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PREMIERE SECTION L’ASPIRANT ET LES MYSTERES DE L’INITIATION - Partie 5

Il n'y a pas d'initiation pour le disciple tant qu'il n'a pas commencé à construire consciemment l'antahkarana, établissant ainsi une relation étroite entre la Triade spirituelle et le mental en tant qu'aspect supérieur des trois mondes. Plus tard, il met son cerveau physique en mesure d'être un agent d'enregistrement sur le plan physique, manifestant ainsi un alignement clair et un canal direct allant de la Triade spirituelle au cerveau via l'antahkarana qui a relié le mental supérieur et le mental inférieur.

Ceci implique beaucoup de travail, une grande capacité d'interprétation et un grand pouvoir de visualisation. Je choisis mes mots avec soin. Cette visualisation ne s'applique pas nécessairement à la forme ou aux présentations mentales concrètes ; elle concerne la sensibilité symbolique qui exprime en l'interprétant la compréhension spirituelle, fournie par l'intuition naissante – agent de la Triade spirituelle. La signification de ceci devient plus claire à mesure que le travail se poursuit. C'est difficile pour celui qui commence le travail de construction de l'antahkarana de saisir le sens de la visualisation vu qu'elle est liée à une réceptivité grandissante de ce que le groupe ashramique lui communique, à sa vision naissante du Plan divin tel qu'il existe en réalité, et à ce qui lui est confié en tant qu'effet ou résultat de chaque initiation successive. Je préfère le mot "effet" au mot "résultat" car l'initié travaille de plus en plus consciemment avec la loi de Cause à Effet, sur les plans autres que le plan physique. Nous utilisons le mot résultat pour exprimer les conséquences de cette grande Loi cosmique telles qu'elles se manifestent dans les trois mondes de l'évolution humaine.

C'est en rapport avec cet effort que l'initié découvre la valeur, l'utilisation et le dessein de l'imagination créatrice. Finalement, cette imagination créatrice est tout ce qui lui reste de la vie astrale, active, intensément puissante, qu'il a vécue pendant tant de vies. À mesure que l'évolution se poursuit, son corps astral devient un mécanisme de transformation, le désir étant transformé en aspiration, elle-même [443] transformée en une faculté d'expression intuitive grandissante. La réalité de ce processus est démontrée par l'apparition de la qualité fondamentale qui a toujours été inhérente au désir même : la qualité d'imagination de l'âme, mettant en œuvre le désir et devenant une faculté supérieure de création à mesure que le désir passe à des états de conscience toujours plus élevés et conduit à des réalisations toujours plus hautes. Cette faculté invoque en fin de compte les énergies du mental, et le mental, ajouté à l'imagination, devient avec le temps un grand agent d'invocation et de création. C'est ainsi que la Triade spirituelle est mise en rapport avec la personnalité triple.

Je vous ai dit, dans des ouvrages précédents, que fondamentalement le plan astral n'existe pas en tant que partie du Plan divin ; c'est fondamentalement le produit du mirage, de kama-manas, mirage que l'humanité a créé et dans lequel elle vit depuis les premiers jours de l'Atlantide. L'effet d'un contact croissant avec l'âme n'a pas été simplement de disperser les brumes du mirage, mais il a servi aussi, en conséquence, à consolider et à utiliser effectivement l'imagination avec sa faculté créatrice toute puissante. L'énergie créatrice, lorsqu'elle est mise en œuvre par un mental illuminé (avec sa faculté de créer des formes-pensées) est alors utilisée par le disciple, afin d'obtenir des contacts plus élevés que ceux avec l'âme, et de mettre sous forme symbolique ce dont il prend conscience par le moyen d'une ligne d'énergie – l'antahkarana – qu'il crée régulièrement et scientifiquement.

On pourrait dire aussi (de façon également symbolique) qu'à chaque initiation il met à l'épreuve ce pont de raccordement et découvre progressivement la solide valeur de ce qu'il a créé sous l'inspiration de la Triade spirituelle et à l'aide des trois aspects du mental (le mental abstrait, l'âme ou Fils du Mental et le mental inférieur concret), avec la coopération intelligente de sa personnalité, pénétrée par l'âme. Dans les stades de début de son travail d'invocation, l'instrument utilisé est l'imagination créatrice. Cela lui permet dès le début d'agir comme s'il était capable de créer ainsi ; puis quand la conscience imaginative [444] "comme si" n'est plus nécessaire, il prend conscience – avec espoir et expectative spirituelle – de ce qu'il a cherché à créer ; il découvre que c'est un fait existant et il sait, au-delà de toute controverse, que "la foi est la substance des choses que l'on espère, et la preuve des choses que l'on ne voit pas."

Construction de l'Antahkarana

Nous n'allons pas traiter ici de l'enseignement introduisant à la science de l'Antahkarana, car l'étudiant le trouvera dans le livre Éducation dans le Nouvel Âge. Cette présentation préliminaire devrait être étudiée avant d'aborder le stade plus avancé qui commence ici. Examinons maintenant peu à peu cette science qui se révèle déjà être une source utile d'expérimentations et d'essais.

