental amènera tout naturellement le mental à assumer la forme qui s'impose à lui, et il sera précipité en une modification dépendant largement du point d'évolution atteint par l'aspirant, de la tendance de ses pensées quotidiennes et de la mesure de son contact égoïque. Ceci n'est pas la forme correcte et élevée de la contemplation ; elle n'en est qu'un des stades de début, très supérieur cependant à la concentration et à la méditation avec semence, telle qu'elle est généralement comprise, car il est inévitablement suivi par le troisième stade, qui présente un grand intérêt.

3. Il glisse soudain hors de l'état de conscience inférieur et devient conscient de son identité avec celui-qui-perçoit, le penseur sur son propre plan ; du fait que le mental est maîtrisé [261] et que l'objet perçu ne provoque aucune réaction, la véritable identité est alors à même de percevoir ce qui, jusqu'alors, était voilé.

Il faut cependant établir clairement que celui-qui-perçoit sur son propre plan a toujours été conscient de ce qui est maintenant reconnu. La différence réside dans le fait que l'instrument – le mental – est maintenant en état de sujétion ; il est donc possible, pour le penseur, d'imprimer sur le cerveau par la voie du mental subjugué, ce qui a été perçu. Simultanément, l'homme sur le plan physique perçoit, lui aussi, la véritable méditation et la véritable contemplation deviennent pour la première fois réalisables. Au début, ce ne sera que pendant une brève seconde. Un éclair de perception intuitive, un instant de vision et d'illumination et tout a disparu. Le mental recommence à se modifier ; il est rejeté à l'activité ; la vision s'évanouit ; l'instant suprême est passé et la porte du royaume de l'âme semble soudain se clore. Mais l'assurance est acquise ; cette échappée sur la réalité a été enregistrée par le cerveau et la garantie de la réalisation future est ainsi reconnue.

10. Cette habitude mentale étant cultivée, il s'ensuivra une stabilité de la perception spirituelle.

La fréquence de la réalisation du point d'équilibre entre l'excitation du mental et sa mise sous contrôle, peut être accélérée par une constante répétition, jusqu'au moment où l'habitude de stabiliser le mental devient un fait acquis. Lorsque c'est accompli, deux choses interviennent : [262]

1. Une maîtrise instantanée du mental, obtenue à volonté et produisant :

a. Un mental en repos, exempt de formes-pensées. b. Un cerveau calme et prompt à la réaction.

2. La descente, dans le cerveau physique, d'un influx de conscience, provenant de celui-qui-perçoit, de l'âme.

Ce processus devient de plus en plus clair et, avec le temps, plus révélateur et présentant de moins fréquentes interruptions ; jusqu'au moment où une réaction rythmique s'établit entre l'âme et l'homme du plan physique. Le mental et le cerveau sont alors complètement subjugués par l'âme.

Il faut se souvenir que cette condition du mental et du cerveau est une condition positive et non un état négatif.

11. Le fait de contracter cette habitude et de soustraire le mental à sa tendance à construire des formes-pensées, a pour résultat final un pouvoir constant de contemplation.

Il y a peu de chose à dire pour expliquer ce sutra, étant donné sa clarté. Il a le caractère d'une récapitulation des précédents sutras.

L'idée qu'il exprime est celle de la réalisation d'un état de constante méditation. Bien que des périodes de travail bien définies, accomplies à certaines heures déterminées et fixées, aient une grande valeur, et cela particulièrement aux stades de début du développement de l'âme, la condition idéale est cependant d'être chaque jour et tout le jour en état de réalisation. L'aptitude à puiser à volonté dans les ressources de l'égo ; la constante récognition du fait qu'on est un Fils de [263] Dieu incarné sur le plan physique, et l'aptitude d'attirer à soi, quand il en est besoin, le pouvoir et la force de l'âme, seront acquises, en définitive, par chaque aspirant. Mais cependant, l'habitude du recueillement doit d'abord être contractée, et la capacité de refréner instantanément les modifications du principe pensant doit précéder ce désirable état de l'être.

