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SECTION DEUX - INSTRUCTIONS PERSONNELLES AUX DISCIPLES (suite)  - Partie 10

À L.T.S.-K.

Mon Frère,

Janvier 1932

Aucune hâte ne marque le travail poursuivi par les membres du groupe d'un Maître. Un désir sincère de progresser peut entraver autant qu'il peut aider. L'intuition est, essentiellement, une croissance de la sensibilité et une réponse intérieure à l'âme. Il faut la cultiver avec soin et le facteur temps ne doit pas entrer en ligne de compte.

J'ai trois choses à vous dire, mon frère de longue date, et deux choses à vous suggérer ; si vous y répondez d'une manière satisfaisante, votre succès sera assuré.

Premièrement : vous vous trouvez dans ce groupe pour deux raisons. Vous avez avec moi un puissant lien karmique que vous avez toujours reconnu et auquel vous donnez une importance exagérée. Deuxièmement : vous vous trouvez sur le Sentier de Probation à un point des plus critiques, car vous pouvez, si vous en décidez ainsi, prendre les mesures qui vous [596] conduiraient sur le Sentier du Discipulat. Troisièmement, vous devriez garder à l'esprit le fait que votre vie, jusqu'à ces trois dernières années, a été un exemple de dualité excessive. Dans cette double vie, vous avez mis l'accent sur "le bien à accomplir" sur le plan physique, dans le monde des affaires ; concurremment à ceci, mais bien séparée, se poursuivait une intense vie d'aspiration et de dévotion à l'égard des Grands Êtres et plus tard à mon égard, à moi qui suis un chéla actif de la Grande Loge Blanche.

Assez curieusement, vous êtes parvenu à maintenir ces deux sphères d'activité sans contacts réciproques. Votre dévotion n'a pas servi à éviter des erreurs ou un usage erroné des opportunités ; et vos activités dans le monde ne paraissent pas avoir affecté en aucune manière votre fervente dévotion ni la persévérance avec laquelle vous poursuivez votre but.

Il faut mettre fin à cette double activité ; votre dessein doit être d'amener en vous l'union totale, l'unification des desseins et des buts qui ont été, jusqu'à présent, divergents. Comprenez-moi bien, mon frère : l'objectif ultime de la vie sur le plan physique a été pour vous de mettre à la disposition des Grands Êtres les bénéfices réalisés dans les affaires, mais cet objectif n'a pas influencé les techniques que vous avez employées. Vous vous rendez compte aujourd'hui de la justesse de cette critique. Je n'aurais pas pu, il y a quatre ans, vous parler de cette façon, car vous n'auriez pas reconnu l'exactitude de mes remarques.

Votre problème a été compliqué (comme l'est le problème de tous les disciples qui sont sur le point d'être acceptés) par la force des impulsions de vos rayons, par le caractère difficile des temps que vous vivez et par la scène sur laquelle vous avez délibérément choisi de jouer votre rôle. Vous avez trois ans pour faire l'effort vous permettant de devenir un disciple accepté lorsque vous retournerez de nouveau sur cette terre. Je ne veux pas dire par cela que vous allez passer de l'autre côté à cinquante-six ans. Je parle d'établir un rythme assez puissant et assez vital pour produire la fusion nécessaire de l'âme et de la personnalité. Nous qui enseignons, qui observons et qui guidons le développement ésotérique de l'homme, nous savons qu'une certaine mesure de fusion, si elle n'est pas établie, à cinquante-six ans, l'est rarement plus tard. Passé cet âge, l'homme peut se maintenir au point qu'il [597] a atteint et alimenter son aspiration, mais la submersion dynamique de la personnalité dans la volonté et dans la vie de l'âme se produit alors rarement. Lorsqu'elle est accomplie avant cinquante-six ans, la croissance et le développement qui la suivent sont alors certainement possibles sur le Sentier du Discipulat.

Les deux suggestions que je voudrais vous faire et auxquelles je vous demande de travailler au cours des douze prochains mois sont les suivantes :

Premièrement : oubliez le rapport karmique que vous avez avec moi, et que le Tibétain n'occupe pas vos pensées. Vous éprouverez des difficultés à le faire, mais rappelez-vous que je suis seulement celui qui est toujours disponible et qui offre certaines opportunités, à la recherche de ceux qui se livreront entièrement au service. La dévotion de votre sixième rayon a dirigé vos efforts vers une reconnaissance astrale davantage que vers l'unité et l'union totale dans le grand œuvre.

Deuxièmement : travaillez fermement au problème à entrer dans la lumière blanche et pure de votre propre âme. Comment ? Soyons pratique et établissons ce qui doit être accompli pendant le reste de l'année :

1. Abstenez-vous de lire les ouvrages dont je porte la responsabilité.

Vous vous êtes immergé pendant des années dans l'enseignement qu'ils contiennent. Pratiquez maintenant les vérités que vous y avez apprises. À leur place, étudiez très attentivement La Bhagavad Gita, et utilisez-la comme guide.

2. Au lieu d'étudier ce que j'ai écrit, voulez-vous servir vos condisciples en faisant, pour eux, une étude serrées de la psychologie de l'intuition ? Recueillez les meilleures choses qu'on a pu dire à ce sujet et préparez, pour vos frères, un ensemble d'extraits et un sommaire de l'importance de l'intuition et de ses modes de développement. Recherchez les définitions données à l'intuition et assemblez-les pour un usage pratique ; établissez de même une bibliographie pratique des écrits traitant de ce sujet. Chaque groupe de mes disciples apporte sa propre contribution ; le groupe auquel vous appartenez devrait beaucoup apporter relativement au sujet de l'intuition.

3. Continuez à faire attentivement les exercices respiratoires, gardant toujours à l'esprit l'idée qu'ils aident à unir l'âme et le corps et à purifier les enveloppes.

4. Chaque matin, dans votre méditation, éliminez de nouveau toutes les formules qui dirigent l'attention vers [598] les Grands Êtres ou vers moi, votre frère Tibétain. Pendant une année, centrez votre conscience dans la lumière de votre propre âme et que votre méditation demeure très simple.

Puissiez-vous apprendre à cheminer dans la lumière qui se déverse de votre propre âme, tel est le vœu sincère de votre camarade de travail, le Tibétain.

Mon Frère,

Juillet 1933

La voie suivie par l'aspirant atteint parfois des sommets ; on pourrait la décrire comme une série de cycles de croissance soutenue, accentuée de temps à autre par de nettes périodes de développement forcé au cours desquelles une limitation après l'autre est supprimée par soi-même utilisant la force. Toutes les limitations et toutes les entraves doivent disparaître. Pendant des années, vous avez été comme un homme se tenant dans une pièce, le dos tourné vers la fenêtre, une fenêtre ayant un si grand besoin d'être nettoyée que, dans la pièce, la lumière était voilée et ne pénétrait que partiellement.

