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CHAPITRE III LE PROBLEME DU CAPITAL, DU TRAVAIL ET DE L’EMPLOI

LE PROBLEME DU CAPITAL, DU TRAVAIL ET DE L'EMPLOI

Nous nous trouvons aujourd'hui à l'aube d'une ère économique entièrement nouvelle et unique. C'est un fait, dont l'évidence s'impose de plus en plus à tous ceux qui réfléchissent. La plus récente victoire de la science, la libération de l'énergie de l'atome, rend impossible à prédire l'avenir de l'humanité et le genre de la civilisation future. Les changements imminents sont si vastes, que toutes les anciennes valeurs économiques et les modes de vie familiers seront évidemment obligés de disparaître. Personne ne sait ce qui les remplacera.

Dans une analyse précédente des problèmes à considérer, j'en ai énuméré un (n°VII), que j'ai qualifié de Problème de l'Unité internationale. La découverte d'une méthode pour libérer l'énergie atomique et l'utiliser au bénéfice des hommes apportera des changements considérables à tout ce que l'on pourrait dire sur ce sujet. Étant donné le développement embryonnaire de cette découverte et les modifications évidentes qu'elle apportera forcément à la vie quotidienne, on ne peut envisager ce problème sous l'angle économique, comme d'abord prévu. Les conditions seront radicalement changées. Dans certains domaines, tels que celui de la distribution du charbon et du pétrole pour l'éclairage, le chauffage, les moyens de transport, n'est-il pas possible qu'à l'avenir aucune de ces ressources de la planète ne soit plus utilisée ? Je ne cite que ces deux cas, comme exemples des changements fondamentaux que l'usage de l'énergie atomique peut apporter à notre vie civilisée dans l'avenir.

Deux questions majeures ressortent de cette nouvelle découverte ; l'une se pose immédiatement et l'autre se développera plus tard. La première se rapporte aux intérêts financiers considérables, impliqués dans les produits que remplacera [86] inévitablement le nouveau genre d'énergie. Ces intérêts susciteront une lutte implacable pour empêcher que d'autres profitent des sources nouvelles de richesses. En second lieu viendra le problème croissant de la main-d'œuvre, libérée d'un travail pénible et des longues heures quotidiennes exigées actuellement pour obtenir un salaire permettant de vivre et de se procurer le nécessaire. La première question touche le capital, la seconde le travail ; l'une est le problème des intérêts s'étant assurés depuis longtemps un contrôle purement égoïste sur l'existence de l'humanité, l'autre est un problème de loisirs et de leur utilisation à des fins constructives. L'un des problèmes se rapporte à la civilisation et à son fonctionnement correct dans l'ère nouvelle, l'autre concerne la culture et l'emploi du temps à des fins créatrices.

Il ne m'appartient pas de prédire ici à quels usages sera ou pourra être affectée l'énergie la plus puissante qui fut jamais mise à la disposition de l'homme. Sa première utilisation positive fut de mettre fin à la guerre. Son application constructive, à l'avenir, est l'affaire de la science et son contrôle revient aux hommes de bonne volonté, comme il s'en trouvera dans toutes les nations. Cette énergie doit être sauvegardée contre les intérêts capitalistes ; elle doit absolument être consacrée aux usages pacifiques et employée à organiser un monde neuf et plus heureux. Un domaine entièrement nouveau s'ouvre aujourd'hui à la recherche scientifique, domaine où elle a longtemps désiré pénétrer. Je rappellerai que cette nouvelle puissance est bien plus sûre entre les mains des savants qu'entre celles des capitalistes, qui ne l'emploieraient qu'à accroître leurs dividendes. Aux mains des grandes démocraties et des races anglo-saxonnes et scandinaves, cette découverte est moins dangereuse qu'en d'autres mains. Elle ne peut toutefois leur appartenir en propre. D'autres nations et d'autres races en possèdent le secret et, par conséquent, la sécurité future de l'humanité dépend de deux choses :

1. Un enseignement progressif et rationnel, donné au peuple de chaque nation, sur les justes relations humaines, pour cultiver un esprit de bonne volonté. Cela amènera un changement complet des régimes politiques actuels, qui s'inspirent surtout du nationalisme et d'ambitions égoïstes. La véritable démocratie, pour le moment un simple rêve, sera fondée sur une éducation préparant à la bonne volonté. [87]

2. L'enseignement aux enfants de l'avenir de la véritable unité humaine et de l'usage des ressources du monde pour le bien général.

