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CHAPITRE III — LA THEORIE DU CORPS ETHERIQUE

 

CHAPITRE III — LA THEORIE DU CORPS ETHERIQUE

Le psychologue oriental commence par ce que l'Occident considère comme hypothétique. Il insiste sur la nature spirituelle de l'homme et pense que la nature physique elle-même est le résultat d'une activité spirituelle. Il affirme que tout ce qu'on voit objectivement n'est que la manifestation extérieure d'énergies subjectives et intérieures. Il considère tous les mécanismes du cosmos et de l'homme comme des effets et pense que la science ne traite que d'effets. Sa position peut être résumée comme suit :

Premièrement : Il n'y a rien d'autre que l'énergie ; elle fonctionne au moyen d'une substance qui interpénètre et crée toutes les formes et qui est semblable à l'éther du monde moderne. La matière est énergie ou esprit dans sa forme la plus dense, et l'esprit est la matière dans son aspect le plus subtil.

Deuxièmement : Comme toutes les formes sont interpénétrées par l'éther, chaque forme possède une forme ETHERIQUE ou corps ETHERIQUE.

Troisièmement : De même que le minuscule atome a un noyau positif, ou des noyaux positifs, ainsi que des aspects négatifs, de même dans chaque corps ETHERIQUE se trouvent des centres positifs de force au milieu de la substance négative. L'être humain possède aussi un corps ETHERIQUE, positif par rapport au corps physique négatif, qui pousse [55] ce corps à l'action et agit comme force de cohésion, le maintenant en existence.

Quatrièmement : Le corps ETHERIQUE de l'homme a sept principaux noyaux d'énergie à travers lesquels s'écoulent diverses sortes d'énergie, produisant son activité psychique. Ces noyaux sont apparentés au système cérébro-spinal, et la base de l'activité psychique ou siège de l'âme se trouve dans la tête. Le principe régissant l'ensemble se trouve donc dans la tête et, de ce centre, tout le mécanisme devrait être dirigé et vitalisé au moyen des six autres centres de force.

Cinquièmement : Certains centres seulement fonctionnent actuellement chez l'homme ; les autres ne sont pas encore éveillés. Chez un être humain devenu parfait, tous les centres sont actifs et amènent un développement psychique parfait et un parfait mécanisme.

L'importance que l'Orient accorde à l'énergie spirituelle, et celle que l'Occident donne à la structure ou au mécanisme justifient pleinement la nature psychique de l'homme, tant de ses aspects supérieurs que de ses aspects inférieurs.

Si on veut faire fusionner la conception vitaliste orientale, et la conception mécaniste occidentale, et ainsi franchir le fossé qui les sépare, il faut démontrer l'existence du corps éthérique.

Le système oriental est abstrus et complexe ; il ne peut être résumé. Cependant, il faut pourtant en faire une brève introduction et indiquer ses grandes lignes ; ce sera là un travail incomplet, [56] mais nous aurons cependant une idée générale de ce système, qui nous permettra de poursuivre cette étude.

Dans cet exposé, nous ne répéterons pas chaque fois que "le psychologue oriental pense", que "les Orientaux déclarent" et autres formules semblables. Il suffit de reconnaître une fois pour toutes et délibérément que la pensée orientale doit être présentée à l'Occident comme une hypothèse, qu'elle doit être mise à l'épreuve, ce qui démontrera sa valeur ou la fera rejeter.

Après cette introduction, nous allons décrire les grandes lignes de la théorie orientale.

Il existe une substance universelle, source de tout, si subtile, si affinée qu'elle est vraiment au-delà de ce que l'intelligence humaine peut réellement saisir. Comparés à cette substance, les parfums les plus délicats, l'éclat des rayons du soleil, la gloire pourprée du soleil couchant ne sont que matière grossière et terrestre. C'est "un tissu de lumière" toujours invisible à l'œil humain.

Le terme "substance" qui suggère quelque chose de matériel est mal approprié. Il est bon cependant de le reporter à ses racines latines, "sub" qui signifie dessous et "stare" qui veut dire se tenir. Ainsi donc, la substance est ce qui se trouve au-dessous, ce qui est sous-jacent.

Toute subtile et fugace qu'elle soit, cette substance universelle est cependant, dans un certain sens, plus dense que la matière même. Si l'on pouvait concevoir un agent en dehors de la substance universelle – hypothèse contraire à tous les faits et toutes les possibilités – et si un tel agent cherchait à comprimer la substance universelle ou à l'influencer [57] de quelque autre manière de l'extérieur, on découvrirait alors que la substance est encore plus dense que n'importe quel autre matériel connu.

Inhérente à la substance et formant contrepartie il y a la vie, la vie qui ne cesse jamais. La vie et la substance sont une seule et même chose, à tout jamais inséparables, mais cependant des aspects différents de la même réalité. La vie est l'électricité positive, et la substance, la négative. La vie est dynamique, la substance statique. La vie est activité ou esprit, la substance est forme ou matière. La vie est le père qui engendre, la substance est la mère qui conçoit.

Outre ces deux aspects, vie et substance, il y en a un troisième. La vie est activité théorique ou potentielle ; elle a besoin d'un champ d'action, la substance ; de l'union de la vie et de la substance surgit la flamme de l'énergie active.

Ainsi nous avons une seule réalité la substance universelle et, en même temps, une dualité, la vie et la substance, et une trinité, la vie, la substance et l'activité réciproque qui en résulte, ce que nous appelons conscience ou âme.

Le monde manifesté tout entier provient de l'énergie et des facteurs concomitants, la substance et la conscience. Tout ce que nous pouvons voir, du grain de sable le plus petit à l'immensité des cieux étoilés, du sauvage au Bouddha ou au Christ, est le produit de l'énergie. La matière est l'énergie dans sa forme la plus dense ou la plus basse ; l'esprit est cette même énergie dans sa forme la plus haute ou la plus subtile. La matière est donc l'esprit descendant et dégradé ; réciproquement, l'esprit est la matière ascendante et glorifiée. [58]

En devenant plus dense, l'énergie descend dans sept degrés ou plans. L'homme en manifeste trois. Il a un corps physique, un corps émotionnel et un corps mental ; il fonctionne par conséquent sur trois plans, il est conscient sur trois plans, les plans physique, émotionnel et mental. Il est sur le point de reconnaître un quatrième facteur, plus élevé, l'Âme, le Soi, et bientôt il en prendra conscience. Il n'est pas utile de traiter ici des trois plans supérieurs.

Chacun des sept plans est subdivisé en sept sous-plans. Nous ne traiterons ici que des sept sous-plans du plan le plus bas, le plan physique.

Tout le monde connaît les trois sous-plans du plan physique, les sous- plans solide, liquide et gazeux, par exemple la glace, l'eau et la vapeur. En outre, il y a quatre sous-plans plus subtils, ou plutôt quatre différentes sortes d'éther ; ils coexistent avec chacun des trois sous-plans bien connus et les interpénètrent.

Le corps physique de l'homme ne fait pas exception. Il a lui aussi sa contrepartie éthérique, son corps éthérique positif alors que le corps physique dense est négatif. Le corps éthérique est le facteur de cohésion qui maintient le corps physique en vie.

La contrepartie éthérique d'un homme ou de n'importe quelle chose physique est faite de substance universelle, de vie universelle et d'énergie universelle ; elle fait partie de ces trois éléments mais elle ne jouit pas d'une existence indépendante et n'est pas autosuffisante. Elle est alimentée par [59] le réservoir d'énergie universelle, dont elle a la vie le mouvement et l'être. C'est donc au moyen du corps éthérique que fonctionne l'énergie.