Aujourd'hui, vous êtes comme un homme qui, s'étant retourné, s'est dirigé vers la fenêtre et a nettoyé la vitre sur un petit cercle à travers lequel il peut regarder. Vous pouvez voir autour de vous beaucoup plus clairement ; la pièce est mieux éclairée, vous êtes maintenant plus clairement conscient de ce que vous devez faire pour vous-même et pour la pièce. C'est beaucoup, mon frère, car vous avez accompli tout cela au cours des douze derniers mois. Avant, vos réalisations paraissaient douteuses, vos intentions n'étaient pas mauvaises, mais vous étiez habitué à cette situation et à cette attitude ainsi qu'à la pièce où vous viviez. Vous ne connaissiez que théoriquement et non par expérience ce qui existait au dehors.

Il reste une courte période de temps pour terminer le nettoyage de la fenêtre et illuminer la pièce, vous associant ainsi à la vie se déroulant à l'extérieur. Je crois que vous pouvez le faire si vous ne désirez rien pour le soi séparé, si vous vous entraînez à voir les choses et, avant tout, les gens tels qu'ils sont et dans une perspective réelle. Les gens ne sont pas ce que vous voudriez qu'ils soient ; ils vivent également dans des pièces dont les fenêtres sont obscurcies. Lorsque vous regardez à travers la fenêtre, vous ne pouvez rien voir qui soit réel. Tout est déformé. Votre problème consiste à comprendre le mirage et l'illusion dans lesquels il vous faut forcément vivre et, ainsi, à travailler pour que, à travers le mirage, vous puissiez vraiment voir la vie. [599]

Ne soyez en aucune façon découragé, frère de longue date, si le chemin qui monte vous paraît raide et difficile. Vous vous trouverez en bonne compagnie ; vous n'êtes pas seul. De la présente situation, naît une véritable sagesse. Avant que la pleine lumière du soleil puisse briller, il faut qu'à l'aube le brouillard se dissipe, le brouillard qui déforme et voile. Le brouillard lui- même ne possède aucune propriété pour se dissiper ; ce sont les rayons du soleil et leur puissance croissante qui le font. Par conséquent, il faut que la lumière de votre propre âme augmente, alimentée par la méditation, exprimée par le service désintéressé et ayant plus de rayonnement grâce à l'intensification de la vie de votre âme. Vivez donc comme âme et oubliez la personnalité. Ne passez pas autant de temps à considérer les fautes et les erreurs du passé. Se sous-estimer n'est pas nécessairement un signe de croissance spirituelle ; c'est souvent le premier résultat d'un contact avec l'âme et cela signifie la révélation des limitations de la personnalité couvrant de nombreuses années. Ce résultat a une valeur temporaire, à condition que, de nouveau, vous tourniez les yeux vers l'âme. Oubliant les choses qui appartiennent au passé, laissez la lumière de votre âme vous conduire là où elle veut. Soyez, comme je l'ai dit à un autre disciple de mon groupe, le samnyasin, vivant dans le monde des hommes et ayant cependant des intérêts dans le monde ou travaillent les Grands Êtres. Vous n'êtes pas seul. Vous avez trouvé votre propre compagnie d'âmes. Vous ne cheminez pas dans les ténèbres, car, sur votre route, il y a une lumière. Demeurez dans le rayon de cette lumière et n'errez pas dans les chemins détournés habituels. Ces paroles peuvent sembler, à ceux qui les entendent, être des lieux communs applicables à n'importe qui. Vous-même, cependant, vous savez à quel point elles s'appliquent à vous.

Vous pouvez reprendre l'étude de mes instructions et de mes ouvrages, mais il faut garder une attitude équilibrée. Il y a autre chose à faire que d'être simplement un fidèle partisan du frère Tibétain. Faites la méditation que je vous indique ici (...)

Mon Frère,

Mars 1934

Je ne vous donnerai cette fois-ci aucune instruction. Il me faut d'abord savoir si vous avez nettoyé une autre vitre de la fenêtre. Ce que vous aviez nettoyé précédemment et auquel je me référais dans ma dernière communication est de nouveau brouillé, non tant par l'accumulation de la [600] poussière que par le froid intérieur qui produit de la condensation. Réfléchissez-y. Recherchez les motifs qui vous font agir, car ils sont à la source de toutes vos difficultés ; ne vous laissez pas illusionner par vous-même et croire que vous êtes animé par certain principe ou que vous luttez pour lui et que vous êtes ainsi animé par la vérité.

Vous dites que vous rapportez, à moi ou au groupe, ces faits et ces impressions, confiant que vous pouvez vous adresser en toute sécurité à l'instructeur pour que n'importe quel point soit confirmé ou corrigé. Si, de quelque manière que ce soit, vous alliez dans une mauvaise direction, vous voudriez la connaître afin de pouvoir modifier votre vie et la conformer à mes désirs.

Comme vous aimez l'autorité, vous voudriez que je vous épargne bien des soucis et que je vous dirige et vous informe de ce qui est juste et de ce qui est erroné ! Mais si j'accédais à votre demande et que je vous dise ce que vous désirez savoir, quel en serait le résultat ?

Vous avez été informé de la situation ; vous connaissez très bien les raisons pour lesquelles les communications ont été rejetées, et vous avez refusé de l'accepter. Quelle serait donc la différence si je vous répétais la même chose ? Si ce qu'on dit ou ce qu'on écrit coïncidait avec vos propres idées, avec quelle joie saisiriez-vous mes paroles. Mais si elles ne coïncident pas avec vos idées, avec quelle facilité avanceriez vous qu'elles ont été prononcées par quelqu'un d'autre et estimeriez-vous qu'elles ont été faussement transmises ou déformées par des réactions personnelles. Ou bien, les accepteriez-vous sans condition parce que je les aurais prononcées, vous courbant ainsi devant mon autorité et laissant encore inactive votre intuition. Mais je ne possède aucune autorité, mon frère, et je n'ai jamais prétendu en avoir.

Dans le premier cas, vous ne parvenez pas à augmenter votre capacité de demeurer seul et de prendre de sages décisions basées sur une reconnaissance intuitive de la vérité ; et dans l'autre, le point de séparativité croît en force.

Ce que votre instructeur dans le passé, moi-même, peut penser n'a pas beaucoup d'importance. Ce que d'autres personnes peuvent penser et dire n'a aucune importance. Ce qui importe aujourd'hui pour vous est de voir clairement, de vous dire la vérité à vous-même et de marcher dans la lumière, chose que vous n'avez jamais faite pendant un certain temps. Vous rapportez que vous accroissez votre conscience abstraite. Vous n'avez pas besoin de cette croissance ; vous avez besoin d'augmenter votre capacité de penser clairement et d'agir de la même manière. Vous êtes confronté par votre propre problème et vous ne le résoudrez que lorsque vous vous serez libéré des impulsions de votre personnalité et du mirage dans lequel vous cheminez habituellement. Notez, mon frère, la [601] manière décisive et claire que j'emploie pour m'adresser à vous. Notez le style que j'emploie ; c'est le même qu'auparavant, mais j'ai choisi avec soin les termes de cette communication afin que vous puissiez saisir clairement mes paroles. Si vous appréciez les phrases riches en adjectifs telles que celles de celui qui communiquait dernièrement avec vous et qui a absorbé votre attention, je pourrais vous appeler (employant son style) un frère d'émotions consacrées mais de pauvre mentalité intuitive et un aspirant perdu dans le brouillard. En toute affection, je vous dis cela pour tenter d'éveiller votre attention.