J'ai déjà indiqué que toutes les nations sont égoïstes, nationalistes, orgueilleuses et séparatistes. Certaines, toutefois, à cause de leur caractère cosmopolite et de la multiplicité des races qui les composent, sont normalement plus larges que d'autres dans leurs idées et dans leurs plans. Elles sont plus disposées que d'autres à raisonner en termes de l'humanité considérée comme un tout. Citons parmi elles les États-Unis, le Commonwealth britannique et les Républiques socialistes soviétiques. Ces Grandes Puissances, composées de nombreuses nations et races, forment le triangle central du nouveau monde à venir. Aussi l'occasion leur est-elle offerte de guider l'humanité à présent, et cela sous-entend la responsabilité innée de diriger le monde. D'autres races ne possèdent pas cette capacité inhérente. Elles ne réussissent pas comme colonisatrices ; étant plutôt nationalistes elles exploitent les "races assujetties", à l'exception des Hollandais. Pour les trois Grandes Puissances, la fusion des nombreux éléments dont se composent leurs citoyens, pour former un tout homogène, a été une impulsion conditionnante nécessaire. Je ne parle pas ici de l'histoire du passé de ces nations, mais des conceptions et des intentions fondamentales des trois qui doivent frayer la voie à l'avenir des affaires mondiales. L'intention qui guide au fond les États-Unis est d'assurer à tous le bien-être, dans le cadre de sa juridiction nationale, et la "chasse au bonheur" est une formule familière traduisant cette aspiration. Le principe fondamental qui inspire le gouvernement britannique est la justice pour tous ; le motif de base de l'U.R.S.S. est d'établir de bonnes conditions d'existence, de donner à chacun sa chance et de niveler toutes les classes séparées, pour en former un groupe prospère d'êtres humains. Tous ces objectifs sont bons et leur application à la vie de l'humanité garantira un monde plus heureux et plus pacifique.

Ce sont là forcément des généralisations. Il existe dans chaque pays, sans exception, de bons et de mauvais éléments. Chacun compte des groupes progressistes et des réactionnaires. En Russie, des hommes cruels et ambitieux seraient heureux d'exploiter le monde au profit de la Russie et chercheraient à imposer la volonté du prolétariat à toutes les classes et castes, dans l'ensemble du monde civilisé. Il y a des penseurs en [88] Russie et des hommes doués de vision qui leur font opposition. Le Commonwealth britannique comprend des gens réactionnaires, dotés de l'esprit de classe, qui détestent la puissance croissante des masses et s'accrochent désespérément à leur prestige héréditaire et à leur position. Ils empêcheraient le progrès du peuple britannique et préféreraient voir la restauration de l'ancien système hiérarchique, paternaliste et féodal. La masse du peuple, s'exprimant par la voix du Parti du Travail, ne l'entend pas ainsi. Aux États-Unis, on isole et on persécute des minorités comme les Noirs ; et leur traitement inconstitutionnel, ainsi qu'un nationalisme ignorant et arrogant, s'expriment par la voix des sénateurs et des représentants, avec leurs haines raciales, leurs attitudes séparatistes et leurs méthodes politiques malhonnêtes.

Au fond, néanmoins, ces trois Grandes Puissances constituent l'espoir du monde et forment le triangle spirituel de base, sur quoi se fondent les plans et les événements qui inaugureront le monde nouveau. Les autres nations puissantes, si peu prêtes soient-elles à l'admettre, ne sont pas dans une position aussi forte ; elles n'ont pas le même idéalisme, ni les mêmes immenses ressources nationales. Leurs préoccupations nationalistes limitent leur vision du monde. Des idéologies étroites les conditionnent, il leur faut lutter plus durement pour maintenir leur existence nationale ; elles défendent leurs frontières et leurs profits matériels, et elles omettent d'offrir leur pleine coopération à l'humanité tout entière. Les nations plus petites n'ont pas tout à fait la même attitude. Leurs régimes politiques sont relativement plus honnêtes et constituent, au fond, le noyau de ce monde fédéré, qui se forme inévitablement autour des trois Grandes Puissances. Ces fédérations se fonderont sur des idéaux culturels, pour garantir de justes relations humaines ; plus tard, elles ne se fonderont plus sur une politique de puissance ; elles ne seront plus des combinaisons de nations alliées contre d'autres nations, à des fins égoïstes. Les frontières, le contrôle de certaines zones, et les jalousies internationales cesseront d'être les facteurs dominants.

Pour créer ces conditions meilleures, il faut réaliser un ajustement important et un changement fondamental, sinon, aucun espoir de paix ne peut être trouvé sur terre. Le rapport entre le capital et le travail, et celui entre ces deux groupes et l'humanité entière, doivent être réglés, c'est de ce problème que le présent chapitre va traiter. Je ne présente aucune [89] solution, mais propose simplement de discuter la question en suivant des idées larges et générales. Nous sommes tous familiers avec ce problème, car il suscite de violents préjugés et des opinions partisanes ; dans le bruit des paroles et la violence de la lutte il pourrait être utile d'aborder le sujet d'un point de vue plus universel, compte tenu des valeurs spirituelles qui émergent.

