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SECTION QUATRE INSTRUCTIONS PERSONNELLES AUX DISCIPLES - Partie 11

Vous avez choisi et fidèlement suivi la deuxième méthode dans la conduite de la présente incarnation. Avec un corps physique fragile et sérieusement atteint, et une compagne qui est une source permanente de souci (quoique, en fin de compte, vous lui deviez beaucoup), vous avez [676] persévéré dans la tâche du disciple au travail. Vous avez fait beaucoup de bien, vous avez beaucoup aidé à notre travail et – comme le disait le Maître – la Hiérarchie n'est jamais ingrate, car la gratitude est le sceau de l'âme illuminée et, d'un point de vue occulte et scientifique, l'agent libérateur fondamental. Je ne suis pas ingrat envers vous, mon frère ; j'espère vous attirer en une relation plus étroite avec moi, pourvu que vous réussissiez à venir à bout d'une situation assez difficile qui se pose à vous actuellement, et que vous dominiez un aspect de votre nature qui doit être maîtrisée avant que le geste que j'envisage à votre égard ne puisse être accompli.

Actuellement, la responsabilité m'incombe de prendre une décision selon que vous acceptiez ce que je dis et entrepreniez de changer certaines attitudes, ou que vous refusiez de les reconnaître et suiviez votre propre route. Dans ce deuxième cas, il me serait impossible de vous offrir la possibilité ésotérique qui, dans la prochaine vie, vous orienterait de telle manière que, quand vous affronterez l'Initiateur de Décision, le Sentier que vous devrez suivre vous apparaisse clairement.

Je me demande si vous avez jamais étudié les raisons pour lesquelles les différents membres du groupe des neuf ont cessé de travailler avec moi, et ne participent pas (pendant cette courte période) au travail de mon ashram. Notez, je vous prie, que je n'ai pas employé l'expression, "ne participent pas au travail spirituel". Beaucoup d'entre eux ont toujours une motivation tout aussi spirituelle. Un ashram existe pour travailler, et non surtout pour l'entraînement des disciples. Cet entraînement est nécessairement donné, mais l'objectif primordial d'un ashram est d'accomplir une certaine phase de travail. Voici une phrase sur laquelle je vous prie de vous arrêter et de réfléchir. Elle est actuellement pour vous d'importance primordiale.

Le travail de la Hiérarchie est un tout intégré ; chaque ashram, au sein de la Hiérarchie, est consacré à ce tout et à l'aspect particulier de celui-ci, qui peut être exécuté au mieux par ses membres de tout degré, disciples à l'instruction en vue de telle ou telle initiation. Pour s'assurer que le travail s'effectue dans le sens désiré, le disciple ou l'initié reçoit nécessairement un entraînement, des injonctions quant au développement du caractère et quant aux attitudes personnelles. Une étude sérieuse de L'État de Disciple dans le Nouvel Âge (Vol. I) vous révélera que c'est sur ce point de correction de la personnalité (si je puis employer un [677] mot aussi dur pour les suggestions et indications données par moi) que les défections se produisirent. En dépit de la sincérité, du dévouement, des vastes connaissances, et même d'une reconnaissance subjective de l'exactitude de ce que je disais, des membres ne voulaient pas l'accepter ; la rébellion surgit ; la justification de soi par le raisonnement intervint et, temporairement – très temporairement – ils devinrent inactifs quoique toujours disciples à la périphérie de mon ashram.

Si je vous adresse quelques commentaires relatifs à votre attitude au cours des trois dernières années, en ce qui concerne le travail ayant son point focal spirituel à New-York, est-ce que je risque de vous perdre après toutes ces années ? Allez-vous, pendant ce qui reste de cette vie, suivre votre propre route ? Je veux penser qu'il n'en sera pas ainsi.

Comme vous le savez parfaitement, mon travail dans le monde extérieur a pris la forme de trois activités majeures... Vous avez fait beaucoup pour m'aider dans ce travail, et la porte des opportunités vous est grande ouverte, pourvu que le travail soit maintenu conforme à l'image originale, donnée avant la deuxième guerre mondiale. Il y a néanmoins une ou deux choses que vous pourriez oublier.

1. Le centre d'où part le travail de la Bonne Volonté, et d'où il tire sa puissance spirituelle, est actuellement New-York, bien que plus tard – si l'on estime que c'est une sage mesure – il sera peut-être transféré à Londres. J'en ai parlé il y a plusieurs années, et je désire vous rappeler aussi que ces deux villes font partie des cinq points focaux d'énergie spirituelle, par lesquels les activités hiérarchiques peuvent s'exercer. Votre ville n'est pas un de ces points.

2. La tâche majeure de la Bonne Volonté est triple :

a. Elle doit mobiliser la bonne volonté mondiale.

b. Elle est responsable de la diffusion du message Le Retour du

Christ et d'une grande partie du travail de préparation à sa venue. c. Elle doit aider à attirer l'attention des masses dans la mesure du possible sur les problèmes de l'humanité et aider ainsi à créer la

forme-pensée de leur solution.

Cela, F.B. et A.A.B. l'ont déjà compris et ils font des plans [678] conformes à ce que j'ai dit ci-dessus. Dans le monde entier, avant longtemps (cela se fait déjà dans différents pays), les étudiants et d'autres personnes accompliront beaucoup de choses, toujours selon les instructions de New-York, de manière que le travail s'insère dans les plans et dans l'ensemble de ce que font les travailleurs de New- York.

3. Il y a trois choses, mon frère, sur lesquelles je souhaite attirer votre attention en ce qui concerne votre relation avec le travail :

a. Vous avez fortement l'impression que le travail de la Bonne Volonté devrait être complètement séparé de ce que vous voulez appeler l'occultisme. Voulez-vous dire, séparé du centre spirituel, la Hiérarchie? S'il en était ainsi, en quoi le travail de bonne volonté que vous vous proposez de faire différerait-il des milliers de mouvements de bonne volonté qui fonctionnent aujourd'hui dans le monde, avec tant d'ardeur et d'activité ?