C'est également vrai de l'homme. L'énergie universelle fonctionne à travers son corps éthérique. Comme l'homme existe sur sept plans, le corps éthérique a donc sept points de contact avec l'énergie ; mais, comme trois plans seulement sont en activité, les quatre autres étant encore en sommeil il n'y a donc que trois centres de force qui sont complètement développés et quatre qui ne le sont pas encore. Nous en reparlerons plus loin.

En tentant de rapprocher les deux écoles, on se pose naturellement la question : la science occidentale corrobore-t-elle la théorie orientale ?

Un savant aussi remarquable qu’Isaac Newton accepte sans discuter l'existence de l'éther comme intermédiaire universel. Dans le dernier paragraphe de son ouvrage "Principia", il écrit :

"Nous pourrions ajouter quelque chose concernant un certain esprit des plus subtils qui pénètre et se trouve dans tous les corps ; par sa force et son action, les particules des corps s'attirent mutuellement à petite distance et s'assemblent si elles sont contiguës ; les corps électriques opèrent à de plus grandes distances, repoussant aussi bien qu'attirant les corpuscules voisins ; la lumière est émise, reflétée, réfractée, réfléchie, et chauffe les corps ; toutes les sensations se trouvent stimulées, et les membres des corps animaux se meuvent et obéissent aux ordres de la volonté par les vibrations de cet esprit qui sont propagées le long des filaments des nerfs, des organes extérieurs des sens au cerveau, et du cerveau aux muscles. Mais ces choses ne peuvent pas être expliquées en quelques mots, et nous n'avons pas à notre disposition assez [60] d'expériences pour déterminer et démontrer avec rigueur les lois qui régissent l'activité de cet esprit électrique et élastique."

Newton reconnaissait donc l'existence du corps éthérique sous-jacent à toutes les formes y compris la forme humaine.

Comme Newton n'est plus, consultons une récente édition de

"Encyclopaedia " (1926). Ce qui suit est intitulé "Ether".

"Sous une forme ou sous une autre, on a souvent débattu la question de savoir si l'espace constitue une simple abstraction géométrique, ou s'il a des propriétés physiques définies qui peuvent être examinées. En ce qui concerne les parties occupées par la matière, c'est-à-dire de substance qui fait appel aux sens, il n'y a jamais eu aucun doute ; on peut dire que toute la science n'est que l'étude des propriétés de la matière. Mais de temps à autre on s'est penché sur les portions intermédiaires de l'espace où la matière tangible est absente ; car elles ont aussi des propriétés physiques auxquelles on a à peine commencé à s'intéresser.

Ces propriétés physiques ne relèvent pas directement des sens et sont donc relativement obscures ; on ne peut douter de leur existence même dans les milieux où l'on préfère encore utiliser le terme "espace". Mais un espace doué de propriétés physiques est davantage qu'une abstraction géométrique ; il est plus facile d'y penser comme à une réalité substantielle pour laquelle un autre nom serait donc plus approprié. Le terme utilisé importe peu, mais il y a longtemps qu'on avait inventé le terme ETHER ; Isaac Newton l'avait adopté et nous pouvons l'employer nous aussi. Ce terme [61] signifie donc l'existence d'une véritable entité qui occupe tout l'espace, sans interruption, unique réalité physique omniprésente, que l'on considère de plus en plus comme ce en quoi consiste toute chose dans l'univers matériel ; la matière elle-même n'est probablement que l'une de ses modifications (...).

Ainsi un éther est nécessaire pour transmettre ce qui est appelé force de gravitation entre deux fragments de matière et aussi dans le but, plus important et universel, de transmettre des ondes de radiation entre différents fragments de matière, si petits et si éloignés soient-ils (...).

On ne peut probablement pas exprimer les propriétés de l'éther en fonction de la matière ; mais, puisque nous n'avons rien de mieux, nous devons procéder par analogie et pouvons parler de l'élasticité et de la densité de l'éther comme étant ce qui, s'il s'agissait de matière, serait appelé de ces noms-là. Nous ne savons pas encore ce que ces termes expriment réellement ; mais si, comme on pense maintenant que c'est probable, la matière atomique est une structure de l'éther, on a toutes les raisons de dire que, en un certain sens, l'éther est bien plus dense que n'importe quelle substance matérielle connue.

La matière peut donc être comparée à une structure de réseaux dans un milieu très substantiel (...)"

Ces vues sont reprises et commentées par d'autres savants réputés.

Le Dr Burtt cite dans les termes suivants Henry More, savant platonicien du 17ème siècle :

"Je demande donc s'il serait indigne d'un philosophe de demander à un autre philosophe s'il n'existe pas dans la nature une substance incorporelle qui, tout en pouvant imprimer à un corps toutes les qualités du corps, ou du moins la plupart d'entre elles, comme le mouvement, la forme, la [62] position des éléments le composant, etc. serait en outre capable (puisqu'il est presque certain que cette substance déplace et arrête les corps) d'ajouter tout ce qu'implique de semblables mouvements ; c'est-à- dire unir, diviser, disperser, lier, former de petits fragments, ordonner les formes, les animer d'un mouvement circulaire si elles en sont capables, ou les mouvoir de n'importe quelle manière, arrêter leur course circulaire, et faire avec elles ce qui serait nécessaire pour produire, selon vos principes, la lumière, les couleurs et les autres objets saisis par les sens (...). Finalement, une substance incorporelle ayant le pouvoir merveilleux d'assembler et de dissiper la matière, de la combiner, de la diviser, de la projeter en avant et en même temps d'en garder la maîtrise en restant elle-même, sans liens, sans projections ni autres instruments ; n'est-il pas probable que cette substance puisse rentrer de nouveau en elle- même, puisqu'il n'y a rien qui la rende imperméable, et qu'elle puisse se dilater de nouveau et recommencer."

Commentant la position d'Henry More, E. A. Burtt ajoute : "Dans ce passage, More poursuit son raisonnement en partant de l'existence d'une substance incorporelle chez les êtres humains et passe à la supposition de l'existence d'une substance incorporelle semblable mais plus vaste dans la nature considérée comme un tout, car il était convaincu que les faits scientifiques montraient que la nature n'est pas plus une simple machine que ne l'est un être humain." [1]

Écrivant également au 17ème siècle, Robert Boyle proposa la même hypothèse et dotait l'éther de deux fonctions : propager le mouvement par des impulsions successives, et être un intermédiaire par [63] lequel se manifestent de curieux phénomènes tels que le magnétisme. Il disait :

"Ceux qui affirment l'existence d'une semblable substance dans l'univers apporteront probablement comme preuves plusieurs phénomènes dont je vais parler ; mais je ne traiterai pas de l'existence d'une matière correspondant exactement aux descriptions qu'ils font du premier et du second élément, bien que diverses expériences semblent prouver l'existence d'une substance éthérée très subtile et assez diffuse."