L'âme humaine (contrairement à l'âme fonctionnant dans son propre domaine, exempte des limitations de la vie humaine) est emprisonnée et susceptible d'être gouvernée par les trois énergies inférieures pendant la plus grande partie de son expérience. Puis, sur le Sentier de Probation, l'énergie double de l'âme commence à être de plus en plus active, et l'homme cherche à utiliser son mental consciemment et à exprimer l'amour-sagesse sur le plan physique. Ceci est une simple constatation de l'objectif de tout aspirant. Quand les cinq énergies commencent à être utilisées consciemment et avec sagesse dans le service, un rythme est alors établi entre la personnalité et l'âme. C'est comme si un champ magnétique était établi et que ces deux unités vibratoires et magnétiques, ou énergies groupées, pénétraient dans leur champ réciproque d'influence. Au début cela n'arrive que de temps en temps et rarement ; plus tard cela survient de manière plus constante. C'est ainsi que le sentier de contact est établi et devient finalement la ligne de moindre résistance, "la voie de l'approche familière" comme on l'appelle parfois. C'est ainsi qu'est construite la première partie du pont, l'antahkarana. Lorsque la troisième initiation est un fait accompli, cette Voie est terminée, et l'initié peut passer à volonté à des mondes plus élevés laissant les mondes inférieurs loin derrière lui ; ou il peut revenir et passer sur la voie conduisant de l'obscurité à la lumière, de la lumière à l'obscurité, et des mondes inférieurs au domaine de la lumière. [445]

Ainsi, les deux ne font qu'un, et la première grande union sur le Sentier de Retour est effectuée. Il faut alors parcourir le deuxième stade de la Voie conduisant à une seconde union d'importance encore plus grande, en ce qu'elle conduit à la libération complète des trois mondes. Il faut se souvenir qu'à son tour l'âme est une union de trois énergies dont les trois énergies inférieures sont le reflet. C'est une synthèse de l'énergie de la Vie même (qui se manifeste en tant que principe de vie dans le monde des formes), de l'énergie de l'intuition ou amour-sagesse spirituel, ou compréhension (qui se manifeste en tant que sensibilité et sentiment dans le corps astral), et du mental spirituel dont le reflet, dans la nature inférieure, est le mental ou principe d'intelligence dans le monde des formes. Ces trois niveaux correspondent à atma-buddhi-manas de la théosophie – cette triplicité supérieure qui est reflétée par la triplicité inférieure, et se focalise dans le corps de l'âme sur les niveaux supérieurs du plan mental avant d'être précipitée en incarnation – selon la terminologie ésotérique.

En modernisant ce concept, on pourrait dire que les énergies animant le corps physique et la vie intelligente de l'atome, les états de sensibilité émotionnelle, et le mental intelligent, doivent finalement se fondre avec les énergies animant l'âme, et être transmuées en celles-ci. Ce sont : le mental spirituel apportant l'illumination ; la nature intuitive conférant la perception spirituelle, et la vitalité divine.

Après la troisième initiation, la "Voie" est parcourue avec une grande rapidité, et le pont qui relie parfaitement la Triade spirituelle et son reflet matériel inférieur est achevé. Les trois mondes de l'âme et les trois mondes de la personnalité deviennent un seul monde où l'initié travaille et fonctionne, sans voir de distinctions. Il considère un monde comme étant celui de l'inspiration, l'autre, celui du service, et cependant les considérant tous deux comme formant un seul monde d'activité. Ces deux mondes sont symbolisés sur le plan extérieur par le corps éthérique subjectif (ou corps de l'inspiration vitale) et le corps physique dense.

Comment doit-on construire cet antahkarana de liaison ? Quels [446] stades le disciple doit-il franchir ? Je ne parle pas ici du Sentier de Probation sur lequel les défauts majeurs devraient être éliminés, et les vertus majeures développées. Une grande partie des instructions données dans le passé a stipulé les règles propres à cultiver les vertus et les qualités nécessaires au discipulat, ainsi que la nécessité de se dominer soi-même, d'être tolérant et sans égoïsme. Mais il s'agit là de stades élémentaires que les étudiants devraient considérer comme acquis. Ces étudiants devraient s'occuper non seulement de la formation de l'aspect caractère du disciple, mais des exigences plus abstruses et plus difficiles de ceux dont le but final est l'initiation.

C'est du travail des "constructeurs du pont" que nous nous occupons. Tout d'abord, permettez-moi de vous assurer que la véritable construction de l'antahkarana n'a lieu que lorsque le disciple commence à être nettement focalisé sur les niveaux mentaux, et donc que son mental fonctionne intelligemment et consciemment. À ce stade, il doit avoir une idée plus exacte qu'auparavant de la distinction entre le penseur, l'appareil de la pensée et la pensée elle-même, et aborder sa double fonction ésotérique qui est :

1. La reconnaissance et la réceptivité des IDEES.

2. La faculté créatrice de construction consciente de formes-pensées.

Ceci implique nécessairement une forte attitude mentale et une réorientation du mental vers la réalité. Lorsque le disciple commence à se focaliser sur le plan mental (et ceci est le but primordial du travail de méditation), il commence à travailler dans la matière mentale et s'entraîne au pouvoir et à l'utilisation de la pensée. Il parvient à une certaine mesure de maîtrise du mental ; il peut tourner le projecteur du mental dans deux directions, vers le monde de l'effort humain et vers le monde de l'activité de l'âme. De même que l'âme se fraye un chemin en se projetant en un fil ou courant d'énergie dans les trois mondes, de même le disciple commence à se projeter consciemment dans les mondes supérieurs. Son énergie progresse par le moyen du mental maîtrisé, et [447] dirigé vers le monde du mental spirituel supérieur et dans le domaine de l'intuition. Une activité réciproque est alors établie. On parle symboliquement de cette relation entre mental inférieur et mental supérieur en termes de lumière, et la "voie de lumière" apparaît entre la personnalité et la Triade spirituelle via le corps de l'âme, de même que l'âme avait pris véritablement contact avec le cerveau via le mental. Cette "voie de lumière" est le pont illuminé. Il est construit par la méditation ; il est construit par un effort constant pour attirer l'intuition, par la soumission et l'obéissance au Plan (que l'on commence à reconnaître dès que l'intuition et le mental sont en rapport) et par une incorporation consciente au groupe au moyen du service et en vue d'une assimilation au tout. Toutes ces qualités et ces activités reposent sur un fond de caractère correct et de qualités acquises sur le Sentier de Probation.