12. Quand la maîtrise du mental et le facteur maîtrisant sont en condition d'équilibre réciproque, il s'ensuit un état de fixité sur un seul point.

Le terme sanscrit employé est difficile à expliquer clairement. Des termes tels que concentration fixée sur un seul point, intensité fixée, synthétisée, parachevée, donnent tous quelque idée de l'état mental considéré ici.

L'aspirant est maintenant délibérément inconscient de tous les états mentaux se rapportant aux trois mondes. Son attention converge sur un objet particulier et, en premier lieu, sur la réalité de la vie subjective, voilée par la forme de l'objet. Il est également inconscient de lui-même, le penseur ou connaissant ; seul, ce qui est contemplé fait l'objet d'une réalisation, dans le vrai sens du terme. Ceci est l'aspect négatif.

Il faut cependant se rappeler que c'est là un état mental très actif, car la conscience qui perçoit a de l'objet une connaissance globale des plus étendues. La somme de ses qualités, aspects et vibrations se révèle à lui, comme aussi l'énergie centrale [264] essentielle qui a suscité la manifestation de cet objet particulier. Ceci se révèle grâce à l'illuminante clarté du mental, projetée avec persistance sur cet objet. La conscience de celui-qui-perçoit prend connaissance également de son identité avec la réalité qui gît derrière la forme. C'est là la véritable prise de conscience occulte, qui n'est pas tant une prise de conscience de l'objet que celle de l'unité ou de l'identité avec la vie qu'il voile.

Cela constitue, en soi, une condition de dualité, mais non dans le sens généralement admis. Quoi qu'il en soit, il y a un état de conscience encore plus élevé, qui consiste à prendre conscience de l'unité de la vie dans toutes les formes et non simplement de l'unité avec la vie qui se trouve en un objet particulier.

13. Par ce processus les aspects de chaque objet sont connus ; leurs caractéristiques (ou leur forme), leur nature symbolique et leur usage spécifique selon les conditions du temps (stades de développement) sont connues et il en est pris conscience.

Il ne faut pas oublier ici que chaque forme de manifestation divine a trois aspects et qu'elle est par là réellement faite à l'image de Dieu et possède toutes les potentialités divines. Ce fait est reconnu en ce qui concerne le règne humain et il est également vrai de toutes les formes. Le yogi qui pratique la véritable concentration est conscient de cette triple nature ; les trois aspects sont vus par lui tels qu'ils sont et cependant reconnus comme constituant un tout. Dans son commentaire, Johnston nous dépeint, dans les termes suivants, ce qu'impliquent ces idées :

"... nous obtenons une vision double de cet objet, voyant à la fois toutes ses caractéristiques individuelles, son caractère [265] essentiel, son espèce et son genre ; nous le voyons par rapport à lui-même et par rapport à l'Éternel."

Ces trois aspects couvrent de curieuse façon les trois aspects de l'équation du temps, ou de la relation de cet objet avec son entourage.

1. Les caractéristiques de la forme. Dans cette phrase, les aspects extérieurs tangibles de la forme sont perçus ; il y est question du côté matière de l'idée manifestée ; ce dont il peut être pris contact par le truchement des sens est considéré en premier lieu, puis écarté. Cette forme est le résultat du passé et les limitations provenant du degré d'évolution sont discernées. Toute forme porte en elle le témoignage des cycles antérieurs, et cela peut être constaté par :

a. Son taux de vibration.

b. La nature de son rythme.

c. La dose de lumière qui se manifeste par son entremise. d. Sa couleur occulte.

2. La nature symbolique. Tout objet n'est que le symbole d'une réalité.

La différence qui existe dans le développement des formes symbolisant ou incorporant cette réalité, constitue la garantie qu'en quelque date future tous les symboles porteront les fruits de leur mission.