Comme je l'ai dit à tous mes disciples, je vous le dis à vous : si vous cherchez à travailler avec moi et si vous vous conformez aux exigences du groupe, moi, de mon côté, je ferai ce que je peux pour vous aider dans votre travail de groupe. Tout le travail que j'assigne à des membres du groupe n'a qu'un but, les aider à travailler comme groupe pour le bien du groupe. Cela, vous ne l'avez pas fait ; le travail du groupe, pris dans son ensemble, a été retardé par vous, car le groupe doit progresser comme groupe ; bien que les membres aient pu croître individuellement, le groupe n'a pas progressé ; il a été immobilisé pendant les six derniers mois par des conditions dont vous êtes largement responsable.

Je ne me réfère pas ici au problème des communications. Les disciples sont libres de s'intéresser à n'importe quelle quantité de groupes et de communicateurs. Je me réfère au problème créé par cette situation particulière qui est simplement un problème d'identité. Ne l'oubliez pas et ne vous y trompez pas. Ce n'est pas un problème d'autorité, c'est un problème d'identité. Vous êtes naturellement libre, comme disciple, de recevoir des communications de n'importe quelle source, mais assurez-vous que vous ne confondez pas les identités.

Cette situation du groupe m'a sérieusement préoccupé. Le bien du groupe est d'une importance primordiale. Je suis en train de procéder à des expériences basées sur le travail de ce groupe. Ce n'est pas chose facile, ni pour moi, ni pour les membres du groupe. Vais-je sacrifier le groupe au mirage d'une seule personne ? En effet, d'autres membres n'auraient pas été ainsi influencés si vous aviez vu avec justesse et coopéré à préserver l'équilibre du groupe, et si vous n'aviez pas introduit le problème des identités dans le travail de ce groupe. Je ne peux pas continuer à vous donner des instructions si vous apportez ainsi personnalité et séparativité dans le travail. Il ne vous est pas demandé d'accepter aveuglément tout ce que vous recevez. Mais tant que vous êtes dans le groupe, vous devez satisfaire aux exigences du groupe, travailler avec l'unité qu'est le groupe, et vous abstenir d'introduire dans le [602] travail de groupe vos problèmes, quels qu'ils soient, relatifs à la personnalité. Lorsque vous ne vous intéressez plus à l'enseignement et que vous ne faites plus ce qui vous est demandé, c'est votre privilège que de vous retirer du travail de groupe et, ainsi, de préserver l'unité du groupe. Je travaille pour l'unité du groupe, et non pas pour votre croissance et votre stimulation individuelles. Je parle avec une dureté apparente, m'efforçant en cela de mettre fin à des années de brouillard et d'ambition profondément ancrée qu'a vécues votre personnalité. Brouillard et ambition sont liés.

N'oubliez pas non plus ma précédente recommandation : "Il y a autre chose à faire que d'être simplement un fidèle partisan du frère Tibétain", ou bien du Tibétain et d'un double astral et contrefait.

Vos mots-clés sont connaissance de soi, lucidité et vérité actuellement, il faut tous les mettre en jeu. Souvenez-vous que votre décision, si vous la basez sur le choix entre deux Tibétains, serait une décision erronée. Votre problème consiste à choisir entre l'instructeur que nous appelons la personnalité et l'instructeur que nous appelons le Soi supérieur. Réglez ce problème à la lumière de l'âme, et non par des réactions impulsives de la personnalité.

Mon Frère,

Juillet 1934

Lorsque je pense à vous, c'est avec un sentiment d'interrogation, de sympathie affectueuse et également d'urgente nécessité. Les années passent ; ceux qui observent la vie des aspirants ont souvent le sentiment de cette nécessité urgente que l'aspirant ressent rarement lui-même. La vie vous a offert beaucoup d'opportunités pour progresser, mais vous êtes entré dans la vie et vous avez construit un corps qui a en lui une grande quantité de matériel cristallisé ; il a également un mental d'une rigidité telle que votre problème (en cette incarnation) a été, si je peux employer des termes aussi peu appropriés, de détruire ce que vous aviez construit et utilisé vous-même. Il vous a fallu briser vos anciennes formes-pensée d'intrigue, d'ambition et de pouvoir avant de pouvoir vous libérer pour vraiment servir. Une demi-pièce s'est écoulée. La forme-pensée de l'ambition a été brisée et paralysée, mais un sentiment de vanité des choses ne doit pas prendre sa place. La forme-pensée du pouvoir s'affaiblit. La forme-pensée de l'intrigue a reçu un sérieux coup au cours de l'épisode de mirage qui a eu lieu au début du printemps. Mais les formes subsistent toujours. Vous vous tenez devant elles, [603] troublé, anxieux de faire ce qu'il convient, aveuglé par le pouvoir de vos propres créations qui brillent de leur propre lumière, aveuglé aussi par l'éclat de la lumière émanant de votre propre âme et de l'âme du groupe. Mais aveuglé tout de même et, apparemment, réduit à l'impuissance.

Personne ne peut vous aider, mon frère. Il faut que vous-même vous laissiez toute chose aller et que vous deveniez "le petit enfant" dont il est question dans la Bible. Il ne m'appartient pas, ni à moi ni à tout autre instructeur, de vous dire ce qu'il faut faire. Vous le feriez, évidemment, et en le faisant vous n'apprendriez rien. De l'intérieur de vous-même doit venir ce qui vous pousse à agir ; de vous-même doit émaner la claire vision, et la claire activité qui amènera finalement votre libération. Que peut donc faire l'un d'entre nous ? Ne déduisez pas de ce qui précède que nous pouvons penser, moi ou d'autres, qu'il n'y aura pas pour vous de libération dans cette vie. Rien ne peut arrêter à ce stade le travail de votre propre âme. Seul le besoin urgent de notre époque nous incite tous à désirer que cette libération s'accomplisse aussi rapidement que possible afin de vous rendre libre de servir.

La meilleure manière dont je puisse vous aider est peut-être de vous donner une méditation qui vous permette de clarifier le champ des motifs. Le motif de votre vie vous amenant à fouler le Sentier est bon, mais même ce motif est gâté par les rythmes anciens. Vos autres motifs sont souvent admirables, mais ils sont gâtés par les déformations sous-jacentes au mental concret qui pousse à l'ambition, à l'amour du pouvoir et à la façon tortueuse dont est absorbée toute activité de n'importe quelle nature.

