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Introduction - Remarques

 

 

INTRODUCTION

 

En étudiant et en examinant attentivement les idées exposées dans ce livre, il faut tenir compte de certains concepts fondamentaux.

 

1. Ce qui est le plus important pour tout étudiant n'est pas tant la personnalité d'un maître que la mesure de vérité que celui-ci apporte, et la faculté de l'étudiant de distinguer entre vérité, vérité partielle et erreur.

2. Plus l'enseignement ésotérique s'approfondit, plus il entraîne de responsabilité exotérique. Tout étudiant doit donc faire un examen attentif de lui-même et se souvenir que la compréhension vient en appliquant la part de vérité saisie aux problèmes immédiats qui se présentent dans la vie quotidienne, et que la conscience s'accroît par l'usage de la vérité communiquée.

3. L'attachement dynamique à la voie choisie, avec l'inébranlable persévérance qui surmonte tout ce qui peut arriver, est l'une des conditions indispensables qui conduisent à un royaume, une dimension, un état d'âme connus subjectivement. Cet état de réalisation produit alors des changements dans la forme et le milieu qui correspondent à sa force.

Ces trois concepts méritent mûre réflexion et leur importance et leur signification doivent être quelque peu saisies pour permettre tout progrès véritable. Mon rôle n'est pas d'indiquer comment appliquer personnellement l'enseignement donné. Chacun doit le faire soi-même.

Vous avez sagement empêché que s'impose toute idée d'autorité, laquelle aurait dénaturé l'enseignement et vos livres ne se [4] réclament d'aucun principe ésotérique d'autorité hiérarchique, responsable de l'étroitesse de certains groupes tels que l'Église catholique, la Science chrétienne et diverses organisations et sociétés prétendues ésotériques. Le malheur de bien des groupes provient de conversations à voix basse telles que : "Ceux qui savent désirent... Le Maître dit… Les grands Initiés ordonnent..." auxquelles, comme de stupides et aveugles moutons, ces groupes s'empressent d'obtempérer. Ils croient ainsi, par une dévotion mal placée, entrer en contact avec des personnages de haut rang et parvenir au ciel par des chemins de traverse.

Vous avez sagement protégé vos livres des réactions suscitées par ceux qui prétendent être maîtres, adeptes ou initiés. Respectez mon anonymat, et voyez ma situation présente comme celle d'un étudiant plus avancé, aspirant à l'expansion de la conscience qui constitue mon progrès suivant. Seule compte la vérité que j'apporte. Seules importent l'inspiration et l'aide que je puis donner à tout pèlerin sur le Sentier . Mon expérience est à la disposition de l'étudiant sérieux ; l'étendue de la vision que je puis communiquer, pour avoir gravi la montagne un peu plus haut que d'autres, est ma principale contribution. L'étudiant a le loisir de réfléchir sur ces points sans tenter de vaines spéculations sur les détails relatifs aux personnalités et aux conditions du milieu.

Notre sujet sera la Magie de l'Âme et la pensée-clé, base de tout le contenu de ce livre, se trouve dans les paroles de la Bhagavad Gita, IV, 6 : "Bien que Je sois Celui qui n'est pas né, l'Âme qui ne meurt pas, bien que Seigneur des Êtres, Je me manifeste pourtant comme Seigneur de Ma nature, par le pouvoir magique de l'Âme". [5]

Les statistiques et les connaissances académiques forment la base indispensable de la plupart des études scientifiques ; ici, toutefois, notre attention portera sur l'aspect vie et sur l'application pratique de la vérité dans la vie quotidienne de l'aspirant. Nous étudierons comment devenir praticiens de la magie et comment mieux vivre la vie spirituelle, celle de l'aspirant à l'état de disciple accepté, à notre époque, dans notre condition et notre milieu. Pour cela, nous prendrons les quinze règles de Magie exposées dans un de mes livres précédents, le Traité sur le Feu Cosmique. Je les commenterai sans m'arrêter sur leur signification cosmique, leurs correspondances et analogies solaires, mais en les appliquant au travail de l'aspirant, donnant des suggestions pratiques pour mieux développer le contact avec l'âme et sa manifestation sur le plan de la personnalité. Cela exige certaines connaissances et j'admets que les étudiants sont capables de comprendre les termes techniques employés. Je ne m'adresse pas à des enfants, mais à des femmes et des hommes mûrs, orientés dans une certaine voie et qui se sont engagés à "avancer dans la lumière".

