Naviguer dans les chapitres de ce livre

CHAPITRE DEUX LES CAUSES DU MIRAGE - Partie 2

SIXIEME RAYON.

Le mirage de la dévotion.

Le mirage de l'attachement aux formes et aux personnes.

Le mirage de l'idéalisme.

Le mirage de la loyauté, des croyances. Le mirage de la réaction émotionnelle. Le mirage de la sentimentalité.

Le mirage de l'ingérence.

Le mirage des paires d'opposés inférieurs.

Le mirage des Sauveurs et des Instructeurs du Monde. Le mirage de la vision étroite.

Le mirage du fanatisme.

SEPTIEME RAYON.

Le mirage du travail magique.

Le mirage du rapport entre les opposés. Le mirage des pouvoirs souterrains.

Le mirage de ce qui unit.

Le mirage du corps physique.

Le mirage du mystère et du secret. Le mirage de la magie sexuelle.

Le mirage de la manifestation de forces.

J'ai énuméré de nombreux mirages ; mais il y en a des légions et je n'ai pas épuisé tout le domaine du mirage.

Un des groupes avec lequel j'ai travaillé a offert certaines caractéristiques et certaines difficultés ; il serait sans doute intéressant de les mentionner ici.

Ce groupe avait, à l'égard des autres groupes, une curieuse histoire, ses membres ayant changé plusieurs fois. Chaque fois, le membre qui quittait le groupe y était entré en raison d'un droit karmique et d'anciens rapports avec moi-même ou avec les autres [124] membres du groupe ; il avait donc acquis le droit de participer à ses activités. Mais chaque fois, c'était un échec, et chaque fois pour des raisons dues à la personnalité. Ces membres ne manifestaient pas de conscience de groupe, ils étaient seulement occupés d'eux-mêmes. Il leur manquait une vision nouvelle et plus vaste. D'eux-mêmes, ils s'éliminaient donc des activités propres au nouvel âge. Je vous le signale, car il est bon que les disciples comprennent que le rapport karmique ne peut être ignoré et que l'opportunité d'appartenir au groupe doit être offerte même si elle retarde la mise en activité du service de groupe.

Plusieurs membres du groupe luttaient encore contre le mirage, et il leur fallut un certain temps pour qu'ils soient capables d'en reconnaître l'apparition. La principale tâche de ce groupe était de dissiper un peu le mirage universel par une méditation spécifique unifiée. Des membres du groupe étaient également confrontés à d'importants ajustements à opérer dans leur vie ou ils les réalisaient ; il fallut donc un certain temps pour que soit bien établi le rythme subjectif nécessaire. Mais tous travaillaient avec compréhension, persévérance et enthousiasme, et le travail du groupe put bientôt commencer.

Il serait bon que vous considériez les questions suivantes :

1. Quelle est la méthode par laquelle les idées se développent, à partir du moment où elles font impression sur le mental d'un être intuitif ? Pour le dire d’une manière générale, elles passent par les stades suivants, ainsi qu'il vous l'a été dit souvent :

a. L'idée basée sur la perception intuitive.

b. L'idéal basé sur une formulation et une distribution mentales.

c. L'idole basée sur la tendance de la manifestation physique à concrétiser.

2. Quels sont les mirages qui, à votre avis, dominent particulièrement le monde aujourd'hui, et pour quelles raisons ? [125]

3. J'ai souvent parlé du travail que ce groupe et certains autres groupes ont l'intention d'accomplir pour dissiper le mirage mondial. Avez-vous une idée de la manière dont cette tâche pourrait être accomplie, ou ce qu'elle exigera de vous ?

3. Les contrastes entre le mirage supérieur et le mirage inférieur

Dans les pages précédentes, nous avons considéré, brièvement et sans approfondir, certaines causes du mirage épais qui entoure l'humanité. Il en est ressorti clairement qu'il est très ancien, fortement structuré et qu'il est la caractéristique dominante du plan astral ; également sont apparues claires les trois causes principales parmi les causes subsidiaires qui y prédisposent :

1. Les mirages provoqués par la vie planétaire et inhérents à la substance même.

2. Les mirages instaurés par l'humanité dans son ensemble et intensifiés au cours d'un très long passé.

3. Le mirage engendré par l'individu lui-même, soit dans le passé en raison de sa participation au mirage mondial, soit au cours de cette existence.

Chaque être humain est sujet à tous ces mirages ; au cours de nombreuses vies, il a été la victime sans défense de ce que, plus tard, il devait découvrir comme étant faux et trompeur. Il apprend alors qu'il n'a pas à se soumettre à la domination du passé, astral, émotionnel et illusoire, mais qu'il possède un équipement adéquat pour l'affronter, ce qu'il ignorait ; il apprend qu'il existe des méthodes et des techniques permettant de vaincre l'illusion, de dissiper le mirage et de maîtriser la maya. C'est là une révélation initiale ; lorsqu'il en a compris les implications et qu'il s'est décidé à dominer les conditions [126] indésirables, il parvient enfin à reconnaître une dualité essentielle qui n'est pas, pour le moment, une illusion. Il découvre le rapport entre lui- même, comme personnalité, véritable Gardien du Seuil, et l'Ange de la PRESENCE, gardant la porte de l'initiation. C'est là, un moment critique dans la vie du disciple qui indique qu'il peut commencer à fouler le Sentier de l'Initiation, s'il le désire et s'il possède la force d'âme requise.

En dernière analyse, la subjugation partielle du mirage et la libération de l'esclavage de l'illusion indiquent à la Hiérarchie que l'homme est prêt pour les processus d'initiation. Tant que cet homme est encore trompé, tant qu'il n'est pas un peu plus libre mentalement, il ne lui est pas possible de faire face à l'Ange qui attend et de passer par la porte. Je voudrais vous signaler que, après avoir franchi la porte de l'initiation, le disciple revient chaque fois dans les trois mondes d'activité pour assumer de nouveau sa tâche ; il accomplit de nouveau les anciens processus, rapidement et avec compréhension, puis il se met à apprendre les points essentiels de la leçon initiatique suivante. Je vous donne là beaucoup d'informations sous une forme très condensée ; c'est tout ce que je puis faire pour le moment.