Commençons par certaines déclarations fondamentales :

D'abord, il faut reconnaître que la cause des troubles mondiaux et des guerres mondiales, qui ont ruiné l'humanité et répandu la misère sur toute la planète, sont attribuables en grande partie à un groupe égoïste, qui, dans des buts matérialistes, exploite les masses depuis des siècles et utilise le travail de l'humanité à ses propres fins égoïstes. Des barons féodaux en Europe et en Grande-Bretagne au moyen âge, jusqu'aux puissants groupes d'affaires de l'ère victorienne et à la poignée de capitalistes, nationaux et internationaux, qui contrôlent aujourd'hui les ressources du globe, le système capitaliste s'est développé et a ruiné le monde. Ce groupe de capitalistes s'est acquis l'exclusivité des ressources du monde et des matières premières nécessaires à une existence civilisée et les a exploitées. Il a pu le faire parce que les richesses du monde lui appartenaient et qu'il les contrôlait par des administrations liées entre elles. Il tenait tout en mains. Il a rendu possible les vastes différences existant entre ceux qui sont très riches et ceux qui sont très pauvres. Il possède l'argent et la puissance qu'il donne. Les gouvernements et les politiciens sont ses jouets. Il contrôle les élections. Il est responsable des étroits buts nationalistes des politiques égoïstes. Il a financé le commerce du monde et contrôlé le pétrole, le charbon, l'énergie, la lumière et les transports. Il est maître, publiquement ou en secret, des comptes en banque du monde entier.

La responsabilité de la misère, largement répandue aujourd'hui dans tous les pays, incombe principalement à certains groupements importants d'hommes d'affaires, de banquiers, de chefs de cartels, monopoles, trusts et organisations internationaux, et aux directeurs d'immenses corporations, agissant par lucre, pour un gain commun ou personnel. Ils ne se soucient nullement du bien public, sauf dans la mesure où celui-ci demande plus de bien-être. Cela leur permet, grâce à la Loi de l'Offre et de la Demande, de fournir les biens, les transports, la lumière ou l'énergie, qui, en fin de compte, leur apporteront les plus gros bénéfices financiers. L'exploitation de la [90] main-d'œuvre, la manipulation des plus importantes ressources planétaires et l'encouragement à la guerre, pour leur profit ; privé ou celui de leurs affaires, caractérisent leurs méthodes. La masse populaire le sait et sa colère monte progressivement contre ce groupe de capitalistes ; les classes moyennes, sympathisantes, craignent ces hommes, mais redoutent d'agir. Les riches honnêtes, et ils sont nombreux, les chefs d'entreprises bien intentionnés, qui sont aussi humanitaires (il en existe aussi beaucoup) n'osent rien faire, par peur des représailles et de la ruine. Cette ruine toucherait, à part eux, leurs familles et leurs actionnaires.

Dans chaque nation existent de tels hommes et des organisations pareilles, responsables du système capitaliste. Les ramifications de leurs affaires et leur mainmise financière sur l'humanité s'étaient établies, avant la guerre, dans tous les pays ; elles existent toujours, quoiqu'elles se soient dissimulées pendant la guerre. Formés en un groupe international étroitement lié, ils agissent dans une complète communauté d'idées et d'intentions, se connaissent et se comprennent. Ces hommes se trouvaient parmi les Nations Unies, comme dans les Puissances de l'Axe. Ils travaillaient ensemble auparavant et ont continué à le faire pendant la guerre entière, grâce à des systèmes de contacts inter directoriaux, sous de faux noms et par des organisations fictives, aidés de neutres partageant leurs idées. Aujourd'hui, malgré le désastre où ils ont plongé le monde, ils se réorganisent et renouvellent leurs méthodes. Leurs buts demeurent pareils. Leurs relations internationales ne sont pas rompues. Ils constituent la plus grande menace pour l'humanité actuelle. Ils contrôlent la politique, Ils achètent les hommes en vue dans chaque nation ; ils s'assurent de leur silence par des menaces, par de l'argent, et par la crainte. Ils amassent les richesses et se procurent une popularité illusoire au moyen d'entreprises philanthropiques. Leurs familles mènent des existences douces et faciles ; elles ignorent le sens du travail commandé par Dieu. Ils s'entourent de beauté, de luxe et de trésors, ils ferment les yeux à la pauvreté, à la misère nue, au manque de chaleur et de vêtements décents, à la famine et à la laideur de l'existence menée par les milliers de gens qui les entourent. Ils donnent aux œuvres charitables et aux  Églises, pour tranquilliser leurs consciences et pour éviter les impôts sur le revenu. Ils fournissent du travail à d'innombrables milliers, mais veillent à ce que ceux-ci reçoivent un salaire si minime, que le vrai confort, les loisirs, [91] la culture et les voyages leur demeurent inaccessibles.

Ce sont là de terribles accusations. Pourtant, elles peuvent être prouvées par mille exemples. Cela incite à la révolution et à des troubles croissants. Dans tous les pays, la masse du peuple est agitée et s'éveille à l'aube nouvelle qui naît. La guerre est maintenant déclarée entre les intérêts égoïstes des riches et la masse humaine, qui demande la justice et sa part équitable des biens de la terre.