L'effort fait en vue d'attirer l'intuition exige une méditation occulte dirigée, non une méditation d'aspiration. Il exige une intelligence entraînée, de sorte que la ligne de démarcation entre la compréhension intuitive et les formes du psychisme supérieur puisse être clairement perçue. Il exige une discipline constante du mental afin que celui-ci puisse se "maintenir fermement dans la lumière" et le développement d'une interprétation juste et cultivée afin que la connaissance intuitive acquise puisse être revêtue de formes-pensées adéquates.

On pourrait dire ici que la construction du pont, par lequel la conscience peut fonctionner avec facilité à la fois dans les mondes supérieurs et dans les mondes inférieurs est, en premier lieu, effectuée par une tendance de vie nettement dirigée, qui envoie l'homme assidûment dans la direction du monde des réalités spirituelles, ainsi que par certains mouvements de réorientation ou de focalisation, basés sur un plan, et soigneusement dirigés et déclenchés. Dans ce dernier processus, le gain des mois ou années passés est étroitement évalué ; l'effet de ce gain sur la vie quotidienne et dans le mécanisme du corps est soigneusement étudié ; la volonté- de-vivre, en tant qu'être spirituel, est introduite à la conscience avec une netteté et une détermination qui entraînent un progrès immédiat. [448]

Cette construction de l'antahkarana se poursuit dans le cas de tout étudiant sérieux. Quand ce travail est exécuté intelligemment et en pleine conscience du but recherché, et quand l'aspirant n'est pas seulement conscient de la méthode, mais qu'il est alerte et actif quant à sa mise en œuvre, alors le travail avance à grands pas, et le pont est construit.

Il est sage d'accepter le fait que l'humanité est maintenant en mesure d'entamer véritablement le processus de construction du chaînon ou pont reliant les divers aspects de la nature humaine, de sorte qu'au lieu de la différenciation régnera l'unité, au lieu d'une attention fluide, mouvante, dirigée ici ou là dans le champ de la vie matérielle et des relations émotionnelles, nous aurons appris la maîtrise du mental et l'unification des divisions, et nous pourrons ainsi diriger à volonté l'attention inférieure de la manière souhaitée, quelle qu'elle soit. Ainsi, tous les aspects de l'homme, spirituel ou physique, pourront être focalisés lorsque ce sera nécessaire.

Ce travail de soudure a déjà été fait en partie. L'humanité dans son ensemble a déjà jeté un pont comblant le hiatus entre la nature astrale-émotionnelle et l'homme physique. Il faut noter ici que cette soudure doit s'effectuer dans l'aspect conscience, et concerne la continuité, chez l'homme, de la conscience de la vie sous ses divers aspects. L'énergie, utilisée pour relier, dans la conscience, l'homme physique et le corps astral, est focalisée dans le plexus solaire. Beaucoup d'hommes aujourd'hui, pour parler en termes symboliques, poussent ce pont plus loin et relient le mental avec les deux aspects déjà réunis. Ce fil d'énergie émane de la tête (ou y est ancré). Quelques personnes, moins nombreuses naturellement, relient de plus en plus l'âme et le mental, lui-même étant lié aux deux autres aspects. L'énergie de l'âme, lorsqu'elle est liée aux autres fils, s'ancre dans le cœur. Un très petit nombre de personnes, les initiés, ayant effectué toutes les synthèses inférieures, s'occupent maintenant de réaliser une union encore plus élevée avec cette Réalité triple qui emploie l'âme comme moyen d'expression, de même que l'âme s'efforce d'utiliser son ombre, l'homme inférieur triple.

Ces distinctions et unifications sont des questions de forme, de [449] langage symbolique, et sont utilisées pour exprimer ce qui arrive dans le monde des énergies et des forces, dans lesquelles l'homme est véritablement impliqué. C'est à ces unifications que nous faisons allusion quand nous examinons la question de l'initiation.

Il sera utile ici de répéter quelques déclarations faites dans un livre précédent. Les étudiants devraient s'entraîner à distinguer entre le sutratma et l'antahkarana, entre le fil de vie et le fil de conscience. L'un est la base de l'immortalité, l'autre la base de la continuité. Il y a là une distinction subtile pour le chercheur. L'un des fils (le sutratma) relie et vivifie toutes les formes, les fondant en un tout qui fonctionne et incarne en lui-même la volonté et le dessein de l'entité qui s'exprime, qu'il s'agisse d'un homme, de Dieu, ou d'un cristal. L'autre fil (l'antahkarana) incarne la réceptivité de la conscience dans la forme à un champ de contacts qui s'étend régulièrement au sein de l'environnement. L'un est le courant direct de vie, ininterrompu et immuable, qui peut être considéré symboliquement comme le courant direct de l'énergie vivante s'écoulant du centre à la périphérie, de la source à l'expression extérieure ou apparition phénoménale. C'est la vie. Elle produit le processus individuel et l'évolution de toute forme.

C'est donc le sentier de la vie, qui va de la Monade à la personnalité, via l'âme.

C'est l'âme sous forme de fil, qui est une et indivisible. Il communique l'énergie de la vie et s'ancre finalement au centre du cœur humain, et à quelque point focal central dans toutes les formes de l'expression divine. Il n'existe rien, et il ne reste rien que la vie. Le fil de conscience (l'antahkarana) est le résultat de l'union de la vie et de la substance, ou des énergies fondamentales qui constituent la première différenciation dans le temps et l'espace ; ceci produit quelque chose de différent, qui n'apparaît que lorsqu'a lieu une troisième manifestation divine, après l'union des dualités de base.

