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SECTION QUATRE INSTRUCTIONS PERSONNELLES AUX DISCIPLES - Partie 5

Compte-tenu de toutes ces remarques, je vais vous demander d'écrire – au cours de l'année prochaine – trois courts exposés. Dans le premier vous donnerez sept définitions concises de l'amour – non du sentiment ou de l'émotion, mais de l'amour d'aîné ou de [536] cœur. Que trois de ces définitions soient pratiques, et quatre abstraites et ésotériques. Cela ne sera pas facile et cette distinction même accroîtra pour vous la difficulté. Puis, écrivez un court exposé sur l'amour s'exprimant par l'émotion. Je veux dire l'amour de l'âme, tel qu'il se définit du point de vue astral et s'exprime par le corps astral. Finalement écrivez un autre exposé sur l'expression mentale de l'amour. Pour ce travail, il faudra beaucoup de connaissances occultes et psychologiques ; mais vous êtes de taille à l'accomplir ; ces distinctions et ces interprétations sont très nécessaires aux aspirants d'aujourd'hui et aux disciples qui, partout, luttent pour l'application pratique des vérités occultes ; vous pouvez aider beaucoup par une pensée claire sur ce thème, et ensuite par un exposé clair. Les idées vous appartiennent personnellement lorsque vous les pensez et les écrivez ; c'est pour vous la méthode par excellence pour apprendre, absorber et manifester.

Prenez soin de votre santé physique, mon frère. Ne soyez pas trop inquiet ou prudent, mais soyez raisonnable et sans peur. Il y a du travail pour vous ; la prochaine expansion de votre travail vous viendra par le moyen du renversement d'un mur d'orgueil, et par une conversation – et dans cet ordre.

Le fil d'or qui "passe de votre cœur au mien" est maintenant une succession indestructible de chaînons d'or, et il y a du travail pour vous dans mon ashram.

Mon frère,

Novembre 1944.

Dans mes dernières instructions, il y avait une phrase qui pourrait vous communiquer la clé avec laquelle vous pourrez ouvrir la porte de l'avenir. C'est une phrase qui a probablement échappé à votre attention ; je doute qu'elle se soit jamais enregistrée correctement dans votre mental. Je vous la rappelle maintenant. J'ai dit : "Si vous prenez vos décisions ésotériquement dans mon ashram, tout sera bien."

La vie, comme vous le savez théoriquement, est une longue série d'occasions offertes – d'occasions de prendre des décisions. À mesure que le disciple est plus étroitement attiré vers le point focal de la [537] sphère d'influence de son Maître, l'ashram, et à mesure que l'expérience se poursuit, ses décisions deviennent de plus en plus rigoureuses, constamment plus fréquentes et plus cruciales dans leur orientation générale. Elles conduisent à des résultats plus riches d'événements. Pour un disciple, à votre stade de développement, les lignes de choix deviennent plus claires et mieux définies. Les questions auxquelles vous devez faire face sont plus simples et cependant plus importantes : Cette activité qui m'est offerte, est-elle dans la voie que mon âme souhaite me voir emprunter ? Telle ou telle décision va-t-elle conduire à la satisfaction des tendances et des penchants de ma personnalité ? Dans tout cela se trouve beaucoup de clarification, ajoutée à une difficulté croissante car les décisions prises peuvent affecter beaucoup d'autres personnes en dehors de vous. Soyez attentif à la preuve de l'exactitude de ma dernière affirmation. À tous les moments de décision, énumérez à vous-même le nombre de vies susceptibles d'être affectées par ce que vous faites, et rappelez-vous qu'en foulant le Sentier du disciple, votre sphère d'influence et le nombre de ceux qui sont affectés par vous croissent régulièrement. Pour la personne ordinaire, bonne, bien intentionnée et douée d'un sens normal de responsabilité, les décisions sont prises sur la base des effets qu'elles peuvent avoir sur la famille, le bureau ou le rayon relativement restreint d'un petit cercle d'amis. Dans le cas du disciple en probation, les décisions ont souvent un résultat un peu plus important. Lorsqu'il s'agit d'un disciple accepté, de tels choix affectent beaucoup de personnes, car ceux qui sont liés par le service conjoint sont inclus dans les autres groupes, et ces derniers peuvent souvent être inconnus ou comporter des gens qui réagissent à l'aura du disciple, ainsi qu'à son groupe de compagnons de travail.

Toute cette question des sphères d'influence mérite que vous y réfléchissiez. Elle est en relation étroite avec le problème de l'aura et de sa circonférence ésotérique ; elle concerne le "son" de la vie du disciple, la nature et la qualité des radiations émanant du "lieu où il se trouve". Elle est rattachée à tout le thème de l'orientation du "lieu" spirituel, des effets magnétiques de l'unification de l'âme et de la personnalité. On est enclin d'envisager ce problème de la radiation et de l'influence magnétique du point de vue unilatéral du disciple, qui considère le résultat de sa radiation et de son magnétisme sur ceux qu'il rencontre. Il y a, néanmoins, un autre point de vue ; ces caractéristiques – inévitables et inéluctables – sous-tendent tout le thème [538] du karma. Elles attirent le disciple vers ce qui peut l'entraver, aussi bien que vers ce qui peut l'aider ; son aura, qui est une combinaison de radiations, d'énergies, et de forces disposées d'une certaine manière, peut repousser le bon et attirer le mauvais et vice-versa ; elle peut déterminer, par les contacts pris et les relations établies, le cours de la vie du disciple. C'est l'un des principaux facteurs dans la présentation des choix, et je voudrais que vous y réfléchissiez.

En rédigeant ces instructions, je désire attirer votre attention sur la question du karma. Il survient toujours, dans la vie du disciple, et dans l'expérience de l'âme, une vie particulière où la loi de Cause à Effet prend de l'importance dans la conscience. À partir de cette vie et de ce moment, le disciple commence à s'occuper du karma, consciemment et avec précision. Il apprend à le reconnaître quand viennent des événements demandant de la compréhension et posant des questions ; il commence à étudier la qualité de sa radiation en tant qu'agent karmique ; il devient donc l'artisan et le constructeur d'une manière nouvelle et importante de sa propre destinée, de son avenir. Ses réactions face à la vie et aux circonstances cessent d'être simplement de nature émotionnelle et deviennent délibérément dictées par l'observation consciente ; elles ont alors en elles une qualité significative de préparation qui est absente de la vie de l'homme ordinaire. Jusqu'à la fin de cette vie-ci, donc, je vous demande d'avoir toujours présent à la conscience le thème de la décision karmique et de la préparation pour l'avenir ; je vous demande d'agir constamment avec une compréhension aussi large que vous le pouvez des effets subséquents probables, et de faire un véritable effort pour étudier la loi de Conséquences et de Compensation.

