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CHAPITRE TROIS LA FIN DU MIRAGE - Partie 4

Volonté et respiration sont, du point de vue occulte, des termes synonymes. Vous avez dans cette affirmation une indication de la manière dont maya peut être éliminée.

Ces remarques forment une préface à notre étude de la Technique de l'Indifférence. Il est nécessaire de signaler les analogies et de relier les divers aspects du même enseignement si on veut développer une véritable perception. Divisons donc notre examen comme suit :

1. L'activité sur le plan éthérique ou monde des forces. a. Leur distribution.

b. Leur manipulation.

2. La Science de la Respiration.

a. Le rapport entre la volonté et la respiration. b. L'inspiration.

3. La Technique de l'indifférence. a. Par la concentration.

b. Par le détachement.

Nous entrons maintenant dans le domaine de l'occultisme pratique qui n'est pas le domaine de l'aspiration, ni la sphère d'un progrès délibéré vers ce qui est supérieur et désirable, mais, en quelque sorte une activité contraire. Du point atteint sur l'échelle de l'évolution, le disciple "demeure en l'Être spirituel" (dans la mesure où il en est capable) et, consciemment, délibérément, emploie les énergies dans les trois mondes. Il les dirige vers le corps éthérique, du niveau où il a choisi de travailler, niveau mental, émotionnel ou du plan vital lui- même. Il le fait conformément à une idée dont il a eu la vision, à quelque idéal qui lui est cher, à quelque modèle divin qu'il a perçu, à quelque espoir spirituel à quelque ambition ou quelque désir auxquels il s'est consacré. [246]

Comme vous le savez, le corps éthérique de l'individu est une partie du corps éthérique de l'humanité ; celui-ci, à son tour, est un aspect du corps éthérique de la planète qui est une partie intégrante du corps éthérique du système solaire. Incidemment, dans ces rapports de fait aux conséquences incalculables, vous avez la base de toutes les influences astrologiques. L'homme se meut donc dans un tourbillon de forces de tous genres et de toutes qualités. Dans chaque partie de son expression manifestée et non manifestée, il est composé d'énergies et donc relié à toutes les autres énergies. Sa tâche est d'une extrême difficulté et demande un long cycle évolutif. Nous ne pouvons traiter ici de ces mondes d'énergies et de ces systèmes de force ; nous nous limiterons à l'examen du problème de l'individu, conseillant à l'étudiant de s'efforcer d'étendre sa compréhension du microcosme au macrocosme.

a. Distribution et manipulation de la force sur le plan éthérique

Nous supposons que l'étudiant est conscient de la nécessité d'établir un rythme nouveau et supérieur dans sa vie sur le plan physique, d'utiliser son temps conformément aux injonctions de son soi supérieur, et de produire, consciemment et scientifiquement, les effets qui, dans ses moments les plus élevés, lui sont présentés comme étant souhaitables. Il possède maintenant une certaine connaissance de l'équipement dont il dispose pour sa tâche et il a bien compris certains faits relatifs au véhicule éthérique. Les paires d'opposés lui apparaissent clairement, même s'il est encore influencé par l'un ou par l'autre des opposés ; il est conscient du désaccord fondamental existant entre sa vision de la bonté et sa capacité de l'exprimer. Il sait qu'il est le triple reflet d'une Trinité plus élevée qui est, pour [247] lui, la Réalité. Il comprend que le mental, les émotions et l'être physique sont destinés à manifester cette Réalité. Il sait que si l'aspect intermédiaire de lui-même – le corps éthérique – peut être dominé et correctement dirigé, la vision et l'expression finalement coïncideront.

Il est également conscient du fait que le corps physique dense, apparence extérieure tangible, n'est qu'un automate, obéissant à n'importe quelles forces et énergies pouvant être les facteurs dominants subjectifs qui conditionnent l'homme. Ce corps physique serait-il dominé par la force émotionnelle qui se déverse par le centre sacré et produit le désir afin de satisfaire les appétits physiques, ou par le plexus solaire, conduisant alors à certaines satisfactions d'ordre émotionnel ? Sera-t-il dirigé, peut-être, par une énergie supérieure à toutes celles-là, mais jusqu'à présent impuissante, énergie de l'âme comme expression de l'être pur ? Sera-t-il poussé à l'action sous l'impulsion de réactions sensibles, d'idées et de pensées provenant d'autres êtres humains, ou sera-t-il animé et poussé à l'activité sous la direction de la Hiérarchie spirituelle ? Voilà certaines des questions auxquelles il convient de trouver une réponse. Le stade d'aspiration de rêve et de désir doit être remplacé par l'action directe et par l'utilisation soigneusement projetée des forces disponibles, mises en activité par la respiration sous la direction de l'œil intérieur et dominées par l'homme spirituel. Quelles sont les énergies qui doivent et peuvent être ainsi utilisées ? Quelles sont les forces qui doivent être dirigées ? De quelle manière peuvent-elles être maîtrisées ? Devraient-elles être ignorées et, ainsi, rendues vaines, ou sont-elles des forces nécessaires au grand travail de création ?

