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LETTRE XI - LA VIE RESULTANT DU SERVICE.

LETTRE XI

LA VIE RESULTANT DU SERVICE

 

1.         Les motifs pour le service

2.         Les méthodes de service

3.         L'attitude suivant l'action

 

LETTRES XI

 

LA VIE RESULTANT DU SERVICE

 

16 septembre 1920.

 

En terminant ces séries de lettres, je cherche à vous apporter aujourd'hui certaines suggestions d'un emploi général. Je désire vous parler de ce qui concerne le service et de sa parfaite interprétation, et ce que je vous donne dans cette présentation peut être d'un usage capital. Rappelez-vous toujours que si un gain matériel dans la connaissance n'est pas passé aux autres avec un juste discernement, il provoque, pour l'individu, stagnation, obstruction, mauvaise assimilation et douleur. Si la nourriture absorbée par le corps humain n'est pas assimilée en passant à travers l'organisme, elle causera exactement les conditions ci-dessus, et l'analogie est correcte. Les enseignements se multiplient actuellement, mais c'est pour un monde qui en a bien besoin, et non pour un bénéfice exclusif.

Dans l'interprétation du service, trois choses sont d'importance :

1.      Le motif.

2.      La méthode.

3.      L'attitude suivant l'action.

Je ne traite pas des motifs et des méthodes erronées ; j'indique la vérité, et en ajustant la vie de service selon mes indications, la correction et l'inspiration se manifesteront. Une vie de grand service s'ouvre actuellement pour beaucoup d'entre vous ; veillez à ce qu'elle commence correctement. Un bon départ tend à se poursuivre correctement, ce qui aide beaucoup dans la tentative. Dans le cas d'un échec persistant, seulement le réajustement est nécessaire ; dans celui d'un échec provoqué par un mauvais départ (et qui était inévitable), il est nécessaire de reconsidérer les motifs intérieurs de l'action. [344]

1. Les motifs pour le service

Ces motifs sont triples ; ce sont, dans l'ordre de leur importance :

a.      Une conception du plan d'évolution de Dieu, une compréhension des besoins immenses du monde, une conception intelligente du point immédiat de réalisation du monde, et un don de toutes ses ressources pour la réalisation de ce dessein.

b.      Un but personnel défini de réalisation, un grand idéal, comme une sainteté de caractère, qui provoque la meilleure tentative de l'âme ; ou une perception de la réalité des Maîtres de la Sagesse, et une ferme détermination intérieure d'aimer, de servir et de Les atteindre à tout prix. Quand vous possédez cette intelligente compréhension du plan de Dieu, associée avec le puissant désir de servir les Grands Êtres, l'accomplissement se manifestera dans les activités du plan physique.

c.      Une prompte réalisation des capacités innées ou acquises et leur adaptation au besoin reconnu. Il existe plusieurs sortes de service, et celui qui le rend sagement, qui cherche à trouver sa sphère particulière et qui, l'ayant trouvée, accomplit joyeusement l'effort pour le bénéfice du tout, est l'homme dont le propre développement s'effectue fermement, mais le but de progrès personnel demeure néanmoins secondaire.

2. Les méthodes de service

Elles sont nombreuses et variées, et je ne peux indiquer que celles d'importance primordiale.

Comme je l'ai souvent inculqué, la faculté de discernement vient en premier lieu. Celui qui considère qu'il peut tout entreprendre, [345] qui ne se dérobe devant aucun obstacle se trouvant sur son chemin, qui s'élance violemment là où les plus sages s'abstiennent, qui se croit capable de faire face à tout ce qui se présente, qui manifeste du zèle mais pas d'intelligence pour solutionner ce problème de service, celui-là ne fait que dissiper sa force. Il se livre souvent à une activité destructrice, et fait perdre le temps de ceux plus sages et plus avancés pour corriger ses fautes cependant bien intentionnées, et il ne sert alors aucun but en dehors de ses propres désirs. Sa bonne intention peut mériter une récompense, mais elle est souvent annulée par les résultats d'une action ridicule.

Celui qui aperçoit sagement où se trouve sa place, grande ou petite, dans l'ordre général, sert avec discernement ; il évalue sobrement ses capacités mentales et intellectuelles, son état émotionnel et ses moyens physiques, appliquant alors l'ensemble pour bien remplir sa tâche.

Celui qui juge avec l'aide de son Soi supérieur et de son Maître la nature et l'ampleur du problème à résoudre, sert avec discernement celui qui n'est guidé ni par les suggestions bien intentionnées, quoique souvent mal jugées, ni par les requêtes et les demandes de ses compagnons de service.