A.A.B. vous l'a dit ; depuis lors, vous ne lui avez plus jamais adressé la parole ; vous ne lui avez pas fait vos adieux, ni par téléphone, ni même par lettre. Ces détails de la personnalité n'ont pas d'importance pour elle, si ce n'est qu'ils indiquent, de votre part, une forte réaction de désaccord presque violent. F.B. et A.A.B. ont fait ce qu'ils ont pu pour vous "absorber" dans le travail du cycle nouveau, mais jusqu'ici sans aucun succès.

b. Vous avez tendance à affaiblir le travail et à le dépouiller de toute sa puissance par une élimination rigoureuse de tout mot, expression ou paragraphe, dont on pourrait penser qu'ils ont un sens ou une implication occulte. Cependant, mon frère, dans les années 1932-1936, la documentation concernant la bonne volonté parut pratiquement telle que je l'avais dictée, et elle eut un énorme succès. La bonne volonté était soutenue par l'esprit et le rythme de la Hiérarchie. Aujourd'hui, il est demandé encore plus de choses ésotériques, occultes et appartenant à l'ère nouvelle ; l'unique chose que le travail de la Bonne Volonté puisse offrir est le Plan visant l'humanité que la Hiérarchie cherche à mettre en œuvre.

c. Donc, mon condisciple, vous avez succombé dernièrement [679] à deux défauts ou faiblesses de la personnalité, qui entravent sérieusement votre travail pour moi, dans l'ashram et pour l'humanité.

De nouveau, vous critiquez intensément tous ceux qui ne voient pas les choses à votre manière ; lorsque leurs idées ne coïncident pas avec votre conception quant à la manière d'exécuter le travail, vous refusez de coopérer. Je souhaite vous rappeler que les membres de la Hiérarchie sont hautement individuels et ils sont relativement exempts de réactions personnelles. Chaque ashram a son rôle à jouer dans la matérialisation du Plan, et quelque projet à exécuter en relation avec le Plan. Quelquefois, cela exige la coopération de deux ou trois ashrams. Tous les membres anciens, à l'aide de qui il est fait appel, peuvent ne pas être d'accord avec le Maître responsable d'un certain aspect du Plan, mais, quand ils sont unis dans une tâche de coopération, ils travaillent sous la direction du Maître qui est responsable. C'est de là que vient une grande partie de vos difficultés.

Vous voulez travailler à votre manière, à plusieurs milliers de kilomètres du Siège Central où j'ai établi mon travail, au lieu d'exécuter les plans qui vous sont proposés.

Nous en arrivons donc, non seulement dans le domaine de la critique où vous vous trouvez, mais à l'ambition latente qui, vous l'avez souvent admis au cours des années, est peut-être votre défaut le plus profondément enraciné... Vous êtes désireux de voir les membres du nouveau groupe semence prendre la haute main sur la situation et son organisation, si quelque chose arrivait à A.A.B. ; mais vous oubliez que le travail de ce groupe est principalement de créer un canal subjectif d'amour, de lumière et de pouvoir spirituels – point auquel peu de membres prêtent attention. Vous voudriez diriger le travail avec votre propre groupe de membres choisis par vous. Vous ne travaillez pas avec amour et coopération vis-à-vis des membres du Siège Central ; vous oubliez, semble-t-il, que si un plan tel que le travail de la Bonne [680] Volonté ne trouve pas sa base et son agencement parmi un groupe de disciples travaillant ensemble dans le rapport le plus étroit, et dans le cas de la bonne volonté mondiale, avec la Hiérarchie – via mon ashram et les ashrams des Maîtres M., K.H. et R. – le travail ne peut pas progresser dans le sens désiré.

Mon frère, vous devez choisir entre deux sentiers qui s'ouvrent à vous. Vous pouvez travailler en coopération aimante avec F.B. et les autres travailleurs de la Bonne Volonté, de manière que la question soit abordée avec unité et uniformité de technique, ou bien vous pouvez créer, organiser et diriger votre propre mouvement de bonne volonté, qui deviendra peut-être important numériquement, mais sera en réalité peu de chose, car vous ne seriez pas à votre place, travaillant dans mon ashram, comme votre âme l'avait décidé. Ce dernier choix n'est pas ce que je souhaite voir arriver ; actuellement vous vous trouvez isolé et relativement inutile devant cette alternative.

Le cycle nouveau arrive, mon frère ; il n'y a pas de temps, actuellement, pour des plans personnels, des critiques et des désaccords. Je vous ai demandé de coopérer avec ceux que j'ai chargés d'entreprendre la tâche d'apporter au monde, le mouvement de la Bonne Volonté.

Une période de frustration a balayé le monde à cause de certaines influences planétaires ; le travail que je m'efforçais de faire a donc souffert, mais cette période ne va pas durer. J'ai besoin de vous dans le cycle nouveau et dans le travail nouveau. Il n'y a pas de place aujourd'hui pour l'ambition personnelle, les critiques personnelles, la rancune ou l'apitoiement sur soi.

Approfondissez votre vie spirituelle, mon frère. Une grande partie de ce qui vous intéresse n'est pas constructif. De même, le "nettoyage" de votre pays par l'ardente recherche des citoyens indésirables, pourrait très bien être exécuté par d'autres que vous. Vous travaillez et devez travailler pour la Hiérarchie et l'avancement de ses plans. Reprenez votre place, en tant que poste avancé de ma conscience dans les activités de mes organisations. Soyez humble. F.B. a besoin de vous, mais il sait que le travail de la Bonne Volonté n'est pas un mouvement américain, mais un mouvement international ; il a beaucoup voyagé et constaté les besoins. Cela, vous ne pouvez pas le savoir vraiment, car les [681] circonstances de votre vie et votre karma vous ont, pour une large part, cantonné dans une lointaine localité. Élargissez votre horizon ; faites-y entrer l'Europe, l'Australie et la lointaine Asie ; à mesure que votre vision acquerra de l'acuité, vous parviendrez à comprendre. Apportez vos idées et vos suggestions au réservoir des plans dressés au Siège central et apprenez à considérer les plans d'autres personnes, en dehors des vôtres, et à y prendre part.