Vous êtes peut-être en train de vous demander pourquoi j'insiste sur une considération plutôt difficile. Ma raison est la suivante : Pendant votre vie passée, vous avez cinq fois pris certaines décisions précises. Par ces décisions vous avez dirigé vos énergies dans une seule direction spécifique. Par là, vous avez court-circuité ces énergies et les avez fait passer dans une autre direction, et vous avez amené d'autres vies que la vôtre dans votre champ d'influence. Je suggère que vous preniez chacun de ces cinq points de crise et, afin de vous aider [539] vous-même, que vous les analysiez et déterminiez exactement vis-à-vis de vous-même les motifs conditionnants qui vous ont poussé à l'action. Je suggère que vous mesuriez la nature des résultats subséquents tels qu'ils se sont manifestés dans votre vie, et que vous mesuriez ces résultats d'une manière telle que vous en veniez à comprendre s'ils pouvaient justifier votre choix. Je vous demande de voir où se trouvent les causes d'encouragement ou de regret et d'arriver ainsi, mon frère, à une compréhension claire de vous-même en tant qu'agent directeur.

Je crois qu'il est essentiellement nécessaire que vous découvriez seul si ces cinq choix furent faits en tant que résultats conscients d'une décision de l'âme ou de la personnalité, et que vous en compreniez les raisons. Dans votre incarnation, vous avez atteint un point où il est essentiel que vous entrepreniez de faire le bilan des divers facteurs qui conditionnent votre vie. Si vous pouvez y parvenir, il vous sera possible de terminer cette incarnation particulière sur une note élevée de mode de vie utile et intelligent. Donc quand le temps viendra pour vous de passer de l'autre côté, vous vous apercevrez que vous pouvez le faire en comprenant pleinement quel devra être le thème de votre prochaine expérience terrestre. Comprenez bien qu'il ne s'agit pas là d'une ligne de pensée morbide. Je souhaite vous indiquer que, dans votre prochaine incarnation, le thème des "motifs conditionnants et de la responsabilité assumée" sera constamment présent chez vous, dès le moment de votre naissance.

Dans cette vie-ci votre thème a été surtout celui de la nécessité du moment et de l'expression devant y faire face ; ces motifs ne sont pas mauvais fondamentalement ; ils vous ont permis de justifier vos motifs dans le bon sens ; soigneusement mis en œuvre, ces thèmes devraient vous mener loin. Néanmoins, vous avez trop accentué la créativité ; vous en avez fait un motif de votre vie, mais vous avez oublié que l'expression de la faculté de création est la radiation et le magnétisme. Ces derniers apportent, à celui qui les possède, la matière nécessaire à la création et la capacité magnétique qui dispose dans la forme et la beauté voulue, ce que la radiation a suscité. La créativité est la conséquence d'un état particulier du mental, et d'un état d'être aussi particulier ; elle signifie un point d'évolution où le disciple est [540] nettement radioactif. Il ne peut pas plus s'empêcher de créer, dans une forme ou dans une autre, qu'il ne peut s'empêcher de vivre. Après tout, mon frère – pour en revenir aux commentaires du début de ces instructions – le karma est toujours la source de la création, des événements et des circonstances sur le plan physique ; c'est l'instrument de l'âme produisant une personnalité.

Nous en arrivons maintenant à reconnaître que, trois mots sont d'importance majeure si vous devez franchir ce qui, pour vous, est le prochain pas spirituel en avant, du point de vue karmique. Ces trois mots sont : Karma, Radiation, Création. Pendant ce qui reste de cette vie, vous devez rechercher ardemment un contact plus étroit avec moi et mon ashram, car c'est votre karma. Fondamentalement, rien ne peut entraver ce karma sauf l'équation du temps ; vous pouvez donc prendre ce contact plus étroit avec rapidité ou lenteur. C'est le facteur temps qui est à la portée de votre décision, et c'est en ce qui concerne le temps que vous devez réfléchir avec soin. Ce qui vous poussera à prendre un contact plus étroit avec votre groupe ashramique sera une intensification de votre radiation. Le disciple n'est pas attiré en un étroit rapport avec l'ashram uniquement par le pouvoir de magnétisme et de radiation de l'ashram. Les disciples doivent comprendre qu'il leur faut, eux-mêmes, attirer l'ashram vers eux, pour parler symboliquement, par la puissance de leur propre radiation magnétique. Il est donc nécessaire pour vous d'intensifier votre radiation et de garder soigneusement à l'esprit qu'à mesure que votre karma vous conduit au contact hiérarchique et que votre radiation produit son effet sur le groupe ashramique, la manifestation subséquente de créativité sera et devra être dans la ligne de l'accomplissement de la personnalité, et de la satisfaction d'un désir profond. Donc, examinez vos motifs et la nature de vos désirs.

Depuis des années, mon frère, j'ai essayé de vous aider. Vous êtes dans mon ashram, mais non encore dans le cercle intérieur ; vous appartenez à un groupe de frères qui, comme vous, luttent ardemment en vue d'une réalisation spirituelle, et à qui il a été clairement dit que leur karma les a amenés dans les rangs des disciples acceptés et qui se préparent au prochain pas en avant – à savoir, prendre une [541] initiation. Chacun de vous, à sa place, affronte ce processus initiatique. Je pourrais ajouter que tous les membres de la Hiérarchie, du Christ au disciple préparant la deuxième initiation, savent qu'une initiation de quelque degré doit être prise et ne peut être négligée ou niée. Me comprendrez-vous, mon frère, si je vous dis : prenez-en conscience dans votre pensée, et faites que cette idée ou cette connaissance conditionne toutes vos activités. Dites-vous chaque matin, avant de partir accomplir les devoirs du jour : "Je me prépare à avancer sur le Sentier de l'Initiation." Faites que cette connaissance affirmée se révèle dans la qualité de vos activités journalières.

Aimez davantage, mon frère. Vous n'aimez profondément que deux ou trois personnes ; que cet amour limité devienne la semence qui produira la floraison d'un esprit aimant. Les disciples doivent se souvenir que l'amour met fin à tout karma terrestre. L'amour suscite la radiation qui invoque et évoque non seulement le cœur de Dieu, mais aussi le cœur de l'humanité. L'amour est la cause de toute création, et le facteur qui soutient toute vie.