Il vous apparaîtra clairement que la première chose que doit faire l'investigateur spirituel est de s'assurer, en vérité et dans la lumière de son âme, où se trouve exactement son centre d'identification. [248] Je veux dire par- là : utilisera-t-il surtout son énergie sur le plan mental ? Est-il surtout émotionnel, utilisant la plupart du temps la force provenant du plan astral ? Peut-il prendre contact avec l'âme et attirer l'énergie de l'âme d'une manière permettant d'annuler ou de contrebalancer la force de sa personnalité ? Peut-il ainsi vivre comme âme sur le plan physique, se servant du corps éthérique ? S'il étudie sérieusement ce problème, il découvrira en temps voulu les forces qui dominent dans le corps éthérique et il deviendra conscient des moments et des expériences faisant appel aux ressources de l'énergie de l'âme. Cela demandera du temps et sera le résultat d'une longue observation, d'une sérieuse analyse des actions et des réactions sensibles, des mots et des pensées. Nous traitons ici, comme vous pouvez le voir, d'un problème très pratique qui est, en même temps, partie intégrante de notre étude et qui provoquera des changements fondamentaux dans la vie du disciple.

À cette observation et à cette analyse du pouvoir de la force ou des forces engagées, l'aspirant ajoutera les conditions qui permettent de les mettre en activité, la fréquence de leur apparition qui lui indiquera si elles sont habituelles ou nouvelles et, également, la nature de leur expression. De cette manière, il parviendra à une nouvelle compréhension des facteurs de conditionnement qui agissent à travers son corps vital et font de lui, sur le plan physique, ce qu'il est essentiellement. Il trouvera en cela une aide spirituelle profonde et importante.

Cette période est cependant limitée à l'observation mentale et intelligente et constitue la base du travail à accomplir, donnant assurance et connaissance, mais laissant la situation telle qu'elle est. Le disciple doit maintenant devenir conscient de la qualité des forces en jeu et, pour y arriver, il lui sera nécessaire de découvrir non seulement le rayon de son âme et celui de sa personnalité, mais aussi les rayons de son appareil mental et de son corps astral. Il sera ainsi [249] amené à procéder à une autre investigation, à une autre période d'observation attentive, s'il ne les connaît pas encore. Lorsque Je vous dis qu'à ces informations le disciple doit ajouter un examen attentif du pouvoir des forces et des énergies qui le touchent astrologiquement, vous voyez donc combien sa tâche est ardue. Non seulement il doit repérer les énergies de ses cinq rayons, mais il lui faut aussi tenir compte de l'énergie du signe du soleil qui conditionne sa personnalité, et du signe de l'ascendant qui tente de stimuler cette personnalité pour qu'elle réponde à l'âme, exécutant ainsi le dessein de l'âme grâce à la coopération de la personnalité.

Il y a donc sept facteurs qui conditionnent la qualité des forces cherchant à s'exprimer à travers le corps éthérique :

1. Le rayon de l'âme.

2. Le rayon de la personnalité.

3. Le rayon du mental.

4. Le rayon de la nature émotionnelle.

5. Le rayon du corps physique.

6. L'énergie du signe du soleil.

7. L'influence du signe de l'ascendant.

Une fois que ces éléments sont connus et que le disciple a une certaine assurance qu'ils sont exacts, tout le problème devient plus clair ; il peut travailler en connaissance de cause et avec compréhension. Il devient un travailleur ayant la connaissance scientifique dans le domaine des forces cachées. Il sait alors ce qu'il fait, avec quelles énergies il doit travailler ; il commence à sentir ces énergies quand elles pénètrent dans le véhicule éthérique.

Vient maintenant le stade au cours duquel il est en mesure de découvrir la réalité et l'activité des sept centres qui offrent une voie d'entrée et un débouché aux forces et aux énergies qui le concernent de plus près au cours de cette incarnation particulière. Il entre dans une période prolongée d'observation, d'expériences dans laquelle se [250] succèdent épreuves et erreurs, succès et insuccès, période qui exigera de lui tout le courage, la force et la persévérance dont il est capable.