En revenant aux temps modernes, William Barrett dit : "L'univers nous montre, par un ensemble de phénomènes physiques, vitaux et intellectuels, que le lien qui existe entre le monde de l'intellect et celui de la matière est le monde de la vitalité organisée, occupant tout le règne animal et végétal ; par lui, d'une manière incompréhensible pour nous, des mouvements prennent naissance parmi les molécules de matière, d'un caractère tel qu'ils semblent les placer sous le contrôle d'un agent autre que physique, transcendant les lois ordinaires qui règlent les mouvements de la matière inanimée ; en d'autres termes, il donne naissance à des mouvements qui ne résulteraient pas de l'action de ces lois. Ce principe implique, par conséquent, l'origine de la force." [2]

L'enseignement de l'Orient considère le corps vital comme l'intermédiaire entre le physique et l'intellect ; il agit comme organe du mental dans l'être humain, et du Mental universel dans un [64] système solaire. Il est intéressant de remarquer, à ce propos, l'énumération que fait W. Barrett : "physique, vital et intellectuel". Olivier Lodge a souvent été critiqué pour ses idées au sujet de la communication entre les vivants et les morts ; mais en ce qui concerne la science pure, il est au premier rang des savants de son temps. Il dit :

"Que dire de l'éther qui maintient ensemble les atomes, qui les soude, qui est essentiel à la configuration caractéristique d'un corps, et qui est aussi essentiel que la matière elle-même ?

Nous ne nous occupons généralement pas de l'aspect ETHERIQUE d'un corps ; nous n'avons aucun organe, aucun sens qui nous permette de l'évaluer ; nous ne saisissons directement que la matière. Nous la saisissons clairement lorsque nous sommes des enfants, mais, en grandissant, nous en supposons l'existence ; du moins, certains de nous le font. Nous savons qu'un corps ayant une certaine forme ne peut exister sans les forces de cohésion, ne peut donc exister sans l'éther. Nous entendons donc maintenant par éther non pas la totalité mais la partie immatérielle, siège de la tension et réceptacle de l'énergie potentielle, la substance dans laquelle se trouvent les atomes de matière. Non seulement il existe un corps matériel, mais il y a aussi un corps ETHERIQUE ; tous deux coexistent." [3]

O. Lodge traite encore de ce même sujet dans un article qui parut dans le Hibbert Journal ; il y fait des suggestions et tire des conclusions du plus haut intérêt :

"La lumière est un attribut de l'éther. La lumière est à l'éther ce que le son est à la matière (...). Assujetti à toutes les [65] lois du temps et de l'espace, entièrement soumis aux lois de l'énergie, en grande partie source de l'énergie terrestre, gouvernant toutes les manifestations des forces physiques, à la base de l'élasticité, de la ténacité et de toute autre propriété statique de la matière, l'éther commence seulement à prendre sa juste place dans le schéma de la physique (...). Les charges électriques, composées d'éther modifié, seront reconnues comme étant le matériel de construction cosmique (...). Il existe une grande quantité d'éther non différencié qui emplit tout l'espace et dans lequel se produit tout ce qui est matériel. A travers toute la physique se trouve la dualité : matière et éther.

Toute énergie cinétique appartient à ce que nous appelons matière, que ce soit sous la forme atomique ou corpusculaire ; le mouvement ou la locomotion le caractérise. Toute énergie statique appartient à l'éther non modifié et universel ; ses caractéristiques sont la tension et l'effort. Sans cesse, l'énergie passe et repasse de l'un à l'autre, de l'éther à la matière et vice-versa, et c'est dans ce passage que le travail s'accomplit.

Il est probable que tout objet tangible possède à la fois une contrepartie matérielle et une autre ETHERIQUE. Nos sens n'ont conscience que d'un seul aspect ; il nous faut déduire l'autre. Mais la difficulté de percevoir cet autre aspect – la nécessité d'inférer indirectement – dépend surtout de la nature des organes sensoriels, lesquels nous renseignent sur la matière mais non sur l'éther. Et pourtant l'un est aussi réel et substantiel que l'autre, et leurs qualités fondamentales sont la coexistence et l'interaction. Non pas l'interaction toujours et partout, car beaucoup de zones sont sans matière, bien qu'il n'y ait pas de zone sans éther. Mais partout prévaut la potentialité d'interaction et souvent sa réalité est évidente ; elle constitue l'ensemble de nos expériences du monde." [66]

Dans une note supplémentaire à cet article, l'auteur ajoute : "L'éther appartient au cadre physique des choses et personne ne pense qu'il est une entité psychique, mais il tend probablement à servir des objectifs psychiques, tout comme le fait la matière. Les professeurs Tait et Balfour Stewart supposaient et donnaient, déjà en 1875, à l'éther de l'espace une signification psychique ; dans un ouvrage très critiqué, "l'Univers invisible", ils le considéraient d'un point de vue religieux. Dans son article sur l'"Ether" qui parut dans la neuvième édition de l'Encyclopaedia Britannica, le grand mathématicien et physicien James Clerk Maxwell concluait par une expression de foi, non envers cette hypothèse, pour laquelle il se montrait très prudent, mais envers l'existence réelle d'un moyen de liaison universel suprasensible, et à la probabilité qu'il ait un grand nombre de fonctions insoupçonnées."

Le Dr Sajous, professeur d'endocrinologie à l'Université de Pennsylvanie, affirme sa croyance en ce moyen universel, dans les termes suivants :

"La nécessité d'un moyen fondamental et intelligent, créateur et doué de coordination s'affirme de tous côtés (...).

L'éther, tel qu'interprété par les milieux scientifiques, remplit toutes ces conditions et c'est le seul moyen connu de la science qui soit capable de le faire. Il est invisible, il pénètre en toute matière et se répand dans l'espace par des mouvements d'ondes, et dans l'univers il n'a pas de limites. Il n'offre pratiquement aucune résistance à l'énergie rayonnante, ni même à la lumière du soleil et des étoiles les plus lointaines qu'on a pu découvrir. C'est le moyen qui transmet les ondes "radio", les ondes de la télégraphie sans fil, les rayons de Becquerel, les rayons X ou de Roentgen, etc. [67]

L'éther est doué d'un pouvoir créateur dans l'espace et sur la terre (...). Par conséquent, l'éther de l'espace construit les systèmes solaires comme il construit la matière, avec intelligence et coordination, et il dote tous les éléments chimiques des propriétés que nous leur connaissons (...)" [4]

C. E. M. Joad, de l'Université d'Oxford, nous dépeint les activités de cette force vitale, de cet "état de vie" qui anime la matière, et il nous montre le rapport entre la vie et la forme. Il approche vraiment de très près la théorie orientale de la contrepartie éthérique et de l'énergie qui fonctionne par elle.

"La force de vie. Supposons que, tout d'abord, l'univers soit purement matériel. C'était le chaos, sombre, sans vie sans énergie et sans but. Dans cet univers inorganique, à un certain moment, s'introduisit, d'une source ignorée, un principe de vie ; par le terme "vie", je veux dire quelque chose qui ne soit pas explicable en termes de matière. Aveugle et trébuchant, au début, simple poussée ou impulsion instinctive, ce principe cherche ensuite à s'exprimer en luttant pour parvenir à un degré de conscience toujours plus élevé. Nous pouvons considérer le but ultime de la force de vie comme l'achèvement d'une conscience totale et universelle, qui ne pourra être obtenu que par une pénétration de tout l'univers par la vie et l'énergie, de sorte qu'ayant commencé par être un monde de "matière", l'univers puisse finir par être un monde de "mental" ou "esprit". Dans la matière et au moyen de la matière, ce principe travaille dans ce but, infusant et pénétrant la matière de son propre principe d'énergie et de vie. A la matière ainsi infusée, nous donnons le nom d'organismes vivants qui doivent être considérés comme des [68] instruments que la force de vie crée afin de parvenir à ses objectifs. Comme l'univers lui-même, chaque organisme vivant est formé d'un substratum de matière animé par la vie, de manière assez semblable au fil chargé d'un courant électrique. C'est un courant de vie isolé dans un fragment de matière.