Le fil de vie, la corde d'argent ou sutratma est, en ce qui concerne [450] l'homme, de nature double. Le fil de vie lui-même, qui est l'un des deux fils constituant le sutratma, est ancré dans le cœur, tandis que l'autre fil, incarnant le principe de la conscience, est ancré dans la tête. Cela vous le savez déjà mais je ressens la nécessité de le répéter constamment. Dans le travail du cycle de l'évolution cependant, l'homme doit répéter ce que Dieu a déjà fait. Il doit lui-même créer à la fois dans le monde de la conscience et dans le monde de la vie. Comme une araignée, l'homme tisse les fils de liaison, et prend ainsi contact avec ce qui l'entoure acquérant ainsi expérience et moyens de subsistance. Le symbole de l'araignée est souvent utilisé dans les livres d'occultisme anciens et dans les Écritures de l'Inde touchant cette activité de l'être humain. Ces fils que l'homme crée sont au nombre de trois ; ajoutés aux deux fils de base qui ont été créés par l'âme, ils constituent les cinq types d'énergie qui font de l'homme un être conscient.

Les trois fils créés par l'homme sont ancrés dans le plexus solaire, la tête et le cœur. Quand le corps astral et le mental commencent à fonctionner comme une unité, et que l'âme elle aussi est reliée consciemment (n'oubliez pas qu'elle est toujours reliée inconsciemment), une extension de ce fil quintuple – les deux de base et les trois humains – est dirigée sur le centre de la gorge ; l'homme peut alors devenir un créateur conscient sur le plan physique. À partir de ces lignes majeures d'énergie, des lignes mineures peuvent rayonner à volonté. C'est sur cette connaissance que doit reposer tout futur développement psychique intelligent.

Dans le paragraphe ci-dessus, et ses implications, vous avez un exposé bref et inadéquat de la science de l'Antahkarana. J'ai essayé de l'exprimer en termes symboliques, si vous voulez, qui communiquent à votre mental une idée générale. Nous pouvons apprendre beaucoup en utilisant l'imagination. Cette liaison doit se faire :

1. Entre le corps physique et le corps vital ou éthérique. Il s'agit là, en vérité, d'une extension du fil de vie entre le cœur et la rate.

2. Entre le corps physique et le corps vital, considérés comme une [451] unité, et le véhicule astral ou émotionnel. Ce fil est ancré dans le plexus solaire (ou en émane) ; il est dirigé vers le haut au moyen de l'aspiration, jusqu'à ce qu'il s'ancre dans les pétales d'amour du Lotus égoïque.

3. Entre les véhicules astral et physique et le corps mental. L'une des extrémités est ancrée dans la tête, l'autre dans les pétales de connaissance du Lotus égoïque, propulsée par un acte de volonté.

L'humanité avancée est en voie de relier les trois aspects inférieurs que nous appelons la personnalité avec l'âme elle-même, par la méditation, la discipline, le service et l'attention dirigée. Quand ceci est accompli, une véritable relation est établie entre les pétales de sacrifice (ou de volonté) du Lotus égoïque et les centres de la tête et du cœur, ce qui produit une synthèse entre la conscience, l'âme et le principe de vie. Le processus consistant à établir cette inter liaison et interrelation, ainsi que le renforcement du pont ainsi construit, se poursuit jusqu'à la troisième initiation. Les lignes de force sont alors tellement reliées entre elles, que l'âme et son mécanisme d'expression forment une unité. Une fusion plus élevée peut alors se faire.

Je peux peut-être indiquer la nature de ce processus de la manière suivante : j'ai dit ailleurs que l'âme s'ancre dans le corps en deux points :

1. Il y a un fil d'énergie, que nous appelons l'aspect vie ou esprit, ancré dans le cœur. Il utilise le flux sanguin, comme chacun sait, comme agent de distribution ; et, par le moyen du sang, l'énergie de vie est communiquée à toutes les parties du mécanisme. Cette énergie de vie apporte le pouvoir de régénération et l'énergie de coordination à tous les organismes physiques et assure la "cohésion" du corps.

2. Il y a un fil d'énergie que nous appelons l'aspect conscience ou faculté de connaissance de l'âme, ancré au centre de la tête. Il gouverne ce mécanisme de réceptivité que nous appelons le cerveau et, par lui, dirige l'activité et engendre la prise de conscience dans tout le corps par le moyen du système nerveux. [452]

Ces deux facteurs d'énergie, qui sont reconnus par l'être humain en tant que connaissance et vie ou en tant qu'intelligence et énergie vivante, sont les deux pôles de son être. La tâche qui l'attend maintenant est de développer consciemment l'aspect médian ou équilibrant qui est l'amour ou relation de groupe. (Voir Éducation dans le Nouvel Âge, pages anglaises 26-27, 32-33, 92)

La nature de l'Antahkarana

L'une des difficultés liées à cette étude de l'antahkarana est le fait que, jusqu'ici, le travail fait sur l'antahkarana a été entièrement inconscient.

En conséquence, dans le mental humain, le concept concernant cette forme de travail créateur et cette construction du pont, ne rencontre au début que peu de réaction de la nature mentale ; de plus, afin d'exprimer ces idées, il nous faut pratiquement créer une nouvelle terminologie, car il n'existe pas de mots propres à définir ce que nous voulons dire. De même que les sciences modernes ont créé leur propre terminologie, nouvelle et complète, au cours des quarante dernières années, de même cette science doit créer son propre vocabulaire. En attendant, il nous faut faire de notre mieux avec les mots dont nous disposons.

Le deuxième point que je souhaite traiter consiste à demander aux étudiants de cette discipline de se rendre compte que, avec le temps, ils arriveront à comprendre, mais qu'actuellement tout ce qu'ils peuvent faire est de s'en remettre à la tendance inaltérable de la nature subconsciente à remonter à la surface de la conscience, selon une activité réflexe en vue d'établir la continuité de conscience. Cette activité réflexe de la nature inférieure correspond au développement de la continuité entre la super-conscience et la conscience qui se développe sur le Sentier du Disciple. Tout ceci fait partie – en trois stades – du processus d'intégration, prouvant au disciple que la vie dans son ensemble (en termes de conscience) est une vie de révélation. Réfléchissez à ceci.