D'une manière générale, l'énergie de l'âme agit par le centre supérieur de la tête et elle est mise en activité par la méditation et par l'aptitude à être à son contact. L'énergie de la personnalité intégrée est focalisée au moyen du centre ajna, situé entre les yeux ; lorsque le disciple peut s'y identifier, qu'il est également conscient de la nature et de la vibration de l'énergie de son âme, il peut commencer à agir avec le pouvoir de direction, utilisant les yeux comme agents de direction.

Ainsi que vous avez pu le constater au cours de vos études il y a trois yeux de vision et de direction à la disposition du disciple :

1. L'œil intérieur, œil unique de l'homme spirituel. Il est le véritable œil de la vision et implique l'idée de dualité (celui qui voit et ce qui est vu). C'est l'œil divin, l'œil avec lequel l'âme regarde dans le monde des hommes et grâce auquel la personnalité est dirigée.

2. L'œil droit, œil de bouddhi, œil qui réagit directement en rapport avec l'œil intérieur. C'est par lui que l'activité supérieure de la personnalité peut être dirigée sur le plan physique. Vous avez donc là un triangle de forces spirituelles que le disciple avancé et l'initié peuvent diriger en une unique activité.

a a. l'œil spirituel.

 

 

b b. le centre ajna.

 

 

c c. l'œil droit. [251]

C'est au moyen de cette triplicité que, par exemple, l'initié entraîné agit lorsqu'il a affaire à un groupe ou à un individu.

3. L'œil gauche, œil de manas, distributeur d'énergie mentale correctement dirigée dans la mesure où sont concernés les desseins de la personnalité. Cet œil fait aussi partie d'un triangle de forces qui est à la disposition de l'aspirant et du disciple en probation.

 

a. le centre ajna. a

 

 

b. l'œil gauche.

 

 

c. l'œil droit. b c

 

 

L'œil intérieur ou divin est au repos et relativement inactif, étant seulement l'organe d'observation pour l'âme et, dans la majorité des cas, non encore le distributeur de l'énergie directive de l'âme. Cependant, l'aspirant discipliné et réorienté, intégré et focalisé dans sa personnalité purifiée, utilise à la fois la force bouddhique et la force manasique ; il commence à être intuitif et, d'une manière prédominante, mental. C'est lorsque ces deux triangles sont dominés et qu'ils commencent à fonctionner correctement que les sept centres du corps éthérique peuvent être clairement dirigés, qu'ils deviennent les organes de l'activité rythmique établie par l'être humain développé; par conséquent, ils constituent un instrument pour l'âme qui permet l'écoulement des énergies appropriées ; ils présentent aussi l'organisation et le dessein que peut manifester sur terre un fils de Dieu actif.

Vient ensuite ce que nous avons appelé le stade de direction. L'âme, ou la personnalité intégrée, est au poste de commandement, ou, sur une volute plus élevée de la spirale, c'est la Monade qui s'y trouve [252] et la personnalité n'est alors que l'agent de l'esprit. Par l'un ou l'autre des triangles, ou par tous les deux fonctionnant de manière synchrone, les centres qui se trouvent le long de la colonne vertébrale (cinq en tout) sont dominés rythmiquement. L'énergie est dirigée en eux ou à travers eux, ils sont amenés à former une organisation d'une beauté qui a été décrite comme étant une "vie enflammée par Dieu" ; c'est une vie d'application et de service spirituels dans laquelle le triangle supérieur est le plus puissant.

Les trois énoncés suivants résument l'histoire de l'ultime libération du disciple échappant à la Grande Illusion :

Premièrement : quand l'âme, agissant au moyen du triangle supérieur, devient l'agent de direction, l'illusion est dissipée, le mental illuminé.

Deuxièmement : quand la personnalité (sous l'influence croissante de l'âme) agit au moyen du second triangle, le mirage est dissipé. La domination de la nature astrale est brisée.

Troisièmement : quand le disciple, agissant en tant qu'âme et en tant que personnalité intégrée, prend la direction de sa vie, la maya ou le monde des énergies éthériques est dévitalisé ; seules alors sont employées les forces et les énergies nécessaires au disciple ou à l'initié cherchant à satisfaire la divine intention.

Vous noterez que tout cela est inclus et exécuté dans le septuple travail décrit plus haut et qui peut être résumé de la façon suivante :

1. Le disciple découvre le point focal de son identification.

2. Il s'assure de la nature des forces qu'il a l'habitude d'utiliser et qui semblent le pousser perpétuellement à l'activité. [253]

3. Il devient conscient de l'intensité et de la fréquence de la manifestation de cette force.

Il accomplit tout cela en tant qu'observateur mental.

4. Il devient conscient de la qualité des forces employées, de leur rapport de rayon et de leur signification astrologique.