Faites que les années qui vous restent à vivre expriment la radiation de l'amour, ce qui n'est pas du tout facile pour vous. Rappelez-vous toujours que mon ashram vous enveloppe constamment de sa radiation. Travaillez assidûment avec vos frères de groupe. Même si les instructions personnelles prennent fin, les instructions de groupe vous donneront toute l'aide dont vous aurez besoin. Mais vous devez agir selon ces instructions, et maintenir avec fermeté votre relation avec la vie du groupe. C'est tout ce que j'ai à vous dire, mais si vous vous montrez à la hauteur de ces instructions, vous irez loin. Ma bénédiction constante s'étend sur vous.

Mon frère au cœur ferme,

Août 1946.

En m'adressant à vous aujourd'hui je ne trouve pas que j'aie beaucoup à vous dire. Maintenant, vous vous dirigez vous-même avec exactitude (n'aimez- vous pas cette expression ?) et votre direction est bonne. Vous avez soigneusement observé mes diverses suggestions, qui étaient de grande importance ; je crois que les bons résultats [542] obtenus en témoignent. Cette obéissance occulte qui signifie liberté, liberté spirituelle, dans un monde de lois naturelles, vous a acquis de solides résultats. Vous avez avancé de la périphérie de mon ashram vers une position plus proche du centre. Veillez à maintenir cette position ; elle vous donnera un champ de service plus vaste, une plus grande influence spirituelle et une compréhension qui saisit l'essentiel et voit la vie sous un jour plus vrai.

La dispersion de l'ashram extérieur ne doit nullement perturber le rythme auquel vous parvenez, et nombreux seront vos frères de groupe et vos compagnons d'étude qui rechercheront votre aide et votre compréhension. Ne dites pas toujours la chose aimante et gentille, mais apprenez à dire les choses dures avec un amour inaltérable, ce qui n'est pas facile pour vous.

Puisque vous êtes maintenant un samnyâsin ; je souhaite vous demander quelque chose de pratique et de nécessaire. L'École Arcane est sur le point de prendre une réelle expansion ; son personnel est adéquat aux points-clé. Je vous demande de vous tenir aux côtés d’A.A.B. constamment (comme vous le faites) et aussi de F.B. quand la nécessité s'en fera sentir. Le travail va s'accroître dans tous les pays et, derrière les diverses activités, se tient l'École Arcane. Les Triangles et le mouvement de la Bonne Volonté vont s'étendre. Mais l'École Arcane doit continuer à être le cœur de toutes les autres activités. Le personnel est sûr et peut faire beaucoup, mais nous avons tous besoin de la coopération, de l'inspiration commune et du soutien d'un mental autre que le nôtre. Voulez-vous jouer ce rôle auprès d'eux ? Cela nécessitera de votre part une vision plus étendue ; c'est ce qui a quelque peu manqué dans votre attitude générale ; je crois que vous seriez le premier à l'admettre ; vous vous êtes enorgueilli, à juste titre, d'être réaliste et proche des faits, mais votre réalisme doit s'étendre aussi aux réalités intérieures, au subjectif, qui est plus important que l'objectif. Il vous faut vivre plus subjectivement. C'est ce réalisme unifié que je vous demande de cultiver, car il crée – lorsqu'on l'atteint – un travail compréhensif, doué de vision, d'une faculté de faire des plans à long terme et cependant de garder les pieds sur terre.

Je vous suggère, mon frère, de penser moins intensément au [543] chemin que vous prenez et à la "démonstration" que vous faites. Ce chemin est maintenant établi ; vous n'en serez pas détourné, et vous avez tissé "dans le vêtement de votre nature" de nombreuses qualités nouvelles ; vous vous êtes débarrassé de beaucoup de handicaps. Que cela vous suffise ; pendant les années qui vous restent, soyez le travailleur, le guide, l'observateur serein, et une force pour vos compagnons de travail, sans crainte, confiant en la loi, et, par-dessus tout, ayez une vision plus inclusive que jusqu'ici. Apprenez à penser en termes vastes, en plans mondiaux ; aidez F.B., quand le temps en sera venu, à formuler la politique et les schémas d'expansion du travail.

Rendez-vous accessible mon frère, et de plus en plus de personnes vous rechercheront. Votre travail dans l'avenir, comme vous le savez bien, se situe à l'École Arcane et votre champ de service est illimité.

Quant à votre méditation, je souhaite qu'elle soit centrée plus nettement sur l'ashram, et que vous vous préoccupiez moins de vous-même, de la formation de votre caractère ou de votre développement. Comme je l'ai dit plus haut, cela est maintenant consolidé.

La méditation sur l'ashram ayant porté sur le thème suggéré de l'âme fonctionnant par le mental-traitera de manière pratique des effets du contact ashramique sur la nature émotionnelle et sur la vie journalière sur le plan physique. Je vous donne les thèmes suivants, correspondant à une année de travail ; si vous y réfléchissez pendant plusieurs années, ils produiront une vie de réelle valeur.

Thèmes de méditation.

1. Le fait de l'ashram. Vous aimez les faits, mon frère ; appliquez donc votre conscience réaliste à cette question.

2. L'ashram en tant que centre de vie. Cela impliquera l'utilisation de l'antahkarana.

3. L'ashram en tant que centre d'amour, exprime avec sagesse.

4. L'ashram en tant que centre d'intelligence parfaite.

5. Le Maître de l'ashram.

6. L'ashram en tant que centre d'énergie vivante. [544]

7. La relation de l'ashram avec les affaires mondiales.

8. Les responsabilités endossées par les membres de l'ashram.

9. L'extériorisation finale de l'ashram, et la manière d'y parvenir.

10. Les qualités entretenues par la vie ashramique.

11. Le service rendu par l'ashram.

12. L'ashram et l'École Arcane.

Je suis satisfait des progrès que vous avez accomplis au cours des dernières années. L'échec ne vous a pas découragé ; vous savoir apprécié ne vous fera pas de mal. Ma force et ma compréhension sont toujours à votre service quand la demande est justifiée.

à I.B.S.

Mon frère,

Août 1940.