Il est par conséquent essentiel et nécessaire que pour vous les causes de tout ce que vous faites soient simples et claires. Au lever du jour, à midi, au coucher du soleil et la nuit, quatre fois par jour, faites l'exercice suivant:

1. Dites le Mot Sacré trois fois, l'exhalant comme âme à travers les trois corps.

2. Ensuite, vous tenant dans la lumière de l'âme, dites :

"Je me tiens devant le lieu de jugement de ma propre âme. Je me tiens dans la lumière qui provient de cette source divine. Je cherche à marcher dans la vérité, la sincérité et l'amour."

3. Puis, posez-vous les trois questions suivantes :

a. Ai-je bien clairement compris ce que j'ai accompli au cours des dernières heures ?

b. Ai-je agi simplement, sainement et sagement ? [604]

c. Pourquoi ai-je agi, parlé et écrit comme je l'ai fait ? Qu'est-ce qui m'a poussé à adopter cette attitude particulière ?

4. Ayant ainsi analysé les activités des heures écoulées dédiez-les ensuite au service du Maître. En le faisant vous éliminerez un grand nombre de pensées et beaucoup de travail ayant une intention personnelle.

Cette méditation paraît être bien simple et presque élémentaire, mais si vous la poursuivez pendant trois mois, sans en faire d'autre, vous découvrirez que tout le problème des motifs s'éclairera. C'est ce que vous désirez, n'est-ce pas, mon frère ? Je le sais bien. L'intention fondamentale de votre vie ne me cause aucune inquiétude. C'est la technique de votre vie qui est à la source de toute la difficulté ; elle est si souvent soumise à des expédients. Ne consacrez pas autant de temps à des pensées compliquées et tortueuses. Essayez de vivre mentalement d'une manière beaucoup plus simple. Ne demandez rien, n'attendez rien pour le soi séparé ; éliminez toute pensée relative aux activités du soi inférieur. Le groupe se tient à vos côtés, prêt à vous aider de son affection. Je fais de même. Ce ne sont pas là de vains mots mais l'énoncé d'un fait sur lequel vous pouvez compter.

Mon Frère,

Janvier 1935

Vous avez réfléchi très sérieusement au cours des six mois écoulés et vous recueillez le fruit de ces méditations. Vous pouvez arrêter l'exercice que je vous ai donné en juillet dernier ; toutefois, utilisez chaque soir sous forme de revue les trois questions faisant partie de cet exercice. Vous avez encore besoin, pendant un certain temps, d'examiner calmement les motifs qui se trouvent derrière vos activités journalières. Une juste motivation et une claire vision des sources de vos actes sont encore pour vous un besoin impérieux. Elles vous conduiront à une juste activité, à une pensée conforme à la vérité et à la parole juste. Mais vous avez fait des progrès, mon frère, et vous n'avez aucune raison de vous sentir déprimé ou de perdre votre temps à regretter le passé. Le seul regret qui se justifie est fondé sur l'échec essuyé dans l'incapacité d'apprendre les leçons qu'offre l'échec. Mais vous apprenez.

Comme vous le savez bien, vous avez encore certaines activités mentales appartenant à votre ancien état mental qui se font sentir au-dessous de la surface de votre vie. Il faut également qu'elles soient transmuées, et c'est à vous de [605] découvrir la méthode. Je ne peux que vous indiquer cette nécessité et cette opportunité. En ce qui concerne la méthode que vous devriez suivre pour votre méditation, je vous suggère la suivante :

1. Accomplissez l'alignement et ensuite élevez la conscience aussi haut que possible. Assumez alors l'attitude de l'âme.

2. Dites le Mot Sacré, l'exhalant à travers la personnalité toute entière.

3. Réfléchissez ensuite sur l'oraison dominicale, ceci faisant partie de votre travail de groupe.

4. Cherchez ensuite, par le pouvoir de votre pensée et grâce au déversement de l'amour, à prendre contact avec vos condisciples et vos frères de groupe. Pour vous, c'est une chose importante, car non seulement elle aide à l'intégration de groupe mais elle sert à vous mettre hors du centre de votre champ d'action.

5. Efforcez-vous ensuite de vous contempler ou de vous réaliser vous- même comme étant l'âme, comme étant divin, comme étant le Christ intérieur. Cela exigera de vous le plus haut degré de concentration dont vous êtes capable.

6. Pensant à chaque mot, dites ensuite :

"Je me tiens devant le lieu où juge mon âme. Je suis cette âme. Je suis tout amour et lumière. Je sers le monde et je me perds moi-même dans le service. Telle est ma vie et tel est le chemin que je foulerai jusqu'à ce que le Jour soit avec nous."

7. Prononcez le Mot lentement, le projetant avec affection vers vos frères de groupe.

Mon Frère et Ami,

Août 1935

Vous marchez encore dans la brume. Le mirage vous entoure toujours. Vous continuez à vous nourrir d'illusions et actuellement je ne peux vous atteindre.

Mon Frère,

Février 1936

Lorsque je vous ai écrit la dernière fois, je craignais que ce ne fût ma dernière communication. Mais au cours des six derniers mois, une partie du mirage qui vous entourait a disparu. Il en reste encore beaucoup. Toutefois, l'heureux effort que vous avez accompli pour voir avec plus de clarté [606] m'encourage à vous écrire comme d'habitude et à superviser de nouveau votre travail. Je ne l'avais fait depuis six mois. N'oubliez pas que lorsqu'un disciple plus ancien et par conséquent plus puissant tourne son attention vers vous, la stimulation qui en résulte se manifeste de deux façons. L'une est l'intensification du mirage ; gardez donc cela à l'esprit pendant sept semaines après avoir reçu cette communication.

Votre chemin n'est pas encore le "Chemin éclairé". Vous vous êtes entouré d'un tel brouillard, d'un nuage si dense de formes-pensée nées de vous-même et motivées par vous-même que la lumière ne parvient à passer que par endroits. Il n'y a pas encore de jet continu, ou de Chemin éclairé. Par conséquent, le nom le plus approprié actuellement pour cette partie du Sentier du Discipulat que vous foulez est le Chemin du Sacrifice, sacrifice de vos propres pensées, de vos propres désirs, buts et rêves. Cela signifie que vous devez fouler le chemin rocailleux du devoir, du dharma et de la claire décision. Veuillez donc, au cours des six prochains mois, prendre les mots suivants dans votre méditation :

- Premier mois : Devoir.

- Deuxième mois : Dharma ou obligation qu'il faut respecter.

- Troisième mois : Discernement.

- Quatrième mois : Absence de passion.

- Cinquième mois : Décision.

- Sixième mois : Destinée.

Réfléchissez profondément à ces mots et plus tard rédigez un article dans lequel vous relierez ces termes d'une manière synthétique et dans leur ordre, écrivant ainsi un article sur le Discipulat qui pourra servir aux autres. Vous écrivez facilement ; servez donc maintenant par vos écrits.

