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CHAPITRE QUATRE LA TECHNIQUE DE LA FUSION

CHAPITRE IV

LA TECHNIQUE DE LA FUSION

Ce dernier aspect de notre étude concerne la constante maîtrise que l'âme exerce sur la personnalité. Ce qui nous intéresse, c'est donc le stade de l'initiation, lequel met fin au sentier évolutif pour l'humanité et instaure un cycle d'existence dont nous ne connaissons rien et dont nous ne pouvons rien connaître, sauf que le Maître parvenu à la libération commence une double activité : en tant que membre de la Hiérarchie, coopérant au Plan et occupé à sauver l'humanité, et en tant que disciple de Sanat Kumara dont la tâche est, en ce qui concerne les Maîtres, de les préparer à fouler la Voie de l'Évolution Supérieure. Lorsque cela devient possible, l' "attention" spirituelle (j'emploie ce terme faute d'en trouver un meilleur) se déplace de l'âme et de l'Ange de la Présence vers la mystérieuse Présence elle-même, Présence qui n'a été jusqu'à présent que vaguement perçue. Le Maître, libéré des trois et des cinq mondes de l'évolution humaine et de la prétendue évolution surhumaine, a maintenant, pleinement, les dons d'omniprésence et d'omniscience. Il est conscient de l'unité sous-jacente de la vraie nature de la Vie Unique et de l'Être qui anime toute manifestation. Il a aussi maîtrisé toutes les techniques, tous les modes et toutes les méthodes possibles d'activité, de domination et de fusion. Ayant développé ces capacités, il devient vaguement conscient de ce qui conditionne l'Être Unique et il perçoit des énergies et des contacts extra-planétaires dont il était resté jusqu'alors complètement inconscient. Il en acquiert la connaissance après la cinquième initiation. [267]

Devant le Maître, se trouve un champ de perceptions encore plus élevées qu'il lui faut atteindre. Pour recueillir le bénéfice de ces contacts possibles, il lui faut maîtriser des techniques et des méthodes de développement qui le rendront omnipotent et lui permettront ainsi d'exprimer le plus élevé des trois aspects divins. Ce développement mettra à sa portée des pouvoirs et des expériences dont il ne peut se servir et qu'il ne peut comprendre que par l'activité scientifique de la VOLONTE. Cette activité ne peut être exercée que d'un point de tension focalisé dans ce qu'on entend par le terme "Monade". Savez-vous ce que cela veut dire, mon frère ? Sûrement pas. Seuls les Maîtres de la Sagesse peuvent comprendre ces ultimes développements et encore, seulement dans le sens de l'aspiration préméditée, phase de l'aspiration caractérisée par la volonté consciente, de même que l'aspiration du disciple est caractérisée par le désir sublimé.

Ces choses transcendent cependant la compréhension du disciple moyen ; leur seul intérêt est de dépeindre les opportunités sans fin qui se présentent à chaque stade et à chaque point de crise sur la Voie éternelle.

Ce qui nous concerne actuellement est l'important point de crise qui confronte le disciple lorsqu'il cherche à résoudre l'ultime paire d'opposés avant certaines initiations majeures ; la personnalité est confrontée à l'Ange de la PRESENCE. Je n'ai pas besoin de décrire ces deux aspects de la nature du disciple, car c'est ce qu'ils sont, essentiellement. Vous savez que le Gardien du Seuil est la personnalité pleinement développée, la somme de tout le passé, l'ensemble, sur le plan physique, de tous les problèmes non résolus, de tous les désirs non avoués, de toutes les caractéristiques et qualités latentes, de tous les aspects de la pensée et de la volonté personnelle, de tous les pouvoirs inférieurs et de toutes les anciennes habitudes de chacun des trois corps, à la fois bonnes et mauvaises. Tout cela, dans sa totalité, [268] est amené à la surface de la conscience pour y être traité d'une manière qui mettra fin à sa domination. Le disciple est alors libre de prendre les ultimes initiations. Le processus ne s'accomplit pas au cours d'une seule confrontation entre les deux forces antagonistes, il est à trois phases, comprenant chacune des trois périodes avant les trois premières initiations ou (de l'angle de la Hiérarchie) avant les deux initiations du seuil et avant la première grande initiation, celle de la Transfiguration.