Pendant longtemps, un sentiment de dualisme envahit le disciple et son existence lui apparaît comme étant un conflit permanent entre les paires d'opposés. La bataille des contraires est livrée consciemment dans sa vie. Il oscille entre les expériences du passé et le souvenir vivant de l'expérience de l'initiation qu'il a vécue, l'accent étant mis tout d'abord sur les premières, puis, plus tard, sur la grande expérience finale qui influence si profondément sa vie intérieure. Il a de longs moments au cours desquels il est le disciple désorienté, luttant contre [127] le mirage, et de brefs instants où il est l'initié triomphant. Il découvre en lui les sources du mirage et de l'illusion et le piège de maya, jusqu'au moment où, de nouveau, il se tient devant la porte et affronte la plus importante dualité de son petit cosmos particulier, le Gardien et l'Ange.

Tout d'abord, il craint l'Ange et la lumière que projette l'apparition de l'Ange, car cette lumière montre dans sa vivante réalité la nature du Gardien qui est le disciple lui-même. Il perçoit, comme jamais auparavant, la tâche formidable qui l'attend et la véritable importance de l'œuvre à laquelle il s'est consacré. Peu à peu, deux choses se présentent dans son esprit avec une clarté saisissante :

1. La signification de sa propre nature, avec son dualisme essentiel.

2. La reconnaissance du rapport entre les paires d'opposés avec lesquelles, en tant que disciple, il lui faut travailler.

Une fois saisi le rapport de la principale dualité inférieure – entre la personnalité et l'âme – il est prêt à passer à la réalité supérieure, celle du Soi intégré (personnalité et âme) et de son rapport avec la PRESENCE. Vous trouverez là, exprimé de manière concise, le résultat des trois premières et des deux dernières initiations. Réfléchissez-y.

J'estime nécessaire de vous exposer les diverses caractéristiques de l'homme intelligent et du disciple, caractéristiques qui s'opposent, et en appliquant au terme "disciple" tous les stades de développement, de celui de disciple accepté à celui de Maître. Rien d'autre n'existe que la Hiérarchie qui est un terme qui dénote un progrès continu d'un état d'être et de conscience inférieurs à un état supérieur. [128] Dans chaque cas, c'est l'état de conscience d'un certain être, limité et dominé par la substance. Notez que je dis "substance" et non "forme", car c'est en réalité la substance qui domine l'esprit pendant un long, très long cycle de manifestation ; ce n'est pas la matière qui domine, pour la raison que la matière grossière est toujours dominée par les forces qui, ésotériquement, sont considérées éthériques et, par conséquent, comme substance et non pas comme forme. Souvenez-vous-en toujours, car c'est la clé pour une véritable compréhension de la nature inférieure.

Nous allons donc étudier les contrastes fondamentaux que le disciple doit saisir intuitivement et avec lesquels il lui faut se familiariser. Nous allons diviser ce que nous avons à dire en quatre parties, traitant chacune d'elles brièvement mais, je l'espère, utilement :

a. Le contraste entre l'Illusion et son contraire L'Intuition.

b. Le contraste entre le Mirage et son contraire L'Illumination.

c. Le contraste entre Maya et son contraire L'Inspiration.

d. Le contraste entre le Gardien du Seuil et son contraire L'Ange de la PRESENCE.

Vous voyez donc que c'est là un vaste sujet, traitant du plus important problème du disciple. Je vous rappelle ce que je vous ai déjà dit au sujet des quatre aspects du mirage et je vous prie d'étudier de nouveau soigneusement les divers tableaux que je vous ai donnés en plusieurs occasions.

a. Le contraste entre l'Illusion et l'Intuition

J'ai choisi, pour l'étudier, ce premier contraste car il devrait constituer normalement, mais pas nécessairement, le principal mirage des membres de ce groupe. Malheureusement, le mirage émotionnel domine toujours, et, pour la plupart d'entre vous, le deuxième contraste, celui qui oppose mirage et illumination, est peut-être le plus utile et le plus constructif.

L'illusion est le pouvoir de certaines formes-pensée mentales, de [129] certains idéaux et de certains concepts perçus, saisis et interprétés mentalement, pour dominer les processus mentaux de l'individu ou de la race et par conséquent pour produire une limitation de la manifestation de l'individu ou du groupe. Ces idées, ou ces concepts, peuvent être de trois sortes, comme je suppose que vous le savez :

1. Elles peuvent être héritées, comme dans le cas de ceux qui éprouvent tant de difficultés à s'adapter à la nouvelle vision de la vie du monde et de l'ordre social, vision exprimée par les idéologies les plus récentes. Ils sont fortement conditionnés par leur tournure d'esprit, leurs traditions et leur milieu.

2. Elles peuvent être plus modernes et, en dernière analyse, être des réactions de la pensée moderne aux situations et aux conditions du monde ; beaucoup d'aspirants tendent naturellement à ces idées, surtout s'ils vivent dans les tourbillons de force que nous appelons l'Europe moderne. Ces idées modernes se divisent en grands courants et en idéologies dominantes ; toute personne intelligente y réagit inévitablement, oubliant cependant que cette réaction est fondée sur la tradition ou sur des prédispositions nationales ou internationales.

3. Elles peuvent être plus récentes encore et vaguement perçues, et ont en elles le pouvoir de conditionner l'avenir et conduire la génération actuelle des ténèbres à la lumière. Aucun de vous n'a encore perçu réellement ces nouvelles idées, bien qu'en des moments de méditation élevée et de réalisation spirituelle, vous ayez pu y réagir vaguement et brièvement. Cette réaction peut être réelle dans la mesure où elle conditionne nettement votre service à votre prochain. Vous pouvez y réagir correctement et de plus en plus, si vous conservez l'intégrité de votre âme et si vous n'êtes pas accablés par la bataille et par la fièvre qui vous entourent au sein du champ de service que vous avez choisi. [130]

On pourrait dire qu'une illusion mentale est une idée incarnée dans une forme idéale qui exclut toute autre forme d'idéal. Elle exclut donc la possibilité de prendre contact avec des idées. L'homme est lié au monde des idéaux et de l'idéalisme et ne peut s'en libérer.

Cette illusion mentale lie, limite et emprisonne l'homme. Une idée bonne en soi peut donc devenir très facilement une illusion et se transformer, dans la vie de l'homme qui l'enregistre, en un désastreux facteur de conditionnement.