Que puis-je vous dire de plus, mon frère ? Nous sommes d'anciens compagnons de travail et ceux avec qui vous êtes associé à New-York sont vos vrais camarades de travail, bien plus que les aspirants bien intentionnés, appartenant à votre entourage et que vous cherchez à dominer. Travaillez étroitement avec vos condisciples et avec les membres de l'ashram. Tous vous aiment et souhaitent votre collaboration. A.A.B. désire voir accomplir certaines choses dans l'intervalle relativement bref qui lui reste. Êtes-vous prêt à aider ? F.B. aura besoin de vous et de beaucoup de personnes de votre genre, à mesure que le travail prendra de l'expansion dans le cycle nouveau. Le soutiendrez- vous et soutiendrez-vous mon travail et moi-même ?

Mon amour va vers vous. Votre situation actuelle et votre dilemme spirituel me rappellent pour une large part ce que j'étais, lorsque je me préparais pour la troisième initiation ; donc, je comprends. Je vous laisse avec cette pensée et serai toujours à vos côtés.

à D.I.J.

Janvier 1940.

Pour vous, mon frère, mon message est assez proche de celui que j'ai communiqué à S.C.P. Libérez-vous du mirage des idées héritées, des concepts et des préjugés nationaux. L'image du monde est plus claire et plus belle que ce que vous croyez, car vous la voyez aujourd'hui par la fenêtre des préjugés, de la douleur et de la limitation. Si mes paroles vous paraissent dures, c'est simplement que moi, le Maître D.K., j'apprécie ce que vous pourrez accomplir quand vous vous serez libéré du mirage des préjugés. Vous avez fait de véritables progrès sous ce rapport, mais il reste encore beaucoup à faire ; votre cœur plein d'amour peut y parvenir lorsque vous verrez clairement et comprendrez la nature véritable de votre mirage. Il existe beaucoup de points de vue, venant de nombreux types d'hommes, de nombreuses races, de [682] nombreuses nations et d'êtres humains de tous les niveaux. Comment pouvez-vous, mon frère, déterminer ce qui est juste et quel point de vue est correct ? La Hiérarchie voit la beauté dans tous ces points de vue. Réfléchissez à cela, et essayez aussi de voir la beauté.

Août 1940.

Mon frère,

A.A.B. m'a transmis votre commentaire sur la qualité de mes communications au groupe ; vous pensez qu'elles devraient exprimer davantage d'amour. Il n'était pas nécessaire qu'elle me le dise, car je m'étais mis "à l'écoute" du groupe et j'ai vu votre pensée ; toutefois A.A.B. voulait me demander de traiter de cette question, car cela rendra service au groupe ; elle a aussi senti votre sincère désir.

Je me demande, mon frère, si vous vous rendez compte que la base de votre sentiment repose sur votre réaction aux courtes instructions que je vous ai adressées plus tôt dans l'année. Elles ne vous ont pas plu, et vous n'étiez pas non plus d'accord avec ce que j'y disais ; vous ne vous êtes pas vraiment libéré des préjugés dont je parlais ; cela, pour deux raisons :

1. Votre jugement est obscurci par votre ressentiment à ce que vous considérez peut-être naturellement comme une critique.

2. Votre sensibilité et votre réaction au mirage vous mettent très souvent au diapason d'une certaine opinion publique et alors (c'est le cas aujourd'hui) vous n'êtes plus un individu libre.

Lorsque je vous ai donné ces instructions, ma pensée sous-jacente était de vous éveiller au fait que vos sentiments et votre fidélité étaient basés sur une idée de classe, un ressentiment de classe, et non sur une pensée claire allant aux faits, qui devrait influencer tout loyalisme et tout esprit de parti. Je ne parle pas des décisions ou des objectifs de ce loyalisme. Cela est entièrement votre affaire et n'a pas véritablement d'importance à la lumière de l'éternité ; mais j'essaie de vous éveiller à la condition de vos réactions émotionnelles et à la caractéristique qui a motivé [683] chez vous non une pensée claire puis une décision, mais le préjuge, le ressentiment et la peur.

Aujourd'hui je ne vais pas traiter de cela. Vous en savez assez pour le faire vous-même, ou du moins pour comprendre la vérité de ma critique concernant votre attitude, non votre décision. Ce qui s'exprime sur le plan physique n'est pas l'affaire de la Hiérarchie. Elle s'occupe des prédispositions et des motifs ; c'est de ceux-ci que je traitais.

Frère d'autrefois, nous avons travaillé ensemble depuis quelques années. Je vous ai choisi pour vous instruire et pour que vous fassiez partie de mon groupe de disciples. Avoir répondu à ce choix et l'avoir accepté indique une relation, une activité, et une obéissance face auxquelles vous vous retrouverez pendant plusieurs vies. Depuis le début de nos relations, ai-je jamais manqué de satisfaire à ce qui vous était nécessaire quand cette nécessité était spirituelle, de caractère déterminant, ou qu'elle conditionnait l'avenir ? Une telle réponse de ma part n'est-elle pas l'expression de l'amour vrai ? L'amour ne consiste pas à rendre heureux, superficiellement, l'objet de l'amour. Si j'encourageais cette réaction chez vous, je ne mériterais pas votre confiance et, à la longue, je ne retiendrais pas votre respect. L'amour est une sagesse qui voit loin, qui cherche à maintenir vivante, chez l'objet aimé, la sensibilité qui garantira le vrai progrès. L'amour, donc, veille, stimule et protège. Mais ce n'est pas quelque chose de personnel. C'est une protection positive, qui ne conduit pas à l'attitude négative consistant à se sentir entouré de soins, de la part de celui qui reçoit amour et protection. C'est le pouvoir stimulant de l'amour divin que je m'efforce de déverser sur vous et sur tous ceux que je sers en tant que Maître et Instructeur. Ceci vous conduira à vous protéger avec sagesse du mirage, de l'illusion et des réactions de la personnalité, ainsi que de l'erreur et du préjugé afin de mieux servir à la fois l'humanité et la Hiérarchie. Réfléchissez à ceci.