À l'intérieur du système capitaliste, il en est qui se rendent compte du danger menaçant leurs intérêts, et dont la tendance naturelle est de raisonner de façon plus large et plus humaine. Ces hommes se répartissent en deux groupes principaux :

D'abord, ceux qui sont vraiment humanitaires, qui désirent le bien de leurs semblables et qui n'entendent nullement exploiter les masses, ni profiter de la misère d'autrui. Ils sont parvenus à leur position et à leur influence, grâce à leurs vrais talents ou par leur situation héréditaire, et ne peuvent éviter la responsabilité de disposer des millions qui leur sont confiés. Souvent, leurs coadministrateurs les paralysent et leur lient les mains par les règles établies du jeu, par le sens de leurs responsabilités à l'égard de leurs actionnaires, et par la certitude que, quoiqu'ils fassent, qu'ils luttent ou qu'ils se démettent cela ne changera rien à la situation. Elle dépasse les possibilités individuelles. Ils demeurent donc relativement impuissants. Ce sont des gens équitables et justes, corrects et bons vivant simplement et dotés du sens des valeurs véritables mais ils ne peuvent guère agir de manière efficace.

En second lieu viennent ceux qui sont assez intelligents pour déchiffrer les signes des temps ; ils comprennent que le système capitaliste ne peut continuer indéfiniment, en face de la colère croissante de l'humanité et du développement régulier des valeurs spirituelles. Ils commencent donc à transformer leurs méthodes, à universaliser leurs affaires, en instituant des accords coopératifs, avec leurs employés. Leur égoïsme inhérent leur dicte ces changements et l'instinct de préservation déterminé leurs attitudes. Entre ces groupes se situent ceux qui n'appartiennent ni à l'un ni à l'autre et qui offrent un terrain propice à la propagande du capitaliste égoïste ou de l'humanitaire généreux.

Il serait bon d'ajouter que le raisonnement égoïste et les motifs de séparativité, qui distinguent le système capitaliste se retrouvent chez le petit homme d'affaires sans importance épicier du coin, le plombier et le mercier, qui exploitent leurs [92] employés et trompent la clientèle. C'est l'esprit universel d'égoïsme et d'amour du pouvoir, contre lequel nous devons lutter. La guerre a agi comme une purge. Elle a partout ouvert les yeux des gens aux causes fondamentales de la guerre : la misère économique, basée sur l'exploitation des ressources de la planète par un groupe international d'hommes ambitieux et égoïstes. L'occasion de changer cet état de choses se présente. La difficulté vient de ce que les groupes capitalistes sont prêts et agissent immédiatement pour ramener le mauvais vieux temps, tandis que les masses ne sont pas prêtes et ne savent guère comment agir.

Considérons maintenant le groupe opposé, celui du travail.

Le mot "opposé" est délibérément choisi, car la situation justifie ce terme. Un groupe puissant, représentant le système capitaliste national et international, et un groupe également puissant de syndicats ouvriers avec leurs chefs, se trouvent aujourd'hui face à face. Tous deux sont à l'échelle nationale et internationale. Il reste à voir lequel des deux contrôlera finalement la planète, ou si un troisième groupe, fait d'idéalistes pratiques ne surgira pas pour prendre la situation en mains. L'intérêt des travailleurs spirituels du monde actuel ne va pas au capital, ni même au travail, tel qu'il agit actuellement. Il est du côté de l'humanité.

Pendant des milliers d'années, s'il faut en croire l'histoire, les riches propriétaires terriens, les chefs héréditaires de tribus, les seigneurs féodaux, les maîtres d'esclaves, les marchands ou les chefs d'entreprises ont détenu le pouvoir. Ils ont exploité le pauvre, ils ont cherché à obtenir le rendement maximum au coût le plus réduit. L'histoire n'est pas nouvelle. Au moyen âge, les ouvriers exploités, les artisans qualifiés et les bâtisseurs de cathédrales commencèrent à former des guildes et des loges pour leur protection mutuelle, pour discuter en commun et, fréquemment, pour encourager un type supérieur d'habileté artisanale. Ces groupes augmentèrent leur influence au cours des siècles, pourtant la situation de l'homme, de la femme ou de l'enfant employé demeurait déplorable.

L'invention des machines et l'inauguration de l'ère mécanique, au cours des XVIIIème et XIXème siècles, rendit tout à fait mauvaise la condition des éléments laborieux de la population. Leurs conditions d'existence sans hygiène étaient abominables et compromettaient la santé, par suite du développement des taudis urbains autour des usines. Il en est encore ainsi, comme en témoigne le problème des logements ouvriers, [93] de l'armement pendant la guerre et la situation existante dans les régions minières, aux États-Unis comme en Grande- Bretagne. L'exploitation des enfants s'accrut, celle des pauvres était florissante. Le capitaliste moderne s'annonçait et l'énorme différence entre la grande fortune et la grande misère, devint la caractéristique de l'ère victorienne. Du point de vue du plan de l'évolution et du développement spirituel de la famille humaine, menant à une existence civilisée et cultivée, à l'équité, à des chances égales pour tous, rien n'eût pu être pire. L'égoïsme commercial et un féroce mécontentement en découlèrent. Les grosses fortunes faisaient étalage de leurs richesses aux yeux des misérables, en l'accompagnant d'un paternalisme dédaigneux. L'esprit révolutionnaire croissait parmi les masses, surmenées et parquées comme des troupeaux, dont les efforts contribuaient à la fortune des classes possédantes.