Un symbole est une idée concrétisée, l'élaboration de quelque vie au sein de l'existence objective. Il est l'aspect conscience, et deux grandes révélations se trouvent à l'état latent dans chaque symbole ou forme. [266]

a. La révélation de la pleine conscience, ou le jaillissement de la réaction au contact, réaction qui, en toutes les formes, n'est encore que potentielle ou non conforme, mais qui peut, et pourra, en se portant en avant, devenir la plénitude du flux montant de la conscience.

 b. La révélation de ce que voile à son tour l'aspect conscience (le second aspect). La suppression de ce qui voile l'âme mène à la manifestation de la vie unique. La manifestation du Fils de Dieu conduit à la connaissance du Père. La lumière irradiante du soi supérieur, par l'intermédiaire du soi inférieur, aboutit à la révélation du soi divin, ou spirituel. La gangue enclot le diamant ; quand la gangue révèle sa gemme cachée et qu'est accompli le travail de la taille et du polissage, la gloire du joyau se révèle à la vue. Quand la plante de lotus arrive à maturité, la fleur s'épanouit et le "Joyau dans le Lotus" (Om mani padme hum) peut être vu au cœur de ses pétales.

Cet aspect symbolique des formes est vrai de toutes choses ; que le symbole soit l'atome de la substance, le minéral ou un arbre, un animal ou la "forme du Fils de Dieu", le joyau, ou premier aspect, y sera trouvé enfoui. Il fera connaître sa présence par la qualité de la conscience, en l'un ou l'autre de ses nombreux états.

3. Emploi particulier selon les conditions du temps. Tandis que le yogi, fixé sur un seul point, se concentre sur la forme ou l'objet, médite sur sa qualité (l'aspect subjectif ou la nature symbolique) et contemple la vie voilée par la forme, mais reconnue en tant que facteur de la conscience, il devient conscient [267] du stade présent de développement ; de sorte que le futur, le passé et le présent se révèlent à son intuition.

Il sera donc évident, même aux yeux du lecteur occasionnel, que si la méditation se poursuit correctement selon les trois stades mentionnés ci-dessus, toute connaissance devient accessible au yogi ; il prend conscience de l’Éternel Maintenant comme d'un fait de la nature et une coopération intelligente avec le plan évolutif lui devient possible. Le service se base alors sur une parfaite compréhension.

14. Les caractéristiques de chaque objet sont, ou acquises, ou manifestées, ou latentes.

Ce sutra contient, dans une grande mesure, la même idée que le précédent. Dans le temps et l'espace, toutes les caractéristiques ont des valeurs relatives. Le but est un ; l'origine est une ; mais, en raison des différents taux de vibration des sept grands souffles ou courants de l'énergie divine, chaque vie dont ils sont le support est différente et distincte. Le stade de développement des Sept Seigneurs des Rayons n'est pas égal. Le développement de la vie des divers Logos planétaires ou des Sept Esprits qui se trouvent devant le Trône de Dieu n'est pas uniforme, et les atomes de Leurs corps, ou les monades qui constituent Leurs véhicules, ne sont en conséquence pas identiques dans leur développement.

C'est là un vaste sujet qui ne peut être qu'effleuré ici. Il sera intéressant, pour les étudiants, de se mettre en quête des informations que donnent les diverses présentations de la vérité unique concernant les grandes Vies en qui nous "avons [268] la vie, le mouvement et l'être". Elles peuvent être étudiées sous les appellations suivantes :

1. Les sept Rayons,

2. Les sept Esprits devant le Trône,

3. Les sept Logos planétaires,

4. Les sept grands Seigneurs,

5. Les sept Æons,

6. Les sept Émanations,

7. Les sept Prajapatis,

et autres noms moins connus. Il en résultera une grande lumière.

 

[1] En français dans le texte. (N.d.l.t.)