Nous vivons une époque de tensions considérables, bien plus grandes et allant bien plus loin que vous ne pouvez le comprendre ou l'imaginer. Nous qui travaillons du côté intérieur de la vie et nous occupons [684] des mouvements et des réactions de l'humanité, nous qui avons fait en sorte que la lumière continue de briller radieuse, si sombre que soit la nuit des affaires humaines, nous devons nous en remettre à une compréhension exempte d'égoïsme de nos disciples. Nous n'avons nulle envie (en regard des nécessités plus grandes) de perdre du temps en gestes inutiles, en expressions aimantes, en enseignements formulés avec tant de tact que beaucoup de leur sens serait perdu, ni en informations avisant nos disciples de leur relation personnelle avec nous. Il existe une relation personnelle, ou vous ne seriez pas dans mon groupe, mais elle est d'importance secondaire par rapport aux relations réciproques et à l'activité de groupe. Il n'y a pas de nécessite à ce que je m'explique ainsi, mais il m'a semblé souhaitable une fois pour toutes de dire clairement que mon manquement (dois-je l'appeler ainsi, mon frère) à exprimer de l'amour par des mots à n'importe lequel d'entre vous, ainsi que l'intention formulée par moi, de ne pas gaspiller du temps à indiquer des faiblesses de caractère ou des échecs dans l'accomplissement de la tâche, ne doivent pas être interprétés par vous comme de la dureté, de l'incompréhension ou du détachement si froid, que mon impersonnalité elle-même irait à l'encontre de son but. Ce qu'il vous faut tous comprendre avec plus de clarté, à la fois comme individus et comme groupe, c'est le besoin actuel de l'humanité et la loi des cycles. L'urgence des temps et le caractère unique des possibilités offertes semblent être peu compris de la plupart d'entre vous.

Je le répète, mon frère, vous êtes-vous rendu compte que, si je suscitais en vous une dévotion de la personnalité, je vous entraverais et ne vous manifesterais nullement cet amour de l'âme qui motive toutes mes réactions vis-à-vis de vous tous. Votre personnalité de sixième rayon répondrait à une telle attitude de ma part ; et alors, qu'est-ce que cela nourrirait et développerait en vous ? Simplement la satisfaction de soi ; vous vous installeriez dans le fait de la relation et non dans le fait de l'âme, d'où un accroissement du mirage auquel vous êtes sujet. Dans des vies antérieures, vous êtes passé d'une dévotion à une autre, d'une prestation de foi à une autre. Dans cette vie, vous avez l'occasion de vous libérer de telles réactions et relations de la personnalité et de vous stabiliser dans un comportement d'âme. C'est dans ce but que je vous aide. Les disciples feraient bien d'évaluer le problème du Maître. Il doit surveiller l'effet de toute l'énergie qui émane de Lui en direction de ses disciples, et empêcher qu'elle ne stimule indûment les personnalités, [685] et ne tende ainsi à susciter des réactions de la personnalité.

Voulez-vous donc vous reposer sur les faits et l'expérience vécue et ne pas perdre de temps en souhaits et en réactions émotionnelles. Vous avez fait beaucoup de progrès dans cette vie, mon frère. Vous n'êtes pas jeune, mais dans votre cas cela ne devrait pas vous empêcher de chercher encore la libération, basée sur le renoncement. Les aspirants de sixième rayon ont la tâche particulièrement difficile à la fin de l'ère des Poissons, vu l'expression de sixième rayon de l'ère chrétienne. Aujourd'hui, les énergies se manifestent par ce qui est ancien et honoré, ce qui est conditionné par l'argent et appartient à une époque qui devrait disparaître. Cela affecte aussi votre personnalité de sixième rayon et, en conséquence, votre fidélité et votre obéissance sont, sous beaucoup d'aspects, motivées par le sixième rayon, basées sur des décisions de la personnalité et non sur la vision illuminée de l'âme. Néanmoins, le fait que vous ayez rompu avec l'orthodoxie, en ce qui concerne la théologie, indique, pour nous qui veillons, une large mesure d'émancipation et de domination naissante de l'âme. Si votre intuition devient plus dynamique et si votre corps astral de premier rayon (rayon du gouvernement et de la politique) ne vous influence pas indûment, vous verrez que vous parviendrez à une plus grande libération de la pensée.

Sous ce rapport et pour élargir votre perspective, je voudrais ajouter que la Science Chrétienne est une expression de la pensée de cinquième rayon, et qu'elle fut l'un des effets de la vie affluente du cinquième rayon. Un grand nombre des fervents de la Science Chrétienne sont des égos, soit de cinquième soit de sixième rayon, car cette école de pensée particulière fut l'un des moyens par lesquels l'idéalisme fanatique émotionnel (engendré par la puissante influence du sixième rayon, qui a dominé pendant tant de siècles) peut être contrebalancé et la compréhension mentale de la vérité prudemment développée. Sous son influence, fut dressé le cadre où de nombreux mystiques pouvaient commencer à organiser leur corps mental et à découvrir qu'ils avaient un mental qui pouvait être utilisé ; ils étaient ainsi préparés à la voie occulte. C'est donc une influence masculine ou positive, mais son caractère positif est en relation avec la personnalité, le mental étant le facteur dominant [686] l'expression humaine. Cette influence peut être (et deviendra finalement) négative vis-à-vis de l'âme, révélant le mental supérieur. Il est intéressant en examinant les paires d'opposés (facteurs négatifs et positifs) d'étudier les groupements suivants :

 

Esprit

Positif

I

Âme

Équilibrante

 

Personnalité

Négative

 

 

 

 

Mental supérieur

Positif

II

Âme

Point d’équilibre

 

Mental inférieur

Négatif

 

 

 

 

Mental inférieur

Positif

III

Nature émotionnelle

Champ d’équilibre

 

Cerveau

Négatif

 

Dans ces groupements, vous avez trois grands champs de réflexion. Ces groupements peuvent aussi être interprétés de nombreuses manières. Il faut se rappeler (ainsi qu'H.P.B. le fait remarquer) que n'importe quel groupement de ce genre, tel celui des sept principes, varie selon le point d'évolution de celui qui cherche.

Je vais maintenant vous donner une méditation personnelle qui servira, je l'espère, à élever la vie du corps astral, lui faisant quitter le plexus solaire pour la faire pénétrer dans le centre du cœur ; ainsi seraient brisées certaines limitations qui disparaîtront quand le corps astral et la force astrale de sixième rayon seront transmués, et que l'amour du tout prendra la place de l'amour de la partie.

1. Adoptez mentalement le rôle de l'observateur. Votre mental de quatrième rayon devrait vous permettre d'observer avec détachement le conflit entre la personnalité et l'âme.