C'est là une activité de sensibilité qui n'est pas aussi fondamentalement mentale que celle des trois stades précédents.

5. Il identifie les centres du corps éthérique et devient conscient de leur existence propre en tant qu'agents de force.

6. Les deux "triangles de vision et de direction" qui se trouvent dans la tête parviennent à un certain stade d'organisation et deviennent :

a. Des mécanismes qui fonctionnent.

b. Reliés entre eux et agissant comme un seul instrument d'expression. C'est une activité objective et subjective.

7. La vitalisation et la mise en activité du corps physique par l'intermédiaire des agents de direction qui se trouvent dans la tête et par les centres situés le long de la colonne vertébrale.

Comment tout cela est-il amené ? Cette question conduit au second point de notre étude.

b. L'utilisation de la Science de la Respiration

Un grand nombre de sottises ont été dites au sujet de la science de la respiration. De nombreux groupes répandent une grande quantité d'instructions dangereuses à ce sujet, dangereuses parce qu'elles sont basées sur une connaissance livresque et que ceux qui en parlent n'ont jamais pratiqué eux- mêmes cette science de manière suivie, dangereuses aussi parce que beaucoup de groupes exploitent un public qui n'est [254] pas prêt, et cela dans un but généralement commercial. Heureusement pour un grand nombre d'aspirants, les informations et les instructions données sont à la fois médiocres, inexactes et souvent inoffensives bien que, dans de nombreux cas, on constate des réactions nocives. Heureusement aussi, l'intention de l'aspirant moyen est si faible qu'il est incapable de se soumettre quotidiennement et avec persévérance aux exigences imposées et qu'il ne parvient pas à manifester l'application qui serait pour lui la garantie d'un succès douteux ; ainsi donc, dans tous ces cas, il n'y a pas de danger. Beaucoup de groupes exploitent cette science afin de l'entourer de mystère, d'attirer ceux qui ne se méfient pas, ou encore de donner quelque chose à faire à leurs adhérents et ainsi d'acquérir la flatteuse réputation d'occultistes savants bien entraînés. N'importe qui peut enseigner des exercices de respiration qui consistent surtout en inhalations et exhalations rythmiques, conformément à la volonté de l'instructeur. Lorsque l'effort est poursuivi avec persévérance, on obtient des résultats généralement indésirables, car l'instructeur moyen met l'accent sur la technique de la respiration et non pas sur les idées qui – employant l'énergie engendrée par la respiration – devraient prendre forme dans la vie du disciple.

Toute la science de la respiration repose sur l'utilisation du Mot Sacré, l'OM dont l'utilisation doit être limitée aux aspirants qui se sont sincèrement consacrés à fouler le Chemin, mais qui a été transmis à d'autres. C'est ainsi que de nombreux instructeurs sans scrupules, particulièrement certains swamis venant des Indes qui se font passer pour de Saints Hommes, exploitent de sottes femmes dans les pays occidentaux. Le Mot est alors utilisé sans aucune intention spirituelle, simplement comme un son qui, porté par la respiration, produit des résultats psychiques ce qui, aux yeux des dupes, passe pour les effets de leur profonde spiritualité. Le malheur est que la respiration est inévitablement liée à l'OM, mais les effets dépendent du motif et de la véritable intention intérieure. L'Oriental, à moins qu'il n'ait atteint la quatrième ou la cinquième initiation, n'a aucune compréhension réelle [255] de l'Occidental ni de sa constitution qui, résultant de toute une civilisation et d'un certain mode de vie, diffère considérablement de celle de l'Oriental.

En Orient, le problème qui se pose à l'instructeur, au Guru, est de prendre des gens polarisés négativement et de les rendre positifs. En Occident, les hommes ont, dans leur ensemble, une attitude positive et ils n'ont pas besoin de l'entraînement qui est donné à juste raison aux Orientaux. Que veux-je dire exactement par-là ? Je veux dire que, en Orient, le facteur volonté, qualité du premier aspect, est absent. Les Orientaux, particulièrement les habitants des Indes, manquent de volonté, de stimulant dynamique et de la capacité d'exercer sur soi une pression intérieure qui produise de bons résultats. C'est pourquoi cette civilisation s'adapte si mal à la civilisation moderne ; c'est pourquoi les populations des Indes font si peu de progrès dans l'adoption des normes de la vie municipale et nationale ; c'est pourquoi ils sont en retard par rapport à la manière de vivre du monde moderne. En généralisant, on peut dire que l'Occidental est positif, qu'il a besoin de l'énergie directrice de l'âme, ce à quoi il peut arriver avec un minimum d'enseignement. Dans la race aryenne, une fusion se produit actuellement entre l'aspect volonté, le mental et le cerveau. Il n'en est pas de même en Orient. Cela se produira plus tard.

