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SECTION QUATRE INSTRUCTIONS PERSONNELLES AUX DISCIPLES - Partie 1

SECTION IV

INSTRUCTIONS PERSONNELLES AUX DISCIPLES DONNEES PAR LE TIBETAIN

à L.D.O.

Août 1940.

Une des choses, mon frère, qui se développe dans votre conscience est le fait spirituel fondamental que la vie du disciple "dans le corps ou hors du corps" (comme l'a dit l'initié Paul) ne demeure pas immobile, mais va inévitablement – si le disciple est sincère et fervent – de révélation en révélation. Pour le disciple engagé, tel que vous, cette révélation ne se limite pas aux profondeurs et hauteurs mystiques, mais elle devient de plus en plus une partie de la conscience reconnaissable du cerveau. C'est une leçon que vous apprenez rapidement et je vous en félicite. Continuez ainsi ; dans la période prochaine de reconstruction, votre service pourra être efficace.

Toutefois, mon frère, pour être vraiment efficace de la manière désirée, vous devez cultiver l'attitude consistant à n'être qu'un canal, libre et sans obstacle, que vous ne devez pas obstruer par vos idées, vos plans et vos activités du plan physique. Je ne souhaite pas que vous cessiez de faire des plans et de travailler activement, mais je voudrais que vous ayez plus de discernement et de prudence. Je souhaiterais vous voir réfléchir à l'utilité qu'il y a entre inspirer de nombreuses personnes pour qu'elles travaillent activement au service de l'humanité, et veiller à vos propres activités, tous vos efforts étant focalisés sur le travail d'organisation. Ce travail d'organisation a toujours provoqué chez vous un léger mirage. Éveiller le désir de servir et attiser la flamme de l'amour intelligent pour l'humanité, dans le cœur de vos semblables, pourrait vous fournir un champ adéquat de service. Cela enrôlerait en coopération active, à la fois votre personnalité et votre âme ; c'est quelque chose que vous pouvez faire remarquablement bien. Le don d'inspiration divine, utilisé pour affecter les autres et les galvaniser dans l'action, est rare, mais c'est un résultat naturel de votre [444] polarisation spirituelle. Vous le savez et vous devriez de plus en plus vous servir de cette faculté. Essayez d'être, comme je vous l'ai dit précédemment. Efforcez-vous d'être un conduit de force spirituelle ; cultivez la faculté d'identification avec ceux que vous cherchez à inspirer, car cela mène au transfert direct de l'énergie. Développez en vous-même la divine indifférence quant à la forme de votre service, et réfléchissez profondément à la pensée du "service par radiation".

Comme vous le savez déjà, les cinq rayons gouvernant votre expression monadique, en tant qu'âme et personnalité, ne sont pas particulièrement bien équilibrés. Dans cette incarnation, vous êtes trop dans la ligne du second rayon dans votre approche de la divinité ; vos rayons sont le deuxième et le quatrième. Quand le rayon de la personnalité, le rayon mental et le rayon astral sont étroitement apparentés, il existe toujours une situation facile de contact, de relation et d'intégration intérieure. Néanmoins, quand l'énergie intérieure passe à l'expression extérieure sur le plan physique, il apparaît ce que je pourrais appeler un manque de fermeté et une réaction trop fluide aux impulsions et aux idéaux spirituels. Il y a une tendance de la vie correcte et inflexible vers le domaine de la réalité spirituelle, mais, dans le champ de la manifestation, dans l'activité créatrice, il existe fréquemment de l'instabilité et l'habitude d'expérimenter. La versatilité même du second rayon (répétée deux fois dans votre vie) tend à rendre confuse, dans votre mental, la question du service et de son accomplissement correct. Vous faites tant de choses, mon frère ; si vous regardez votre vie passée, vous découvrirez qu'elle est composée de courtes périodes où vous étiez intensément préoccupé de ce que vous croyiez sincèrement être le dessein du moment. Le temps est maintenant venu où le dessein de l'âme, dans le temps et l'espace, doit devenir une vraie conviction, gouvernant toute activité future et toute expression sur le plan physique, subordonnant votre nature inférieure tout entière à une intention fixe et à la volonté dirigée de l'âme.

Pour vous, je le répète, le service par radiation est la voie. Pour y parvenir, il sera nécessaire que vous suscitiez la volonté latente qui devra être développée et dominante chez vous, quand viendra le moment de la troisième initiation ; l'influence monadique sera alors, de manière prédominante, la volonté divine de dessein. L'expression de cet aspect [445] supérieur de la volonté, en relation avec les trois rayons d'aspect, sur lesquels tous les initiés se trouveront finalement, est de même triple :

1. Il y a la volonté dynamique exprimée par les égos de premier rayon.

2. Il y a la volonté inclusive et radiante des âmes de second rayon. C'est avec ce genre d'expression de la volonté et de dessein reconnu de la vie que vous devez apprendre à vous mettre en contact direct.

3. Il y a la volonté magnétique de l'ego de troisième rayon qui attire, manipule et aménage selon le dessein divin. Ce n'est pas le même genre de magnétisme que celui de l'amour.

Dans la méditation que je cherche à vous donner, nous avons principalement à l'esprit cette volonté inclusive et radiante ; pendant les quelques mois à venir, je voudrais que vous suiviez les instructions suivantes...

La vie est difficile en ce moment, mais vous ne manquez pas de courage, et le sens de la réalité intérieure vous maintiendra fidèle au but et ferme dans l'expression. Mon attention se tourne vers vous quand vous en avez besoin. Il est possible de m'atteindre.

Août 1942.

1. Tenez-vous au centre d'une absence de passion, le cœur enflammé, mais cependant calme.

2. Ne soyez pas le centre du travail que vous entreprenez, du service rendu, mais sa vie fluide.

3. Transmuez le dévouement à une cause, à moi-même, à vos frères ou à votre groupe, en un amour enflammé pour tout ce qui respire.

4. Apprenez que vos causes sont des effets. Laissez-les en arrière, et recherchez le monde des causes.

5. Trois personnes dans ce groupe sont proches de vous. Découvrez qui elles sont et pourquoi il en est ainsi.

6. Posez à votre âme cette question : Pourquoi D.K. est-il le Maître qui m'a choisi ? [446]

Mon frère,

Septembre 1943.