Il y a une question concernant votre avenir et votre responsabilité qui vous trouble beaucoup en ce moment. Parfois, elle fait puissamment intrusion dans votre conscience. Jusqu'à maintenant – après une période de lutte intérieure suivie de décision – vous avez évité d'affronter complètement les implications et l'effet que l'action pourra avoir sur votre avenir. Le service du disciple est souvent affecté par ces soucis intérieurs et ces refoulements défensifs. Le libre écoulement de l'inspiration est arrêté dans le corps astral où elle stagne (si je puis employer un terme aussi impropre). Le disciple est conscient de l'inspiration, mais surpris du peu d'effet qu'elle semble avoir sur les autres personnes. Il se demande constamment où gît la difficulté. Souvent, elle se trouve dans un problème non résolu qui désoriente le subconscient, ainsi que l'appellent les psychologues. Elle peut se trouver dans une inaptitude semi- consciente à avoir de bonnes relations avec les gens, qui irrite et ronge les couches inférieures de la pensée non formulée. Elle peut se situer dans un état de révolte intérieure contre la vie, contre les gens, contre les propres décisions du disciple, ce qui conduit à une orientation ou focalisation très précise de toute la personnalité. [545]

Quand le rayon de la personnalité est le même que le rayon du corps astral (comme dans votre cas), une situation très difficile peut surgir, handicapant le service jusqu'à ce que des ajustements intérieurs corrects soient faits. D'une manière curieuse, vous êtes isolé de beaucoup de personnes par le pouvoir et la focalisation de votre corps physique de troisième rayon – chose que vous êtes la dernière personne à souhaiter, mais qui est due à la prédominance de l'élément de premier rayon dans votre nature, car elle conditionne la qualité de votre âme, ce qui s'exprime par la nature physique de troisième rayon. Une focalisation intense est donc le thème toujours le même de l'expression de votre vie, car – ainsi que vous le savez – le premier rayon et le sixième rayon ont en vous une relation réciproque constante.

Le facteur de compensation est votre mental qui est gouverné par le quatrième rayon. Cette influence se trouve souvent aussi dans ce groupe semence, car dix membres du groupe ont le mental comme champ de bataille du conflit – conflit qui est ainsi prévu, afin d'engendrer finalement l'harmonie. Des disciples tels que vous ne trouveront donc pas la libération du conflit par la maîtrise du désir, par des échappatoires ou par l'inhibition. Ils la trouveront par l'usage correct des processus de pensée et par le mental lui-même, car ce dernier peut jeter sur le problème la lumière qui brille en lui. Cela apportera la juste solution et la compréhension correcte. Vous vous battez vraiment avec votre problème, mon frère, car votre désir sincère est de suivre le sentier du développement spirituel, mais vous faites de votre corps astral le champ de bataille, alors que le problème tout entier devrait être élevé au niveau du mental. Réfléchissez bien à ceci, puis entreprenez une action juste dans deux directions : sur le plan mental, afin d'être guidé, et sur le plan physique aux fins de manifestation.

Vous saurez de quel problème ou de quels problèmes je veux parler. Aucun de vos frères de groupe ne comprendra à quelle situation particulière je fais allusion. C'est un problème qu'il vous faut résoudre dans l'isolement et, quand vous l'aurez résolu, il vous ouvrira de véritables vannes pour des relations et des possibilités. Votre but devrait donc être l'intensification de l'illumination du mental, de sorte que le projecteur du mental puisse être dirigé sur les brumes et difficultés du corps astral.

Nous, qui observons les disciples du monde, sommes convaincus [546] d'une chose ; c'est que vous êtes un homme plein de dévotion sincère et intelligente ; l'intelligence et la dévotion sont en parfait accord chez le disciple accepté, s'équilibrant l'une l'autre puis produisant un point précis de pouvoir focalisé. Pour vous tous, dans cette incarnation, la focalisation de votre vie s'oriente irrévocablement vers l'âme comme ce doit être le cas des disciples récemment acceptés, où elle prend une expansion puissante et devient inclusive, comme c'est le cas des disciples plus anciens. Pour vous, parvenir à une focalisation précise est actuellement essentiel. Au cours de la manifestation des âmes, dans le temps et l'espace, il survient des vies où, parfois un problème d'âme (tel que l'embrasse la personnalité) devient le thème dominant et où toute l'incarnation (avec des points précis de crise intensive) est consacrée à la compréhension de ce problème et à sa solution. Dans l'orientation de votre vie vers l'âme, la note-clé de la renonciation est sage et claire, mais il vous faut veiller à ce que même la renonciation ne soit pas trop accentuée, et à ce que son pouvoir de conditionnement ne soit pas appliqué à ce qui ne l'exige pas, car une telle renonciation constituerait une erreur.

Je vous donne donc une méditation personnelle. Je dois, moi aussi, garder cela présent à l'esprit et vous rappeler que la renonciation elle-même peut être un mirage ; l'idéaliste de sixième rayon y est sujet. Je ne vais pas vous donner ce que vous appelleriez une véritable méditation. Ce qui vous aidera le plus actuellement est un exercice de visualisation sur la Lumière.

1. Demeurez assis, calmement et détendez-vous. Ne vous préoccupez pas de vos problèmes mais, pendant la durée de cet exercice, efforcez- vous simplement d'être un point de vision focalisée, l'œil du mental étant dirigé vers l'âme.

2. Quand votre focalisation semble adéquate, voyez alors au loin, par le pouvoir de l'imagination créatrice, un pic ou une pyramide ; à son sommet brille une lumière claire et pure de grande intensité.

3. Cherchez à vous identifier à cette lumière, à vous fondre en elle, et donc à vous servir de son illumination pour qu'en vous la lumière plus faible puisse briller. Après vous être soigneusement identifié à elle pendant quelques minutes, dites : [547]

"Je suis une faible lumière et cependant la pure lumière brille. Cette lumière n'est pas lointaine, mais chaque jour à chaque heure elle s'approche.

La lumière qui est mon petit soi doit disparaître dans la plus grande Lumière.

Aussi, je fusionne avec cette Lumière, qui pénètre tout, qui consume tout.

Je ne peux plus voir les deux – le plus grand Soi, le petit soi, le pèlerin et le sentier – car une seule chose est vue : le plus grand Tout illuminé."