Le seul facteur qui rende efficace l'exercice de respiration est la pensée, l'intention, le dessein avec lesquels il est pratiqué. Vous avez dans cette phrase la clé des exercices de respiration dynamiques et utiles. À moins que le but poursuivi ne soit clairement déterminé, à moins que le disciple ne sache exactement ce qu'il fait lorsqu'il pratique une respiration ésotérique, et à moins que l'importance des mots "l'énergie suit la pensée" ne soit bien comprise, les exercices de respiration sont une pure perte de temps et peuvent être dangereux. On peut donc conclure que des résultats sont seulement possibles lorsqu'il existe une alliance entre la respiration et la pensée.

Mais il y a derrière tout cela un troisième et encore plus important facteur, la VOLONTE. Par conséquent, la seule personne pouvant [256] sans danger et utilement pratiquer des exercices de respiration est celle dont la volonté est active, volonté spirituelle et par conséquent volonté de la Triade Spirituelle. Tout disciple en train de construire l'antahkarana peut commencer à faire usage, avec soin, d'exercices de respiration dirigés. Mais en dernière analyse, ce sont seulement les initiés de troisième degré, initiés qui commencent à être sous l'influence de la Monade, qui peuvent utiliser, correctement et avec succès, cette forme de direction de vie et parvenir à des résultats effectifs. Ceci est fondamentalement exact ; toutefois, il faut commencer, et tous les vrais disciples sont invités à en faire l'effort.

Si on considère toutes les implications contenues dans le paragraphe ci- dessus, il est évident que le disciple doit, comme travail préliminaire, établir une relation directe entre son cerveau, son mental et l'aspect volonté de la Triade Spirituelle. En d'autres termes, le récepteur négatif de la pensée (le cerveau), l'agent de la volonté (le mental) et la Triade elle-même doivent être mis en contact réciproque par l'antahkarana. Lorsque ce contact existe, ou qu'il commence à s'établir, les exercices de respiration peuvent être tentés sans danger et avec profit. Vous voyez donc, mon frère, que seule la volonté dirigée utilisant d'une manière systématique la respiration rythmique comme son agent, peut dominer les centres et produire un dessein de vie ordonné. Par conséquent, c'est l'idée dominante, la ligne d'activité mentale dont le disciple doit se préoccuper tandis qu'il fait un exercice de respiration. Cette idée doit contenir un certain dessein, une certaine activité planifiée, un certain but reconnu avant que la respiration ne puisse être employée et devenir ainsi porteur de forces. Cela doit être fait "sur les ailes de l'intention consciente", si je puis m'exprimer en symbole. Je vous incite à lire ces dernières phrases souvent, car elles s'appliquent à la Science de la Respiration et contiennent la clé du travail à faire. Avant tout et fondamentalement, cette science est concernée par les idées qui sont formulées en formes-pensée nettes et [257] qui, donc, conditionnent la vie du disciple sur les niveaux éthériques et finalement sa vie sur le plan physique. Je n'ai pas l'intention de donner ici des exercices de respiration que les disciples et les aspirants pourraient utiliser et, plus probablement, mal utiliser. Leur premier devoir est de devenir conscients des impulsions intérieures qui pourraient vitaliser les centres et les rendre actifs, produisant des conditions et des événements sur le plan physique. Lorsque ces impulsions seront claires et nettement établies dans la conscience mentale du disciple, rien ne pourra arrêter leur manifestation en temps voulu, à la lumière du jour. Mais il leur faut suivre un processus ordonné de gestation et attendre un certain temps pour pouvoir se manifester.

Lorsqu'il existe un véritable idéalisme, une juste pensée et la compréhension du véhicule d'expression et du monde des forces dans lequel l'idée doit être lancée, l'étudiant peut sans danger suivre certains exercices de respiration indiqués, et la deuxième phase, ou résultat de la respiration rythmique se manifestera. C'est l'inspiration.