Depuis que j'ai communiqué avec vous, il y a plus d'un an, la vie vous a apporté certains changements radicaux : quelques-uns ont été le résultat de la guerre et de la réaction de votre personnalité à la guerre; un petit nombre d'entre eux a été la conséquence de l'impulsion de l'âme. Ces changements et les rajustements qui s'en sont suivis ont été si nombreux et ils sont survenus avec une telle soudaineté, que vous n'avez pas encore eu le temps de voir clairement, en vous-même, la caractéristique de chaque changement ou la source dont il émane. Chaque changement dans les conditions de vie sur le plan physique est le résultat de quelque cause interne. J'y ai fait allusion quand je vous ai donné les six déclarations dont le but était de vous aider à diriger votre vie. Je vous ai dit : "Apprenez que vos causes sont des effets. Laissez-les en arrière et recherchez le monde des causes."

Ces mots contiennent, comme vous le savez, l'une des premières leçons que le disciple doit maîtriser. L'initié vit dans le monde des causes, car c'est évidemment le monde de l'initiation. Il s'occupe donc des événements de base qui jouent le rôle d'impulsions vitales, et entreprend uniquement les activités formulées par lui en tant qu'âme, et (gardez ceci à la pensée) en tant qu'âme dont la personnalité est initiée. À cause de cette capacité de la personnalité de voir les choses comme l'âme les voit, ses activités sont le résultat d'une intention spirituelle délibérée.

C'est donc l'une des premières leçons qu'il est de mon devoir (comme c'est le devoir de tous les Maîtres) d'enseigner à tous ceux qui viennent d'être acceptés dans mon ashram. Ceux-ci ne sont pas des débutants dans la vie occulte, comparés à l'homme ordinaire, mais au point de vue de l'ashram, la plupart d'entre vous êtes indiscutablement des débutants. À chacun de vous, je dois donc enseigner un peu la nature de ce monde des causes, et comment découvrir si vous ne fonctionnez pas comme une personnalité s'efforçant, dans la mesure du possible, d'être sensible à l'incitation de l'âme, plutôt que de fonctionner littéralement comme une âme. Ce sont deux choses très différentes, mon frère. Comment pouvez-vous, en tant que disciple, décider ce que vous faites et connaître vos raisons ? Tout ce que je peux faire, en tant que votre Maître, est de vous indiquer une approche de la réalité, puis de vous laisser [447] parvenir à une juste décision, par la connaissance directe ou intuitive, seul et sans aide.

Les décisions que doit prendre le disciple sont basées sur des incitations, des impulsions et des désirs divers ; elles diffèrent de celles prises par l'homme ordinaire en ce que le disciple les accompagne toujours d'une mise en question, et qu'il pratique un examen intérieur constant, souvent troublant, du motif et du dessein. Vous avez bien des fois affronté de telles périodes de mise en question au cours de l'année passée, mon frère, et vos réponses ont nettement affecté la vie de votre personnalité, votre service du Plan, vos diverses affiliations de groupe et votre attitude générale envers le domaine spirituel. Vous le savez. L'un des aspects de votre nature est profondément satisfait ; l'autre est plein de doute et de recherche ; votre âme est sur la voie d'une expérience de vie plus riche et plus pleine, d'où les difficultés.

D'une certaine manière, la guerre ne vous a pas vraiment touché, même si vous ripostez en disant qu'elle vous a touché du point de vue émotionnel. Les émotions, néanmoins, sont éphémères. Les entreprises de la personnalité ont largement compensé vos réactions, et les changements dans la vie de votre personnalité, de votre environnement, de vos habitudes établies ont compensé beaucoup de vos réactions. C'est peut-être tout aussi bien. Puis votre tentative de service mondial vous a aussi intensément préoccupé, et vous avez essayé d'être ce que je vous suggérais dans ma déclaration "la vie fluide" de tout ce que vous vous efforcez de faire. En ce qui concerne ce travail, j'ai ceci à dire : Vous rendrez mieux service si vous évitez de considérer vos plans et votre organisation comme étant uniques, et si vous n'essayez pas de vivre complètement à la hauteur du concept mondial. Votre travail est inspiré à partir de mon ashram ; il est partie intégrante de plans beaucoup plus vastes, et largement modelé sur les plans ashramiques faisant eux-mêmes partie d'efforts hiérarchiques encore plus grands ; il comporte peu d'originalité. C'est une petite partie d'un tout beaucoup plus grand, et il a un rôle très nécessaire à jouer. Je vous rappelle que de très grands arbres viennent de très petites graines. Votre graine est l'une parmi beaucoup d'autres dans une grande cosse (pour utiliser un symbole en botanique). Cette cosse contient beaucoup de graines semblables, qui donneront des arbres semblables.

Vous avez un mental fluide et vous pouvez faire beaucoup si vous [448] mettez l'accent où je le suggère, sur la vie fluide. Autrement, votre mental fluide vous poussera à tant d'activités utiles, que beaucoup d'entre elles ne représenteront pas grand-chose. L'un de vos besoins majeurs est un plan de concentration et une aptitude à choisir avec discernement l'activité et la technique. Il n'est pas possible que vous accomplissiez tout ce qui vous apparaît comme nécessaire ; donc, faites ce qui apportera le plus de bien au plus grand nombre d'âmes qui cherchent. C'est toujours chose difficile à saisir pour le travailleur créateur. Exécuter ces plans est souvent pour lui une récompense satisfaisante de l'effort ; son activité et son attention focalisées sont basées sur ce qu'il crée. Cependant la chose créée n'est qu'un effet ; un effet de quoi, mon frère ?

Nous en revenons à la question subtile à laquelle votre âme souhaite vous voir répondre dans cette vie, car en y répondant vous trouverez une libération qui vous offrira une possibilité précise dans votre prochaine vie. Quels sont les motifs qui vous poussent à l'action dans la vie de votre personnalité, dans les relations de groupe et dans le service de l'humanité ? Une réponse générale ne suffira pas, car vous découvrirez que plusieurs motifs entièrement différents conditionnent chaque champ d'expression ; quand vous les connaîtrez, vous serez en mesure de ramener les trois phases de votre vie à un tout agissant, correctement orienté. Votre travail créateur résulte-t-il d'un désir de créer, ou est-il promu par l'amour de l'humanité, et donc, par une réponse automatique intelligente à l'appel humain ? Nourrissez-vous une petite graine vigoureuse, ou essayez-vous de transplanter un arbre ? Cette dernière question est bien plus significative que vous ne le supposez peut-être. Elle contient, dans la réponse correcte, le secret de votre réussite. Coopérez-vous au Plan ou, en réalité, à vos plans ? Encore une question importante.