Vous pourriez sans doute vous demander si la Hiérarchie même n'est pas conditionnée par une idée et, par conséquent, victime d'une illusion générale et largement répandue. D'une part, les Directeurs de la Hiérarchie et les Gardiens du Plan ne peuvent jamais être autorisés à remplir ces fonctions tant qu'ils ne sont pas exempts de tout ce qui peut stimuler l'illusion. D'autre part, je vous rappelle que toutes les idées s'écoulent dans la conscience planétaire par le canal des sept rayons. Ainsi, la Hiérarchie est largement ouverte aux sept principaux groupes d'idées qui constituent l'IDEE de Dieu pour chaque période spécifique de temps exprimée de sept principales manières, toutes également justes et toutes, répondant aux septuples besoins de l'humanité. Chacune de ces sept formulations de l'idée de Dieu doit apporter sa contribution spéciale ; chacune d'elles est une idée véritable qui a son rôle à jouer dans le service humain ou planétaire ; et chacune d'elles est si intimement liée aux six autres expressions de la même Idée divine qui s'expriment en idéaux sur le plan mental, qu'il n'est pas possible de les limiter à une seule idée, avec ses ramifications, comme cela se pratique chez les hommes. Il y a, pour le moins, une certaine sensibilité à sept groupes d'idées et aux idéaux qui en résultent ; et s'il n'y avait que cela, la Hiérarchie est assez souple et fluide pour les saisir. Mais il y a beaucoup plus, car, pour les membres de la Hiérarchie, l'idée et ses effets sont seulement interprétés comme des formes-pensée humaines et sous l'angle de l'idéalisme humain, mais ils doivent aussi être contactés et étudiés dans leur rapport avec [131] le Mental de Dieu et avec les règnes planétaires. Ces idées émanent du plan bouddhique, lequel est rarement ouvert à la conscience du disciple moyen et n'est certainement pas à la portée de l'idéaliste moyen. Je vous rappelle ici que peu d'idéalistes sont en contact avec l'idée qui a donné naissance à l'idéalisme ; ils sont en contact avec l'interprétation humaine de l'idée, idée qui est formulée par un disciple ou une personne intuitive, ce qui est tout différent.

On peut donc définir l'illusion comme étant la conséquence d'une idée (traduite en un idéal) considérée complète en soi, perçue indépendamment de toutes les autres idées, qu'elles soient de nature religieuse ou apparemment sans rapport avec la religion. Ces mots indiquent le fait de la séparation des idées et de l'incapacité de l'homme de relier les divers aspects d'une idée divine. Quand la conception d'une idée est étroite et séparative, la vérité est fatalement déformée et le disciple ou l'aspirant, inévitablement, se consacre à un aspect partiel de la réalité ou du Plan et non pas à la vérité telle qu'elle peut être révélée, ou au Plan tel que le connaissent les Membres de la Hiérarchie. Cette illusion suscite chez le disciple ou l'idéaliste une réaction émotionnelle qui alimente immédiatement le désir et provoque par conséquent un transfert du plan mental au plan astral. Ainsi donc se trouve évoqué un désir pour un idéal partiel et inadéquat, et ainsi l'idée ne parvient pas à sa pleine expression, car ceux qui l'interprètent ne voient que cet idéal partiel, le croyant être la vérité tout entière et, par conséquent, ils ne peuvent saisir ses implications sociales, planétaires et cosmiques.

Lorsque l'idée tout entière est réellement saisie (chose rare, en vérité), il ne peut y avoir illusion. L'idée est tellement plus grande que l'idéaliste que l'humilité ressentie le sauve de l'étroitesse d'esprit. [132] Où se manifestent l'illusion (ce qui est commun) et une vague réaction à l'idée accompagnée d'une certaine interprétation, on voit apparaître des fanatiques, de vagues idéalistes, ceux qui imposent une idée selon leur propre interprétation, des hommes d'esprit étroit qui cherchent à exprimer leur propre interprétation de l'idée de Dieu, et des visionnaires aux idées étroites et limitées. Une peinture aussi illusoire de la vérité et un semblable exposé de l'idée ont été à la fois l'orgueil et le malheur du monde. Ils comptent parmi les facteurs qui ont mis notre monde moderne dans ses tristes conditions ; le monde souffre aujourd'hui, inévitablement sans doute, du mauvais usage qui a été fait de la faculté divine permettant de venir en contact avec l'idée et de la transformer en un idéal. Ces idées interprétées humainement et mentalement sous forme d'idéologies étroites ont été imposées avec des effets lamentables pour les hommes. Ces derniers doivent apprendre à aller jusqu'à l'idée véritable qui se trouve derrière leur idéal et à l'interpréter avec exactitude à la lumière de leur âme, et en outre à employer les méthodes qui garantissent et assurent l'AMOUR. Par exemple, l'idée qui s'exprime par l'affirmation que "tous les hommes sont égaux" n'est pas une illusion ; c'est un fait sur lequel il faut insister ; c'est ce qu'ont compris les gens de tendances démocratiques. C'est en réalité l'énoncé d'un fait, mais lorsqu'on n'admet pas également les idées tout aussi importantes de l'évolution, des attributs raciaux, des caractéristiques nationales et religieuses, l'idée fondamentale ne reçoit qu'une application limitée. De là viennent les systèmes idéologiques imposés dans les temps modernes et à l'heure actuelle, ainsi que la rapide croissance des illusions idéologiques, lesquelles sont néanmoins et sans exception basées sur une idée vraie. De même, ce n'est pas une illusion de penser que le développement de la conscience christique soit le but de la famille humaine ; mais quand cette idée est interprétée sous forme de religion autoritaire et cela par des gens en qui la conscience christique n'est pas encore développée, elle devient un concept de bon aloi, et souvent aussi un stimulant obscur, entrant ainsi immédiatement dans le domaine de l'illusion. [133]

Je cite ces deux exemples parmi beaucoup d'autres, afin que vous compreniez mieux comment se produisent les illusions, comment elles se développent et comment finalement elles disparaissent. Vous pourrez ainsi avoir des points de comparaison vous permettant de saisir la valeur relative du vrai et du faux, de ce qui n'est que temporel et de ce qui est l'éternité fondamentale du réel.

Vous verrez donc clairement que les niveaux concrets ou inférieurs du plan mental ont acquis, ou accumulé, au cours des âges, un grand nombre d'idées qui ont été présentées comme des idéaux, revêtues de matière mentale, alimentées par la vitalité de ceux qui ont reconnu la part de la vérité de l'idée qu'ils étaient capables d'exprimer, et qui ont également donné à ces idéaux une force correspondant à leur propre faculté de construire des formes-pensée, et l'attention qui implique nécessairement la vitalisation de l'idéal limité et formulé, car, comme vous le savez, l'énergie suit la pensée.