La force de vie est loin d'avoir tous les pouvoirs. Elle est limitée par la matière qu'elle cherche à dominer : ses méthodes sont de nature expérimentale, changeant suivant le stade d'évolution dans les organismes qu'elle a créés. Son dessein, à des stades différents, est mieux servi par des catégories d'êtres différentes." [5]

Will Durant, sans aucun doute l'auteur dont les ouvrages philosophiques sont les plus répandus, dit ceci :

"Plus nous étudions la matière et moins elle nous apparaît comme étant fondamentale, et plus aussi nous la percevons comme étant simplement le côté extérieur de l'énergie, tout comme notre chair est l'aspect extérieur de la vie et du mental (...). Dans le cœur de la matière, lui donnant forme et pouvoir, se trouve quelque chose qui n'est pas matériel, qui possède sa propre spontanéité et sa propre vie ; cette vitalité subtile, cachée et pourtant toujours révélée est l'essence finale de tout ce que nous connaissons (...). En premier et intérieurement, il y a la vie ; la matière, coexistant avec elle dans le temps et inextricable dans l'espace, lui est inférieure en essence, en logique et en importance ; la matière est la forme et le côté visible de la vie (...).

La vie n'est pas une fonction de la forme, la forme est un produit de la vie ; le poids et la solidité de la matière sont le résultat et l'expression de l'énergie intra-atomique, et chaque muscle ou chaque nerf du corps est l'instrument modelé du désir." [6][69]

Ces savants montrent que la doctrine orientale qui considère le corps éthérique comme l'intermédiaire d'une force vitale, de l'énergie ou de la vie, n'est pas le rêve vague d'un peuple porté au mysticisme, mais un fait naturel pour de nombreux chercheurs occidentaux ayant le sens pratique.

Nous pourrions résumer ainsi nos idées :

Derrière le corps objectif se trouve une forme subjective formée de matière éthérique qui agit comme conducteur du principe de vie, ou énergie, ou prana. Ce principe de vie est l'aspect force de l'âme ; l'âme anime la forme au moyen du corps éthérique, lui donne ses qualités et attributs particuliers, imprime sur elle ses désirs et finalement la dirige par l'activité du mental. L'âme, par l'intermédiaire du cerveau, pousse le corps à l'activité consciente, et, par l'intermédiaire du cœur, toutes les parties du corps se trouvent pénétrées de vie.

Cette théorie est très proche de la théorie animiste occidentale et nous y reviendrons. Jusqu'à présent, on s'est contenté du terme "animisme" ; mais il est probable qu'il sera remplacé par celui de "dynamisme" en raison des développements de la conscience humaine elle-même. L'homme étant maintenant une entité pleinement consciente de soi, sa personnalité fonctionnant comme un tout intégré, le temps est venu où il peut faire preuve, pour la première fois, de desseins conscients et de volonté directrice.

Les trois états de la nature humaine auxquels on [70] se référait au début de ce chapitre – physique, sensible et mental – forment, pour la première fois dans l'histoire de la race humaine, une unité coordonnée.

Le soi directeur peut donc maintenant imposer sa maîtrise, et, au moyen du mental agissant sur le corps vital ou éthérique et ayant son point de contact dans le cerveau, il peut conduire son instrument à une expression entièrement contrôlée et à l'activité créatrice subséquente. Ainsi émergera ce que Keyserling appelle le "Soi le plus profond". Il dit :

"La prochaine question est de savoir si et comment il est possible de développer le Soi profond. Lorsque nous parlons de l'Être d'un homme en le distinguant de ses capacités, nous voulons dire son âme ; et lorsque nous disons que cet Être prend une décision, nous voulons dire que toutes ses expressions sont imprégnées de vie individuelle, que chaque expression particulière rayonne la personnalité, et que cette personnalité est, en dernière analyse, responsable. Une telle pénétration peut être accomplie là où elle n'existe pas encore. La chose est possible grâce au fait que l'homme, ayant un mental et une âme, constitue une connexion de sens dans laquelle sa conscience se meut librement. Il est libre d'insister là où il le désire ; selon la "place" où l'homme a dirigé son attention, l'organisme psychique trouvera un nouveau centre d'Être. Par conséquent, si la recherche théorique montre qu'il dépend de là où est concentrée sa conscience qu'un homme ait son centre dans son Être ou à la superficie, il doit être alors possible en pratique de provoquer le processus de déplacement nécessaire. Il en résulte qu'en principe chacun peut parvenir à son Être ; pour y parvenir, il lui suffit de mettre l'accent avec persévérance sur son Être essentiel, de s'obliger à ne jamais exprimer que ce qui est compatible avec son Être intérieur. C'est certainement [71] là une tâche ardue. Non seulement le processus est très lent, mais il demande aussi une technique spécifique." [7]

Lorsque la psychologie orientale et la psychologie occidentale auront fusionné et que la relation des glandes au corps vital avec ses centres de force aura été étudiée et comprise, alors sera hâtée pour l'homme la possibilité de fonctionner comme âme, comme synthèse de mécanisme, de vie, de dessein et de volonté. A ce propos, Hocking parvient à la conclusion suivante :

"Il semble qu'il y ait des raisons d'espérer un meilleur futur physique de la race humaine à l'aide d'une saine hygiène mentale. Terminée l'ère des charlatans et, dans une certaine mesure, avec leur aide, il semble qu'il sera possible d'étendre graduellement la maîtrise du soi, puisque le caractère spirituel d'une discipline telle que le Yoga rejoint les simples éléments de la psychologie occidentale et une saine éthique. Aucun d'eux n'a beaucoup de valeur sans les autres." [8]

Avant de passer à l'examen des enseignements orientaux au sujet des centres de force, deux points méritent notre attention. L'un considère la nature de l'âme, et l'autre est un essai pour considérer les témoignages des siècles passés au sujet du siège probable de l'âme.

[72]

CHAPITRE IV — LA NATURE DE L'AME ET SON SIEGE

L'âme a toujours été l'objet de discussions, de débats et d'essais de définition. Au cours des temps et encore maintenant, elle a été et est d'un intérêt intellectuel très grand et le thème de toutes les religions et de toutes les philosophies. De cela seul nous pourrions sans doute déduire qu'il est possible que l'âme soit un fait réel, car un témoignage plusieurs fois millénaire doit être basé sur quelque réalité. Si on élimine toutes les conclusions basées sur des visions et des expériences d'hystériques, de névrosés et de cas pathologiques, il reste encore des témoignages et des déductions de penseurs, de philosophes et de savants réputés et sains d'esprit qui ne peuvent être ignorés et qui méritent d'être reconnus par l'humanité.