Le principe spirituel de la Liberté s'affirma de plus en plus en exigeant sa réalisation. Les conditions mondiales allaient dans la même direction. Des mouvements de tous genres devinrent possibles, qui révélaient ce développement et l'exigence de la liberté. L'âge des machines fut suivi de l'âge des communications rapides, de l'électricité, des chemins de fer, de l'automobile, et de l'avion. Parallèlement se développaient le télégraphe, le téléphone, la radio, et aujourd'hui le radar. Tout cela convergeait vers l'ère scientifique actuelle qui nous a donné la libération de l'énergie atomique et les potentialités inhérentes à cette découverte. Quoiqu'une machine exécute l'ouvrage de plusieurs hommes, ce qui a grandement contribué à l'enrichissement du capitaliste, les industries nouvelles et le développement des moyens de distribution à l'échelle mondiale ont fourni de nouvelles possibilités d'emploi, et les exigences de la période la plus matérialiste que le monde ait jamais connue, a donné un grand élan au capital, tout en assurant du travail à d'innombrables millions. Les possibilités de s'instruire se sont aussi accrues, ce qui a poussé les classes laborieuses à demander de meilleures conditions d'existence, des salaires plus élevés, et plus de loisirs. Les employeurs ont constamment combattu ces aspirations et se sont organisés contre les réclamations des masses qui se réveillaient. Ils ont ainsi forcé les travailleurs à l'action.

Des groupes d'hommes éclairés, en Europe, en Grande-Bretagne et aux États-Unis menèrent l'agitation, écrivirent des ouvrages qui, largement répandus, causèrent des discussions [94] et poussèrent les classes aisées à prendre conscience de la situation et des effroyables conditions d'existence des classes laborieuses et des paysans. Les abolitionnistes luttèrent contre l'esclavage, celui des Noirs, comme celui des Blancs, des enfants ou des adultes. Une presse libre se développa rapidement et se mit à informer les couches "inférieures" de la population de ce qui se passait. Des partis furent fondés pour supprimer certains abus criants ; la Révolution française, les écrits de Karl Marx et d'autres auteurs, et la guerre civile en Amérique jouèrent tous leur rôle pour mettre en vedette l'homme du peuple. Dans tous les pays, beaucoup se décidèrent à lutter pour la liberté et leurs propres droits d'homme.

Une vague compréhension de la valeur réelle du mot Humanité commença à poindre dans la conscience des hommes. Une exigence encore faible, mais passionnée, pour des temps nouveaux, vaguement pressentis, commença à influencer leur pensée. L'humanité, luttant à chaque pas, s'avançait vers un avenir meilleur.

Peu à peu, les employés et les ouvriers s'unirent pour se protéger mutuellement et acquérir leurs justes droits. Le Syndicalisme ouvrier naquit finalement avec ses armes formidables de l'éducation pour la liberté et de la grève. En grand nombre, les ouvriers s'aperçurent que l'union fait la force et qu'ensemble, ils pouvaient défier l'employeur et arracher aux capitalistes des salaires convenables, de meilleures conditions d'existence et plus de loisirs, ce qui est le droit prédestiné de chacun. Il n'entre pas dans mes intentions de décrire le développement des Unions syndicales. Le fait de leur existence, de leur pouvoir croissant, et de leur force internationale est fort connu et présente un intérêt primordial.

Dans le mouvement, des individus marquants se révélèrent parmi les chefs syndicalistes. Certains employeurs, qui avaient à cœur les intérêts de leurs ouvriers se rangèrent à leurs côtés et les épaulèrent. En minorité relativement faible, ils servirent néanmoins à affaiblir l'outrecuidance et le pouvoir de la majorité. Actuellement la lutte des ouvriers se poursuit. Leurs succès s'accroissent régulièrement. Ils réclament constamment des heures de travail réduites et un salaire supérieur et, en cas de refus, ils ont recours à la grève. L'usage de la grève, si bienfaisant et utile aux premiers jours de l'accroissement du pouvoir du travail, est en voie de devenir une tyrannie aux mains de meneurs peu scrupuleux et égoïstes. Les chefs ouvriers sont maintenant si puissants, que nombre d'entre [95] eux en sont arrivés à une position dictatoriale, d'où ils exploitent la masse ouvrière qu'ils servaient auparavant. Le travail s'est aussi excessivement enrichi et les grandes organisations internationales ont accumulé partout d'innombrables millions. Le mouvement ouvrier lui-même est actuellement capitaliste.