Une autre des difficultés rencontrées dans l'examen de n'importe laquelle de ces sciences ésotériques, traitant de ce qui a été appelé "le développement conscient des reconnaissances divines" (qui est la vraie prise de conscience) est la vieille habitude qu'a l'humanité de matérialiser [453] toute connaissance. Tout ce que l'homme apprend est appliqué – au fil des siècles – au monde des phénomènes naturels et au processus naturel, non à la reconnaissance du Soi, du Connaissant, du Spectateur, de l'Observateur. En conséquence, quand l'homme entre sur le Sentier, il doit s'éduquer à la méthode consistant à utiliser la connaissance par rapport à l'Identité consciente d'elle-même, à l'Individu contenu en soi-même, se créant soi- même. Quand il est capable de le faire, il transmue la connaissance en sagesse.

Auparavant, j'ai parlé de "connaissance-sagesse" qui sont des mots synonymes de "force-énergie". La connaissance utilisée est la force qui s'exprime ; la sagesse utilisée est l'énergie en action. Les mots sont l'expression d'une grande loi spirituelle que vous feriez bien d'étudier soigneusement. La connaissance-force concerne la personnalité et le monde des valeurs matérielles ; la sagesse-énergie s'exprime par le fil de conscience et le fil créateur, constituant un cordon au tissage double. Pour le disciple, ils représentent la fusion du passé (fil de conscience) et du présent (fil créateur), et forment ensemble ce que sur le Sentier de Retour, on appelle habituellement l'antahkarana. Ceci n'est pas entièrement exact. Le fil de sagesse-énergie est le sutratma ou fil de vie, car le sutratma (lorsqu'il est fondu au fil de conscience) s'appelle aussi l'antahkarana. Je pourrais peut-être clarifier quelque peu cette question en signalant que, bien que ces fils existent éternellement dans le temps et l'espace, ils apparaissent distincts et séparés lorsque l'homme devient un disciple en probation, et qu'il prend donc conscience de lui-même, et non seulement du non-soi. Il y a le fil de vie ou sutratma et le fil de conscience – l'un ancré dans le cœur, l'autre dans la tête. Au cours des siècles passés, le fil créateur, sous l'un ou l'autre de ses trois aspects, a été lentement tissé par l'homme ; ce fait de la nature est indiqué par son activité créatrice pendant les 200 dernières années, de sorte qu'aujourd'hui le fil créateur est généralement une unité en ce qui concerne l'humanité dans son ensemble, et spécifiquement le disciple ; il forme un fil robuste étroitement tissé sur le plan mental. [454]

Ces trois fils majeurs qui, en réalité, sont six, si l'on différencie le fil créateur en ses parties composantes, forment l'antahkarana. Ils incarnent l'expérience passée et présente et sont reconnus par l'aspirant. Ce n'est que sur le Sentier lui-même que l'expression "construire l'antahkarana" devient exacte et appropriée. C'est sur ce point que la confusion peut intervenir dans le mental de l'étudiant. Appeler ce courant d'énergie, le sutratma et un autre courant, le fil de conscience et un troisième courant d'énergie, le fil créateur est une distinction purement arbitraire du mental analytique inférieur. Il l'oublie. Tous trois ensembles sont essentiellement l'antahkarana en voie de formation. Il est également arbitraire d'appeler antahkarana le pont que le disciple construit à partir du plan mental inférieur, via le plan égoïque, tourbillon central de force. Mais, aux fins d'une étude compréhensive et d'expérience pratique, nous définirons l'antahkarana comme le prolongement du fil triple (jusque là tissé inconsciemment par l'expérimentation dans la vie et la réceptivité de la conscience à l'environnement) obtenu en projetant consciemment les trois énergies unies de la personnalité, sous l'impulsion de l'âme, par-dessus la discontinuité qui jusque là existait dans la conscience. Deux événements peuvent alors se produire :

1. La réponse magnétique de la Triade spirituelle (atma, buddhi, manas), qui est l'expression de la Monade, est évoquée. Un courant triple d'énergie spirituelle est lentement projeté vers le lotus égoïque et vers l'homme inférieur.

2. La personnalité commence alors à jeter un pont par-dessus le hiatus existant de son côté entre l'atome manasique permanent et l'unité mentale, entre le mental supérieur abstrait et le mental inférieur.

Techniquement et sur le Sentier du Disciple, ce pont, entre la personnalité sous ses trois aspects et la monade sous ses trois aspects, s'appelle l'antahkarana.

Cet antahkarana est le résultat de l'effort uni de l'âme et de la [455] personnalité, travaillant ensemble consciemment à construire ce pont. Lorsqu'il est terminé, il existe un rapport parfait entre la monade et son expression sur le plan physique, l'initié dans le monde extérieur. La troisième initiation marque la consommation de ce processus, et il y a alors une ligne directe de relation entre la monade et le soi inférieur. La quatrième initiation marque, chez l'initié, la parfaite compréhension de cette relation. Cela lui permet de dire "Le Père et moi sommes un." C'est pour cette raison que la crucifixion ou Grande Renonciation prend place. N'oubliez pas que c'est l'âme qui est crucifiée. C'est le Christ qui "meurt". Ce n'est pas l'homme ; ce n'est pas Jésus. Le corps causal disparaît. L'homme est conscient monadiquement. Le corps de l'âme ne joue plus de rôle utile et n'est plus nécessaire. Il ne reste rien que le sutratma, caractérisé par la conscience, laquelle continue de garder son identité bien qu'elle soit fondue dans le tout. Une autre caractéristique est la créativité, ainsi la conscience peut se focaliser à volonté sur le plan physique, dans un corps extérieur, ou forme. Ce corps est créé par la volonté du Maître.