Richard Muller-Freienfels dit : "Écrire l'histoire de la croyance de l'homme en l'âme, signifie écrire l'histoire de toute la race humaine." [9]

Le professeur Ames a bien résumé le problème :

"D'un côté, il y avait le soi ou âme, avec sa pensée ; de l'autre, le monde objectif, les autres personnes et Dieu. Pendant des siècles, les sages se sont efforcés de trouver le moyen [73] de franchir l'abîme entre le soi et les objets. Mais entre les idées se produisant dans la tête, et les choses extérieures, il n'y avait aucun pont garantissant que les représentations intellectuelles correspondaient bien aux objets se trouvant dans le domaine extérieur. Des philosophes sur ces deux positions ; les idéalistes du côté du soi, tentant vainement de parvenir à la réalité qu'ils avaient supposée comme étant en dehors de leur atteinte ; du côté opposé, les matérialistes, s'efforçant d'ignorer le soi ou de le considérer comme un fantôme ou un épiphénomène, un souffle ou une nuée exsudant du monde physique. Certains, appelés les dualistes, supposaient que le psychique et le physique étaient tous deux réels, mais ils leur allouaient à chacun une place sans parvenir à donner une réponse satisfaisante à la question de savoir comment le mental peut sortir de lui- même et aller vers un objet aussi différent, ou comment cet objet peut être lui-même et pourtant être connu." [10]

Nous allons donner quelques définitions de l'âme choisies parmi beaucoup. On remarquera une grande uniformité de définition et d'exégèse. Webster définit l'âme en des termes des plus intéressants et, du point de vue de la Sagesse orientale, avec une grande exactitude.

"Une entité, conçue comme l'essence, la substance ou la cause effective de la vie individuelle, particulièrement de la vie psychique ; le véhicule de l'existence individuelle, séparé du corps et considéré généralement comme séparable de l'existence." [74]

Lorsqu'on recherche les différentes interprétations concernant la nature de l'âme, on remarque trois points de vue, bien résumés dans le dictionnaire de Webster :

"Premièrement, l'âme a été considérée comme une entité, ou un sujet, se manifestant particulièrement dans les activités de pensée volitive de l'homme ; c'est le sujet de l'expérience méditée par le corps ; ce n'est pas le mental, mais ce qui pense et veut.

Deuxièmement, l'âme est identifiée au mental ou à l'expérience consciente ; c'est ce sens que lui donne en général la psychologie, et c'est en général la conception des idéalistes.

Troisièmement, l'âme est considérée comme une fonction ou la totalité des fonctions du cerveau ; ainsi Pierre J. G. Cabanis (1757-1808), enseignait que le cerveau sécrète les pensées comme l'estomac digère la nourriture."

Webster ajoute le commentaire suivant qui rejoint la tendance actuelle de la pensée mondiale :

"Certaines conceptions, telle celle de Fechner, d'après lesquelles l'âme constitue le processus spirituel unitaire en conjonction avec le processus corporel unitaire, semblent se tenir à mi-chemin entre le point de vue des idéalistes et celui des matérialistes."

Il est possible, après tout, que le "noble chemin du milieu" sur lequel insistent les bouddhistes, offre à la prochaine génération la voie qui leur permettra d'échapper à ces deux positions extrêmes.

Les Égyptiens pensaient que l'âme est un rayon [75] divin agissant au moyen d'un composé particulier ressemblant à un fluide alors que les Juifs la considéraient comme le principe vital. Les Hindous enseignent que l'âme humaine est une partie d'un Principe immuable, l'Âme du Monde, l'Anima Mundi, l'Éther pénétrant tout (Akasha) de l'espace. Cet éther est simplement le conducteur de certaines catégories d'énergie ; c'est l'intermédiaire entre l'esprit essentiel et la matière tangible.

Pythagore, qui fit tant à son époque pour rapprocher les philosophies orientale et occidentale, enseignait la même chose. En Chine, Lao-Tseu enseignait que l'âme spirituelle est unie à l'âme vitale semi-matérielle, et qu'à elles deux, elles animent le corps physique.

Quant aux Grecs, ils pensaient que l'âme (avec toutes les facultés mentales) pouvait se séparer du corps, tandis que les Romains considéraient l'âme comme ayant une triple nature, une âme spirituelle, une âme intellectuelle, ou mentale, et un corps vital. Beaucoup, comme Théophraste, considéraient l'âme comme "le principe réel de la passion", etc.…

"Les stoïciens trouvèrent une nouvelle façon de désigner le principe animateur ou théorie des processus vitaux, à savoir pneuma (...). Avec l'emploi de ce terme commença la trichotomie de la personnalité humaine en corps, âme et esprit qui prit une part importante dans les spéculations des théologiens. Le concept de l'âme ou psyché (...) se différencia en deux concepts (...) d'une part la force vitale des physiologistes, et d'autre part l'esprit ou âme immatérielle de l'homme." [11][76]

Les stoïciens soutinrent donc un enseignement qui est pleinement en accord avec la philosophie orientale. Ils comblèrent par conséquent la brèche entre les deux hémisphères.

Platon exposait la doctrine de l'âme de la manière suivante :

"Il pensait que l'âme est composée de trois parties. L'une immortelle ou rationnelle, vient de Dieu ; une autre, mortelle animale ou sensible, est le siège des appétits et des sensations relatifs au corps ; et une troisième partie, volonté ou esprit, entre les deux premières rend possible leur interaction et permet à la raison de vaincre le désir. Les plantes ont la partie la plus basse ; les animaux, les deux parties inférieures, mais la partie rationnelle est exclusivement humaine.

Il considérait cette âme rationnelle comme immatérielle et de nature métaphysique, que les sens ne pouvaient percevoir et que seul l'intellect pouvait saisir. L'union avec le corps physique, mortel et matériel, ne constitue qu'un incident mineur dans sa longue carrière (...). Platon établissait donc une distinction fondamentale entre l'âme et le corps."

Aristote considérait l'âme comme étant la totalité des principes vitaux et comme étant au corps ce que la vision est à l'œil. Pour lui, l'âme était l'Être véritable dans le corps, et Plotin était de son avis. Il considérait l'âme comme étant la sensibilité vivante du corps, appartenant à un degré d'être supérieur à la matière. Pour Tertullien, l'âme se divisait en deux parties, un principe vital et un principe rationnel, et St. Grégoire pensait de même. La plupart [77] des écoles orientales considèrent l'âme comme étant le soi, l'individu ; quant aux mystiques chrétiens, ils s'appuient sur l'enseignement de St. Paul pour lequel dans chaque être humain réside une puissance latente qu'il appelle le "Christ en vous" et qui, par sa présence, permet à chaque homme de parvenir finalement à l'état de Christ.

Une comparaison attentive des enseignements chrétiens et orientaux amène à la conclusion que les termes de Soi, d'âme et de Christ signifient le même état d'être ou de conscience et indiquent en chaque homme la même réalité subjective.

Les premiers Pères de l'Église étaient très profondément influencés par les idées des Grecs au sujet de l'âme, et leur enseignement fut plus tard coloré par le gnosticisme et le manichéisme ; pour eux, l'âme était la lumière et le corps, les ténèbres ; la lumière devait irradier le corps et devait être finalement libérée du corps. Au 4ème siècle, St. Grégoire

insistait sur la triplicité formée par le corps, l'âme et l'esprit comme le faisait St. Paul. Il résumait dans son enseignement les idées des meilleurs penseurs de son temps et disait que (pour citer B. Hollander) :

"(...) l'âme ne peut pas se diviser, et pourtant Grégoire distinguait des facultés de nutrition, de sensibilité et de raison correspondant au corps, à l'âme et à l'esprit. La nature rationnelle n'est pas également présente dans toutes les parties du corps. La nature supérieure utilise la nature inférieure en tant que véhicule. Dans la matière réside le pouvoir vital ; dans ce pouvoir réside le pouvoir de sensibilité, et celui-ci est uni au pouvoir rationnel. L'âme sensible est donc un moyen, plus pur que la chair et plus grossier que l'âme rationnelle. L'âme [78] ainsi unie au corps est la véritable source de toutes les activités."