4. Imaginez la fusion de la lumière de l'âme, et voyez cette lumière focalisée dans la personnalité, sur le plan astral.

5. Rendez stable cette lumière que vous vous êtes appropriée, en faisant résonner le OM.

Ne cherchez pas à utiliser la lumière directement pour la clarification des problèmes, pour l'enseignement ou pour des idées. Cela se fera automatiquement quand la lumière sera focalisée ; libération et connaissance en découleront. Cherchez simplement à visualiser le processus, sachant que "l'homme est tel que sont ses pensées". Puis oubliez ce qui concerne l'acquisition de la lumière et essayez de manifester ce qui existe comme résultat de votre propre effort. La lumière est en vous. Ne cherchez pas la solution immédiate, instantanée, de vos problèmes. Mon frère, ne recherchez pas les résultats. Rappelez-vous toujours qu'en continuant fidèlement à faire l'exercice indiqué, les résultats sont certains ; je ne voudrais pas vous faire perdre votre temps, ni ne perdrais le mien à vous donner ce travail. Régulièrement et sans inquiétude faites ce qui vous est demandé. Les résultats se manifesteront en temps voulu.

Août 1942.

1. À mesure que les heures de service tournent à l'horloge du temps, soyez attentif au moment où l'heure sonnera. De quelle heure s'agit- il?

2. À mesure que les minutes jalonnent l'heure qui passe, surveillez la minute où Ma voix sera entendue. Quand cela surviendra-t-il ?

3. À mesure que les secondes marquent le passage de l'aiguille des minutes, à l'horloge du temps, attendez-vous à la seconde où Mon visage apparaîtra. Pourquoi n'est-il pas apparu ? [548]

4. Lorsque vous pensez que la liberté est à votre portée, et quand vous pensez que vous avez fait le maximum possible, Attention ! l'obéissance est devant vous, avec la liberté dans les mains.

5. Il vous faut travailler dans l'ashram. Les cycles de paroles se transmuent en périodes de silence. Cependant ces deux facteurs doivent jouer leur rôle.

6. Vous passez sur la Voie illuminée, mon frère. Vous avez mis votre main dans la mienne. Je la tiens fermement.

Mon frère,

Septembre 1943.

Vous avez peut-être noté qu'il y a une légère différence entre le type d'instructions que je donne maintenant à ce groupe de disciples appartenant à mon ashram, et dont vous faites partie. Ce n'est pas que chacune d'elle ne soit pas nettement personnelle dans son application, ou qu'elle n'ait pas un sens très significatif pour le disciple à qui elle est adressée ; ces instructions répondent à tout cela. Cependant, mon intention est maintenant de communiquer certains principes et certains aspects de la vérité, qui ont davantage une implication de groupe qu'une implication personnelle. Les deux cycles précédents d'enseignement, auxquels vous vous êtes tous soumis, visaient principalement l'entraînement de la personnalité triple, dans le but de la mettre en relation plus étroite avec l'âme, et donc avec mon ashram. Ce fut particulièrement le cas pour le travail des Groupes de Neuf ; dans le premier cycle du Nouveau Groupe Semence, ce travail fut poursuivi bien qu'à un degré moindre ; l'accent était mis spécifiquement sur l'entraînement nécessaire à l'initiation. Ce n'était pas tellement l'entraînement de la personnalité qui était envisagé. Tout ceci fait partie d'un plan précis, et l'enseignement que j'ai l'intention de donner maintenant aura une signification de groupe claire, même s'il est adapté à la personnalité du disciple et à l'individu qui reçoit l'instruction. En dépit de son utilité en tant qu'individu, chaque membre du groupe aura ainsi avantage à lire, étudier et appliquer l'enseignement sous l'angle du groupe.

Il y a, évidemment, trois principes de base qui gouvernent tout le travail d'un ashram. Je ne veux pas parler ici des principes de vie occultes, mais de principes qui gouvernent dans l'entraînement. [549] Ces trois principes sont : l’Obéissance occulte, l'Intégration de groupe, le Droit d'Accès. Examinons chacun d'entre eux pendant un instant aux fins d'instructions de groupe, mais en lui donnant une application individuelle qui sera la vôtre.

Obéissance occulte. Dans les six affirmations que je vous ai données dans les instructions précédentes, j'ai employé les mots "l'obéissance est devant vous, avec la liberté dans les mains". Je suppose que vous avez réfléchi à ces paroles. Le disciple n'obéit si souvent que dans certaines limites. Son sens personnel de la liberté (dû surtout à une compréhension mentale, se développant rapidement, de la vie et de la manière de vivre) le pousse à concéder certaines formes d'obéissance au Maître qui l'entraîne, mais à éviter de s'abandonner complètement par crainte de perdre son impression d'agir librement et de choisir librement ses relations. Plus le disciple est ancien, moins cette crainte existe, car la vie de l'ashram et un contact croissant et régulier avec le Maître lui prouvent la liberté absolument complète qui gouverne le cercle tout entier de la vie ashramique, à la fois au sein de l'ashram et dans le domaine de son service intérieur et extérieur. Mais le développement de ce jugement avisé prend du temps, et le néophyte reste toujours sur ses gardes contre toute intrusion dans son champ organisé de gouvernement personnel délibéré. Permettez-moi d'illustrer ceci d'une manière qui, je crois, vous apportera une très nécessaire suggestion.

Le débutant, ou nouveau venu dans l'ashram, nouveau dans son service (du point de vue de l'expérience de sa vie présente sinon de son âme) nouveau en ce qu'il enregistre une impression de puissance que donne toujours la relation avec l'ashram, nouveau dans sa réaction joyeuse face à la reconnaissance que lui accordent ceux qu'il s'efforce d'aider, parle de plus en plus de "mon travail, mon groupe, mon enseignement, mon entourage, mes plans" ; ce faisant, il se stabilise dans le champ de service qu'il a choisi. C'est une phase temporaire dont le disciple ne se rend souvent pas compte bien qu'elle soit irritante pour ceux qui entendent ces mots. À mesure qu'il progresse dans la vie spirituelle et intensifie sa compréhension du Maître, à mesure qu'il pénètre plus avant dans la vie de l'ashram et dans l'aura de son Maître, à mesure que sa vision grandit, révélant les possibilités du service et les limites de ses propres moyens – à mesure qu'il acquiert la divine indifférence, il abandonne la possessivité de sa manière [550] d'envisager le service ; il considère tout ce qu'il fait comme sa réaction à la vie de l'ashram, comme sa contribution au travail de l'ashram et, finalement en arrive à disparaître à ses propres yeux ainsi que du centre de son travail. Seuls restent la nécessité à satisfaire et le pouvoir de l'ashram pour satisfaire cette nécessité. Ceci indique un pas très net en avant, et c'est cette attitude altruiste, cette capacité d'être un canal offert au pouvoir, à l'amour à la connaissance et à la vie de l'ashram qui constituent, en dernière analyse, ce que l'on entend par obéissance occulte.