 

Les exercices de respiration ont un effet purement physiologique s'ils ne sont pas motivés par une pensée dirigée et s'ils ne sont pas le résultat de l'effort fait pour atteindre et maintenir un point de tension. Pendant le processus d'inhalation et d'exhalation, une ligne de pensée claire doit être fermement maintenue, de manière que la respiration soit qualifiée et conditionnée par une idée. C'est à ce point que l'aspirant moyen essuie si souvent un échec. Généralement, il est si préoccupé par le processus d'une respiration dirigée, et si anxieux des résultats phénoménaux, que le dessein vital de la respiration est oublié ; le dessein est de vitaliser et d'intensifier la qualité de la vie des centres, par l'intermédiaire d'une certaine pensée projetée et présentée qui exprime une idée sentie et bien déterminée. Lorsque ce fonds de pensée idéaliste manque, les résultats de la respiration sont pratiquement [258] nuls, ou alors, si dans ces circonstances il y a quelques résultats, ils n'ont aucun rapport avec la pensée et sont de nature psychique. Ils peuvent alors produire des troubles psychiques persistants, car la source dont provient leur activité est astrale et l'énergie projetée va vers les centres situés au-dessous du diaphragme, alimentant ainsi la nature inférieure, enrichissant et renforçant son contenu astral et, par-là, augmentant et approfondissant le mirage. Les résultats peuvent aussi être physiologiques, stimulant le corps éthérique et renforçant le corps physique ; de sérieux effets s'ensuivent souvent, car la respiration est envoyée aux centres qui devraient être dans un "processus d'élévation", ainsi qu'on le dit ésotériquement ; leur puissance physique s'en trouve renforcée, les appétits physiques sont alimentés et la tâche de l'aspirant est rendue beaucoup plus difficile dans son effort de sublimation de la nature inférieure et d'ancrage, ou de focalisation, de la vie des centres au-dessus du diaphragme ou dans la tête.

Le mirage et la maya sont alors augmentés ; et pour toute la vie au cours de laquelle ces exercices sont mal pratiqués, l'aspirant demeure dans une condition statique et sans profit. Alors qu'il aspire ou inhale, il attire le souffle qui se trouve au sein de sa propre aura, son cercle infranchissable aurique ; il alimente la nature inférieure et établit en lui-même un cercle vicieux qui se renforce jour après jour, jusqu'à ce qu'il soit complètement pris par le mirage et la maya qu'il alimente sans cesse. Les centres inférieurs sont continuellement vitalisés et deviennent extrêmement actifs, et le point de tension d'où agit l'aspirant ne se trouve pas focalisé par rapport à l'âme, mais il se trouve dans la personnalité. La conscience qu'a l'aspirant du caractère unique de cette respiration particulière et l'attente de résultats phénoménaux empêchent toute pensée, mais bien des réactions inférieures, de nature kama-manasique. L'émotion se trouve alimentée et le pouvoir du corps astral fortement accru. Très souvent aussi, les effets physiologiques sont considérables et visibles, comme, par exemple, un développement [259] considérable de la poitrine et le renforcement des muscles du diaphragme. Ces effets se produisent dans le cas des chanteurs d'opéra. Le chant, tel qu'il est enseigné actuellement, est l'expression de certains aspects inférieurs de la respiration, et la manière de respirer, dans le cas de ces chanteurs, produit un considérable développement de la poitrine, intensifie l'émotion, produit l'instabilité dans l'expression de vie (souvent indiquée comme tempérament) et maintient au chant lui-même un caractère purement astral.

Il existe une manière de chanter supérieure et meilleure, due à un point de tension différent et qui implique un processus de respiration lequel attire l'énergie nécessaire sur le souffle de sources plus élevées et de portée plus vaste que celles utilisées généralement. Elle produira l'inspiration qui s'étendra à l'homme tout entier et n'impliquera pas seulement sa réaction émotionnelle à son chant et à son public. Elle instaurera une nouvelle méthode, un nouveau genre de chant et de respiration basé sur une forme de respiration mentale qui transportera l'énergie et l'inspiration subséquente de sources se trouvant au dehors de l'aura de la personnalité. Le temps n'en est pas encore venu. Aujourd'hui, on ne comprendra guère mes paroles mais, au cours du siècle prochain, le chant sera pratiqué par ceux qui savent comment puiser aux sources de l'inspiration grâce à une nouvelle méthode et une nouvelle technique de respiration. Ces exercices et ces techniques seront enseignés, tout d'abord, dans les nouvelles écoles d'ésotérisme.