Gardez les yeux fixés sur la lumière devant vous. Ne parlez pas de vous. Ne vous occupez d'aucun plan en ce moment mais agissez avec détachement et habileté. Dispersez les nuages se trouvant autour de vous grâce à la lumière dynamique de votre âme ; et pour ce faire, recherchez un alignement plus grand et plus rapide. Je désire vous donner une indication.

Lorsque vous êtes tenté de descendre dans les nuages de vos propres formes-pensée et dans le tracé de vos plans matériels, dirigez vos pensées vers moi. [607]

Mon Frère,

Août 1936

Je vous ai fait certaines suggestions dans ma dernière communication. La façon dont je peux sans doute le mieux vous aider en ce moment est d'établir une liste claire et concise de ces suggestions et de vous demander d'y répondre, dans le silence de votre cœur et à la lumière de votre âme. Je vous ai dit :

1. De faire le sacrifice de vos propres pensées, de vos propres désirs, buts et rêves. L'avez-vous fait ?

2. De suivre le chemin rocailleux du devoir, du dharma et de la claire décision. L'avez-vous fait ?

3. De garder les yeux fixés sur la lumière devant vous ou se trouvant au loin. L'avez-vous fait ?

4. De garder le silence en ce qui vous concerne. L'avez-vous fait ?

5. De renoncer à tous vos plans. L'avez-vous fait ?

6. De disperser les nuages du mirage se trouvant autour de vous grâce à la lumière dynamique de votre propre âme. L'avez-vous fait ?

7. D'envoyer vos pensées vers moi. L'avez-vous fait ?

Je répondrai à deux de ces questions, mais je ne m'y étendrai pas. D'abord, vous n'avez pas envoyé vos pensées vers moi. Je n'ai enregistré aucune pensée venant de vous. Vous avez envoyé dévotion, désir, demandes, aspiration, souhaits et vœux ardents, mais pas une seule pensée claire. Pourquoi ? Réfléchissez-y, mon frère.

Vous avez fait des plans.

Voulez-vous lire à nouveau mes dernières instructions et les considérer de nouveau comme un message qui vous est destiné ? Voulez-vous poursuivre la même méditation pour six mois encore ? Beaucoup dépend du travail qui sera fait pendant ces six mois. Envoyez-moi vos pensées et je les reconnaîtrai. Apprenez à distinguer entre pensée et désir. Dans votre esprit, les deux ne sont pas clairement définis.

Mon Frère et Ami,

Février 1937

Je vous ai dit dans ma dernière communication que beaucoup dépendrait du travail accompli au cours des six mois à venir. Vous avez correctement exécuté le travail et vous marchez maintenant plus fermement sur le Sentier ; une grande partie de l'ancien mirage a été dissipée. Je voudrais que vous [608] en tiriez de l'encouragement car je me sens encouragé pour vous. Il y a seulement un an, je pensais qu'il vous faudrait attendre encore une autre période de vie avant que vous ne puissiez remplir dans mon groupe de disciples le rôle que je cherche à vous voir jouer. Je sais maintenant que je n'aurai pas à attendre aussi longtemps. J'ai enregistré quatre fois une pensée bien claire provenant de vous, et jusqu'à présent ceci ne s'était jamais produit dans votre vie. La raison en est que vous avez abandonné les plans et les intrigues de votre personnalité ; vous avez donc dissipé dans une certaine mesure les miasmes de vos pensées tortueuses basées sur l'ambition de la personnalité et les fantaisies du mental concret. Je peux maintenant vous atteindre, mon frère, chose impossible auparavant, car il me fallait alors vous atteindre par l'intermédiaire d'A.A.B.

Que la reconnaissance de cette situation ne provoque pas l'arrivée d'un nouveau mirage et que mes paroles ne forment pas le commencement d'un nouveau champ de mirage. Je vous donne cet avertissement, car vous avez une tendance innée à être sujet au mirage.

Mes deux recommandations précédentes demeurent toujours la base de la vie de votre personnalité. Rien n'est changé, excepté en vous et il faut vous garder d'une rechute. Vous n'êtes pas encore "établi" occultement sur le Chemin ; vous n'êtes pas encore un expert dans la reconnaissance et la dissipation du mirage. Par conséquent, procédez avec soin.

Je voudrais que vous preniez les Règles de la Route et que vous les étudiez. Faites-en le thème de vos réflexions au cours des six prochains mois et, ensuite, faites connaître la façon dont vous interprétez chaque règle, aidant ainsi vos condisciples. C'est la tâche que je vous assigne.

Mon Frère,

Septembre 1937

Un nouveau cycle de travail s'ouvre actuellement devant vous ; il est le résultat de l'attention que vous avez donnée à mes instructions, de la réponse que vous avez faite à l'effort de votre âme cherchant à libérer votre personnalité du mirage. Puis-je vous signaler que très souvent, après qu'un certain degré de mirage ait été maîtrisé (comme c'est votre cas), l'illusion peut alors se manifester ? Je vous mets en garde contre deux illusions de ce genre : [609]

a. L'illusion que le mirage n'a plus de pouvoir sur vous. Une observation constante est nécessaire.

b. L'illusion de la sélection et de la récompense. Tous les aspirants de sixième rayon y sont plus enclins que les autres.

Voulez-vous également me pardonner si je vous signale que le fait d'entrer dans ce champ particulier de service et de passer par la porte de ce cycle de travail est précisément pour vous le choix de la ligne de moindre résistance. Vous pouvez rendre un bon service si vous suivez les instructions reçues avec soin, mais c'est l'opportunité de servir qui est le résultat de ce à quoi je me réfère au début de cette communication et non pas son genre particulier. Réfléchissez-y, car si vous comprenez ce que je cherche à faire pénétrer en vous, votre service en sera grandement facilité et votre utilité augmentée.

Maintenant que vous avez fait votre choix et pris votre décision, mon problème est de savoir comment vous aider à profiter, à l'avenir, de ce qui s'ouvre devant vous. Mes deux suggestions peuvent vous surprendre, car elles ne correspondent pas à ce que vous prévoyiez.

Avant tout, je voudrais vous dire : ne vous prenez pas tellement au sérieux. Le monde poursuit son chemin et la planète continue à tourner que vous serviez ou non. Abaissez l'intensité de votre vibration. Vous pouvez servir et votre service est nécessaire. En cette époque, tous les serviteurs sont nécessaires. Vous avez subi une discipline rigoureuse et vous avez dû beaucoup apprendre ; mais votre utilité va se trouver annulée et votre période de service diminuée en raison de votre intense ferveur. Souvenez-vous : il vous faut constamment compenser votre personnalité de sixième rayon. Me comprenez-vous si je vous dis que vous ne faites jamais preuve d'aucune imagination ou d'émotion sauf en ce qui concerne les choses touchant au discipulat, et, alors, vous en manifestez beaucoup trop ? Je veux vous donner quelques lignes sur lesquelles je vous demande de réfléchir, mais non pas dans votre méditation (car je voudrais que vous ne fassiez que la méditation de groupe) mais dans le courant de la journée. Soyez équilibré, mon frère, et souvenez-vous que le travail pour nous comprend bien des choses, même des heures de détente, et que très certainement il nécessite l'emploi du discernement pour juger de ce qui est essentiel et de ce qui ne l'est pas.