Vous, mon frère, en êtes maintenant au point où il vous faut disparaître plus nettement de l'image que vous vous faites de vous-même en tant que travailleur. La première indication de cette manière plus profonde d'aborder le service apparaîtra dans vos paroles lorsque vous serez avec vos frères de groupe, ou avec d'autres travailleurs dans le domaine du service général de l'humanité. Je vous ai dit dans mes dernières instructions, que les "cycles de paroles se transmuent en périodes de silence". Que cela veut-il dire ? Quelque chose de très simple, mon chéla bien-aimé. Votre service dans le monde et dans votre domaine élu et utile pourrait actuellement être caractérisé par le terme "cycles de paroles" ; n'en est-t-il pas ainsi ? Cependant, au sein de l'ashram, pour que ces cycles de paroles traduisent éloquemment la vérité, la qualité qui vous distinguera consistera en des "périodes compensatrices de silence" afin d'acquérir cette qualité du silence (silence ashramique) vous devrez apprendre à pratiquer le silence parmi vos frères et compagnons de travail.

En termes symboliques et sans m'étendre sur les significations, je pourrais dire qu'un ashram a trois cercles (je ne parle pas ici de grade ou de rang) :

a. Le cercle de ceux qui parlent et qui se tiennent près de la porte extérieure. Il n'est pas permis à leur voix de pénétrer très avant et de déranger ainsi l'ashram.

b. Le cercle de ceux qui connaissent la loi du silence, mais la trouvent difficile. Ils se tiennent dans la partie centrale, et ne disent mot. Ils ne connaissent pas encore le silence de l'ashram. [551]

c. Le cercle de ceux qui résident dans le lieu secret et calme. Ils n'utilisent pas les mots et cependant leur note résonne ; quand ils parlent, les hommes écoutent.

Cette triple présentation des pouvoirs équilibrés de la parole et du silence est l'effet compris de l'obéissance occulte, qui est en soi une réponse volontaire à la puissance de vie de l'ashram, à la pensée et à l'amour du Maître de l'ashram. Je voudrais que vous réfléchissiez à ces pouvoirs dans l'intervalle qui s'écoulera entre ces instructions et les prochaines. Faites que les résultats de votre réflexion soient pratiques et apprenez ainsi à savoir quand parler et quand garder le silence ; rappelez-vous que l'élimination de la possessivité et de la référence à soi-même réduira la parole à l'essentiel spirituel.

Votre prochaine incarnation vous réserve une forme particulière de service à laquelle cette vie-ci vous a préparé. Elle se rapporte aux paroles, aux mots, à la voix et au pouvoir créateur du son ; pendant la dernière partie de cette vie, le principal thème de votre pensée devrait être la signification occulte du silence, des intermèdes sans mots et de la "retenue spirituelle du son". Ceci se manifestera, probablement, par un accroissement de l'enseignement donné à haute voix à ceux que vous vous efforcez d'aider, et sa qualité sera différente.

L'enseignement de ceux que vous vous efforcez d'aider va cacher l'image de vous-même, l'instructeur, et l'effacer de votre mental. Ceci arrivera automatiquement, et non par un plan intentionnel. Il y a quelques années, je n'aurais pas pu vous dire cela ; vous ne l'auriez pas accepté. Aujourd'hui vous l'accepterez et vous en tirerez avantage. Il y a quelques années vous auriez gaspillé du temps et de l'énergie en vous faisant des soucis intérieurs, en vous accusant vous-même et par des réfutations. Aujourd'hui vous connaissez mieux le sens de l'obéissance occulte et acceptez mieux l'affirmation et le souhait exprimé de votre Maître ; ceci parce que vous me connaissez mieux et avez davantage confiance en moi.

Permettez-moi de vous donner un exercice de visualisation que vous ferez chaque dimanche matin, chaque vendredi matin, et pendant les cinq jours couvrant la période de pleine lune, chaque mois. Avec vos frères de groupe, vous m'avez imaginé, pendant des années, debout [552] devant une fenêtre ouverte, et vous avez ainsi cherché le contact avec moi. Cette facilité due à l'entraînement forme la base de la suggestion d'exercice qui suit, dont voici le processus :

1. Imaginez un bois de pins, le murmure d'un torrent, un sentier montant en lacets au bout duquel se trouve un chalet bas construit de bois en grume dans lequel j'habite. Vos frères de groupe vous accompagnent et vous parlez le long du chemin.

2. Vous arrivez devant la porte, la porte extérieure, vous entrez et entendez une voix qui dit :

"Vous êtes dans le cercle de ceux qui parlent et, parlant, vous ne pouvez entendre la voix du Maître."

Restez là. Écoutez. Réfléchissez et cessez de parler.

3. Imaginez un rideau tendu en travers, près de l'endroit où vous vous tenez. Imaginez qu'avec effort vous parvenez au silence complet qui vous permettra d'entendre une voix disant :

"Avancez dans le cercle de ceux qui connaissent la loi du Silence. Vous entendez maintenant ma voix."

Imaginez alors que vous obéissez à cet appel, passez au-delà du rideau de séparation et entrez dans la pièce centrale du lieu de ma retraite. Asseyez-vous là, en toute quiétude et réflexion contemplative et écoutez.

4. Puis, dans le silence, rompant le cours de votre pensée tranquille, vient une voix, vous invitant à entrer dans le cercle de ceux qui vivent dans le lieu secret et calme.

Vous noterez, mon frère, combien j'insiste sur la nécessité qu'il y a pour vous à écouter. Cela doit être la note-clé de votre vie intérieure, pendant le reste de cette incarnation. Quand vous saurez écouter ainsi, les deux autres principes dont j'ai dit plus haut qu'ils gouvernaient la vie de l'ashram – l'Intégration de groupe et le Droit d'Accès – prendront pour vous un sens nouveau et vital. Dans le cercle de ceux qui parlent, il n'y pas d'intégration de groupe. Le droit d'accès est donné à ceux qui connaissent la loi du Silence. [553]

Cet exercice approfondira votre vie, accroîtra votre faculté de servir, chargera de sens tous les mots que vous emploierez pour ceux que vous instruisez, et portera votre prochaine vie à un point d'utilité de groupe. Vous accomplirez alors un certain travail que vous et moi avons déjà prévu.

Mon frère,

Novembre 1944.