Ces formes de pensée deviennent objectives par rapport à la réalité subjective que l'homme cherche à atteindre et à laquelle il s'identifie pendant de longues périodes. Il se projette en elles, les vitalisant et leur donnant vie et continuité. Elles finissent par devenir une partie de lui-même, conditionnent ses réactions et ses activités ; elles alimentent son désir et, par conséquent, prennent une importance exagérée, créant une barrière (de densité variable selon le degré d'identification) entre l'homme en incarnation et la réalité qu'est son Être véritable.

Il n'est pas utile de citer ici certaines de ces formes-pensée, ni certains aspects de l'illusion intellectuelle et mentale qui abondent. Mais je ne voudrais pas que vous pensiez une seconde que l'idée exprimée que nous appelons idéal soit en elle-même une illusion. Elle ne le devient que lorsqu'elle est considérée comme une fin en soi au lieu d'être ce qu'elle est essentiellement, un moyen d'atteindre une fin.

Un idéal correctement saisi et utilisé constitue une aide temporaire permettant d'atteindre la réalité imminente qui est le but que l'homme

 [134] ou l'humanité veut atteindre à une époque donnée. L'idée qui se présente aujourd'hui à l'humanité est de rétablir (sur une volute supérieure de la spirale) le rapport spirituel qui caractérisait la race humaine dans son enfance, dans son état primitif. Sous la sage et paternelle direction de la Hiérarchie et des prêtres-initiés, les hommes reconnurent ne former qu’une seule famille, une famille de frères, et parvinrent à cette connaissance par le sentiment et une perception sensible développée. Aujourd'hui, sous le nom de Fraternité, la même idée cherche une forme mentale et le rétablissement d'un rapport spirituel renouvelé (l'idée) par la préparation des hommes aux justes relations humaines (l'idéal). Tel est le but immédiat que poursuit l'humanité.

Ce résultat sera inévitablement obtenu par le cycle des nécessités que nous traversons ; et l'idée vaguement perçue, résultant d'une implacable obligation, imposera son rythme à la race de telle façon que tous les hommes arriveront à la réalisation de l'être véritable. Si l'on étudie attentivement les bases mêmes de toutes les idéologies sans aucune exception, on découvrira que l'idée de rapports intégraux (souvent déformée et cachée sous des méthodes erronées) d'objectifs spirituels et d'activité fraternelle et positive, se trouve derrière chaque forme extérieure. J'ai pris la situation actuelle comme illustration de l'idée qui prend forme en tant qu'idéal, et qui, hélas, devient souvent l'idole et, sous la direction de quelque fervent idéaliste, le but incompris, démesuré et fanatiquement poursuivi par les masses. Un idéal est l'expression temporaire d'une idée fondamentale ; il n'est pas destiné à être permanent, mais simplement à servir un besoin donné et à indiquer comment sortir du passé et entrer dans un avenir plus adéquat. [135]

Tous les idéaux actuels qui s'expriment à travers les idéologies courantes serviront leurs propres fins et finalement disparaîtront, comme d'autres ont disparu au cours de l'histoire humaine et ils feront place finalement à un rapport spirituel conscient, à une confraternité subjective, à une fraternité nettement manifestée. À leur tour, ceux-ci produiront, lorsqu'ils seront suffisamment développés et compris, une forme de domination et de direction, un type de gouvernement que les penseurs avancés de notre époque ne pourraient comprendre.

Lorsque le mental d'un individu, d'une race ou de l'humanité en général est dominé par certains idéaux, certains concepts mentaux et certaines formes- pensée formulées, à l'exclusion de tout autre perspective ou vision, et même de toute réalité, ils constituent une illusion. Ils empêchent le libre jeu de l'intuition et de son réel pouvoir de révéler l'avenir immédiat ; ils excluent souvent de leur expression le principe fondamental du système solaire, l'Amour, en imposant un principe secondaire et temporaire ; ils peuvent ainsi constituer un "redoutable et noir nuage de pluie" qui cache à la vue le "nuage de pluie des choses connaissables" (auquel se réfère Patanjali dans son dernier livre), nuage de sagesse qui plane sur le plan mental inférieur et qui peut être saisi et utilisé par les étudiants et les aspirants par le libre jeu de l'intuition.

Considérons maintenant l'intuition qui est l'opposé de l'illusion, nous souvenant que l'illusion emprisonne un homme sur le plan mental ; elle l'entoure complètement de formes-pensée créées par l'homme, empêchant toute évasion vers les domaines de conscience supérieurs ou dans le service aimant qu'il faut exercer dans les mondes inférieurs où l'effort s'accomplit consciemment.

Le point sur lequel je voudrais surtout insister ici est que l'intuition est la source ou le dispensateur de la révélation. C'est par l'intuition que sont révélées et progressivement comprises les voies de Dieu à l'égard du monde et en faveur de l'humanité. C'est par l'intuition que [136] sont successivement saisies la transcendance et, l'immanence de Dieu et que l'homme peut pénétrer dans la pure connaissance, dans la raison inspirée qui lui permettront de comprendre non seulement les processus de la nature dans sa quintuple expression divine, mais aussi les causes sous-jacentes de ces processus, en montrant que ce sont là des effets et non pas des événements de caractère initiatique. Par l'intuition, l'homme parvient à l'expérience du royaume de Dieu et découvre la nature, le genre des vies et des phénomènes et les caractéristiques des Fils de Dieu quand ils entrent en manifestation. Par l'intuition, certains des plans et des desseins qui se révèlent dans les mondes créés et manifestés sont portés à l'attention de l'homme, et il lui est montré ainsi comment lui-même et le reste de l'humanité peuvent coopérer au dessein divin et accélérer sa réalisation. Par l'intuition, les lois de la vie spirituelle qui sont les lois qui gouvernent Dieu lui-même, qui conditionnent Shamballa, qui guident la Hiérarchie, se portent progressivement à son attention, à mesure qu'il se montre capable de les comprendre et de les mettre en œuvre.