Dans cette tâche d'épanouissement, d'évolution et de développement, le mental de l'homme doit comprendre, analyser, formuler et distinguer ; en conséquence, les différenciations temporaires sont d'importance profonde et utile. Nous pourrions donc conclure que la tâche du disciple est :

1. De prendre conscience des situations suivantes (si je puis employer un tel mot) :

a. Du processus combiné à la force.

b. De la position sur le Sentier, ou reconnaissance des agents de qualification disponibles, ou énergies.

c. De la fusion ou intégration du fil de conscience avec le fil créateur et le fil de vie.

d. De l'activité créatrice. Elle est essentielle car ce n'est pas seulement par le développement de la capacité de créer dans les trois mondes qu'est créé le nécessaire point focal, mais elle conduit aussi à la construction de l'antahkarana, à sa "création".

2. À construire l'antahkarana entre la Triade spirituelle et la [456] personnalité, avec la coopération de l'âme. Ces trois points d'énergie divine pourraient être symbolisés ainsi :

Ce simple symbole vous donne l'image de la tâche du disciple sur le

Sentier.

Un autre diagramme peut servir de clarification :

Vous avez ci-dessus les "neuf de l'initiation" ou la transmutation de neuf forces en énergies divines. [457]

Le Pont entre les Trois Aspects du Mental

Il est un point que je désire éclaircir si je le peux, car ce point est très confus dans le mental de l'étudiant ; il en est forcément ainsi.

Considérons donc un instant le point exact où se trouve l'aspirant lorsqu'il commence à construire consciemment l'antahkarana. Il a derrière lui une longue série d'existences dont l'expérience l'a amené au point où il est apte à évaluer consciemment sa condition, et à arriver à une certaine compréhension de son point d'évolution. Il peut donc entreprendre – en coopération avec sa conscience qui s'éveille et se focalise constamment – de franchir l'étape suivante qui est celle du disciple accepté. Dans le présent, il est orienté vers l'âme ; par la méditation et l'expérience mystique, il a des contacts intermittents avec l'âme, qui deviennent de plus en plus fréquents. Il devient quelque peu créateur sur le plan physique, à la fois dans sa pensée et dans ses actes ; parfois, même si c'est rare, il a une expérience intuitive authentique. Cette expérience intuitive sert à ancrer le "premier fil ténu filé par le Tisserand dans l'entreprise fohatique", selon les termes de l'Ancien Commentaire. C'est le premier câble projeté par la Triade spirituelle en réponse à l'expression de la personnalité, et c'est le résultat du pouvoir magnétique grandissant de ces deux aspects de la Monade en manifestation.

Il vous apparaîtra évident que, lorsque la personnalité est magnétisée de manière adéquate sous l'angle spirituel, sa note ou son se fera entendre et suscitera une réponse de l'âme sur son propre plan. Plus tard, la note de la personnalité et celle de l'âme, étant à l'unisson, produiront un effet de nette attraction sur la Triade spirituelle. Cette Triade spirituelle, par ailleurs, a exercé un effet magnétique croissant sur la personnalité. Cela commence au moment du premier contact conscient avec l'âme. À ce stade de début, la réponse de la Triade est nécessairement transmise via le sutratma et produit inévitablement l'éveil du centre de la tête. C'est pourquoi la doctrine du cœur commence [458] à supplanter la doctrine de l'œil. La doctrine du cœur gouverne le développement occulte ; la doctrine de l'œil – doctrine de l'œil de la vision – gouverne l'expérience mystique. La doctrine du cœur est basée sur la nature universelle de l'âme, conditionnée par la Monade, l'Unique, et implique la réalité ; la doctrine de l'œil est basée sur la relation entre l'âme et la personnalité. Elle implique les relations spirituelles, mais l'attitude de dualisme, de reconnaissance des opposés polaires, y est implicite. Voilà des points importants dont il faut se souvenir alors que cette science nouvelle est en voie d'être plus largement connue.

L'aspirant en arrive finalement au point où les trois fils – de vie, de conscience et de créativité – sont focalisés, reconnus comme des courants d'énergie, et utilisés délibérément par le disciple, sur le plan mental inférieur. En termes ésotériques "Il se tient sur ce plan et, regardant vers le haut, il voit une terre promise, terre de beauté, d'amour et de vision future."

Mais il y a un hiatus dans la conscience, bien qu'en fait, il n'existe pas. Le fil d'énergie du sutratma jette un pont par-dessus ce hiatus et relie monade, âme et personnalité de manière ténue. Mais le fil de conscience ne s'étend que de l'âme à la personnalité, dans le sens involutif. Sous l'angle évolutif (pour utiliser une expression paradoxale), il n'existe que très peu de conscience entre l'âme et la personnalité, du point de vue de la personnalité sur l'arc évolutif du Sentier de Retour. Tout l'effort de l'homme consiste à prendre conscience de l'âme et à transmuer sa conscience dans celle de l'âme, tout en conservant la conscience de la personnalité. À mesure que la fusion âme-personnalité se renforce, le fil créateur devient de plus en plus actif ; ainsi, les trois fils fusionnent, se mêlent, finissent par dominer, et l'aspirant est alors prêt à combler le hiatus et à unir la Triade spirituelle et la personnalité, par le moyen de l'âme. Ceci implique un effort direct de travail divin créateur. La clé de la compréhension réside peut-être dans la pensée que, jusque là, la relation entre âme et personnalité à été poursuivie assidûment et de manière primordiale par l'âme stimulant la personnalité dans le sens de l'effort, de la vision et de l'expansion. Dès [459] lors – à ce stade – la personnalité intégrée, en développement rapide, devient consciemment active et (à l'unisson avec l'âme) commence à construire l'antahkarana, fusion des trois fils et projection de ceux-ci vers les "étendues plus vastes et plus élevées" du plan mental, jusqu'à ce que le mental abstrait et le mental concret inférieur soient reliés par le câble triple.