Au cours de nombreuses existences, le disciple est resté sur le seuil. Il est lui-même le Gardien. Derrière la porte qui s'ouvre lentement, il perçoit la vie, l'énergie, la manifestation spirituelle et l'existence de l'Ange. Entre lui et cette porte, se trouve un terrain brûlant ; il l'affronte et sait qu'il doit le traverser s'il veut franchir la porte. Le problème qu'il lui faut donc résoudre est de savoir si la volonté d'y parvenir est assez forte pour qu'il puisse soumettre son soi personnel inférieur aux feux de la purification finale. Le soi personnel est maintenant très développé ; c'est un instrument utile que l'âme peut utiliser ; c'est un serviteur bien entraîné ; c'est essentiellement une partie d'un équipement adéquat et utile. Il offre cependant des points faibles qui peuvent à tout moment provoquer des points de crise. Il a aussi des points forts qui peuvent être transmués en points de tension avec une relative facilité. Dans l'ensemble, c'est un instrument digne de confiance qui peut rendre un bon service. Peut-il et doit-il être sacrifié, de façon qu'il perde sa vie (dans le sens ésotérique) et que se substituent consécration et dévotion ? Pour tous les disciples, c'est un problème difficile à résoudre, à comprendre et à envisager pratiquement. Ce n'est qu'en traversant trois fois de suite le terrain brûlant que tous les empêchements au libre exercice de la volonté sont détruits. Par la volonté, le rapport entre l'Ange et le Gardien doit être amené à sa pleine expression. Je me réfère ici à la volonté spirituelle et à ses trois aspects [269] qu'il faut mettre en jeu avant que la volonté divine ne puisse commencer à dominer. Le disciple réunit les deux aspects de sa nature, en pleine conscience et avec claire intention, par un acte prémédité de la volonté. Cet acte produit un point de tension au "centre du terrain brûlant où les deux peuvent se joindre", ainsi que les anciennes Archives l'indiquent.

J'attire votre attention sur le fait que c'est "à mi-chemin" que se place la grande soumission de l'inférieur au supérieur. Elle ne se produit pas lorsque le disciple hésite, incertain, à la périphérie du terrain brûlant, ou lorsqu'il se tient devant la porte, avec l'expérience du terrain brûlant déjà derrière lui. Le point essentiel de crise qui produit le point de tension nécessaire est le résultat de "la décision invocatoire" de la personnalité qui, avec le temps, produit une "réponse évocatrice" de l'Ange. Les deux éléments impliqués (et n'oubliez pas, mon frère, que tout cela a lieu dans le champ de la conscience du disciple) se meuvent ensemble et vont l'un vers l'autre. Ils se rencontrent au centre du terrain brûlant, et alors la lumière plus petite de la personnalité (lumière véritable en soi) est absorbée dans la lumière plus grande de l'Ange ou âme. L'Ange, par conséquent, "oblitère occultement" le Gardien, lequel est perdu de vue dans l'aura rayonnante de l'Ange. C'est dépeint symboliquement dans le livre des images du ciel quand, selon les cérémonies catholiques, l'Assomption de la Vierge a lieu ; la constellation de la Vierge se perd dans le rayonnement du soleil. Nous avons là les trois éléments :

1. La Vierge forme matérielle la personnalité le Gardien

2. Le Soleil nature spirituelle l'âme l'Ange

 3. La Terre l'homme qui aspire le disciple

La personnalité demeure ; elle existe encore mais elle n'apparaît plus ce qu'elle était. La lumière de l'Ange l'enveloppe. Le terrain brûlant a accompli son œuvre, et la personnalité n'est maintenant ni [270] plus ni moins que l'enveloppe ou la forme purifiée à travers laquelle la lumière, le rayonnement, la qualité et les caractéristiques de l'Ange peuvent briller. C'est une fusion de lumières, la plus puissante oblitérant l'autre.