Ce livre vise quatre buts et fait appel à trois types de personnes. Mon enseignement se base sur quatre postulats :

1. Enseigner les lois de la psychologie spirituelle et les distinguer de la psychologie affective et mentale.

2. Élucider l'idée de la nature de l'âme humaine et ses rapports avec notre système et avec le cosmos, ce qui inclura, au stade préliminaire, ses relations de groupe.

3. Démontrer les rapports entre le soi et les enveloppes que ce soi peut utiliser, éclaircissant ainsi les notions du public sur la constitution de l'homme.

4. Élucider le problème des pouvoirs supranormaux et élaborer [6] des règles pour leur développement utile et sans danger.

Nous nous trouvons à présent au terme d'une vaste période de transition et les règnes plus subtils de la vie nous deviennent plus proches. Des phénomènes inhabituels et des événements inexplicables sont plus fréquents qu'à toute autre époque ; de même, la télépathie, le psychisme, etc. retiennent l'attention des sceptiques, des savants et même des religieux. On cherche un peu partout l'explication de tels phénomènes et des sociétés se forment pour les étudier ou les démontrer. Nombreux sont ceux qui s'égarent dans leurs efforts pour produire en eux les conditions psychiques et réveiller les énergies capables de manifester des pouvoirs particuliers. Ce livre tente d'intégrer les enseignements au mode de vie actuel, et de montrer combien ce qu'on croit mystérieux est, au fond, naturel et juste. Tout obéit aux lois ; il s'agit donc de les expliquer, car l'homme a atteint un développement qui lui permet une meilleure  compréhension de leur beauté et de leur réalité.

Ce livre suscitera l'intérêt de trois genres de lecteurs :

1. Les chercheurs d'esprit ouvert, disposés à accepter ses bases comme hypothèses de travail jusqu'à preuve de leur fausseté. Franchement agnostiques, ils consentiront, dans leur recherche de la vérité, à accepter momentanément les méthodes, à les essayer et à suivre les suggestions proposées.

2. Les aspirants et les disciples. Ils étudieront ce traité pour mieux comprendre eux-mêmes et chercher à aider leurs frères. Ils n'accepteront point ses thèses aveuglément, mais ils expérimenteront, vérifieront et corroboreront les étapes et les degrés préparés par eux dans cette section de la Sagesse Éternelle. [7]

3. Les initiés. Ils arriveront à un sens caché à ceux du premier groupe et que seuls les membres les plus avancés du deuxième groupe soupçonneront. Ils reconnaissent en eux-mêmes la vérité de plusieurs de ces affirmations et ils comprennent l'action subjective de beaucoup de ces lois.

Celles-ci agissent dans trois domaines distincts :

a. Le domaine physique, se manifestant comme effets dans la forme dense

b. Le domaine éthérique, se manifestant comme énergie causant ces effets ;

c. Le domaine mental, se manifestant dans les impulsions qui déterminent les deux autres effets.

Le Traité sur le Feu Cosmique concerne en premier lieu le système solaire, ne touchant aux aspects humains et à leurs correspondances que dans la mesure où ils démontrent le rapport de la partie au tout et de l'unité à l'ensemble.

Le présent ouvrage s'occupe surtout de l'évolution de l'homme, élucide les causes originelles des effets présents et indique les possibilités futures ainsi que la nature des potentialités en voie d'épanouissement.

Ce livre se base aussi sur quatre postulats fondamentaux qui doivent être acceptés par l'étudiant comme hypothèse méritant d'être examinée et expérimentée. Nul chercheur véritable de la Sagesse Éternelle ne doit adhérer aveuglément à une présentation quelconque de la vérité ; il lui faut garder un esprit ouvert et peser et étudier sérieusement les théories, les idéaux, les lois et les vérités [8] qui ont conduit tant de gens de l'obscurité à la Lumière de la connaissance et de l'expérience.