Celui qui se rend compte de l'élément temps dans l'action, sert avec discernement. Celui qui se rend compte aussi que chaque jour ne renferme que vingt-quatre heures et qui comprend qu'il est seulement capable de dépenser une certaine force et pas davantage, ajuste sagement sa possibilité et le temps disponible.

Un sage contrôle du véhicule physique vient ensuite. Un bon serviteur ne cause aucune anxiété au Maître pour des raisons physiques, et on peut compter sur lui pour garder et ménager sa force physique, afin de rester toujours disponible pour exécuter les requêtes du Maître. Il ne fait pas défaut par incapacité physique, car il veille à ce que son véhicule inférieur ait un repos suffisant et un sommeil adéquat. Il s'éveille de bonne heure, se retire à une heure appropriée et se relaxe chaque fois qu'il en a la possibilité. Il prend une nourriture saine et raisonnable et s'abstient de mets trop lourds. Des aliments légers, bien choisis et bien mastiqués sont de loin meilleurs qu'un repas copieux. [346]

La race humaine, en général, mange actuellement quatre fois plus qu'il est nécessaire. Le serviteur cesse de travailler quand (par accident ou retour d'une incapacité physique héréditaire) son corps physique réagit contre l'activité et réclame son attention. Il cherche alors le repos et le sommeil ; il surveille son régime et se soumet à un contrôle médical nécessaire, obéissant à tout conseil avisé et prenant le temps de se rétablir.

Le pas suivant consiste en une ferme surveillance et un contrôle du corps émotionnel. Il est bien connu que c'est le véhicule le plus difficile à diriger. Aucune émotion excessive ne lui est permise, quoique de forts courants d'amour pour tout ce qui respire soient admis à le parcourir. Étant la loi du système, l'amour est constructif et stabilisant, il entraîne tout en harmonie avec la loi. Nulle crainte, nul souci ou ennui ne doit troubler le corps émotionnel de celui qui aspire à être le serviteur de tous. Il doit cultiver la sérénité, la stabilité et un sentiment de confiance tranquille dans la loi de Dieu. Une joyeuse assurance caractérise son attitude habituelle. Il ne nourrit ni jalousie, ni sombre dépression, et nulle avidité ou compassion personnelle mais, se rendant compte que tous les hommes sont frères et que tout existe pour tous, il avance calmement sur sa voie.

Le développement de son véhicule mental vient ensuite. Dans le contrôle du corps émotionnel, le serviteur prend une attitude d'élimination. Son but est d'entraîner le corps émotionnel afin qu'il devienne incolore, vibre calmement et qu'il devienne clair, pur et limpide comme un étang par un paisible jour d'été. En préparant le corps mental pour le service, le travailleur lutte à l'opposé de l'élimination ; il cherche à édifier un savoir, à procurer la connaissance et les faits, à entraîner ce corps mental intellectuellement et scientifiquement afin qu'il puisse se révéler, à mesure que le temps passe, comme une stable fondation pour la sagesse divine.

 La sagesse supplante la connaissance, mais exige cependant cette connaissance comme un pas préliminaire. Vous devez vous rappeler que le serviteur passe par la Salle de l'Enseignement avant d'entrer dans la Salle de la Sagesse. En [347] entraînant le corps mental, il cherche donc à acquérir une connaissance disciplinée, à suppléer à ce qui peut faire défaut, à saisir la faculté mentale innée résultant de ce qui a été accumulé dans des vies précédentes, et en dernier lieu, à stabiliser le mental inférieur, afin que le supérieur puisse dominer et que la faculté créatrice de la pensée puisse être projetée à travers le silence. C'est du silence de l'Absolu qu'a été projeté l'Univers. C'est des ténèbres que la lumière a jailli, et du subjectif que l'objectif a émané. Le calme négatif du corps émotionnel le rend réceptif à l'impression d'en haut. Le calme positif du corps mental mène vers une inspiration supérieure.