Quatre catégories d'individus sont capables de recevoir la révélation grâce à l'éveil de l'intuition :

1. Ceux qui se trouvent sur la voix des sauveurs du monde. Ils perçoivent et contactent le plan divin ; ils se sont consacrés au service et au travail pour le salut de l'humanité. Ils expriment différents degrés de réalisation, de ceux qui cherchent à révéler la divinité dans leur propre vie et dans leur propre ambiance (par des changements et des effets s'opérant dans la vie personnelle) jusqu'aux grands intuitifs et Sauveurs du monde tel que le Christ. Les uns sont, très probablement, poussés par quelque crise intuitive qui les transforme entièrement et leur donne un nouveau sens des valeurs ; les autres peuvent, à volonté, s'élever jusqu'au monde de la perception [137] et des valeurs intuitives, s'assurer de la volonté de Dieu et avoir une vaste vision du Plan. Ces grands Représentants de la Divinité ont "droit de cité" dans la Cité Sainte (Shamballa) et dans la Nouvelle Jérusalem (la Hiérarchie). Ils ont donc des contacts de caractère unique ; jusqu'à présent, ils sont peu nombreux.

2. Ceux qui se trouvent sur la voie des prophètes. Ils sont en contact avec le Plan à des moments d'intuition supérieurs ; ils savent ce que réserve l'avenir. Je ne me réfère pas ici aux prophètes hébreux, si familiers à l'Occident, mais à tous ceux qui voient clairement ce qu'il faudrait faire pour conduire l'humanité des ténèbres à la lumière, en commençant par la situation telle qu'elle existe et en envisageant un avenir de perfection divine. Ils ont dans leur esprit une claire image de ce qu'il est possible d'accomplir et le pouvoir de le montrer aux hommes de leur époque. Il y a ceux qui ont une vision relativement claire de l'image et des objectifs cosmiques, et ceux qui voient simplement la prochaine étape que doit accomplir l'humanité ou une nation. Isaïe et Ézéchiel sont, parmi les prophètes juifs, les deux seuls qui aient eu une vision vraiment prophétique et cosmique. Les autres furent des prophètes intelligents mais modestes qui, par l'analyse et la déduction, parvinrent à une idée de l'avenir immédiat et indiquèrent les possibilités immédiates ; ils n'avaient pas l'intuition révélatrice directe. Dans le Nouveau Testament Jean, le disciple bien-aimé, eut le privilège de saisir un tableau cosmique, d'avoir une véritable vision prophétique qu'il exposa dans l'Apocalypse ; mais il est le seul qui y parvint, et il y parvint parce qu'il aimait si profondément, si sagement et si inclusivement. Son intuition fut évoquée du fait de la profondeur et de l'intensité de son amour, comme elle l'était chez son Maître, le Christ.

3. Ceux qui sont les véritables prêtres. Ils sont prêtres non parce qu'ils ont choisi de l'être, mais par vocation spirituelle. L'incompréhension des attributions et des devoirs du prêtre a conduit les Églises (en Orient et en Occident) à assumer une autorité désastreuse. L'amour de Dieu et le véritable élan [138] spirituel qui reconnaît Dieu immanent dans toute la nature et qui exprime particulièrement cette divinité dans l'homme, sont absents dans la grande majorité des prêtres de toutes les religions du monde. Ce n'est pas l'amour qui guide, indique et interprète ; de là viennent le dogmatisme des théologiens, leur profonde et ridicule assurance de savoir interpréter justement, leur fréquente cruauté masquée par leur proclamation de justes principes et de bonnes intentions. Toutefois le véritable prêtre existe et appartient à toutes les religions. Il est l'ami et le frère de tous les hommes ; et, parce qu'il aime profondément, il possède la sagesse. S'il est de type mental et s'il a reçu un entraînement approprié, il voit s'éveiller son intuition et il reçoit la révélation en partage. Réfléchissez-y. Le vrai prêtre est rare et on ne le trouve pas seulement dans les "saints ordres".

4. Ceux qui sont les mystiques ou les occultistes pratiques. En vertu d'une vie disciplinée, d'une aspiration ardente et d'un intellect entraîné, ils sont parvenus à évoquer l'intuition ; ils sont donc personnellement en contact avec la véritable source de la sagesse divine. Leur fonction est de l'interpréter et de la formuler en des systèmes de connaissance temporaires. Ils sont nombreux aujourd'hui dans le monde qui travaillent patiemment sans être connus ni reconnus par ceux qui ne pensent pas. Il leur faut, maintenant "s'unir" en cette heure de nécessité mondiale afin de faire clairement entendre leur voix. Ces hommes sont en train de résoudre le sens de dualité en une unité consciente ; leur souci de la réalité, leur profond amour pour l'humanité ont libéré leur intuition. Lorsque cette libération se produit, ils ne connaissent plus aucune barrière et la véritable connaissance, résultat de la sagesse révélée, est le don qu'ils offrent à leur race et à leur époque.

Tels sont les quatre groupes qui opèrent le changement de l'illusion en intuition. C'est la résolution initiale des paires d'opposés ; car une telle résolution ne peut se faire sans l'aide de [139] l'intellect, parce que l'intellect, par l'analyse, le discernement et le juste raisonnement, indique ce qu'il convient de faire.

b. Le contraste entre le mirage et l'illumination

Un des symboles les plus appropriés pour se faire une idée de la nature du mirage est de se représenter le plan astral avec ses trois niveaux (le deuxième, le troisième et le quatrième, en comptant de haut en bas) comme une zone enveloppée d'un épais brouillard de divers degrés de densité. La lumière ordinaire de l'homme moyen, semblable à la lumière des phares d'une voiture, ne fait qu'aggraver le problème et ne parvient pas à percer le brouillard. La lumière ne fait que de lui donner du relief si bien que sa densité et ses effets négatifs deviennent encore plus évidents. L'état du brouillard est ainsi révélé, et c'est tout. Il en est de même sur le plan astral en ce qui concerne le mirage ; la lumière qui est dans l'homme, engendrée par lui-même, ne parvient jamais à pénétrer dans l'obscurité, les miasmes et le brouillard. La seule lumière qui puisse dissiper le brouillard du mirage et débarrasser la vie de ses effets néfastes est la lumière de l'âme ; semblable à un pur rayon qui dissipe le brouillard, elle possède une unique et étrange qualité de révélation, de dissipation immédiate et d'illumination. La révélation qu'elle octroie est différente de celle de l'intuition, car c'est la révélation de ce que le mirage voile et cache ; elle est particulière au plan astral et conditionnée par ses lois. Cette utilisation particulière de la lumière de l'âme prend la forme d'une concentration de la lumière (provenant de l'âme, par l'intermédiaire du mental) sur la condition de mirage, particulière ou spécifique, ou générale et mondiale ; ainsi se trouve révélée la nature du mirage ; la qualité et l'origine mises à jour ; son pouvoir prend fin par une période de concentration soutenue, consacrée à sa dispersion. [140]