2. Puis, notant la pâle lumière de la personnalité et la radieuse lumière de l'âme, observez alors une autre dualité, à savoir, l'influence ou lumière éclatante et puissante du plexus solaire, et la lumière fluctuante et tremblotante du centre du cœur. [687]

3. Puis, par le pouvoir de votre imagination, centrez votre conscience dans l'âme radieuse et maintenez-la fermement en ce point, tout en reliant l'âme au centre de la tête, toujours par le pouvoir de la pensée.

4. Puis, prononcez le OM trois fois, en faisant passer l'énergie de l'âme dans la personnalité triple et immobilisant cette énergie (en tant que réservoir de force) dans le centre ajna. Maintenez-la dans ce centre, rehaussant la lumière de la personnalité par le rayonnement de l'âme.

5. Ensuite, dites :

"La lumière de l'âme éteint la faible lumière de la personnalité, comme le soleil éteint la flamme d'un petit feu. Le rayonnement de l'âme prend la place de la lumière de la personnalité. Le soleil s'est substitué à la lune."

6. Puis, jetez délibérément la lumière et l'énergie de l'âme dans le centre du cœur, et croyez – grâce au pouvoir de l'imagination créatrice – qu'elle suscite une activité vibratoire si puissante, qu'elle agit comme aimant vis-à-vis du plexus solaire. L'énergie du plexus solaire est élevée ou attirée vers le cœur et là, elle est transmuée en amour de l'âme.

7. Puis, toujours en tant qu'observateur, voyez le renversement du processus précédent. Le plexus solaire est obscurci. La lumière radieuse du cœur est substituée. La lumière de l'âme demeure inchangée mais la lumière de la personnalité est rendue beaucoup plus éclatante.

8. Puis, de nouveau, en tant qu'âme unie à la personnalité, prononcez le OM sept fois, en l'envoyant dans votre entourage.

Ceci, mon frère, est davantage un exercice de visualisation qu'une méditation, mais son efficacité dépend de votre faculté, en tant qu'observateur spirituel, de maintenir la continuité mentale pendant que vous le faites. L'énergie suit la pensée ; c'est la base de toute pratique de l'occultisme et est d'importance primordiale dans cet exercice. Vous découvrirez, si vous faites cet exercice avec régularité et sans idée préconçue [688] quant à son résultat, que des changements durables s'opéreront dans votre conscience, et aussi que la lumière du groupe sera plus forte.

Août 1942.

1. Vous avez beaucoup appris, mon frère sur la Voie, et vous êtes plus près du centre de toute vie. Que la connaissance se manifeste maintenant en sagesse éclairée et en équilibre de douceur et d'amour.

2. Que la tendresse apparaisse, comme un flot de force de guérison.

Réfléchissez à la relation entre la tendresse et la force quand elles sont exemptes d'intérêt égoïste et de dévotion immodérée.

3. Prenez bien soin du serviteur de l'âme, le corps, et ne réduisez pas la durée du service. Vous avez beaucoup de choses à faire.

4. Préparez-vous à des changements et accueillez avec joie tout ce qui s'écarte du chemin habituel. Cultivez un mode de vie fluide, lorsque c'est nécessaire.

5. Il y a deux personnes sur la voie intérieure que vous devez porter dans votre cœur et chercher à atteindre. C.D.P. est l'une d'elles ; l'autre est plus facile à atteindre.

6. Chaque jeudi soir, lorsque le sommeil vient, cherchez-moi et sachez que je suis là.

Mon frère,

Septembre 1943.

Les années passent vite, n'est-ce pas ? Chaque année apporte des changements, et doit en apporter. Dans mes dernières injonctions communiquées l'année dernière, je vous ai demandé d'être prêt à des changements. J'ai l'impression, mon frère, que vous avez interprété mes paroles comme signifiant des changements physiques dans votre vie – des changements que l'entourage et les circonstances imposent à quelqu'un et qui ne peuvent être évités. Mais ce n'est pas de ce genre de changements que je voulais parler. Voyons si je peux rendre plus clair ce que j'avais l'intention d'exprimer.

Il y a certains changements dont les disciples doivent prendre l'initiative ; ils peuvent ne pas se rapporter aux conditions extérieures, mais concerner les développements, les attitudes et les processus mentaux intérieurs. [689] Ces décisions prises par soi-même conduisent à des perturbations intérieures fondamentales, nécessaires et préparatoires aux grandes crises intérieures. Ces crises intérieures conduisent à des points de tension, comme vous le savez parfaitement ; à partir d'un point de tension, la fusion âme-personnalité peut alors progresser vers une plus grande lumière et vers une réalisation plus sûre de l'amour.

Au cours des années, vous êtes demeuré plein de dévotion et de fermeté. Je m'en rends compte et je suis heureux de tout ce que vous avez accompli. Les questions que je vous pose maintenant, mon frère, et que je formule simplement afin de retenir votre attention, sont les suivantes : Maintenant, qu'allez-vous faire ? Quel est le prochain pas que vous franchirez ? Pouvez- vous faire encore un pas dans cette vie ? Pouvez-vous mettre le doigt sur une chose dans votre conscience – subtile peut-être, et invisible pour les autres, sauf pour ceux dont l'attention est véritablement perceptive – qui, si elle était modifiée, ou développée, rejetée ou intensifiée, engendrerait un grand et surprenant épanouissement, épanouissement très désirable avant l'entrée dans une autre incarnation.

Vous supposez probablement que je fais allusion à des défauts, des handicaps ou des limitations. Peut-être. Il se pourrait, néanmoins, que j'indique la nécessité de cultiver quelque qualité divine, de placer quelque attribut spirituel latent dans une position plus éminente dans votre vie, ou que je vous suggère d'intensifier quelque contribution spirituelle que vous apportez ou pourriez apporter. C'est à vous de le découvrir, dans le lieu secret de votre cœur. De toute façon, mon frère et ami, vous savez que, jusqu'à ce que l'on ait pris la dernière initiation, tout progrès est une série de libérations, et que de stade en stade de libération, on avance dans la lumière.