Ces postulats sont formulés ci-après, dans l'ordre de leur importance

I. Dans notre univers manifesté existe l'expression d'une Énergie ou Vie, cause originelle des diverses formes et de la vaste hiérarchie des êtres capables de sentir, composant la totalité de tout ce qui est. C'est la théorie de l'hylozoïsme bien que le terme prête à confusion (Hylozoïsme, mot qui désigne un système philosophique qui attribue à la matière une existence nécessaire et douée de vie). Cette grande vie est la base du Monisme et tous les gens éclairés sont monistes. Dieu est "un" exprime la vérité. La vie unique pénètre toutes les formes qui sont les expressions, dans le temps et l'espace, de l'énergie centrale universelle. La vie en manifestation produit l'existence et l'être. Elle est donc la cause originelle de la dualité. Cette dualité existe du point de vue objectif, mais disparaît si l'aspect forme s'évanouit. De nombreux termes la désignent, dont les plus courants sont énumérés ici pour plus de clarté :

Esprit

Matière

Vie

Forme

Père

Mère

Positif

Négatif

Obscurité

Lumière

 

Les étudiants doivent garder présente à l'esprit cette unité essentielle, même s'ils parlent en termes finis, comme ils y sont obligés, de cette dualité qui apparaît cycliquement partout.

II. Le deuxième postulat découle du premier, à savoir que la Vie unique, en se manifestant dans la matière, produit un troisième facteur : la conscience, résultat de l'union des deux pôles esprit et matière, l'âme de toute chose. Elle imprègne toute substance ou énergie objective, elle est sous-jacente à toute forme, celle de l'unité d'énergie appelée atome, comme celle d'un homme, [9] d'une planète ou d'un système solaire. Telle est la théorie de l'autodétermination selon laquelle toutes les vies, dont se compose la vie unique, deviennent, dans leur sphère et leur état d'existence, comme enracinées dans la matière ; elles prennent les formes permettant à leur état de conscience particulier de se réaliser, ainsi qu'à leur vibration de se stabiliser. Ainsi peuvent-elles se connaître en leur état d'existence. La Vie unique devient de même une entité stabilisée et consciente au moyen du système solaire, elle est donc essentiellement la totalité de toutes les énergies, de tous les états de conscience et de toutes les formes d'existence. L'homogène devient l'hétérogène tout en demeurant pourtant l'unité. Le un se manifeste dans la diversité et reste pourtant inchangé. L'unité centrale est connue, dans le temps et l'espace, comme composite et différenciée. Pourtant, lorsque le temps et l'espace ne seront plus (car ils sont seulement états de conscience), l'unité seule demeurera. L'esprit persistera avec une action vibratoire accrue et la capacité d'intensification de la lumière dans des cycles ultérieurs de la manifestation.

Au sein de la pulsation vibratoire de la Vie une en manifestation, toutes les vies mineures répètent le processus d'existence : dieux, anges, hommes et myriades de vies qui s'expriment dans les formes des règnes de la nature et les activités du processus d'évolution. Toutes deviennent autocentrées et autodéterminées.

III. Le troisième postulat est que le but de la vie qui prend forme, ou le but de l'être manifesté, est le développement de la conscience ou la révélation de l'âme. Ce postulat pourrait s'appeler la théorie de l'Évolution de la Lumière. Comme le savant moderne lui-même déclare que lumière et matière sont termes synonymes, faisant ainsi écho à l'enseignement de l'Orient, il est évident que, de l'interaction de ces pôles et de la friction des couples d'opposés, la lumière jaillit. Le but de l'évolution s'avère être une série graduelle [10] de manifestations de lumière. Cette dernière se trouve voilée et cachée en toute forme. Avec le progrès de l'évolution, la matière devient de plus en plus conductrice de la lumière, démontrant ainsi l'exactitude des paroles du Christ : "Je suis la Lumière du Monde".

IV. Le quatrième postulat est que toutes les vies se manifestent cycliquement. C'est la théorie de la Renaissance ou Réincarnation, démontrant la loi de Périodicité.

Telles sont les grandes vérités fondamentales, bases de la Sagesse Éternelle : l'existence de la vie et le développement de la conscience par la prise cyclique de la forme.

Dans ce livre, toutefois, l'accent est mis sur la petite vie, sur l'homme "fait à l'image de Dieu" qui, par la réincarnation, développe sa conscience jusqu'à son plein épanouissement en âme parfaite, dont la nature est lumière et dont la réalisation est celle d'une identité consciente de soi. L'unité ainsi développée doit finalement se fondre, en pleine et intelligente participation, dans la conscience plus vaste dont elle fait partie.

Avant d'entrer dans le sujet, il vaut mieux définir certains termes que nous utilisons constamment, afin d'en rendre la compréhension plus claire et d'en connaître le sens réel.