Dans la prochaine section, nous traiterons de la technique de l'utilisation scientifique de la lumière ; je n'y insiste donc pas maintenant. Je me limiterai à dire ce qui nous permettra, comme groupe, de commencer votre travail qui a tant attendu, pour dissiper le présent mirage mondial ou du moins certains de ces aspects. Je ne définirai pas ici le mirage ; je ne vous donnerai pas des exemples de ses activités comme je l'ai fait dans le cas de l'illusion et de son contraste, l'intuition, car j'ai traité très en détail ces questions dans la section précédente. Il vous suffit donc de vous référer à cette section pour y trouver tout ce que je peux vous dire à ce sujet en ce moment-ci.

Toutefois, je donnerai une brève définition de l'illumination, en vous demandant de garder présent à l'esprit que nous ne traitons pas ici de l'illumination qui révèle la Réalité, ou la nature de l'âme, ou encore qui éclaire votre vision du royaume de l'âme, mais de la forme d'illumination projetée par l'âme sur le plan astral. Celle-ci inclut l'utilisation consciente de la lumière, tout d'abord comme projecteur qui scrute l'horizon astral et localise le mirage provoquant des troubles, puis sous forme de distribution de lumière focalisée, projetée avec intention sur la zone du plan astral où l'on se propose de faire un effort pour dissiper les brouillards qui s'y sont concentrés.

Il est donc bon d'établir certaines prémisses de base :

1. La qualité et la caractéristique principale de l'âme sont la lumière. Par conséquent, si cette lumière doit être utilisée et cette qualité exprimée par le disciple et le travailleur, il leur faut tout d'abord établir un contact conscient avec l'âme par la méditation.

2. La qualité du plan astral et sa principale caractéristique est [141] le mirage. C'est le champ ou doit être livrée la grande bataille des paires d'opposés, qui sont l'expression d'un ancien désir, illusoire, trompeur et faux, dans un cas et, dans l'autre cas, d'une haute aspiration spirituelle pour ce qui est réel. Il faut ici se souvenir que le désir astral, les émotions erronées et égoïstes et les réactions astrales aux événements de la vie quotidienne ne font pas partie de la nature de l'âme, mais finissent par créer une condition servant à voiler la véritable nature de l'homme spirituel.

3. Un rapport doit être ensuite établi entre l'âme et le plan astral, par l'intermédiaire du corps astral du disciple. Ce corps astral doit être considéré par lui comme étant l'appareil qui lui permet de répondre au monde des sensations et comme le seul instrument par lequel son âme peut venir en contact avec ce niveau d'expression, si temporaire qu'il puisse être. Le disciple doit donc établir consciemment le plus grand contact possible avec l'âme et attirer la lumière de l'âme à son propre corps astral ; il doit apprendre à la focaliser dans le centre du plexus solaire et, de ce point, se mettre à travailler sur le plan astral à la difficile tâche de dissiper le mirage.

4. Lorsque ce contact a été établi, que l'âme, le corps astral et le plan astral se trouvent en étroits rapports, le disciple doit faire passer la lumière focalisée du plexus solaire (où elle a été temporairement établie) au centre du cœur. Il lui faut maintenir fermement la lumière dans ce centre et, de là, agir avec décision et persévérance. Je pourrais paraphraser ici d'anciennes instructions destinées aux disciples, conservées dans les Archives de la Hiérarchie et qui se réfèrent à ce processus particulier. Je vous donne une interprétation plutôt brève et approximative des termes de cet ancien symbole : [142] "Le disciple se tient là ; tournant le dos au brouillard de mirage, il regarde vers l'Est d'où doit jaillir la lumière. Il recueille dans son cœur toute la lumière disponible et, de ce centre de pouvoir situé entre les omoplates, la lumière jaillit."

5. Le disciple doit se débarrasser de toute sensation de tension ou d'effort et doit apprendre à travailler avec une foi pure et avec amour. Moins il sent, moins il est préoccupé de ses propres sentiments, de sa réussite ou de son échec, plus il sera probable que le travail pourra s'accomplir avec efficacité, et le mirage sera ainsi lentement dissipé. Dans ce travail, il n'y a pas place pour la précipitation. Ce qui est très ancien ne peut être immédiatement dissipé, si bonnes que soient les intentions et si exacte que soit la compréhension de la technique requise.

Il vous sera donc évident que ce travail comporte certains dangers. À moins que les membres du groupe ne soient extrêmement prudents, à moins qu'ils ne cultivent une habitude d'observation attentive, tant qu'ils ne sont pas capables de transférer rapidement la lumière de l'âme et la lumière inhérente au corps astral, focalisées dans le plexus solaire, dans le centre du cœur situé entre les omoplates, ils peuvent être sujets à une trop grande stimulation du plexus solaire. Je voudrais donc dire à chacun d'entre vous qu'il faut procéder avec un soin extrême, que si vous souffrez de troubles du plexus solaire ou si vous constatez en vous une croissante instabilité émotionnelle, il ne faut pas que cela vous inquiète outre mesure. Je vous prie de considérer ces troubles comme étant des phénomènes et des difficultés temporaires, liés au service que vous cherchez à rendre. Si vous envisagez les choses de telle façon, sans y attacher de l'importance en refusant d'en être troublés ou angoissés, vous ne ressentirez aucun effet nocif. [143]

En ce qui concerne le travail de groupe que vous vous proposez d'accomplir dans ce domaine, continuez votre méditation de groupe déjà indiquée par ailleurs et ensuite, parvenus au troisième stade de la méditation de groupe, travaillez ensemble de la façon suivante :

1. Après vous être reliés à tous vos frères de groupe, accomplissez consciemment ce qui est indiqué symboliquement dans l'ancien document que j'ai paraphrasé précédemment pour vous :

a. Faites consciemment la liaison avec votre âme et rendez-vous bien compte de la réalité de cette liaison.

b. Dirigez ensuite la lumière de l'âme, grâce au pouvoir de l'imagination créatrice, directement à votre corps astral et, de là, au centre du plexus solaire, lequel est le point de moindre résistance.

c. Transférez ensuite la lumière de l'âme et la lumière inhérente au corps astral, du centre du plexus solaire au centre du cœur, par un acte de volonté déterminé.