Vous n'êtes pas jeune. Votre corps est assez fragile. Les heurts de la vie vous sont douloureux et pénibles et vous cherchez toujours sincèrement à vous montrer à la hauteur de toute opportunité. Vous avez tendance à penser que pour vous, maintenant, la vie est surtout un processus d'attente ; qu'il est peu de chose que vous puissiez encore faire ; en cela, vous vous trompez. Vous pouvez sans aucun doute aimer davantage – avec moins de dévotion pour le petit nombre, et plus d'inclusivité et de profondeur pour le grand nombre ; vous pouvez vous libérer de certaines formes-pensée qui influencent une grande partie de votre pensée ; vous pouvez apprendre plus facilement la leçon selon [690] laquelle être un vrai disciple, c'est désirer ce qui est le meilleur pour l'humanité, et non ce que vous croyez être le meilleur pour tel groupe, telle école de pensée, telle organisation politique. Il vous faut apprendre à penser en termes plus larges que ceux qui se rapportent à un groupe national ou à un groupe de nations. Cela suppose une étude plus poussée du Plan et une calme réflexion intérieure, non la lecture de livres ou la pratique de profondes méditations. Cela suppose que soient brisés les préjugés anciens et les idées préconçues, afin que ce qui est nouveau et totalement différent de ce que vous avez soupçonné et pensé, puisse pénétrer dans votre pensée et influencer votre avenir.

À moins que vous ne puissiez y parvenir (ce n'est pas facile pour vous d'échapper à la tradition et au milieu), la cristallisation pourra s'installer ; je sais que c'est une chose que vous craignez et qui n'a pas lieu de se produire. Le grand préventif à toute dureté, ou raideur croissante de perception est l'Amour et la grande leçon nécessaire à tous les disciples est d'aimer de plus en plus, jusqu'à ce que le jour soit avec nous.

Je ne suis pas très précis pour vous, mon frère. Vous n'en avez pas besoin car vous êtes un soldat éprouvé et expérimenté, singulièrement exempt de mirage, quoique sensible aux formes-pensées, établies et puissantes. Ces dernières peuvent toujours être dissipées par l'amour – développé et consciemment exprimé – mais il n'en va pas de même du mirage. C'est une tâche beaucoup plus difficile, comme vous le savez, ayant observé les luttes de L.T.S-K. pendant tant d'années avec sympathie et compréhension. Vous lui en avez prodigué plus que n'importe qui d'autre dans le groupe ou dans son cercle immédiat de condisciples. C'est parce que le mirage n'offre pas de piège pour vous.

Quant à votre méditation, je vais seulement vous donner certains mots que vous pourrez prendre dans la méditation générale là où cela vous semblera approprié. Je vous demande de passer au moins cinq minutes à une concentration dynamique sur ces mots. Étudiez-les dans la mesure du possible, sous l'angle du monde de l'âme, et relativement à votre attitude envers l'humanité dans son ensemble. Ne les considérez pas sous l'angle de vos relations personnelles ou des circonstances de votre environnement personnel. D'où la nécessité pour vous de relier [691] ces idées à des concepts universels ; c'est le prochain pas pratique qu'il vous faut faire. Je vous donne six mots ou expressions, auxquels vous pourrez donc réfléchir à deux reprises au cours de l'année qui vient :

1er mois

Humanité.

Le cadre de l'expérience.

2ème mois

Fluidité.

Réaction à l'impression nouvelle.

3ème mois

Ashram

Le centre de l'amour rayonnant.

4ème mois

Argent

Le moyen de distribution aimante

5ème mois

Reconnaissance

Le mode de relation divine.

6ème mois

Identification

La clé de la compréhension

Ces mots ne sont probablement pas ce que vous pouviez prévoir, mais vous offriront une approche de groupe et une approche mentale vers la compréhension ; c'est pour vous la manière de procéder. Votre mental finement analytique saura traiter de ces questions. Je suggère, quant à la méthode à employer, que vous abordiez chaque expression, chaque mois, au moyen de trois questions. Permettez-moi d'illustrer ce que je veux dire, en prenant deux mots sur les six :

Humanité Qu'est-ce que la reconnaissance signifie pour moi ?

Quelles sont les reconnaissances nouvelles Quel développement attend la famille humaine ? Puis-je contribuer, par ma pensée, à ce nouveau développement ?

Reconnaissance Qu'est-ce que la reconnaissance signifie pour moi ?

Quelles sont les reconnaissances nouvelles auxquelles tous les disciples doivent faire face ? Comment puis-je cultiver la faculté de reconnaître ce qui est nouveau, divin, et la réalité qui existe déjà ici.

À partir de ces suggestions, vous pouvez adapter trois questions, pour chacun des mots restants.

Vous verrez, mon cher frère, que ce que je fais en vérité, est de vous entraîner à un service spécial – le service de la construction des formes-pensées dans le nouvel âge. Vous pourrez l'accomplir si vous [692] vous libérez des préjugés et de la critique de certains individus. Vous pouvez rendre ce service dans le calme de votre maison, sans effort excessif, et vous apprendrez à le rendre car vous aimez et aimerez de plus en plus.

Je vous enveloppe dans mon aura et dans la sécurité ; à partir de ce point de sécurité je vous demande d'aller de l'avant pour le travail de l'ashram.

Mon frère et mon ami,

Novembre 1944.

Je voudrais commencer ces instructions par un mot de félicitations. Le courant affluent d'amour est beaucoup plus puissant maintenant qu'il ne l'était. Il y a des années et même des mois, il n'en était pas ainsi. Aujourd'hui, parmi vos caractéristiques, les tendances de second rayon dominent beaucoup plus qu'auparavant. Vous étiez-vous rendu compte de l'extrême puissance de votre corps astral de premier rayon? Ce véhicule vous conditionnait indûment et vous empêchait de voir le panorama complet de votre relation avec l'humanité. Il vous obligeait presque fanatiquement à vous accrocher à certaines idées et certains concepts suscités émotionnellement et reliés principalement aux personnes et parents auxquels vous étiez associé. Fréquemment, vous ne voyiez pas la vie sous l'angle de l'homme ordinaire et d'après l'effet produit par le karma dans la vie du citoyen ordinaire. Vous pensiez en termes d'un groupe unique. Vous êtes en train d'apprendre à le rejeter ; la solitude de votre vie actuelle vous a beaucoup aidé à vous écarter de cette concentration astrale sur une forme-pensée de groupe.