Ayant cherché à contrôler et à utiliser sagement sa personnalité dans ses trois départements, celui qui aime l'humanité recherche la perfection dans l'action. Aucun rêve magnifique de martyr, ni les chimères glorieuses mais éphémères d'un service spectaculaire ne retiennent son attention, mais une application immédiate de toutes ses facultés au prochain devoir oriente son effort. Il sait que la perfection mise au premier plan de sa vie et dans les détails de son travail courant se reflétera aussi exactement dans l'arrière-plan, produisant un ensemble d'une rare beauté. La vie progresse pas à pas, mais chaque pas fait au bon moment, et chaque moment sagement occupé permettent de parcourir une longue distance et une vie bien employée. Ceux qui guident la famille humaine mettent à l'épreuve tous ceux qui aspirent au service dans les petits détails de la vie quotidienne, et celui qui prouve une activité digne de confiance dans ce qui apparaît non essentiel sera transféré dans un champ d'action plus élevé. Dans des circonstances critiques ou en cas de crise, comment pourraient-Ils avoir confiance en celui qui agit négligemment et sans jugement dans son travail quotidien ? [348]

Une autre méthode de service se manifeste dans l'adaptabilité. Ceci implique une facilité à se retirer quand d'autres êtres plus compétents sont envoyés pour prendre la place qu'il peut occuper, ou (inversement) une possibilité de quitter sa situation pour une activité plus importante, quand un travailleur moins capable peut accomplir cette tâche avec une facilité égale et un bon jugement. C'est une partie de la sagesse, pour tous ceux qui servent, de ne pas se surestimer ni se sous-estimer. Quand un incapable remplit un emploi, un mauvais travail en résulte, mais c'est également une perte de temps et de forces quand des travailleurs expérimentés se maintiennent dans des situations où leur capacité ne s'exprime pas pleinement et où des hommes et des femmes moins bien équipés agiraient aussi bien.

 Soyez donc prêts, vous tous qui servez, à rester toute votre vie dans un poste peu spectaculaire et apparemment peu important, car telle peut être votre destinée et la place où vous pouvez le mieux servir ; mais soyez également prêts à vous diriger vers un travail plus important quand le Mot du Maître sera prononcé, et quand les circonstances, et non le plan du serviteur, indiqueront que le moment est venu. Méditez sur cette dernière phrase.

3. L'attitude suivant l'action

Que devrait être cette attitude ? Une impassibilité absolue, un oubli de soi absolu et une attention absolue sur le prochain pas à entreprendre. Le serviteur parfait est celui qui, au maximum de ses possibilités, accomplit ce qu'il croit être la volonté du Maître, et le travail qu'il doit faire pour coopérer au plan de Dieu. Ayant alors accompli sa part, il poursuit le travail sans se soucier du résultat de son action. Il sait que des yeux plus sages que les siens perçoivent la fin depuis le commencement ; qu'une compréhension plus profonde et plus aimante que la sienne pèse le résultat de son service ; et qu'un jugement plus profond que le sien éprouve la force et la portée de la vibration provoquée et ajuste cette force au motif.

Le serviteur ne doit pas succomber à l'orgueil de ce qu'il a accompli, ni à une dépression indue sur le manque de réalisation. [349] Il doit en toutes circonstances agir de son mieux, ne pas perdre de temps en contemplation rétrograde, mais avancer fermement vers l'accomplissement de son prochain devoir. Rêver aux actions passées et se remémorer d'anciennes réalisations est de nature involutive, et le serviteur s'efforce de travailler avec la loi d'évolution. Ceci est une chose importante à noter. Après l'action, celui qui sert avec sagesse ne fait aucune attention à l'opinion de ses compagnons de travail, pourvu que ses supérieurs, êtres incarnés ou Grands Êtres eux-mêmes, soient satisfaits ou silencieux.

Peu lui importe si le résultat envisagé n'a pas été atteint, pourvu qu'il ait fidèlement accompli l'action la plus haute qu'il pouvait faire ; peu lui importe si les reproches ou les remontrances l'assaillent, pourvu que son Soi intérieur reste calme et n'accuse pas ; peu lui importe s'il perd des amis, des parents, des enfants, une popularité dont il jouissait autrefois ainsi que l'approbation de ses proches, pourvu que le sentiment du contact intérieur avec Ceux Qui guident et conduisent reste intact ; peu lui importe s'il lui semble travailler dans l'obscurité et s'il est conscient du peu de résultat de son labeur, pourvu que la lumière intérieure s'accroisse et que sa conscience ne lui reproche rien.

Le motif peut être précisé en ces quelques mots :

Le sacrifice du soi personnel pour le bien du Soi Unique.

La méthode peut être aussi brièvement énoncée :

Un sage contrôle de la personnalité et un discernement dans le travail et dans le temps.

 

L'attitude en résultant sera :

Un détachement absolu et un amour croissant de l'invisible et du réel.

 

Tout ceci sera accompli par une constante application de la Méditation occulte.

 

 

 

FIN DU LIVRE