2. Tournez, en imagination, le dos au monde du mirage, et fixez l'œil de votre mental sur l'âme, dont la nature est AMOUR.

3. Faites une pause de quelques minutes au cours de laquelle vous vous stabilisez  pour le travail. Avec détermination et consciemment, focalisez la lumière dont vous disposez, provenant de toutes les sources, dans le centre du cœur. Imaginez ce centre entre les omoplates comme étant un soleil radiant. C'est là, chez l'individu, la correspondance microcosmique du "cœur du Soleil" qui est toujours dirigé par le "Soleil spirituel central" situé dans la tête. Établissez clairement cette image dans votre conscience, car elle implique la double, et pourtant synthétique, activité de la tête et du cœur. [144]

4. Voyez ensuite un rayon de pure lumière blanche, large et brillant, qui se dirige du centre du cœur entre les omoplates sur le mirage ainsi localisé et dont vous vous occupez en tant que groupe. Je préciserais la zone qui est ainsi localisée.

5. Lorsque ce qui précède est bien clair dans votre mental et inspiré par votre désir et votre force, lorsque vous avez visualisé clairement toute l'image symbolique, voyez votre rayon particulier de lumière se fondre avec les rayons de lumière que projettent vos frères de groupe. Ainsi, un puissant flot de lumière dirigée, provenant de plusieurs aspirants entraînés (êtes-vous entraînés, mes frères ?), se déversera sur cette zone de mirage dont vous devez vous occuper.

6. Faites ce travail pendant cinq minutes d'attention soutenue, puis procédez comme indiqué au Stade IV de votre schéma de méditation.

Lorsque j'ai défini l'illumination comme étant l'antithèse du mirage, il était évident que mes observations devaient nécessairement se limiter à certains aspects de l'illumination ; elles ne devaient concerner que les formes de travail dirigées et les aspects du problème relatif à l'utilisation de la lumière sur le plan astral, particulièrement en ce qui concerne le travail que vous vous êtes engagés à accomplir. Il y a beaucoup d'autres définitions possibles, car la lumière de l'âme est semblable à un immense projecteur dont les rayons peuvent être envoyés dans beaucoup de directions et centrés sur beaucoup de niveaux.

Mais nous ne nous intéressons ici qu'à l'un de ces usages particuliers. Illumination et lumière de la connaissance peuvent être considérés comme termes synonymes ; beaucoup de mirages peuvent être dissipés et éliminés lorsqu'ils sont soumis au pouvoir du mental qui instruit, car le mental est essentiellement ce qui subjugue les émotions par la présentation des faits. Le problème consiste à amener [145] l'individu, l'humanité ou la nation qui agissent sous l'influence du mirage, à faire appel au pouvoir mental de juger de la situation, la soumettant à un examen rigoureux, froid et calme. Le mirage et l'émotion étant en si étroit rapport, le sentiment généralement mis si fortement en jeu lorsqu'il s'agit de mirages, qu'il est impossible d'introduire facilement et efficacement la lumière de la connaissance.

Illumination et perception de la vérité sont également des termes synonymes. Mais il faut se souvenir que, dans ce cas, la vérité n'est pas celle des plans abstraits, mais la vérité concrète et connaissable, vérité qui peut être formulée et exprimée sous une forme et en des termes concrets. Lorsqu'on fait appel à la lumière de la vérité, le mirage disparaît automatiquement, ne serait- ce que temporairement. Mais de nouveau des difficultés surgissent, car peu de gens se soucient de faire face à la vérité même, car cela signifie qu'il faut abandonner le mirage chéri et faire appel à la capacité de reconnaître l'erreur, et l'admettre, ce que la vanité mal placée du mental ne permet pas. De nouveau, je voudrais vous assurer que l'humilité est un des plus puissants facteurs permettant de libérer le pouvoir d'illumination du mental, lorsqu'elle reflète et transmet la lumière de l'âme. Faire franchement face à la vie telle qu'elle est et reconnaître rigoureusement la vérité, froidement, calmement et sans passion, faciliteront grandement l'appel du flot d'illumination, lequel parviendra à disperser le mirage.

Puisque nous nous occupons du problème du mirage et de l'illumination, il serait intéressant de traiter ici du mirage particulier que je voudrais demander à votre groupe d'aider à dissiper. Je me réfère au mirage de la séparativité. Travailler dans ce sens aura des effets très pratiques et très salutaires, car aucun d'entre vous (ainsi que vous vous en apercevez) ne sera à même de travailler efficacement dans ce domaine s'il éprouve un sentiment quelconque de séparativité qui peut s'exprimer sous la forme de haine, de répulsion très vive ou de critique, et, dans certains cas, sous ces trois formes. Il y a des [146] forces que vous pouvez considérer personnellement comme séparatives ou comme étant la cause de la séparation. Je vous rappelle que les points de vue habituels et les convictions favorites de ceux auxquels vous êtes mentalement opposés (souvent en raison d'une ferme adhésion à ce que vous considérez comme de justes principes) sont considérés par eux comme étant justes au même titre ; ils estiment que vos points de vue sont faux, ils les regardent comme séparatifs et comme cause de désaccord. Ils sont, de leur côté, aussi sincères que vous et tout aussi ardents à assumer une juste attitude. On l'oublie souvent et je voudrais vous le rappeler. Je pourrais aussi illustrer ce fait en vous signalant que la haine ou la répulsion (si haine est un terme trop fort) que certains d'entre vous peuvent ressentir, à l'encontre des activités du Gouvernement allemand et en raison de l'attitude de celui-ci à l'égard des Juifs, peut se retourner avec presque autant de justification contre les Juifs eux- mêmes. Ces derniers ont toujours été séparatifs ; ils se sont toujours considérés comme "les élus du Seigneur" et ont montré qu'ils ne s'assimilaient à la population d'aucune nation. On peut dire de même des Allemands ; pour beaucoup de gens, ils provoquent la même réaction que celle provoquée par les Juifs, sans aller jusqu'à la persécution contre les personnes physiques. Du point de vue de l'âme, comme vous le savez bien, aucune de ces attitudes ne se justifie ; toutes deux sont également erronées ; c'est là un point de vue que Juifs et anti-juifs doivent finalement comprendre et, par cette compréhension, cesser de les assumer.