Le parti ouvrier et les Syndicats ouvriers ont accompli une noble tâche. L'ouvrier a pris la place qui lui revenait dans la vie des nations et la dignité essentielle de l'homme a été mise en valeur. Sous l'influence de la Loi de l'Offre et de la Demande, qu'il ne faut pas oublier, l'humanité se fond rapidement en un grand organe corporatif. La destinée de la race et le pouvoir de prendre des décisions nationales et internationales affectant la totalité de l'humanité, est en voie de passer aux mains des masses, des classes laborieuses, et de l'homme de la rue. L'œuvre des Syndicats ouvriers a été en fait un grand mouvement spirituel qui a causé un renouveau de l'esprit divin dans l'homme et une expression des qualités spirituelles qui lui sont inhérentes.

Pourtant, tout n'est pas parfait dans le mouvement du travail. La question se pose de savoir s'il ne lui faudrait pas une dépuration complète. L'arrivée au pouvoir de gouvernements populaires dans certains pays, la croissance de la démocratie et l'exigence de liberté, l'accession du prolétariat russe au gouvernement et le niveau éducatif supérieur de la race pourraient porter à croire que des méthodes nouvelles, meilleures et différentes devraient être utilisées pour mettre en œuvre les Quatre Libertés et garantir de justes relations humaines. Si l'on comprend la nécessité de ces dernières entre les nations, il est évident que de telles relations devraient aussi exister entre le capital et le travail, ces deux groupes se composant d'êtres humains, et aussi entre les organisations ouvrières qui se querellent entre elles. La classe ouvrière exerce aujourd'hui une dictature et recourt aux menaces, à la crainte, et à la force pour atteindre ses fins. Nombreux sont, parmi ses chefs, les hommes puissants et ambitieux, avides d'argent, et déterminés à exercer le pouvoir. Les logis insalubres, les salaires misérables et les conditions mauvaises persistent partout, sans que ce soit toujours la faute de l'employeur.

Le pouvoir à l'avenir appartiendra aux masses. Ces masses progressent, et le simple poids de leur nombre, de leurs plans établis et de leur solidarité, qui croît rapidement entre mouvements ouvriers du monde entier, rendent leur avance impossible [96] à arrêter. Le principal avantage de la masse ouvrière vis-à-vis du capital, c'est qu'elle agit au nom de millions innombrables, tandis que les capitalistes n'agissent qu'en faveur de quelques-uns. La condition de l'humanité repose au cœur du mouvement ouvrier.

Je désire un peu faire comprendre ce tableau d'un état de misère, qui s'étend au monde entier, causé à la fois par le mouvement capitaliste et le mouvement ouvrier. Je cherche à vous présenter ce tableau de façon absolument réaliste et équitable. Sous une forme ou une autre, le capital et le travail se sont influencés réciproquement, ainsi que les employeurs et les employés, les couches aisées et les masses exploitées. À l'âge de la vapeur, à une époque scientifique, celle de l'électricité et des communications à l'échelle planétaire, le mal a grandi et s'est répandu. Le capital est devenu de plus en plus puissant, la main-d'œuvre de plus en plus turbulente et exigeante. La lutte a culminé avec la guerre mondiale, une guerre de trente ans, que le capital a déclenchée et que les efforts des classes laborieuses ont gagnée.

Certaines questions surgissent et, sans me proposer de les résoudre, je désire les poser. En réglant ces questions, l'humanité résoudra ses problèmes, ou, s'ils demeurent sans solution, la race humaine sera anéantie. Exprimons ces questions de manière aussi simple et pratique que possible :

1. Faut-il restaurer le pouvoir du système capitaliste ?

Est-il entièrement mauvais ?

Les capitalistes ne sont-ils pas des êtres humains ?

2. La classe ouvrière elle-même, par le syndicalisme et le pouvoir croissant détenu par ses chefs, ne deviendra-t-elle pas une tyrannie ?

3. Le travail et le capital ne peuvent-ils s'entendre, ou s'amalgamer ?

Faut-il s'attendre à une autre guerre entre ces deux groupes ?

4. De quelle manière la Loi de l'Offre et de la Demande peut-elle être mise en œuvre, de façon à assurer la justice et l'abondance à chacun ?

5. Faut-il adopter une forme de contrôle totalitaire, exercé par les divers gouvernements du monde, afin de satisfaire aux exigences de l'Offre et de la Demande ? Faut-il légiférer pour atteindre des buts matériels et le confort ?

6. Durant l'Ère Nouvelle, quel est le mode de vie qui semblera essentiel à l'homme ? Aurons-nous une civilisation purement [97] matérielle, ou bien la tendance mondiale sera-t-elle spirituelle ?

7. Que faut-il faire pour empêcher les intérêts capitalistes de ressaisir l'exploitation du monde ?

8. Quel est réellement le cœur du problème matérialiste du monde moderne ?

Cette dernière question est la seule à laquelle j'aie l'intention de répondre et je le ferai par cette citation bien connue : "L'amour de l'argent est la racine de tous les maux." Cela nous ramène à la faiblesse fondamentale de l'humanité, le Désir. De cela, l'argent est le résultat et le symbole.