1. Occulte. Ce mot se rapporte aux forces cachées de l'être et aux causes de la conduite qui produisent la manifestation objective. "Conduite" est employé ici à dessein, car toute manifestation, dans tous les règnes, est l'expression de la vie, du but ou du genre d'activité d'un être ou d'une existence ; c'est donc littéralement la conduite (nature extérieure ou qualité) d'une vie. Ces causes de l'action se trouvent cachées dans le dessein de toute vie, qu'il s'agisse d'une vie solaire, d'une entité planétaire, d'un homme ou de l'Être, totalité des états de conscience et de forme de tout règne de la nature. [11]

2. Loi. Une loi présuppose un être supérieur qui, avec intention et intelligence, coordonne ses forces de telle manière qu'un plan mûrit constamment. Grâce à une connaissance claire de ce but, cette entité déclenche les mouvements et les étapes qui conduiront le plan à la perfection. Le mot "loi", au sens habituel, exprime une idée de sujétion à une autorité inexorable et inflexible, mais non comprise de celui qui s'y trouve assujetti. Il implique d'un certain point de vue, l'attitude de l'unité absorbée dans l'impulsion de groupe, avec l'impossibilité de modifier l'impulsion ou de se soustraire aux résultats. Il éveille immanquablement dans la conscience humaine le sentiment d'être victime, d'être emporté comme feuille au vent, vers une fin sur laquelle on ne peut que spéculer, et d'être gouverné par une force exerçant une pression irrésistible, pour produire des résultats de groupe aux dépens de l'unité. Pareille attitude mentale est inévitable jusqu'à ce que la conscience de l'homme se soit élargie au point de percevoir les fins supérieures. Le contact établi avec son soi supérieur, l'homme participe à la connaissance de l'objectif, et, arrivé au sommet de la montagne de la vision, d'où l'œil embrasse un horizon plus vaste, il comprend qu'une loi n'est qu'impulsion spirituelle, manifestation de la vie de l'Être en qui il a la vie et le mouvement. Cessant de faire obstacle, il apprend que cette impulsion démontre un dessein intelligent, sagement dirigé et fondé sur l'amour. Il commence alors à appliquer lui-même la loi, à devenir un canal par où il fait passer avec sagesse, intelligence et amour autant de cette impulsion de vie spirituelle que son organisme particulier peut en capter pour la transmettre et l'utiliser. Il met fin au cycle de la vie close et égocentrique et ouvre tout grand les portes à l'énergie spirituelle. Ce faisant, il s'aperçoit que la loi, qu'il détestait et dont il se méfiait, est l'agent purificateur et vivifiant qui l'emporte, avec [12] toutes les créatures de Dieu, vers une glorieuse plénitude.

3. Psychique. Deux types de force se manifestent dans le règne humain.

Il s'agit de les comprendre clairement. Il y a la force qui anime les règnes subhumains, énergie animatrice qui, jointe à l'énergie de la matière et du soi, produit toutes les formes. L'effet de cette conjonction est de conférer à l'intelligence embryonnaire de la substance une sensibilité latente et une capacité de réaction, cause de la manifestation subjective que nous appelons âme animale. Elle présente quatre degrés ou stades de perception sensible.

a. Conscience du règne minéral,

b. Conscience du règne végétal,

c. Conscience du règne animal,

d. Conscience de la forme animale où agit l'homme spirituel. C'est un stade supérieur aux précédents.

Le deuxième type de force est la force psychique, résultat de l'union de l'esprit avec la matière sensible dans le règne humain, qui produit un centre psychique appelé âme humaine. C'est un centre de force ; la force, dont il est dépositaire ou qu'il manifeste, met en jeu une réaction et une perception qui sont celles de l'âme de la vie planétaire, conscience de groupe apportant des facultés et une connaissance d'un ordre différent de celui de l'âme animale. Celles-ci dominent finalement les pouvoirs de l'âme animale qui limitent, déforment et emprisonnent, et donnent à l'homme des contacts plus étendus et une connaissance infaillible, libérée de l'erreur, livrant accès à "la liberté des cieux". [13]

L'effet du libre jeu de l'âme humaine sert à démontrer la faillibilité et l'inutilité relative des pouvoirs de l'âme animale. Je désire ici souligner les deux sens du mot "psychique". Plus tard, nous en viendrons à la croissance et au développement de la nature psychique inférieure, ou âme des véhicules dans lesquels l'homme fonctionne dans les trois mondes, pour chercher à élucider la nature véritable de son âme et des pouvoirs qui peuvent entrer en jeu quand le contact est établi avec son propre centre spirituel, l'âme, et quand il vit dans la conscience de l'âme.