L'inspiration est un processus qui qualifie, vitalise et stimule la réaction de la personnalité et, par les centres, amène au point de tension où la domination de l'âme se manifeste. C'est le mode par lequel l'énergie de l'âme peut inonder la vie de la personnalité, passer à travers les centres, chassant ce qui entrave, et libérer l'aspirant de tout ce qui reste de mirage et de maya, perfectionnant un instrument par lequel la musique de l'âme et plus tard l'aspect musical de la [260] Hiérarchie puissent se faire entendre. N'oubliez pas que le son imprègne toutes les formes ; la planète elle-même a sa propre note, ou son propre son ; chaque minuscule atome a aussi son propre son ; chaque forme peut être évoquée musicalement ; chaque être humain a son propre accord et tous les accords forment la grande symphonie que jouent la Hiérarchie et l'Humanité, et qu'elles jouent actuellement. Chaque groupe spirituel possède son propre ton (si je puis employer un terme aussi peu approprié) et les groupes qui se préparent à collaborer avec la Hiérarchie produisent sans cesse de la musique. Ce rythme de sons, ces myriades d'accords et de notes se mêlent à la musique de la Hiérarchie elle-même, enrichissant sans cesse la symphonie. Alors que les siècles s'écoulent, tous ces sons lentement s'unissent et se résorbent les uns dans les autres jusqu'au jour où la symphonie planétaire que compose Sanat Kumara sera achevée. Notre terre alors apportera une notable contribution aux vastes accords du système solaire, c'est une partie intrinsèque et réelle de la musique des sphères. Alors, comme le dit la Bible, les Fils de Dieu, les Logoï planétaires, chanteront tous ensemble. Ce sera là, mon frère, le résultat d'une respiration correcte, d'un rythme maîtrisé et organisé, d'une pensée vraiment pure et de justes relations entre toutes les partie du chœur.

Songez-y en tant qu'exercice de méditation et, par-là, augmentez votre inspiration.

c. La Technique de l'Indifférence

J'ai donné, dans mes autres ouvrages, beaucoup d'informations relatives au corps éthérique et aux centres, majeurs et mineurs, qui se trouvent dans son rayon. Il y a, parmi les étudiants, une tendance à penser que les centres s'identifient au corps physique et non pas au corps éthérique, ce qui est une erreur en ce qui concerne leur siège. Les étudiants feraient bien d'éviter toute concentration sur le corps [261] physique et d'apprendre peu à peu à faire passer sur le corps éthérique le centre de leur attention. Le corps physique est nécessairement actif et fort, mais il faut de plus en plus le considérer comme un automate, influencé et dirigé par :

1. Le corps vital et les forces de maya ; ou par l'inspiration émanant de points de tension spirituelle.

2. Le corps astral et les forces de mirage ; ou par l'amour conscient provenant de l'âme.

3. Le mental et les forces d'illusion ; ou par l'illumination, provenant de sources de vie supérieures à la vie dans les trois mondes.

4. L'âme, comme véhicule d'impression monadique, jusqu'à ce que l'antahkarana soit construit, ce pont de matière mentale qui reliera finalement la Monade et la personnalité.

Un des problèmes qu'ont à résoudre les disciples est celui posé par la source du stimulant, des impulsions, des impressions ou de l'inspiration qui, en passant par le corps éthérique, poussent le véhicule physique à l'activité sur le plan physique, démontrant ainsi la qualité, le dessein et le point de tension de l'homme qui s'incarne et manifestant sa nature à un point donné de l'échelle de l'évolution. L'activité des centres sera conforme aux tensions et aux impulsions indiquées. Vous pouvez donc voir combien ce que j'enseigne est contraire aux processus occultes usuels. Je n'enseigne aucune façon d'éveiller les centres, car la juste impulsion, la ferme réaction à des impulsions plus élevées, et la reconnaissance pratique des sources d'inspiration pousseront automatiquement et sans danger les centres à la juste et nécessaire activité. Telle est la méthode de développement saine, plus lente, qui ne provoque aucun développement prématuré, mais au contraire un développement équilibré et complet. Il permet à l'aspirant de [262] devenir vraiment l'Observateur et de savoir avec certitude ce qu'il fait. Il amène les centres, un par un, à un point de réponse spirituelle et établit alors le rythme ordonné et cyclique de la nature inférieure maîtrisée. Il est exact et possible que des exercices de respiration trouvent finalement leur place dans l'entraînement du disciple mais ils seront instaurés par le disciple lui-même, et ils seront le résultat d'une vie rythmique et d'un emploi constant et juste du Mot Sacré, OM. Lorsque, par exemple, un disciple qui médite énonce sept fois l'OM c'est l'équivalent d'un exercice de respiration ; lorsqu'il peut diriger l'énergie ainsi engendrée vers l'un ou l'autre des centres, sur les ailes de la pensée consciente et organisée, il provoque des changements et des ajustements dans le mécanisme qui manie les forces. Lorsque cet exercice peut être exécuté facilement et avec le mental maintenu à un point de "tension méditative", le disciple est bien engagé dans la voie où il retirera le centre de son attention du monde de l'illusion, du mirage et de la maya, et le fixera sur le royaume de l'âme sur le monde de la "claire et froide lumière" et sur le royaume de Dieu.