Du simple procédé de l'échange des produits (pratiqué par les sauvages primitifs) jusqu'à la structure financière et économique compliquée et formidable du monde moderne, ce désir est la cause originelle. Il exige la satisfaction du besoin éprouvé, il cause la soif de biens et de possessions, l'envie de confort matériel, l'acquisition et l'accumulation d'objets, la volonté de puissance et de suprématie que, seul, l'argent peut procurer. Ce désir contrôle et domine le raisonnement humain. C'est la clé de voûte de notre civilisation moderne. C'est aussi la pieuvre qui étouffe lentement la vie de l'homme, son initiative et son honnêteté. C'est la meule attachée au cou de l'humanité.

Avoir, posséder, et lutter contre les autres pour la suprématie a été la caractéristique de l'homme moyen – homme contre homme, chef de famille contre chef de famille, homme d'affaires contre homme d'affaires, organisation contre organisation, parti contre parti, nation contre nation, travail contre capital. Aussi est-ce aujourd'hui un fait reconnu que le problème de la paix et du bien-être est directement lié aux ressources mondiales et à la possession de ces ressources.

Les termes les plus fréquents dans nos journaux, à la radio, dans nos discussions, sont empruntés à la structure financière de l'économie humaine : intérêts bancaires, salaires, dettes nationales, réparations, cartels et trusts, finances, impôts, tels sont les termes qui dominent nos projets, excitent notre jalousie, allument nos haines ou encouragent notre animosité à l'égard d'autres nations, pour nous lancer les uns contre les autres. L'amour de l'argent est la racine de tous les maux.

En écrivant ceci, je me rends compte du nombre de gens, dont l'existence n'est pas dominée par l'amour de l'argent et qui raisonnent normalement en termes de valeur supérieure. [98]

Mais je ne pense pas à eux en traitant ce sujet. Ils constituent l'espoir de l'avenir ; mais individuellement, ils sont prisonniers du système qui, du point de vue spirituel, doit prendre fin. Sans aimer l'argent, ils en ont besoin et il leur en faut. Ils sont soumis à l'atmosphère économique du monde et sont obligés, eux aussi, de travailler et de gagner de quoi vivre. Le travail qu'ils cherchent à accomplir pour aider l'humanité ne peut s'effectuer sans les fonds nécessaires. Les églises sont matérialistes dans leurs méthodes et, après avoir veillé à l'aspect administratif de leur activité, il ne leur reste guère de temps pour le travail du Christ, pour la pure vie spirituelle. La tâche qui, partout aujourd'hui, incombe aux hommes et aux femmes de bonne volonté, semble trop lourde et les problèmes paraissent presque impossibles à résoudre. Les hommes et les femmes de bonne volonté se posent actuellement cette question : Le conflit entre le capital et le travail peut-il se terminer, et en renaîtra-t-il un monde nouveau ? Les conditions d'existence peuvent-elles changer assez pour que de justes relations humaines s'établissent de manière permanente ?

Je crois que de telles conditions peuvent s'établir pour les raisons suivantes :

1. L'humanité a souffert si terriblement au cours des deux cents dernières années, qu'il est possible d'amener les changements nécessaires, à condition de prendre les mesures voulues maintenant, avant que la douleur et l'agonie soient oubliées et que leurs effets se soient effacés de la conscience humaine. Ces mesures doivent être prises tout de suite, tandis que les preuves évidentes des méthodes anciennes et mauvaises existent encore. Cette guerre de trente ans est clairement le résultat du système capitaliste. Les ouvriers forgèrent les armes, grâce auxquelles les Forces de Lumière ont gagné, mais il en résulta la destruction de cités, de pays, et de notre civilisation moderne. Mais hors de ces ruines, un grand bien peut sortir.

2. La beauté des relations humaines, le fait qu'il faut bien peu pour assurer un vrai bonheur, et le fait de comprendre que l'argent et le confort ne suffisent pas à garantir la sécurité, tout cela comporte une leçon salutaire. En demeurera-t-on persuadé ? Oui, si les mesures efficaces sont prises dès à présent et si l'on renonce aux anciens modes de vie.

3. La libération de l'énergie atomique constitue nettement le [99] début de l'Ère Nouvelle. Cela changera si complètement notre mode de vie, que bien des plans actuels s'avéreront n'être que de nature temporaire. Ils aideront simplement l'humanité à opérer une grande transition entre le système matérialiste, prédominant actuellement et celui où les justes relations humaines seront la caractéristique dominante. Ce mode de vie nouveau et meilleur se développera pour deux raisons principales :

a. Les raisons purement spirituelles de fraternité humaine et d'entreprises coopérant pacifiquement, ainsi que le principe, en constant développement de la conscience christique dans le cœur des hommes. Ceci peut sembler mystique et visionnaire, mais les effets s'en font sentir déjà plus qu'on ne croit.

b. Le motif franchement égoïste de la protection personnelle. La découverte de la libération de l'énergie n'a pas seulement mis aux mains de l'homme une force puissante, qui apportera inévitablement un mode de vie nouveau et meilleur, mais aussi une arme terrible capable d'effacer la famille humaine de la surface du globe. La bombe atomique a ramené la paix sur la terre, malgré les protestations des personnes sentimentales, des pacifistes, des ecclésiastiques et du Vatican aux visées politiques. Deux bombes ont suffi à terminer la guerre, sauvant par là des vies innombrables.