4. Épanouissement. La vie au cœur du système solaire produit l'épanouissement évolutif des énergies de cet univers dont il n'est pas encore possible à l'homme limité d'avoir la complète vision. De même, le centre d'énergie que nous appelons aspect spirituel de l'homme produit, par l'utilisation de la matière ou substance, le développement évolutif de ce que nous appelons âme, la plus haute manifestation de la forme, le règne humain. L'homme est le produit suprême de la vie dans les trois mondes. Par homme, j'entends l'homme spirituel, fils de Dieu incarné. Dans tous les règnes – humain, animal, végétal et animal – les formes contribuent à cette manifestation.

L'énergie du troisième aspect de la divinité tend à la révélation de l'âme, ou deuxième aspect, qui, à son tour, révèle l'aspect supérieur. Il faut toujours se souvenir que la Doctrine Secrète de H.P. Blavatsky exprime exactement cela en ces mots : "Nous regardons la vie comme la forme unique de l'Existence qui se manifeste dans ce que nous appelons matière ou dans ce que, les séparant à tort, nous nommons esprit, âme et matière de l'homme. La matière est le véhicule pour la manifestation de l'âme sur ce plan d'existence, et l'âme est le véhicule, sur un plan plus élevé, [14] pour la manifestation de l'esprit, les trois formant une Trinité synthétisée par la Vie qui les pénètre tous."

En utilisant la matière, l'âme se développe et trouve sa plus grande expression dans l'âme de l'homme. Ce traité s'occupe de l'épanouissement de cette âme et de sa découverte par l'homme.

5. Connaissance. Elle peut se diviser en trois catégories :

a. Connaissance théorique. Elle comprend toute connaissance familière à l'homme qu'il accepte sur les dires d'autrui, et des spécialistes des diverses branches de la connaissance. Elle se fonde sur des informations dignes de foi et implique la confiance dans les auteurs, les orateurs, l'intelligence experte des spécialistes de l'un ou l'autre des divers domaines de la pensée. Les vérités acceptées comme telles ne sont ni formulées ni vérifiées par qui les adopte, car la formation et l'équipement lui font défaut. Les données de la science, la théologie, les systèmes philosophiques et les penseurs influencent les idées acceptées sans discussion par un intellect non spécialisé, c'est-à-dire par l'homme moyen.

b. Connaissance avec discernement. Elle a une qualité sélective et implique un jugement intelligent, l'application pratique d'une méthode plus spécifiquement scientifique, l'expérimentation, l'élimination de ce qui ne peut être prouvé, et la sélection des facteurs qui peuvent être soumis à l'examen et qui sont conformes à ce que nous entendons par loi. La pensée rationnelle, dialectique, scolastique et concrète entre en jeu ; de nombreux éléments puérils, invraisemblables et invérifiables sont écartés, rejetés. Il en résulte une clarification dans le domaine de la pensée. Ce processus scientifique de discernement a permis à l'homme la conquête de nombreuses vérités concernant les trois mondes. La méthode [15] scientifique joue, par rapport au mental humain, un rôle semblable à celui de la méthode de la méditation occulte (dans ses premiers stades : concentration et son prolongement, méditation) par rapport à l'individu. Ainsi s'engendrent des processus de pensées justes ; les expressions non essentielles ou incorrectes de la vérité sont finalement éliminées ou corrigées et la concentration constante de l'attention, soit sur une pensée-semence, soit sur un problème scientifique, philosophique ou social mène finalement à leur clarification, tandis que s'imposent les idées justes et les déductions saines. Les plus éminents penseurs de toutes les Écoles de pensée offrent simplement des exemples de méditation occulte, et les brillantes découvertes de la science, les interprétations correctes des lois de la nature et la formulation de conclusions exactes en science, en économie, en philosophie, en psychologie ou autres disciplines, ne sont que l'enregistrement par le mental, puis par le cerveau, de vérités éternelles. C'est l'indice que l'homme commence à construire un pont sur le fossé qui sépare le monde objectif, du monde subjectif, le monde de la forme, du monde des idées.