La deuxième chose que je voudrais vous dire peut vous surprendre plus que la première que, par moment, vous avez [610] peut-être devinée. Je vous dis, en y insistant : aimez davantage votre prochain. Actuellement, vous aimez davantage votre travail, votre service et votre idéal que vous n'aimez vos frères. C'est la raison pour laquelle vous êtes un tellement pauvre, un très pauvre psychologue. Vous n'aimez pas assez. Vous considérez et absorbez chaque être humain sous l'angle du travail et non pas parce qu'il est un pèlerin que vous pouvez aimer et aider. Vous-même, comme serviteur, et le travail (comme notre travail) forment un vaste écran entre vous-même et les autres ; cet écran vous empêchera d'être utile. C'est "l'esprit d'organisation" et la "faculté de manipulation" de l'administrateur de troisième rayon. Nos travailleurs s'occupent des âmes et non du travail. Ils sont occupés à aider les individus et, à travers les individus, à aider le monde. Ils ne s'occupent pas du côté forme. Cet aspect est lui aussi l'objet de soins appropriés mais il est secondaire. Pour vous, il est primordial.

Détendez-vous, mon frère. Aimez et servez ; ne soyez pas aussi intense, vivez une vie normale, une vie utile. Les feux de votre propre intensité et la chaleur de votre propre aspiration pourraient brûler si violemment que personne ne pourrait vous approcher. Prenez le temps de connaître les gens pour eux-mêmes et non pour ce qu'ils pourraient apporter au travail. Et cependant, en appliquant mes recommandations, n'exagérez pas dans le sens opposé. L'équilibre, pour l'aspirant, est toujours l'objectif principal.

Je vous donne les deux phrases suivantes pour y réfléchir attentivement : "Le feu que je crée doit chauffer, mais non brûler. Il doit attirer dans sa chaleur l'homme qui a besoin de son ardeur ; il ne doit pas, par sa violence, repousser l'âme qui cherche. C'est le feu de l'amour et non pas le feu de ma propre aspiration.

Le service que je rends doit être rendu aux âmes et non pas à moi-même sur le Sentier. C'est ainsi que je répondrai au besoin et que, oubliant le soi, mes propres paroles et ma propre place, je conduirai les autres vers la lumière."

Je ne vous ai pas indiqué les rayons qui gouvernent les véhicules de votre personnalité ; je cherche en effet à placer votre intérêt non pas en vous-même mais dans les autres. [611]

Mon Frère et Ami,

Février 1938

Je vous rappelle certaines remarques de ma dernière communication. Votre disposition naturelle à choisir ce que votre personnalité préfère, ce qui intrigue votre sens du péché (je le dis en souriant, frère, mais le dramatique mirage de la personne de sixième rayon, opérant dans l'ère chrétienne des Poissons, aime, à être taxée publiquement de mal faire), et ce qui alimente votre sens du drame vous pousse à déclarer :"Maintenant, je sais", alors que vous ne savez pas. Vous mettiez l'accent sur ce qui était évident et vous ignoriez les choses réelles par lesquelles je cherchais à vous atteindre. Quels étaient les points d'importance véritable dans ma dernière communication ? Je vous les indique brièvement :

1. L'illusion de la sélection et de la récompense à laquelle en tant que personne de sixième rayon, vous êtes enclin, je vous en prévenais.

2. L'opportunité de servir.

3. Vous détendre et mener une vie normale.

Vous noterez qu'aucune de ces phrases n'est inclue dans les deux paragraphes que vous sentez être si importants et sur lesquels vous insistez dans vos notes et vos lettres. Votre état de mirage est tel que ce qui est essentiel ne vous frappe pas. Vous ne le voyez pas. Votre mirage est tel que c'est avec la plus grande difficulté que je parviens à vous atteindre en ce moment. Je fais cet effort, mais il semble, mon frère, que ce sera le dernier pour vous aider, car si ces instructions n'ont aucun effet, il n'y a rien d'autre que je puisse faire.

Une opportunité de servir et de prendre un nouveau départ vous a été offerte. Il vous a été demandé d'aider à faire certain travail que j'ai commencé en 1919 (lorsque j'ai pris contact avec A.A.B. pour la première fois et commencé à travailler avec elle). Les plans sont établis et le travail est en train. Et pourtant, vous ne recevez pas les directions de ceux qui ont cherché à vous aider et qui vous ont ouvert les portes de l'opportunité. Vous vous êtes efforcé de prendre vous-même l'initiative de certaines activités, accomplissant hâtivement et souvent d'une manière inadéquate ce qu'il vous avait été demandé de faire. Vous étiez déterminé à trouver le temps de faire ce que votre personnalité, sujette au mirage, estimait être important. Vous avez choisi d'accomplir le travail que vous vouliez faire au lieu de coopérer et de servir comme vous aviez accepté de le faire. Vous vous êtes efforcé d'établir de [612] nouvelles relations qui n'étaient pas liées au travail déjà poursuivi et organisé avant que vous ne vous joigniez à ce groupe particulier de travailleurs qui vous ont invité à faire partie du groupe. Vous avez tenté d'organiser vos propres activités au lieu de coopérer au travail déjà commencé ; et auquel vous aviez été invité à collaborer, activité à laquelle vous aviez accepté d'être affilié. Vos activités, dans votre conscience, l'emportaient en importance (malgré vos protestations que ce n'était pas le cas) et pour vous les activités du groupe étaient secondaires.

Je vous ai conseillé de vivre normalement et de relâcher votre intensité, mais vous continuiez à vivre anormalement, avec une violence occulte qui vous était nuisible. Vous avez opéré dans un monde de mirage créé par votre propre idée du service et de ce qui devrait être fait, mais vous n'avez pas coopéré réellement à ce qui s'accomplissait ; vous n'étiez intéressé que par ce que votre tendance exagérément active de troisième rayon a cherché à faire et ce en quoi elle a captivé votre attention la plus intense. Superficiellement vous coopérez, fondamentalement, vous ne le faites pas.