Lorsqu'il y ajoute la compréhension et la pratique de la Technique de l'Indifférence, il demeure libre et libéré et il est, à tout moment, l'Observateur et celui qui utilise l'appareil de manifestation.

En quoi consiste cette technique ? Qu'est-ce que l'indifférence ? Je me demande, mon frère, si vous comprenez le sens du mot "indifférence". En réalité, il signifie la capacité de parvenir à une attitude neutre vis-à-vis de ce qui est considéré comme étant le non-soi. Il implique la négation de toute similitude. Il marque la reconnaissance d'une distinction fondamentale. Il signifie le refus de n’être identifié à rien d'autre qu'à la réalité spirituelle, dans la mesure où elle est sentie et connue à n'importe quel point dans le temps et dans l'espace. C'est donc quelque chose de beaucoup plus important et vital qu'on ne le pense généralement en utilisant ce mot. C'est une répudiation active, mais sans aucune concentration sur ce qui est répudié. Vous avez là un [263] énoncé qui mérite votre attentive considération. Il concerne le point de tension d'où agit le disciple ou l'aspirant qui observe. Le point de tension devient la source d'où émane un certain genre d'énergie qui s'écoule dans le corps éthérique et à travers lui, sans être, en aucune façon, affectée par la maya ou par la concentration des diverses forces dont est toujours composé le corps éthérique.

Techniquement comprise, l'indifférence signifie la descente directe d'un point à un autre, sans déviation ni déformation. L'entité qui se manifeste, le disciple, demeure fermement à ce point de tension ; son premier mouvement est donc de s'assurer où se trouve ce point et quelle est la force de la tension sur laquelle il peut compter. Sa deuxième démarche sera de chercher si ce qu'il entend communiquer au corps physique, produisant ainsi certains effets sur le monde extérieur d'expérimentation et d'expérience, est déformé par quelque genre d'illusion, arrêté dans son expression par le mirage, ou peut-être détourné par des forces non maîtrisées et par la maya qu'elles produisent. Il s'en assure, non pas en s'identifiant, stade après stade de descente, aux entraves et aux obstructions possibles, mais en intensifiant son point de tension par la constante reconnaissance de la vérité qu'il est le Soi et non pas le non-soi, et par un processus de projection. Cette projection se caractérise par l'envoi d'énergie qualifiée et reconnue du point de tension directement au corps vital, d'où l'énergie peut se diriger vers les sept centres de maîtrise.

C'est à ce point-là que le disciple applique la technique de l'indifférence, car s'il ne le fait pas, ce qu'il cherche à exprimer peut être arrêté et détenu par la force éthérique ou par les voiles de la maya. Par conséquent, il travaille d'un point de concentration intense ; il refuse "tout attachement" à une forme ou à un plan quelconque, en [264] projetant l'énergie dans les trois mondes et à travers eux. Lorsqu'il découvre que le progrès est arrêté ou détourné par quelque illusion active ou par le mirage, il se "détache" consciemment de ces contacts et assemble ses forces pour le stade final d'indifférence ou de répudiation de toutes les forces, sauf de celles qu'il cherche, consciemment et avec dessein, à utiliser sur le plan physique.

En dernière analyse, mon frère, pour le disciple moyen, le point de tension se trouve sur les niveaux mentaux, impliquant le mental illuminé et un contact croissant avec l'âme :

a. Il sera alors capable de "voir" clairement dans la lumière de l'âme, et avec un sens des valeurs accru ; il pourra donc dissiper l'illusion.

b. Il sera capable de projeter la lumière consciemment sur le plan astral et pourra donc dissiper le mirage.

c. Il sera capable de déverser l'énergie de la lumière à travers le corps éthérique et d'ancrer la lumière ou énergie dans les centres appropriés, car il sera complètement indifférent à la maya, ou non identifié à elle.

En ce qui concerne l'initié, le processus est poursuivi d'abord d'un point de tension dans l'âme, et plus tard, d'un point de tension dans la Triade Spirituelle. Toujours, pourtant, une fois à l'intérieur du cercle infranchissable des trois mondes, l'énergie directrice produit les résultats indiqués dans ces instructions et amène :

1. La dispersion de l'illusion.

2. La dissipation du mirage.

3. La maîtrise de la maya.

Pour l'aspirant qui lit cet exposé relativement simple, ce processus difficile paraît assez simple et facile à appliquer, mais ceci est en soi [265] une illusion. L'identification au côté forme de la vie qui a duré des âges n'est pas facilement surmontée ; la tâche qui attend le disciple est une tâche longue et ardue. Mais elle contient à la fin la promesse du succès, à condition qu'il existe une pensée claire, un dessein sincère et un travail scientifiquement ordonné. [266]