c. Connaissance intuitive. L'intuition n'est en réalité que la perception par le mental de certains facteurs dans la création, de lois de la manifestation ou de quelque aspect de la vérité, connu de l'âme, émanant du monde des idées et étant de la nature des énergies génératrices de tout ce qui est connu et vu. Ces vérités toujours présentes et ces lois toujours agissantes ne peuvent être identifiées que par un mental développé, concentré et ouvert. Plus tard vient la compréhension, et finalement, l'application aux besoins et aux nécessités du cycle de l'époque. Des hommes au mental ainsi entraîné à penser clairement, à concentrer l'attention et à se rendre perceptifs à la vérité, ont existé de tout temps, mais [16] jusqu'ici ils étaient rares; ils étaient l'élite. Maintenant, leur nombre augmente ; le mental de l'humanité se développe et nombreux sont ceux qui sont prêts pour une nouvelle connaissance. L'intuition, qui guide les penseurs éminents dans les domaines les plus récents du savoir, est le signe avant-coureur de l'omniscience caractéristique de l'âme. La vérité existe en toute chose et nous l'appelons omniscience, infaillibilité ou, en termes de philosophie hindoue, "connaissance juste". Quand un homme en saisit un fragment et le fait pénétrer dans la conscience de l'humanité, nous disons qu'il a formulé une loi nouvelle, découvert tel ou tel processus de la nature ; travail jusqu'ici lent et fragmentaire. Plus tard, et il ne passera pas beaucoup de temps, la lumière affluera, la vérité sera révélée et l'humanité recevra son héritage, celui de l'âme.

La spéculation entre forcément dans certaines de nos considérations. Ceux qui perçoivent une vision, cachée encore aux gens privés de l'équipement nécessaire, sont considérés comme des fantaisistes peu sûrs. Si la vision est perçue par beaucoup de gens, sa possibilité est admise. Quand l'humanité sera éveillée, la vision deviendra un fait certain et une loi sera formulée. Ainsi en allait-il dans le passé, et pareil processus se répétera à l'avenir.

Pour l'homme moyennement évolué, le passé, comme le futur appartient au domaine spéculatif. Pourtant, il est lui-même le résultat de ce passé et son avenir sera fait de la totalité de ses caractéristiques et de ses qualités présentes. Cela est vrai de l'individu comme de l'humanité tout entière. Cette unité de la nature, que nous appelons quatrième règne ou règne humain, est le produit de son héritage physique ; ses caractéristiques sont le résultat de son développement affectif et mental et son patrimoine se compose des [17] valeurs accumulées durant les cycles de luttes dans son milieu, c'est-à-dire l'ensemble des autres règnes de la nature. Au sein du règne humain se trouvent des potentialités et des caractéristiques latentes, des richesses que l'avenir révélera et qui, à leur tour, détermineront cet avenir.

J'ai choisi à dessein de commencer par ce qui demeure indéfinissable et non reconnu. L'âme est encore une inconnue. Elle n'a point sa vraie place dans les théories de la science et de la recherche académique. Son existence n'est pas prouvée et les universitaires les plus larges d'esprit la considèrent comme une hypothèse non vérifiée. Elle n'est pas reconnue comme un fait dans la conscience de l'humanité. Deux groupes seuls l'admettent comme telle. L'un se compose de gens qu'il est facile de duper, au mental peu développé, de tendance religieuse, enclins à la piété, qui acceptent sans discuter les postulats de la religion tels l'existence de l'âme, de Dieu, l'immortalité. L'autre est un groupe restreint qui pourtant s'accroît régulièrement ; il comprend ceux qui "connaissent" Dieu et la réalité. Pour eux, l'âme est un fait d'expérience, toutefois, ils sont incapables de prouver cette existence de façon satisfaisante à l'homme qui accepte seulement ce que le mental concret peut saisir, analyser, critiquer et démontrer.

L'ignorant et le sage se retrouvent sur le même terrain comme il advient toujours des extrêmes. Entre eux se situent ceux qui ne sont ni totalement ignorants ni dénués de sagesse intuitive. Ce sont les gens cultivés, ayant quelque savoir, mais non la vraie connaissance, et qui doivent encore apprendre à discerner entre ce que peut saisir la raison, ce que peut percevoir le mental, et ce que seul le mental supérieur, ou abstrait, peut formuler et connaître. C'est finalement l'intuition qui est la "faculté de connaître" du mystique intelligent et pratique, lequel, reléguant la nature sensible [18] ou affective à sa propre place, utilise le mental comme point focal, et contemple, au moyen de cette lentille, le monde de l'âme.