Vos propres valeurs et non les valeurs de groupe vous ont soumis à leur mirage. Vous vous êtes laissé égarer par de nombreux problèmes non essentiels ; vous n'avez pas collaboré à mon œuvre ni avec ceux qui se sont déjà intégrés dans le travail que je cherche à accomplir. Je me réfère ici à moi- même, car dans vos déclarations, et je pense que vous étiez sincère, vous exprimiez toujours votre dévotion à mon égard, moi qui suis votre instructeur Tibétain. Vous avez cherché à intégrer des personnes n'appartenant pas à ce genre particulier de travail et qui étaient actives dans d'autres domaines d'activité hiérarchique, d'une importance égale, bien sûr, mais ne représentant pas le travail que vous vous étiez engagé à accomplir au cours des années passées. Vous ne vous en tenez pas nettement à votre ligne de service. Vous errez dans un beaucoup trop grand nombre de domaines où vous n'avez pas à servir et où on n'a pas besoin de vous. Votre mirage a été si puissant que vous avez même voulu imposer à mon groupe de disciples un aspirant qui, dans une autre vie, fera passer sa conscience sur le plan mental et deviendra graduellement un disciple conscient, mais qui ne travaille pas encore sur le niveau de ceux qui pourront être ou sont déjà des disciples acceptés.

Je vous parle sans rien vous cacher. Vos véritables amis sont profondément angoissés ; ils cherchent à vous protéger et à vous maintenir dans la ligne droite sur le sentier du service. Ils craignent de ne pas y parvenir et se blâment [613] eux-mêmes de ne pas savoir employer la technique appropriée. Pourquoi réussiraient-ils là où, apparemment j'ai échoué moi-même, et puisque votre propre âme semble impuissante à percer le mirage dans lequel vous errez d'une manière cyclique ?

Quels sont les principaux mirages dans lesquels vous pénétrez si facilement et qui empêchent toute perception véritable ?

1. Le mirage du "planning". Vous êtes capable de percevoir le Plan, mais vous vous occupez de vos propres plans et vous pensez qu'ils font partie du Plan. Faites la liste des plans et des projets si variés que vous avez établis, mon frère, et voyez combien vous en avez poursuivi. Ne blâmez personne d'autre que vous s’ils étaient basés sur des rêves astraux.

2. Le mirage de votre propre ambition spirituelle. Vous voudriez être, dans le cadre du Plan, un organisateur de groupes. Vous brûlez du désir de produire vous-même un projet de travail parallèle à ce qui existe déjà mais qui soit bien de vous, ou d'organiser quelque groupe, doublant ceux qui existent déjà, mais qui serait aussi votre œuvre bien à vous. Mais s'il vous est demandé de vous intégrer dans le travail d'un groupe existant déjà, vous êtes trop occupé par vos propres rêves pour le faire et vous méprisez en quelque sorte la tâche qui vous est assignée. Mais, mon frère, dans notre travail, il n'existe pas de grande ou de petite tâche ; il n'y a qu'une soumission au travail qui se présente, quel qu'il puisse être.

3. Le mirage de la domination spirituelle ou de l'empire sur les autres.

Sans cesse, vous cherchez ceux qui peuvent vous considérer comme un organisateur spirituel. Il existe toujours des gens dont l'utilité spirituelle ne représente pas grand-chose ; il y a toujours des aspirants animés de bonnes intentions, mais vous amplifiez leur utilité et leurs possibilités afin de vous établir, à vos propres yeux (si vous pouviez seulement vous en rendre compte) comme le guide et le chef d'autres disciples sur le Chemin. Vous avez agi ainsi envers deux personnes, toutes deux de bons disciples en probation, l'un d'eux sur le point d'être accepté ; tous deux cependant travaillant sur le plan astral où ceux avec lesquels je cherche actuellement à collaborer ne travaillent pas, sauf comme âmes, servant du plan mental et des niveaux de l'âme.

Encore et de nouveau, mon frère, j'ai cherché à vous aider au cours des années écoulées. Deux faits fondamentaux indiquent la réalité de ce que je vous dis : premièrement, votre profond chagrin actuel et votre incapacité à travailler avec les [614] autres d'une manière calme et modeste, et l'insuccès qui a marqué tout ce qui vous touche. Regardez ces faits en face et comprenez-en les implications. Regardez-les clairement et avec espoir. Le véritable disciple doit toujours faire face à la réalité. Laissez-moi vous dire certaines choses et vous demander instamment d'y réfléchir :

1. Vous approchez de la soixantaine. Si vous le voulez, vous avez devant vous encore quelques années de service ou des années à courir vainement ça et là.

2. Il vous a été demandé de collaborer à mon œuvre. Il n'est pas question pour vous d'obéir à des ordres ; cela ne m'intéresse pas. La raison en est que, bien des années déjà, vous m'avez reconnu et vous m'avez offert votre aide. Vous avez reconnu certains de mes collaborateurs et vous avez aussi offert votre aide.

3. Ce que nous appellerons votre "service" a été jusqu'à présent d'établir des plans, votre service initial ayant été d'en financer les débuts. Mais donner de l'argent, mon frère, est la chose la moins importante que vous ayez à offrir. Vous vous êtes occupé de vastes projets, mais aucun n'a porté de fruits. En effet ils n'étaient pas ce que, comme âme, vous aviez résolu d'accomplir et il leur manquait par conséquent cet influx d'énergie de groupe qui aurait garanti leur succès. Vous avez été occupé à organiser un groupe ici, un groupe là. Mais les plans avaient déjà été établis ! les groupes se trouvaient déjà formés ; l'organisation, liée à mon œuvre, fonctionne déjà. Alors, mon frère, pourquoi ne pas collaborer à ce qui existe déjà ?

4. Vous n'avez pas la capacité requise pour travailler sur une vaste échelle et sur le plan mondial, et vous êtes trop âgé pour l'acquérir. Le succès de toutes les grandes entreprises est fondé sur les petits détails, les tâches mineures fidèlement accomplies par le disciple exempt de toute ambition personnelle.

5. Mon intention était de confier à certains d'entre vous un travail constructif bien défini relatif à la dissipation du mirage mondial. Mais vous avez retardé cette activité. Vous avez, jusqu'à maintenant, entravé le travail du groupe et cela ne peut durer. Ce genre de travail ne peut être entrepris avec succès que par ceux qui ont maîtrisé leurs mirages personnels. Vous vous trouvez profondément enfoncé dans le mirage et, [615] dans votre subconscient, vous savez que c'est la vérité. Tous ceux qui vous connaissent et vous aiment le savent et sont profondément anxieux, se demandant ce qu'ils peuvent faire pour vous aider et faciliter votre libération.

6. La porte demeure toujours largement ouverte pour vous. Mais votre opportunité de progresser avec votre groupe dépend de votre acceptation de ces faits et de votre acceptation, pour la première fois de votre vie, de travailler comme un humble serviteur, abandonnant tous vos plans, toutes vos vastes idées et, pour ce qui vous reste à vivre, (simple moment dans le long cycle de l'âme) d'accomplir derrière les coulisses de petites choses qui ne seront connues de personne.

Ai-je été dur, mon frère ? Je vous assure de mon affection fidèle et de mon désir profond de vous aider et de vous servir.

