Naviguer dans les chapitres de ce livre

APPENDICE

 

APPENDICE

Note I — Relative au chapitre IV

Les extraits suivants d'une récente publication posent, de manière différente, le problème de l'âme ; ils nous donnent peut-être une certaine idée de la tendance manifestée par la pensée occidentale sur ce point.

Les termes "perception intérieure religieuse" sont assez vagues. N'est-il pas possible de donner une meilleure définition sans se départir d'une attitude critique ? On peut peut-être parvenir à une définition en se demandant quel est l'élément qui tend à être éliminé de la vie de l'homme moderne, tandis que disparaissent les disciplines traditionnelles. D'après Walter Lippmann, l'homme moderne a perdu la conviction d'une "essence immortelle qui règne sur ses appétits". Mais pourquoi abandonner l'affirmation de cette "essence" ou volonté supérieure seulement aux traditionalistes ? Pourquoi ne pas l'affirmer d'abord comme un fait psychologique, une manifestation immédiate de la conscience, une perception si primordiale que, comparativement, le refus des déterministes de reconnaître à l'homme la liberté morale n'est qu'un rêve métaphysique ? On serait alors à même de se tourner vers la philosophie du comportement et vers les psychologues naturistes considérés comme les principaux ennemis de la nature humaine. On pourrait en même temps trouver là un moyen honorable d'échapper au dilemme des modernistes et devenir complètement modernes. [155] Les philosophes ont souvent débattu la question de la priorité de la volonté sur l'intellect chez l'homme. La volonté dont je parle, et qui mérite d'être considérée comme supérieure à la raison, a cependant été associée, par la tradition chrétienne, non pas à la volonté de l'homme, mais à la volonté de Dieu sous forme de grâce. Les théologiens se sont livrés à des subtilités sans profit à propos de la grâce. Cependant, on ne peut se permettre de suivre la tendance moderne et de négliger la vérité psychologique de la doctrine en même temps que ces subtilités. La volonté supérieure doit être acceptée comme un mystère dont les effets pratiques peuvent être étudiés, mais dont la nature ultime ne peut être formulée. La volonté supérieure n'est donc pas particulière. "Toute chose finit dans le mystère" dit une maxime scolastique. L'homme de science admet de plus en plus que la réalité derrière les phénomènes qu'il étudie non seulement lui échappe, mais lui échappera toujours. Par exemple, il ne croit plus, comme avaient tendance à le faire ses prédécesseurs dogmatiques du 19ème siècle, que l'hypothèse mécaniste est absolument vraie, même si elle a rendu service comme technique de laboratoire ; sa vérité est, admet-il, relative et provisoire.

Celui qui refuse d'admettre la volonté supérieure, tant qu'il n'est pas certain d'avoir saisi sa nature ultime, ressemble beaucoup à celui qui refuserait d'utiliser l'énergie électrique tant qu'il ne serait pas certain d'avoir une parfaite théorie qui explique l'électricité. De façon négative, on peut dire de la volonté supérieure, sans se départir d'une attitude critique, qu'elle n'est pas l'absolu, ni l'impératif catégorique, ni l'organique et encore moins le mécanique et, finalement, qu'elle n'est pas "l'idéal dans le sens courant du terme. De façon positive, on peut la définir comme une chose supérieure et immédiate dont sont connues les relations avec ce qui est inférieurement immédiat, simplement l'homme émotif, avec [156] ses impressions, ses émotions et ses désirs, comme pouvoir de domination vitale. L'incapacité des chrétiens et des bouddhistes d'exercer cette domination est la source principale sinon essentielle du mal. Bien qu'Aristote, comme le font les Grecs, donne la primauté non pas à la volonté, mais au mental, le pouvoir dont je parle est certainement associé à son "énergie de l'âme", activité distincte d'une simple manifestation extérieure qui lui semble appropriée au genre de vie qu'il propose comme but de l'éducation libérale (...) L'énergie de l'âme, qui a été utilisée par les humanistes comme élément de médiation, apparaît sur le plan religieux comme une forme de méditation. La religion peut sans doute signifier bien plus que la méditation. Toutefois, la médiation humaniste, aidée par la méditation, peut fort bien être considérée comme ayant une base religieuse. Après tout, la médiation et la méditation ne sont que les différents stades du même sentier qui monte et ne peuvent être arbitrairement séparés."

Humanism : An Essay on Definition, par Irving [157] Babitt.

Humanism and America : Essays on the Outlook of Modern Civilization, publié par Norman Foerster.

Note II — Relative au chapitre VII

Il est intéressant de noter l'extension actuelle de l'hypertrophie de la thyroïde et des troubles divers se rapportant à celle-ci. N'est-ce pas là une preuve à l'appui de la théorie orientale ? Par la force des circonstances et en raison des conditions économiques difficiles, bien des gens mènent une vie sexuelle anormale et sont célibataires. D'autres, qui ont une fausse idée de ce que demande la vie spirituelle, renoncent au mariage et se vouent à la chasteté. Pour ces raisons, la force se trouve élevée vers le centre qui est son but, la gorge. C'est là une situation tout à fait anormale ; l'homme et la femme sont encore centrés émotionnellement et leur équipement mental (indispensable pour une œuvre créatrice) étant assez médiocre, ils sont incapables d'utiliser le pouvoir créateur et il s'ensuit une trop grande stimulation de la thyroïde. Nous avons constaté plusieurs de ces cas ; ils semblent venir à l'appui de ce qui précède. C'est un domaine dans lequel on pourrait appliquer la recherche et la méthode scientifique pour prouver la vérité ou la fausseté de l'assertion. De l'examen de nombreux cas et témoignages, on pourrait relever des données intéressantes. Lorsque le transfert est normal et non prématuré, il en résulte un travail créateur en littérature, dans les arts dramatiques, en musique, en général, dans tout domaine artistique.