Une vie fructueuse de service s'étend devant vous, pendant la future période de reconstruction, mais elle ne s'exprimera complètement que si vous parvenez à un point de focalisation, conduisant à un point de tension qui, à son tour, conduira inévitablement à un point de crise. Quand ces facteurs – focalisation, tension et crise – conditionneront toute votre vie, votre travail progressera vers une maturité des plus désirables.

Comme tous les travailleurs créateurs, mon frère et ami, toutes [449] les formes dont vous n'avez pas pris vous-même l'initiative vous déplaisent : je ne vous donne donc pas une forme fixe de méditation, mais une structure de pensée que j'aimerais voir servir dans votre monde d'approche de la vie, du travail, et de tout ce que vous faites en tant que disciple issu de mon ashram. Cela constituera votre contribution aux besoins du groupe et de l'humanité.

Prenez les trois mots que je vous ai donnés et essayez de tisser les énergies qu'ils représentent dans le canevas de votre vie, accueillant favorablement les changements qu'ils peuvent apporter et sachant qu'ils sont, pour vous, la méthode correcte, car ces trois concepts gouvernent le processus de l'évolution nécessaire pour vous actuellement, ainsi qu'ils le font pour la plupart des disciples et, dans une certaine mesure, pour toute nature inférieure en développement.

I. Focalisation.

Cherchez à vérifier, dans un sens général, où est établie la focalisation majeure de votre vie. Est-elle émotionnelle, mentale ou au niveau de l'âme ? Cette focalisation consciente se trouve-t-elle dans la Hiérarchie, dans mon ashram ou ailleurs ? Quel est votre point focal journalier, lorsque vous observez chaque jour de votre vie ? Où s'est située votre attention, chaque jour, sachant que la focalisation du disciple est fréquemment à un endroit, alors que son attention est ailleurs ? Savez-vous ce que je veux dire en écrivant ces mots ?

II. Tension.

Étudiez pendant l'année qui vient et cherchez si vous connaissez la vraie signification de la tension. Pour vous, cela devrait désigner (j'emploie un symbolisme que vous devriez comprendre) ce moment de sensibilité exquise qui apparaît au moment où la vie intérieure atteint le point "d'éclosion" à la lumière. C'est ce moment d'expectative dans la direction consciente et vigilante, qui caractérise le coureur des Jeux Olympiques, lorsqu'il se tient en équilibre, prêt à l'effort et à l'épreuve suprêmes. Ce devrait être, pour vous, le moment où votre identification avec ce que vous faites, s'éloigne de l'acte de faire (qui n'est en réalité qu'un effet d'une cause ou d'un motif créateurs), et pénètre dans le monde des origines, des motifs et des causes. Dans ce suprême moment de tension, vous reliez la vie et la forme, le fluide [450] et le concret ; un organisme prend alors forme devant vos yeux, et non une organisation.

III. Crise.

La compréhension et le système de juste réflexion qu'engendreront les deux processus ci-dessus, aboutiront inévitablement à un point de crise. Au sujet d'une telle crise, je peux dire peu de chose. Elle se produira conformément à votre aptitude à vous focaliser, si vous obtenez la tension correcte. La précipitation de la crise vous donnera donc libération, liberté, clarté de vision, et entrée dans la lumière.

En terminant, permettez-moi de vous dire : Conservez votre intégrité essentielle et innée, mon frère. Soyez comme le jeune arbre qui supporte les tempêtes de vent et de pluie, maintenant intacte sa vie dans la forme et acquérant de plus en plus de beauté à mesure que sa force se développe. Ma bénédiction s'étend sur vous constamment, et vous aurez ma coopération et mon aide en cas de besoin. Vous pouvez compter sur cela. Accueillez le bonheur et la détresse de la même manière, avec équilibre ; et pour tous ceux que vous rencontrez soyez la main forte dans l'obscurité.

Mon frère,

Novembre 1944.

Je crois que lorsque ceci vous atteindra et que vous examinerez le temps écoulé entre ces instructions et les précédentes, vous comprendrez la signification des événements de votre vie, d'une manière nouvelle. Ils ont été nombreux et variés. Vous rendez-vous compte de leur sens ? L'année passée vous a apporté crise après crise ; elle a comporté des périodes de quiétude et d'activité forcée ; elle a apporté aussi des périodes de nette reconnaissance de développement, où vous avez enregistré une expansion et où vous êtes parvenu à certaines décisions intérieures, qu'il faudra respecter et que vous respecterez, car elles ont marqué une certaine apogée dans le développement de votre âme.

Votre problème concerne maintenant ce point que vous avez atteint. Cette apogée est-elle temporaire et préliminaire à une élévation encore supérieure ou bien avez-vous – pour cette vie – réglé votre allure, [451] et ne pouvez- vous avancer plus vite ? Les disciples tels que vous doivent apprendre que ce genre de décision n'indique pas un choix entre le bien et le mal, ou entre le progrès et l'absence de progrès. C'est simplement une décision liée spécifiquement au facteur temps. Une telle décision exige une évaluation, une reconnaissance de l'occasion offerte à la fois par le karma et par le service, et les décisions judicieuses en rapport avec vos activités sur le Sentier.

Il est aisé de surestimer l'importance d’une incarnation particulière sur le chemin de la vie ; il est aisé de nourrir la conscience de la personnalité, dans le temps et dans l'espace, et ainsi de ne pas enregistrer la perspicacité de l'âme, qui règle l'absence de temps, ne connaît ni passé ni avenir, mais seulement le sens d'Exister (faiblement et confusément, car ce sens est une prérogative monadique) et le sens de relation, (fortement et de façon urgente).

Certaines âmes en incarnation doivent constamment pousser leur personnalité à l'action ; il leur faut l'exhorter à la réalisation et à l'activité. Cela n'est pas le problème auquel vous devez faire face, mon cher disciple. Pour vous, la "leçon des intermèdes" est d'importance majeure. J'emploie ce mot dans son sens le plus technique, comme les Maîtres l'emploient lorsqu'Ils essaient de diriger vers n'importe quelle vie au sein de l'ashram, vers des voies qui sont, pour cette vie, le processus essentiel dans l'immédiat.

Dans tous les exercices de respiration, il y a, comme vous le savez, des processus d'aspiration et d'expiration, avec deux points intermédiaires entre les deux, ceux des intermèdes. Les débutants dans le mécanisme correct de la respiration semblent inévitablement préoccupés des processus impliqués, de la quantité d'air devant être aspirée et expirée, des effets physiologiques subséquents et de leur correspondance éthérique. Les connaissants et les disciples portent peu d'attention à cette double activité. Ils se préoccupent de ce qui se passe dans leur conscience pendant les intermèdes, entre les aspirations et les expirations fixées. Ces phases de conscience enregistrée sont en réalité des points de détachement. Elles marquent les cycles de tension et vous devriez les étudier et les employer soigneusement. Ceci est un facteur de votre futur développement sur lequel j'attire instamment votre attention.