Je n'essaierai pas plus longtemps de vous faire clairement comprendre la vanité de votre vie et de vos activités actuelles. Je reste toujours prêt à vous intégrer dans le groupe auquel vous vous êtes dédié comme âme, sur les niveaux de l'âme. Mais pour le faire, il vous faut arriver au point d'abandon total de soi et prouver votre volonté de servir avec humilité et promptitude. Je me mettrai de nouveau en rapport avec vous lorsque vous en exprimerez le désir et lorsque vous montrerez en même temps une véritable compréhension de ce que je cherche à faire pénétrer en vous.

Votre dévotion et votre ténacité peuvent et doivent vous amener dans la lumière. Jusqu'à présent, cette ténacité a été fondée sur la faiblesse, et votre dévotion a eu le caractère d'un mirage. Confrontez maintenant la réalité. Faites preuve à l'avenir d'une persévérance basée sur la conviction que vous êtes sur le Chemin du Service et que vous ne voyagez pas seul, mais qu'un groupe de frères se tient prêt à travailler avec vous lorsque vous travaillerez avec eux. Que votre dévotion soit la dévotion à vos frères de groupe, au besoin de l'humanité et au Plan, et en dernier lieu seulement, vis-à-vis de moi-même.

Mon Frère,

Février 1939

C'est avec un profond regret que je demande que vous démissionniez du groupe. Si dans ces prochaines années vous me faites connaître que votre cœur a changé et que vous êtes libéré de votre mirage actuel, je serai extrêmement heureux [616] de vous reprendre dans mon groupe, mais cependant, pas dans celui-ci. Je suppose que vous vous attendiez à ma décision. La raison en est que je ne peux pas permettre que vos frères de groupe soient plus longtemps entravés dans leur travail de groupe par votre tendance au mirage manifestée constamment. Pendant des années, ils ont souffert avec patience afin de vous donner le temps de pénétrer jusque dans la lumière, mais l'urgence des temps est telle que tous les travailleurs sont nécessaires et que le travail de groupe doit progresser.

Au moment de votre départ du groupe, que vais-je vous dire ?

Avant tout, que votre lien karmique avec moi demeure intact. Puis, que votre place restera inoccupée... Je n'ai pas grand-chose d'autre à vous dire, car je vous ai dit tant de choses au cours des années passées. Votre place reste inoccupée. Ne l'oubliez pas. Le temps peut vous permettre de changer d'attitude. Si vous le désirez et si vous acceptez une suggestion venant de moi, voulez-vous aérer votre pensée, chose qu'il vous est extrêmement difficile de faire ? Écrivez librement. Exprimez-vous complètement et à fond. Si vous ne dispersez pas le mirage dans cette vie, une autre vie pourrait alors assister au retour de ces anciennes relations karmiques. Cela dépend de vous. Vous apprendrez beaucoup maintenant en faisant face à la vie, en prenant soin de ceux dont vous êtes responsable et en conservant votre lien avec un service utile...

Mon Frère,

Mars 1941

Je pense que vous savez, sans que j'y insiste, que le rapport entre nous demeure intact bien que, depuis quelque temps, je n'aie pas été en mesure de prendre contact avec vous subjectivement. Cette impossibilité de ma part provient de ce que la stimulation, qu'un contact semblable amène toujours, (comme cela s'est toujours produit dans le passé) alimente les mirages auxquels vous succombez si aisément.

Je pense que le danger a maintenant beaucoup diminué et qu'il peut y avoir aujourd'hui un contact plus étroit avec moi et avec le groupe sur le plan intérieur subjectif. Le groupe intérieur demeure ce qu'il est et se trouve étroitement lié à moi.

Pendant des années, vous avez lutté pour surmonter les mirages et les illusions qui vous accablent si fréquemment. Votre succès principal a été de pouvoir reconnaître plus consciemment le danger et d'y réagir plus rapidement. À la fin de [617] l'été dernier et au début de l'automne, vous avez été bien près de succomber au rythme ancien. La méfiance à votre propre égard, une conscience peu tranquille et beaucoup de travail sur le plan extérieur ont contribué à vous sauvegarder. Veillez très attentivement que ce contact avec moi et avec vos frères du groupe intérieur ne relance pas en une nouvelle activité des tendances bien entraînées, d'anciennes formes de désirs et d'anciennes aspirations au pouvoir.

Le reste de votre vie doit être consacré à une constante fidélité au devoir quotidien et à une vie intérieure de méditation intense. Soyez consciemment le samnyasin. En outre, mon frère, coopérez à tout ce qui s'avère, selon votre intuition, relever de l'activité de groupe et à quoi vous pouvez apporter le pouvoir, acquis par la méditation, et une aide compréhensive. Tout le reste doit être éliminé de votre vie ; la méditation et le service de groupe doivent fournir une expression adéquate à tous les pouvoirs de votre personnalité et de votre âme, et ils la fourniront. Trouvez le temps nécessaire à ce service et ne soyez pas entièrement absorbé par les activités du plan physique. Vos affaires journalières, le service quotidien dans votre milieu, votre sensibilité à mon impression, qui peut être graduellement développée, et vos rapports avec le groupe intérieur sur le plan mental vous donneront une grande latitude pour une vie aimante et fructueuse, et pour vous préparer à un service plus libre dans votre prochaine vie.

Vous avez connu une période éprouvante, mon frère. Votre amélioration a été lente mais réelle. Vous êtes maintenant, et plus nettement qu'avant, digne de confiance ; c'est pour cette raison que je vous offre de nouveau un contact plus conscient avec moi-même. Je vous indique ici mon nom que vous avez déjà intuitivement découvert. En vous l'indiquant je vous donne votre position sur le Sentier, qui est celle d'un Disciple Accepté. Cela comporte encouragements, responsabilités et risques.

Alors que vous vous trouvez maintenant sur le Sentier du Discipulat et sous l'influence directe de moi-même, le Maître... votre principal devoir est de vous entraîner à acquérir la sensibilité nécessaire de réponse à ma voix et à l'impression que je peux chercher à faire sur votre conscience qui aspire. Vous y parviendrez par une constante attitude d'attention dirigée, une vie de la personnalité dominée et par l'élimination de tout effort fiévreux dans ce que vous pouvez entreprendre. Un mental clair et focalisé, un cœur aimant et une simplicité cultivée de votre propre compréhension, de celle de la vie [618] et des autres sont précisément ce dont vous avez le plus besoin. Vous accomplirez beaucoup en mettant de l'ordre dans votre attitude mentale tortueuse et dans vos aspirations. Rendez la vie très simple, mon frère.

Frère de longue date,

Juin 1942

Vous avez été amené dans une phase de mon travail que, dans ses premiers temps, vous m'aviez aidé à lancer. L'opportunité s'ouvre devant vous ; vous pouvez être et faire beaucoup. Le succès dépendra de votre capacité à marcher avec humilité et à reconnaître que d'anciennes formes-pensée existent toujours dans la périphérie de votre conscience et que le gardien du seuil demeure toujours prêt à profiter des faiblesses auxquelles vous êtes enclin.