Je vous ai dit précédemment que vous étiez entraîné à travailler à des processus de création de formes-pensées. D'où, une autre raison pour les longues heures de solitude qui caractérisent votre vie actuellement, et l'exprimeront pour le reste de cette incarnation. Vous devez accepter avec joie ce désir de votre âme. Grâce à ce plan d'entraînement – plan élaboré avec le consentement de votre âme et de moi-même, votre Maître – vous êtes déjà particulièrement sensible aux formes-pensées de groupe ; vous devez apprendre à travailler de plus en plus sous l'influence de la loi d'Abstraction. [693]

C'est une loi qui est toujours présente dans le monde, en relation avec le processus de mort. Son aspect se rapportant à la mort physique est considéré comme de peu d'importance comparé à sa forte influence dans le monde de la pensée. L'entraînement donné au disciple, lorsqu'il entre dans la périphérie de l'ashram, met l'accent de façon prépondérante sur la nécessité d'abstraire sa conscience, de phase en phase de pensée. La leçon de détachement concernant ses propres attachements émotionnels possibles est difficile à apprendre, mais le disciple doit l'avoir maîtrisée en grande partie avant d'entrer dans l'ashram. Quand il y entre, cela implique que le détachement est alors l'un des processus établis en lui-même. Cependant, le processus consistant à abstraire son mental de toutes les formes-pensées imposées – par le milieu, la tradition, le groupe social – est une entreprise très difficile et subtile. Cela doit absolument être appris avant de maîtriser la science de construction des formes-pensées. Le disciple doit être libéré de toute impression mentale, de tout concept mental avant qu'il ne puisse réussir à créer sous la direction de l'ashram.

Quand vous manierez consciemment la loi d'Abstraction à partir de l'ashram, vous découvrirez qu'elle a (comme on pouvait s'y attendre) différentes significations et modes d'action fonctionnant sur les différents plans de la conscience, tels que :

1. La mort ou effet de la loi d'Abstraction sur le plan physique. Cela peut se rapporter à l'abstraction du principe de vie du corps physique, en réponse à un ordre de l'âme ; cela peut se rapporter à la mort d'une ancienne relation du plan physique ; cela peut se rapporter aussi à un cycle de conditionnement et de circonstances sur le plan physique, à la cessation d'une relation avec un groupe sur le plan physique, ou à l'abstraction d'un intérêt considéré jusque là comme fondamental.

2. La fin d'une affection allant à une personne ou à un groupe de personnes sur le plan astral. Ceci peut précipiter une véritable crise émotionnelle qui aboutit à ce que le disciple retire son dévouement à des personnes ou à des causes. Cette déclaration [694] englobe l'intensité de l'émotion, exprimée dans des directions nombreuses et variées. L'abstraction émotionnelle est la plus difficile des leçons qu'un disciple doive apprendre.

3. La rupture avec des lignes particulières de pensée. Cela peut se rapporter à la nécessité pressentie, dont le disciple prend de plus en plus conscience à mesure qu'il se rapproche de l'ashram auquel il est assigné ; cela peut le conduire et le conduira à rompre avec les écoles de pensée, les formes-pensées sociales, politiques, religieuses et circonstancielles (j'emploie ce mot dans le sens de conditionnement mental, engendré par les circonstances) avant qu'il ne se plonge dans une forme-pensée ashramique quelle qu'elle soit.

Vous apprenez rapidement ces abstractions spécifiques ; vous devriez entrer dans votre prochaine vie infiniment plus libéré que vous ne l'êtes maintenant, et vous devriez fonctionner avec plus de liberté pour le service. Vos conditions de vie actuelles sont très favorables à votre progrès en ce sens, et je crois que vous le savez, même si cela vous déplaît d'en reconnaître la vérité.

Le processus tout entier est celui de l'abstraction, et il est douloureux. Il y a une relation étroite entre la douleur et la loi dont je parle. C'est la loi d'Abstraction qui élève le disciple en lui faisant quitter les trois mondes de l'effort humain. C'est cette même loi qui engendre l'impulsion vers le haut qu'expriment tous les êtres humains, et leur recherche d'identification avec l'Un ; c'est selon cette loi que vous et tous les disciples devez apprendre à travailler.

Je souhaite vous donner les mots suivants, aux fins de réflexion méditative :

1. Abstraction.

5. Renonciation.

2. Détachement.

6. Retrait.

3. Libération.

7. Négation.

4. Abandon.

8. Rejet

9. Le OM.

 

Tous ces mots incarnent certaines leçons préparatoires majeures. Notez [695] comment, de plus en plus, à mesure que ce groupe particulier progresse, j'ai cessé de donner des stances ou expressions symboliques et me suis efforcé de concentrer votre attention sur des mots. Je souhaite que vous examiniez ces mots sous l'angle purement physique, sous l'angle de la qualité, sous l'angle du dessein, ainsi que sous celui de l'identification divine. Utilisez, je vous en prie, la méthode indiquée aux disciples dans Les Yoga Sutras de

Patanjali[1]. Ces mots vous fournissent assez de travail pour le reste de votre vie. Abordez-les avec réflexion, du point de vue du détachement de la personnalité, du détachement de l'âme, particulièrement quand l'antahkarana pourra être utilisé consciemment. De cette manière, de grands pouvoirs divins peuvent être utilisés et, à mesure que vous parviendrez à une abstraction puis à une autre, vous ressentirez une libération croissante. Prenez des notes complètes et dans un an (si vous le souhaitez) réunissez toutes ces notes mensuelles et écrivez un exposé sur la loi d'Abstraction telle qu'elle est ressentie dans le mental du vrai type de disciple. Cela vous rendra service, ainsi qu'à vos frères de groupe.

Efforcez-vous de cultiver un état d'esprit heureux. Ne laissez pas la vie, la solitude ou n'importe quelle circonstance vous déprimer indûment. Ne vous appesantissez pas trop sur l'horreur dans le monde, mais tentez – par la méditation – de communiquer de la force et de la sagesse aux gouvernants qui s'efforcent de faire sortir l'ordre du chaos. J'aimerais vous voir reprendre votre travail dans le groupe d'enseignement. Vous en avez le temps, mon frère, et un service précis serait bon pour vous. On a besoin de votre aide.