Je mentionne ce point car je vais vous demander de traiter de ce mirage ancien et répandu dans le monde entier, le mirage de la haine des Juifs. Certains membres de ce groupe sont, tout au moins en pensée, violemment antiallemands. Il s'en trouve d'autres qui sont nettement, bien qu'intelligemment, anti-juifs. Je voudrais demander à ces deux groupes de se rendre compte du problème auquel ils sont [147] confrontés. C'est un problème si ancien, si profondément enraciné dans la conscience de la race qu'il est beaucoup plus vaste que les individus ne peuvent se l'imaginer ; le point de vue de l'individu est, en conséquence, si limité que son utilité constructive s'en trouve considérablement diminuée. Après tout, le point de vue de celui qui se dit "opprimé" n'est pas nécessairement le seul à mériter considération, ni nécessairement celui qui est toujours juste. Les Allemands et les Juifs méritent à la fois notre affection impersonnelle, particulièrement puisqu'ils sont les uns et les autres coupables (si on peut employer ce terme) des mêmes erreurs et des mêmes fautes fondamentales. Les Allemands sont fortement axés sur les questions de race ; les Juifs le sont également. Les Allemands ont une attitude séparative à l'égard du monde ; les Juifs de même. Les Allemands insistent aujourd'hui sur la pureté de la race, chose sur laquelle les Juifs insistent depuis des siècles. Un petit groupe d'Allemands est anti- chrétien ; un petit nombre de Juifs l'est également. Je pourrais continuer à accumuler les ressemblances, mais je pense que celles-là suffisent. Par conséquent, la répulsion que vous éprouvez pour un groupe n'est pas plus justifiée que ne l'est votre refus de reconnaître que les attitudes et les activités de l'autre groupe le sont également. Ce qui se ressemble se repousse souvent et les Allemands et les Juifs sont étrangement semblables. De même que beaucoup de Britanniques – la majorité de la race britannique – sont des Romains réincarnés, de même beaucoup d'Allemands sont des Juifs réincarnés. De là vient la similitude de leurs points de vue. C'est une querelle de famille ; il n'y a rien de plus terrible.

Je vous prie de prendre les Allemands et les Juifs dans votre méditation de groupe et de déverser votre amour de groupe sur les divisions qui séparent vos frères dans la famille humaine. Avant de commencer votre méditation, veillez à vous libérer, émotionnellement et mentalement, de tout antagonisme latent, de toute haine, de toute idée préconçue de ce qui est juste ou non ; veillez à vous appuyer simplement sur l'amour de votre âme, vous souvenant que tous, Juifs [148] et Allemands sont des âmes comme vous, que leur origine, leur but et leurs expériences de la vie, sont identiques aux vôtres.

Alors que vous déversez le flot de pure lumière blanche (comme vous l'indique le Stade III), veillez à ce qu'il se déverse à travers vous avec pureté et clarté comme un seul courant. Ensuite, divisez-le de manière égale, un courant de lumière et d'amour allant vers les Juifs et un autre, semblable, allant vers les Allemands. La qualité de votre amour est ce qui compte, et non l'exactitude de votre analyse ou la perfection de votre technique.

c. Le contraste entre la Maya et l'Inspiration

Ici nous sommes nettement dans le domaine de la substance matérielle. C'est essentiellement, et de manière particulière, le domaine de la force. Pour l'individu, la Maya est surtout l'ensemble des forces qui dominent ses sept centres de force, à l'exception, j'insiste sur ce point, de l'énergie dominante de l'âme. Vous voyez donc que la masse de l'humanité – et l'homme, tant qu'il ne se trouve pas sur le Sentier de la Probation – est dominé par la maya ; un homme, en effet, succombe à la maya lorsqu'il est dominé par une ou plusieurs forces autres que les énergies qui viennent directement de l'âme et qui conditionnent et dirigent les forces inférieures de la personnalité, comme finalement et inévitablement elles doivent le faire et comme elles le feront.

Lorsqu'un homme est dominé par les forces physiques, astrales et mentales, il est convaincu alors que ces forces sont justes. C'est là que réside le problème posé par la maya. Lorsque de telles forces dominent un homme, elles déterminent en lui une attitude séparative ; elles produisent un effet qui alimente et stimule la personnalité et l'énergie de l'âme, la véritable Individualité est exclue. Cette analyse devrait être pour vous telle une illumination. Si les hommes soumettaient leur vie à un examen plus serré de la part du véritable homme [149] intérieur ou spirituel, et s'ils pouvaient ainsi déterminer la combinaison d'énergies qui conditionne les activités de leur vie, ils ne continueraient pas à agir comme ils le font actuellement, aussi aveuglément aussi maladroitement et d'une manière aussi peu efficace.

C'est pour cette raison que l'étude et la compréhension des motifs a une telle valeur et une telle importance, car une semblable étude détermine intellectuellement (lorsqu'elle est correctement conduite) quel est le facteur ou quels sont les facteurs qui inspirent la vie quotidienne. Cette déclaration mérite une étude attentive. Je vous demande donc : quel est le principal motif qui vous fait agir ? Car, quel qu'il soit, il conditionne et détermine la tendance dominante de votre vie.

Beaucoup d'hommes, et particulièrement les masses non évoluées ne sont mues que par le désir, matériel, physique et momentané. La majorité est dominée par le désir animal de satisfaire des appétits animaux, le désir matériel de posséder et de jouir du confort, l'aspiration à des "choses" qui assurent ce confort et la sécurité, dans le domaine économique, social et religieux. L'homme est sous l'influence de la forme de maya la plus dense, et ses forces sont concentrées dans le centre sacré. D'autres sont poussés par certaines formes d'aspiration ou d'ambition, aspiration vers quelque paradis matériel (et la plupart des religions dépeignent ainsi le ciel), ambition de pouvoir, désir de satisfaire des appétits émotionnels ou esthétiques ou de posséder des réalités plus subtiles, envie d'une stabilité mentale et de l'assurance que seront satisfaits les désirs supérieurs. Tout cela est maya dans sa forme émotionnelle, et c'est bien différent du mirage. Dans le cas du mirage, les forces de la nature de l'homme sont situées dans le plexus solaire. Dans le cas de la maya, elles le sont dans le centre sacré. Le mirage est subtil et émotionnel, la maya est tangible et éthérique. [150]