Dans mes dernières instructions je vous ai donné trois mots sur lesquels méditer ; ils devaient constituer le thème de votre travail de [452] méditation pendant toute l'année. Grâce à ces mots, vous pourriez jauger vos processus de vie et déterminer votre activité. Grâce à eux aussi (si vous les employez correctement), vous pouvez arriver à une véritable compréhension de la loi des Cycles, dans votre vie, dans la vie de tout groupe apparenté et dans la vie de l'humanité elle-même. Ces cycles sont aussi étroitement liés, comme vous pouvez l'imaginer, au rythme de la respiration. On pourrait l'envisager de la manière suivante, en gardant à l'esprit les relations suggérées :

1. Aspiration Focalisation Concentration de la vie

2. Intermède Point de Tension Instauration des causes

3. Expiration Crise Production des effets

4. Intermède Reconnaissance Prélude à une nouvelle focalisation

Ces phases d'activité – positives et négatives – peuvent s'appliquer à tous les aspects de la vie et à toutes les activités. Vous pouvez les instituer et en faire l'expérience en tant que personnalité, et tout leur effet sera alors contenu dans la vie de la personnalité dans les trois mondes ; pendant ce temps vous êtes en voie de les apprendre en tant qu'âme et en tant que disciple ; pendant le reste de votre vie, elles devraient établir le rythme de votre effort. Plus tard, sur le Sentier de l'Initiation, vous réapprendrez le même processus sur la courbe la plus élevée possible de la spirale au sein du rythme planétaire – mais ce temps n'est pas encore là.

Dans ces instructions individuelles, mon frère, je souhaite insister auprès de vous sur la nécessité d'établir cette "respiration de la conscience", rythmique et cyclique. Réfléchissez à cette expression, et faites que cet objectif soit pour vous une affaire vraiment importante, jusqu'au moment où vous travaillerez sur les niveaux intérieurs, libéré du corps physique ; vous trouverez cet effort à la fois intéressant et pratique.

Que ces quatre stades conditionnent la trame de votre méditation journalière. Qu'ils marquent aussi la trame de votre vie quotidienne, indiquant que vous rassemblez les sources d'approvisionnement destinées à la vie de service à laquelle vous aspirez ; je parle ici du processus de méditation quotidien. Qu'ils marquent aussi la répartition de ces énergies, [453] silencieusement mise en œuvre selon un plan soigneusement conçu, entre les devoirs prévus de la journée et la tâche extérieure active d'exhaler dans le monde des hommes ce qu'il est de votre devoir d'y apporter. Puis, passez à l'intermède final de reconnaissance.

Ce sur quoi je cherche à insister auprès de vous, est l'impérative et permanente nécessité des intermèdes, en ce qui concerne le reste de votre vie. Ces intermèdes sont pour vous des moments de croissance ; ce sont essentiellement des "époques d'emmagasinement" (si je puis employer une expression si frappante et inhabituelle) ; elles sont "le germe du samadhi". Qu'est-ce que le samadhi, du point de vue de l'initié, et entendu ésotériquement ? Simplement les intermèdes dans la vie de service de l'initié, pendant lesquels il retire toutes ses forces dans un "puits de silence", puits plein de l'eau de la vie. Dans cet état de conscience, deux activités précises apparaissent : la Tension et la Reconnaissance. Sans ces intermèdes d'abstraction, son travail faiblirait lentement à mesure que faiblirait la tension instaurée plus tôt; son aptitude à attirer et à maintenir les autres conformes à la vision disparaîtrait de même lentement, à mesure que sa faculté de reconnaître serait atteinte de myopie. L'initié, donc, travaillant dans l'ashram, se retire aux moments nécessaires. À mesure qu'il aspire la vie de la Hiérarchie, et de plus en plus celle de la Monade (ce qu'il apprend à faire progressivement), et à mesure qu'il exhale l'essence vivante dans le "monde des vies de service", il dépend de plus en plus des intermèdes où il se plonge dans l'Existence et dans la Conscience, parties intrinsèques du "Tout animant la Vie". J'emploie à dessein cette expression "le Tout animant la Vie" pour indiquer que les points d'intermède ne sont nullement liés à la vie dans la forme, mais à la vie de la Vie même.

Suis-je trop abstrait pour vous, mon frère ? Je ne le crois pas. Lorsque je regarde votre avenir et sens la qualité de votre vie, je sais que la note-clé de votre programme intérieur devrait toujours être de reconnaître que votre âme a pour exigence essentielle des intermèdes rythmés ; votre personnalité, donc, devrait insister sur cette abstraction. Je ne veux pas dire abstraction du service extérieur, mais une attitude intérieure constante, cyclique, d'abstraction déterminée, conforme à un plan. [454]

Si vous voulez bien étudier la combinaison de vos rayons, vous noterez que vous n'avez qu'une seule énergie de rayon sur la ligne du premier rayon, qui est le rayon du septième type d'énergie. Tous vos autres rayons sont reliés au deuxième grand rayon, celui Amour-Sagesse. Ceci constitue nécessairement un problème jusqu'à ce que vous vous souveniez que le septième rayon est le rayon de l'intermède – intermède et rayon qui deviennent actifs quand le travail magnétique d'attraction des rayons constructeurs est prêt à se précipiter dans le monde phénoménal, et à engendrer – selon la loi du Rituel et du Cérémonial divin – de nouvelles phases de travail. Celles-ci sont mises en route dans le silence du processus d'abstraction, libérées quand l'intermède de tension a terminé son travail, et deviennent effectives quand l'intermède de reconnaissance a rendu possible une nouvelle focalisation.

Je ne vais pas indiquer à vous qui êtes disciple de mon ashram les lignes que devrait suivre votre travail. Vous avez déjà mis en route certaines activités, à la fois dans la vie de la personnalité par votre mariage, et dans le monde par l'ordre que vous avez tenté d'établir. Ce que vous avez commencé, vous devez le poursuivre ; vous pouvez considérer ces mots soit comme une déclaration de fait, soit comme une prédiction, soit comme un ordre de votre âme. Mais votre réussite dans ces deux départements de la vie dépendra de votre utilisation efficace des "intermèdes". Vous seul pouvez en déterminer le moment opportun, et ceci – pour réussir – exigera l'application et la reconnaissance du besoin, mais aussi la reconnaissance de l'occasion spirituelle.