4. L'activité dévouée et régulière d'hommes et de femmes de bonne volonté de tous les pays. Cette activité n'est pas spectaculaire, mais elle est sûrement fondée sur des principes justes et c'est une des principales causes de paix.

Pour revenir à notre sujet, cette découverte de la libération de l'énergie atomique oblige le capital et le travail à examiner chacun un problème et ces deux problèmes aboutiront à une crise dans les trente ans à venir.

L'argent, l'accumulation d'avantages financiers et l'appropriation des ressources mondiales pour les exploiter au profit de certaines organisations se montreront bientôt tout à fait inefficaces et futiles, à condition que ces ressources d'énergie et le procédé de la libération de l'énergie atomique demeurent entre les mains des représentants élus par le peuple et ne deviennent pas la propriété secrète de certains groupes d'hommes puissants, ni d'une seule nation. L'énergie atomique [100] appartient aux masses. La responsabilité de la contrôler doit être placée entre les mains d'hommes de bonne volonté, et ceux-ci doivent être choisis par les nations – les États-Unis et la Grande- Bretagne – qui ont travaillé sans égoïsme aux recherches nécessaires. Ils doivent contrôler sa destinée et la mettre partout à la disposition et au service des hommes d'une manière constructive. Il ne faut pas qu'une seule nation possède la formule ou le secret de la libération de l'énergie. Elle appartient à l'humanité. Toutefois, jusqu'à ce que l'humanité ait progressé dans la compréhension des justes relations humaines, un groupe international d'hommes de bonne volonté, élus par le peuple et jouissant de sa confiance, devraient sauvegarder cette puissance.

Si l'énergie est dirigée dans des voies constructives et si elle demeure sous le contrôle et la protection d'hommes honnêtes, le système capitaliste est condamné. Le travail se trouvera alors devant le problème très important du chômage. Ce mot redouté perdra rapidement toute signification dans l'âge d'or à venir. Les masses devront donc envisager le problème du loisir. Envisagé et résolu, ce problème libérera l'énergie créatrice de l'homme et la dirigera dans des voies encore insoupçonnées.

La libération de l'énergie atomique est la première de plusieurs libérations importantes dans tous les règnes de la nature. La grande libération promise à l'humanité permettra l'expression d'une masse de puissance créatrice, de pouvoirs spirituels et de développements psychiques qui manifesteront et démontreront la divinité et l'immortalité de l'homme.

Tout cela prendra du temps. Le facteur temps doit régir, comme jamais auparavant, les activités des hommes de bonne volonté et le travail de ceux dont la tâche est d'instruire, non seulement les enfants et la jeunesse du monde, mais aussi de former l'humanité à cette entreprise majeure d'établir de justes relations humaines et de la préparer aux possibilités qui vont bientôt s'offrir. La note à donner et le motif sur lequel insister est l'humanité. Une seule conception dominante peut sauver aujourd'hui le monde de la lutte à mort qui le menace sur le plan économique, empêcher le retour des anciens modes matérialistes, des vieilles idées et des conceptions périmées, et mettre un terme à l'influence subtile exercée par les intérêts financiers et le mécontentement violent des masses. La conviction de l'unité des hommes doit être adoptée. Cette unité doit être considérée comme une chose pour laquelle [101] il vaut la peine de combattre et de mourir. Elle doit constituer le nouveau fondement de toute notre réorganisation politique, religieuse et sociale et fournir leur but aux systèmes d'éducation. Unité, compréhension, relations et équité humaines, ainsi que l'unité essentielle de tous les hommes, tels sont les seuls principes valables pour l'édification du nouveau monde. Ils permettront d'abolir les rivalités et de mettre fin à l'exploitation d'une classe par une autre, et à la répartition injuste des biens de la terre. Aussi longtemps qu'il y aura des milliardaires et des misérables, les hommes ne seront pas à la hauteur de leur destin.

Le Royaume de Dieu peut se manifester sur terre dans un futur proche, mais les citoyens de ce royaume ne reconnaissent ni riches, ni pauvres, ni supérieurs, ni inférieurs, ni travail, ni capital, mais seulement les enfants d'un même Père, et le fait naturel et pourtant spirituel, que tous les hommes sont frères. Là se trouve la solution du problème que nous envisageons. La Hiérarchie spirituelle de notre planète ne reconnaît ni groupe capitaliste ni groupe ouvrier ; elle ne connaît que des hommes et des frères. La solution existe donc dans l'éducation et dans l'adaptation des tendances déjà existantes de notre temps à la vision que perçoivent ceux qui sont ouverts spirituellement et ceux qui aiment leurs semblables.

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