Comment cela s'est-il produit ? Je ne me réfère pas à la préparation du Gardien du Seuil en vue de ce grand événement ni aux siècles sans nombre de discipline, de préparation, d'expérimentation et d'expériences qui, vie après vie, ont rendu possible cet événement et en ont assuré le succès. Les deux aspects de l'homme ne peuvent se rencontrer avec plein pouvoir, avec intention et finalité, que lorsque l'illusion ne domine plus le mental, que lorsque le mirage a perdu tout pouvoir de cacher, et lorsque les forces de la maya ne peuvent plus entraver. Le discernement, l'absence de passion et l'indifférence ont amené la dissipation par la lumière focalisée, par la puissance dissipatrice de la lumière distribuée et du pouvoir directeur de l'énergie de la lumière. Maintenant le disciple reconnaît :

1. Le fait de son état de disciple.

2. La perception de l'Ange qui, dynamique, attend.

3. L'appel invocatoire du Gardien du Seuil.

4. La nécessité d'utiliser la volonté d'une manière nouvelle et différente.

5. La nécessité de traverser le terrain brûlant.

Les problèmes sont maintenant parfaitement clairs. C'est une question de moment à choisir et de décision à prendre. Je vous rappelle que, dans tous ces processus, c'est le disciple qui, en pleine conscience, agit. Il instaure tous les processus lui-même. Ce n'est pas l'Ange ni le Gardien, mais l'homme spirituel qui doit utiliser la volonté et prendre des mesures déterminées pour aller de l'avant. Une fois que le disciple a pris ces mesures nécessaires et irrévocablement avance, la réponse de l'Ange est certaine, automatique, enveloppant tout. Le résultat [271] immédiat et normal en est la complète oblitération du soi personnel en trois stades successifs. C'est à cela que se référait Jean Baptiste lorsqu'il disait : "Il faut qu'il croisse et que je diminue." Lorsqu'il prononça ces paroles, il parlait en tant que disciple, avant la deuxième initiation du seuil. Cette croissance et ce déclin occultes nous sont indiqués dans les phases de la lune et, pour la planète prise comme un tout, dans le signe des Gémeaux, où la lumière de l'un des jumeaux diminue lentement tandis que la lumière de l'autre gagne en intensité. Lorsque cette "oblitération occulte" a eu lieu, quelle est la destinée du disciple ? C'est la domination complète de l'âme, ce qui en pratique veut dire réalisation de groupe, travail de groupe, service de groupe et finalement initiation de groupe. Je n'ai pas l'intention de m'étendre ici sur ces développements que j'ai longuement traités dans mes autres ouvrages. J'ai donné ici une courte explication des effets que les substances et les forces substantielles qui se trouvent dans les trois mondes produisent chez le disciple, et comment elles influencent l'aspirant. Je n'ai pas considéré les problèmes du mirage, de l'illusion et de la maya de l'angle de l'homme ordinaire lequel y est nécessairement plongé et passe sa vie sous leur impact constant. C'est par eux qu'il apprend. Il n'est pas parvenu au point où il cherche à s'en libérer comme le fait l'homme sur le Sentier. J'ai donc considéré les problèmes de l'angle des disciples et des aspirants.

Devant eux, le CHEMIN s'ouvre et ils arriveront à la reconnaissance consciente de la lumière. Les besoins du service des hommes et des femmes qui se sont libérés de l'illusion et du mirage n'ont jamais été aussi dramatiquement présents qu'ils le sont aujourd'hui ; c'est à l'intention de ces serviteurs en puissance, qui sont désespérément nécessaires, que j'écris.

Que l'Ange de la PRESENCE puisse faire sentir qu'il est près de vous et qu'il vous inspire à passer avec courage à travers les feux du [272] terrain brûlant, telle est ma fervente prière ; que le fait de la PRESENCE puisse être perçu par vous, qu'il vous conduise à une plus grande activité, une fois passé le terrain brûlant, tel est le vœu le plus ardent que je fais pour vous. Que la lumière puisse briller sur votre route et vous amène à une consommation sûre et garantie de tout le labeur et de toute la lutte qui ont caractérisé le chemin de votre vie, tel est le désir que mon cœur formule pour vous. Je vous appelle à une œuvre plus active et plus soutenue.

LE TIBETAIN.

 

 

FIN DU LIVRE