Pour commencer, afin de vous aider à trouver la longueur des cycles d'aspiration et d'expiration, je vous suggère d'essayer de placer l'un de ces intermèdes au moment de la pleine lune de chaque mois ; le second intermède pourrait venir à la fin de chaque trimestre de travail, au moment de la troisième nouvelle lune. Il vous faudra organiser cela vous-même et, ce faisant, vous pourriez établir un rythme fondamental dans votre vie, ce que vous ne regretteriez jamais. Vous pourriez travailler selon les lignes suivantes d'abstraction rythmique :

1. Douze brefs intermèdes mensuels abstraits, au moment des douze pleines lunes annuelles. [455]

2. Quatre brèves abstractions trimestrielles, au moment des quatre nouvelles lunes, dépendant de la date de l'intermède majeur initial.

3. Deux périodes plus longues d'intermède ou d'abstraction, au moment des pleines lunes de mai et juin.

Ces points d'abstraction intérieure, ou intermèdes de votre vie subjective, peuvent être exécutés sans que cela interfère avec votre vie objective de service, d'obligations et de devoir. Je vous recommande aussi ces trois mots comme thèmes de méditation.

L'année dernière, je vous ai donné les trois mots : Focalisation, Tension, Crise. Pour l'année prochaine je vous en donne trois autres : Obligation, Service, Devoir. Pour l'année commençant en septembre, je vous donne : Émotion, Intuition, Sagesse. Vous avez donc trois thèmes pour trois années de travail dans le domaine de la méditation. "L'homme est tel que sont les pensées dans son cœur." Quand vous aurez couvert ces neuf thèmes de réflexion, je suggère que vous recommenciez, établissant ainsi un cycle de trois ans dans votre processus de construction mentale rythmique.

Tenez-vous près de vos frères de groupe. Cherchez à établir un contact subjectif et réel avec F.C.D. dont la nature est si proche de la vôtre quoique avec plus de force de premier rayon. Qu'il vous arrive ou non de travailler pour lui et avec lui sur le plan extérieur n'a pas beaucoup d'importance. Ce qui est nécessaire, c'est de travailler avec lui sur les plans intérieurs, lui donnant votre appui et recevant de lui la force dont vous avez besoin. Au cours de chaque méditation du matin, à un certain moment, je vous demande de l'appeler par son nom, trois fois, et puis de lui envoyer les pensées de votre cœur. Un lien serait ainsi établi que vous ne regretteriez jamais.

Quant à votre relation avec moi, mon frère, rien ne peut changer. Vous êtes intégré dans mon ashram ; vous avez ma confiance ; l'amour de vos frères du groupe extérieur de l'ashram vous enveloppe à tout moment. Cherchez à prendre contact avec moi à chaque période de pleine lune, et attendez-vous à des résultats.

Mon amour et ma bénédiction s'étendent sur vous, et le service de mon ashram vous soutient. [456]

Mon frère,

Août 1946.

Je n'ai rien d'autre pour vous aujourd'hui qu'une heureuse reconnaissance. Vous avez poursuivi la tâche de votre vie avec patience, sérénité et prévoyance. Vous essayez de vivre avec succès la double vie du disciple, couvrant les obligations personnelles et le domaine choisi pour le service de l'âme. Lorsque le mot "succès" est employé, je vous rappelle que le Maître ne voit ni ne remarque les menus échecs, les moments de détresse ou de trouble, ni les frictions des personnalités qui (du point de vue du disciple qui observe) semblent gâter le tableau. Parfois – rarement d'abord, mais plus fréquemment lorsque le service rendu devient plus important – le Maître prend connaissance du progrès général, du développement de la structure générale du service que crée le disciple, et de l'extension de sa lumière dans le monde. Cela nous amuse parfois de noter que certains disciples (surtout ceux qui ont été entraînés dans les groupes des premiers temps, entachés par la personnalité) croient que les Maîtres fouillent du regard leur vie journalière, connaissent leurs menues erreurs, leurs sots petits échecs, et sont complètement au fait de tout ce qu'ils pensent et font. Nous nous demandons parfois où ils pensent que les Maîtres trouveraient assez de temps, et pourquoi Ils s'intéresseraient tellement à des habitudes de pensée, d'action et de parole que le disciple est en train de surmonter rapidement.

Nous ne nous intéressons qu'au bien dont n'importe quel individu fait preuve ; seul le bien nous atteint, excepté dans le cas d'un groupe tout entier, où les échanges de groupe, l'action de groupe et l'effet de groupe affectent l'ashram. La qualité de la vibration ressentie lorsque nous entrons en contact avec vous est celle de l'innocuité et de la bonne volonté envers tous les hommes.

Je suis content que vous suiviez la ligne de votre énergie de second rayon, et que vous ayez une activité de septième rayon ; cela signifie qu'inspiré par le sens de l'unité inhérent à votre âme, vous travaillez sur le plan physique (point d'expression du septième rayon) et unissez esprit et matière. Rappelez-vous toujours que ce rayon, apparaissant de nouveau en manifestation cyclique, est celui qui relie l'énergie [457] spirituelle nouvelle qui afflue, à la substance ou aspect matière qui répondra à son impact, l'utilisera et finalement lui donnera la forme voulue. Sachez donc clairement ce que vous tentez de faire.

La principale nécessité hiérarchique aujourd'hui (en dehors du besoin de travailleurs) est de former en tous lieux des groupes tels que le vôtre, de mettre en relation un groupe avec un autre au sein du champ d'influence de ce super- groupe, la Hiérarchie. De tels groupes se forment par milliers actuellement et se trouvent en tous pays ; finalement, ils fusionneront en un grand mouvement de bonne volonté, qui est la véritable expression de l'esprit. Les aspirants de partout, les étudiants de l'école Arcane dans le monde entier et mon groupe de travailleurs spéciaux tels que vous-même, doivent entrer en contact avec ces groupes, les approchant sur un point seulement, qui est la Bonne Volonté. Il faut nécessairement laisser chaque groupe libre de poursuivre sa propre destinée et son mode de travail. L'unité est un idéal nécessaire et c'est l'autre face de la Bonne Volonté. Quand le moment opportun en sera venu, ces groupes devront unanimement lancer un grand manifeste à la face du monde, des manifestes identiques étant lancés dans chaque pays, par tous les groupes préconisant l'unité et la bonne volonté mondiale. Grâce à eux, le mot "bonne volonté" sera chargé de pouvoir sur toute la planète, tandis que disciples et aspirants chargeront, par leur pensée, le mot "unité" de pouvoir caché. Ainsi un vaste groupe d'hommes de bonne volonté travailleront dans l'union, quoique indépendamment et – dans les moments de crise mondiale – il existera une opinion publique structurée prête et universelle, tellement forte et organisée, qu'il sera impossible de la négliger.