Si vous voulez bien relire les instructions que je vous ai données l'année dernière, je pense que vous comprendrez qu'il est peu de chose que je puisse y ajouter. Je vous ai donné une instruction qui, par ses injonctions directrices, couvrait ce qui restait des événements de votre vie, tels que je les prévoyais.

Depuis des années, vous avez vécu à un point élevé de tension. Le feu a été la qualité de votre vie. Ce feu a d'abord été destructeur, mais dans les années suivantes, il a réchauffé et nourri. Je pense que vous savez que le son et le feu sont étroitement apparentés. Je pense que vous savez aussi que les disciples sont assemblés par les Maîtres dans leur ashram, quand le son de ces disciples s'est fait entendre, et quand le feu qui est en eux a réussi à brûler les barrières s'interposant entre l'âme et la personnalité. Leur son peut alors, en toute sécurité, être ajouté au son de l'ashram ; il enrichit son volume, ajoute à la qualité de sa note et communique les qualités créatrices nécessaires.

Les prochaines années ne seront pas faciles pour vous, mon frère. Ne soyez pas trop inquiet au sujet de ce qui pourrait survenir. En langage symbolique je pourrais exprimer ainsi votre avenir : la nature du feu va être portée plus clairement et plus essentiellement à votre attention ; le feu sera le sujet de votre pensée. N'en concluez pas que je vous indique la voie du feu, de la douleur et du chagrin. Telle n'est pas mon intention. Je ne veux pas dire que l'avenir vous réserve de passer par le feu de la purification. Vous avez traversé le terrain ardent, de même que tous vos frères de groupe. L'ensemble de l'humanité passe en masse par les feux qui précèdent la première initiation. Chaque disciple crée son propre terrain ardent ; il s'y installe puis finalement en sort pour se dresser devant l'Ange de la Présence, [554] tout près de la porte de l'initiation. Pour vous, c'est là un lieu commun du Sentier, que je n'ai pas besoin d'expliquer.

Il y a un feu, néanmoins, dont vous devriez vous occuper maintenant. Je l'appellerais "le feu de la compréhension". Il est en rapport étroit avec la lumière aveuglante de la réalisation, mais la précède toujours, car il détruit tous les mirages qui pourraient cacher ou voiler au disciple le point immédiat d'illumination. Vous avez abordé ce feu du point de vue de la nature émotionnelle, et il a été associé dans votre esprit aux eaux du plan astral, produisant ainsi les symboles de brume et de brouillard qui résultent toujours des rapprochements du feu et de l'eau. Ce concept a conditionné votre pensée. Je voudrais que vous considériez maintenant le mirage à la lumière des feux de la compréhension. Il vient un temps dans la vie du disciple où il doit assumer qu'il sait ; sa position doit être qu'il comprend, et il doit agir d'après la connaissance comprise. C'est nettement le point que vous avez atteint maintenant.

Les résultats de cette prise de position délibérée et des activités qu'elle engendre sont souvent surprenantes et peuvent être douloureuses ; c'est pourquoi le symbole du feu est à nouveau approprié à ce stade.

Agissez dans l'avenir "comme si", comme s'il n'y avait plus pour vous de mirage, mon frère, et voyez ce qui va arriver. Efforcez-vous toujours de vivre au sein de l'ashram, qui n'a pas de mirage, et agissez "comme si" la conscience de l'ashram était intrinsèquement votre conscience. Allez faire votre service "comme si" vous demeuriez immuablement dans l'ashram ; vivez toujours "comme si" les yeux de tout l'ashram étaient sur vous. Pendant ce qui reste de votre vie, que le concept philosophique ésotérique "comme si" vous anime pour tout ce que vous faites. C'est la conscience permanente qu'incarnent ces deux mots "comme si" qui produira chez vous une utilisation nouvelle de l'imagination créatrice.

Il y a quelque temps j'ai dit au groupe que l'initiation était simplification. Donc, simplifiez vos dernières années en agissant toujours "comme si". Par cette méthode de vie, vous libérerez les feux de la compréhension. Je me demande si je parviens à vous rendre claire une idée de valeur ? Gouvernez- vous toujours "comme si" votre [555] compréhension divine était parfaite et le résultat, dans votre vie journalière, sera "comme si" tous les mirages cachés, les voiles trompeurs et opaques n'existaient pas. Le disciple agit "comme si" il était initié, puis découvre que "l'homme est tel que sont les pensées dans son cœur", car son cœur est le gardien du pouvoir de l'imagination. L'imagination est libérée et devient activité créatrice quand le disciple agit "comme si", comme s'il était l'âme dans la plénitude de son expression, "comme si" le Maître était toujours conscient des actes de son disciple, comme s'il allait, consciemment, vers la pleine libération. Pour vous, ces deux mots apporteront libération et bonheur.

Le cours de votre vie et de votre service est établi. Ne cherchez pas à le changer. Le fonds de la connaissance que vous avez accumulé dans cette vie est très réel. Néanmoins, tirez ce qui est nécessaire à votre travail d'enseignement de l'ancien réservoir de sagesse, et non tellement de ce fonds de connaissance. Approfondissez votre méditation et intensifiez le silence intérieur dans lequel il est souhaitable que vous viviez. Pensez humblement, parlez sagement et travaillez sans cesse. L'occasion offerte aux disciples de partout est grande aujourd'hui, et la puissance mise à leur disposition est plus vitale que jamais. Reliez-vous à moi chaque jour et comptez sur le soutien de mon amour.

Mon ami de longue date,

Août 1946.

Je sais combien grande sera votre détresse à la cessation de notre communauté extérieure, non intérieure ; n'oubliez pas que la communauté extérieure n'était que le signe d'une confraternité intérieure forte et indestructible. La relation intérieure entre le groupe, moi, l'ashram et tous les membres est aussi forte qu'elle l'a toujours été ; elle n'est modifiée en aucune façon. Vu le progrès très réel que vous avez fait en vous libérant du mirage, cette confraternité peut maintenant devenir encore plus intime. Je peux vous atteindre plus facilement que dans le passé. Je vous le dis car je sais que cela vous rassurera et que vous n'en profiterez pas abusivement. Plus le disciple pénètre profondément dans l'ashram, moins il ressent le besoin du contact avec le Maître : il en vient à comprendre l'étendue des responsabilités [556] du Maître, et en arrive à une plus juste appréciation de son peu d'importance relative. Il se soumet alors à "l'aura de soutien de l'ashram".