C'est à ce processus que nos études se rapportent ; l'expérience antérieure concernant les trois fils est considérée logiquement comme s'étant déroulée de façon normale. L'homme se tient maintenant avec le mental stable dans la lumière ; il a quelque connaissance de la méditation, beaucoup de dévotion, et il perçoit aussi le prochain pas à franchir. La connaissance du processus devient progressivement claire ; un contact grandissant avec l'âme est établi ; parfois surviennent des éclairs de perception intuitive venant de la Triade supérieure. Toutes ces reconnaissances ne sont pas présentes chez tous les disciples ; certaines le sont, d'autres pas. Je m'efforce de brosser un tableau général. L'application individuelle et la réalisation future doivent être accomplies par le disciple dans le creuset de l'expérience.

Le but poursuivi par le disciple moyen dans le passé a été le contact de l'âme, conduisant finalement à ce qui est appelé l' "inclusion hiérarchique". La récompense de l'effort du disciple a été l'admission dans l'ashram de quelque Maître, une possibilité croissante de servir dans le monde, et aussi la prise de certaines initiations. Le but poursuivi par les disciples plus avancés implique non seulement le contact de l'âme en tant que premier objectif (cela a été atteint dans une certaine mesure), mais la construction du pont allant de la personnalité à la Triade spirituelle avec réalisation monadique subséquente, et ouverture à l'initié de la Voie de l'Évolution Supérieure dans ses branches diverses, et ses différents buts et objectifs. La distinction (je ne dis pas la différence et je vous prie de le noter) entre les deux voies apparaît dans les comparaisons suivantes :

Désir – Aspiration.

Mental – Projection.

1ère et 2ème Initiation

3ème et 4ème Initiation.

Intuition et Amour.

Volonté et Mental universels.

Le Sentier de Lumière.

La Voie de l'Évolution Supérieure.

Le Point de Contact.

L'Antahkarana ou Pont.

Le Plan.

Le Dessein.

Les trois rangées de Pétales égoïques.

La Triade spirituelle.

La Hiérarchie.

Shamballa.

L'Ashram du Maître.

La chambre du conseil.

Les Sept Sentiers.

Les Sept Sentiers.

[460]

En réalité, vous avez là les deux approches majeures vers Dieu, ou vers le Tout divin, celles-ci se fondant, au moment de la cinquième initiation, dans la Voie Unique qui réunit en elle-même toutes les Voies. N'oubliez pas la déclaration que j'ai souvent répétée, selon laquelle les quatre rayons mineurs doivent se fondre dans le troisième rayon, et que les cinq rayons doivent finalement se fondre dans le deuxième et le premier rayon. Gardez aussi à la mémoire que tous ces rayons ou modes d'Existence sont des aspects ou sous-rayons du deuxième Rayon cosmique d'Amour et de Feu.

Je souhaite aussi signaler ici quelques relations supplémentaires. Vous savez que sur le plan mental se trouvent les trois aspects du mental, ou les trois points focaux de la perception et de l'activité mentales.

1. Le mental inférieur concret, qui s'exprime très complètement par le moyen du cinquième rayon, celui de la Science concrète, reflétant la phase inférieure de l'aspect volonté de la divinité et résumant en lui-même toute connaissance ainsi que la mémoire égoïque. Le mental inférieur concret est relié aux pétales de connaissance du lotus égoïque et il peut être illuminé par l'âme de façon prononcée ; il se révèle finalement être le projecteur de l'âme. Il peut être maîtrisé par les processus de concentration. Il est transitoire dans le temps et l'espace. Par un travail conscient et créateur, il peut être relié à l'atome manasique permanent ou au mental abstrait.

2. Le Fils du Mental. C'est l'âme elle-même gouvernée par le deuxième aspect des sept rayons, point que je vous demande d'enregistrer sérieusement. Il reflète la phase inférieure de l'aspect amour de la divinité, et résume en lui-même les résultats de toute la connaissance [461] accumulée qui est la sagesse illuminée par la lumière de l'intuition. On pourrait  exprimer ceci en disant que c'est l'amour tirant profit de l'expérience et de la connaissance. Il s'exprime très complètement par les pétales d'amour de son être inné. Par le service consacré, il met en action le Plan divin dans les trois mondes de l'accomplissement humain. Il est donc relié au deuxième aspect de la Triade spirituelle et son fonctionnement est engendré par la méditation. Il maîtrise alors et utilise à ses propres fins spirituelles la personnalité consacrée, via le mental illuminé dont j'ai parlé plus haut. Il est éternel dans le temps et l'espace.

3. Le mental abstrait. Il se révèle très complètement sous l'influence du premier Rayon, celui de Volonté ou de Pouvoir, reflétant l'aspect le plus élevé de la volonté de la divinité ou principe atmique ; lorsqu'il est complètement développé, il résume en lui-même le dessein de la divinité et devient responsable de l'émergence du Plan. Il fournit l'énergie des pétales de volonté jusqu'à ce que la vie éternelle de l'âme soit absorbée dans ce qui n'est ni transitoire, ni éternel, mais infini, sans limites et inconnu. Son fonctionnement conscient est engendré par la construction de l'antahkarana. Ce "pont arc-en-ciel radieux" unit la personnalité illuminée, focalisée dans le corps mental, mue par l'amour de l'âme, avec la Monade ou Vie Une et permet au divin Fils de Dieu manifesté d'exprimer la signification des mots : Dieu est Amour et Dieu est un Feu dévorant. Ce feu, tirant son énergie de l'amour, a brûlé toutes les caractéristiques de la personnalité, ne laissant qu'un instrument purifié, coloré par le rayon de l'âme, et pour qui l'existence du corps de l'âme n'est plus nécessaire. À ce stade, la personnalité a complètement absorbé l'âme, ou pour m'exprimer peut-être plus exactement, l'âme et la personnalité se sont fusionnées, mêlées en un instrument unique au service de la Vie Une.