Le schéma de votre vie, mon frère, est maintenant établi ; ne cherchez pas à le modifier indûment, mais essayez de faire de votre foyer un centre de lumière spirituelle ; faites en sorte que votre ordre soit si vibrant, si vivant, qu'il puisse apporter la stimulation à d'autres groupes. Vous avez donc du travail pour toute une vie, travail où tous les aspects de votre nature trouveront pleinement leur expression. Pour les disciples, seules les tâches exigeant leur pleine mesure d'efficacité ont une réelle valeur.

Je vous demande, si vous l'estimez possible, d'aider au maximum de vos capacités votre frère disciple F.D.C., dont les rayons sont si étroitement apparentés aux vôtres. Il s'est lancé dans une tâche [458] extrêmement difficile... et son futur travail ne sera pas facile. Aidez-le ; c'est l'un de nos agents qui est digne de toute l'aide possible ; bien qu'il soit temporairement dans mon ashram, c'est un puissant travailleur de l'ashram de K.H., son Maître et le mien. Vous pouvez aussi travailler puissamment avec J.W.K-P dont les rayons, à une différence près, sont les mêmes que les vôtres.

Dans vingt-cinq ans, assez de travail aura été accompli par des groupes tels que le vôtre pour que le schéma de l'unité mondiale puisse être perçu distinctement. La théorie sera comprise et une application directe en sera faite. L'unité deviendra un but mondial précis, en un sens différent du sens actuel. Les mots "Les âmes des hommes sont une" seront une doctrine de toutes les croyances mondiales. Donc, mon frère, continuez à unifier – qu'il pleuve ou que le soleil brille.

Je me suis demandé ce que je pourrais vous suggérer comme méditation. Vous avez la vision, et je pense que vous ne la perdrez jamais. Une méditation conforme à un plan précis n'est pas facile pour vous, et cependant – afin de faire passer la vision dans les faits – la méditation est fondamentale, car, de même qu'il est éternellement vrai que "l'homme est tel qu'est la méditation dans son cœur", il est de même vrai que telle est la méditation de l'homme dans sa tête, telle sera la manifestation de sa vision sur terre. Une grande protection existe pour vous dans l'élimination de tous les problèmes de personnalité – les vôtres ou ceux de n'importe qui – de votre projet actuel de méditation ; vous devrez établir ce projet vous-même, chaque année, et vous y tenir. Son thème doit découler du travail d'unification, du travail que vous avez déterminé vous- même.

Mon frère, associez l'humanité à cette tâche ; ne cherchez pas à relier les groupes avec votre groupe, mais reconnaissez que votre groupe et tous les groupes similaires font partie d'un mouvement spirituel d'ampleur mondiale qui, lorsqu'il s'accélérera, engendrera l'unité pour tous. Une super-organisation insistant sur l'unité est la dernière chose souhaitable ; aujourd'hui, le monde a besoin d'une multiplicité d'organismes vivants reliés sans rigidité par la coopération, la communication constante, l'identité de but et de dessein...

Je ne vous assigne aucune méditation particulière. Élaborez votre propre méditation, mais faites qu'elle soit conforme au concept général que je vous ai constamment présenté, à tous. Vous pouvez, par vous-même et en tant que disciple accepté, chercher à entrer dans la vie de [459] l'ashram et ainsi entrer en contact avec moi. Ceci pourra prendre du temps, mais le lien est fort et élastique (réfléchissez à ce terme) et le respect des règles assurera le succès. Ma bénédiction reste sur vous et sur votre aspiration.

à F.C.D.

Mon frère,

Août 1940.

Les quelques mois qui viennent de s'écouler ont été extrêmement difficiles pour vous, n'est-ce pas ? Deux fois j'ai senti la nécessité de vous envelopper d'un soin protecteur, et de me dresser comme un mur entre vous et les circonstances. Êtes-vous conscient de ces deux contacts ? Ils se produisirent à des moments d'extrême fatigue et d'extrême tension. L'avenir vous réserve beaucoup d'inquiétude ; je vous en préviens, car être préparé aide beaucoup dans le cas des disciples ayant imagination et sensibilité. Ce sont les conditions plus que les circonstances qui causeront votre inquiétude. Comprenez-vous la distinction ? Les conditions personnelles, nationales, raciales, se rencontrent dans votre vie, créant un véritable tourbillon de difficultés et un mélange de mirage et de réalité. Les disciples travaillent dur (comme vous l'avez toujours fait) à rendre inclusives leurs relations avec l'humanité, et ils luttent pour engendrer les conditions qui produiront cette désirable expansion de conscience. Mais ils oublient souvent que cette expansion de conscience ne les rendra pas sensibles seulement aux influences supra-humaines et aux conditions de l'âme, mais qu'elle doit nécessairement inclure tous les stades intermédiaires de conscience, ainsi que la faculté d'englober les réactions, les conditions émotionnelles et mentales et la souffrance de l'humanité, désorientée et gravement éprouvée. Elle englobe aussi ses joies et ses aspirations.

Le mirage d'une sensibilité extrême est votre plus grand handicap, mon frère, et limite nettement votre utilité. Votre plexus solaire est largement ouvert à toutes les impressions. Mais vous, en tant qu'âme, êtes tout à fait indifférent, et vous ne souffrez pas du tout. Je crois que vous en êtes conscient. Libérez- vous donc, sur le plan physique, de [460] toute impression psychique passant par le plexus solaire, et cherchez au contraire à n'enregistrer que les impressions et les contacts concernant votre service et le prochain pas précis en avant que l'homme doit franchir. Surveillez soigneusement ce processus dans votre vie. Votre extrême sensibilité et impressionnabilité psychique (d'un ordre très élevé, je dois l'admettre, mais néanmoins personnelle) doit être surmontée par une sensibilité spirituelle, extrême et parallèle. Je crois que vous le comprenez, et vous savez aussi que cette tendance spirituelle est accompagnée chez vous par une puissante inertie, mentale et physique. La puissance de votre activité astrale épuise les deux autres pointes du triangle de la personnalité. Votre connaissance spirituelle est si réelle que vous saisirez ce que je veux dire sans que je m'explique davantage.