Vous pouvez, si vous le désirez, avancer vers une relation plus étroite avec moi et avec mon ashram. Néanmoins, vous devez vous souvenir que tout pas en avant, dans la lumière et vers une relation plus étroite avec la Hiérarchie, se fait sous l'influence de la loi d'Abstraction. Donc, soyez fort, et sachez que les puissantes caractéristiques de votre âme de second rayon vous relient à D.H.B. et J.S.P. Prenez-les dans votre méditation journalière sur le plan de l'âme et rappelez-vous que, tous trois, vous formez un triangle intérieur qui a certaines activités spirituelles, en vue d'un objectif ésotérique pour lequel l'incarnation présente n'est que préparatoire. [696]

Ma pensée est avec vous, mon frère, et je ne retire pas mon amour ni mes soins attentifs de vos intérêts.

Mon frère et ami très cher,

Août 1946.

En publiant le livre L'État de Disciple dans le Nouvel Âge, votre amie et enseignante, A.A.B., a noté à la fin de vos instructions que vous "poursuiviez toujours votre effort de travail dans l'ashram du Tibétain et demeuriez stable et sûr". A.A.B. savait ce qu'elle disait, mais je me demande si vous-même vous vous rendez compte de la valeur ésotérique de la stabilité et de la sûreté ? A.A.B. vous faisait, en toute connaissance de cause, le plus rare des compliments, mais vous n'avez probablement pas compris sa signification. Une vibration stable est la note-clé de l'univers ; la sûreté est le signe du Connaissant. Ce sont deux qualités que vous possédez au point de les exprimer ; comprenez-le bien et comptez sur le fait qu'elles sont enregistrées dans l'ashram que vous aimez tant.

Dans vos heures de solitude, et quand vous pensez que la vie est surtout pour vous un processus d'attente, vous oubliez ces deux faits que j'ai signalés à votre attention. Ne luttez pas contre l'incapacité physique ou contre ce que le monde appelle "la vieillesse". C'est ce que vous êtes tenté de faire et c'est une réaction normale. Pourquoi ne pas accueillir la Transition avec joie ? Apprenez à être fier de l'expérience qui est l'apanage de la vieillesse sage, et attendez avec plaisir la Grande Aventure qui va se présenter à vous. Vous savez très bien – dans vos moments d'élévation – que cette Transition veut dire réalisation, sans aucune des limitations du plan physique.

Mon frère, le rayon de votre corps astral est le premier ; le défaut, la faiblesse du corps astral, est le leurre. Dans votre cas, c'est le leurre de l'orgueil, de l'orgueil social ; il faut vous en débarrasser. Ce n'est pas une caractéristique mentale car, dans ce cas, une saine réflexion montrerait vite la futilité de l'orgueil social. Aux yeux des Maîtres de Sagesse, il n'existe que des êtres humains à divers degrés de développement, à différents stades d'égoïsme ou de progrès dans le service. Il n'y a pas de classes telles que le monde les reconnaît, il n'y a pas d'âge non plus, si ce n'est l'âge de l'âme ; cela ne doit vous causer aucun souci ; [697] votre âme est vieille dans son expression sur le plan physique, et vous le savez.

Ne prêtez pas trop d'attention au véhicule physique. Le conserver est sans intérêt et cela peut prendre – comme dans votre cas – trop d'importance. Le moment de votre libération est fixé par la loi karmique ; celle-ci détermine toujours le départ de l'homme vrai qui est dans le corps, mais si le corps physique est indûment entretenu, s'il reçoit trop de soins, il peut maintenir l'homme vrai emprisonné, au mépris de la loi karmique. C'est un triste spectacle, car cela signifie que l'élémental physique a pris les commandes. Faites attention à cela, car le rayon de votre corps physique produirait facilement cette situation.

Il n'y a pas tellement longtemps – deux ans, je crois – j'ai proposé neuf mots à votre mûre réflexion. Aujourd'hui, je vais vous donner douze pensées- semences qui pendant le reste de votre vie devraient diriger votre réflexion matinale, en observant un processus précis de liaison avec moi et mon ashram. Voici les pensées-semences :

1. Attente.

2. Espoir.

3. Immortalité.

4. Rayonnement.

5. Absence d'esprit de parti.

6. Anticipation.

7. Dessein de vie persistant.

8. Amitié.

9. Le triangle : vous-même, D.H.B., J.S.P.

10. Persistance éternelle.

11. Qualité.

12. Futur état de Maître.

Ces idées sont suggestives ; elles se révéleraient fructueuses et conduiraient à beaucoup de pensées aux horizons illimités.

Vous êtes dans mon ashram et n'avez plus jamais rien à craindre.

à L.U.T.

Août 1942.

1. Le sentier du disciple engagé est un constant déchirement. [698] C'est le disciple qui déchire. Vous n'êtes pas encore parvenu à la beauté de l'acceptation – l'acceptation qui libère.

2. Projetez vos valeurs vers une sphère plus élevée, et sachez que rien n'importe de ce qui est lié au rôle terrestre de la vie, sauf d'apprendre à comprendre. Parvenez à cela.

3. Il y a trois âmes qui, par des voies différentes, peuvent vous conduire à atteindre la libération ; l'une est près de vous, car elle a besoin d'un cœur compréhensif et aimant qui la guide ; l'autre que vous allez rencontrer et devez sauver ; la troisième est moi-même. Depuis trois vies, j'ai cherché à vous servir selon ce qui vous était nécessaire. Répondez par de l'amour à ces trois âmes.

4. Percez le double nuage qui depuis si longtemps efface la vision de votre cœur. Vous avez la vision, mais elle est toujours loin devant vous. Quand percera-t-elle le nuage pour s'installer dans votre cœur ?

5. La santé, la force et l'occasion se présentent à vous. Un nouveau départ peut aujourd'hui ouvrir la porte vers une vie plus pleine. Avancez.

6. Que le rayon de votre âme domine l'homme de tous les jours ; devenez un centre radieux de force salvatrice.

Novembre 1944. Mon frère guerrier (ou devrais-je dire toujours "en guerre" ?).

 

[1] La Lumière de l'Âme, Livre I : 17.