Dans mes deux dernières communications, je vous ai laissé avec l'impression que je vous avais déjà donnée autant d'enseignement qu'il vous en fallait pour terminer cette vie. J'ai insisté pour que vous vous en teniez fermement aux habitudes spirituelles établies. On met rarement assez l'accent sur la nécessité d'une telle stabilisation du rythme spirituel, et fréquemment on insiste trop sur ce qui est nouveau et sur le progrès. Cependant les disciples doivent apprendre à transformer leurs habitudes spirituelles en une réaction spirituelle instinctive ; c'est la correspondance supérieure des réactions animales instinctives, que nous connaissons tous. Lorsqu'il y est parvenu, le disciple peut alors se fier automatiquement à lui-même pour faire ou dire la chose juste ; plus important encore est que le Maître peut compter sur lui, sachant qu'on peut se fier à lui. On lui "permet alors de circuler dans tout l'ashram sans entrave, et le Plan tout entier est en sécurité avec lui". Je souhaite que vous tendiez vers ce but au cours des années qui vous restent à vivre, afin que, dans votre prochaine vie, vous exprimiez dès l'enfance la voie du disciple.

Dans mes dernières instructions, je vous ai enjoint d'agir "comme si" l'idéal que vous vous êtes proposé était en fait déjà atteint. Cette conduite "comme si" est l'une des pratiques les plus occultes. En réalité elle présuppose que soit imposée à la personnalité normale l'aspiration la plus haute qu'elle puisse saisir, sous forme de changement de conduite. Cette injonction n'a pas le même sens que l'injonction selon laquelle "l'homme est tel que sont les pensées dans son cœur". Cette injonction, si elle est observée correctement, impose la maîtrise du mental à la personnalité ; elle affecte le cerveau, et donc les deux véhicules inférieurs. Le type de conduite "comme si" (pour le disciple) introduit un facteur encore plus élevé que celui de la pensée ; il implique la tentative constante de vivre "comme si" l'âme – non pas le mental, mais par le canal du mental – avait la maîtrise permanente, et était l'aspect dominant de l'expression.

Ceci peut impliquer une réflexion rigoureuse concernant l'âme et sa relation avec la personnalité ; en réalité c'est beaucoup plus que cela. Il nécessite, lorsqu'il est correctement appliqué, la maîtrise [557] automatique croissante par l'âme de tout l'homme inférieur triple. Je vais vous donner six thèmes de méditation construits autour de l'idée de "comme si". Ils couvriront une année de travail. J'aimerais que vous preniez ces thèmes et les examiniez profondément pendant trois ans. À la fin de ces trois ans, vous souhaiterez probablement recommencer le travail sur un niveau plus élevé et avec une intention plus profonde.

1. Énoncez le OM trois fois, de manière inaudible comme personne physique, comme personne émotionnelle et comme mental.

Puis énoncez le OM en tant qu'âme.

2. Thèmes de réflexion méditative :

a. Qu'arriverait-il dans votre vie, si vous agissiez réellement comme si l'âme faisait résonner le OM ?

b. Si vous pensez vraiment comme si le mental était l'instrument de l'âme, quelles lignes de pensée devrez-vous éliminer, cultiver ou exprimer ?

c. Si vous vivez de manière réaliste comme si l'âme était visible dans votre vie journalière, qu'arrivera-t-il au corps astral ?

d. En admettant que la théorie "comme si" domine votre cerveau physique et en conséquence vos activités journalières, de quelle manière votre façon de vivre serait-elle modifiée ? (Ceci n'est pas la même question que a.)

e. Comprenez-vous clairement la différence entre "l'homme est tel que sont les pensées..." et la manière de procéder "comme si". En quoi diffèrent-elles dans l'application ?

f. De quelles qualités votre mécanisme particulier ou personnalité ferait-il preuve si vous agissiez comme si vous étiez ancré dans l'ashram et non simplement à sa périphérie ? Ne soyez pas imprécis dans cette réponse, mais extrêmement personnel dans votre analyse de la situation.

3. Puis, comme si vous vous teniez consciemment devant votre Maître et aviez nettement conscience de ma présence, consacrez vous au service de l'ashram pour cette vie-ci et la suivante. [558]

4. Dites la nouvelle Invocation, en prononçant le OM après chaque strophe.

5. Énoncez le OM à un point de conscience aussi élevé que possible.

Puis, mon frère, allez en paix sachant que le ferment des énergies vivantes qui sont en vous vous permettront d'agir comme si vous étiez l'âme. Ce sera une expérience consciente et croissante. Sachez aussi que moi, votre Maître et votre ami, j'en serai conscient. Mon amour vous enveloppe, et le lien demeure continu.

à R.V.B.

Septembre 1943.

C'est pour moi, mon frère, une source de satisfaction que vous soyez

redevenu un membre actif et reconnu de mon groupe de chélas. Vous et moi avons toujours su que le lien était indissoluble et que l'intermède de travail intérieur ainsi que la période où vous avez purgé votre karma (engendré bien des années auparavant) étaient nécessaires et fructueux. C'est d'une grande valeur pour l'âme quand la personnalité reconnaît consciemment l'activité du karma et se consacre à purger complètement les effets de relations antérieures, de sorte que puisse être mis le mot "fin" à cette relation. Les disciples devraient se souvenir que, lorsqu'une relation karmique a été reconnue sur le plan physique et que les mesures nécessaires ont été prises, deux possibilités se présentent selon que le karma impliqué était temporaire ou la relation durable. L'une des possibilités est qu'il se crée une identification spirituelle et que la relation ne puisse jamais être rompue, l'autre, que les liens se dissolvent d'une manière entièrement correcte par la cessation de la relation pour l'éternité. Ces périodes de décision et de rajustement sont des plus difficiles, mais, assez curieusement, quand le disciple a une attitude intérieure correcte (même s'il est dérouté), c'est rarement lui qui prend la décision. La vie, les circonstances, les événements ou les personnes résolvent la situation et – en prenant appui sur son âme – le disciple demeure ferme jusqu'à ce que le problème ou la relation disparaisse.

Vous vous tenez maintenant dans mon ashram avec une connaissance plus claire et une foi plus assurée. Un service plus vaste s'offre [559] devant vous – service que vous pouvez rendre là où vous êtes, en dépit d'un véhicule physique qui vous donne parfois beaucoup de soucis et de difficultés. Ne permettez pas aux limitations physiques de vous dominer indûment, mais suivez courageusement la Voie illuminée en dépit aussi bien qu'à cause des problèmes et des difficultés.