Vous êtes, mon frère, sur le sentier du Christ, et vous vous préparez à fouler ce sentier d'aide et de sauvegarde de l'humanité ; il vous faut apprendre (en sentant intensément) la futilité de l'émotion et du sentiment comme moyens de sauver vos frères. Vous avez besoin d'acquérir la divine indifférence qui laisse l'âme libre de servir sans l'entrave des réactions personnelles, car c'est ce que sont fondamentalement, tous les états du plexus solaire.

Je viens de vous donner une indication importante ou de vous communiquer un fait, selon les cas, en disant que la "puissance de votre activité astrale épuise les deux autres pointes du triangle de la personnalité". Votre problème, dans cette vie, a été le même que celui d’A.A.B., soit le transfert de l'énergie du plexus solaire vers le cœur. Le premier stade de ce processus est, en termes ésotériques, la découverte de la puissance de la polarisation astrale de toutes les forces de votre personnalité ; la focalisation tout entière de votre vie est sur le niveau le plus élevé du plan astral. Dans votre cas (pas dans celui d’A.A.B.) cela a conduit à un retrait d'énergie du corps physique (le corps éthérique), entraînant débilité et fatigue physiques ainsi qu'une grande difficulté à vous "ancrer" sur le plan physique. Cela a provoqué aussi un épuisement et un affaiblissement considérables de l'aspect Volonté. Je veux parler ici spécialement de l'aspect volonté produisant, sur le plan physique, l'expression de l'activité dirigée de l'âme, telle que l'intelligence, focalisée dans le mental, doit la conditionner. Je ne parle pas de la volonté dans le sens d'une quelconque fluctuation de votre [461] aspiration spirituelle ou d'un défaut du progrès constant vers votre but. Mais vous voyez sûrement que, si le point focal de toutes les énergies inhérentes à la vie de votre personnalité, et de celles affluant de l'âme est le corps astral, il doit certainement exister un état d'épuisement ou de semi-famine dans le corps éthérique (déterminant la condition physique) ainsi que dans le corps mental. Ceci va à l'encontre de la pleine manifestation de très belles aptitudes mentales. Je vous indique ce problème très clairement car vous êtes un disciple éprouvé, en qui on peut avoir confiance. Avant de pouvoir prendre l'initiation à laquelle vous êtes préparé, il faut changer la focalisation de votre vie et transférer l'énergie du corps astral dans le corps mental et, en conséquence, du plexus solaire dans le cœur.

La méditation de groupe devrait aider considérablement ce processus, et je vous conseille de la suivre avec grand soin. Je conseille aussi que, dans les différentes circonstances de votre vie, vous vous isoliez (à des fins altruistes) d'un contact trop étroit avec ceux qui sont dans la détresse. Aidez-les, aimez- les, mais ne vous identifiez pas à eux. Je parle d'un isolement astral et non d'un refus d'entrer en contact avec l'humanité souffrante sur le plan physique. Je parle d'une attitude adoptée et maintenue par l'âme et le mental vis-à-vis du corps astral, attitude qui vous permet d'exprimer cette divine indifférence face au sentiment et à la souffrance personnelle, résultant de la compassion qui est le sceau des Frères Aînés, sauveurs de l'humanité. Tel est votre problème fondamental.

C'est pourquoi il faudra surveiller les premiers effets de cette méditation de groupe avec soin, afin que le plexus solaire ne soit pas stimulé indûment, et que vos difficultés ne soient pas plus grandes.

Je souhaite aussi vous donner une méditation personnelle qui, je le pense, se révélera utile. Il s'agit davantage d'un exercice, et ses résultats sont basés sur votre aptitude à vous focaliser dans la conscience de l'âme et à maintenir cette position sans dévier. Elle dépend aussi de la faculté d'imagination soutenue que vous pouvez posséder, et c'est un bon exercice de travail créateur constructif. Elle est aussi rendue plus efficace si elle est aidée par la volonté. Comme votre corps mental est sur le premier rayon et qu'il s'agit pour une large part de retirer régulièrement de l'énergie pour la diriger dans le corps mental, il devrait être [462] relativement aisé pour vous, d'obtenir les résultats désirés.

1. Focalisez-vous dans la tête. Énoncez le OM en tant qu'âme et croyez que le contact est établi entre âme-mental-cerveau.

2. Imaginez-vous comme étant focalisé ésotériquement sur le plan mental et, du point de vue de l'âme, exotériquement dans le cerveau.

3. Puis aspirez profondément, à partir du plexus solaire situé le long de la colonne vertébrale, et voyez ce souffle ascensionnel porter l'énergie du plexus solaire à la tête, après lui avoir fait traverser le cœur. Croyez que cela se produit effectivement.

4. Dans l'intervalle entre aspiration et expiration, consacrez l'énergie ainsi retirée par l'âme, et croyez à sa conséquente transmutation. (Je vous rappelle que la transmutation est la transformation d'une activité vibratoire en une autre plus élevée).

5. Pendant l'expiration – où le souffle est porté sur le OM prononcé silencieusement – envoyez l'énergie du plexus solaire, maintenant focalisée dans la tête, vers le centre de la gorge. Ceci devrait engendrer la création au service de l'humanité.

6. Dans l'intervalle suivant, après l'expiration, revoyez mentalement (par l'imagination) et comme une sorte de récapitulation, ce que vous avez fait.

OM OM OM

Répétez cet exercice trois fois, et faites l'exercice de transfert trois fois par jour. Ne cherchez pas les résultats. Il faudra une année de travail régulier, dans une attitude détachée quant aux résultats, pour que vous voyiez vous-même la différence de réaction et le ralentissement des activités émotionnelles.

Cet exercice, ajouté à la méditation de groupe, reliera à la longue (comme vous l'avez sans aucun doute noté) les trois centres au-dessus du diaphragme – le cœur, la tête et la gorge. L'exercice que je viens de vous donner doit être fait avant la méditation de groupe car s'il est [463] fait convenablement, il hâtera les résultats de la méditation de groupe ; il débarrassera le plexus solaire de la force émotionnelle indésirable et laissera de la "place pour la réception", appellation technique donnée parfois à ce processus. L'amour vrai remplacera alors l'émotion, et la compassion se substituera à la pitié ; la compréhension prendra la place de la perception de la souffrance.