Du 5ème au 17ème siècle, on trouve les idées de diverses écoles ; celles des scolastiques, des philosophes arabes, des cabalistes, des philosophes du Moyen Âge et du groupe d'hommes remarquables, responsables de la Réforme et de la Renaissance. Ils discutèrent des diverses théories relatives à l'âme, mais ne firent guère de progrès, car les esprits étaient surtout intéressés par l'apparition de la science moderne, de la médecine moderne et par les révélations de l'époque de l'électricité. Peu à peu, l'attention fut captivée par l'aspect forme de la nature et par les lois régissant les phénomènes naturels ; de plus en plus, les spéculations relatives à l'âme et à sa nature furent laissées aux soins des théologiens.

Au 17ème siècle, Stahl écrivit abondamment au sujet de l'âme et résuma une grande partie des enseignements de son époque. C'est ce qu'on a appelé l'animisme. Selon cette doctrine, l'âme est le principe vital, responsable de tout le développement organique.

Nous parlons de l'animisme des races peu évoluées qui personnifient et adorent les forces de la nature ; nous reconnaissons, à notre époque, l'animisme décrit par Stahl comme ayant toujours été présent ; nous étudions l'enseignement des savants modernes relatif à l'énergie, à l'atome, à la force, et nous découvrons que nous avons à [79] faire face à un monde d'énergies qui ne peuvent être niées. Nous vivons dans un univers animé par des forces. Vitesse, activité, vitalité, transports, transmission du son, énergie électrique et bien d'autres termes semblables sont communément employés de nos jours. Nous pensons, nous parlons en termes de forces.

Stahl récapitula l'enseignement dans les termes suivants :

"Le corps est fait pour l'âme, l'âme n'est pas faite pour le corps et n'en est pas le produit (...). L'âme est la source de tous les mouvements vitaux ; elle construit la machine qu'est le corps et le protège pour un certain temps des influences extérieures (...). La cause immédiate de la mort n'est pas la maladie, mais l'action directe de l'âme qui abandonne la machine corporelle, soit parce qu'elle ne fonctionne plus, du fait de sérieuses lésions, soit parce qu'elle ne désire plus l'employer."

La définition de l'âme donnée par Berkeley est intéressante ; pour lui, c'est un être simple, actif et révélé par l'expérience.

La psychologie matérialiste moderne, qui considère l'âme comme le produit de l'activité du cerveau, n'a peut-être pas entièrement tort, mais elle s'occupe là d'une manifestation secondaire de l'âme vitale.

Le Dr. Müller-Freienfels dit :

"(...) nous ne devons pas considérer le corps comme un mécanisme atomistique, mais plutôt comme le véhicule d'une énergie vitale intelligente ; le "corps" cesse donc d'être simplement de la matière et doit être considéré comme un être "animé"." [80]

Et il poursuit :

"Nous avons enfin maintenant la possibilité de parvenir à un concept de l'âme ! Rappelons-nous la manière dont l'humanité en est venue à former ce concept. Non pas pour expliquer la "conscience" (car l'âme peut exister sans la conscience) ; mais, afin de rendre compréhensible cette continuité complexe d'activités que nous appelons la vie, l'humanité créa le concept de l'âme. Nous avons déjà insisté sur le fait que, dans toutes les cultures primitives, l'âme ne s'identifie en aucune façon avec la conscience, et que cette identification constitue une réserve apportée récemment par la philosophie. En réalité, ce que l'homme primitif entend par "âme" est ce qu'aujourd'hui nous appelons "vie". "Animé" et "vivant" sont absolument identiques, de même que sont identiques "inanimé" et "mort". Le mot grec psyché ne signifie pas seulement conscience, mais peut généralement se traduire simplement par "vie" ; de même, dans bien des cas, les mots allemands Leben et Seele ainsi que les mots anglais "life" et "soul" sont interchangeables (...).

Nous sommes en cela d'accord avec les principales tendances philosophiques récentes. Même les matérialistes durent admettre que l'âme n'est pas une substance, mais que les processus psychiques se produisent dans la substance et ils la considèrent donc comme équivalent au "mouvement". D'autre part, les partisans de la conscience considéraient aussi les processus psychiques comme des "événements" qu'il leur fallait arriver à mettre en relation avec les mouvements physiques.

Nous acceptons ces deux idées. Ce que nous appelons "âme" n'est ni une "substance" accrue ni une "substance" pensante ; ce n'est en aucune façon une "substance", mais un facteur extrêmement compliqué, une série d'effets, qui se révèlent d'une part dans la construction du corps et, d'autre part, dans la conscience. [81]

Néanmoins, notre doctrine ne divise pas l'univers en substance et en conscience mais établit un lien, un rapport entre les deux, qui se manifeste matériellement, mais qui est aussi l'hypothèse de la conscience ; elle diffère à la fois du matérialisme et des partisans de la conscience en cela qu'elle ne conçoit pas l'âme comme existant dans la substance seulement, pas plus que dans la seule conscience. Au contraire, le corps et la conscience nous apparaissent tous deux comme n'étant que des effets d'une troisième chose qui les inclut tous les deux, produisant la conscience et donnant aussi forme à la matière brute. Nous avons déjà vu qu'il faut nécessairement à la conscience un "être" plus profond, tandis que la théorie matérialiste exige un "pouvoir" formateur qui forme le corps et avec lui l'âme. On peut qualifier cette théorie de "moniste" bien qu'elle ne soit ni dualiste ni unitaire ; simplement sa conception a été trop élaborée et la théorie de la conscience comme la théorie matérialiste sont – bien qu'à tort – qualifiées de monistes. Nous appelons la théorie vers laquelle nous tendons la théorie dynamiste, car elle représente la nature de l'âme comme une force dirigée. Nous pourrions aussi l'appeler vitaliste, car cette force qui donne au corps sa forme et qui engendre la conscience s'identifie à la vie." [12]

Dans la Doctrine secrète nous trouvons une indication du rapport entre l'esprit, l'âme et le corps.

"Nous considérons la vie comme l'Unique Forme d'Existence se manifestant dans ce qu'on appelle Matière, ou ce que, en les séparant d'une manière erronée, nous appelons Esprit, Âme et Matière dans l'homme. La matière est le véhicule [82] de manifestation de l'âme sur ce plan d'existence, et l'âme est le véhicule, sur un plan supérieur, de la manifestation de l'Esprit ; tous les trois forment une Trinité qui trouve sa synthèse dans la Vie, qui les pénètre tous." [13]

 

Dans la littérature orientale, l'âme, le soi, sont des termes synonymes. La Bhagavad Gîta est le principal traité concernant l'âme, sa nature, son but et son genre d'existence ; c'est l'ouvrage le plus connu de toutes les Écritures orientales. Deussen résume comme suit son enseignement en ce qui concerne Âtmâ, le soi ou l'âme :

"Si, pour donner suite à notre intention, nous maintenons cette distinction entre Brahman, le principe cosmique de l'univers, et Atman, le principe psychique, nous pouvons exprimer la pensée fondamentale de toute la philosophie Upanishad par cette simple équation :

Brahman = Atman

C'est-à-dire que Brahman, le pouvoir qui se présente à nous comme matérialisé dans tout ce qui existe, qui crée, soutient et conserve, et qui reçoit de nouveau en lui tous les mondes, ce pouvoir divin, infini et éternel est identique à Atman, à ce que, après que nous l'ayons dépouillé de tout ce qui est extérieur, nous découvrons en nous-mêmes comme étant notre être réel essentiel, notre soi individuel, l'âme. Cette identité de Brahman et d'Atman, de Dieu et de l'âme, est la pensée fondamentale de toute la doctrine des Upanishad (...).