Ceci n'est qu'une image ou emploi symbolique de mots destinés à exprimer le but d'unification de l'évolution matérielle et spirituelle, conduite à sa conclusion – pour le cycle mondial actuel – au moyen du [462] développement des trois aspects du mental sur le plan mental. Les implications cosmiques ne vous échapperont pas, mais nous n'avons aucun avantage à nous y étendre. À mesure que progresse ce processus, trois grands aspects de la manifestation divine apparaissent sur le théâtre de la vie du monde et sur le plan physique. Ce sont l'Humanité, la Hiérarchie et Shamballa.

L'humanité est déjà le règne dominant de la nature ; le fait de la Hiérarchie et l'imminence de son apparition physique deviennent aujourd'hui des facteurs connus de centaines de milliers de personnes. Plus tard, son apparition reconnue servira de cadre aux nécessaires phases préparatoires conduisant finalement au gouvernement exotérique du Seigneur du Monde, qui sortira de son isolement à Shamballa, et apparaîtra en manifestation à la fin de ce cycle mondial.

Voilà le vaste et nécessaire tableau, présenté afin de donner raison d'être et de pouvoir au prochain stade de l'évolution humaine.

Le point sur lequel je souhaite insister est que c'est seulement quand l'aspirant prend place nettement sur le plan mental, et y maintient de plus en plus le "foyer de sa conscience", qu'il lui devient possible de progresser véritablement dans la construction du pont divin, dans le travail d'invocation, et dans l'établissement d'un rapport conscient entre la Triade, l'âme et la personnalité. La période couverte par la construction consciente d'antahkarana va des derniers stades du Sentier de Probation à la troisième initiation.

En examinant ce processus, il est nécessaire au début de reconnaître les trois aspects du mental s'exprimant sur le plan mental, et engendrant les différents états de conscience de ce plan. Il est intéressant de noter qu'ayant atteint le stade humain développé (présentant intégration, aspiration, orientation, et consécration), l'homme se tient fermement sur les niveaux inférieurs du plan mental ; il se trouve alors face aux sept sous-plans de ce plan, et aux états de conscience correspondants. Il entre donc dans un nouveau cycle où – en possession cette fois de sa pleine conscience de soi – il lui faut développer sept états de perception [463] mentale, tous sont innés ou inhérents à lui-même et tous (lorsqu'ils sont maîtrisés) conduisent à l'une des sept initiations majeures. Voici les sept états de conscience en commençant par le premier ou le plus bas.

Plan mental

1. Conscience mentale inférieure. Développement de la vraie perception mentale.

2. Conscience de l'âme ou perception de l'âme. Il ne s'agit pas de la perception de l'âme par la personnalité, mais de l'enregistrement par l'âme elle-même de ce que l'âme perçoit. Ceci est plus tard enregistré par le mental inférieur. Cette perception de l'âme est donc l'opposé de l'attitude mentale habituelle.

3. Conscience supérieure abstraite. Développement de l'intuition et reconnaissance du processus intuitif par le mental inférieur.

Plan bouddhique

4. Perception spirituelle, consciente, persistante. C'est la pleine conscience du niveau bouddhique ou intuitionnel. C'est la conscience de perception qui est la caractéristique marquante de la Hiérarchie. Le foyer de la vie de l'homme passe sur le plan bouddhique. C'est le quatrième état de conscience ou état médian.

Plan atmique

5. Conscience de la volonté spirituelle telle qu'elle est exprimée et ressentie sur les niveaux atmiques, ou troisième plan de la manifestation divine. Je ne peux dire que peu de chose de cet état de conscience ; cet état de conscience nirvanique n'a que peu de signification pour le disciple.

Plan monadique

6. Conscience inclusive de la Monade sur son propre plan, le deuxième plan de notre vie planétaire et solaire.

Plan logoïque

7. Conscience divine. C'est la conscience du Tout sur le plan le plus élevé de notre manifestation planétaire. C'est aussi un aspect de la conscience solaire sur le même plan.

Alors que nous nous efforçons de parvenir à une vague compréhension de la nature du travail de construction de l'antahkarana, il serait peut-être sage, à titre de stade préliminaire, d'examiner la nature de la [464] substance dont le "pont de matière mentale brillante" doit être construit par l'aspirant conscient. Le terme oriental désignant cette "matière mentale" est chitta. Elle existe en trois types de substance, tous fondamentalement identiques, mais différents quant à leurs caractéristiques et à leur conditionnement. Une loi fondamentale de notre système solaire, et donc de notre expérience de la vie planétaire, veut que la substance par laquelle la divinité s'exprime (dans le temps et l'espace) soit conditionnée par le Karma ; cette substance est imprégnée de toutes les caractéristiques résultant des manifestations antérieures de l'Être en qui nous avons la vie, le mouvement et l'être. C'est le fait fondamental sur lequel repose l'expression de cette Trinité ou Triade d'aspects rendue familière par toutes les religions mondiales. Cette trinité est la suivante :

1. L'Aspect du Père

L'aspect Volonté. Dessein.

Le plan sous-jacent de Dieu.

La Cause essentielle de l'Existence. Le dessein de la Vie, motivant l'évolution.

La note du son synthétique.

utilise le sutratma.

2. L'aspect du Fils L'Aspect Amour.

Sagesse. Compréhension.

Conscience. Âme.

 

La qualité de la sensibilité. La nature des relations. La méthode d'évolution.

La note du son qui attire.

utilise le fil de conscience.

3. L'Aspect de la Mère

L'aspect de l'Intelligence. Le Saint Esprit.

L'intelligence de la substance.

La nature de la forme.

Réponse à l'évolution. La note de la nature.

développe le fil de créativité.