Les disciples ont souvent tendance à penser que lorsqu'il leur est enjoint de s'identifier à d'autres personnes, cela implique une identification complète à toutes leurs expériences et leurs réactions. Il n'en est rien et ne doit pas en être ainsi. Il s'agit de l'identification, par l'intuition, avec le dessein sous-jacent de l'âme, d'où une aptitude à interpréter et expliquer le présent. Réfléchissez-y, mon cher frère.

Août 1942.

1. Vous avez donné tout ce que vous aviez à donner. Maintenant reprenez-le, enrichi. Puis donnez à nouveau.

2. La paix est pour vous la lumière la plus claire. Les leçons de l'ombre ont aussi été révélées. Sortez en passant entre les deux.

3. Le meilleur est encore à venir. Tenez-vous à moi.

4. Le pont de lumière est fermement construit et vous pouvez l'emprunter dans un sens ou dans l'autre, mais toujours sur la Voie.

5. Les douleurs de la Croix de l'Homme ont pesé sur vous, mais ne vous ont pas submergé, ni n'ont caché la lumière. La joie de la résurrection est à venir.

6. L'amour est votre note et la sagesse votre guide. Vous n'avez besoin de rien d'autre que du feu.

Mon frère et collaborateur,

Septembre 1943.

Je ne dis pas à vos condisciples si vous êtes de ce côté-ci du voile de séparation ou non. Je ne leur dis pas si vous avez traversé le "pont de lumière" dont je parlais dans mes dernières communications. Vous [464] avez besoin de leur amour protecteur, que vous soyez ici ou là ; la tourmente de l'autre côté est si grande – aussi grande que celle du plan physique. Que vous soyez dans votre corps ou hors de votre corps, vous êtes donc particulièrement vulnérable, car, mon frère, (comme je vous l'ai dit souvent dans le passé) votre sensibilité intense a compliqué le problème de votre vie. Votre karma... empêche cette complète liberté et libération que vous désirez si profondément. Seuls ceux qui sont parvenus à la liberté peuvent revenir à ce groupe avec dans les mains l'aide et l'immunité – à ce groupe dont ils ont été libérés.

J'ai pour vous une suggestion. Je ne l'appelle pas un ordre, car aucun Maître ne donne jamais d'ordre. De toute manière, vous appartenez à l'ashram de K.H., et vous aurez reçu vos instructions de lui, directement. Il pense comme moi que, dans la pression et dans l'inquiétude, et dans votre participation psychique au destin de votre pays, votre réaction sensible à la tension raciale, la signification de la conversation avec Lui, il y a un an, n'a peut-être pas bien été enregistrée. Il vous a été difficile, presque impossible, de vous concentrer sur l'élaboration de plans. Je vais donc vous résumer ce qu'Il vous a dit alors. La protection de groupe qui vous est accordée (plus grande peut-être que vous ne le croyez) me permet de vous atteindre plus facilement en ce moment, que ne le peut aucun autre membre de la Hiérarchie. Je peux vous trouver et vous atteindre avec un minimum de dépense de force.

À ce moment-là, votre Maître, K.H., vous a demandé si vous étiez prêt à commencer le travail de préparation à une mission précise sur le Sentier des Sauveurs du Monde. Remplir mission après mission se rapportant à des groupes, des nations, des races et des unités de plus en plus grandes, est toujours la manière de développer un Sauveur du Monde, jusqu'au moment où il peut faire un impact mondial et parvenir à une certaine mesure de sauvetage du monde. Bien des fois dans le passé, je vous ai signalé que vous étiez sur ce sentier de service des plus difficiles. K.H. désirait savoir si vous étiez préparé à accepter votre première mission majeure sur cette Voie. Lorsque vous avez donné votre assentiment et lui avez dit que vous feriez votre possible, mais que vous n'aviez pas de confiance intérieure en vous-même, vu la pression des événements de l'époque qui semblait avoir un net effet de désintégration sur vos véhicules, Il vous a rassuré et dit que le puissant [465] développement intérieur de votre nature aimante, et le fait que vous n'étiez plus complètement concentré sur vous-même étaient une protection vitale. Il vous a indiqué aussi que, au stade de développement spirituel atteint par vous, l'aura de son ashram et l'aura du mien jouent un rôle de bouclier, et que les ressources de deux ashrams étaient derrière vous. Mon frère, vous le savez bien, et vous pouvez témoigner de cette efficacité...

J'en ai dit assez ici pour vous permettre de reprendre votre position active de disciple-initié consacré (position que tous vos condisciples ont toujours reconnue comme la vôtre), et je vous ai montré nettement quelle grande valeur a eu pour vous cette expérience du passé récent... Bien que vous soyez un disciple entraîné de K.H., vous continuez à travailler dans mon ashram car je demeure en contact étroit avec les affaires mondiales, en ce qui concerne leur exécution immédiate. K.H., Lui, étant un Chohan, consacre davantage son activité à manier les mobiles et les desseins plus profonds, ainsi que les questions qui ne se matérialiseront pas avant que le travail accompli par moi et d'autres associés à la grande Loge Blanche, de même rang ou de rang inférieur, ne soit terminé ou tout au moins en bonne voie de porter ses fruits.

La tâche qui vous sera assignée, mon frère bien-aimé, sera très difficile: vous essuierez des rebuffades de la part de ceux que vous cherchez à aider et... vous rencontrerez très peu de compréhension ; vous trouverez encouragement et assistance parmi les personnes éclairées du Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde ; cela rendra votre travail possible, mais ce sera aussi pour vous un grand handicap...

Êtes-vous à la hauteur de cette tâche mal délimitée, mon frère ? Votre vigueur, votre orientation spirituelle intérieure, votre ferme détermination psychique sont-elles suffisantes pour cette entreprise ? Pouvez-vous l'accomplir avec vos moyens psychiques actuels, ou devez-vous construire de nouveaux corps, en vue de leur intégration, de leur utilisation, de leur service ? C'est à vous de prendre cette décision, car ceux qui foulent la Voie des Sauveurs du Monde sont laissés particulièrement libres à cause de certaines difficultés, au sein de la vie planétaire, dans le temps et l'espace. Ils doivent travailler comme ils le veulent, avec ce qu'ils choisissent d'offrir et avec une compréhension entraînée de leur tâche.

Telle était la teneur de votre entrevue avec le Maître. Vous pouvez [466] maintenant partir d'où vous êtes avec l'approbation de votre Maître, avec l'aide et le soutien de moi-même et d’A.A.B. et, à tous moments, de l'aura protectrice de K.H. ; avec un profond respect, j'attire votre attention sur le fait qu'un aspect de l'aura du Christ est incorporé dans cette aura moins grande.