Comme on l'a souvent fait remarquer, l'atman est une idée pouvant s'interpréter de manières très différentes. Le mot signifie seulement "le soi" ; la question se pose donc de savoir ce que nous considérons comme notre soi. Il y a trois possibilités, suivant que nous considérons l'atman comme (1) [83] le soi corporel, le corps ; (2) l'âme individuelle, indépendante du corps, qui est le sujet qui connaît, distinct et séparé de l'objet ; ou (3) l'âme suprême, dans laquelle on ne distingue plus le sujet de l'objet, ou qui, suivant la conception hindoue, est le sujet qui connaît sans objet." [14]

Voici les commentaires que fait un écrivain oriental :

"Tout être organique a un principe d'autodétermination auquel on donne généralement le nom d'âme. Dans le sens étroit, le mot "âme" appartient à tout être ayant en lui la vie, et les différentes âmes sont fondamentalement identiques. Les différences sont dues aux organismes physiques qui obscurcissent et contrarient la vie de l'âme. La nature des corps dans lesquels les âmes sont incarnées explique leurs divers degrés d'obscurcissement.

Chaque bouddhi, avec notamment ce que lui apportent ses sens, est un organisme isolé déterminé par son karma passé et avec une certaine dose d'ignorance (avidya). L'ego est l'unité psychologique de ce courant d'expériences conscientes qui constitue ce que nous savons être la vie intérieure d'un soi empirique.

Le Soi empirique est un mélange d'esprit libre et de mécanisme, de purusa et de prakriti (...). Chaque ego possède à l'intérieur du corps matériel grossier, qui est dissous à la mort, un corps subtil formé de l'appareil psychique, comprenant les sens." [15]

Un texte hindou résume ainsi cet enseignement : [84]

"Il y a donc quatre Atma, la vie, le mental, l'âme, l'esprit. L'ultime force qui repose à la racine du pouvoir macrocosmique des manifestations de l'âme, du mental et du principe de vie, est l'esprit." [16]

Tout semble donc être l'expression de la force de vie ; et nous commençons à nous rapprocher de la vérité telle qu'elle est formulée en Orient, c'est-à-dire que la matière est l'esprit ou l'énergie à son degré le plus bas de manifestation, et que l'esprit est la matière dans sa plus haute expression. Entre ces deux extrêmes, se manifestant donc dans le temps et dans l'espace, se produisent les divers aspects de la vie-conscience manifestée qui absorbent l'attention des religieux, des psychologues, des scientifiques et des philosophes, suivant leurs tendances et leurs prédilections particulières. Ils étudient tous l'aspect changeant de la vie une et animatrice.

Ce qui cause la plupart des confusions, ce sont les différenciations, les terminologies et les classements en catégories qui accompagnent ces diverses manières d'approcher la vérité. Nous sommes en train de séparer et de réduire en morceaux une Réalité unique ; ce faisant, nous perdons notre sens des proportions et nous insistons trop sur la partie que nous sommes en train de disséquer. Mais l'ensemble reste intact, et notre compréhension de cette Réalité augmente lorsque, dans notre conscience, nous devenons inclusifs et que nous participons à une expérience véritable.

Nous retrouvons le témoignage de cette expérience en remontant à la nuit des temps. Depuis [85] l'apparition de la famille humaine au cours de l'évolution et du déroulement du plan mondial, un déroulement graduel et parallèle se produit en ce qui concerne l'idée de Dieu pour expliquer la nature, et l'idée de l'âme pour expliquer l'homme. Il nous reste donc à entreprendre l'anthologie de l'âme, mais il est probable que l'immensité de la tâche sert d'empêchement.

On a toujours ardemment discuté du siège de l'âme dans la forme humaine. Voici quelques-unes des théories qui ont été avancées à ce sujet.

Platon estimait que le principe vital se trouve dans le cerveau, et que celui-ci et l'épine dorsale coordonnent la force vitale.

Straton plaçait l'âme dans la partie frontale du cerveau, entre les sourcils.

Hippocrate plaçait la conscience ou âme dans le cerveau.

Hérophile considérait que le calamus scriptorius était le principal emplacement de l'âme.

Erasistrate plaçait l'âme dans le cervelet et disait qu'elle présidait à la coordination des mouvements.

Galien, le grand précurseur de la médecine moderne, pensait que le quatrième ventricule du cerveau était le siège de l'âme en l'homme.

Hippolyte disait : "Les membranes de la tête sont doucement poussées par l'esprit qui avance vers la glande pinéale. A côté de celle-ci, se trouve l'entrée du cervelet par où passe le courant de l'esprit et qui le distribue dans la colonne vertébrale. [86] Le cervelet, par un processus ineffable et inconnaissable, attire à travers la glande pinéale la substance spirituelle qui donne la vie."

Saint Augustin pensait que l'âme se trouvait dans le ventricule central.

Les philosophes arabes qui ont si fortement influencé la pensée du Moyen Age considéraient que les ventricules du cerveau étaient le siège de l'âme ou de la vie consciente.

Le Dr Hollander nous dit que :

"La raison pour laquelle les philosophes anciens, dont les arabes adoptèrent les idées au sujet du siège de l'âme, placèrent les facultés dans certaines cellules, c'est-à-dire dans certaines cavités ou ventricules, était sans doute que cette solution laissait davantage de place pour l'expansion du pneuma, la substance gazeuse (...). Certains d'entre eux distinguaient quatre régions. Le premier ventricule, ou ventricule antérieur du cerveau, que l'on supposait tourné vers le devant, était le ventricule du sens commun ; on pensait en effet que c'était à partir de ce ventricule que se séparaient les nerfs des cinq sens extérieurs et que c'était dans ce ventricule et au moyen de ces nerfs que toutes les sensations se trouvaient réunies. Le deuxième ventricule communiquait par une toute petite ouverture avec le premier et était considéré comme le siège de la faculté d'imagination car c'était en lui que, par l'intermédiaire du premier ventricule, les impressions provenant des cinq sens extérieurs se trouvaient réunies, faisant ainsi une deuxième étape dans leur trajet à travers le cerveau. Le troisième ventricule était le siège de l'entendement ; et le quatrième était consacré à la mémoire parce qu'il était situé commodément pour être l'entrepôt où pouvaient être accumulées et examinées les conceptions mentales digérées dans le deuxième ventricule. Le fait est que ce qu'on appelle le ventricule antérieur est composé de deux ventricules, les ventricules [87] latéraux de droite et de gauche qui communiquent entre eux et qui sont contigus au troisième ventricule – qu'on appelait jadis le ventricule du milieu – par l'intermédiaire de l'orifice de Monro. Quant au troisième ventricule, il communique avec le quatrième ventricule – que les anciens appelaient le ventricule postérieur – par l'intermédiaire de l'aqueduc de Sylvius.

Les ventricules latéraux sont recouverts par le corps calleux ; le troisième est recouvert par le thalame optique et le quatrième est situé entre le cervelet et le pont de Varole.

(...) Si les sens de la vue et de l'ouïe sont stimulés en même temps, leurs effets dans la conscience sont simultanés ; et la connaissance de ce fait donna naissance à l'hypothèse d'un centre sensoriel qu'on appela le sens commun. Certains considéraient ce centre comme le siège de l'âme. Les parties de cerveau étant doubles, les endroits à choisir se trouvaient très limités ; on ne pouvait choisir que des structures se trouvant sur la ligne médiane ; c'était le cas, par exemple, de la glande pinéale choisie par Descartes, et, au 19ème siècle, du thalamus optique choisi par W.B. Carpenter, et du pont cérébral choisi par Herbert Spencer." [17]

Roger Bacon pensait que c'était au centre du cerveau qu'on pouvait trouver l'âme.

Ludovic Vives "considérait l'âme comme le principe non seulement de la vie consciente, mais de la vie en général ; le cœur étant le centre des activités vitales ou végétatives, et le cerveau celui des activités intellectuelles".

Mondino, anatomiste célèbre du Moyen Age, croyait fermement aux "esprits animaux". Il enseignait que ces esprits animaux passaient dans le troisième ventricule par une étroite ouverture. Il [88] enseignait aussi que les cellules du cerveau sont le siège de l'intellect.

Vésale a été le premier à faire la distinction entre la matière grise et la matière blanche du cerveau et à décrire les cinq ventricules, il distinguait "trois âmes (...) et c'est au cerveau qu'il assigna l'âme principale, la totalité des esprits animaux dont les fonctions sont nettement mentales".

Servet plaçait l'âme dans l'aqueduc de Sylvius, ce canal qui relie les troisième et quatrième ventricules du cerveau.

Telesio, dans "De natura rerum", enseignait que l'âme était la forme la plus subtile de la matière, une substance très délicate, enfermée dans le système nerveux et par conséquent échappant à nos sens. Son siège se trouve surtout dans le cerveau, mais il s'étend aussi à la moelle épinière, aux nerfs, aux artères, aux veines et aux membranes recouvrant les organes intérieurs (...). Il reconnaît que le système nerveux est en rapports étroits avec la vie de l'âme et que, chez l'homme, l'âme diffère seulement en degré de celle des animaux. Il suppose qu'à côté de l'âme matérielle de l'homme, se trouve une âme divine, incorporelle, implantée directement par Dieu et unie à l'âme matérielle".

Willis assignait les diverses facultés de l'âme, telles que la mentalité, la vitalité, la mémoire, etc., à différentes parties du cerveau.

Vieussens plaçait l'âme dans le centre ovale.

Swedenborg dit : "La route royale des sensations [89] du corps vers l'âme (...) passe par le corps strié (...). C'est aussi par cette route que descendent toutes les déterminations de la volonté (...). C'est le Mercure de l'Olympe ; il communique à l'âme ce qui se passe dans le corps, et il apporte les ordres de l'âme au corps".

Le corps strié est formé par deux larges ganglions du cerveau se trouvant juste sous la région antérieure et supérieure du cerveau.

Hollis concluait que "la sensation comme le mouvement tirent leur pouvoir de la moelle du cerveau. C'est donc là que se trouve le siège de l'âme".

Charles Bonnet disait : "Les différents sens dont nous sommes doués (...) ont quelque part dans le cerveau des communications secrètes au moyen desquelles ils peuvent agir les uns sur les autres. On peut considérer comme étant le siège de l'âme l'endroit où ces communications ont lieu (...). C'est au moyen de cette partie du cerveau que l'âme agit sur le corps, et, par le corps, sur tant d'êtres différents. Or, l'âme n'agit que par l'intermédiaire des nerfs".

Von Sommering situait le siège de l'âme dans le fluide des ventricules cérébraux.

W. B. Carpenter, le physiologiste, considérait le thalame optique comme le siège de la vie de l'âme.

Cependant, depuis l'époque de Franz Josef Gall, le physicien et animiste bien connu, fondateur de la science de la phrénologie, l'attention n'est plus [90] concentrée sur le siège probable de l'âme. Le mental est arrivé sous les projecteurs ; le caractère, l'éthique et ce qu'on appelle l'éthologie ont fait leur apparition. Les rapports entre les qualités psychiques et le cerveau reçoivent maintenant l'attention, et aujourd'hui nous allons même plus loin et nous incluons les glandes dans nos recherches. En psychologie, les enseignements de la théorie moderne mécaniste ont remplacé temporairement les idées anciennes vitalistes, animistes et mystiques. L'approche matérialiste a cependant été extrêmement profitable. Elle a amené, entre autres, deux choses ; elle a d'abord conservé l'équilibre et produit une structure de connaissance basée sur des faits naturels, qui a contrebalancé les erreurs et les déductions des mystiques visionnaires et les superstitions des théologiens. Secondement. grâce aux conclusions auxquelles on est parvenu par le travail des psychologues modernes, par l'étude du mental et de son pouvoir, et par l'influence d'organisations telles que la Science chrétienne et la New Thought, un pont a été construit entre l'Orient et l'Occident. Il est maintenant possible d'apprécier, et de comprendre les enseignements de l'Orient relativement à la triplicité : âme, mental et cerveau. Une fois éliminés certains aspects indésirables (il y en a plusieurs) et une fois établie la collaboration avec la science occidentale, la lumière peut de nouveau venir de l'Orient ; elle peut indiquer la voie conduisant l'humanité vers un nouvel état d'être, vers une plus pleine réalisation de pouvoir et vers une [91] compréhension plus réelle de la nature de l'âme humaine. On comprendra peut-être alors combien est vraie la conception que Browning nous offre de cet être humain intégré :

"Trois âmes qui font une âme, c'est-à-dire Tout d'abord l'âme de chacune et toutes les parties corporelles,

Installée là, travaillant, étant CE QUI FAIT, ce qui utilise la terre et fait descendre l'homme.

Mais, levant les yeux vers le haut pour demander son chemin elle se transforme et croît, imprégnée par l'âme suivante, laquelle, installée dans le cerveau, rassemble les facultés de la première, sent, pense, veut- EST CE QUI SAIT :

Á son tour et en temps opportun, celle-ci se tourne vers le haut, se transforme et croît, pénétrée par la dernière âme, laquelle se sert des deux premières, subsiste avec ou sans leur aide et, constituant le soi humain, est ce qui est

Elle s'appuie sur la précédente, la fait agir puis s'impose, comme la deuxième fit avec la première ; puis, elle s'élève, soutient, est soutenue par Dieu, et l'homme dirige son élan vers le haut, vers le point redoutable des interrelations, et d'endroit elle n'a nul besoin, car c'est vers lui qu'elle retourne ce qui fait, ce qui sait, ce qui est, Trois âmes, un seul homme." [18]

[92]

 

[1] Burtt Edwin Arthur, Metaphysical Foundations of modern physical science.

[2] Barret William, On the threshold of the Unseen.

[3] Lodge Oliver, Ether and Reality.

 

[4] Sajous Ch., Strength of religion as shown by science.

[5] Joad C. E. M, Mind and Matter.

[6] Durant W, Mansions of Philosophy.

[7] Keyserling Hermann, Creative Understanding.

[8] Hocking W E, Self Its body and freedom.

 

[9] Muller-Freienfels R., Mysteries of the Soul.

[10] Ames Edward Scribner, Religion.

 

[11] Hollander Bernard. M.D., In search of the Soul.

 

[12] Mülle